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Critiques de Attica Locke (71)
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Bluebird, Bluebird

Premier roman de 2021 et pas des moindres.

La justice aux USA, plus précisément au Texas. Dans l’arrière-train rural de l’est de l’état, à Lark. Deux cadavres ont été découverts dans le bayou. Un avocat noir de Chicago et une femme blanche du coin. Darren Mathews, ranger noir suspendu, a fui cet état. Pourtant, il enquête parmi les rednecks.

Bluebird, Bluebird a la lecture parfois lente et poisseuse, comme le clapotis du bayou, rythmée par un blues authentique, celui de John Lee Hooker - Bluebird, Bluebird est un de ces morceaux.

Bluebird, Bluebird est un polar visqueux. Aux côtés de Darren, je pars à la recherche du ou des meurtriers. Une facture assez classique de roman noir. Pourtant, très vite, je suis confronté à cette notion de race qui gangrène cette Amérique trumpiste. Rien de nouveau pour un pays malade de ses maux, où la haine quasi-ancestrale, pour ne pas dire traditionnelle se vit naturellement. Elle n’a pas de frontière, elle traverse les états et le temps.

Les limites de la justice étouffent dans ce bled où les héritiers du KKK ne se cachent plus. Ils sont devenus la fraternité aryenne. Ils assassinent et prônent l’entre-soi pour mieux dealer.

Les limites de la vie de Darren sont toutes autres. Son identité, ses amours, sa subordination et son obédience à son rang de Texas Ranger. Tout cela semble se fissurer. Ce personnage est rongé par le doute. Pourtant, il s’affirme au fil des pages.

Attica Locke n’en est pas à son coup d’essai. Ce roman est pertinent et est à l’image de cette Amérique éloignée des métropoles où l’autre fait peur, où le repli sur soi ou sa communauté devient un mode de vie à part entière, ce, quel qu’en soit le prix à payer.

C’est un vrai roman noir américain dans ce qu'il a de meilleur. Il met mal à l'aise, fait réfléchir et pourtant réussit à vous transporter.

Bluebird, bluebird, please do this for me

Ooh, bluebird, please do this for me

If you see my baby, tell her I want her to come back home to me


Lien : https://nigrafolia.fr
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Pleasantville

Pas de chance, des trois romans d'Attica Locke..c’est celui que j'ai le moins aimé !!

Autant je m'étais laissée prendre aux intrigues des deux premiers au point de rire de plaisir en voyant son nom dans ma liste de lectures obligatoires !

Autant celui ci m'a laissée de marbre.. regardant sans cesse quand finissait le chapitre, la partie, la page..bref je n'ai pas été emportée par l'histoire, pas été touchée par les réflexions du personnage principal, ni même par les rebondissements attendus et presque téléphonés de celui ci.

Pourtant tout y était pour me passionner : les noirs au pouvoir dans une petite vile du Texas, état républicain s'il en est, un crime … politique ? Raciste ? Sexiste ?

En fait tout est tellement mêlé dans ce polar que cela rend le roman trop touffu, trop dense, qu'on ne voit pas qui peut avoir commis ce crime, et alors ?, alors ??

l'assassin sort comme ça, tout à coup.. bien sur on ne l'attendait pas, pas lui, mais surtout pourquoi ?? et bien nous ne le saurons pas !! juste un détraqué, pas de politique la dedans,

juste une fin où cela nous permet de comprendre comment Bush fils a rusé pour être élu à la présidence des États Unis. Maigre butin !!
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Pleasantville

Déception et ennui. Le livre pourrait être captivant, il est plutôt assommant

PLEASANTVILLE d’Attica LOCKE n’a rien d’une ville plaisante, on y trouve des méchants, des loosers et des adolescentes tuées !

A l'instar du film de Gary Ross voici un petit monde figé, englué, bocalisé où évoluent des personnages qui semblent condamnés à un destin fermé : des « familles noires huppées », des candidats aux élections municipales représentatifs d’une certaine modernité, une femme district attorney, Sandy Walcott, un notable noir, ancien directeur de la police, Axel Hathorne et bien sûr une jeune fille tuée.

On suit l’enquête à travers les yeux de Jay Porter, avocat noir, qui se fait attaquer, voler, bastonner tout au long du récit.

Il y a un suspect que tout semble accuser et des faux-semblants, des belles paroles et des coups bas des deux camps électoraux pour récupérer l’affaire du meurtre.

Pour nous attraper Attica Locke nous abreuve de descriptions vestimentaire jusqu'à la nausée littéraire. On cherche ce que nous apporte qu’untel soit habillé d’« un Levi’s taille basse et un tee-shirt BIG EASY BLUES FEST » ou qu’une autre soit « vêtue d’un pantalon marron discret et d’un chemisier à fleurs » mais on s'aperçoit que cela ne nous rapporte rien.

Idem pour des énumérations censées démontrer de façon implacable une thèse avec les très scolaires « primo, secundo, tertio, quarto » qui s’égrènent comme au tribunal mais n’ont ni l’impact ni l'éclat d'une révélation. Le coupable sera en fait celui que l’on ne peut pas soupçonner, comme toujours, un lieu commun, sans surprise pour la fin du livre.



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Marée noire

Il s’agit d’un premier roman roman très réussi qui nous fait voyager dans le Texas des années 1970-1980. Jay Porter est avocat à Houston, mais il ne faut pas s’imaginer un riche avocat qui brasse les dollars par millions. Il est au contraire un avocat noir qui tire le diable par la queue, il a un petit bureau dans un centre commercial et la majeure partie de sa clientèle n’est pas solvable ou du moins très pauvre. Pour l’anniversaire de sa femme il organise une petite croisière dans un bayou. Mais la malchance le poursuit, le diner romantique est interrompu par des coups de feu tirés sur la rive et une jeune femme blanche poursuivie se jette à l’eau. Jay plonge pour la sauver et la conduit devant le commissariat de la ville. Le Klu Klux Klan n’est pas tout à fait mort, l’égalité entre Noirs et Blancs n’est pas encore une réalité, par conséquent il n’est pas prudent pour un Noir d’être vu en compagnie d’une Blanche victime d’une agression.



Cette affaire replonge Jay dans son passé de militant radical des droits civiques dans les années 1960 et 70, il a connu la prison et il a assisté à de nombreuses exactions policières, ce qui lui a laissé une peur panique de la police. Il faut dire qu’en ce temps là, le FBI fonctionnait comme une police politique et ses snippers n’hésitaient pas à régler les problèmes à leur manière. Jay se trouve plongé dans ces souvenirs et son passé nous est raconté par bribes tout au long du livre.



Dans le même temps, son beau-père, pasteur, lui demande de soutenir les dockers noirs syndiqués, et en particulier l’un d’eux qui a été passé à tabac. Une grève est à l’ordre du jour, mais la maire noire de la ville ainsi que les syndicats blancs veulent absolument l’éviter. Jay connaît bien la maire de Houston qui a aussi été une militante radicale des droits civiques, mais qui a peut être trahi la cause. Quant au syndicat, il n’est pas uni, c’est plutôt un instrument des Blancs pour asseoir leur domination et l’inégalité de fait qui règne entre les dockers.



Ce thriller passionnant conjugue deux histoires, celles des années 1960- 70, marquées par le boum pétrolier de la région et surtout par la lutte plus ou moins pacifique pour les droits civiques. Et au début des années 1980, les injustices sont toujours criantes, la grève des dockers perturbent gravement l’économie de la ville complètement dépendante du pétrole. Surtout Jay va mettre au jour un complot impliquant le principal groupe pétrolier de la région.



Ce livre est remarquable, surtout pour un premier roman, mais le lecteur est parfois un peu perdu. En voulant dresser un tableau exhaustif de la situation de ces vingt années de la vie du Texas, à force de détails, on a parfois l’impression de perdre le fil de l’histoire. Toutefois ces défauts de jeunesse n’enlève rien au plaisir de lire cet excellent thriller qui nous permet de visiter un aspects des Etats Unis que l’on ne connaît pas très bien.




Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Pleasantville

J'ai découvert Attica Locke il y a un an en lisant son autre roman Dernière récolte.  J'étais donc curieuse de la retrouver dans cette nouvelle enquête. On quitte la Louisiane pour Houston, Texas en 1996 alors que les élections municipales approchent, une jeune femme disparaît...

Pleasantville est le premier quartier bourgeois créé par les hommes et femmes noirs ayant, malgré la ségrégation, réussi dans les affaires. Un bastion de l'upper class noire devenu incontournable à chaque élection. Et celle-ci est particulière puisque pour la première, un candidat Afro-Américain est sur le point de l'emporter. Il s'agit d'Axel Hathorne, l'ancien chef de la police et fils de Sam Hathorne, une des familles les plus aisées de Houston. 

Axel Hathorne affronte Sandy Wolcott, la district attorney (procureur) du comté et la bataille fait rage lorsque qu'une jeune femme, Alicia Nowell disparaît. Celle-ci avait un tract dans son sac, accusant le candidat noir de vouloir détruire le bayou, et son biper prouve qu'elle a tenté de joindre Neal Hathorne, le neveu d'Axel et conseiller de communication. Le jeune homme est rapidement suspecté. Sam Hathorne fait alors appel à Jay Porter, un avocat connu localement pour défendre les plus faibles.



Ce dernier se bat depuis des années face à un conglomérat pétrochimique responsable d'une pollution et d'un incendie ayant touché de nombreuses familles.

Regroupé en action collective, les deux cents plaignants ont eu toute confiance en Jay et celui-ci a finalement remporté son procès mais la filiale refuse depuis de verser le moindre dollar. Jay a mené le combat le plus dur de sa vie devant les tribunaux alors que sa femme mourait d'un cancer. Depuis, Jay tente de s'occuper de se deux enfants tout en essayant de trouver une solution à cet imbroglio judiciaire. Il est alors contacté par Sam Hathorne pour défendre son neveu, accusé soudainement du meurtre d'Alica Nowell. 



Celui-ci se dit victime d'une machination, sans doute la partie adverse pour infléchir le cours de l'élection. Jay accepte en sachant qu'il va s'attirer pas mal d'ennemis et rapidement les soucis arrivent, ainsi que les menace sur sa famille mais l'homme est coriace...

Un pavé et un bon page-turner où l'enquête est rondement menée et où le rythme est enlevé. Une découverte que l'histoire de Houston, de ce quartier sorti de nulle part, et des tensions entre blancs et noirs, puis l'arrivée des premiers américains hispaniques et la fissure au sein de cette communauté bien-pensante.  L'auteur décrit avec passion ce quartier, les disparités entre les communautés, l'histoire de la ville. J'ai énormément appris sur Houston, la crise économique et la lutte intestinale entre ces communautés et sur les élections municipales, les jeux de pouvoirs, d'argent et le lobbying. Une plongée assez terrifiante accompagnée d'une enquête sans jamais oublier la victime et où s'inquiète pour la famille de Jay Porter.

Les personnages sont touchants et bien réels, on s'attache à Jay et à sa famille, à ses amis. Un seul bémol, mais il faut en parler : le nombre de personnages - Tant de personnages dont il faut se rappeler le nom et la fonction peuvent faire peur ! Pour ma part, j'ai failli prendre un papier et noter leurs noms. Heureusement, l'action se resserre et le cerveau finit par enregistrer tous les noms, mais je vous préviens, c'est le challenge de ce très bon polar :-)

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Pleasantville

Merci à Babelio et aux éditions Gallimard pour m’avoir sélectionné pour ce titre.

Allons droit au but : j’ai adoré !!!! Tout comme j’ai adoré Dernière récolte et Marée noir, dont on retrouve ici le héros, Jay Porter, veuf depuis peu

Le cadre : les élections municipales de Houston en 1996, avec tout ce que cela suppose de magouille, corruption, coup bas et autre manipulations. Le fait divers : la disparition d’Alicia Nowell, jeune fille afro-américaine du quartier de Pleasantville. Le lien : Neal Hathorne, le neveu et directeur de campagne de l’un des candidats est accusé du meurtre. Cela se complique quand il apparait que la victime travaillait pour l’autre candidat, Sandy Wolcott.

Jay porter, dépressif depuis la perte de sa femme, élève seul ses enfants. Il se retrouve un peu par hasard partie prenante dans l’enquête et au fur et mesure s’implique davantage. Un moyen de surmonter sa peine ? Une résurgence de son activité militante ? Peu importe au final. A mon sens l’intrigue policière n’est que le prétexte à une plongée dans les méandres de la politique américaine, dans les ressorts de la société texane. Le héros n’est pas tant Jay Porter que la ville, le quartier lui-même. Bref c’est un pur régal ! Et quand le style est à la hauteur du récit, que demander de plus !

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Pleasantville

C'est un bon polar au sens où vous vous retrouvez bien accroché à l'intrigue aux trois-quarts du bouquin, à tourner les pages le plus vite possible pour découvrir la suite. Attica Locke réussit à faire monter la pression jusqu'à la scène du procès où défilent les témoins de l'accusation et de la défense et où la lumière se fait.



Mais malgré cela j'avoue que je suis un peu resté sur ma faim. J'ai eu du mal à rentrer totalement dans cette histoire qui fait la part trop belle aux aspects juridiques du système américain (ce qui personnellement, ne me passionne plus guère après avoir vu cela chez Grisham). Je n'ai pas eu non plus le coup de foudre pour le personnage principal, l'avocat Jay Porter. On devine assez vite que l'homme un peu dépressif depuis le décès de son épouse, tourmenté par son passé de militant et ses difficultés à faire aboutir ses combats juridiques, va surmonter ce spleen, retrouver son allant et faire triompher la vérité.



La peinture sociale de Houston avec ses minorités raciales et ses grandes fortunes pétrolières, est néanmoins intéressante.
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Pleasantville

Pleasantville est un quartier de Houston aux Etats-Unis qui est le théâtre d’élections municipales qui opposent Sandy Walcott, actuel procureur du comté, et Axel Hathorne, ancien chef de la police. On est alors en 1996 et pour la première fois, un afro-américain peut être élu grâce au soutien massif des habitants du quartier. Dans ce contexte, une jeune fille disparaît en distribuant des tracts électoraux. Un avocat, Jay Porter, mène l’enquête et est très apprécié dans le quartier ayant défendu les habitants contre une firme pétrolière.

Ce personnage principal est très réussi et je m’y suis attachée facilement vu son passé tumultueux et son combat pour les droit civiques. L’histoire commence bien en se concentrant sur l’intrigue policière et la disparition de la jeune Alicia Nowell. Mais, rapidement, l’intrigue politique prend le dessus et je me suis retrouvée perdue dans les arcanes du système électoral. Manipulations, chantages, coups bas, rien n’est épargné aux candidats et j’ai eu des difficultés à suivre les méandres de l’intrigue qui se révèle assez complexe. Je me suis également égarée à travers les différents personnages secondaires. Ils sont peu consistants et sont introduits rapidement, je n’avais pas de plaisir à les retrouver chapitre après chapitre et je me suis tout doucement ennuyée au fur et à mesure du récit.

La qualité de l’écriture et la maîtrise de l’intrigue sont indéniables et ce roman noir plaira sans nul doute aux fans d’intrigues politiques et judiciaires mais personnellement, l’auteure n’a pas réussi à m’embarquer dans son univers et j’ai trouvé ce roman trop long et un peu ennuyeux.

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Pleasantville

Pleasantville, troisième roman d'Attica Locke, est une formidable description de la politique américaine à un moment charnière de son histoire.
Lien : https://www.lexpress.fr/cult..
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Pleasantville

Houston, 1996. La campagne pour les élections municipales bat son plein. Des bénévoles font du porte-à-porte pour rallier les habitants à l'un des deux candidats en lice, Sandy Wolcott, district attorney, et Axel Hathorne, représentant de la communauté afro-américaine, notamment dans le quartier de Pleasantville. C'est justement dans ce quartier qu'Alicia Nowell, 17 ans, disparaît. Malgré les dénégations de Wolcott, il semble que la jeune fille travaillait pour son l'équipe. Jay Porter, un avocat désespéré depuis la mort de sa femme un an plus tôt, qui a représenté les habitants de Pleasantville dans un procès intenté contre une société chimique, se retrouve malgré lui plongé dans cette affaire : en effet, lorsque l'on retrouve le corps d'Alicia, Neal Hathorne, neveu du deuxième candidat et son directeur de campagne, se retrouve accusé du meurtre. Jay, qui comptait petit à petit se retirer des affaires, se voit confier la défense du jeune homme…



Coups bas, manipulations, mensonges, intimidations, ce roman noir nous fait entrer dans un monde glauque où tout est permis, tant l'enjeu est grand – dans la foulée de ces élections municipales se profilent les présidentielles de 2000. Le meurtre de la jeune fille est associé à deux autres meurtres perpétrés trois ans plus tôt et qui n'ont jamais été élucidés, et les deux candidats semblent n'avoir aucun scrupule à l'utiliser à leur profit. Jay Porter, qui porte la blessure encore à vif de la perte de sa femme, et tâche d'élever seul ses deux enfants, découvre petit à petit les dessous de la politique locale : avec sa secrétaire qui mitonne des haricots rouges dans le bureau, et l'aide d'une amie journaliste, il mène sa propre enquête. Abandonné par les habitants de Pleasantville qui lui reprochent, bien qu'il ait gagné leur procès, de ne pas s'être suffisamment battu puisqu'ils n'ont pas touché le moindre dollar après le jugement, il s'obstine, au nom d'une probité qui tranche avec le machiavélisme ambiant. Il en devient presque lumineux dans sa recherche de la vérité, qui lui permettra enfin de faire son deuil.



Un roman noir qui emmène le lecteur dans les arcanes du système électoral américain. Leur complexité peut perturber un lecteur français, ainsi que la multitude de personnages secondaires. Une lecture parfois fastidieuse donc, même si j'ai été sensible au personnage de Jay Porter. A signaler, une belle traduction dépouillée d'anglicismes et assez littéraire.



Roman lu dans le cadre du Prix des Lectrices de Elle

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Pleasantville

Auteur peu prolixe mais dont on commence à attendre avec curiosité les nouveaux romans, Attica Locke revient chez nous après quatre ans d’absence. Et elle n’est pas seule puisqu’elle a la bonne idée d’être accompagnée dans Pleasantville par Jay Porter, avocat à Houston et ancien militant des droits civiques, qui était le héros de son premier roman, Marée noire.

Quinze ans après les événements contés dans ce premier livre, on retrouve donc Porter à la veille des élections municipales de 1996. L’avocat qui, sans jamais avoir été vraiment flamboyant, est au moins resté quelqu’un d’admiré du fait de son investissement auprès de la population du quartier de Pleasantville et grâce aux combats qu’il a engagés contre quelques firmes multinationales n’est presque plus que l’ombre de lui-même. Veuf depuis peu, dépassé par la gestion de sa vie de famille, embourbé dans d’interminables tractations avec les dirigeants d’une entreprise responsable d’un accident industriel qui a touché Pleasantville, Jay Porter est sur le fil, pas loin de jeter l’éponge. Et si on lui montre encore du respect, il fait peu de doutes que les clients qu’il représente et pour lesquels il tente d’obtenir une indemnisation honorable sont près de le lâcher.

La disparition dans le quartier d’une jeune fille, bénévole pour une équipe électorale, puis l’accusation portée contre le directeur de campagne de l’un des candidats à la mairie originaire de Pleasantville vont bousculer l’avocat, le pousser dans ses retranchements, et le pousser à sortir la tête de l’eau pour tenter d’obtenir un semblant de justice.

Estampillé thriller, Pleasantville tient en fait bien plus du roman noir social et politique et du procedural que du roman censé faire frissonner le lecteur et le pousser à tourner frénétiquement les pages. Les adeptes de cliffhangers haletants passeront donc leur chemin. Ceux qui, par contre, aiment les romans qui prennent le temps d’installer intrigue et personnages et qui cherchent à démonter minutieusement les rouages d’une société trop belle pour être vraie devraient par contre y trouver leur compte.

Car s’il y a Jay, il y aussi et surtout Pleasantville. Enclave de la classe moyenne noire de Houston peu à peu investie par la population latina, le quartier tient de la communauté un peu trop lisse et qui, par ailleurs, abandonne peu à peu ses idéaux. Fondée par des noirs pour des noirs au moment de la lutte en faveur des droits civiques, Pleasantville est aussi la création d’un homme, Sam Athorne, bienfaiteur omniprésent et presque omniscient qui tient de plus en plus du seigneur féodal, dispensant ses largesses aux fidèles, enfonçant si besoin ceux qui le déçoivent. Il est aussi le père du premier candidat noir en passe de remporter les élections et le grand-père du directeur de campagne accusé de l’enlèvement de la jeune Alicia Nowell. Enfin, Pleasantville, quartier engagé, est donc devenu peu à peu une enclave dont les habitants ont laissé derrière eux leurs anciens idéaux et ne cherchent plus que le calme auquel ils estiment avoir droit.

C’est de cette communauté figée, un peu craintive face à son envahissement par une autre classe moyenne, hispanique celle-ci, qu’Attica Locke fait à travers ce roman le portrait grinçant et parfois même mordant. Partagée entre une réelle empathie et un non moins réel questionnement sur l’évolution de cette population passée peu à peu de la révolte des années 1960-1970 à l’embourgeoisement et à la recherche de la meilleure manière de garder ses privilèges, Attica Locke bouscule un peu les clichés et pointe les petites lâchetés et renoncements dont Jay Porter n’est pas la moindre des incarnation même si, au fond, il est sans doute celui qui cède le moins à ce mouvement, tout simplement parce que son travail qui est aussi sa vie dépend de la solidarité dont doit faire preuve sa communauté.

Et puis il y a aussi, bien entendu, toute la description d’un système électoral où tous les coups bas semblent permis, dont certains préfigurent de l’avis d’Attica Locke l’élection présidentielle de 2000 et l’arrivée au pouvoir de George W. Bush. La collusion entre entreprises, notables et politiques, accentuée encore ici par le fait que les deux gros candidats à la mairie sont l’ancien chef de la police et le procureur, est ainsi mise en relief par le récit d’Attica Locke qui, pour montrer tout cela, ne sacrifie toutefois en rien à l’efficacité et à la construction de son intrigue. Prenante en tous points – de l’enquête de Jay Porter à la mise en place du procès en passant par les aspects de la vie personnelle agitée du héros – celle-ci se découvre avec une certaine délectation, sans grands effets de manche, en prenant son temps et, surtout, toujours avec intelligence. Un roman stimulant.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Pleasantville

Couronné outre Atlantique du prestigieux prix Harper Lee for legal fiction., « Pleasantville » est le troisième roman d’Attica Locke paru chez Série Noire, et le deuxième mettant en scène l’avocat Jay Porter, après « Marée noire ».



Le récit nous plonge dans les arcanes d’élections municipales à Houston, capitale du Texas. et visiblement l'auteur sait de quoi elle parle, son paternel ayant trainé dans le milieu de la politique du coin, et ses coulisses d'élections locales sentent assurément le criant de vérité et le réalisme à tout va.



"

De manipulations aux intimidations les plus diverses, de chausses trappes au trahisons les plus terribles, ces élections nous livrent la part la plus sombre et retorse de l'être humain prêtes à tout pour gagner, et on se dit que cela nous rappelle des choses géographiquement plus proche de nous. même si "Pleasantville" offre un bel instantané aux spécificités de la société texane, aux particularismes évidents.



Ces coulisses peu reluisantes d'élections touchent par leur justesse mais donnent sans doute parfois une petite impression de déjà vu tant ce marigot politique est connu de tous ceux qui s'intéressent au sujet : heureusement l'intéret de ce Baron noir américain et littéraire ne vacille pas tout du long de la lecture, bien aidé par le personnage principal, ce Jay Porter, ,ancien militant des droits civiques devenu avocat aussi attachant qu'imprévisible...



Captivant et bien écrit, de la belle ouvrage! ..
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Marée noire

Dans un contexte de tension liée à la proximité de la grève des dockers, quand la maire de Houston repeigne hâtivement son brushing pour les caméras, et se rappelle soudain qu’elle a bien, bien connu Jay Porter, pour son malheur à lui… au temps de leurs luttes communes pour les droits civiques, le jeune avocat va courir pour sauver sa peau, sans pouvoir renoncer à comprendre.







Avec un grand talent, Attica Locke installe des personnages sensibles, ambigus ce qu’il faut, échangeant des dialogues parfois elliptiques qui construisent le suspens, décrivant la chaleur et la sueur des hommes dans les réunions politiques, et surtout, surtout…racontant le racisme ordinaire. En 1981, à Houston la très grande majorité des ouvriers est noire. Noirs aussi les pauvres, les analphabètes, les malades et les miséreux. Les industriels, les responsables politiques ou administratifs, les décideurs… sont blancs.







La fresque historique est assez large, couvrant les combats des années soixante-dix jusqu’à ceux des années quatre-vingt. Elle est intelligemment mise en valeur en même temps qu’humanisée au travers du destin de Jay Porter et de sa communauté.Un beau livre, fort, qui se termine par le constat tristement répétitif de la folie des hommes et de leur âpreté au gain, de ce qu’elle fait des esprits faibles.
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Dernière récolte

En deux romans empruntant au genre du polar pour mieux taper dans le mille, la texane Attica Locke s’est imposée comme l’une des voix les plus percutantes de la jeune littérature américaine. Après le Texas des années 1980, elle réveille les fantômes des esclaves de Louisiane dans Dernière récolte, publié chez Gallimard.
Lien : https://www.tessmag.com/2014..
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Marée noire

Je termine à l'instant ce livre, et je reste sur une impression mitigée.



Comme indiqué par d'autres contributeurs, l'affirmation sur la 4ème de la couverture "l'arrivée fracassante d'un nouveau talent" semble exagérée.



L'histoire est assez intéressante, quelque chose qui pourrait se rapprocher d'autres ouvrages plus aboutis comme l'affaire pélican par exemple, c'est à dire une histoire bâtie autour du pétrole dans le sud des Etats Unis en même temps que la lente progression des droits des Noirs.



Jay Porter, au passé un peu lourd, est confronté à un problème complexe qui peut le mettre en danger ainsi que sa femme sur le point d'accoucher.



Le style assez direct est un peu déconcertant. Il n'est pas vraiment désagréable mais laisse une impression d'inachevé. Peut-être une traduction un peu bâclée, n'en voulons pas à l'auteur, ce ne serait pas la première fois.



En fait, sans malice, ou si peu, le plus intéressant est certainement la post-face où l'auteur nous explique le lien avec son histoire personnelle. Si on ne doit lire qu'un extrait, ce sont ces 4 pages !
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Dernière récolte

C'est un bon livre. Une alternative aux romans sudistes. Histoire contemporaine qui tire sa force de la période esclavagiste, plus précisément juste après la guerre de Sécession.

Une Noire américaine organise des visites sur la plantation où son aïeul a travaillé jadis. Un corps est découvert, l'intrigue se mêle au fil de sa vie.

Hier, aujourd'hui, la narration est limpide et attachante.
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Marée noire

Ca fait des jours et des jours que je traîne ce bouquin... aujourd'hui j'ai déclaré forfait après avoir lu les 3/4 environ. Ca n'est certainement pas un mauvais livre, j'ai d'ailleurs bien accroché au début mais la tournure politico-raciale que prend l'histoire me gave en fait, tout simplement.
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Dernière récolte

Marée Noire, premier roman remarqué d’Attica Locke, laissait entrevoir de belles qualités chez cette jeune auteure – en particulier dans ses évocations de la lutte en faveur des droits civiques des Noirs aux États-Unis – mais souffrait par ailleurs de défauts patents, notamment une intrigue pour le moins confuse. C’est donc avec curiosité que l’on attendait ce deuxième livre, histoire de meurtre dans une plantation de Louisiane devenue musée et dans laquelle, une fois encore, Attica Locke entend faire entrer le présent en résonnance avec le passé.



En effet, Caren Gray, héroïne de cette Dernière récolte, descendante d’esclaves attachés à la plantation Belle Vie revenue en ces lieux afin de les gérer pour la famille Clancy, se trouve confrontée au meurtre d’une immigrée clandestine employée dans les champs de canne à sucre loués par une grande entreprise sucrière autour de Belle Vie. Alors que la police cherche le coupable idéal, Caren soulève peu à peu un voile derrière lequel se bousculent bien des souvenirs enfouis et une histoire beaucoup moins lisse que celle que présente la troupe d’acteurs de la plantation dans son spectacle destiné aux touristes.



La réussite d’Attica Locke tient avant tout à cela. À cette façon de montrer, à travers les comportements de chacun des employés et habitants de Belle Vie, que tous portent la marque, malgré les décennies et générations qui sont passées depuis la création de la plantation, d’un conditionnement social profondément ancré en eux. Les employés noirs issus des environs mais qui ne sont pas liés directement à Belle Vie se considèrent encore par bien des aspects comme des esclaves et expriment une rancœur qui ne semble pas près de s’effacer ; Caren oscille entre l’attachement aux lieux, la reconnaissance envers les Clancy qui ont pris soin de sa famille mais, ce faisant, tend à se placer comme un de ces « oncle Tom », plus vraiment noirs mais loin d’être blancs, tandis que les Clancy jouent de leur réputation progressiste sans bien voir combien elle dissimule mal un paternalisme pesant, voire odieux. Dans ce lieu isolé et comme coupé du monde, ceux qui viennent de l’extérieur, qu’il s’agisse d’Eric, l’ex-mari de Caren, ou du journaliste Owens, ne font que tendre à Caren un miroir cruel dans lequel elle refuse obstinément de regarder jusqu’à ce que les événements ne l’y forcent.

Grâce à cette dramaturgie bien maîtrisée et à ces personnages bourrés de contradictions, Attica Locke parvient à faire de Dernière récolte un roman prenant et ingénieux qui s’appuie par ailleurs sur une première partie particulièrement tendue dans laquelle les comportements de Caren et de Morgan, sa fille, que l’on sent l’une comme l’autre aux limites de la schizophrénie, intensifient l’atmosphère de mystère qui plane sur Belle Vie.



Pour cela mais pour cette peinture des mœurs politiques d’un État encore par bien des aspects tributaire d’un histoire mal digérée et de comptes jamais vraiment soldés, on pardonnera à l’auteure une certaine tendance à trop vouloir jouer parfois une partition par trop fleur bleue qui n’apporte pas toujours grand-chose au roman. Voilà en tout cas de quoi passer un agréable moment de lecture.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Dernière récolte

Le ton est volontiers méditatif, c'est ce qui fait la beauté du livre.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Dernière récolte

Ce roman n'est pas un gros coup de coeur, j'avais déjà eu le même sentiment d'ailleurs après la lecture du précédent roman, Marée noire dont j'avais parlé ici.



Pourtant, dans ce livre ci, encore, l'histoire avait tout me plaire : une enquête au coeur d'une ancienne plantation, Belle Vie. L'histoire passée se mêle à l'histoire présente avec les intérêts économiques qui priment sur les vestiges du passé et sa tentative de reconstitution de la vérité.



L'héroïne est Caren GRAY, responsable du domaine, descendante d'esclaves ayant habité sur la plantation où un corps de femme est retrouvé égorgé.



Le roman est vraiment dense. Trop. Quand je me perds un peu dans les noms des personnages dès le premier chapitre, c'est assez mauvais signe. A mon sens, on s'attache trop tardivement à l'héroïne qui est principalement décrite par sa fonction (maman, responsable du domaine) et non pas pour ce qu'elle est ; difficile dans ce cas de bien prendre conscience de l'intérêt du passé.



En vrac, il y a donc les employés du domaine dont un jeune homme qui veut reconstituer l'histoire de Jason, un des premiers esclaves affranchi, ancêtre de Caren, la famille de Caren, un journaliste et un historien qui passe par là, les propriétaires du domaine (et leurs ancêtres), le chef de la plantation, la femme assassinée et l'univers qui est le sien, les policiers et enquêteurs. Tout ce petit monde se croise, a un lien avec l'autre.



J'aurais voulu en savoir davantage sur la condition de ces travailleurs immigrés qui remplacent en toute bonne conscience les anciens esclaves; sur la "bonne conscience" des descendants de "maîtres". J'aurais presque préféré qu'il n'y ait pas de meurtres, parce que l'histoire aurait pu se suffire ainsi, finalement.



Les grands rebondissements ont toujours lieu sous l'orage (l'ambiance est toute trouvée s'il y a adaptation cinématographique), Caren malgré les dangers qui la guettent (quelqu'un a volé son téléphone portable, l'appelle anonymement) les affronte seule, laissant son ex et sa fille chez elle pour débusquer "le méchant".



C'est assez peu crédible. L'héroïne au début du roman redoute d'entrer dans une case, de s'approcher d'un cadavre mais elle résoud quasi seule l'intrigue. La sécurité de sa fille qui apparait au premier plan en début de roman semble très secondaire ensuite.



Ses erreurs et maladresses sont assez grossières, comme si elle souhaitait se faire accuser de tout. Mais pourtant, à la fin, elle déjoue les pièges et résoud l'énigme.



Vous l'aurez donc deviné, je ne lirai plus cette auteure, déçue par la fadeur de l'intrigue, malgré les belles promesses des quatrièmes de couverture.




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