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Citations de Boris Akounine (143)


C'est absurde, songea Eraste Pétrovitch. Je suis en proie à une hallucination
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ll erra à travers le marché, en prenant soin de ne pas trop s’approcher de la rue Solianka. Il savait qu’au-delà s’étendait le quartier de la Khitrovka, le plus mal famé et le plus dangereux de Moscou. La Soukharevka comptait aussi, bien sûr, son lot d’apaches et de fourlineurs, mais ils n’arrivaient pas à la cheville de ceux de la Khitrovka. Ce qu’on en racontait flanquait vraiment la trouille.
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Or voici en quelle circonstance il l’avait vue.

Il était assis sur un banc avec d’autres zigues comme lui, devant l’épicerie Deriouguine. Tout ça bouffetait en pétunant
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Maintenant, c’est le Prince qui est avec elle. Depuis trois, quatre mois déjà. Et pour le coup, faut le voir crâner et se démener comme un diable. Avant c’était un grinche comme un autre, à présent buter un gonze lui pose pas plus de problème que d’écraser une mouche. Tout ça parce qu’il s’est mis à la colle avec la Mort et qu’il a compris qu’il lui restait guère de temps à piétiner le plancher des vaches. Comme dit le proverbe : à trop courir la mort, on finit par l’attraper. Un surnom, ça se donne pas sans motif, surtout un comme ça.
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— Pardon, monsieur Fandorine, déclara-t-il d’une profonde voix de basse. Il y a là sûrement un malentendu, mais j’ai reçu une dépêche du Département de la police. (Il agita une feuille de papier.) On m’y informe que le général Khrapov, aide de camp de l’empereur, a été assassiné, que... euh... euh... que c’est vous qui l’avez tué... et que l’on doit sur-le-champ s’assurer de votre personne. Ils sont devenus complètement fous, mais un ordre est un ordre...
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— Massa, qui est là ? cria Eraste Pétrovitch en quittant le bureau pour le salon.

Il y découvrit des visiteurs inattendus : le lieutenant-colonel de gendarmerie Bourliaev, chef de la Section de sécurité de Moscou, et avec lui deux messieurs vêtus de manteaux à carreaux, à l’évidence agents de la police secrète.
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Le meurtrier détacha avec dégoût les phalanges du mort crispées sur son poignet, puis il arracha d’un geste nerveux ses moustaches postiches et essuya ses tempes blanches, lesquelles aussitôt devinrent aussi noires que le reste de sa chevelure.
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La lame pénétra droit dans le cœur du général Khrapov, ses sourcils se haussèrent, sa bouche s’arrondit mais ne put articuler un mot. Ses doigts agrippèrent le bras du conseiller d’Etat, et de nouveau la bague en diamant dont on a déjà parlé lança un éclair. Puis la tête du gouverneur bascula en arrière, inerte, et sur son menton se mit à ruisseler un mince filet de sang écarlate.
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Bouche bée, Ivan Fiodorovitch voulut se soulever de son fauteuil, mais le surprenant fonctionnaire avait déjà retiré la main de sous sa veste, et cette main ne brandissait nullement un télégramme mais un court poignard.
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La locomotive poussa un soudain rugissement d’alarme, d’abord prolongé, puis ponctué de brefs coups de sifflet : « Ou-ou-ouh ! Ouh ! Ouh ! Ouh ! »

Les lèvres du dormeur eurent un frémissement inquiet et laissèrent filtrer une plainte assourdie.
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Prologue

Du côté gauche, les fenêtres étaient aveuglées par d’épaisses taies de givre et de neige fondante. Le vent projetait de lourds flocons mous et collants contre les vitres agitées d’une vibration plaintive, il secouait la lourde carcasse du wagon sans jamais perdre espoir de réussir à pousser le train tout entier hors des rails trop glissants et de l’entraîner, roulant tel un grand boudin noir, dans la vaste plaine blanche, par-delà la rivière gelée, par-delà les champs déserts, droit vers la forêt lointaine dont la masse sombre et confuse se dessinait à la jonction du ciel et de la terre.

On pouvait observer tout ce triste paysage par les fenêtres de droite, remarquablement nettes et transparentes quant à elles, mais qu’y avait-il là de bien intéressant à voir ? Rien que la neige, rien que le sifflement de brigand que lançait le vent, rien qu’un ciel bas et sale, en un mot les ténèbres, le froid et la mort.

A l’intérieur, en revanche, dans la voiture-salon ministérielle, c’était épatant : douce pénombre nuée de bleu par la soie azurée d’un abat-jour, crépitement des bûches derrière la porte dorée du poêle, tintement cadencé de la cuillère contre le verre. Un cabinet de travail de taille modeste mais excellemment équipé, avec table de réunion, fauteuils de cuir, carte de l’empire affichée à la cloison, et qui filait à la vitesse de cinquante verstes à l’heure à travers la tourmente de neige, la solitude et l’hostilité d’un petit matin d’hiver.

Dans un des fauteuils, un plaid écossais remonté jusqu’au menton, sommeillait un vieillard au visage mâle et autoritaire. Même en son sommeil, ses sourcils froncés, blanchis par l’âge, lui conféraient un air bourru, un pli sévère s’inscrivait à la commissure de ses lèvres, tandis que ses paupières ridées s’agitaient à chaque instant d’un tressaillement nerveux. Le disque oscillant de lumière que diffusait la lampe tira un instant de l’ombre une main vigoureuse reposant sur un accoudoir d’acajou et arracha un éclat à l’anneau de diamant qui ornait son petit doigt.

Sur la table, juste sous l’abat-jour, s’étageait une pile de journaux. Au sommet : une publication clandestine imprimée à Zurich, La Volonté du peuple, une édition toute fraîche, datée de l’avant-veille. Sur la page ouverte, un article marqué d’un trait furieux de crayon rouge :

UN BOURREAU SOUSTRAIT À SON CHÂTIMENT
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Nicholas avait lu bien des choses intéressantes sur le métro de Moscou, dont les stations, allez savoir pourquoi, ressemblaient à des palais souterrains, mais faire connaissance depuis son sous-sol avec une ville dont il avait tellement entendu parler et sur laquelle il avait tant lu eût été absurde
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Je me disais : voilà comment j’aimerais vivre si je le pouvais. Etre dégagé des soucis matériels, des obligations. Exister seul à seul avec ses pensées. Sans se soucier du regard des autres. Et surtout : ne pas avoir de ces attaches qui rendent faible et peureux.
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A l’exception des fanatiques de tous bords, les croyants et les athées se regardent comme des gens légèrement toqués. On se dit qu’Untel a l’air normal, mais qu’il a une fêlure quelque part et qu’il vaut mieux ne pas y toucher pour éviter tout malaise. On peut parler de tout sauf de Dieu. Mais une chose est sûre : l’une des deux catégories est forcément dérangée. Ou bien Dieu existe, et les athées devront supporter éternellement les tourments de l’enfer, ce que ces imbéciles ne comprennent pas. Ou bien l’enfer et le paradis n’existent pas, auquel cas les croyants ne sont que des clowns qui font des mouvements insensés de croix avec la main et de la gymnastique à genoux.
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En temps de guerre, par principe, on ne saurait se passer de la peine de mort. Moins par esprit de représailles qu’à titre de prévention. La peur du poteau dissuade les soldats du maraudage, et les complices cachés des rouges se gardent de passer ouvertement à l’action.
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La plupart des actions humaines, y compris les plus rebutantes, s’expliquent par la conviction tenace que la vie est d’une valeur inestimable et que la mort – ta mort – est un événement d’une énorme importance. Gravissime erreur. La nature et le monde environnant nous prouvent chaque jour que la vie et la mort sont de la rigolade et qu’elles ne valent guère plus qu’une poignée de kopecks.
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Le sort de chacun se décidait quelque part, on ne savait où, ni par qui, ni sur quels critères, et cela conférait une dimension mystique à l’horreur.
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Comment pouvait-on devenir aveugle au point de perdre la tête pour une poseuse inconstante, frivole et sans cervelle ? Son inconstance, hélas, n’était pas synonyme d’infidélité conjugale. Claire n’avait aucun goût pour les petites intrigues. Son plus grand plaisir, le sens de toute son existence, était non pas de se livrer à l’amour, mais de le provoquer. Et le cinéma se prêtait à merveille à cette folie. Son beau visage sur l’écran affolait les hommes, créant une illusion d’intimité, mais le lien, bien sûr, restait immatériel.
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Cet officier de trente-sept ans, qui avait fait une carrière fulgurante d’abord dans le corps de la Gendarmerie, puis au Département de la Sécurité, était l’un des hommes les plus détestés de Russie. Les révolutionnaires condamnés à la potence grâce à ses efforts se comptaient par dizaines ; ceux expédiés aux travaux forcés, par centaines. À quatre reprises, on avait tenté de l’assassiner, mais le colonel était prudent et adroit.
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Le marché ne se conclut pas , la voiture s'éloigne , et elle demeure désemparée, à piétiner sur place. Je la regarde mieux : elle montre un ventre énorme , enflé à l'extrême. Elle est enceinte , et d'au moins sept mois , sinon davantage. J'ai senti comme un coup au cœur : la voilà , l'occasion , elle te tombe toute seule dans les mains.
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