Citations de Barbara Taylor Bradford (283)
Il la regardait avec une telle insistance qu’elle sentit qu’elle perdait ses moyens. Flûte, songea-t-elle, maintenant je vais l’avoir sur le dos pendant toute la soirée.
Il ne faut pas que ces vieilles histoires empoisonnent ma vie. Tout ce qui importe désormais, c’est le présent et l’avenir. Je vais donc reléguer Hilda aux oubliettes. De toute façon, elle ne peut plus me nuire. Personne ne peut plus me nuire. Et j’ai mieux à faire qu’à ressasser un passé qu’il m’est impossible de changer.
Une fois la toile achevée, en 1657, Rembrandt s’était retiré du monde. Il avait cessé d’être à la mode. Cette pensée la fit sourire, Rembrandt était tout sauf ringard.
Et la toile avait changé de mains. Elle ornait désormais les murs d’un inconnu. De toute façon, elle n’en avait jamais été la propriétaire, tout au plus la gardienne provisoire. Et celle qui lui avait redonné vie – en la faisant nettoyer et restaurer.
Cette chaleur était insupportable, même pour quelqu’un d’aussi frileux.
Elle se réjouissait de retrouver Miranda : c’était une fille délicieuse et vraiment peu banale, un mélange de douceur, de gaieté et de vivacité. Elle avait un caractère insouciant. On la sentait toujours prête à rire.
Elle n’était que réservée et même un peu timide. Ses scrupules, sa prudence et son acharnement au travail la faisaient sans doute mal juger. Agnes, depuis trois ans, avait appris à l’aimer, à l’admirer et à la considérer non seulement comme une directrice remarquable, mais encore comme une personne chaleureuse, aimable et soucieuse du bien-être d’autrui.
Mais ce qui l’attendait était pire encore. C’était la faillite, la ruine totale, la disparition… Il se payait de mots en affirmant qu’il trouverait aisément un autre financement. Paula était au courant des rumeurs. Personne ne viendrait au secours d’Aire Communications. Pas même la bande de vautours qui rachetait les sociétés en difficulté et les rongeait jusqu’à l’os avant d’en abandonner le squelette.
Elle n’avait pas besoin de chercher bien loin pour comprendre sa manière d’agir. Il n’avait évidemment pas voulu perdre la face devant ce fils ambitieux dont la présence même lui faisait perdre tous ses moyens. Cependant, Paula était certaine que l’honneur et l’intégrité morale comptaient plus que tout pour cet homme.
Il avait le devoir d’assurer l’avenir de son fils. C’était la seule chose à faire, la seule chose convenable et juste. S’il ne protégeait pas d’abord son fils, sa vie n’aurait plus de sens.
Il semblait prêt à accepter la bouée de sauvetage qu’elle lui avait lancée. S’il se résignait à cette solution, c’était par amour pour son fils, ce fils indigne qui avait ruiné son œuvre.
C’est plus que de l’honnêteté, c’est de la générosité ! Votre société est au bord de la faillite… Bon, je suppose que c’est votre affaire, monsieur, et non la mienne. Cette fois, nous n’avons plus rien à nous dire.
Franchement, il y avait de quoi rire, étant donné que la vie tout entière d’Emma n’était qu’une énorme exagération. Avec elle, la réalité dépassait la fiction.
Je suis soulagée que tu me comprennes. Je veux dire… que tu comprennes pourquoi cette filature-là me tient à cœur. Le passé, vois-tu, est toujours avec nous. Il continue à revendiquer une partie de nous-mêmes. J’ai compris depuis longtemps que nous ne pouvions lui échapper.
Elle s’était acharnée à aider les gens du pays à survivre pendant bien des années et cela lui avait souvent coûté très cher. Mais le monde ouvrier faisait partie d’elle, en quelque sorte, puisque c’était de ce monde-là qu’elle venait. Il gardait encore dans son cœur une place de choix. La pensée de laisser tomber un seul des ouvriers de Fairley la désespérait. Malheureusement, il n’y avait rien d’autre à faire, cette fois. Mieux valait faire tourner la filature avec la moitié de ses employés que de la fermer définitivement.
Il n’avait pas eu la moindre considération pour les malheureux qui travaillaient dans ses ateliers, qui lui permettaient justement de mener une existence de privilégié et dont il avait, dans l’absolu, la charge morale. Il y a un demi-siècle de cela, songea-t-elle. Maintenant, je parviens à comprendre un peu mieux cet homme, mais je n’oublierai jamais ce qu’il a fait. Jamais !
Emma l’avait détesté de toutes ses forces quand elle était petite. En fait, elle l’avait haï presque toute sa vie. Maintenant, avec la sagesse que lui conférait son grand âge, elle comprenait qu’Adam n’avait pas été le tyran qu’elle imaginait. Mais il s’était montré irréaliste et cela, en soi, était un crime à ses yeux. La négligence monstrueuse de cet homme, son égoïsme et son égocentrisme, enfin sa folle passion pour Olivia Wainright avaient eu des conséquences catastrophiques pour tous ceux qui dépendaient de lui.
Cela faisait soixante-cinq ans, en effet, que Blackie était son plus cher, son meilleur ami : l’ami de toute une vie. Loyal et dévoué, il était toujours là quand elle avait besoin de lui, pour lui offrir aide et affection. Ils en avaient vu de toutes les couleurs. Ils s’étaient soutenus l’un l’autre dans le malheur, ils avaient partagé leurs peines et leurs angoisses et fêté ensemble leurs triomphes et leurs joies.
Le côté conservateur de sa personnalité était compensé par une certaine souplesse. Il s’efforçait toujours de peser le pour et le contre et, si besoin était, de trouver un compromis. Alexandre avait le talent de garder à toute chose ses justes proportions. Cela rassurait Emma, qui était une réaliste.
Elle n’avait pas de preuves. Seuls, son instinct et sa prescience la mettaient en garde et ils ne l’avaient jamais induite en erreur.
Chaque fois qu’Emma se trouvait devant ce genre de dilemme, elle choisissait de rester dans l’expectative. De nouveau, elle décida d’adopter cette attitude.
Avec l’habileté et l’imagination qui lui étaient coutumières, elle avait réussi à retourner rapidement la situation. Elle avait alors fait son deuil des émotions et des sentiments, de peur qu’ils ne vinssent obscurcir son jugement. C’était, en effet, grâce à son intelligence exceptionnelle qu’elle s’était tirée jusque-là des situations les plus désastreuses.