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Citations de Arnaud Rykner (48)


Il doit savoir qu'il n'empêchera jamais qu'on le regarde, qu'on l'ausculte, avec curiosité, suspicion, voire avec haine, la haine aveugle des satisfaits.
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On aime, follement, seule façon, je pense, d'aimer un peu decemment; on aime au-delà de tout, on se construit dans cette folie d'amour. Et quand il n'y a plus l'amour, il ne reste que la folie.
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Mais je ne veux pas seulement m'indigner. "Indignez-vous", c'est trop facile, c'est écœurant, ça ne fait pas bouger, ça rassure, ça flatte; je ne veux pas m'indigner pour m'admirer de m'indigner.
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Juger, c'est évidemment ne pas comprendre. Si l'on comprenait, on ne jugerait pas.
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Je crois trop, et je sais que vous y croyez autant que moi, à la force du silence, à sa nécessité, non pas le silence qui cache, celui qui recouvre, celui par lequel on renonce à s’exposer, mais celui qui porte notre parole la plus intime, comme l’air porte les sons.
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Nous prions. Nous prions tout haut. Nous prions fort. Je hurle presque les phrases que je me suis forcé à apprendre il n’y a pas si longtemps. Ces mots des autres que j’ai faits miens pour ne pas me trahir. « Notre Père… »
Notre Père qui êtes aux cieux et pas sur la terre.
Notre Père qui êtes partout mais pas dans ce wagon.
Notre Père qui n’êtes pas mon père et certainement pas celui de tous ces morts qui chantent votre louange à leur façon, faite de gargouillis, de bruits de marécage.
Je récite le Notre Père avec mes camarades.
Et je m’aperçois qu’il me fait du bien.
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Je bois pour me noyer. Je bois pour noyer la petite fille qui est en moi, la bossue, celle qui déjà se croyait bossue avec ses messages en bouteille, bossue à en crier déjà, bossue à qui sa grand-mère faute de mieux, chantait comme dans le livre :
" Les petits bossus sont de petits anges qui cachent leurs ailes sous leur pardessus "
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J'ai soif. Je ne sais que ça. J'ai soif. J'ai soif. Et je vais crever si on ne me donne pas à boire. Je vais crever et tous ceux-là autour de moi qui se mettent à crier autour de moi. Ça crie de partout. Ça crie "A boire !" autour de moi. Et quand ça ne peut plus crier ça gémit. Et moi je crie avec ça qui crie au-dehors comme au-dedans de moi. Tout mon corps n'est plus que soif, et cri, cri et soif. Soif. Soif. Je n'en peux plus. Je pleure. Je n'ai plus de larmes. Je n'ai même plus de larmes à boire.
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Et moi, qu'est ce qui me fait exister? Est-ce toi?
Oui, mais hors de toi? Je crains bien de ne pas y être, de n'être nulle part qu'à cette place que tu me donnes, envers et contre tout.
Hors de toi, il n'y a que l'écriture qui me fait exister un peu, par ce fil qui me lié à d'autres, à lui, à toi, à toutes ces voix en moi qui se sont tues mais que j'essaie, comme je peux, de convoquer de nouveau.
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Notre vie est faite de tous ces chemins que nous n'avons pas pris.
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J'ai longtemps vécu dans la peur, une peur incertaine, impossible à combattre, parce que sans lieu, sans forme, sans visage. Peut-être n'ai-je passé ma vie qu'à lui chercher un visage. Et je me dis que je l'ai trouvé - et que du coup je n'ai plus peur.
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« Ne voyez dans mon silence ni jugement ni condamnation, mais seulement un grand trouble. Trouble de voir se dessiner dans vos lignes comme un autre moi-même, un qui aurait vécu réellement, tout ce qui la nuit, m’assaille au long des veilles. J’aperçois dans ce miroir obscur de vos propres mots la silhouette de cet enfermé que je suis, pour d’autres raisons, d’une autre manière, dans une autre cellule, même si vous êtes sorti physiquement de la vôtre.
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Rien ne nous arrachera jamais à nous-même, à notre enfermement permanent. Eternellement séparés, de nous comme des autres, c’est ce que nous sommes, et je ne supporte plus ceux qui voudraient nous faire croire le contraire. On peut faire semblant, c’est tout. Faire semblant nous aide, c’est tout. Et peut-être est-ce la seule façon de ne pas tricher.
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Au retour , le petit déjeuner est rendu meilleur par l'attente. le pain promis est là.
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Elle rattache ses cheveux, et la simplicité du geste te bouleverse plus que tout.
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Ma tête est une caverne qui résonne. J’essaie de m’y tenir sans bouger, de ne plus penser à rien, et surtout pas à cette soupe qui me torture et que réclame mon ventre, et tout mon corps. Je suis au fond de ma caverne. Il fait chaud. J’étouffe.
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C'est mal d'avoir pitié. C'est ce qu'on m'a appris. " ça avilit. "
Quelle folie.
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Des fois je ris. Je me dis que celui qui n'a jamais bu me jette la première bouteille.
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Pour les âmes charitables (...) tous ses gestes passés n'étaient qu'hypocrisie, toute pétrie de son acte à venir. Je sais pourtant que cet homme, c'est chacun d'entre nous, et que nous ne sommes pas réductibles à nos actes, aussi responsables en soyons-nous.
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Donc, je suis sorti.
Vous vous doutez que ça n’a pas été sans mal. Même ma permission de juillet, pourtant réglementaire, avait été annulée ; le juge qui avait accepté celle, exceptionnelle, demandée pour vous rencontrer en avril, l’avait aussi, rétrospectivement convertie en permission familiale (bien qu’elle n’ait duré que deux jours contre les cinq réglementaires). Il m’a privé ainsi de celle que j’espérais pour revoir mon père à l’été. La prison se nourrit de ces petites mesquineries. On ne saurait imaginer ce que l’institution est capable de secréter, y compris chez les meilleurs – et rien ne laisse supposer que ce juge-là en était.
Jusqu’au dernier moment, jusqu’au bord de vous lâcher, et même après.
Tout est petit là-bas.
Aucune grandeur possible.
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