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Citations de Brigitte Giraud (630)


Je reviens sur la litanie des « si » qui m’a obsédée pendant toutes ses années. Et qui a fait de mon existence une réalité au conditionnel passé.
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Je résume.
La maison, les clés, le garage, ma mère, mon frère, le Japon, Tadao Baba, la semaine de vacances, Hélène, mon service de presse. Ça commençait à faire un sacré bordel.
(page 116)
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Quand aucune catastrophe ne survient, on avance sans se retourner, on fixe la ligne d'horizon, droit devant. Quand un drame surgit, on rebrousse chemin, on revient hanter les lieux, on procède à la reconstitution. On veut comprendre l'origine de chaque geste, chaque décision. On rembobine cent fois. On devient le spécialiste du cause à effet. On traque, on dissèque, on autopsie. On veut tout savoir de la nature humaine, des ressorts intimes et collectifs qui font que ce qui arrive, arrive. Sociologue, flic ou écrivain, on ne sait plus, on délire, on veut comprendre comment on devient un chiffre dans des statistiques, une virgule dans le grand tout. Alors qu'on se croyait unique et immortel.

Page 23, Flammarion.
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Ça commence comme ça. Il est là et sa présence vous gêne. Vous ne l'attendez plus. Vous rentrez le soir et vous allumez le radio. Un baiser distrait après avoir quitté vos chaussures. Le silence tout de suite après. Vous ne savez comment c'est arrivé. Depuis combien de temps. Vous pensiez que ce de ne serait pas possible. Pas lui, pas vous.
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Une route au moment où la planète crève de toutes ces routes qui accélèrent la consommation de gaz carbonique.
(page 19)
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Je découvre aujourd'hui que j'étais heureuse.... Pourquoi on ne sait pas ces choses-là? Pourquoi on ne les mesure pas? Parce qu'on croit que le lendemain sera mieux, on demande plus, on trouve que le présent est minable, comparé à ce qui va arriver. On attend d'aménager dans une nouvelle maison,..., on attend d'être en vacances, on attend d'avoir un deuxième enfant, on attend de publier un livre, ... on attend d'avoir de l'argent pour travailler moins, on attend d'être libre. On a les yeux rivés sur l'avenir... On attend d'être tranquille, ..., on attend demain. A force d'attendre on piétine chaque jour qui passe, on le vit comme un état provisoire, on ne s'installe pas vraiment. On a le cul entre deux chaises, on est sur une rampe de lancement, et déjà on regarde en arrière. On ne veut pas savoir qu'on est heureux. On est superstitieux. Alors on est aveugle, on est distrait, ..., on se plaint,..., on en fait une montagne, on se gâche la vie.... Mais en fait, tout au fond, on boit du petit lait. Aujourd'hui qu'il n'y a plus rien, je sais, je peux dire comme c'était bien.
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Ce soir, Claude est mort.
Je l'aimais.
Ma vie s'arrête et commence en même temps.
Pour éviter de nommer l'événement, je dis "avant" et "à présent."

Ce soir Claude est mort et moi je suis vivante.
Il me quitte sans l'avoir voulu, par inadvertance.
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C'est une histoire ordinaire, celle d'un homme et d'une femme qui ont eu des enfants. [...]
cette histoire-là tu la méprises, elle n'est pas digne de toi, le "grantécrivain".
Tu mérites mieux qu'une famille avec une femme et des enfants, qui t'attendent, qui sont à tes pieds, qui s'adaptent, depuis toujours, à tes absences, tes besoins d'isolement, de liberté, pour te laisser vivre pleinement ton inspiration. Tu mérites mieux qu'une femme qui elle, n'a rien d'original, ni actrice de cinéma ni même journaliste. Une femme assistante sociale, c'est sur, il n'y a pas de quoi grimper aux rideaux. Mais qui t'aime pourtant, tu mérites mieux qu'une femme qui t'aime ?
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"Il faut inventer une raison d'être à chaque journée, ne pas se laisser gagner par le vide."
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Il n’y a rien à comprendre, chacun joue son rôle. Chacun bien à sa place dans la ville, en toute légitimité : le médecin, le notaire, l’instituteur, le pompier, le policier, le bibliothécaire, le banquier, le curé. Ça s’appelle une société.
(page 194)
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En tant qu’enseignante, elle n’avait pas le droit de faire de la politique. Elle ne pouvait que montrer, à défaut de démontrer. Elle essayait de mettre sous leurs yeux ce qui s’y trouvait mais qu’ils ne voyaient pas. En raison de leur jeune âge mais aussi parce que leur vie s’éveillait à des bouleversements bien plus vitaux et exaltants. (page 36)
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Il me plairait de ne pas avoir de corps, de n'avoir ni épaisseur ni apparence.
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Le garage était l’indispensable prolongement de l’appartement, un domaine réservé, dans lequel je n’avais rien à faire, trop nu, trop rêche, trop humide, hostile en somme. Un endroit où je n’avais pas les codes, où je ne savais pas où mettre les pieds sans prendre le risque de me salir, de marcher sur une tache d’huile ou de renverser un bidon. Et puis ça puait.
(page 99)
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Au lieu de rénover, j’avais eu l’impression de défoncer, de saccager, de déclarer la guerre à ce qui me résistait, le plâtre, la pierre, le bois, des matières que je pouvais martyriser sans que personne me jette en prison. C’était ma vengeance minuscule face au destin, mettre des coups de pied dans la tôle d’une porte battante, des coups de cisaille dans une toile de jute crasseuse, casser des vitres en poussant des cris.
(page 14)
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Ce qui est sûr, c’est que l’école, les heures d’école, les sorties d’école, les vacances scolaires, ce rythme horaire quotidien et saisonnier est la base de l’organisation de nos existences, et nous n’y avons pas échappé.
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Il me suffisait donc de patienter à nouveau vingt bonnes minutes au bureau SNCF, un ticket numéroté en main, mais comme j’étais d’excellente humeur, ce n’était pas si grave, de m’asseoir face à conseiller dont je jugeais les gestes trop lents, et dont le profond détachement me semblait une énigme.
(pages 76-77)
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En tant qu'enseignante, elle n'avait pas le droit de faire de politique. Elle ne pouvait que montrer, à défaut de démontrer. Elle essayait de mettre sous leurs yeux ce qui s'y trouvait mais qu'ils ne voyaient pas.
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Ce grand feu rassemblait, grondait et hypnotisait, poursuivait Livio, le feu gagnait, cette fois sans pitié, réduisait toutes les pages, mangeait tous les mots, le feu avalait la pensée, exactement comme l'avaient espéré les nazis, le feu dévorait la science, la connaissance, la littérature, le théâtre, l'idée même de la vie et de sa complexité, et en premières lignes, les œuvres de Freud, de Marx, d'Einstein, de Heine, de Remarque, de Brecht, de Döblin, de Zweig, de Tucholsky, balancées dans les flammes, parce que jugées trop juives, trop communistes, trop pacifistes, trop libérales, trop pulsionnelles, trop décadentes, trop traîtres, trop libres, trop vraies, trop affectées.
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Claude aurait dû être maître de son véhicule, d'après le code de la route. Ce qui est tout le problème, nous y reviendrons plus tard. Puisqu'on ne connaît aucune cause à l'accident, c'est ce que dit le rapport de police. Même s'il paraît obscène que ce qui est considéré comme dangereux pour les Japonais ne le soit pas pour les Français. En vertu de quel traité d'exportation, de quelle balance commerciale, de quels échanges, de quelle mondialisation, de quels critères économiques ?

Page 111, Flammarion.
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Cette journée était ta dernière : tu la vivais sans moi, et pendant ce temps, je souriais. Il te restait six heures à vivre, et moi je ne pensais pas à toi, il te restait cinq heures, je cherchais l’inspiration pour mes dédicaces, il te restait quatre heures, je longeais la Seine en direction de la gare de Lyon, il te restait trois heures, je plaisantais dans la voiture-bar avec un homme qui m’avait prise pour la femme d’un autre. Je n’ai eu aucun signe, rien absolument rien.
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