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Citations de Benjamin Péret (165)


Benjamin Péret
J’y cours



J’y cours
Où courez-vous
Nulle part
Moi aussi
Alors
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Benjamin Péret
Pieds et poings liés



Quand je serai le cheval de pierre
debout devant l’éternité
je demanderai aux divinités des plantes
le manteau de pluies indispensable aux voyageurs éternels
Aujourd’hui je suis dans un puits glacé
où pleurent les madones noyées par leurs larmes et la pluie
     éternelle
qui recouvre les pensées des hommes
leurs souvenirs et leurs ambitions déjà flétris
par une main inexperte
et incolore comme l’eau d’une carafe
où vit cependant l’œil de ma bien-aimée
couleur de citron et d’orage implacable
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Les beautés du ciel et de la terre



Un grand monsieur aux cheveux salés
voulait être musicien
mais il était seul dans la vallée
avec trois accordéons

Le premier accordéon achevait de pourrir
Dans la simplicité de son âme
il aurait voulu être cheval
mais il y avait une lampe qui brûlait
qui brûlait

Le second accordéon tremblait
comme une maison au passage de sa sœur
C’est qu’il était une grande ville
qui trompait ses habitants
avec son maire
bête comme un pied de biche

Le troisième accordéon
aurait dévoré la terre et les oiseaux
s’il en avait eu l’envie
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A garder précieusement

Ainsi va la vie

Le souffle de la dormeuse gonfle les voiles de la barque
où les naufragés reprennent espoir
à la cadence des baisers qui l’emportent
étincelante des regards d’envie
des passants enfermés dans leur valise
Non qu’elle dorme sous l’armure rouillée braillant des chants
d’averse
ou prisonnière des bas de soie qui multiplient les mots latins
Non compagne née des champs de seins ondulant sous le
plumage qu’ils couvent
au jour naissant qui les favorise d’un clignement d’yeux
à peine plus chargé d’envols que celui s’échappant d’entre
les roseaux
noirs de soupirs satinés par l’ombre
elle laisse
par le double drapeau de ses lèvres insurgées
échapper le cri triomphant du rubis jaillissant de sa gangue
et refusant la sujétion humiliante des coucous
commères consultant leur espion
pour vérifier la démarche tortueuse du facteur
dont le fantôme égaré ne porte plus que des spectres de lettres
prononce le mot brisant de gai cristal
ouvert à tous les vents
et repousse les horizons d’horizon en horizon
de galop en marée
pour qu’elle se dresse
équinoxe des équinoxes
dans les filons bouillants que les flammes les plus hautes
peuvent seules rafraîchir

Inutile d’écouter le murmure indistinct des chevelures
roulant sur de blancs tremblements de terre
On sait qu’à midi le soleil soupirant
se suicidera d’un nuage tourbillonnant entre des cils
pour renaître sur la passerelle tendue
de la prairie sillonnée du vol des libellules
au sourd battement qui se précipite
d’une poire ivre de baisers à bascule faisant éclore des jardins
à mourir d’attente

Inutile d’afficher les mains au mur de graffiti entassés
si loin des lumières qui devraient jaillir des doigts
pour s’assembler en gerbes à balayer les églises
tombeaux des yeux

Je les veux grands ouverts et distillant les soifs insatiables
des forêts pétrifiées
avec des cris d’aube à genêts pétillants d’oiseaux
lointaines et profondes eaux de ciel sans autres ombres que le
vol d’insectes deviné
appelant les immersions folles
et si longues que le jour polaire se dissout en nuit tropicale
où les papillons géants volent des seins aux flancs
imperceptible et lourde caresse de soupirs
se balançant sur le flux et le reflux des reins
et surtout perdus à tout jamais dans les multitudes de bêtes
majeures
qui chassent les monstres excommuniants
acharnés à les étouffer sous les édredons des orgues vêtues
d’araignées

La bouche de réveille-matin appellera les éruptions dans les
clos fleuris
et les torrents de lave s’élevant des housses poussiéreuses
qu’elles régénèrent et vivifient
jusqu’à leur accorder une seconde de feu d’artifice
projetant au fond des tiroirs des haleines de cristaux tintant
une charge
à savourer entre les plaintes des tubéreuses et les rires des
cailloux illuminés

L’obscure voie lactée que hantent les étincelles noires et
velues des puits de mine
s’écoule
limitée par l’infini
et bat d’une aile onctueuse
le lac laiteux que rident des mots d’eau-de-vie
hypnotisant les larmes des fées guettées par les hiboux
pour qu’elles ceignent le couloir des aveux
d’une explosion de regards de cascade enchantée de sa chute

L’orange tranchée en parties égales
laisse circuler une foule de somnambules
dans le col ouvert entre la caresse d’acier
qui dresse un doigt vaincu d’avance
et le baiser en tourbillon qui projette de lourdes étoiles
sur la plage où le vent de terre soulève des dunes aussitôt
résorbées
par l’oiseau de feu délirant du poignard qui le transperce
au point d’exulter à la vue de son sang fuyant à travers les
steppes
sans se douter que la prochaine blessure libérera d’inutiles
poursuivants

Femme vêtue de ronces dont les épines s’amollissent au plus
léger contact
femme aux yeux de mangues mûres
qui dissolvent en se dissolvant
les champs de mines qui nous entourent
femme aux bras d’aurore provocante et de nuit à pistolet
aux bras d’âtre en liesse
Femme au lit de barricade bruissante de poings dressés
femme aux mains de rayons de soleil et d’éclairs foudroyants
femme
toi
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À quoi bon les germes des astres dans le sillage des végétations
obscures
À quoi bon les mains d’écume sur le versant des collines
À quoi bon la vase devant la nuit
À quoi bon le soleil mousseux près de moi
À quoi bon l’invisible mirage des roches
À quoi bon les animaux du jour
si la nuit roule perpétuellement sur la pente du poison
et si le tonnerre des sables s’évapore comme la goutte d’eau
des images
cette goutte d’amour que nul ne recueillit jamais
car elle s’évapore trop vite
si vite qu’elle n’est jamais que vapeur
Et si cette vapeur s’échappait des yeux vivants de la tempête
mais la tempête ment comme une soupe
A quoi bon
À quoi bon te lever sur le pied droit puisque le pied gauche
t’attend
Comme la lune attend les torpilleurs qu’elle ne rejoindra
jamais
Ah torpilleur à quoi bon
À quoi bon torpilleur votre cauchemar d’éponge puisqu’il
restera cauchemar
comme l’eau reste vent et le vent éponge
À quoi bon puisque tout n’est qu’eau et vent comme vous
et vos cauchemars
À quoi bon mon torpilleur et mon cauchemar se confondent
dans une goutte d’eau qui tombe perpétuellement sous mon
crâne
et jamais ne fera ni un lac ni un ruisseau
car c’est l’inverse que je vois
Les crocodiles se promènent comme des reines
et les reines vivent avec les taupes
A quoi bon
les saluts des interstices qui séparent la chair des arbres
si les arbres s’effondrent dans l’océan des talons
comme s’effondrent mes yeux au passage de midi
À quoi bon les poussières des hauteurs
et le frôlement voluptueux des lignes lumineuses sur des
jambes d’azote
À quoi bon le passage d’un point à un autre
À quoi bon les lignes de la main et le charbon qu’elles
cachent
À quoi bon l’enfance des os
À quoi bon les lueurs qui disparaissent à l’horizon
À quoi bon mon amour dans une corne gelée
À quoi bon la corne gelée qui ne se renversera jamais sur
mon amour
car il est autour de la corne
comme les pierres autour de la maison
(1926)
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Nue nue comme ma maîtresse
la lumière descend le long de mes os
et les scies du temps grincent leur chanson de charbon
car le charbon chante aujourd’hui
le charbon chante comme un liquide d’amour
un liquide aux mouvements de volume
un liquide de désespoir
Ah que le charbon est beau sur les routes tournesol
tournesol et carré
si je t’aime c’est que le sol est carré
et le temps aussi
et cependant je ne ferai jamais le tour du temps
car le temps tourne comme à la roulette
la boule qui regarde
dans la mosaïque des forêts
Cerveaux et miroirs roulez
Car le charbon a la tête d’un dieu
et les dieux ô cerises les dieux aujourd’hui plantent des
épingles
dans le cou des zouaves
et les zouaves n’ont plus de moustaches
parce qu’elles accompagnent les jets d’eau
dans la course de l’avoine
l’avoine cirée lancée le long des vents à la poursuite des
marées
Marées de mes erreurs où mîtes-vous nos vents
car vos vents sont aussi des marées
ô mon amie
vous qui êtes ma marée mon flux et mon reflux
vous qui descendez et montez comme le dégel
vous qui n’avez de sortie que dans la chute des feuilles
et ne songez point à vous échapper
car s’échapper c’est bon pour une flèche
et les flèches qui s’échappent ont frôlé tous les soupirs
mais vous qui êtes dans l’eau comme un remous
belle comme un trou dans une vitre
belle comme la rencontre imprévue d’une cataracte et d’une
bouteille

La cataracte vous regarde belle de bouteille
la cataracte gronde parce que vous êtes belle
bouteille
parce que vous lui souriez et qu’elle regrette d’être cataracte
parce que le ciel est vêtu pauvrement
à cause de vous dont la nudité reflète des miroirs
vous dont le regard tue les vents malades
Mon amie ma fièvre et mes veines
je vous attends dans le cercle le plus caché des pierres
et malgré la lance du dramatique navire
vous serez près de moi qui ne suis qu’un point noir
Et je vous attends avec le sel des spectres
dans les reflets des eaux volages
dans les malheurs des acacias
dans le silence des fentes
précieuses entre toutes parce qu’elles vous ont souri
comme sourient les nuages aux miracles
comme sourient les liquides aux enfants
comme sourient les traits aux points
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De la corne du sommeil aux yeux révulsés des soupirs
il y a place pour une cornemuse bleue
d’où jaillit le son fatal du réséda fleuri
Réséda réséda si tu fleuris c’est au quartz que tu le dois
car il a mis dans tes racines une poudre de sang et de cervelle
qui poivre te caresse les yeux
Il a mis aussi sa caresse marine sur la face inférieure de tes
pétales
et l’eau pure de sa tête dans tes mains
Réséda réséda
lorsque le jour des blanches cambrées sera venu
tu sentiras ta tête s’incliner comme un soleil sans épaisseur
et le sang de tes veines se répandra sur les étoiles
qui te répondront
Réséda réséda
tes mouvements rebelles aux caresses du vent
qui passe près de toi comme une minute usée
comme une minute liquide
dont les inutiles regards se perdent dans les puits
où tu voudrais vivre souple et pâle comme un cheveu de
source
Oiseaux oiseaux de mes oreilles
envolez-vous
Envolez-vous comme un courant d’air
vers le spectre de sel où gémissent vos plumes
Telle plume qui gémit n’attend que la pluie fine pour vous
retrouver
Telle plume qui pâlit sera verte demain
si l’ouragan lui dévoile son destin
Et telle plume qui disparaît comme un A B C D
se retrouve au printemps sur la tête des cieux
car les cieux sont faits de vos plumes
mes oreilles
et la mort de celles-ci est la mort de vos cieux
Gouttes de sang gouttes d’eau du plus ancien bijou des
femmes
La poudre s’ennuyait dans le désert des mains
dont le superflu s’épanche sur des gorges pâles
issues du miroir que nul ne découvrit
car il part et revient comme une feuille
car il est bleu
car il est rouge
suivant que ton regard se fixe ou s’égare comme un drapeau
suivant que ta voix éclate comme une aurore boréale
ou coule comme les cerises du temps
cueillies par les obscurs voyageurs de ton sang
qui mousse le long de tes hanches
vagues fraîches
sur des lèvres qui brûlent au passage la mer et ses îles

Entourez de vos mains le corps fragile des vents
Les vents de l’erreur et du sang s’enflent dans nos corps
comme un poème de sel
et le réséda du ciel s’anémie près des miroirs
car il se voit grandir comme un torrent
car il se voit osciller sur son support osseux
trop semblable à l’angoisse d’un fauve
car il se sent il se sent la bouche et les oreilles d’un dieu
d’un dieu salubre et fort balayant le matin les germes spontanés
des mains lasses
Qui donc ici malgré la nacre des oranges
ose contempler du plus profond des siècles
le cheval serein oublieux des cratères où naquit l’orgueil de
sa race
qui nous conduit au petit jour
porteur de nénuphars et semeur de colliers
Reflet de la peau si douce qu’on voudrait s’y mirer
oiseau des lumières ne l’emporte pas
Les graines humides sifflent dans leurs retraites
et les ombres fanées se cachent sous la mousse
Souffle ô corne un azur sombre et verbal
Le printemps est malade d’un cerisier nouveau
d’un cerisier plein de fruits miroitants
où sombrent les cils de porcelaine
comme un regard dans un jet d’eau
Assise flamberge assis vents
La mer se décolore et le rouge domine
Le rouge de mon CŒUR est le vent de ses îles
le vent qui m’enveloppe comme un insecte
le vent qui me salue de loin
le vent qui écoute le bruit de ses pas décroître sur mon ombre
si pâle qu’on dirait un poisson volant

As-tu senti les cheveux se dénouer comme les aiguilles d’une
pendule
et le souffle des pierres s’atténuer de crainte que les mains
ne les remarquent
As-tu senti la sève jaillir hors des arbres de paille
et se répandant sur les fleuves
les couvrir de canards
Les canards des astres ne sont pas ceux de ma sœur
car ma sœur est noire comme une huître
et de sa voix sortent des taupes
et les taupes de ma sœur gardent leur secret

Les corbeilles et les raisins se rencontreront sur une route
bleue
Du choc jaillira la grande mamelle
qui recouvre les horizons flétris
et ce sera justice
Si la justice naît de la rencontre des raisins et d’une corbeille
les tuiles caresseront les sages noyés dans le ciment
et les vagues refuseront de traverser la mer
Encore une heure et les squelettes se balanceront à la corde
des marées
à condition que les vitres perdent leur éclat
à condition que les vieillards se cachent sous les herbes
escargots des pendules

Si l’amour naît de la projection d’une groseille dans le bec
d’un cygne
j’aime
car le cygne de mon sang a mangé toutes les groseilles du
monde
car le monde n’est que groseilles
et les groseilles du monde jaillissent de ses yeux
comme le sel des arbres
comme l’eau des mains sonores
et comme les caresses des mouches de neige
nageant le soir sur les cheveux défaits qui les implorent
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(p246)
"Quant au "Roi de la pédale", c'est, comme son titre l'indique, un film prétendument sportif, d'une admirable imbécilité.
[...]
Il est vrai que ces messieurs, auteur et metteur en scène, s'en moquent:
c'est pour le peuple et le peuple avale tout, croient-ils. Et l'essentiel n'est-il pas qu'on donne leur film dans beaucoup de salles à la fois pour qu'ils gagnent beaucoup d'argent? A nos camarades, il revient de faire à de telles insanités de propagande bourgeoise l'accueil qu'il mérite.
L'Humanité, 14 novembre 1925"
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Hymne des anciens combattants patriotes

Regardez, comme je suis beau

J’ai chassé la taupe dans les Ardennes

pêché la sardine sur la côte belge

Je suis un ancien combattant



Si la Marne se jette dans la Seine

c’est parce que j’ai gagné la Marne

S’il y a du vin en Champagne

c’est parce que j’y ai pissé



J’ai jeté ma crosse en l’air

mais les tauben m’ont craché sur la gueule

c’est comme ça que j’ai été décoré

Vive la république

J’ai reçu des pattes de lapin dans le cul

j’ai été aveuglé par des crottes de bique

asphyxié par le fumier de mon cheval

alors on m’a donné la croix d’honneur

Mais maintenant je ne suis plus militaire

les grenades me pètent au nez

et les citrons éclatent dans ma main

Et pourtant je suis un ancien combattant

Pour rappeler mon ruban

je me suis peint le nez en rouge

et j’ai du persil dans le nez

pour la croix de guerre

Je suis un ancien combattant

regardez comme je suis beau
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Benjamin Péret
Voyage de découverte



Il était seul
dans le bras du seul-seul
Un seul à la seule
il seulait
Ça fait deux seuls
deux seuls dans un bas-seul

Un bas-seul ne dure pas longtemps
mais c’est assez quand on est seul
dans le bas du seul-seul
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Vie de l'assassin Foch

Un jour d'une mare de purin une bulle monta
et creva
A l'odeur le père reconnut
Ce sera un fameux assassin
Morveux crasseux le cloporte grandit
et commença à parler de Revanche
Revanche de quoi Du fumier paternel
ou de la vache qui fit le fumier
A six ans il pétait dans un clairon
A huit ans deux crottes galonnaient ses manches
Un jour d'une mare de purin une bulle monta
A dix ans il commandait aux poux de sa tête
et les démangeaisons faisaient dire à ses parents
Il a du génie
A quinze ans un âne le violait
et ça faisait un beau couple
Il en naquit une paire de bottes avec des éperons
dans laquelle il disparut comme une chaussette sale
...
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Une femme charmante qui pleurait
habillée de noir et de gris
m'a jeté par la fenêtre du ciel
Ah que la chute était grande ce jour où mourut le cuivre
Longtemps la tête pleine de becs d'oiseaux multiformes
j'errai alentour des suaires
et j'attendais devant les gares
qu'arrive le corbillard qui en fait sept fois le tour
Parfois une femme au regard courbe
m'offrait son sein ferme comme une pomme
Alors j'étais pendant des jours et des jours
sans revoir la nuit et ses poissons
Alors j'allais par les champs bordés de jambes de femme
cueillir la neige el les liquides odorants
dont j'oignais mes oreilles
afin de percevoir le bruit que font les mésanges en mourant
Parfois aussi une vague de feuilles et de fruits
déferlait sur mon échine
me faisait soupirer
après l’indispensable vinaigre
Et je courais et je courais à la recherche de la pierre folle
que garde une jambe céleste
Un jour pourtant plein d’une brumeuse passion
je longeais un arbre abattu par le parfum d’une femme rousse
Mes yeux me précédaient dans cet océan tordu
comme le fer par la flamme
et écartaient les sabres emmêlés
J'aurais pu forcer la porte
enroulée autour d’un nuage voluptueux
mais lassé des Parques et autres Pénélopes
je courbai mon front couvert de mousses sanglantes
et cachai mes mains sous le silence d’une allée
Alors vint une femme charmante
habillée de noir et de gris
qui me dit
Pour l’amour des meurtres
tais-toi
Et emporté par le courant
j'ai traversé des contrées sans lumière et sans voix
où je tombais sans le secours de la pesanteur
où la vie était l'illusion de la croissance
jusqu’au jour éclairé par un soleil de nacre
où je m'assis sur un banc de sel
attendant le coup de poignard définitif
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Benjamin Péret
C’est la pureté primitive de l’âme humaine que Charlot a tenté de nous restituer dans ces films. Tous les sentiments du prétendu “sauvage”, tel que le “civilisé” l’a vu pour la première fois, nous sont dépeints avec une acuité qui montre la puissance de l’imagination de Charlot. C’est pourquoi malgré le réalisme apparent, ses films ressortent plus encore de la poésie que de la psychologie, mais j’entends de la vraie poésie comme elle était, comme elle a toujours été, et non pas de cet insipide fine fleur de l’esprit humain »

- L’Humanité du 25/10/1925
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Ma queue dans le sucre fait un fameux biscuit
Lèche le sucre ma fille le foutre sera meilleur
et ne te donnera pas le diabète
Le diabète niche chez les vieillards
dont la bite aplatie cale les vieilles serrures
Celle de ton père ne tente même plus les chiens
parce qu’on y lit adieu
et lorsque sa langue ne pourra plus atteindre ton bouton
et que ses mains tremblantes ne pourront plus serrer tes fesses
coupe cette vieille pine momifiée
et enterre-la dans un pot de géranium
où tu écriras ci-gît.
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Tes pieds sont loin
je les ai vus la dernière fois
sur le dos d’un cheval-jument
qui était mou qui était mou
trop mou pour être honnête
trop honnête pour être vrai

Le cheval le plus vrai
n'est jeune qu’un moment
mais toi
toi je te retrouve
dans les rues du ciel
dans les pattes des homards
dans les inventions sauvages
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Regardez comme je suis beau
J'ai chassé la taupe dans les Ardennes
péché la sardine sur la côte belge
Je suis un ancien combattant

Si la Marne se jette dans la Seine
c'est parce que j'ai gagné la Marne
S'il y a du vin en Champagne
c'est parce que j'y ai pissé

J'ai jeté ma crosse en l'air
mais les tauben m'ont craché sur la gueule
c'est comme ça que j'ai été décoré
Vive la république

J'ai reçu des pattes de lapin dans le cul
j'ai été aveuglé par crottes de bique
asphyxié par le fumier de mon cheval
alors on m'a donné la croix d'honneur

Mais maintenant je ne suis plus militaire
les grenades me pètent au nez
et les citrons éclatent dans ma main
Et pourtant je suis un ancien combattant

Pour rappeler mon ruban
je me suis peint le nez en rouge
et j'ai du persil dans le nez
pour la croix de guerre

Je suis un ancien combattant
regardez comme je suis beau
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La danseuse ouvre ses ciseaux
et tu vois s’envoler l’oiseau du photographe
il est blanc rouge noir bleu
et sa fierté empêche les ciseaux de se refermer
Il se compare à un noeud de marin
à une queue de paon
Il agite aimablement la tête
de haut en bas
de bas en haut
Qu’est-ce
La pine de Godmichel qui se frotte au con de Spermine
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Ma tête de papier de verre frottant tant et plus sur une coupe de cristal
faite à ton image d'oiseau qu’un sanglier empêche de prendre son premier vol
est pleine de l’embrun de tes yeux semblables à deux orange. qu'on ne cueillera jamais
tes yeux qui sont peut-être une pierre éclatée comme un arbre foudroyé
tout pareil au petit cœur que j'ai dans ma poche
contre un poêle plus rouge qu’un zeppelin qui brûle
semblable à l'éclosion d'une fleur d'agave
qui serait un drapeau rouge
plus déchiré qu'une chevelure dans le vent
qui voudrait te caresser comme un oiseau à peine né
et si bleu qu'on dirait une feuille morte qui reverdit
si brillant qu‘on dirait un pain à cacheter dans une baignoire
où tu n'apparais pas plus qu‘une feuille de nénuphar au fond des bois
pas plus qu’une fraise des bois dans une chambre à air
pas plus que ma vie au tournant de la rue
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Si tu nages ta queue sera ton gouvernail
et te mènera tout droit au bout du monde
d’où tu reviendras lorsqu’elle sera devenue un cigare allumé
fumant et chaud
que chacune voudra fumer
Ne les laisse pas faire
Le foutre qui s’en va ne revient jamais
et celle qui l’avale demain te rongera les couilles
Bande vieux chenapan bande à tour de bras
et mets ta queue où tu veux
Les cons les plus roses ne sont pas ceux qui chantent le mieux
quand on y fourre une pine
Choisis-en un frais et doux comme un puits sous les pins
et prononce pin avec l’accent anglais
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Vous sentez vos cheveux pousser et vous concluez que nous approchons de l'équinoxe du printemps Ce serait peut-être vrai ailleurs mais ici les clowns sont des banquiers et des évêques qui ont la peau dure et les souvenirs amers
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