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EAN : 9782845752405
30 pages
Editeur Bibliothèque des Introuvables, 2006 (07/01/2006)
4.33/5   3 notes
Résumé :
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La cataracte vous regarde…


La cataracte vous regarde belle de bouteille
la cataracte gronde parce que vous êtes belle
bouteille
parce que vous lui souriez et qu’elle regrette d’être cataracte
parce que le ciel est vêtu pauvrement
à cause de vous dont la nudité reflète des miroirs
vous dont le regard tue les vents malades
Mon amie ma fièvre et mes veines
je vous attends dans le cercle le plus caché des pierres
et malgré la lance du dramatique navire
vous serez près de moi qui ne suis qu’un point noir
Et je vous attends avec le sel des spectres
dans les reflets des eaux volages
dans les malheurs des acacias
dans le silence des fentes
précieuses entre toutes parce qu’elles vous ont souri
comme sourient les nuages aux miracles
comme sourient les liquides aux enfants
comme sourient les traits aux points
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De la corne du sommeil aux yeux révulsés des soupirs
il y a place pour une cornemuse bleue
d’où jaillit le son fatal du réséda fleuri
Réséda réséda si tu fleuris c’est au quartz que tu le dois
car il a mis dans tes racines une poudre de sang et de cervelle
qui poivre te caresse les yeux
Il a mis aussi sa caresse marine sur la face inférieure de tes
pétales
et l’eau pure de sa tête dans tes mains
Réséda réséda
lorsque le jour des blanches cambrées sera venu
tu sentiras ta tête s’incliner comme un soleil sans épaisseur
et le sang de tes veines se répandra sur les étoiles
qui te répondront
Réséda réséda
tes mouvements rebelles aux caresses du vent
qui passe près de toi comme une minute usée
comme une minute liquide
dont les inutiles regards se perdent dans les puits
où tu voudrais vivre souple et pâle comme un cheveu de
source
Oiseaux oiseaux de mes oreilles
envolez-vous
Envolez-vous comme un courant d’air
vers le spectre de sel où gémissent vos plumes
Telle plume qui gémit n’attend que la pluie fine pour vous
retrouver
Telle plume qui pâlit sera verte demain
si l’ouragan lui dévoile son destin
Et telle plume qui disparaît comme un A B C D
se retrouve au printemps sur la tête des cieux
car les cieux sont faits de vos plumes
mes oreilles
et la mort de celles-ci est la mort de vos cieux
Gouttes de sang gouttes d’eau du plus ancien bijou des
femmes
La poudre s’ennuyait dans le désert des mains
dont le superflu s’épanche sur des gorges pâles
issues du miroir que nul ne découvrit
car il part et revient comme une feuille
car il est bleu
car il est rouge
suivant que ton regard se fixe ou s’égare comme un drapeau
suivant que ta voix éclate comme une aurore boréale
ou coule comme les cerises du temps
cueillies par les obscurs voyageurs de ton sang
qui mousse le long de tes hanches
vagues fraîches
sur des lèvres qui brûlent au passage la mer et ses îles

Entourez de vos mains le corps fragile des vents
Les vents de l’erreur et du sang s’enflent dans nos corps
comme un poème de sel
et le réséda du ciel s’anémie près des miroirs
car il se voit grandir comme un torrent
car il se voit osciller sur son support osseux
trop semblable à l’angoisse d’un fauve
car il se sent il se sent la bouche et les oreilles d’un dieu
d’un dieu salubre et fort balayant le matin les germes spontanés
des mains lasses
Qui donc ici malgré la nacre des oranges
ose contempler du plus profond des siècles
le cheval serein oublieux des cratères où naquit l’orgueil de
sa race
qui nous conduit au petit jour
porteur de nénuphars et semeur de colliers
Reflet de la peau si douce qu’on voudrait s’y mirer
oiseau des lumières ne l’emporte pas
Les graines humides sifflent dans leurs retraites
et les ombres fanées se cachent sous la mousse
Souffle ô corne un azur sombre et verbal
Le printemps est malade d’un cerisier nouveau
d’un cerisier plein de fruits miroitants
où sombrent les cils de porcelaine
comme un regard dans un jet d’eau
Assise flamberge assis vents
La mer se décolore et le rouge domine
Le rouge de mon CŒUR est le vent de ses îles
le vent qui m’enveloppe comme un insecte
le vent qui me salue de loin
le vent qui écoute le bruit de ses pas décroître sur mon ombre
si pâle qu’on dirait un poisson volant

As-tu senti les cheveux se dénouer comme les aiguilles d’une
pendule
et le souffle des pierres s’atténuer de crainte que les mains
ne les remarquent
As-tu senti la sève jaillir hors des arbres de paille
et se répandant sur les fleuves
les couvrir de canards
Les canards des astres ne sont pas ceux de ma sœur
car ma sœur est noire comme une huître
et de sa voix sortent des taupes
et les taupes de ma sœur gardent leur secret

Les corbeilles et les raisins se rencontreront sur une route
bleue
Du choc jaillira la grande mamelle
qui recouvre les horizons flétris
et ce sera justice
Si la justice naît de la rencontre des raisins et d’une corbeille
les tuiles caresseront les sages noyés dans le ciment
et les vagues refuseront de traverser la mer
Encore une heure et les squelettes se balanceront à la corde
des marées
à condition que les vitres perdent leur éclat
à condition que les vieillards se cachent sous les herbes
escargots des pendules

Si l’amour naît de la projection d’une groseille dans le bec
d’un cygne
j’aime
car le cygne de mon sang a mangé toutes les groseilles du
monde
car le monde n’est que groseilles
et les groseilles du monde jaillissent de ses yeux
comme le sel des arbres
comme l’eau des mains sonores
et comme les caresses des mouches de neige
nageant le soir sur les cheveux défaits qui les implorent
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Extrait 6

Si l’amour naît de la projection d’une groseille dans le bec
d’un cygne
j’aime
car le cygne de mon sang a mangé toutes les groseilles du
monde
car le monde n’est que groseilles
et les groseilles du monde jaillissent de ses yeux
comme le sel des arbres
comme l’eau des mains sonores
et comme les caresses des mouches de neige
nageant le soir sur les cheveux défaits qui les implorent
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A garder précieusement

Ainsi va la vie

Le souffle de la dormeuse gonfle les voiles de la barque
où les naufragés reprennent espoir
à la cadence des baisers qui l’emportent
étincelante des regards d’envie
des passants enfermés dans leur valise
Non qu’elle dorme sous l’armure rouillée braillant des chants
d’averse
ou prisonnière des bas de soie qui multiplient les mots latins
Non compagne née des champs de seins ondulant sous le
plumage qu’ils couvent
au jour naissant qui les favorise d’un clignement d’yeux
à peine plus chargé d’envols que celui s’échappant d’entre
les roseaux
noirs de soupirs satinés par l’ombre
elle laisse
par le double drapeau de ses lèvres insurgées
échapper le cri triomphant du rubis jaillissant de sa gangue
et refusant la sujétion humiliante des coucous
commères consultant leur espion
pour vérifier la démarche tortueuse du facteur
dont le fantôme égaré ne porte plus que des spectres de lettres
prononce le mot brisant de gai cristal
ouvert à tous les vents
et repousse les horizons d’horizon en horizon
de galop en marée
pour qu’elle se dresse
équinoxe des équinoxes
dans les filons bouillants que les flammes les plus hautes
peuvent seules rafraîchir

Inutile d’écouter le murmure indistinct des chevelures
roulant sur de blancs tremblements de terre
On sait qu’à midi le soleil soupirant
se suicidera d’un nuage tourbillonnant entre des cils
pour renaître sur la passerelle tendue
de la prairie sillonnée du vol des libellules
au sourd battement qui se précipite
d’une poire ivre de baisers à bascule faisant éclore des jardins
à mourir d’attente

Inutile d’afficher les mains au mur de graffiti entassés
si loin des lumières qui devraient jaillir des doigts
pour s’assembler en gerbes à balayer les églises
tombeaux des yeux

Je les veux grands ouverts et distillant les soifs insatiables
des forêts pétrifiées
avec des cris d’aube à genêts pétillants d’oiseaux
lointaines et profondes eaux de ciel sans autres ombres que le
vol d’insectes deviné
appelant les immersions folles
et si longues que le jour polaire se dissout en nuit tropicale
où les papillons géants volent des seins aux flancs
imperceptible et lourde caresse de soupirs
se balançant sur le flux et le reflux des reins
et surtout perdus à tout jamais dans les multitudes de bêtes
majeures
qui chassent les monstres excommuniants
acharnés à les étouffer sous les édredons des orgues vêtues
d’araignées

La bouche de réveille-matin appellera les éruptions dans les
clos fleuris
et les torrents de lave s’élevant des housses poussiéreuses
qu’elles régénèrent et vivifient
jusqu’à leur accorder une seconde de feu d’artifice
projetant au fond des tiroirs des haleines de cristaux tintant
une charge
à savourer entre les plaintes des tubéreuses et les rires des
cailloux illuminés

L’obscure voie lactée que hantent les étincelles noires et
velues des puits de mine
s’écoule
limitée par l’infini
et bat d’une aile onctueuse
le lac laiteux que rident des mots d’eau-de-vie
hypnotisant les larmes des fées guettées par les hiboux
pour qu’elles ceignent le couloir des aveux
d’une explosion de regards de cascade enchantée de sa chute

L’orange tranchée en parties égales
laisse circuler une foule de somnambules
dans le col ouvert entre la caresse d’acier
qui dresse un doigt vaincu d’avance
et le baiser en tourbillon qui projette de lourdes étoiles
sur la plage où le vent de terre soulève des dunes aussitôt
résorbées
par l’oiseau de feu délirant du poignard qui le transperce
au point d’exulter à la vue de son sang fuyant à travers les
steppes
sans se douter que la prochaine blessure libérera d’inutiles
poursuivants

Femme vêtue de ronces dont les épines s’amollissent au plus
léger contact
femme aux yeux de mangues mûres
qui dissolvent en se dissolvant
les champs de mines qui nous entourent
femme aux bras d’aurore provocante et de nuit à pistolet
aux bras d’âtre en liesse
Femme au lit de barricade bruissante de poings dressés
femme aux mains de rayons de soleil et d’éclairs foudroyants
femme
toi
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Le printemps est malade d'un cerisier nouveau…


Le printemps est malade d'un cerisier nouveau
d'un cerisier plein de fruits miroitants
où sombrent les cils de porcelaine
comme un regard dans un jet d'eau

Assise flamberge assis vents
La mer se décolore et le rouge domine
Le rouge de mon cœur est le vent de ses îles
le vent qui m'enveloppe comme un insecte
le vent qui me salue de loin
le vent qui écoute le bruit de ses pas décroître sur mon ombre
si pâle qu'on dirait un poisson volant
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Vidéo de Benjamin Péret
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : Benjamin Péret, _Le déshonneur des poètes,_ précédé de _La parole est à Péret,_ Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1965, 38 p., « Liberté n°23 ».
#BenjaminPéret #LittératureFrançaise #Surréalisme #AprèsGuerre
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