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Critiques de Audrey Spiry (83)
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En silence

Dans le sud de la France, Juliette et Luis ont décidé de profiter de cette belle journée ensoleillée pour aller faire du canyoning. C'est accompagné de leurs amis, Erika et Gilles et leurs deux filles, et du moniteur Yann qu'ils prennent la route en direction du canyon. Sensations fortes et dépaysement total garantis. Sur la route chaotique qui mène à la vallée, Juliette se sent mal. Arrivés à destination, les combinaisons enfilées dans un vent glacial, il faut alors marcher jusqu'au canyon, le sac sur le dos. Puis vient le grand moment, celui du saut. Face au torrent, à la nature et aux courants, Juliette perd pied. Elle se sépare du groupe plusieurs fois, bien malgré elle, l'eau l'ayant emportée dans son sillage. Elle se retrouve parfois au cœur des grottes vertigineuses dont elle a bien du mal à sortir. C'est dans ces moments de désarroi qu'elle se pose mille questions sur sa vie, son couple, son avenir...



Aquaphobique, passez votre chemin! Avec un scénario atypique, on est tout de suite plongé dans l'histoire. Happé par cette profusion de couleurs si chaudes et vives, l'auteure a réellement fait de cet album une petite œuvre d'art tellement les dessins sont soigneusement travaillés, les couleurs expressives et habilement choisies. Et cette eau! Cette eau qui déborde, vous attrape, vous submerge, vous ressource parfois ou vous menace; cette eau qui devient elle-même une personne tellement elle est omniprésente. D'une maîtrise et d'une technique incroyable, ce récit aquatique fait la part belle aux mouvements des corps.



En silence... la tête la première!
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En silence

Ce n'était rien.

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Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Son édition originale date de 2012, réédité en 2023. Il a été réalisé par Audrey Spiry pour le scénario, les dessins et les couleurs. Il compte cent-cinquante pages de bande dessinée.



Juliette, vingt-quatre ans, sort d’une eau transparente, pour regagner la plage de sable blanc. Ses pieds ressentent le flux et le reflux des douces vagues. Elle rejoint sa serviette, avec un coup d’œil en arrière pour voir son compagnon Luis, trente-trois ans, nager vers le large. Elle éprouve la sensation d’être au bout du monde, et lui de l’autre côté. Quelque temps plus tard, elle termine de stocker ses affaires dans un bidon étanche et elle s’apprête à le refermer. Luis lui demande si elle pourrait prendre sa serviette, parce que son bidon est plein à cause du pique-nique. Elle le fait, il la remercie. Derrière son bureau, Yann, le moniteur de canyoning, constate que la petite famille vient d’arriver, la maman Erika, le papa Gilles, leur grande fille Margot d’une dizaine d’années, et leur petite Léna, cinq ou six ans. Juliette pose son genou sur le couvercle de son bidon pour tasser la serviette et pouvoir le visser, sans s’apercevoir que la petite Léna la regarde faire avec curiosité. La famille sort à l’extérieur ainsi que Yann, Luis et Juliette sortent à leur tour dans la vive lumière. Il s’excuse de s’être emporté la veille. La petite famille est partie de son côté ; ils attendent sur le trottoir que Yann vienne les chercher.



Yann arrive dans un van bariolé, et fort encombré. Juliette et Luis monte à l’arrière, mettant par terre ce qui se trouvait sur la banquette. Yann met ses lunettes de soleil en indiquant qu’avec ce soleil le canyon va être magnifique. À sa question, le couple répond que c’est la première fois qu’ils font du canyoning. Yann continue : ça fait quatre ans qu’il est moniteur de canyoning, et l’hiver il est professeur de ski. Ça ne plaît pas beaucoup à sa copine : il part six mois de l’année alors pour construire quelque chose… C’est vrai, c’est pas facile. Il demande à Luis dans quoi il bosse. Celui-ci répond : dans le cinéma. Il ajoute que Juliette vient de terminer ses études, et elle cherche du boulot. C’est l’époque des grandes décisions. Pendant le trajet, elle regarde par la fenêtre pour admirer le paysage. Allongée, elle compte les poteaux électriques qui défilent. Luis continue : c’est ses premières vacances depuis trois ans. Le cinéma, c’est tout sa vie. On bosse, on vit ensemble, on ne peut pas lâcher le train en marche. Ça le prend soir et week-ends, le temps n’existe plus, c’est hyper grisant ! C’est comme une famille. Ce n’est pas facile tous les jours, mais le jeu en vaut la chandelle. Ils arrivent à destination, la voiture de la famille arrive juste derrière eux. Tout le monde sort : le vent souffle fort. Ils prennent le temps d’admirer le paysage. Ils enlèvent leurs habits pour ne garder que leur maillot de bain, et ils prennent leur bidon. C’est parti pour une demi-heure de descente à pied jusqu’à l’entrée du canyon. Le paysage est magnifique.



Première page : il nage, elle retourne à sa serviette. Pages deux et trois : entièrement rouge sans aucun dessin, et uniquement une courte phrase sibylline au milieu de la page de droite. Puis le récit passe à la boutique, point de départ pour la journée de canyoning, et premier contact entre tous les personnages. Ils sont au nombre de sept, le couple, la famille de quatre et le moniteur, il n’y en aura pas d’autre au cours du récit. Le lecteur montre aux côtés du couple pour faire le voyage de l’aller dans le van de Yann, avec quelques cases s’attachant aux sensations, le paysage qui défile, l’impression des cahots, des virages de la route de montagne, de l’abandon de la somnolence, de la discussion sans conséquence à bâton rompu. Arrivée au lieu de stationnement : le vent fort, le paysage à couper le souffle, les gestes banals pour se changer et prendre les affaires. Cinq pages de marche jusqu’au point de départ de la descente dans la rivière. Il est temps d’enfiler les combinaisons, de mettre son casque d’en boucler l’attache, de se mettre à l’eau assez froide. De faire quelques pas dans l’eau, quelques mouvements de nage, d’éprouver la résistance et la texture du sol. Sans effort, le lecteur est ainsi déjà arrivé à la page quarante, sur un rythme calme, presque indolent, en toute tranquillité.



Cette approche naturaliste se trouve également présente dans les dialogues. Les personnages parlent normalement, avec des phrases courtes, en omettant parfois la négation. Yann se montre enjoué comme ses clients l’attendent d’un moniteur, doté d’une assure certaine sans être condescendante, en tant que qu’habitué de cette descente, de ses caractéristiques. Juliette & Luis échangent des propos affectueux, basés parfois sur des sous-entendus, sur des expériences vécues ensemble, des émotions partagées, sans pour autant que leurs propos soient excluants pour les autres. En tant que petite fille, Léna fait des phrases plus courtes, avec plus de ressenti direct et non filtré, un enthousiasme intense et irrépressible, une façon très naturelle de voir le monde uniquement à partir de son point de vue. Progressivement, le lecteur se rend compte que les autres personnages jouent un rôle moins important, avec des dialogues moins fournis. Situations et dialogues finissent par apparaître banals de personnes normales se livrant à une activité concrète, favorisant la contemplation et une forme d’isolement par rapport aux autres. Dans le même temps, la narration visuelle présente des caractéristiques graphiques et esthétiques uniques.



Pourtant, la couverture ne ressort pas particulièrement : une jeune femme en combinaison de plongée descendant l’eau, avec l’air peut-être surpris ou juste les yeux sciemment écarquillés pour voir dans l’élément liquide. En découvrant les pages intérieures, le lecteur se dit que l’image de couverture a perdu en intensité à être imprimée sur une couverture mat. Ensuite, il se dit que le choix même de cette illustration, sa composition gomme la plus grande singularité des dessins. L’artiste n’utilise pas les traits de contour, optant pour un rendu de type couleur directe. Son usage de l’outil informatique aboutit à une sensation de peinture à l’huile, et de dessins presque malléables, comme si chaque zone de couleur se déformait pour s’adapter aux formes qui l’entourent, comme si chaque frontière entre deux zones colorées présentait un degré de plasticité. Comme si l’artiste peignait chaque élément avec un pinceau à la pointe molle, permettant des arrondis à chaque contour, une sorte de fluidité des formes. Ces caractéristiques graphiques rendent à merveille les sensations aquatiques : le courant, la mer d’huile, les bulles d’air, l’effet déformant de la surface, la diffraction, l’onde, les zones où se rencontrent différents courants, les chutes d’eau, etc. Le lecteur peut ressentir la caresse de l’eau, l’effet de flottement des individus, la viscosité de la mousse sur les rochers, les remous, les effets de luminescence, les nuances de la couleur de l’eau en fonction de l’intensité du soleil, de l’angle de ses rayons en fonction du moment de la journée, etc. Ce mode de représentation fait des merveilles également pour les effets de végétation et pour l’expressivité des visages.



Le lecteur prend autant de plaisir que Juliette à voir le paysage défiler par la vitre du van, à regarder avec les marcheurs autour d’eux alors qu’ils descendent vers l’accès au canyon, et bien sûr tout du long de la descente de la rivière à l’air libre comme dans des cavernes souterraines. Il sourit en voyant les quelques passages où l’artiste passe en mode expressionniste jouant avec les formes pour représenter un personnage par son ressenti plutôt que par son apparence physique. Ainsi se déroule cette descente, avec quelques passages un peu plus délicats : un saut de sept mètres dans un bassin en contrebas, un passage trop étroit, des remous, une exploration imposée d’une caverne où se sont fourvoyées Juliette et Léna, rien de grave… Enfin… Dans cette succession de petits riens, il plane comme une forme d’inquiétude. Le lecteur ne saurait la définir car il n’y a pas à proprement parler d’angoisse, de moment de confrontation, d’éclats, mais de minuscules décalages, une phrase qui semble bizarrement formulée, une réaction légèrement différente de celle attendue. Cette vague sensation finit par agir sur l’état d’esprit du lecteur qui se dit qu’un accident va survenir pendant la descente du canyon, alors même que chaque moment déconcerte par sa banalité, son caractère ordinaire. Il peut même finir par trouver que la séduction de l’esthétique visuelle ne suffit pas toujours à retenir son attention. Que ses attentes ne sont que trop partiellement comblées. Finit par venir un moment où il prend conscience de l’accumulation de ces petits riens, de ces petits décalages. Il comprend le changement qui est survenu en profondeur dans l’un des personnages, alors même qu’il n’a pas eu accès à ses pensées, qu’il n’y a pas eu de dialogue d’exposition ou d’explication, que le processus s’est effectué en profondeur.



Une couverture un peu cryptique, avec une image assez sobre. Si sa curiosité le pousse à feuilleter cette bande dessinée, le lecteur note tout de suite l’agencement inusuel des couleurs, ce rendu un peu huileux très agréable à l’œil, ce qui peut suffire à attiser sa curiosité. À la lecture, la narration ressort comme posée, naturaliste et tranquille. Pas désagréable, tout en semblant s’écouler paresseusement, sans tension. Puis vient un moment dans l’esprit du lecteur où il s’interroge sur le malaise indéfinissable qu’il ressent. Il se rend compte qu’il interprète de manière orientée des petits riens que certains personnages ne ressentent même pas. Avec le dénouement, il reconsidère le chemin qu’il vient de parcourir en canyoning, comment les interactions banales et normales entre deux personnages ont fait se cristalliser de vagues impressions en une prise de conscience qui s’impose naturellement comme une évidence organique. Un cheminement inéluctable tout en douceur.
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En silence

Les dessins magnifiques, réalistes, aux couleurs chatoyantes servent à merveille cette histoire d’amour et de renaissance. Il vaut mieux aimer l’eau car elle est partout dans ce très beau roman graphique, dont seule la fin, sujette à interprétation, m’a désarçonnée (mais c’est un moindre mal). Le graphisme quant à lui m’a totalement conquise.
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En silence

- Attention, BD hautement stressante pour qui craint l'immersion complète. Cela dit, la couverture met au parfum : si vous suffoquez rien qu'en la regardant, zappez l'album.



Impression initiale : ouh les couleurs ! Très vives, très contrastées, elles explosent aux yeux. Puis, quand on arrive dans l'eau ou à côté, le bleu domine, ouf (ou pas)… Coup de coeur en revanche pour les visages, particulièrement ceux des enfants, très expressifs et attachants.



Le récit : une journée éprouvante de canyoning. Y participent : un moniteur, un jeune couple, une famille avec deux petites filles. le parcours s'avérera semé d'embûches, notamment pour la jeune femme, visiblement beaucoup moins aguerrie que le reste du groupe.

Ceci dit, ce n'est pas pour elle que j'ai eu le plus peur, d'abord, mais pour les fillettes intrépides dont les parents semblent bien insouciants, pour ne pas dire complètement inconscients… Question : c'est autorisé, si jeune ? Admettons. Je présume que c'est comme pour le ski hors-piste : déconseillé, mais laissé à l'appréciation des responsables… Puis je me suis affolée pour la jeune femme, souvent en grande difficulté. Angoisse et malaise ont grandi à la lecture, à mesure que le parcours s'est corsé, et que la fatigue des aventuriers augmentait aussi dangereusement.



Bon, clairement, il s'agit d'une allégorie du couple dans lequel se débat cette femme : tantôt perdue, seule, abandonnée, tantôt aventureuse, tantôt rassurée de retrouver son compagnon, tantôt "mère"… Une image m'a beaucoup troublée, page 57, où le passage entre deux roches évoque vraiment un accouchement, une naissance.



Avis global très réservé, donc, pour cet album intense, tant les sensations désagréables l'ont emporté. Vraiment pas pour moi qui suis froussarde, ai le vertige et peur de mettre la tête sous l'eau (initiée à la natation par un instituteur qui nous poussait dans le grand bassin, que l'on maîtrisât ou non l'apnée.....).



Mon appréciation en "étoiles" oscille donc entre 2 et 3...

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En silence

Nous sommes dans le sud, en été. Un couple, Luis et Juliette, et une famille avec deux enfants partent pour une journée de canyoning avec un moniteur zélé, Yann. C’est une grande première pour Juliette qui va vivre un moment intense qui bouleversera ses repères et ses certitudes sur le couple qu’elle forme avec Luis.

J’ai été bluffée par cette bande dessinée. La particularité du dessin m’a attirée et puis, surprise, l’histoire m’a happée, à l’image des personnages entrainés par les courants.

Doute, peur, amour,… Que d’émotions dans ces pages. Nous sommes hors du temps, dans une bulle qui exacerbe les sens et pousse au dépassement de soi. J’ai eu l’impression de faire partie de ces apprentis aventuriers, de ressentir ce qui les submerge. Les images sont étonnantes et elles renforcent notre ressenti. Les couleurs vives rendent cette journée d’été avec merveille. C’est vivant et entier.

Audrey Spiry fait preuve d’une maitrise incroyable que ce soit au niveau de l’illustration ou de l’histoire. Un coup de cœur pour une bd hors du commun, d’une originalité totale.
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En silence

L’eau. Envoutante, fascinante, silencieuse. Mais tellement angoissante et terrifiante. Cette eau, vivante et omniprésente, si magnifiquement rendue par l’auteure, est le personnage principal de ce roman graphique totalement subjuguant. Des couleurs vives et mouvantes comme de la gouache au service d’une grande fluidité de mouvement permettent une immersion totale dans une lecture dont chacun aura sa propre interprétation. Cette fascination pour l’élément aquatique et sa restitution graphique toute en émotion et sensation nous fait d’ailleurs immanquablement penser à l’étincelant Goût du chlore de Bastien Vivès (publié également chez KSTR).

L’eau, dans sa fluidité, c’est l’infini des possibilités. Comme la vie, elle prend la forme qu’on lui donne. Finalement, cette journée de canyoning dans une nature sauvage époustouflante où chacun se trouve confronté aux éléments bruts comme à soi-même, où chacun de nos choix peut se révéler fatal, où il faut parfois se faire violence pour avancer, vaincre ses plus profondes angoisses, plonger dans les abymes de ses phobies... cette descente au gré des rapides, ce n’est rien de moins que la vie en condensé. « A partir de maintenant, sachez qu’aucun retour en arrière ne sera possible avant la fin du parcours… Avancez comme bon vous semble mais restez toujours dans le sens du courant. L’eau vive grouille de danger pour celui qui ne sait pas la lire ».

Une aventure aussi physique que psychologique, dont les personnages ressortiront profondément transformés. L’eau aura purifié les corps et les esprits. Une renaissance ? Pour certains oui (la BD est truffée de références à la maternité et la naissance). Quant à nous, lecteurs, nous en ressortons éprouvés, oppressés, avec l’envie irrépressible de prendre une grande bouffée d’air frais. Et fascinés par l’immense talent de l’auteure qui signe-là sa toute première BD.
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En silence

Gros coup de cœur visuel pour cette bande dessinée. Au départ, j’ai été fasciné par sa couverture, l’image de cette jeune fille immergée, qui semble glisser dans l’eau, les yeux écarquillés. Et dès l’ouverture de l’album, j’en ai pris plein les yeux, toutes ces couleurs, ses nuances, déclinant la lumière, m’ont transportée avec les personnages dans cette chaude journée d’été. Voilà pour la première impression.



Lentement l’histoire démarre, ici pas de scénario compliqué, une simple journée de canyoning au cours de laquelle nous allons avoir le plaisir de voir les personnages évoluer. Et si finalement, il y avait plus que cela ? Et si cette simple journée était l’occasion pour chacun de réfléchir à sa vie, de profiter des bénéfices de l’eau glacée pour se ressourcer ?



L’eau, élément imprévisible s’il en est, sera tour à tour amie, ennemie, alliée ou encore menace. Le personnage principal, Juliette, semble, dans les premières pages, effacée, en retrait, dans l’attente de quelque chose. Si ses premiers contacts avec l’eau sont craintifs, elle semble petit à petit se fondre dans l’élément, pour en tirer toujours plus de bénéfices. Et c’est là que le dessin d’Audrey Spiry prend toute son ampleur dans l’expression des corps en contact avec l’eau. Les images se tordent, se distendent, mélange de réalité et de sensations imagées.



Cette descente jusqu’en bas du canyon fera passer les personnages (et le lecteur) par toutes sortes d’émotions, l’émerveillement, la peur… Des émotions qu’ils seront obligés d’affronter puisque lors d’une descente il est impossible de faire demi-tour. Le choix de placer cette histoire, cette réflexion sur le couple que va mener Juliette, dans ce canyon, trouve donc tout son sens. Puisqu’une fois sa réflexion lancée, Juliette ne pourra rien faire pour l’arrêter. Elle devra se retrouver avant de pouvoir retrouver les autres et renaître.



J’ai vraiment trouvé cette bande dessinée très riche tant graphiquement que dans les multiples interprétations que l’on peut y trouver. L’élément aquatique est vraiment très bien choisi, il évoque la maternité, une certaine divinité de la nature, parfois même l’eau semble être un personnage à part entière, qui veut, souhaite…



Audrey Spiry m’aura entrainée dans son sillage, j’aurais vibré avec ses personnages, et j’espère avoir bien vite la joie de lire une autre de ses œuvres.
Lien : http://calokilit.wordpress.c..
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En silence

À la recherche d’un livre avec le mot silence dans le titre pour valider un challenge littéraire, j’ai jeté mon dévolu sur cet ouvrage dont je n’avais jamais entendu parler, et que j’ai trouvé intéressant autant sur le fond que la forme. En début de lecture, le style graphique m’a un peu décontenancée, mais très vite, je lui ai trouvé beaucoup de cachet, d’originalité et une certaine puissance.



Au fil des pages, le jeu sur les couleurs éblouit les lecteurs qui se sentent alors complètement immergés dans cette sortie de canyoning en compagnie d’un moniteur Yann, d’un couple, Luis et Juliette, et d’une famille. On suit donc la progression du groupe jusqu’au canyon, une petite aventure en soi, puis tout au long d’une aventure qui leur et nous en met plein la vue, mais qui, je dois l’avouer, m’a donné quelques sueurs froides.



Cette BD me suffit déjà pour dire que le canyoning n’est pas pour moi, même si je suis charmée par cette idée d’évoluer dans un cours d’eau, d’en découvrir les aspérités, d’en explorer les richesses, de se laisser porter par le courant et de descendre des cascades de différentes manières… Une activité fascinante mais qui n’est pas sans danger et qui mérite de prendre quelques précautions. D’ailleurs, la sortie réservera quelques petites frayeurs à certains participants, et notamment à Juliette qui semble avoir le don pour perdre de vue le groupe. Peut-être en écho à cette vie qui est la sienne, mais dans laquelle elle semble s’être perdue et ne s’épanouit plus.



Je n’ai jamais fait de canyoning, mais j’ai été surprise de la désinvolture avec laquelle le guide traite les gens sous sa responsabilité une fois les consignes de sécurité données. Je me serais peut-être attendue à un suivi plus rigoureux parce que descendre des cascades, passer par des endroits étroits et escarpés, tout ça dans un environnement aquatique, n’est pas anodin. Cela n’est qu’un détail qui n’ôte rien à la qualité de la BD, mais j’avoue que le comportement de Yann m’a parfois perturbée et déconnectée d’une l’histoire qui dépasse pourtant le simple cadre du canyoning.



Bien sûr, on sent à travers les épreuves traversées par les personnages, un ode au sport et au dépassement de soi, à la volonté de triompher de ses peurs, de sortir de sa zone de confort pour se découvrir et se redécouvrir, mais cette sortie de canyoning, c’est aussi l’occasion pour Juliette d’opérer un véritable travail d’introspection sur elle-même et le couple qu’elle forme avec Luis. Petit à petit, on découvre des bribes du passé du couple et le mal-être de Juliette face à un compagnon dont la vie semble en décalage avec la sienne. Le cinéma est une passion dévorante qui pousse Luis à avancer dans la vie, mais qui menace, à l’inverse, d’engloutir Juliette bien plus que ne pourrait le faire toute cette eau qui l’entoure.



À cet égard, j’ai été émerveillée par les effets graphiques qui nous donnent parfois l’impression que s’opère une réelle et totale fusion des corps et de l’eau, avant que corps et matière ne reprennent leur place. C’est assez spectaculaire et profond à la fois ! L’eau devient ainsi un personnage à part entière, un personnage personnifié par un dessin vivant, coloré et très expressif, qui nous permet de vivre pleinement chaque situation et de ressentir toutes les émotions et les interrogations qui traversent Juliette. L’autrice opère également un véritable travail sur les changements de ton et de registre, en alternant entre les phases de calme et de sérénité, et des moments où chaos intérieur et démonstrations de force de la nature se font écho.





En bref, bien que le canyoning ne soit pas un sport qui m’attire, j’ai passé un très bon moment en compagnie de différents personnages, dont une fillette rigolote et attachante, et une jeune femme qui va profiter de cette journée de canyoning pour se dépasser et faire le point sur l’état de son couple. Parfois oppressant, mais surtout libérateur, voici un ouvrage que je ne peux que vous conseiller, d’autant qu’il bénéficie d’un travail d’illustration laissant une large place aux couleurs et à des traits presque vaporeux d’une grande puissance.




Lien : https://lightandsmell.wordpr..
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En silence

En silence… Et pourtant, un roman graphique assourdissant d’émotions et de vérités tues, ou dévoilées.

En lice,

1 accompagnateur de canyoning, Yann : la trentaine immature, conduit son vieux Combi comme il porterait une étiquette « je suis vraiment trop cool », insouciant et irresponsable.

2 amoureux ; Luis et Juliette. Lui : beau et brun, mais profondément égoïste, immature (tient, lui aussi), auto-suffisant, profiteur, assez bête… Elle : attentive, douce, introvertie, empathique…

4 membres d’une petite famille, Gilles, le père, Erika, la mère, et leurs deux filles. Ils sont des amis du jeune couple.

En vacances dans le sud et afin de profiter de la douceur et de la fraîcheur des gorges alors que le soleil tape partout ailleurs, tous les sept partent pour une randonnée en eaux vives et potentiellement archi-mortelle.

Petit conseil : Ne faites pas le choix de cette lecture si sous souffrez de la phobie de l’eau ou de claustrophobie car le roman devient assez vite anxiogène tandis que la journée de canyoning se déroule, de plus en plus éprouvante, de plus en plus dangereuse. J’ai adoré le dessin et les couleurs ; elles sont vives et contrastées. Il y a un gros travail graphique et un certain talent à reproduire ainsi les personnages et les paysages. Les inspirations sont nombreuses : Paul Gauguin, Henri Matisse, Edward Hopper, George Bellows, John Singer Sargent… C’est magnifique !

Rapidement, le lecteur prend son parti. Entre la négligence des garçons et la maîtrise des femmes qui récupèrent la situation (tout en silence…), il y a une évidence quant à la réelle prise de responsabilités. Les hommes ne se montrent pas à la hauteur, eux pourtant si arrogants et si bruyants.

Alors que Juliette et Léna se retrouvent dans une situation vraiment désespérée, le cœur bat de plus en plus fort. Mais le parcours s’achève enfin, on souffle littéralement, et on respire encore bien davantage lorsque Juliette qui en quelque sorte à vécu une renaissance reprend sa situation personnelle et amoureuse en main.

On y replonge !
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En silence

Epoustouflée, suffoquée, hors d'haleine, c'est dans cet état que j'ai refermé ce livre !

A l'effet "kiss-cool", il faut ajouter l'effet "Spiry". Pour preuve, j'ai relu immédiatement la BD ! ...pour mieux ...me laisser porter !



Ce n'était pas gagné parce que, d'une part, à la première page, je trouvais les couleurs trop... primaires, trop violentes, et d'autre part, je grognais contre ces-parents-inconscients-qui-emmènent-leur-progéniture-dans-des-lieux- dangereux. C'est vrai qu'en ce mois de novembre au ciel bas, pluvieux et à la lumière...mais elle est partie où la lumière ??? Déjà oubliée la splendeur de l'été ...



Une belle journée ensoleillée, un moniteur beau et serein comme un dieu, emmène pour une sortie canyoning un jeune couple, une famille avec deux petites filles ; descente vertigineuse, sans possibilité de retour, comme la vie qui court.



Trois histoires de vies à deux, juste effleurées.

Pour Yann, le guideur, c'est la vie des couples "longue-distance".

Juliette, l'héroîne de cette histoire, s'interroge sur sa relation : continuera-t-elle avec Luis ? Juliette sera toujours à la traîne du groupe, se perdra, laissée en arrière par un Luis qui ne se rend compte de rien, trop à l'aise dans sa vie, dans son rythme, rythme complètement en désaccord avec celui de sa copine.

Et puis il y a LE couple, avec ses deux fillettes. Ils sont sereins ; leurs filles grandissent dans leur chaleur, confiantes et unies. Et c'est la petite Léna qui est le vrai soleil de cette aventure. Ce n'est pas son premier canyoning . Elle vient avec toute sa curiosité, ses peurs qu'elle maîtise avec la complicité de sa soeur, avec la main de Yann, avec ce papa qui la motive, l'attend, et cette maman capable de la retrouver et l'arracher aux tréfonds des cavernes sous-aquatiques.



Tout ceci est le prétexte à une formidable débauche de couleurs, de talent pictural et d'inventivité.

Si l'auteure a suivi son père dans ses tournées de prestidigitateur, elle en incubé toute la science de faire voir, et ressentir des images et des émotions, comme si elles éxistaient pour de vrai, même là ,dans le salon du lecteur.



Inventivité du dessin, comme lorsque la super maman est représentée disproportionnée comme une géante, portant dans ses bras et sa petite fille et la jeune femme qui doit encore grandir. Le trait a l'air frustre, mais est habile à montrer les grimaces, les regards extasiés, surpris, ou inquiets, les grosses bulles d'air qui entourent le plongeur dans son immersion, même les courants chauds, ou froids qui composent ce torrent, portent et déportent le nageur.



Beauté de la mise en page : quel vertige de descendre par une forêt si verticale, que les "descendeurs" utilisent les troncs comme les échelons d'une formidable échelle.

Beauté des bleus, des plus sombres au plus clairs, de ce flot qui joue avec ces petits pantins d'humains, les précipitant, les receuillant comme dans une nacelle d'eau, les propulsant à l'air libre pour mieux les réemporter plus loin, puis les laisser somnoler au fil de l'eau. On hurle de froid et d'effroi, on entend le clapotis de l'eau et au loin la voix des autres, et puis il y a la plage, si calme, qui permet de faire une halte pour mieux repartir.



Un nouvelle technique maîtrisée par une jeune auteure plus que prometteuse.



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En silence

Je suis mitigée par la lecture de cette BD...

J'ai trouvé le dessin magnifique et très expressif, les couleurs vives sont parfaitement utilisées.

En revanche je n'ai pas accroché avec l'histoire qui manque de profondeur, cette sortie en canyoning m'a laissée de marbre...
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Lotte, fille pirate

Vous pensiez peut-être qu'une jungle peuplée de fauves n'est pas un lieu approprié pour jouer seule, quand on ressemble à Boucle d'Or ? Et peut-être aussi que les pirates sont toujours des adultes et généralement des hommes ? Si c'est le cas, vous auriez sans doute dû lire Fifi Brindacier, vous auriez ainsi déjà rencontré une fille pirate – indépendante, volontaire, espiègle, pleine d'imagination et sans peur aucune… Les Robinson Crusoé, Tom Sawyer et autres aventuriers n'ont qu'à bien se tenir ! Comme la légendaire Fifi, Lotte est aussi indocile qu'assurée lorsqu'il s'agit d'explorer de nouveaux territoires, d'apprivoiser des fauves, de partir à la chasse aux trésors dans la nature ou de bricoler des objets à partir de ses trouvailles… Mais, vous vous demandez peut-être : cette vie de pirate n'est-elle pas un peu risquée ? D'ailleurs, écoutez : l'orage gronde !



Ce très bel album en grand format se distingue par ses illustrations flamboyantes qui irradient de lumière et de chaleur. Malgré ce coup de coeur graphique, il faut bien reconnaître que l'histoire m'a semblé un peu vite expédiée, voire décousue – en particulier la fin qui m'a semblé tomber un peu comme un cheveu sur la soupe et ne rend pas justice au caractère brut et sauvage de Lotte ! On a presque l'impression que l'intrigue, nouée et dénouée très rapidement, ne sert que de prétexte à ce qui compte vraiment dans cet album : l'ode à la liberté, aux rêves de cabanes et d'aventures, et à l'émerveillement face aux trésors de la nature. Là où, dans le livre de la jungle, Rudyard Kipling ne jurait que par la soumission au chef et à la loi de la jungle, seul moyen de survivre dans un état de nature hostile, les deux autrices nous invitent ici au contraire à explorer les territoires inconnus… Voyez plutôt le repaire de Lotte ! N'a-t-on pas envie de soulever les tentures et d'admirer la splendide collection de plumes, d'ailes de papillons, de carapaces de scarabées et d'autres reliques de notre fille pirate ?



J'ai lu cet album à mes garçons, qui ont beaucoup apprécié cette escapade dans la jungle. Puis je l'ai offert à mes nièces qui adorent les livres faisant la part belle aux héroïnes, surtout quand les illustrations sont aussi belles ! Il me semble que ce livre est susceptible de parler aussi aux enfants solitaires qui aiment à faire appel à leur imagination pour s'évader…
Lien : https://wp.me/p9lfMs-ad
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En silence

Une bande dessinée très originale, tant par son graphisme que par son sujet et la façon dont il est traité. L’œuvre semble être une sorte de catharsis autobiographique.



Nous suivons puis plongeons avec les protagonistes de cette aventure dans un magnifique canyon aquatique. Une famille de quatre (deux petites filles charmantes et très attachantes et leurs parents), un couple et leur guide s’aventurent dans un canyon au décor de rêve, pour une descente sportive et pleine d’émotion : le départ du canyon se fait après une rude marche dans une forêt profonde et abrupte et doit déboucher sur la mer. L’héroïne principale, Juliette, est la jeune femme du couple. Elle parle en off de temps en temps en commentant ses impressions, tant sur l’aventure que sur sa vie de couple. Les péripéties de la descente et leur cortège d’émotions vont agir comme un révélateur pour permettre à Juliette de faire le point sur ces sentiments et sur sa vie.



Le rythme est endiablé, et le lecteur se trouve confronté à des émotions qui ressemblent à s’y méprendre à celles que l’on peut ressentir lorsqu’on pratique ce sport extrême. Le danger de l’eau, le sentiment d’oppression ressentie dans des espaces réduits et contraints (quand on rentre dans un canyon, il n’y a souvent aucune possibilité d’échappatoire, à moins d’aller au bout, et c’est le cas dans ce livre...), et en même temps l’aspect ludique des glissades, des sauts dans des vasques profondes, de la nage dans une eau claire et limpide, le silence de la nature environnante et les bruits de la rivière, ces derniers variant du clapotis au fracas des chutes d’eau, d’une musique relaxante (qui ne s’est jamais endormi avec une musique d’ambiance reproduisant le doux bruit de l’eau qui coule ?) à la fureur inquiétante que représentent des trombes d’eau se fracassant sur des rochers, tous ces éléments sont traduits dans ce livre extraordinaire.

Le graphisme choisi par Audrey Spiry y est pour grand-chose. La dominante bleue et verte confère au décor son réalisme, le choix de la couleur directe et des aplats donne un aspect presque irréel à l’aventure. Et c’est là que l’histoire prend des directions inattendues et brouille les pistes : le réalisme de la situation se dilue petit à petit dans un espace amniotique où la psychologie des personnages se fond dans les méandres de la rivière. En effet, l’illustration nous plonge dans un récit qui flirte avec le fantastique : les réflexions de Juliette se trouve amplifiées tant par ses émotions (peur de sauter dans le vide...) que par la façon dont elle voit le monde autour d’elle et ce qui nous est donné, à nous lecteur, à voir. Le travail d’Audrey Spiry sur les corps et sur l’eau est des plus admirables. Son travail sur les formes, sur le mouvement, tant des corps que de l’eau est étonnant et beau. Il se dégage une poésie visuelle qui confère au récit un surcroit d’émotions et une dimension fantastique : le canyon devient un corps vivant qui lutte contre ceux qui le parcourent. Le canyon, par sa représentation graphique est indéniablement le huitième personnage de cette aventure et son héros : c’est grâce à lui que Juliette se reconstruit, le canyon est le prince qui emporte Juliette vers sa libération ou sa renaissance.
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En silence

Ce jour-là, Juliette a prévu de faire du canyoning avec son compagnon. Ils se rendent donc au petit matin au lieu de départ de l’expédition pour les derniers préparatifs. Là, ils retrouvent leur moniteur ainsi qu’un couple et ses deux fillettes.



« L’isolement, le dépaysement et le frisson du danger vont servir de révélateur. Chacun, au fil de cette longue journée pleine d’imprévus, va se retrouver seul, confronté en silence à ses interrogations les plus intimes. Ainsi Juliette, la narratrice, qui perçoit bientôt cette journée particulière comme une sorte d’épreuve du feu pour le couple qu’elle forme avec Luis. Comment dépasser le sentiment d’immobilisme et d’attente qui imprègne leur relation, et qui lui est devenu presque insupportable ? Cette belle journée d’été n’est-elle pas, finalement, l’épilogue de leur histoire d’amour ? » (extrait du synopsis éditeur).



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Cet album m’a impressionnée. Tout d’abord, parce que je m’attendais peut-être au fait que l’auteur maîtrise moins son sujet et que ce dernier lui échappe par moments. Pourquoi ? Car je savais qu’En Silence est une première pour Audrey Spiry mais l’auteur a pris soin d’éviter toute confusion. L’album est prenant.



Ensuite, quand on lit l’interview mise en ligne par Le Graphivore, les éléments qui nous ont frappés durant la lecture deviennent une évidence. L’auteur confie :



" Mon envie est que le lecteur ressente une impression avant de lire la case en tant que telle "



Objectif atteint me concernant, car j’ai passé plus de temps sur la lecture des visuels que sur celle des phylactères. Chaque case contient une petite peinture qui retranscrit au plus juste les sensations des personnages.



Mais je reconnais que ce qui m’a réellement impressionnée, c’est ce frémissement perceptible de l’eau au travers de chaque illustration. Le rendu visuel est bluffant. Là, sous nos yeux, étalée sur du papier glacé, l’eau ondule, clapote, bouillonne et tourbillonne de manière si naturelle qu’on ne se lasse pas d’explorer le moindre recoin de case et profiter ainsi de chaque remous. On ressent cette impression de légèreté, on a le sentiment de flotter, on se laisse balloter par les rapides… Je me suis totalement laissée porter par cette histoire, j’ai laissé les personnages me guider dans les sensations que je devais ressentir : la fraicheur de l’eau qui saisit, l’accélération du rythme cardiaque…



Ensuite, j’ai savouré la touche de fantastique injectée dans ce récit. Là où d’autres y verront certainement l’expression de non-dits et une forme d’introspection de la part du personnage principal, ce que je ne remets pas en cause, j’y ai vu la touche salvatrice d’un univers onirique dans lequel l’auteur se contente de remettre quelques clés à son lecteur afin qu’il puisse s’y promener à sa convenance. Audrey Spiry semble soucieuse de ne pas contenir son spectateur dans une vision unique de l’univers qu’elle a créé.



L’album se découpe en trois chapitres et chacun influence à sa manière le rythme du récit. On voyage dans différents dégradés de bleus. Des temps de quiétude succèdent à l’inquiétude. Au fil de l’eau, on glisse naturellement d’un état d’esprit à l’autre, d’une peur à l’autre…


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En silence

Juliette et Luis profitent d'une belle journée ensoleillée dans le Sud de la France pour partir à l'aventure et s'offrir une journée canyoning.

C'est accompagnés de Gilles, Erika, leurs deux filles et de Yann, le moniteur, qu'ils vont vivre cette expérience en symbiose totale avec la nature.

Une journée qui s'annonce riche en émotion et plus décisive que l'un d'eux ne l'imagine.



Reçue dans le cadre de mon abonnement à la Kube dessinée, je suis contente d'avoir lu cet album qui m'a clairement sortie de ma zone de confort.



Je dois admettre que, dès le depart, les dessins m'ont beaucoup déstabilisé. J'ai fini par m'y habituer d'autant qu'ils permettent une parfaite immersion dans l'histoire.



La nature (et particulièrement l'eau) peut véritablement être considérée comme un personnage à part entière.

Elle est extrêmement présente et tour à tour, oppressante, étouffante, apaisante (aquaphobes, cette BD n'est pas pour vous !!).

Cette présence apporte une dimension très onirique à l'histoire qui prend le chemin d'un parcours initiatique parfois très métaphorique.



Si tous vont, à un moment de la journée, se retrouver face à leur peur, pour l'un des personnages cette journée servira de déclencheur et bouleversera le cours de sa vie.



J'ai suivi cette histoire sans déplaisir mais sans enthousiasme débordant non plus.

Même si je pense avoir compris la fin, elle reste relativement ouverte.



Une lecture différente, originale, atypique, dans l'air du temps malgré une réédition dix ans après sa première sortie.



Pour celleux qui sont en quête d'évasion et/ou amateurices de quête intérieure.



* Mention spéciale pour les couleurs vives et chatoyantes utilisées

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Lotte, fille pirate

Nous sommes interpellés par l'illustration de couverture, une jeune fille au sourire éclatant, aux cheveux indisciplinés, un brin sauvageonne.

On découvre son univers dans la forêt vierge, son toucan, les animaux de la forêt, son imagination, sa sensibilité. Lotte n'a peur de rien. Elle a construit une cabane où elle met à l'abri sa collection de curiosités, plumes, insectes, trésors insolites.

Après une dispute avec son père, elle décide de ne plus revenir chez elle. Mais la tristesse va la rattraper, les éléments vont se déchainer et notre Lotte va changer.

Un bel album luxuriant.
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Lotte, fille pirate

Sandrine Bonini et Audrey Soiry réussissent ici un magnifique album sur la liberté et l'enfance. Les illustrations vives et colorées, sont pour moi, très attachée au graphisme, superbes.

Lotte est une petite fille sauvage puisqu'elle a grandi au coeur de la savane. Les animaux sont ses amis, son refuge est une cabane en pleine jungle. Elle est libre et légèrement rebelle, elle se revendique pirate. Sa vie est douce et paisible, son imagination sans borne. Elle fait preuve d'une imagination débordante et n'a de cesse de s'inventer des jeux et des vies. C'est une enfant libre. Mais un jour, des étrangers doivent s'installer chez elle. Furieuse, elle quitte la maison familiale... S'en suivra de terribles aventures.



En résumé, un très bon album abordant les thématiques de l'enfance, de l'indépendance, de la liberté et de la séparation. Enrichi par un style pictural particulièrement touchant.
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En silence

J’ai été fascinée par cette bande-dessinée. D’abord par les dessins qui sont juste sublimes. Ils semblent jouer avec la couleur et donner sa luminosité à chaque goutte d’eau. Les formes semblent liquides, glisser sur les pages, avec un résultat assez hypnotique. Et je ne m’y attendais pas. Car l’histoire toute bête d’un groupe parti faire du canyoning m’a surprise par son mélange de trivialité et d’originalité: certes, le canyoning n’est pas une discipline ultra-connue mais est-elle pour autant le cadre d’une bonne histoire? Et bien oui, parce que chaque page devient l’occasion de ressentir presque physiquement le pouvoir de l’eau, sa force, sa capacité à contraindre et à épouser chaque corps et chaque forme. Le pinceau (puisqu’on a l’impression de pouvoir toucher la matière de la page tant les dessins font impression) distille les touches de lumière et dès qu’on plonge dans les grottes sous l’eau, on suit les courants en même temps que les lueurs qui tracent le chemin et qui poussent les personnages tout en leur faisant perdre tous leur repères. Il y a quelque chose de profondément initiatique, de quasiment fœtal dans l’expérience que cet album parvient à retransmettre, jusqu’à la renaissance finale quand la lumière réapparait.
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En silence

Juliette et luis, un couple, rejoignent une famille avec 2 fillettes et un moniteur de canyoning dans le sud de la France.



Ils vont chacun à leur tour, surtout Juliette et les fillettes affronter leurs peurs et leurs limites. Juliette se perd à plusieurs reprises et doit faire face à ses angoisses. Petit à petit des souvenirs de sa vie récente ou passée avec Luis ressurgissent. C’est que Luis est assez égoïste au fond. Il le montre bien lors du séjour. Au fur et à mesure de leur périple dans des canyons vertigineux, on découvre l’autre couple.



Un épisode dangereux qui implique une des fillettes et Juliette va bouleverser celle-ci définitivement. Ce sera un changement de vie pour elle à l’arrivée.



Les couleurs très flashys et le bon coup de pinceau rendent bien compte du mouvement, des émotions, des reliefs de la nature accidentée. C’est une plongée sensorielle qui nous entraîne dans l’eau et dans les peurs et joies de ce voyage. J’ai presque eu l’impression d’être dans un décor 3D !



À lire absolument car le contexte est original et le dessin est très expressif.
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Lotte, fille pirate

Un album grand format très coloré, une enfant blonde sur ce vert d'une forêt luxuriante. "Lotte fille pirate" de Sandrine BONINI et illustré par Audrey SPIRY présente la spontanéité de l'enfance, son émerveillement.

Lotte est une pirate, oui môme et oui une fille. Elle vit dans une cabane au bord de l'eau, faite de bois et de tissus, dans laquelle elle accumule de petits trésors. Elle aime s'aventurer, découvrir, jouer. Elle se fait des amis des animaux de la jungle et vit avec son compagnon fidèle un toucan, Igor.

Elle est pétillante et indépendante. Quoique... Des voisins vont aménager à la ferme, son père lui a dit. Lotte n'est pas aussi autonome que dans ses rêves mais, cette fois, c'est pour de vrai, la vie dans la cabane.

Lotte est une petite héroïne magnifique: espiègle, un peu délurée, elle rêve les yeux ouverts. Entre les lignes apparaissent les parents, leur culture (Stravinsky) et une idée du pays. Un environnement peuplé de faune et flore luxuriante où la solitude de la fillette est complète.

Mais elle va devoir faire avec les autres, renoncer en partie à ses rêves, à moins qu'elle les partage.



Les couleurs des dessins d'Audrey SPIRY sont extrêmement saturées. Lotte a la peau blanche et les nuances des pays chauds. Le soleil est là et l'enchevêtrement végétal aussi. L'illustration est aussi fantasque que le monde inventé.

Une belle mise en scène de la rêverie, des aventures (sous contrôle) des enfants, de leur besoin de solitude quelque fois et de réconfort souvent.

J'aime les trésors trouvés, les amitiés sauvages rêvées. Il y a un chouilla de Kipling, de Fifi brindacier et de princesse au petits pois dans cette enfant.
Lien : http://1pageluechaquesoir.bl..
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