AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Barbara Ehrenreich (27)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Voici un livre très instructif !

Une vérité qui ne m'a pas été enseignée lors de mes études d'infirmier. Que du contraire, nous apprenons que le métier d'infirmier a d'abord été un métier masculin et né sur les champs de batailles des guerres européennes !

Ce livre datant de 1973, remet les choses à leur juste place.

Les "soignants" ont d'abord et avant tout été des femmes.

Et à la lecture de ce livre, cela me paraît tellement évident.

Mais ce que le capitalisme en a fait, est déplorable pour les femmes et finalement pour l'ensemble de l'humanité.

Ce serait bien une porte d'entrée pour réécrire la véritable histoire de l'humanité en remettant les femmes à leur vraie place.

merci aux autrices.



Commenter  J’apprécie          21
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Voilà un essentiel !

Parmi tant d'autres, c'est indéniable

aux côtés de l'exceptionnel Sorcières, la puissance invaincue des femmes de Mona Chollet et des Grandes oubliées, pourquoi l'Histoire a effacé les femmes de Titiou Lecoq.

Sorcières, sages-femmes et infirmières est un essai aussi concis qu'incisif ayant, depuis sa parution aux Etats-Unis en 1973, ouvert la voie à de très nombreux travaux de recherche.



*



Je n'ai qu'un seul mot à la bouche en terminant ce brillant essai :

Révolte.

Et non loin derrière, ses cousines : Lutte, courage et ténacité.

Parce qu'il en faut pour publier un tel texte, pour le lire, et en échafauder une pensée, un plan, une volonté.



Oui, la profession médicale est une forteresse conçue et érigée pour exclure les femmes. le sexisme du système de santé n'est pas accidentel. Il n'est pas « simplement » le reflet du sexisme de la société dans son ensemble ou de celui de certains médecins à titre individuel. Il est historiquement plus ancien que la science médicale elle-même ; il s'agit d'un sexisme profond et institutionnel.



Dans ce contexte, l'ennemi premier des femmes est le système de classes dans sa globalité qui a permis aux soignants masculins de la classe dominante de l'emporter.

Car il n'existe aucun justification historiquement cohérente à l'exclusion des femmes des rôles de soignantes. Rien, dans leur « nature féminine innée » ne justifie leur soumission actuelle.

Si les hommes maintiennent leur pouvoir dans ce système de pensée, c'est grâce à leur monopole sur les connaissances scientifiques. Les femmes, elles, ont appris à croire que ces connaissances étaient hors de leur portée (je rappelle ici que Sorcières, sages-femmes et infirmières, Une HistoirE des femmes soignantes a été écrite dans les années 70 - les choses bougent!). Dans leur frustration, elles ont souvent été tentées de rejeter la science plutôt que de défier les hommes qui se l'étaient appropriée.

Pourtant, la science médicale peut être une force libératrice!



Jamais nous ne devons confondre professionnalisme et compétence.

Les hommes qui se sont peu à peu approprié la compétence médicale étaient au combien moins compétents que les « empiriques », sorcières et sages-femmes qui exerçaient alors. Pourtant, et parce qu'ils disposaient du pouvoir politique, économique et social, ils ont eu le dessus (bûchers, interdiction d'exercer, d'accéder aux Universités, aux postes dans les hôpitaux...).



L'oppression des femmes en tant que travailleuses de la santé est inextricablement lié à leur oppression en tant que femmes.

Le métier d'infirmière - leur rôle principal dans le système de santé - n'est rien d'autre que le prolongement, dans le monde du travail, de leurs rôles d'épouses et de mères. Les médecins sont les patrons, dans une industrie dont les travailleuses sont principalement des femmes.

De fait, et pratiquement, il est impossible, dans le système de santé actuel, de séparer l'organisation de la lutte des travailleuses et travailleurs de l'organisation de la lutte féministe.



Vous l'avez compris, Sorcières, sages-femmes et infirmières, une HistoirE des femmes soignantes est un essai brillant, remuant, révoltant et vivifiant.

Soignant.e.s comme usager.ère.s, à nous de prendre part à cette lutte magnifique! Seule source possible d'émancipation libératrice.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
Commenter  J’apprécie          40
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Ce pamphlet date du début des années 1970, décennie où l'on voit le féminisme américain de la « deuxième vague » s'approprier l'histoire, la mythologie et même le symbolisme de la sorcière comme emblème de l'exclusion des femmes d'une société et d'une économie en mutation, expulsion perpétrée par des massacres de proportions inouïes. Cette réappropriation concerne souvent un aspect spécifique d'une telle exclusion, ainsi qu'un côté particulier de l'oppression qui de toute évidence ne recouvre pas la réalité historique de la chasse aux sorcières, qui s'est étendue sur plus de quatre siècles (du XIVe au XVIIe) et sur un territoire très vaste. Silvia Federici, par ex. (dès 1984), dans sa lecture du mythe de la sorcière, se penchera sur l'expulsion de la paysannerie des terres communales dans l'optique de la relégation de la femme dans l'économie du travail domestique non rémunéré.

Par contre ici, malgré un petit aveux d'incomplétude, les autrices s'intéressent à l'expulsion des femmes du système de la santé – administration des soins et obstétrique – par leur accusation de sorcellerie dans l'Europe de la Renaissance, et, avec une répétition tout à fait analogue, par leur interdiction d'exercer la médecine aux États-Unis à partir des années 1830-1840. Naturellement ce rapprochement analogique a tous les défauts de l'anachronisme mais il possède aussi tout le charme de l'analyse diachronique. La situation de départ, à la veille de la « guerre » patriarcale, semble être une très considérable prévalence en nombre des femmes guérisseuses sur les hommes médecins, et surtout leur appartenance à et leur exercice au sein des classes dominées – paysannerie médiévale et classe populaire préindustrielle – contrairement à eux ; le déroulement des conflits présente aussi des analogies : de s'inscrire dans le cadre d'une métamorphose économique plus vaste – urbanisation/réaménagement des espaces productifs tard-médiévaux, industrialisation naissante – ainsi que dans une « convergence des luttes » de plus grande envergure que l'on pourrait définir de « féministe » autant que de « lutte des classes » par simplicité mais sans caricature. Enfin, l'analogie la plus intéressante est sans doute l'appareil idéologique mobilisé dans le déroulement de l'éviction des femmes pourvoyeuses de soins : respectivement la religion et le positivisme « scientifique », qui s'opposent dans les deux cas à un savoir empirique et à une transmission non maîtrisée de celui-ci. L'issue est différente : le massacre des sorcières et l'enfermement déclassant des soignantes dans le statut subordonné voire servile d'infirmières qui, à l'époque de Florence Nightingale, relevait totalement de la domesticité et ne supposait aucune compétence.

Il faut ajouter que l'histoire du Mouvement populaire pour la santé, emblème de la résistance des femmes soignantes américaines du XIXe siècle, « qui fut un mouvement massif aux États-Unis » comme le rappelle la traductrice en note (p. 70), est totalement ignorée en France ; la situation sanitaire européenne étant par ailleurs très différente à l'époque. Ainsi, les manques de l'exposé sur les chasses aux sorcières historiques sont palliés par ce pan-là de l'Histoire.

Commenter  J’apprécie          50
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

En ce mois d'octobre, j'ai eu envie de me pencher un peu sur l'histoire des sorcières. Et comme j'avais ce livre sous la main, c'était l'occasion !



Finalement, il s'est avéré que ce livre ne parle pas tant de l'histoire des sorcières, mais plutôt de celles des femmes soignantes, et de la façon dont elles ont été évincées de la profession médicale aux États-Unis.



« Pendant des siècles, les femmes furent des médecins sans diplômes, interdites d'accès aux livres et aux cours, apprenant les unes des autres et se transmettant leur expérience de voisine en voisine et de mère en fille. Elles étaient appelées "bonnes femmes" par le peuple, sorcières ou charlatans par l'autorité. »



Alors que ces femmes tentaient réellement de sauver leurs prochains, la classe dirigeante, misogyne, patriarcale, en a décidé autrement. Dès lors fleurir les vrais charlatans, « médecins » seulement par leur titre, soutenus par l’Église, pour les remplacer. Pire, pour les éradiquer.



Mais l’histoire ne s’arrête pas aux chasses aux sorcières. Tout au long des siècles qui suivirent, les femmes continuèrent de se faire écarter de la profession. On leur refusa les écoles, les cours et la pratique. Et quand on leur ouvrit enfin les portes, ce ne fut simplement qu’en tant que subalternes, au service du médecin.



Au final, même si je n’y ai pas trouvé ce que je cherchais à l’origine, ce pamphlet reste très intéressant et m’a fait découvrir beaucoup de choses sur le lien entre féminisme, santé et lutte des classes aux États-Unis.
Commenter  J’apprécie          40
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Un essai qui se lit très vite. Il a été publié en 1973, certaines choses ont changé dans la société depuis, cependant nous remarquons avec tristesse que d'autres sont toujours pérennes. Je l'ai trouvé très intéressant car orienté sur la santé. J'y ai découvert beaucoup de choses que mes études ne m'ont pas enseignées, même si j'aurais aimé en savoir encore plus, que le sujet soit plus développé. Cependant pour l'époque c'était très bien car peu évoqué dans le contexte. C'est une chance de pouvoir le découvrir ici et d'en apprendre un peu plus sur un essai qui a marqué la cause féministe aux États-Unis.

Je vais maintenant essayer de trouver un complément à cette lecture.
Commenter  J’apprécie          00
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Enfin, je l'ai lu ! Merci à ma médiathèque qui vient de l'acheter. Publié il y a 50 ans (!), et traduit en France en 2014, c'est tout simplement un "essai" culte pour qui s'intéresse aux questions de féminisme et de santé. Il s'agissait à la base d'une brochure auto-éditée, qui a tant voyagé de mains en mains et eu tant de succès qu'elle a fini par devenir un livre.



L'édition de 2014, dans son introduction, redonne la parole aux autrices et leur permet d'ajouter des informations sur leurs recherches de l'époque ; car de l'eau a coulé sous les ponts depuis, et elles peuvent ainsi clarifier et/ou modifier certains passages. La recherche a depuis beaucoup évolué sur ces thématiques, aussi il s'agit d'un vrai point de départ pour qui souhaiterait approfondir les thèmes de la chasse aux sorcières ou de la professionnalisation du statut de médecin.



Lecture aisée et très intéressante, qui démontre l'importance du regard croisé : le patriarcat était à l'œuvre, mais également la religion (bien sûr), la domination de classe, le racisme et même les femmes de droite - qui ne sont pas nos alliées !



Même sans être proche des mouvances de "sorcières" modernes, j'ai beaucoup appris et apprécié le propos des autrices.
Commenter  J’apprécie          00
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Si cet essai me semble essentiel à lire pour comprendre les avancées sur le sujet, il est loin d’être complet (mais les autrices en sont tout à fait conscientes et l’évoquent dans une préface faite pour la seconde édition de l’ouvrage, des années après sa première publication).



Le principal souci de cet ouvrage est le manque de données chiffrées et d'exemples concrets qui donne un rendu un peu hypothétique et sert plus à dégrossir le sujet et lancer des pistes sur l’histoire des femmes dans la médecine. Ce qui est dommage mais compréhensible à cause des données manquantes ou peu accessibles à l’époque de l’écriture de cet essai. il aura au moins permis à d’autres d’approfondir le sujet.



J’ai quand même beaucoup apprécié cette lecture puisqu’on nous montre comment le savoir des femmes a été effacé, comment elles ont été silenciées puis utilisées par les hommes.

Car oui, c’est de ça qu’il est question ici : un savoir-faire féminin gommé pour que les hommes assoient leur prétendu supériorité sur un corps et un savoir qu’ils n’ont pas en invoquant des excuses bidons (sorcellerie), en rendant le savoir seulement accessible aux hommes et aux élites (par la promulgation de lois interdisant d’exercer sans diplôme, d’écoles payantes/avec des critères sélectifs hyper restreints), en faisant des femmes des assistantes dociles pour qu’eux ne s’occupent que du “vrai travail” (bonjour la méthode Nightingale ou devrais-je dire la méthode “fais la serpillère pour servir monsieur le savant”).



Cet essai répond en partie à cette question : pourquoi le corps des femmes est si méconnu aujourd'hui. A vouloir asseoir leur pouvoir, les hommes ont proposés des théories vaseuses sur l’appareil génital féminin et sur tout ce qui l’entoure, menant encore aujourd’hui à des découvertes qui auraient pu être faites bien avant, si les femmes avaient été écoutées au lieu d’être réduites au silence.



Un ouvrage qui renforce ma conviction qu’il y a encore beaucoup de choses à faire évoluer !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          10
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Publié en 1973 par deux militantes féministes américaines, cet essai s'intéresse à l'effacement des femmes dans le milieu médical aux Etats-Unis et à l'origine de ce phénomène. Si Barbara Ehrenreich et Deirdre English ne sont pas historiennes, leurs travaux ont permis une réflexion essentielle autour du sujet, pointant du doigt le système patriarcal et dominateur qui s'exerce (encore aujourd'hui) sur ce domaine.

Sciemment évincées par les hommes blancs, les femmes et les minorités ethniques ont fait l'objet d'une véritable discréditation de la part de la classe blanche dominante, qui a vu dans la médecine l'occasion de mettre la main économiquement et politiquement sur toute une partie de la population, au détriment de la santé de cette dernière.

Si la première partie, concernant la chasse aux sorcières, ne m'a pas appris davantage, j'ai en revanche adoré la seconde, qui se concentre sur une histoire un peu plus récente, avec par exemple, la naissance de la méthode Florence Nightingale, souvent reconnue comme la pionnière des soins infirmiers modernes. Je vous conseille d'ailleurs de regarder le documentaire Arte consacré à son histoire.



Bien sûr, l'essai, publié sous forme de brochure accessible au plus grand nombre, est à remettre dans le contexte de l'époque, et une nouvelle préface des autrices accompagne cette édition de 2015. Depuis, les recherches, sur les chasses aux sorcières notamment, ont évolué, et certaines des affirmations des deux militantes ont été remises en cause (elles s'en expliquent justement dans cette préface inédite). Néanmoins l'essai a le mérite de révéler , une fois de plus, comment le système patriarcal efface les femmes au détriment de l'ensemble de la société. En prenant le médical comme point de départ, Barbara Ehrenreich et Deirdre English ouvrent la voie à une réflexion sociale beaucoup plus large sur le conflit de classes qui a bien sûr divisé au sein-même du mouvement féministe.



Accompagné de nombreuses sources visuelles, l'ouvrage est très pédagogique et facile d'accès. J'ai maintenant très envie de lire le second : Fragiles ou contagieuses, le pouvoir médical des femmes, sur les discriminations dont les femmes peuvent être victimes au sein du corps médical.
Lien : https://www.instagram.com/au..
Commenter  J’apprécie          00
L'Amérique pauvre. Comment ne pas survivre en..

Suite au récent décès de Barbaba Ehrenreich, j'ai vu que ma médiathèque avait cet ouvrage et je m'y suis plongée. Il date du début des années 2000 (!) et pourtant il pourrait avoir été écrit hier, tant la misère sociale décrite est la même : les gens qui cumulent plusieurs emplois, peinent à joindre les deux bouts et vivent entre deux motels - l'autrice réalise son "expérience" dans son pays, les États-Unis, et heureusement certaines choses décrites dans l'essai sont différentes en France.



J'ai cependant été gênée, comme toujours avec ce genre d'ouvrage, par la posture de l'autrice. Elle est bourgeoise, et consciente qu'elle ne vivra qu'une fraction de la réalité des personnes avec lesquelles elle travaille, tantôt serveuse, femme de ménage ou employée de supermarché. Elle sait qu'elle peut à tout moment quitter cette condition difficile et revenir à son confortable quotidien - parfois même elle enfreint ses "règles" et utilise des avantages de sa vraie vie pour se sortir d'un mauvais pas. Surtout, elle passe à peine quelques jours/semaines dans chaque emploi puis papillonne ailleurs - laissant derrière elle les collègues pour qui il n'y aura pas de changement. Quelques fois, même, elle se permet des comparaisons qui n'ont pas lieu d'être, notamment avec les personnes de couleur.



Je ressors donc assez hésitante de cette lecture, qui m'a beaucoup marquée par les aspects chiffrés de la pauvreté, mais également parfois bien énervée !
Commenter  J’apprécie          00
Fragiles ou contagieuses : Le pouvoir médical..

Publié en 1973, pamphlet petit frère de "Sorcières, sages-femmes et infirmières - Une histoire de femmes soignantes" ce texte souligne le conditionnement fatal dans lequel sont inscrites les femmes dans la société d'une part mais surtout d'un point de vue médical.



Où l'on apprendra donc que pour soigner la masturbation féminine (jugée trop sale) on pouvait délibérément pratiquer une clitoridectomie, voire une ovariectomie et puisque la femme est "un homme mal conçu" une masectomie pour la soigner des troubles comportementaux liés à son utérus). BOOYAH.



Flippant surtout car bien que ce texte relate de la Médecine du 19e siècle jusqu'aux années 40, on en voit les conséquences sur la portée aujourd'hui des contraceptifs hormonaux uniquement destinés aux femmes (vous avez déjà vu une pilule pour les mecs ? non, car il faut bien sûr protéger notre sperme, au détriment des ovaires...).



Bref j'ai failli dégueuler moult fois à la lecture de ce texte, parce que bien entendu en tant que garçon j'ai été élevé à me conduire de façon sexiste ou en aveugle face aux inégalités entre les rapports hommes/femmes.



De voir à quel point nos couilles s'emparent de tout par "peur" (parce que oui il s'agit bien d'une peur de la femme "malade") c'est vraiment alarmant.



Un texte donc qui fait se poser des tas de questions sur le rapport aux femmes, sur le rapport au travail (après lecture je considère que nos comportement occidentaux sur le travail nous pousse à se relaxer du travail grâce à la médecine) et même sur la littérature du 19e siècle qui a contribué à faire d'une part de la femme blanche bourgeoise une femme oisive donc fragile et d'autre part la femme prolétaire travailleuse qui menait une vie de pécheresse à pondre des gosses à tout va.



Un ouvre-paupières qui fait du mal pour notre futur bien (en tout cas je l'espère)



Chapeaux bas les filles, encore !
Lien : https://www.instagram.com/lo..
Commenter  J’apprécie          10
Fragiles ou contagieuses : Le pouvoir médical..

En 1973, deux militantes féministes états-uniennes, Barbara Ehrenreich et Deirdre English, publient trois essais synthétisant le fruit de leur travail sur les liens étroits entre histoire de la médecine et justifications - prétendument - biologiques de la misogynie. Faisant suite à un premier volume, Sorcières, sages-femmes et infirmières, qui disséquait brillamment la réappropriation des savoirs médicaux des femmes par une élite masculine (à blouse) blanche, Fragiles et contagieuses se focalise cette fois-ci sur deux postulats pseudo-scientifiques avancés par une conception patriarcale des corps et soulignés par une grossière hiérarchie de classes : la robustesse et la fertilité supposées des femmes racisées, ouvrières et prostituées, intimident et se retrouvent ainsi systématiquement associées à la maladie épidémique ; la femme bourgeoise, perçue quant à elle comme soumise à quelque prédisposition dite « hystérique » et souffreteuse, est cantonnée « à l'intérieur » afin d'être maintenue en permanence sous contrôle.

Non dénué d'ironie, un essai percutant sur un sujet encore peu étudié, aux États-Unis comme ailleurs et dont le propos, près de cinquante ans après, ne manque pas de rayonnements tristement actuels.
Commenter  J’apprécie          10
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Très bon résumé du rapport de force et d'autorité dans le monde médical. Les autrices expliquent aussi très bien le manque de possibilités pour accéder à l'information et les originaux de la du "conflit". Il est écrit de façon très simple et concis. J'ai beaucoup apprécié qu'elle ai corrigé leur texte et expliqué le contexte dans lequel elle l'avait écrit. Je le recommande à tous celles et ceux qui veulent commencer à s'intéresser au lien entre le sexisme et la médecine.
Commenter  J’apprécie          00
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Afin d’aborder cet ouvrage de la façon la plus adéquate, il est indispensable de le replacer dans le contexte.





À l’aube des années septante (soixante-dix), un esprit de révolte féminine a fortement émergé ainsi qu’une volonté de la part des femmes de se ré-approprier la connaissance et l’autonomie de leurs propres corps.



À l’époque, très peu d’informations étaient disponibles sur ce thème qui relevait même du tabou social.





C’est à ce moment que les auteures de « Sorcières, sages-femmes & infirmières » prirent l’initiative d’organiser des conférences et groupes de rencontres féminines visant à libérer la parole et à s’instruire les unes les autres. Barbara Ehrenreich et Deirdre English entreprirent des recherches principalement axées sur les origines du basculement d’une médecine populaire, majoritairement articulée par des (sages-)femmes, vers une professionnalisation d’un corps médical exclusivement accessible aux membres de la classe dominante masculine.



Le résultat de leurs recherches a été diffusé sous la forme d’une brochure éditée pour la première fois en 1973.

Brochure que nous retrouvons éditée 40 ans plus tard dans ce livre révisé et préfacé par les deux auteures.





Nous pouvons aujourd’hui constater que, depuis la rédaction de cet essai, il y a eu une évolution dans la pensée et dans la structure de la société occidentale concernant la position des femmes. Bien que certaines revendications légitimes à l’époque ne soient plus aujourd’hui totalement à propos, le contenu présenté dans ce livre est une vraie mine d’or. Il offre l’opportunité de porter un regard sur les mécanismes du patriarcat et l’instauration du capitalisme. L’occasion aussi pour les femmes de mieux connaître leur histoirE et de conscientiser leur pouvoir et valoriser leur légitimité.





Le livre comporte de nombreuses illustrations en noir et blanc et est serti d’une bibliographie de 16 ouvrages.
Commenter  J’apprécie          20
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Un livre à 95% féministe, et à peut-être 5% historique, qui nous relate l'histoire des femmes soignantes. D'abord considérées comme sorcières (du XIV au XVIIeme siècle), puis reconnues, mais seulement comme sages-femmes, puis bannies des « écoles officielles de médecine » car de sexe féminin, les femmes ont eu fort à faire pour pouvoir soigner leurs proches !



« La répression des sorcières et l'élimination, plus tardive et moins violente, des sages-femmes et des femmes qui aspiraient à devenir docteures aux États-Unis sont quasiment les seuls exemples dans l'histoire d'un gaspillage délibéré de talent, d'éducation et d'expérience. »



J'espérais et je m'attendais à lire un livre traitant de l'histoire des sorcières, des sages-femmes et des infirmières au fil des âges, et pas à un pamphlet étalant tout ce que les femmes « instruites » ont pu subir au fil des temps. Bien sûr que c'était et que c'est toujours tout à fait injuste ! Encore aujourd'hui, l'égalité homme-femme est loin d'être parfaite, mais ruminer les problèmes du passé ne nous fera pas avancer...



« Nommer sorcière celle qui revendique l'accès aux ressources naturelles, celle dont la survie ne dépend pas d'un mari, d'un père ou d'un frère, celle qui ne se reproduit pas, celle qui soigne, celle qui sait ce que les autres ne savent pas ou encore celle qui s'instruit, pense, vit et agit autrement, c'est vouloir activement éliminer les différences, tout signe d'insoumission et tout potentiel de révolte. C'est protéger coûte que coûte les relations patriarcales brutalement établies lors du passage du féodalisme au capitalisme. »



Au moyen âge : « L'Église associait les femmes au sexe, et tout plaisir sexuel était condamné parce qu'il ne pouvait venir que du diable. On prétendait que les sorcières avaient pris du plaisir à copuler avec le diable (en dépit de l'organe glacé qu'il était censé posséder) et qu'à leur tour elles contaminaient les hommes. »



« Les méthodes des sorcières-guérisseuses étaient une menace aussi grande (pour l'Église catholique, sinon pour l'Église protestante) que leurs résultats, car la sorcière était une empiriste : elle se fiait à ses sens plutôt qu'à la foi ou à une doctrine, elle procédait par essai-erreur, observant les causes et les effets. Elle n'avait pas une attitude de passivité religieuse mais de recherche active. (...) En résumé, sa magie était la science de son temps. »



Au XIXeme siècle : « Les femmes travaillaient fréquemment avec leur mari. le mari s'occupait de la chirurgie, l'épouse de l'obstétrique et de la gynécologie, et tout le reste était partagé. »



Puis est apparue la scission entre les empiristes et les « réguliers » qui avaient fait des « études de médecine ». Vu que les « réguliers » appartenaient à la classe supérieure et les empiristes plutôt de la classe moyenne, une loi mettant les empiristes hors-la-loi ne tarda pas à arriver. Nous sommes alors en 1830 et ces nouvelles lois provoquèrent l'indignation massive et radicale du peuple avec l'apparition d'un Mouvement populaire pour la santé.



Fin XIX, début du XXeme siècle : « Quelle qu'en soit l'explication exacte, le résultat fut que les femmes de la classe moyenne abandonnèrent le combat contre la médecine masculine et acceptèrent les conditions imposées par la profession médicale masculine naissante. »



Puis l'infirmière est arrivée... « pour les docteurs du XIX siècle attaqués de toute part, le métier d'infirmière était un don du Ciel : enfin un groupe de travailleuses de la santé qui ne cherchait pas à concurrencer les « réguliers », qui n'avait aucune doctrine médicale à promouvoir et qui ne semblait pas avoir d'autre mission dans la vie que de servir. »



Du moyen âge à aujourd'hui, la seule grande réussite aura été de séparer le diagnostic / le traitement et les soins... et ce n'était pas vraiment souhaitable !



« Soigner, dans son sens le plus plein, consiste à apporter à la fois des remèdes et des soins, à être docteur « et » infirmière. Les guérisseuses empiriques des temps anciens avaient combiné les deux fonctions et étaient estimées pour les deux. (...) Mais avec le développement de la médecine scientifique et avec la profession médicale moderne, les deux fonctions furent irrémédiablement séparées. La prescription du remède devint le domaine exclusif du docteur ; les soins furent relégués à l'infirmière. »
Commenter  J’apprécie          61
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Pourquoi les femmes sont-elles si peu nombreuses dans les métiers médicaux et si nombreuses dans le paramédical ? Déjà, je m'interroge sur ce terme de paramédical pour désigner les infirmières, sages-femmes et aides-soignantes.. Alors même qu'elles sont en plein dans le processus de guérison et de soins en général.

Les auteures reviennent sur l'éviction, aux Etats-Unis, des femmes dans ces professions tout au long du 19è siècle alors même qu'elles étaient détentrices d'un savoir empirique et de techniques qui les rendaient plus efficaces et moins dangereuses que les médecins qui sortaient des facultés et qui n'avaient qu'une formation théorique et religieuse, un peu comme en Europe... Elles font des comparaisons avec le vieux continent, pionner dans l'éviction des femmes du soin, avec les tristement célèbres chasses aux sorcières. Si les Etats-Unis n'ont pas brûlé de sorcières depuis Salem, la chasse a pris une autre forme et prouve une fois encore que pouvoir et argent sont les maîtres mots lorsqu'il s'agit d'imposer quelque chose...

Les conséquences en furent (sont) dramatiques : hausse de la mortalité maternelle et infantile (interdiction des sages-femmes), le corps féminin est tabou même pour les femmes, transformation du métier d'infirmière en métier d'agrément pour les malades puisqu'elles ne peuvent poser de diagnostic ni prescrire les soins.

C'est certes un pamphlet, et non pas réellement une étude, mais il pose des pose des jalons pour des recherches futures, qui ont depuis été menées. On est en droit de se demander quel fut son effet sur la formation des infirmières aux Etats-Unis. C'est un pamphlet mais il n'est pas vindicatif, même s'il est porté par une immense colère : il explique, cherche des causes et des solutions, et demande à ce que les femmes se mobilisent pour faire bouger les lignes, même un peu, même en parallèle de la voie officielle.

Une bonne introduction, moins intimidante, à Caliban et la sorcière de Silvia Federici.
Commenter  J’apprécie          160
Fragiles ou contagieuses : Le pouvoir médical..

Cet ouvrage est révélateur de la manière dont les femmes, et leurs corps en particulier, ont été traité pendant des siècles. De la bourgeoise maladive emprisonnée dans son corset qui ne devait pas hausser le ton sous peine d'être diagnostiquée hystérique aux ouvrières à éviter parce que potentiellement contagieuses ou porteuses du démon, probablement prostituées, il restait finalement peu (pas !) de possibilité pour les femmes des XIXe et début XXe siècle de s'émanciper dignement. L'ouvrage est très court et accessible, et argumente son propos en citant de nombreux exemples de manuels de médecine et d'autres sources notamment iconographiques. C'est une lecture intéressante pour toute personne s'intéressant à l'histoire des femmes, de la médecine et à la manière dont la condition féminine telle que nous la connaissons aujourd'hui a été construite. La question du corps des femmes et de son traitement médical est au cœur des questions féministes contemporaines.
Commenter  J’apprécie          75
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Sorcières, sages-femmes et infirmières est présenté comme un incontournable de la réflexion féministe. Et pour cause, il s'agit du premier ouvrage à ouvrir la voie de la recherche historique sur le corps médical, et en particulier sur la manière dont les femmes traditionnellement porteuses de soins ont été évincées de la médecine telle que nous la connaissons aujourd'hui. Ce récit historique est à replacer dans le contexte des chasses aux sorcières qui débutent à la fin du Moyen-Âge et se perpétuent jusqu'au XVIIe siècle. Les sages-femmes et soignantes sont progressivement remplacées au chevet des parturientes et des malades par des médecins soi-disant formés, des hommes imbus de savoirs théoriques et dont les remèdes (saignées et autres usages de sangsues) se sont avérés dans les premiers temps plus nocifs qu'autre chose.

Le pamphlet de Barbara Ehrenreich et Deirdre English, rédigé dans les années 1970, est très court - 120 pages à peine - et accessible à tous. Il a l'intérêt de poser les bases de travaux tels ceux de Silvia Federici - nettement moins digeste mais beaucoup plus complet ! Il permet d'amorcer une réflexion sur l'histoire oubliée des femmes soignantes. Malgré tout, je l'ai trouvé un peu "léger" au regard du prix proposé par l'éditeur et je regrette que la bibliographie originale n'est pas été complétée par des écrits plus récents. J'ai lu dans la foulée Fragiles ou contagieuses : le pouvoir médical et le corps des femmes, également intéressant mais avec les mêmes types de réserve. Je regrette - pour nos pauvres bourses - que Cambourakis n'ai pas pris le parti de publier les deux volumes en un seul.
Commenter  J’apprécie          82
Sorcières, sages-femmes et infirmières : Une hi..

Lisez à tout prix l'essai "Sorcières, sages-femmes & infirmières. Une histoirE des femmes soignantes" de Barbara Ehrenreich et Deirdre English, publié pour la première fois en 1973. Comme le souligne leur seconde introduction de 2010, ce texte de la deuxième vague du féminisme aux USA a été écrit "sous le coup de la colère et de l'indignation". Ainsi, il comprenait parfois certaines exagérations ou des affirmations trop poussées dues au manque de connaissances sur le sujet à l'époque, ce qui fut comblé pendant ces 40 dernières années. Cette deuxième introduction permet donc aux autrices de corriger certaines sources, de réajuster certains chiffres et d'affiner leur point de vue.



Cela étant dit, leur propos reste d'une étonnante actualité ! J'étais loin de me douter à quels points les hommes s'étaient appropriés le champs de la médecine de cette façon, sous couvert de religion, de politique, ou encore de pseudo-préservation des femmes.



Dans les années 70, grâce au "Mouvement pour la santé des femmes", les femmes prennent conscience de l'ignorance qu'elles ont de leur propre corps. Les autrices supposent alors que cette dépossession du corps féminin ne fût pas toujours une réalité, et commencent à étudier l'histoire des femmes et de la médecine. Une hypothèse émerge alors : "la profession médicale telle que nous la connaissions (avec 90% d'hommes) avait remplacé et chassé une tradition de médecine empirique féminine bien plus ancienne, comprenant à la fois la pratique de sage-femme et une gamme de savoir-faire de soignantes, cependant que l'on fermait aux femmes l'accès aux études de médecine." Il en résulte cet essai particulièrement édifiant, que les autrices choisirent d'auto-éditer afin de le préserver de toute censure.



Honnêtement, j'ai souligné bien trop de passages pour tous vous les indiquer. Ce livre est court, mais d'une densité remarquable, chaque page est essentielle, chaque ligne apporte une information. Et, autant vous prévenir, tout ce qui est expliqué dans cet essai va vous indigner !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          21
L'Amérique pauvre. Comment ne pas survivre en..

Un constat social effrayant auquel nous convie l'auteure. Certaines personnes ne peuvent survivre qu'en cumulant plusieurs emplois éreintants. Car un seul ne suffit malheureusement plus. Serveuse dans une pizzeria ou employée dans une entreprise de nettoyage, rien n'y fait.

Constat social bouleversant qui se généralise. Déprimant.

L'esclavage moderne au service du capitalisme.

A lire absolument.
Commenter  J’apprécie          80
Fragiles ou contagieuses : Le pouvoir médical..

On a beau savoir dans les grandes lignes l’histoire de l’oppression des femmes par les hommes, le détail de la réalité est toujours bien plus grave que ce qu’on n’envisageait que vaguement. Les tenants du patriarcat ont décidément été autant idiots que retors depuis bien longtemps.



Les explications « biologiques », « naturelles » avancées par les hommes pour justifier la domination des femmes à leur profit sont fascinantes par leur plasticité temporelles. Les études historiques des arguments patriarcaux sont donc toujours instructives, et dans cette lignée Fragiles ou contagieuses est particulièrement édifiant.



la suite sur : http://www.lan02.org/Fragiles-ou-contagieuses
Lien : http://www.lan02.org/Fragile..
Commenter  J’apprécie          61




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Barbara Ehrenreich (222)Voir plus

Quiz Voir plus

Philip Roth ou Paul Auster

La tache ?

Philip Roth
Paul Auster

10 questions
16 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}