Citations de Aurore Drécourt (86)
Ce matin, j’arrive le premier au travail. Aussitôt au trentième étage, je m’installe au poste de ma charmante secrétaire et craque son mot de passe, qu’elle a beau changer tous les jours. Le bureau apparaît et je me fige. Le fond d’écran affiche une photographie d’un doigt d’honneur avec écrit « CONNARD ». Soudain, j’éclate de rire. Décidément, cette femme a le don de me surprendre !
Cette fille me rend dingue. Toutes mes attentions passent à la trappe : soit elle ne les voit pas, soit elle les attribue à son fiancé. Suite au coup des fleurs, j’ai essayé celui des chocolats de luxe avec un mot cette fois, signé « votre mystérieux adorateur ». Eh bien, ils se sont retrouvés dans la cafétéria avec un grand « servez-vous » ! Apparemment elle a cru à une blague, à quelqu’un qui souhaiterait ne pas la voir rentrer dans sa robe de mariée.
Je déglutis. Un homme d’une trentaine d’années se tient debout derrière les parois. Ses cheveux blond miel sont ramenés de manière indisciplinée vers l’arrière et surtout, ses yeux bruns restent fixés sur moi. Son regard me brûle la peau et les signaux d’alarme s’activent dans ma tête. Voilà donc le prédateur de ces dames, Andrew Hopkins.
— Bienvenue dans Electronic Dreams, Mademoiselle Janssens.
« Mademoiselle Janssens, vous avez le job ». La scène se répète en boucle dans ma tête. Devinez ce que j’ai répondu ? « Hors de question de travailler pour des cinglés ! ». Malgré tout, l’Asiatique ne s’est pas démonté et m’a tendu sa carte de visite en me demandant de prendre le temps de réfléchir.
𝑶𝒏 𝒅𝒊𝒕 𝒒𝒖𝒆 𝒍𝒐𝒓𝒔𝒒𝒖'𝒖𝒏 𝑴𝒐𝒏𝒕𝒇𝒂𝒖𝒄𝒐𝒏 𝒎𝒆𝒖𝒓𝒕, 𝒖𝒏𝒆 𝒑𝒂𝒓𝒕𝒊𝒆 𝒅𝒆 𝒔𝒐𝒏 𝒂̂𝒎𝒆 𝒓𝒆𝒏𝒂𝒊̂𝒕 𝒅𝒂𝒏𝒔 𝒖𝒏 𝒅𝒆𝒔 𝒇𝒂𝒖𝒄𝒐𝒏𝒔 𝒅𝒆 𝒄𝒆𝒕𝒕𝒆 𝒗𝒐𝒍𝒊𝒆̀𝒓𝒆. 𝑪'𝒆𝒔𝒕 𝒑𝒐𝒖𝒓𝒒𝒖𝒐𝒊 𝒍𝒆𝒔 𝒓𝒂𝒑𝒂𝒄𝒆𝒔 𝒒𝒖𝒊 𝒔𝒆 𝒕𝒓𝒐𝒖𝒗𝒆𝒏𝒕 𝒍𝒂̀ 𝒔𝒐𝒏𝒕 𝒔𝒂𝒄𝒓𝒆́𝒔. 𝑰𝒍𝒔 𝒓𝒆𝒑𝒓𝒆́𝒔𝒆𝒏𝒕𝒆𝒏𝒕 𝒍𝒆 𝒑𝒂𝒔𝒔𝒆́ 𝒆𝒕 𝒍𝒆 𝒅𝒆𝒗𝒆𝒏𝒊𝒓 𝒅𝒆 𝒏𝒐𝒕𝒓𝒆 𝒍𝒊𝒈𝒏𝒆́𝒆.
Cependant, la vérité s’avérait tellement plus complexe ! Ses œillères sautaient en même temps que ses préjugés.
Au fil du temps, elle avait appris à se moquer des coups d’œil réprobateurs et des froncements de nez. Eh quoi, son style ne leur plaisait pas ? Tant pis pour eux !
Mon ancienne boîte à musique est ouverte en grand et Anastasia, vêtue d’une belle robe de princesse, tourne sur elle-même sur « Loin du froid de décembre ».
— Et pour dire vrai…, poursuivit-il. J’aspire à mourir avant toi, afin de ne pas mourir deux fois.
— Un homme ne peut pas toujours vivre de vengeance. Si je devais mourir, alors aime et vis pour moi.
Amessan soupira, puis ajouta :
— Si tu veux que quelqu’un n’existe plus, cesse de le regarder.
Ne plus jamais sous-estimer une gamine, même si elle n’a pas le tiers de mon âge !
Sauf que dans ces foutus dessins animés, le prince charmant n’a pas froid aux miches ! Et accessoirement, il n’a pas envie de pisser.
Tu vois, moi aussi je peux faire un bon lutin ! Ce n’est pas grave si le monsieur ne répond pas à tout, tant qu’il est gentil et n’a pas mauvaise haleine.
Je ressemble à un bonhomme de neige, mais les valises sont rentrées et ma fille est aux anges.
« Ce qui est passé a fui, ce que tu espères est absent, mais le présent est à toi ». Mon frère vit dans le passé et ne pense qu’à atteindre ses objectifs. Il en oublie le temps présent. Il en oublie de vivre.
— Il n’y a pas d’âge pour mourir, comme pour vivre un deuil difficile. La mort s’abat sur tous, adultes et enfants, sans exception. La douleur ne sera jamais moins vive, mais on apprend à vivre avec…
Mon ultime but atteint, il ne me restera plus rien. J’accueillerai alors la mort comme une délivrance. Et si elle peut vous servir, elle me semblera encore plus douce.
— Alors c’est ça être adulte, sourit- il tristement. Cacher des choses à ceux que l’on aime…