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Critiques de Anouar Benmalek (66)
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L'Amour au temps des scélérats

Comment aborder ce roman situé dans un des lieux les plus furieux ,dangereux et diabolique de la planète : la Syrie contemporaine, un lieu de mort , de haine et de ruines entre le massacre des yasidis, adeptes d'une très vieille religion minoritaire, attachés au symbole de L'ANGE PAON , les fous furieux de Daech, les combats kurdes , les combattants américains dont Adam, pilote de drones , engagé avec le kurde Ferhat dans les forces démocratiques syriennes, l'enrôlement des jihadistes, les enragés de l'état islamique,, les coupeurs de têtes , violeurs de fillettes les enfants enlevés par Daech, Aran et Reben , à l'instruction insoutenable , mémorisation du Coran, vidéos de décapitation, flagellation ? .



Au coeur de cette folie meurtrière, cette terreur ambiante , le roman , audacieux , complexe , foisonnant , entremêle les péripéties de deux trios , une mère , Yésedie, : «  Les yeux, le visage , la chevelure , cette beauté extraordinaire qui ne se prémunit pourtant pas contre le malheur » ,la fameuse Zayélé , cherchant à sauver ses deux fils et un homme sans âge, personnage mythique , mystique , théâtral, ambigu , loufoque ,Tamouz , le personnage principal qui arrive un beau matin dans un petit village syrien, cet homme aux cheveux blanchis ne paraît pas vieux mais il est énigmatique , figure terrestre de l'éternité , il s'adresse au PATRON , qu'il supplie de temps en temps ,, mais à qui il est soumis corps et âme .



Qui est cet avatar , improbable , aimé des chats , personnage central, immortel qui traverse le récit en entier ?

Il est à la recherche de la femme qu'il a aimée , rencontre la belle Zayélé, puis Houda , artiste chanteuse , gaie et sensuelle à la voix miraculeuse , fragile , une voix d'or ,en sorte ,un ange qui chante et son amant Yassir , Sunnite .



Les personnages sont attachants , touchants , cette compassion qui nous étreint devant l'amour de ce couple qui a survécu à l'exécution , l'amour de Reben ——qui a subi au camp humiliations , coups et angoisse ,——- pour son frère Aran , handicapé , de l'amour fou au beau milieu de l'horreur, de la peur, des sentences de mort' ,des opérations suicide , des assassins , délateurs , lapideurs , violeurs , , bourreaux et exécuteurs .

Les deux garçons parviendront - ils à être modèles contre leur gré ?

À devenir les martyrs désignés ?

Le romancier , algérien, confronté aux violences qui secoue le Proche Orient nous livre un roman d'amour et d'aventures puissant, aux scènes tragiques , caustiques, parfois mystiques ..



Il fait preuve d'un imaginaire impitoyable dans la relation réelle et la crudité des faits et de compassion envers ses personnages..



Oeuvre Tragique , parfois drôle, cruelle , intense , complexe, universelle dans un chaudron , cette Syrie complètement folle !

Par la violence de certaines scènes et sa complexité il peut ne pas plaire !

C'est ma libraire de la Fabrique qui m'a incitée à choisir cet ouvrage !

443 pages chez Emmanuelle Collas.

La première de couverture est très belle .
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L'Amour au temps des scélérats

Quelque part à la frontière turco-syrienne en 2015.

Comment donner à tous l'envie de se précipiter sur ce livre juste génial ?

Je m'étais moi-même jeté dessus à sa sortie sans chercher de quoi il parlait, séduite par le titre qui faisait un charmant écho dans ma petite tête « L'amour au temps des scélérats », « L'amour au temps du choléra ». Et puis, les choses étant ce qu'elles sont, d'autres livres sont venus l'ensevelir peu à peu au point que je l'ai oublié.



Le titre est peut-être le plus simple fil à dérouler pour en parler.

Le théâtre de ce récit est la Syrie mais il aurait pu aussi bien être ailleurs : l'Allemagne nazie, l'Afghanistan, l'Amérique au temps des grandes découvertes...



Il est certain que la Syrie est le lieu idéal pour trouver des scélérats : Daech, les Syriens de Bachar al Assad, les Américains. Ce n'est pas ce qui manque et en termes de barbarie rien n'est épargné au lecteur mais surtout rien n'est épargné aux personnages qui sont plongés dans cet univers de folie.

Zayélé, Yézidie, est enlevée par Daech qui lui a pris ses deux garçons pour en faire des lionceaux de l'Etat islamique.

Houda, jeune syrienne dénoncée par son père, est condamnée à être lapidée avec son amant.

Adams, indien lakota, qui a piloté des drones meurtriers depuis la Californie pour le compte de l'armée américaine, vient chercher la rédemption aux côtés des Kurdes syriens.

Le seul qui traverse toutes ces horreurs avec flegme est le mystérieux thaumaturge, Tammouz, qui semble parcourir les millénaires sans trop savoir pourquoi le Patron l'a déchu (le Maître car il y a aussi des références à Boulgakov dans ce roman) et qui cherche des traces d'une femme follement aimée dans un passé lointain.



Chacun suit son destin au gré des rencontres heureuses ou pas, au gré de ces décisions, au gré des hasards. Chacun, même les personnages secondaires, est porté par l'amour d'un homme, d'une femme, de ses enfants, de son frère… de l'art…



Je suis contente d'avoir exhumé de ma PAL ce roman extraordinaire qui évoque la puissance de l'amour au milieu de la barbarie sur un ton grave certes mais pas que. Il y a une espèce de légèreté, de l'humour et c'est ce qui rend ce roman si lumineux au milieu de toute cette noirceur.

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Le rapt

Une famille algéroise voit leur vie basculer du jour au lendemain après le rapt de leur fille Cherah âgée de 14 ans. C'est la descente aux enfers pour Aziz et Meriem les parents de la jeune fille, ainsi que pour les grands-parents Latifa et Mathieu, mère et beau-père de Meriem.

Le ravisseur va mettre à vif les nerfs de cette famille, menaçant de mutiler sa fille, Aziz devra obéir aux ordres de cet homme qui transpire la haine ; il demande au père de tuer un homme innocent en échange de la vie sauve de Cherah.

Aziz ne peut demander d'aide aux autorités algériennes qui baignent dans la corruption, il se tourne donc vers son beau-père Mathieu un français au passé douteux, ancien tortionnaire maquisard de l'armée française.

Croyant tout d'abord avoir affaire à un groupe de terroristes, le père découvre en fait que le ravisseur cherche à se venger du passé et à perpétuer le souvenir d'une horreur qui s'est déroulée il y a une cinquantaine d'années, pendant la guerre d'Algérie.

Les enfants d'aujourd'hui ne sont pas coupables des crimes de la génération précédente mais le ravisseur ne veut pas l'entendre…

Anouar Benmalek nous plonge dans un thriller tortueux où certains cherchent à expier leurs fautes, et d'autres à se sacrifier par amour, mais c'est avant tout une histoire de vengeance qui nous ramène au constat désastreux de la guerre d'Algérie, et surtout au massacre de Mélouza perpétré par le FNL.

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Ô Maria

Ah l'Espagne du siècle d'or! Sa grandeur, son or, les toiles du Greco et de Velasquez, les motets de Francisco Guerrero... Tirso de Molina, Calderon... Don Quichotte..!

La Reconquista, l'Inquisition, Torquemada (un brave type celui-là!), la torture et les persécutions. Les juifs et les musulmans d'abord. Les protestants ensuite. Et puis les marranes et les morisques. Tout ce qui ressemble de près ou de loin à un hérétique.

Drôle d'époque. Epoque d'or et de sang. De lumières et de ténèbres plus aveuglantes encore.

Grande et cruelle, comme "Ô Maria".



Depuis "Les Amants désunis" qui à ce jour demeure pour moi l'un des plus beaux romans que j'ai pu lire, je m'étais promis de lire à nouveau Anouar Benmalek sans jamais pourtant en trouver l'occasion. Il a fallu un passage chez un bouquiniste lors de mes vacances dans le sud-ouest pour y remédier. C'est ainsi qu'en farfouillant dans les rayonnages, je suis tombée -par hasard- sur une exemplaire un peu corné de "Ô Maria" que je me suis sentie obligée d'adopter. Il me faisait les yeux doux, le bougre et entre son auteur, sa quatrième de couverture, son air de livre bourlingueur, comment résister?



Maria est toute jeune, à peine une adolescente et déjà belle. Beaucoup trop belle. Elle grandit dans les montagnes andalouses auprès de son père, menuisier, et de sa tante dans une bienheureuse insouciance jusqu'au jour où sa vie bascule. Ce jour-là, sa tante lui apprend qu'elle est -comme tous les siens- une morisque. C'est par ce terme qu'on désigne les musulmans d'Espagne qui se sont convertis au catholicisme à partir de 1499 et jusqu'en 1526 pour pouvoir demeurer en Espagne après la Reconquista ainsi que les descendants de ces convertis. Pour Maria, chrétienne, cette révélation est troublante et la voilà déchirée soudain entre deux fois, deux cultures…

Nous sommes en 1576 et pour les héritiers de la culture arabo-andalouse que sont les morisques, contraints le plus souvent de vivre en marge, les temps sont durs: les autorités qui craignent de fausses conversions leurs interdisent de parler leur langue, de porter leurs vêtements traditionnels. On brûle leurs livres aussi (et c'est bien connu, là où on brûle des livres…). Des interdictions aux brimades, il n'y a qu'un pas. Des brimades à la déportation également, et de la déportation à l'extermination…

Maria est -comme tant d'autres- jetée dans cette histoire-là et quand un hidalgo et sa horde de cavaliers sanguinaires débarquent dans son village, elle n'échappe pas à son destin.

Le roman d'Anouar Benmalek nous donne à voir la vie de ce personnage dévoré par l'Histoire et l'intolérance religieuse. On s'attache à Maria, qui s'endurcit au fil du roman, on la suit des geôles du marché aux esclaves à sa fuite éperdue, dans sa quête d'amour et de liberté, dans son besoin de s'affranchir de la loi des hommes par le désir et la sueur de son front.



C'est un roman à la fois magnifique et extrêmement dur, cruel, ce qui rend sa lecture douloureuse parfois -c'était déjà le cas avec "Les Amants Désunis". La langue de l'auteur oscille entre un lyrisme à se pâmer, une poésie d'une pureté incroyable et une forme de violence. Le récit peut être beau mais sait se faire dur, sale, cru. On n'ignore rien des atrocités subies par Maria, ni de ses trop rares jouissances. On entend tout le bruit et la fureur, les cris, ceux des agonisants et les autres. On respire toutes les odeurs, de la plus suave à la plus infâme.

Cette écriture, c'est un tour de force, une réussite qui met parfois un peu mal à l'aise et qui envoûte littéralement. Un souffle comme une chanson désespérée qui voudrait qu'on y croit encore, un hurlement de terreur qui n'en peut plus de la barbarie. Un oiseau qui se cogne à mourir aux barreaux de sa cage.





Au cœur de ce roman-barbelé où il n'y rien à retrancher, mention spéciale pour la troisième partie qui m'a particulièrement tenue en haleine et pour le prologue, aussi audacieux qu'éblouissant. Aussi beau que violent.

Ne serait-ce que pour ce prologue, sublime, "Ô Maria" vaut la peine d'être lu, ce prologue qui justifie à lui tout seul la réputation d'Anouar Benmalek de "Faulkner méditerranéen".





































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Un lion derrière la vitre

Ce livre est un étrange voyage, envoûtant, dépaysant, troublant. Un voyage à faire absolument en écoutant le cd qui accompagne à merveille les images et le texte. C'est l'association des 3 qui transcendent, pour moi, ce livre. Sans la musique, il resterait un beau livre, original, mais avec il touche à un petit quelque chose d'exceptionnel.

Les photos en noir et blanc, toute simples, allient le passé et le présent, la vie et la mort, la grandeur et la décadence, l'humain et l'inhumain. Venise, Istanbul, Jérusalem, Alexandrie, Sarajevo, Cordoue nous sont offertes, différentes, tristes et vivantes. La série sur Istanbul est celle que je préfère je pense, Istanbul la somnanbule.

J'apprécie beaucoup le côté multilingue de l'édition : français/anglais pour la présentation, français/langue de la ville pour chaque ville traversée. Cela aide au dépaysement, met tout de suite dans l'ambiance.

Une très belle édition de qualité, qui permet au lecteur de s'immerger totalement.
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Ô Maria

comme il a citer dans un passage ''cette mere si occupé a retrouver, dans la mort , le fils dont elle s'est privé de son vivant '' une trés triste et belle histoire . une tres belle structure narrative . je ne comprend pas pourquoi ce n'as pas eu autant de succés que d'autres ecrivain algerien tel que yasmina khadra.
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Fils du Shéol

Le récit débute en 1943, en Pologne. Karl, un jeune garçon d'une douzaine d'années fait partie d'un convoi de déportés en route vers un camp de concentration. Il est gazé dès son arrivée et se retrouve dans le Shéol, le royaume des morts, les limbes, là où les morts séjournent avant d'être "triés" et envoyés les uns vers le Paradis, les autres vers l'Enfer. De là il peut voir ce qui se passe sur terre et remonter dans le passé dans l'espoir d'y changer quelque chose, ce qui pourrait éviter à ses parents de vivre cette terrible époque. Malheureusement, il s'apercevra vite que les dés sont jetés depuis bien longtemps et qu'il sera impuissant à changer le cours des choses.



La première partie de ce récit se déroule dans un camp de concentration en Pologne. Du Shéol, Karl découvre son père dans sa fonction de Sonderkommando, chargé de transporter les cadavres des déportés de la pièce où ils ont été gazés jusqu'aux fours. Puis, il remonte dans le temps : il revoit sa vie de petit garçon à Berlin entre ses deux parents, la mort du grand père amoureux de l'Afrique et avec lui la disparition de son secret, les conditions de vie des juifs persécutés par les nazis qui se dégradent, jusqu'à l'issue fatale. Alors Karl veut encore voir plus avant : s'il pouvait empêcher son père et sa mère de se rencontrer, bien sûr il ne naîtrait jamais, mais sa mère serait restée en Algérie et son père aurait eu sans doute une vie différente. Mais là encore, il reste impuissant. La troisième partie du roman nous emmènera à travers les "yeux " de Karl en Namibie, là où son grand père paternel Ludwig avait pris part à l'occupation allemande, à sa rencontre avec une jeune femme héréro dont il tombera amoureux et qu'il ne pourra empêcher d'être massacrée avec tout son peuple par ceux qu'on n'appelait pas encore "nazis".



Trois histoires d'amour ......nous dit la quatrième de couverture. Trois générations : Karl et Helena, Manfred et Elisa, Ludwig et Hitjiverwe. Trois histoires d'amour sur fond de haine, d'antisémitisme, de racisme, de massacres et d'horreur. Et peut être la possibilité d'éviter de se retrouver pris dans l'un de ces génocides : Si Manfred n'avait pas rencontré Elisa...., si Ludwig s'était enfui avec la femme qu'il aimait passionnément ........J'ai trouvé la première partie du récit -celle se déroulant dans le camp de concentration - particulièrement terrible, probablement parceque je n'étais pas encore habituée au style et au vocabulaire de l'auteur : cru, direct : des phrases violentes pour décrire des scènes qui frisent l'insoutenable. La dernière partie - le massacre du peuple héréro - l'est tout autant, mais peut être parceque ces événements sont plus anciens où qu'ils se sont déroulés dans un pays lointain, ils m'ont un peu moins affectés émotionnellement. Peut être aussi parcequ'on n'avait jamais entendu parler de ce génocide jusqu'à il y a peu de temps, que personne n'avait encore écrit dessus......



Ce livre se lit comme un thriller bien que l'auteur place ses personnages au coeur d'événements historiques, ce qui les rends encore plus rééls. C'est un récit poignant, très bien documenté et malheureusement d'actualité : on ne peut s'empècher de penser à la discrimination et aux massacres perpétués en ce moment au Moyen Orient.
Lien : http://lecturesdebrigt.canal..
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L'enfant du peuple ancien

Quel beau livre !!!



Quelle histoire touchante est celle de ces trois destins rongés par le colonialisme et l'occupation.



Celui de kader algérien descendant du vaillant Emir Abdelkader, emprisonné et déporté en Australie.



Celui de Lislei jeune française communarde déportée elle aussi de son pays dans le même bateau que kader vers l'Australie.



Et enfin celui de Tridarir, dernier enfant du peuple tasmanien exterminé par les colons. Ce petit être qui a vécu plus de misères et de tristesse que n'en ont vécu kader et lislei durant toute leur vie. Cet être qui à la force des choses scellera le destins des deux autres.



L'écriture est belle, douce, empreinte d'amour et d'humanité.



Un roman à lire et à faire découvrir autour de soi.
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L'Amour-loup

Une histoire d'amour comme ne peuvent la vivre que les Algériens, toujours cherchant le bonheur (ou le malheur, car l'Amour n'est pas toujours le paradis assuré). En terre étrangère, avec une étrangère, de préférence de même «race». Ici, le héros est devenu fou amoureux, lors de son séjour en Russie pour études, d'une Palestinienne. Jeune, belle, instruite (médecin, pardi !)mais, hélas, portant de manière douloureuse les souffrances de sa terre, de son peuple et de sa famille. Un long voyage... touristique à deux, dans les hauts lieux de la culture musulmane de l'Europe orientale les rapproche (satané passé !)... mais seulement durant le voyage. C'est, ensuite, la fin des études et la séparation.



Retour au pays. Seul.Un environnement détestable et médiocre. De plus, son cœur et son esprit sont ailleurs. Il repart, mais cette fois-ci, pour aller (re-) chercher celle dont il n'arrive plus à se débarasser. En Syrie, puis au Liban en guerre.



Recherche éperdue à travers la méfiance à l'endroit d'un Arabe algérien dont on aime le pays et son Histoire mais pas le voyageur. Beaucoup plus pris pour un espion qu'autre chose –à la limite un fou - d'autant que rechercher une femme dans les décombres, les combats fratricides, les tirs et les attentats à la voiture piégée, ne peut que susciter de la méfiance dans une société en décomposition.



Notre héros retrouvera sa dulcinée mobilisée sur le front de la résistance palestienne à Beyrouth déchirée...et il mourra à ses côtés.

Avis : Peut être lu...si vous avez du temps libre et si vous voulez connaître les lieux prestigieux (parce qu'arabo-musulmans, bien sûr) de l'ex-Urss ! Et, surtout, si vous voulez approcher le drame et la tristesse des «exilés» de nos années 90, ainsi que les souffrances du peuple palestinien. A écriture engagée, lecture militante !

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Fils du Shéol

Quand j’ai lu son résumé, j’ai eu envie de lire ce livre. Mais quand je l’ai reçu, je n’avais plus du tout envie d’affronter un texte sur cette période si noire de l’histoire récente. Un bon mois après, je l’ai enfin sorti de la pile, et terminé en deux soirs. Bon, d’accord, ce n’est pas un livre facile ni bien optimiste, puisqu’il aborde le sujet de l’holocauste et des camps d’extermination, nous parle du sort des juif pendant la seconde guerre mondiale, mais aussi au fil des siècles.

Il aborde également un sujet que j’ai découvert dans ce roman, le massacre des tribus Hereros et Namas sous les ordres de Lothar Von Trotha dans le Sud-Ouest africain, c’est-à-dire dans l’actuelle Namibie, au tout début du XXe siècle. Comme un terrible avant-goût de ce qui adviendra pendant la grande guerre, il s’agit du tout premier génocide du XXe siècle, un programme d'extermination programmé par les allemands jusqu’au moment où ils se rendront compte qu’il n’y a plus personne pour travailler les terres qu’ils ont volées aux peuples qu’ils ont méthodiquement massacrés.

Quand débute ce roman, le jeune Karl est arrêté et embarqué dans les trains de la mort vers les camps d’extermination. On a déjà beaucoup écrit sur l’horreur de ces camps, ici l’auteur prend comme angle la vision du passé par un jeune Karl défunt qui évolue dans le Shéol, le séjour des morts. Là, il voit défiler sa vie et celle des siens, parents, grand père. Il remonte le temps, prétexte à dérouler toute la vie de sa famille, heureuse un temps, lorsque son père rencontre sa mère en Algérie, puis désespérément dramatique pour tout un peuple.

C’est un angle inhabituel qui donne un rythme particulier au roman. Cela ne l’empêche pas d’aborder des thèmes tragiques et de poser des questions. Il interroge avec justesse sur ce qu’il advient et ce que l’on aurait pu faire, quelle est notre marge de manœuvre, notre capacité à prendre des décisions, à agir face aux évènements. La faiblesse, la trahison, la fatalité, mais également la peur et la souffrance sont autant de thèmes abordés. Est-on capable de modifier, de transformer sa vie, ou tout est-il programmé d’avance ? Autant de questions sans réponse.


Lien : https://domiclire.wordpress...
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L'enfant du peuple ancien

L'enfant du peuple ancien/ Anouar Benmalek



Printemps 1871 à Paris :l'insurrection communarde contre le gouvernement fait rage et Lislei, jeune femme engagée auprès de son frère, est emprisonnée et déportée vers la Nouvelle-Calédonie dont la réputation d'enfer sur terre n'était plus à faire à l'époque.

Au même moment en Algérie survient la révolte des Mokrani, insurrection contre le pouvoir colonial. Kader est fait prisonnier par les Français et déporté vers la Nouvelle-Calédonie également.

À la même époque, en Tasmanie, la colonisation britannique décime la population autochtone, aborigènes qui vivent dans cette île depuis 35 000 ans. Que ce soit par des persécutions ou les maladies importées, ou encore par l'alcool et le poison apporté par les Anglais, le nombre d'aborigènes chute de 10 000 en 1803 à 300 en 1833. de plus la déportation vers Flinders Island est menée bon train par G.A.Robinson. Un enfant, Tridarir, va survivre miraculeusement et c'est son aventure incroyable qui va être contée avec brio par Anouar Benmalek dans ce sombre , dramatique et magnifique roman .

Ces trois personnages au destin tragique vont se rencontrer par hasard et au cours de pérégrinations douloureuses à travers le continent australien encore livré aux convicts et bandits de grands chemins, un lien exceptionnel va se créer entre eux .

À ce jour, aucun aborigène de Tasmanie n'a survécu : ce fut le parfait génocide. La dernière survivante est morte en 1905.

Dans ce beau livre au style simple mais touchant et précis, l'auteur laisse une place très large aux rêves des personnages et le passé et ses réminiscences leur tiennent lieu souvent de viatique sur le chemin bouleversant de leur existence.

On ne sort pas indemne de cette lecture saisissante.

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L'Amour au temps des scélérats

Un grand roman d’aventure au pays du levant, principalement en Syrie pendant la guerre effroyable qui secoue depuis plusieurs années cette région et où on rencontre Daech, des kurdes(dont des yésidis), des syriens, des turcs….Cette fiction romanesque décrit de façon très réaliste et très crue des scènes de tortures, d’exactions guerrières de l’État islamique(décollations, lapidations, kamikases…) incarnés par des personnages très représentatifs dans des situations et un scénario fantastique qui fait avaler la pilule amère des atrocités jalonnant le récit. Un personnage troublant, étonnant, le marcheur Tammouz, venant du fond des âges accompagne deux histoires d’amour parallèles, celle de Yassir pour Houda et celle de Zayélé, mère Yésidie pour ses fils Aran et Reben. La partie 2 du roman, celle où naît historiquement Tammouz peut donner envie de lâcher le roman, il faut la franchir pour retrouver toute la profondeur mystérieuse et imaginaire qui séduit définitivement le lecteur.
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L'Amour au temps des scélérats

Syrie et alentours, 2015 et alentours. C'est un livre à deux faces : d'un côté, la terrible réalité de la guerre, de l'oppression de certaines populations, de la fuite impossible, de la barbarie... De l'autre, une sorte de réalisme magique, beaucoup d'humour, et l'amour, au coeur de chaque chapitre.



C'est un réel tour de force d'avoir su associer tant d'éléments différents, sans jamais donner l'impression, pourtant, de se disperser. On a au départ l'impression d'un livre "à sketch", chaque long chapitre se concentrant sur de nouveaux personnages, avec un ton plus ou moins dramatique. Mais l'intrigue va les rassembler, les tisser dans une même trame, et surtout, le fil rouge entre ses scènes est tel quele titre l'indique : toutes évoquent l'amour en situation de guerre. L'amour d'un jeune couple, d'une femme disparue, l'amour d'une mère pour ses enfants, d'un frère pour son cadet...



Au fil des pages, le récit prend la forme d'une grande fresque, édifiante, sur son sujet.



Le fait d'alterner des scènes de barbarie, émouvantes et cruelles, avec d'autres où l'humour souligne la bêtise des bourreaux rend la lecture plus fluide, malgré un sujet difficile. Et l'intervention d'un élément complètement surnaturel, loin d'en casser la crédibilité, apporte une touche de magie, une profondeur sur la réflexion autour de l'amour et la cruauté du monde.
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Fils du Shéol

C'est l'histoire du jeune Karl, allemand, embarqué dans un fourgon à bestiaux à destination des usines de mort nazies, installées en Pologne. Parce que Juif ! Il est gazé comme des millions d'autres.



Il est «condamné», depuis l'« étrange séjour des morts», le «Shéol», à regarder vivre, souffrir et mourir les siens : Son père, devenu Sonderkommando (chargé de l'incinération des prisonniers) ; sa mère, Elisa, fille d'Alger, amoureuse folle de la musique andalouse, le «paradis perdu» des Arabes et des Juifs, lumineuse et grande battante, elle aussi gazée dans le même camp parce que juive ; le papy («heureusement» décédé de mort naturelle mais enterré à la va-vite). Lui, c'est Ludwig qui, un siècle auparavant, a servi dans l'armée allemande du sud-ouest africain (actuelle Namibie, totalement colonisée, martyrisée, massacrée, avec des centres de «concentration» identiques, ou pires,à ceux des descendants nazis ) et qui était resté «possédé» par le continent noir, en raison d'un immense amour (le pire des crimes !) pour une «indigène», Hitjeverwe, qui allait lui donner un enfant, lui aussi mort sous les coups des occupants...



L'enfant, Karl, et tous les autres, chacun dans son univers, remontent le temps, essayant – vainement, tant la réalité est effroyablement et incroyablement vraie - de comprendre l'évolution du mal à travers le massacre, par un même pays, de deux populations : les Héreros de Namibie et, plus tard, les Juifs. Et, aussi, de revivre, ne serait-ce que mentalement, le temps passé avec ses joies et, surtout ses peines, ses succès et surtout ses ratages, ses espoirs et surtout ses regrets.

Avis : Ça ne se lit pas, ça s'ingurgite. .Une histoire lointaine, qui remonte à bien longtemps, mais une histoire qui concerne toute l'humanité… Une humanité qui bascule, toujours, si facilement, dans l'inhumanité et l'horreur. L'histoire bégaie : Avant-hier, les Héreros de Namibie, hier les Juifs ! Aujourd'hui, les Palestiniens … A qui le tour?



Interdit de lire aux moins de dix-huit ans, tant l'horreur de l'inhumanité prussienne puis nazie, est décrite avec force détails et vous noue les tripes, avec une envie monstre de vomir
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Le rapt

Le roman d’Anouar Benmalek nous transporte en Algérie, cette Algérie meurtrie par tant de crimes passés et présents. Aziz, jeune employé d’un zoo, au caractère joyeux, est marié avec Meriem dont il a eu une fille Chérahzade, 15 ans.



Tout ce passe pour le mieux dans cette petite famille raccommodée, en effet le père de Meriem, Tahar, a été combattant du maquis, moudjahid, et a rencontré Mathieu, jeune français ayant déserté en lui sauvant la vie. Ce Mathieu même qui deviendra, à la mort de son ami Tahar, le deuxième mari de sa chère femme : Latifa.



Puis au détour de quelques pages, la vie si tranquille de cette famille va basculer dans ce qu’il y a de plus sombre. Cherahzade ne rentre pas de l’école, une fugue ? Pire. Aziz comprend vite que sa fille n'a pas fugué mais a été enlevée. Un peu de tout lui passe par la tête : des islamistes, ceux là même qui ont égorgé ce jeune garçon dans le bus quelques jours auparavant. Dans ce pays où règnent la corruption, les tortures, la haine et ses fanatiques, Aziz se sens perdu, que faire ? Il ne tardera pas à le savoir, car le ravisseur le connaît bien lui et sa famille, ils communiqueront par téléphone, Aziz obéira à toutes les réclamations du ravisseur notamment de ne pas prévenir la police et allant jusqu’à devenir un assassin pour libérer sa fille.



Dans la première partie du récit, le narrateur est Aziz, il nous entraine dans son malheur, et nous conte l’enlèvement de sa fille, la douleur de perdre cet être qui ne connait pas encore la vie, et ce meurtre qu’il commet à contre cœur. Etape par étape, de coup de fil en coup de fil le ravisseur prolongera cette torture psychologique avec le plaisir d’un sadique et une bonne humeur à faire vomir. Cherahzade, elle, connaitra la torture physique, le ravisseur lui coupant trois de ces doigts.







La torture, voilà le mot prédominant de ce roman. En effet, cet enlèvement n’a rien d’anodin, rien à voir avec tous ces enlèvements contre rançon, l’argent n’est pas le mobile. Le mobile est la vengeance. Aziz ?, lui qui n’a jamais rien fait à personne ?, non, cet être lâche lié d’une manière improbable à un crime perpétré il y a près de cinquante ans, sera simplement l’objet, le prisonnier des caprices du ravisseur même si celui qui est visé n’est autre que son beau-père, Mathieu, ce Français demeuré en Algérie après l'indépendance.







La deuxième partie du roman passe la main à Mathieu qui devient le narrateur de sa guerre d’Algérie, la guerre de Libération, il a fait partie des DOP, les redoutables Détachements Opérationnels de Protection, unités de tortionnaires professionnels dont l'armée française s'est longtemps acharnée à nier l'existence.



La rencontre avec celui qui deviendra son ami, Tahar, va se faire dans une salle de torture, capturé trop facilement, ce maquisard, traumatisé par le massacre de Melouza, souhaitait seulement en finir avec la vie, se libérer de cette guerre et de ses crimes.



Melouza, c’est de cette tragédie dont va découler le destin de la famille d’Aziz, avec cette sensation presque visuelle de vivre avec lui ce cauchemar. Durant ce massacre, des dizaines et des dizaines d’hommes et d’adolescents seront sauvagement abattus par des maquisards les soupçonnant d’avoir sympathisés avec l’ennemi, l’armée française. Certains d’entre eux iront jusqu’à découper en morceau la famille d’une garde-champêtre : le père, la mère, la belle-fille et une petite fille prénommée Cherahzade.



Tahar ne se pardonnera jamais d’avoir laissé faire ça, lui considéré comme un héros par tous, est rongé par le remord, il se donnera la mort pour en finir avec ses démons.







Décidé à se venger, le ravisseur fera tout ce qui est en son pouvoir pour détruire cette famille, de faire payer le prix à celui qui est considéré comme l’auteur du massacre de la famille du garde-champêtre et à celui qui l’a libéré.







On entre dans ce roman par la porte de l’ironie surtout avec cette scène où le jeune garçon sur le point d’être égorgé se souci d’avantage de son pantalon blanc que de sa vie, on devient stressé puis abattu, pour en ressortir retourné par un dénouement dramatique, ému de ce destin et pris de pitié pour cet homme meurtrie d’avoir perdu sa famille. Le lecteur navigue entre passé et présent, à travers le tableau d’une Algérie déchirée par tant de violence. L’auteur ne prend le parti ni de l’Algérie ni de la France, l’amitié impensable entre Tahar et Mathieu permet d’évoquer les atrocités commises par les deux camps.



Tout dans ce drame laisse le lecteur songeur et toutes ces injustices commises au nom d’une Libération, ces tortionnaires et assassins amnistiés dans le but de tourner la page, laisse rageur. Anouar Benmalek nous emporte dans son univers : l’Algérie et nous conte cette histoire présente imbriqué dans le passé, cette démarche qui fait son style ; et des personnages constamment tourmentés, marqués à vie par des blessures dont on ne guéri jamais.
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L'Amour au temps des scélérats

La première fois que j’ai entendu parler de ce livre, c’était lors d’un VLEEL avec Emmanuelle Collas. Son enthousiasme pour ce roman transparaissait par écran interposé et je me suis noté ce titre, clin d’œil à Gabriel Garcia Marquez.



Le hasard faisant bien les choses, je l’ai trouvé peu après, alors que je flânais dans une librairie.



Et me voilà embarquée pour la Syrie. Terre maudite et ensanglantée depuis des années.



À la suite de Tammouz, un être sans âge qui cherche à retrouver le souvenir d’un amour perdu.



De Zayélé, mère de famille yézidie et de ses deux enfants.



De Houda et de Yassir qui s’aiment et doivent mourir pour cet amour hors mariage.



D’Adams qui veut réparer un crime qu’il a commis et recherche l’absolution en combattant au côté des YPG.



Il y a quelque chose de presque irréel à parler d’amour quand la guerre et les hommes ravagent tout. Lorsque les épreuves séparent les êtres qui s’aiment. Lorsque le temps déroule son flot entraînant irrémédiablement une fin tragique.



Pourtant dans tout ce marasme et ce chaos, c’est peut-être bien la dernière chose qui fait sens, qui rend la beauté à l’humanité. Qui fait déplacer les montagnes et commettre le pire. 



Ce roman est excellent. L’auteur réussit à tisser un roman sur un sujet difficile à traiter, de manière humaniste, réaliste mais sans pathos superflu avec une histoire dont on ne peut se détacher tellement l’empathie se créée pour cette galerie de personnages. 



La complexité de la situation syrienne est présentée ainsi que les atrocités commises par les belligérants. La cruauté des viols, des tortures, des enfants envoyés au suicide…rien n’est épargné au lecteur. Pourtant, ce roman est baigné d’une lumière, qui persiste, faible mais forte comme le lien qui unit deux frères, une mère et ses fils, un jeune couple…



Anouar Benmalek livre un roman parfaitement maîtrisé qui rejoint sans conteste la liste de mes plus belles lectures de l’année.
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Les amants désunis

Un grand coup de cœur pour ce roman !
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Ce jour viendra

Ce livre m'a beaucoup plu, il est écrit de main de maître, et le suspens nous tient jusqu'aux dernières lignes... L'auteur s'est très bien documenté, tant et si bien que ça m'a paru très crédible, et bien éloigné de la science-fiction... C'est vrai que sans connaissances en Biologie cellulaire et en Génétique on doit être largué à certains passages. Et c'est aussi une belle histoire d'amour, et toutes les choses inouïes qu'on peut faire par amour, et les sentiments qui nous perdent, et ceux qui nous raccrochent à la vie...
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
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L'Amour au temps des scélérats

Alors que Kurdes, combattants de Daech, soldats américains, milices et minorités religieuses se déchirent, un étrange candidat au djihad se pressente. Il s’appelle Tammouz et semble capable d’envoûter les chats. Il suit la piste de la femme qu'il a aimé et possède d'étranges pouvoirs. Sur sa route, il croise Zayélé, une yézidis, Adam, un soldat américain qui a rejoint les forces kurdes mais aussi Houda et Yassir, un couple d'amants en fuite. Tous tentent de survivre dans un pays où la mort est omniprésente. Des camps de rééducation de Daech pour les enfants yézidis aux rues de Damas en passant par les villages du désert syrien, nous traversons le pays et son chaos.

Chaque chapitre se concentre sur un personnage. Progressivement, les différentes intrigues se tissent et, loin de se livrer à un catalogues des horreurs perpétrées, le récit dresse un portrait vibrant d'un pays devenu fou. Malgré les différences d'origines ou de situations de chacun des personnages, ce qui les relit c'est l'amour. Il s'agit bien là du grand thème de ce roman. L'amour d'un couple, l'amour d'une mère ou l'amour d'un frère deviennent des raisons de lutter pour survivre. Malgré le tumulte ambiant, l'amour demeure et maintient les êtres en vie.

La barbarie est omniprésente et nous avançons avec effroi dans le récit. L'auteur manie néanmoins un humour salutaire pour mieux montrer la bêtise des djihadistes. Le surnaturel offre au récit une ampleur plus universelle et de belles réflexions sur l'amour ou le violence. Si la lecture est éprouvante, le changement régulier de ton la rend plus fluide. J'ai été impressionnée par l'ampleur de ce roman, par la capacité de son auteur à parler de tant d'aspects du conflit tout en gardant une cohérence narrative. En plus d'être un roman d'amour c'est un roman d'aventure. Les péripéties sont nombreuses, le rythme soutenu et le lecteur est happé par l'intrigue complexe. Un grand souffle narratif traverse le roman.

J'ai été séduite par la plume de Anouar Benmalek. Tantôt lyrique, tantôt facétieuse, son écriture se fait changeante aux grès des situations. L'ensemble est d'une grande intensité. L'auteur porte un regard lucide sur la Syrie et sur les hommes. Il accorde une grande place à l'art. La musique comme la littérature guident ses personnages.

Encore un magnifique roman portée par la maison d'édition Emmanuelle Collas.
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Les amants désunis

"Les Amants Désunis" (ce titre...tant de beauté en trois mots!)... Un coup de coeur qui remonte à quelques années déjà, mais qui m'a tellement marqué que je me rappelle de ce roman comme si sa découverte datait de hier! Et je sens que le temps approche pour moi de le relire.

Quand j'y pense, je crois que les mots qui habillent le mieux ce livre délicat, qui en épousent le mieux l'histoire et les pages sont ceux là: c'est un "roman blessé" d'une beauté à couper le souffle.

Nous sommes à Alger en 1997. Anna est une vieille femme aux cheveux blancs qui a quitté la Suisse et son fils pour Alger avec dans ses bagages les souvenirs d'un passé qui commence à être trop lourd pour ses épaules frêles et de l'espoir. Sous le soleil, elle erre dans un cimetière, elle cherche ses enfants Mehdi et Myriam, ses enfants de sa vie d'avant. Ceux que des combattants du FLN ont égorgé autrefois parce qu'ils croyaient que leur père et l'époux tant aimé d'Anna -Nassredine-les avait trahis. Anna voudrait se recueillir sur les tombes de ses petits et par dessus tout retrouver Nassredine qu'elle a quitté quarante ans plus tôt, parce que la guerre et le sang versé des enfants faisaient trop mal. Pourtant, cet homme, c'était son grand amour, à elle la circassienne qui ne funambulait jamais si bien que caressée par son regard. Mais l'Algérie en 1997 vit dans la terreur: au drame de la guerre civile s'ajoute la violence et la cruauté des attentats perpétrés par le GIA et Anna -comme tant d'autres- est en danger. Aura t-elle seulement le temps de retrouver Nassredine? Vit-il encore? Le soleil, s'il fait briller les yeux du petit Jallal qui s'attache à ses pas comme à ceux de la mère qu'il n'a plus fait aussi reluire la lame du couteau.

"Les Amants Désunis" est un récit douloureux mais fier, dont la beauté défie la mort et la haine à chaque page et qui alterne les époques, passé et présent, dans un chant-sanglot grave et fragile, mélopée poignante presque brisée. Il s'en dégage par ailleurs une lumière incroyable malgré le sang et l'horreur du contexte et qui baigne de son éclat tout le roman... C'est un texte coup de poing qui fait mal, qui fait réfléchir et qui révolte, triste et gracile comme un oiseau blessé. Une pépite méconnu au titre magnifique à découvrir, à lire, à aimer surtout. Après tout, Anna le dit elle-même: contre la barbarie, il n'y a plus que l'amour et la beauté. Ils rendraient le monde meilleur "Les Amants Désunis" si on leur laissait leur chance.

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