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Critiques de Beppe Fenoglio (20)
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Le mauvais sort

La Malora- son titre en italien- est une longue nouvelle ou un court roman, comme on voudra. Comme le reste de l'oeuvre de Beppe Fenoglio, La Malora parle de la belle région des Langhe, ces collines de terres et de bois, parfois couronnées d'un petit château ou d'une grande ferme, qui entourent la ville d'Alba.



Terre de chasse, de vin, mais aussi terre âpre, dure à cultiver, avec tous ces reliefs, ces torrents, ces parcelles éparses entrecoupées de bosquets sauvages.



Agostino vient de San Benedetto, c'est le cadet d'une famille de trois garçons. Deux filles , déjà , sont mortes. de misère, de faim, d'épuisement. De phtisie, la redoutable "tisia" , grande pourvoyeuse de jeunes morts. L'aîné, Stefano, une brute, revenu de l'armée, travaille sans conviction la terre sous les ordres d'un père tyrannique qui ne fera pas de vieux os, à force de se tuer à la tâche. Le second, Emilio, fragile et doux, est envoyé au séminaire d'Alba. Une bouche en moins à nourrir. Mais ceux qui croient que les prêtres du séminaire engraissent comme des chapons se trompent: Emilio y dépérit d'une faim sournoise, lente, permanente qui ruine bientôt sa santé.



Reste Agostino, le plus jeune, narrateur bouleversant de cette sobre histoire de malheur, de pauvreté et de guigne, qu'il raconte avec une simplicité désarmante, sans aucun attendrissement, sur un ton de résignation fataliste qui sonne le vrai.



Agostino n'a pas dix huit ans, il va "servire" comme on dit en italien , autrement dit être une sorte d'esclave rural dans une ferme dont le" padrone" n'est même pas son propre patron, puisqu'il a, lui aussi un maître qui lui fait subir ce que lui fait subir à ses valets, à Agostino entre autres, pour un salaire dérisoire, un mauvais "pagliotto"et une pitance chiche, maigre et qui lui laisse le ventre creux.



Sans révolte, sans commentaire, Agostino, donc, raconte, son travail, osant parfois quelques impressions personnelles, vite mises en veilleuse par les "terribles pépins de la réalité" qui le ramènent à l'essentiel: survivre, durer, revenir chez soi.



Des oasis parfois: un repas de noces ou d'enterrement - le temps de savourer de bonnes choses-, un jour de marché- le temps de poser la bêche- , un bain de rivière avec un autre serf de dix huit ans- le temps d'oser rêver d'une autre vie -, une envie d'aimer et d'être aimé - le temps d'y croire.



Mais toujours comme une glu la Malora revient vous dire que vous n'êtes qu'un misérable et que tout ça n'est pas pour vous.



Reste un magnifique portrait de "garzone", de valet de ferme, Agostino, auquel on s'attache avec tendresse et qu'on a envie de protéger. Comme le font les seuls êtres empathiques et tendres de cet âpre récit, des femmes , exclusivement : la "madre", la " padrona" et la "servente".



Trois anges tutélaires: des femmes houspillées, exploitées, insultées, mais qui , dans ce monde de mâles brutaux, endurcis, violents, ont su garder leur humanité et dispensent dans ce désert relationnel, leur généreuse pitié.





Une très belle lecture, faite en V.O.











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Una questione privata

J'ai retrouvé mes chères collines des Langhe.. .mais tout embourbées dans un printemps pluvieux, avec des brumes froides, des bosquets inhospitaliers, un brouillard à couper au couteau, des villages morts ou sous pression, et surtout des groupes armés qui les quadrillent, les hantent, les prennent, les perdent, les minent - les Noirs , fascistes , les Rouges, garibaldiens ,  les Bleus, badogliens-   tout en s'y  livrant , (Rouges et Bleus contre Noirs),    une guérilla sans merci.  On échange un fasciste contre un rouge,  marché furtif des prises de guerre qui est une course contre la montre car on exécute les prisonniers à l'arrache, pour ne pas s'en encombrer dans cette guerre de mouvements et de positions toujours remises en jeu,   qui oppose les "partigiani " aux irréductibles milices fascistes, de 44 à 45.



"En finir avec la résistance" , c'était l'objectif initial de Beppe Fenoglio, avec Una questione privata.



 Fenoglio  avait d'abord prévu d'écrire "un romanzo grosso" sur le sujet, avant de produire cette longue nouvelle ou ce bref roman, comme on voudra qui se voulait aussi une sorte de conclusion romanesque à une oeuvre essentiellement centrée sur la résistance agitée des Langhe, la région collineuse d'Alba. Une derniere fois, il voulait évoquer sa vie de "partigiano" ,  ses souvenirs, sa vision épique et décalée du maquis albais,  avant de se tourner vers autre chose et de décoller définitivement l'étiquette d'écrivain partisan qui collait à son oeuvre.



Mais , de même que le "romanzo grosso" n'a jamais vu le jour, Una Questione privata , si elle clôt bien l' oeuvre "résistante"de Fenoglio,  échappe à toute tradition du récit réaliste,  épique et historique, sur fond de guerre civile,  et met en avant, comme l'indique son titre, un farouche individualisme.



Une question privée.



Milton, jeune et fougueux " badogliano" est l'ami indéfectible du blond  Giorgio , tous deux aiment la belle Fulvia. Auquel des deux a-t-elle donné  la préférence? Futile et juvénile  triangle amoureux, question prétexte?  Pas du tout!



 Avec une grande originalité,  Fenoglio centre tout le récit sur Milton:  Giorgio a disparu, enlevé par les fascistes et Fulvia a quitté les collines pour Turin mais sa maison albaise, entrevue lors d'une patrouille,  réveille chez Milton ,  dès les premières lignes,  un furieux désir de tirer au clair cet imbroglio amical et amoureux , en posant cette "question privée " qui fera la lumière sur la vérité,  au seul intéressé capable d'y répondre.



 Il faut donc mettre la main sur Giorgio, et vite, avant que les Noirs ne le collent au mur. Milton-un nom de guerre révélateur!- se lance dans une quête,  une course effrénée contre la mort. Celle de Giorgio, mais peut-être pas seulement.



Comme L'Évadé  de Vian auquel il m'a fait penser, comme un Dormeur du Val qui  se serait shooté aux amphétamines avant de trouver le repos dans ce" petit val qui mousse de rayons", Una questione privata est une ode vibrante, allègre, toujours en marche-sans la moindre allusion à qui vous savez- à la fougue de la jeunesse, à sa généreuse folie qui se rit des dangers. De la mort. Et de la guerre qui les conjugue si bien ensemble.



Car la guerre est omniprésente dans cette question privée.



Sauf qu'elle n'est plus l'arriere-plan  qui "crédibilise" la trame romanesque , dans la pure tradition du récit guerrier : le parti-pris de focalisation interne permet au contraire de dégager son essence, de percer son secret. Avec Milton, son oeil, son âge,  sa fougue, son obsession, on est "into the cut " comme disent les anglo-saxons, into the cut of war. Comme Fabrice à Waterloo,  ou Pin, petit Gavroche italien,  au milieu des partisans chez Calvino .



Sauf que le roman s'interdit de sortir de cette focalisation, à l'exception notoire et remarquable de l'avant-dernier chapitre tout entier consacré à l'exécution sommaire et punitive par les fascistes de deux gamins innocents,  qui éclairera de sa lumière sombre  la course tragique du dernier chapitre.



 Sauf que les scènes, hachées, pleines de notations visuelles et de dialogues d'un naturel confondant, si elles sont vues par Milton,   ne sont presque jamais l'occasion d'une introspection.



Pas le temps. Pas la tête à ça. 



La question n'est pas là. Là n'est pas la question.



Proche, et en même temps très différent du Sentier des nids d'araignée de Calvino ou de la Casa in collina de Pavese, Una Questione privata est tout à fait en décalage avec le récit de guerre traditionnel, même s'il ne parle que de cela.



Bien plus qu'une conclusion sur la résistance , qu'une "fin" à tous les sens du mot, cet étonnant récit,  tellement moderne et novateur, et tellement maîtrisé,  est un moyen pour accéder à  l'intemporelle essence de la guerre, ce divertissement dangereux , ce détonnant cocktail dont s'etourdissent , à en mourir parfois,   la jeunesse et l'amour.



 Une merveille, de la première à la dernière ligne.

Lu en V.O.
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Les vingt-trois jours de la ville d'Albe

Vingt-trois jours et quatorze nouvelles.



Quatorze nouvelles avec les mêmes points communs: la ville d'Albe, la région des Langhe, et la guerre sur les collines - la guerre des partisans, badogliani et garibaldini, les bleus et les rouges, unis dans le même effort désespéré: bouter hors de leurs villages et de leurs (petites) montagnes les « repubblicani », ces fascistes qui leur ont repris, après 23 jours seulement d'occupation triomphale, la ville d'Albe et qui les traquent de colline en colline, sans répit, quand ce ne sont pas les Allemands qui les déciment en expédition punitive…



Beppe Fenoglio est un partisan, mais il parle de sa guérilla avec une lucidité âpre et critique, une ironie désenchantée, un humanisme amer qui n'a rien de ...partisan, justement.



Quatorze nouvelles, quatorze tranches de vie terribles, quatorze éclairages - intimes, cruels- sur la condition humaine, sur l'homo bellator, l'homme en guerre. Avec ses fiertés et ses peurs, ses remords et ses regrets, sa solitude profonde et sa quête naïve de fraternité, ses pulsions de mort et son instinct de vie.



Ce sont ces jeunes partisans de quinze ans qui se réveillent en fanfare et partent pour une expédition dangereuse comme on va à la fête, pleins d'insouciance avec tant de hâte qu’ils prennent les raccourcis pour aller plus vite à la catastrophe.



C'est le vieux Blister, un peu filou, un peu voleur, si sûr qu'on ne peut se passer ni de sa gouaille, ni de son expérience qu’il ne doute pas un instant de la mansuétude de ses vieux copains bien décidés à juger sévèrement sa conduite...



C’est un tout jeune étudiant pas très sûr de sa vocation tardive de guerillero qui s’est choisi un nom de guerre magnifique mais sans lendemain..



C’est un jeune prisonnier qui attend son exécution auprès d’un vieux briscard plus aguerri qui fait, à toutes brides, son éducation : celle, implacable, de la solitude et de l’indifférence du monde.



C’est ce jeune « garibaldino » , caché des Allemands qui raflent méthodiquement les bois et les collines pour tuer les derniers partisans, qui s’enferme dans un caveau sans savoir si c’est la bonne cachette ou un piège effroyable.



Ce sont aussi des silhouettes moins engagées : un usurier, un amoureux trahi, un apprenti maffieux, une mère ulcérée, une fille d’une autre époque, un candidat au suicide qui ne se réadaptent pas à la vie nouvelle, après la période sans foi ni loi de la guerre, et traînent leur nostalgie, leur désespoir, leurs remords…ou leur pistolet sans emploi…



Mais ce qui fait l’unité du recueil, plus encore que les thèmes ou la tonalité critique, c’est l’étonnante alacrité du style : non-conformiste, vif, pudique, elliptique. Incroyablement moderne.



Jamais Fenoglio ne s’abandonne à de longues introspections : il s’en tient toujours aux gestes, aux détails matériels, au factuel…et pourtant tout est dit, l’émotion est atteinte, le nerf est touché. On sourit parfois, on rit rarement mais c’est l’empathie surtout qui nous étreint le cœur, même pour les plus sombres crapules –Ettore va au travail ou Vieux Blister sont à ce titre deux nouvelles particulièrement bouleversantes.



De Beppe Fenoglio, j’avais déjà lu , il y a bien longtemps , La guerre sur les collines, que j’avais trouvé extraordinaire, rompant complètement avec les codes du « récit de guerre ». Les vingt-trois jours de la ville d’Albe est un recueil tout aussi étonnant et attachant.



Un romancier original ne fait pas forcément un bon nouvelliste – et l’inverse est également vrai : Maupassant est, pour moi du moins, un assez piètre romancier, mais ses nouvelles sont ciselées, vivantes, légères- parfaites. Fenoglio réussit la double performance d’être excellent et original dans ces deux formes, si différentes !



Plus encore : pour moi, après cette lecture, je mets Fenoglio dans le panthéon des nouvellistes de choc, avec Maupassant, bien sûr, mais aussi Kazakov, Cortàzar, Buzzati et Carson Mc Cullers. Excusez du peu !



Cet écrivain rare dont Calvino disait qu’il était l’auteur « le plus solitaire » de sa génération, romancier d’un style nouveau et nouvelliste plein de verve romanesque, vaut absolument d’être découvert- ou relu.



Je viens d’ailleurs de me racheter La guerre sur les collines – autrefois emprunté et rendu à un ami d’Albe qui y tenait comme à la prunelle de ses yeux : relire Fenoglio est presque encore plus délicieux que le découvrir, c’est un plaisir anticipé, on le savoure deux fois !



Comme Pavese, lui aussi originaire des Langhe et qui a si mal supporté d’en être séparé, Fenoglio fait revivre dans ces nouvelles et dans son roman ces petites collines surmontées d’églises ou de châteaux de brique, couvertes de bois et de vignes, le paradis des chasseurs et des maquisards…



Si cette critique ô combien …partisane, avait le mérite de vous donner l’envie de lire tout ce qu’on peut encore trouver de Fenoglio, je serais la plus heureuse des chroniqueuses !



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Le printemps du guerrier

Un étudiant en littérature anglaise originaire du Piémont, surnommé Johnny, est mobilisé en 1943 et suit l’instruction des élèves officiers à Moana, à mi-chemin entre Turin et Rome, avant d’être affecté avec son bataillon à Rome, au milieu de cette année cruciale, 1943.



Au sein d’une armée royale italienne sinistre et misérable, au bout du rouleau, alors que l’issue de la guerre ne fait d’ores et déjà plus aucun doute pour les soldats, l’instruction, menée par des sous-officiers bornés, est bestiale, insupportable, tout autant qu’inutile.



«Il fallait marcher encadré et chanter à gorge déployée derrière un commandant déséquilibré, entouré de subalternes serviles et idiots.»



Le titre original du roman, «Primavera di Bellezza», fragment de l’hymne fasciste Giovinezza (Jeunesse), dénonce déjà l’absurdité de cette guerre, le gâchis humain, en même temps que l’hypocrisie de la propagande fasciste. Beppe Fenoglio (1922-1963), lui-même engagé dans la résistance contre les fascistes en 1944, nous dépeint ici cette armée italienne en guenilles, bien loin de l’image glorieuse des militaires de 1940, troupe sous-alimentée, souffrant de dysenterie, une armée en débandade dans laquelle tous sont antifascistes à de rares exceptions, prenant les fascistes pour des bouffons sadiques ou pour des criminels.



«Sur le terrain de sport, et presque uniquement là, se manifestait le chef du bataillon d’instruction, le commandant Di Leva signor Augusto. Cigarette au coin de la bouche, badine à la main pour frotter ou fouetter ses bottes jaunes, malingre mais électrique, des yeux saillants dans une petite figure vicieuse, sur sa poitrine gris-vert le rouge distinctif, impudemment incongru, de l’ordre du Saint-Sépulcre.»



«Le printemps du guerrier», une des rares œuvres publiées du vivant de l’auteur, en 1959, est, on l’aura compris, un réquisitoire violent contre le fascisme et la guerre, avec comme un lointain écho du roman de Dalton Trumbo. Émaillé de descriptions somptueuses et romantiques de la nature, du désœuvrement et du questionnement existentiel de Johnny, qui tente d’échapper à son sort malheureux en fumant et en regardant au loin, c’est surtout une galerie de portraits phénoménale, un grand roman dans lequel les assemblages de mots viennent surprendre le lecteur au détour de chaque page, caisse de résonance de cette absurdité.

On comprend donc les mots d’Italo Calvino : «Ce fut le plus solitaire de tous qui réussit à écrire le roman dont nous avions tous rêvé».



«Johnny reçut sur la joue une goutte énorme, colossale, absurde. Le soleil brillait encore mais avec des rayons sulfureux, pourris, et dans cet éventail la pluie subite édifia une diagonale palissadique. Un murmure d’incrédulité et d’appréhension monta de la terre vers le ciel et des centaines de corps frémirent sur l’herbe. Johnny vit le commandant se contorsionner, hésiter entre plusieurs solutions car le ciel était vertigineusement changeant. De larges gouttes s’écrasaient sur la saharienne de Girardi en y faisant des taches démesurées. C’était le plus violent et le plus traître orage d’été que les garçons aient jamais vu, les gouttes géantes atterrissaient sur la peau et sur l’étoffe comme des crapauds sautant à pieds joints. Il y eut un piétinement général, le ciel était devenu violet, le fleuve de zinc, jusqu’au disque du soleil qui paraissait poisseux et sur la terre le commandant Borgna, plus noir que toute cette noirceur, gesticulait et blasphémait comme un fou. Des centaines d’hommes étaient en déroute, en direction des fermes, loin de la campagne nue, terrifiante.»

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Les vingt-trois jours de la ville d'Albe

Aucun écrivain n'avait fourni sur la Resistenza des faits et des traits aussi impitoyables et cruels, ni ne l'avait jamais représentée dans sa plus dure réalité humaine et historique, l'interprétant comme une révolte de quelques uns destinés par la suite à la désadaptation civile.



Fenoglio cherche à pénétrer au plus profond d'une condition humaine douloureuse et s'attache aux détails par souci de vérité.
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Le printemps du guerrier

Titre italien: "Primavera di Bellezza" extrait de l'hymne fasciste: Giovinezza.



C'est le troisième livre de Beppe Fenoglio et son plus important.

( rappel : l'auteur est mort à 41 ans )

Il se lit comme un roman grâce au talent d'écriture mais c'est bien d'un témoignage de guerre qu'il s'agit;

Tout cet ouvrage dénonce l'effort, de la part de Fenoglio, de restituer à la Résistance toutes ses valeurs morales qui en justifient la continuité.

Il retrace trois moments essentiels de la vie d'un homme de cette génération.

_ L'entraînement dur et absurde

, inacceptable, dans les casernes fascistes où le protagoniste se retrouve , sans le savoir, projeté dans un monde et une ambiance à l'extrême opposés à sa sensibilité.

_ Le 8 septembre, comme date et événement libérateur et prévu, comme conséquence du climat vain et illusoire,

_ Le choix partisan, réalisé à travers une récupération qui ne signifie pas seulement une conquête politique, mais aussi un retour à la terre-mère.



Le personnage de Johnny n'est autre que Beppe, étudiant anglophile, (d'où le surnom) , jeté de force dans un contexte difficile qui le rend perplexe et perdu.

Il possède une conscience concrète et adulte.



Beppe-Johnny vit sa première expérience négative 0 la caserne de Moana, dans le Piemont, puis ,ensuite, près de Rome.

Dans les deux cas, les différences son infimes. Il y rencontre les mêmes personnages qui, continuellement répètent leur misère ,leur découragement dans leur inguérissable morgue.



A la galerie de portraits de la première partie succède la ruine et la débandade de l'armée sans guide et sans chefs. Ils ont été les premiers à quitter l'uniforme ce que l'auteur décrit avec des accents d'extrême amertume.

Le désenchantement se poursuit.



Livre édité par Cambourakis en janvier 2014 .
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Le mauvais sort

Un court roman sur la vie dans les campagnes entre les deux guerres dans la région de Turin (près de la ville d'Albe):

l'extrême misère quotidienne, mais sans misérabilisme et avec beaucoup de chaleur.
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La paie du samedi

Le tragique retour à la norme d’un jeune maquisard italien après la deuxième guerre mondiale.



Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/05/29/note-de-lecture-la-paie-du-samedi-beppe-fenoglio/


Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Le mauvais sort

Bien que très court, la lecture fut un labeur difficile. Non seulement parce que je l'ai lu dans l'italien original (et Fenoglio utilise un vocabulaire que je ne connais pas très bien), mais surtout à cause du ton distant et du contenu très abattu. Vous pouvez le voir comme un document social qui décrit la vie paysanne pauvre dans la région des Langhe du nord de l'Italie, avant la Seconde Guerre mondiale (la période n'est en fait pas claire du tout). Cela commence immédiatement par une mort, et le monologue du jeune Agostino qui s'ensuit est tout sauf excitant. Tout cela rappelait beaucoup les romans paysans naturalistes du début du XXe siècle, à la différence près que Fenoglio l'a écrit en 1954. Je ne sais pas, ça ne m'a pas vraiment plu ; bien que je n'aime pas l'excès d'émotion, ce détachement retenu ne me convient pas non plus.
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L'embuscade

Encore un livre de Fenoglio dans ma bibliothèque...



Livre publié des années après son décès donc pas tout à fait complet mais parfaitement lisible ainsi.



J'aime beaucoup cet auteur italien qui nous livre ici un récit sur l'affrontement des partisans italiens face aux fascistes mussoliniens en 1944. Fenoglio a lui même été partisan durant la guerre.



Avec un style âpre, simple, il nous plonge dans le quotidien de ces résistants. Il possède le don de nous livrer des scènes de vie avec un grand réalisme et une simplicité qu'il doit peut être tirer de ses racines populaires.







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La paie du samedi

J'ai découvert Fenoglio grâce à A. Baricco et son 'Une certaine vision du monde'.



Il cite Fenoglio comme son auteur italien préféré du XXème siècle, devant Italo Calvino, avec un brin de provocation.



La paie du samedi soir est une nouvelle de 150 pages et se lisant d'une traite.



Comme toujours chez Fenoglio, cet ouvrage est au confins de l'autobiographie et du roman. Il traite de la difficile réinsertion dans la vie, notamment professionnelle, d'un jeune résistant italien après la 2ème guerre mondiale.



L'écriture est fluide, âpre, va droit à l'essentiel et m'a procuré énormément de plaisir avec un curieux sentiment de nostalgie, moi qui n'ai absolument pas connu cette époque (je suis né en 1976).



Je ne vois pas trop son équivalent en français, mais par contre, des auteurs américains contemporains de Fenoglio m'ont procuré la même impression, comme John Fante par exemple.



Je recommande fortement ce livre!
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L'herbe brille au soleil et autres nouvelles

Notre feuilletoniste a lu ce recueil de nouvelles du résistant italien, qui nous dit quelque chose de l'expérience que constitue ­l'engagement de l'écrivain dans les mots.




Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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La permission

J'aime beaucoup Fenoglio... que les choses soient claires... Il est d'ailleurs considéré par Baricco comme le plus grand auteur italien de l'après-guerre 40-45.



Ce livre comprend des bouts de romans, des nouvelles. Tout cela a été retrouvé et mis en page bien après son décès survenu bien trop précocement.



Il faut donc mieux déjà connaître son oeuvre pour mieux apprécier ce livre ci. Surtout que Fenoglio l'a truffé de nombreuses expressions anglaises qui, bien souvent, n'ont pas trop leur place dans le texte. Il était féru de cette langue, disant souvent d'ailleurs que ses livres étaient conçus en anglais pour les traduire ensuite en italien!



J'ai apprécié ce livre qui sera plutôt destiné à servir de dessert apprès avoir lu le reste de son oeuvre.
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Una questione privata

Una questione privata a été publié en 1963; un an après la mort de son auteur.



Ici, un seul personnage: le partisan badolien Milton. (de Badoglio)

Milton, revenu sur les lieux qui ont vu naître son amour pour Fulvia, une jeune fille de Turin, apprend qu'elle a une liaison avec son ami Giorgio, lui aussi partisan.

Dès lors, il n'aura de cesse de trouver son ami et la vérité sur sa relation avec Fulvia.

Sa recherche le conduira à accomplir des actes désespérés, à se priver de sommeil, à franchoir des collines noires sous la pluie incessante.



C'est Italo Calvino qui ,en 1971, a rendu le meilleur jugement sur Fenoglio:

"Una questione privata" est construit avec la géométrique tension d'un roman de folie amoureuse et de poursuites chevaleresques comme dans "l'Orlando furioso" et, en même temps, il y a la Résistance, précisément comme elle était, de l'intérieur et de l'extérieur, réelle comme elle a été écrite, conservée pendant tant d'années dans la mémoire fidèle, avec toutes ses valeurs morales aussi fortes qu'implicites, et l'émotion et la rage."

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Le printemps du guerrier

Les romans et les films où il ne se passe rien (ou quasiment) me laissent toujours perplexe. "Justement, me dit-on, il ne se passe rien et c'est ça l'histoire!!" Bon d'accord, mais.... il ne se passe rien. Alors, OK, la galerie de portraits... la débâcle fasciste.... mais on s'ennuie quand même ferme. Honnêtement.
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La permission

"La permission" n'est pas un roman, mais plutôt un ensemble de notes assez élaborées pour constituer par elles-mêmes des pages d'écriture dont l'agencement en une œuvre aboutie n'est pas achevé. Ces briques sont comme du matériau que le maçon aurait stocké en vue d'une construction dont il n'a peut-être pas lui-même une idée précise du parti architectural.



Ce volume préfacé par Italo Calvino comprend deux parties.



Dans la première, Beppe Fenoglio (1922-1963), a rassemblé des conversations tenues dans l'unique café d'un village du Piémont. Pour le lecteur (et peut-être même pour l'auteur) ce sont comme des tesselles brillantes et colorées mais qui ne dessinent pas une fresque dont la composition serait perceptible. On distingue les nuances des divers tons sur la palette sans pouvoir contempler la toile en cours de création. En revanche, le pays des Langhes et ses habitants, nous apparaissent très distinctement au travers de mini-scènes assez hautes en couleur.



La seconde partie, consacrée à la permission d'un soldat, est sensiblement plus élaborée, quoique inachevée. Un permissionnaire rentre au pays avec, en permanence, l'obsession de la mort d'où il revient et où il retournera bientôt ; il est confronté à ceux qui, à l'arrière, suivent les événements militaires sur une carte et les commentent comme s'ils assistaient à une partie d'échecs. Sa réaction impulsive est décrite avec une fougue d’autant plus violente que le ton général du texte est plein de réserve.



Le lecteur qui tiendrait à ce qu'on lui raconte une histoire aboutie pourrait être désappointé par ce recueil. Le roman se cache encore derrière ces feuilles éparses. Il restera toujours en kit.
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Una questione privata-I ventitré giorni della..

Le meilleur jugement sur Beppe Fenoglio a été formulé par son contemporain Italo Calvino.

"Una Questione privata " est construit avec la géométrique tension d'un roman de folie amoureuse et poursuites chevaleresques comme l'Orlando furioso et,en même temps,il y a la Résistance, exactement comme elle était vécue de l'intérieur et de l'extérieur,vraie comme elle a été écrite,conservée à jamais dans les mémoires fidèles et avec toutes les valeurs morales ,plus fortes car plus implicites ,et l'émotion et la colère. C'est un livre de paysages et c'est un livre de figures rapides et toutes vivantes; c'est un livre de paroles précises et vraies."
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La paie du samedi

LA PAIE DU SAMEDI de Beppe Fenoglio



J'ai adoré ce roman pour son écriture efficace, sans fioritures, et son histoire qui rebondit comme une balle. Sur Wikipédia, on apprend que l'auteur n'a pas voulu d'un mariage religieux, puisqu'il se déclarait agnostique, et que son mariage civil a provoqué tout un scandale. Alors, je peux aussi affirmer que l'auteur me plaît également. Dommage qu'il soit mort si jeune, à 40 ans d'un cancer des poumons attribuable à ses excès de cigarettes quand il écrivait...!
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Une affaire personnelle et autres récits

Dans la préface de son propre roman sur la Résistance, Le sentier des nids d’araignée (préface qui n’apparaît pas dans l’édition Folio), le grand Italo Calvino faisait un impressionnant éloge du roman de Fenoglio. Voici ce qu’il en dit, évoquant les écrivains qui comme lui avaient voulu écrire sur la résistance (par exemple Vittorini, et, plus célèbre, Pavese) : « Le livre que notre génération voulait écrire, il existe à présent. Notre travail a trouvé un couronnement et un sens, et c’est seulement maintenant, grâce à Fenoglio, que nous pouvons dire qu’une époque s’est achevée, c’est seulement maintenant que nous pouvons être certains qu’elle a bien existé : celle qui commence avec Le sentier des nids d’araignée et se termine avec Une affaire personnelle. Dans ce dernier livre, ajoute Calvino, on voit « la Résistance comme elle était pour de vrai, de l’intérieur et du dehors, vraie comme elle ne l’avait jamais été écrite, avec toutes les valeurs morales, plus fortes car implicites, et l’émotion, et la rage ».

Le roman de Fenoglio, dont les frères Taviani ont tiré un très beau film, tient-il toutes ces promesses ?

Le début est poignant. Le héros, d’un milieu modeste mais, a rejoint les partisans depuis presque un an. Il retourne au cours d’une mission de reconnaissance dans la belle villa où la jeune fille qu’il aimait le recevait. Elle n’est plus revenue depuis lors mais la gardienne lui ouvre la maison et de ses confidences il croit comprendre que la jeune fille appréciait sa conversation et sa culture, mais était tombée amoureuse de son grand ami, Giorgio, partisan aussi dans la région. Dévasté, il part à sa recherche, et apprend qu’il vient de tomber entre les mains des fascistes. Il n’a plus qu’une seule solution s’il veut connaître la vérité : organiser un échange de prisonniers, ce qui n’est pas une mince affaire dans l’Italie de ces années...

Quelle plus belle introduction pour « décaler » le récit, et rappeler que la guerre est faite d’abord par des jeunes gens, et par des jeunes gens comme les autres, avec leurs passions et leurs souffrances. Fenoglio décrit magnifiquement les paysages ruisselants de boue, la longueur des nuits de veille humides et glacées dans les chalets abandonnés, et, sans jamais s’attarder, les grands dilemmes de la Résistance : faut-il descendre les montagnes et aller « libérer » les petites villes qui semblent de loin si faciles à prendre ? Les communistes s’y risquent, sans trop craindre les représailles si les partisans doivent se replier, puisque ces représailles ne peuvent qu’inciter plus d’Italiens à haïr les fascistes, et que les objectifs idéologiques priment sur tout le reste. Les officiers aguerris des maquis non communistes, moins optimistes quant à l’issue des combats « en ligne » devant l’armée régulière italienne, sont beaucoup plus sceptiques mais se laissent convaincre. et

On a l’impression que dans cette guerre atroce, où les Allemands n’interviennent pas, les deux camps se valent bien. Et c’est au moins le cas pour le traitement des prisonniers. Les fascistes les font condamner à mort ; pour les partisans les exécutent sur-le-champ.

Tout cela est intéressant et vigoureux. Mais le point de vue du roman, centré sur un seul homme et sa quête de Giorgio, la marginalité du héros, qui agit seul, donne le sentiment que semble le conduire à une impasse. Son héros mène une action solitaire qui oblige à une certaine dispersion, et aussi à quitter son point de vue pour permettre de voir ce qui se passe du côté fasciste. La fin, malgré un effort d’écriture désespéré, et un effet « de clôture », est assez bancale. Le roman – posthume – est certes plus abouti que celui de Calvino, mais c’est loin, très loin, du chef d’œuvre qu’il annonçait, et dont il ressentait si fort le besoin pour justifier cette période, et son désir sans doute de passer à autre chose !

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Le mauvais sort

M'a certainement rappelé QUELQUES ARPENTS de Ringuet
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