La cloche se tait -
le parfum des fleurs en écho
ah ! Quelle soirée
Brouillard et bruine
Dissimulent le Fuji
charme de ce jour.
(traduction proposée par Céline Santini dans son livre "Kintsugi, l'art de la résilience")
Depuis les temps anciens nombreux sont les lieux illustres qui ont inspiré les poètes, et dont nous parle la tradition ; cependant des montagnes se sont écroulées, des rivières se sont formées, des routes ont changé de tracé, des pierres ont été enterrées et sont cachées dans la terre, des arbres ont vieilli et fait place à des arbres jeunes, de sorte que, les temps étant changés et les âges révolus, les vestiges en sont toujours incertains.
Mois et jours sont passants perpétuels, les ans qui se relaient, pareillement sont voyageurs.
Bruits de rames
Vagues frémissantes...mon coeur se glace.
La nuit, je pleure.
Tristesse du coeur
Quand je t'entends, coucou,
ma solitude est plus profonde...
Les feuilles de roseaux chantent...
le vent d'automne le leur a enseigné
de bouche à oreille
Dans les pluies de mai
les pattes de cette grue
se sont raccourcies!
Le vent me transperce -
résigné à y laisser mes os
je pars en voyage
.
Seul je traverse
dans le froid clair de lune
le pont vibrant.
TAIGI
Elles vont mourir
pourtant pas le moindre signe
le cri des cigales
Prunier du jardin que je croyais mort.
Ô miracle !
Il est refleuri !
Sampou (1647-1732)
La lumière qui se dégage des choses, il faut la fixer dans les mots avant qu'elle ne soit éteinte dans l'esprit.
La cascade claire -
Les aiguilles de pin vertes
tombent dans les flots
Mois et jours sont passants perpétuels, les ans qui se relaient, pareillement sont voyageurs. Celui qui sur une barque vogue sa vie entière, celui qui la main au mors d’un cheval s’en va au-devant de la vieillesse, jour après jour voyage, du voyage fait son gîte. Des anciens du reste nombreux furent ceux qui en voyage moururent. Et moi-même, depuis je ne sais quelle année, lambeau de nuage cédant à l’invite du vent, je n’avais cessé de nourrir des pensers vagabonds
« Est-il aveugle ? »
ainsi me voit-on –
Admiration de la lune
Senteurs des fleurs de prunier
soudain le soleil se lève
sur un chemin de montagne
Au temple de Suma –
L’écho d’une flûte muette
à l’ombre des arbres
Longue journée –
Les alouettes n’ont pas encore
assez chanté
Mon père et ma mère
sans cesse je pense à eux
le cri du faisan