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Critiques de Bruno Duhamel (411)
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Les brigades du temps, tome 2 : La grande a..

Deuxième partie du diptyque de Kris et Bruno Duhamel, les Brigades du temps, la grande armada débute là où avait terminé la première partie.

La découverte manquée de l’Amérique par Christophe Colomb a des répercussions sur notre propre futur et cause des dégâts dans la station spatio-temporelle qui gère la police du temps, c’est la panique.

Tout repose sur Kallaghan et Montcalm, les deux agents envoyés en 1493 pour rétablir un semblant de ligne temporelle cohérente. Pour l’heure, ils essayent d’empêcher l’invasion de l’Europe par les Aztèques qui préparent une grande armada faite de copies de caravelles espagnoles.

Le problème c’est que les deux agents en questions ne sont pas des plus professionnels. Heureusement, malgré leur évidente incompétence, ils ont, comme souvent dans ce genre d’histoire, une chance insolente. Ce qui ne les empêche pas de commettre bourdes sur bourdes pour notre plus grand plaisir.

Par ce prisme de l’humour et du décalage historique, les auteurs nous présentent quand même une civilisation aztèque historiquement cohérente avec ces rivalités, ces résistances, ces sacrifices humains, ces jeux violents, cette relation aux dieux et aux prêtres, etc. On s’amuse et on apprend. Que demander de plus.

Les deux personnages principaux sont toujours aussi lourdingues, notamment Kallaghan qui ivre se met à chanter un classique des Pogues à des Méso-américains qui n’y comprennent rien heureusement. Un joli moment de bravoure.

L’humour est la principale force du scénario, parce que sinon, suivre réellement l’histoire en elle-même est un peu plus compliquée qu’il n’y paraît. Heureusement, il y a toujours une femme pour tout comprendre !

Les dessins de Duhamel sont toujours autant en phase avec l’intrigue proposée. Semi réalistes avec des tronches savoureuses et des décors très réussis.

Une belle surprise que cette découverte un peu tardive d’une série qui malheureusement n’est plus réédité et qu’il faut dénicher d’occasion.

Une jolie histoire de voyage dans le temps et d’uchronie en cours d’élaboration.
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Les brigades du temps, tome 1 : 1492, à l'Oue..

Une Bande dessinée dans le style Spirou classique des années 1970 et qui raconte les aventures d’agents spatiaux temporels. A première vue, c’est alléchant ! Et à deuxième ?

1492, Christophe Colomb débarque en Amérique sur une des îles des Caraïbes, mais, plutôt que de l’accueillir avec empathie, les autochtones l’assassinent d’une flèche en plein poitrine et se lancent à l’assaut des caravelles. Une seule pourra revenir en Espagne.

Des siècles plus tard, dans la station orbitale qui gère une sorte de police du temps, c’est le branle-bas de combat. Dérivation uchronique de niveau 5. Il faut intervenir non pas pour rétablir la temporalité classique mais pour encadrer cette uchronie naissante et lui faire revenir au plus près de la ligne officielle (la notre, cela va de soit!).

Il faut donc convaincre les rois catholiques (Isabelle et Ferdinand d’Espagne) de relancer une expédition sous les ordres de Pinzon, le second de l’explorateur prématurément décédé.

Pour cela, on envoie un duo improbable d’agents. Un grand musclé, alcoolique, bagarreur et surtout très susceptible et une jeune recrue sorti tout juste de l’académie, enthousiasme mais très naïf. Ce duo de losers va-t-il réussir la mission ?

Une première aventure qui n’est que la première partie d’un diptyque mais qui se lit très bien. Ne cherchez pas de réflexion sur l’histoire, sons sens, sa philosophie ou bien sur les voyages dans le temps, la physique quantique et tout le reste, ici on est juste dans le fun d’aventures temporelles.

Une comédie d’action avec pour éléments principaux de l’intrigue et de l’humour le duo improbable des deux agents, sortes de tuniques bleues du futur ou comment des héros un peu tocards semblent quand même bénis des dieux de la chance (enfin du scénariste Krys !).

Les dessins de Bruno Duhamel que j’avais très apprécié sur son one shot, Fausses pistes, sont en phases totales avec l’histoire. Le style semi réaliste, parfois caricatural souvent humoristique relève des dialogues percutant et souvent très drôles mais aussi des éléments parodiques de BD ou de films célèbres (Titanic par exemple).

Les planches sur la seconde traversée de l’Atlantique sont pour moi révélatrices. Très belles visuellement et de l’humour totalement décalé en plein milieu d’une séance d’action (la lutte contre la tempête) qui aurait pu être plus solennelle.

Un premier tome particulièrement réussi donc, mais qui laisse sur sa fin et le cliffhanger final semble nous concocter une suite (et fin ?) aux petits oignons.
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Les brigades du temps, tome 3 : Il faut sau..

Troisième opus de la série Les brigades du temps, et dernier à ce jour, puisque depuis 10 ans, il n’y a pas eu de nouvelles aventures de nos agents temporels. Les deux premiers tomes formaient un diptyque mais cette fois-ci, Kallaghan et Montcalm vont devoir réparer l’uchronie naissante en un seul épisode et ça décoiffe.

Décembre 1941, les Japonais s’apprêtent à attaquer par surprise la base navale de Pearl Harbor dans l’archipel de Hawaï, au milieu du Pacifique. De cette attaque dépend le sort de la Seconde Guerre mondiale et l’entrée en guerre des Etats-Unis. Donc, disons-le tout net, le sort du monde.

Or, voilà que nos manipulateurs ont choisi ce moment pour modifier profondément l’histoire. Nos deux héros vont devoir rétablir la situation, mais attention à trop vouloir corriger on fait basculer l’histoire de l’autre côté. La bataille de Pearl Harbor doit être une victoire japonaise, mais pas décisive. Or, si les Etats-Unis sont prévenus à temps, ils peuvent l’emporter, mais ils peuvent aussi perdre plus de navires, dont les portes-avions et subirent donc une défaite majeure qui retarderait leur riposte. Jonglons, tout au long de l’album entre ces deux extrêmes, Kallaghan et Montcalm seemblent peu maître de la situation. Heureusement que les femmes sont là pour les aider, voire, pour faire le vrai boulot à leur place.

Cet épisode fourmille d’humour et d’action. Les protagonistes principaux sont toujours à la hauteur de leur mauvaise réputation de bras cassés, même si Kallaghan semblent moins perdu dans le XXe siècle que dans le XVe. Il faut dire que c’est son époque de naissance et il a les refs (comme disent les jeunes) BD ou cinématographiques (Star wars, pages 16 et 17). La malchance ou la chance, c’est selon les poursuit du début à la fin pour notre plus grand bonheur.

Les dessins semi-réalistes de Duhamel sont particulièrement immersifs, dès la première planche et les combats aériens sont incroyablement rendus. Un mélange de suspense et d’humour détonnant. Les passages dans la station du futur sont à mon avis un peu moins bons, mais le retour sur le pont des portes-avions provoquent toujours un choc visuel à couper le souffle (pages 24 à 27, par exemple).

Une troisième épisode qui fait regretter l’arrêt de cette série qui aurait pu devenir un classique de la BD.
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Jamais

Trousmenil, sa plage, ses falaises et son marché aux poissons... C'est là que se rend très régulièrement Madeleine, une mamie très âgée et aveugle, afin d'y acheter du poisson frais. C'est ici aussi qu'elle rencontre le maire qui, immanquablement, la somme, lui ordonne presque, de quitter sa maison haut perchée sur la falaise et de s'installer à la maison de retraite des Hortensias. Car sa maison risque à tout moment de s'écrouler à cause de l'érosion de la falaise. Mais, Madeleine n'en a que goutte, elle ne quittera pas cette demeure achetée avec feu son mari, disparu en mer il y a de nombreuses années. Qu'importe les menaces du maire, le massif de rosiers qui vient de chuter 50 mètres plus bas ou encore la tempête qui s'annonce...



Sur fond d'écologie, Bruno Duhamel dresse le portrait d'une femme adorable, touchante et drôle. Et même si elle est aveugle, elle n'en voit pas néanmoins le drame qui se joue autour d'elle, à savoir l'érosion naturelle de la mer sur la côte. Sa maison haut perchée risque à tout moment de s'écrouler. Aussi, le maire qui a peur pour ses fesses va tout faire pour la déloger. Sournoisement, évidemment ! Malgré la gravité de certains sujets abordés tels que les catastrophes naturelles, la question de la responsabilité, le réchauffement climatique ou encore la solitude, l'auteur ne manque pas d'humour et de tendresse. Notamment dans ces dialogues virulents, le comportement de Madeleine, petite mamie pimpante et têtue, ou encore les facéties du chat Balthazar. Graphiquement, le trait semi-réaliste et subtil, les visages expressifs ainsi que les couleurs douces apportent fraîcheur et subtilité à cet album doux-amer.

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Le voyage d'Abel

Dans la ferme héritée de ses parents, Abel mène une vie routinière. Une vie qu'il n'a pas vraiment choisi car, ses frères tous partis, il a bien fallu que quelqu'un reste dans la propriété familiale, éloignée du village de Reclesme. Levée aux aurores pour s'occuper de ses chèvres et quelques vaches, puis de la terre. Dans la journée, il se rend au village où là aussi, il a ses habitudes. Un petit morceau de saucisson sec chez la bouchère ambulante qui ressemble tant à sa maman, un petit saut à l'épicerie qui fait office de relais-poste. Aujourd'hui, d'ailleurs, il vient y récupérer un colis. Un guide de voyages qui viendra compléter les nombreux autres bien rangés sur les étagères de sa bibliothèque. Car, depuis toujours, Abel rêve d'un ailleurs et de grandes escapades, d'exotisme et d'océan. Et si les hommes du bar aiment à se moquer de lui en l'appelant "le capitaine", le vieil homme sait, lui, qu'un jour, il partira loin d'ici...



Qu'il est touchant, cet Abel ! Englué dans sa vie, ce vieil homme, célibataire, solitaire, timide et isolé, ne rêve que d'une chose : s'envoler et partir. Mais pas facile lorsqu'on est coincé entre une ferme familiale et des bêtes dont il faut prendre soin. Avec ce premier scénario, Isabelle Sivan nous offre une émouvante histoire. Celle des rêves inassouvis, des regrets qui nous poursuivent, d'une solitude qui ronge, d'un drame qui se joue. Parfaitement séquencé au fil des saisons, cet album, empreint de tendresse et d'émotions, fait montre d'une grande justesse. Graphiquement, Bruno Duhamel nous offre de magnifiques planches d'une grande finesse. Que ce soit la campagne sous les nuages ou sous la neige, les pleines pages qui ouvrent un nouveau chapitre, les cases muettes empreintes de nostalgie ou de drôlerie.
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Fausses pistes



Voilà déjà 15 ans que Franck Paterson Junior, acteur, endosse tous les jours le personnage de Jake "Wild Waith" Johnson devant un public toujours conquis, dans un village du far west reconstitué pour l'occasion. Quinze ans qu'il rejoue toujours la même scène du duel l'opposant à Butch Cassidy. Un rôle qui l'habite tant qu'il se sent être véritablement marshall, d'autant qu'il ne sait rien faire d'autre. Aussi, lorsque le patron le congédie, le jugeant dorénavant trop vieux pour le rôle, il se sent perdu. Le lendemain, il décide de partir en voyage organisé, en bus. Direction la Vallée de la Mort, le Grand Canyon, Monument Valley. Le groupe, pour le moins disparate, fait une première halte sur des terres indiennes. Dès lors, les conversations s'échauffent, notamment lorsqu'un ancien marine remet en cause le soi-disant pacifisme des Indiens. Voilà un voyage qui, d'emblée, s'annonce pas si reposant que ça au final...



Voilà pour le moins un western contemporain original. Puisque le personnage principal n'est pas un vrai marshall mais seulement un acteur, qui vient de se faire virer qui plus est. Aussi, rien de tel qu'un voyage vers des contrées lointaines pour tenter d'oublier le vide qui habite désormais sa vie. Ce voyage va d'ailleurs lui permettre de se découvrir lui-même mais aussi de réaliser combien, parfois, le passé n'est pas toujours celui auquel l'on croit. Autre originalité de la part de Bruno Duhamel : instaurer une ambiance électrique dès le début, faisant monter crescendo la violence au fil des jours, notamment à cause de la présence d'un touriste peu amène. Ce roman graphique surprend ainsi de par la tournure que prennent les événements. Graphiquement, le trait semi-réaliste, en contraste avec la dureté du scénario, peut étonner mais n'en est que plus saisissant. Bruno Duhamel nous offre aussi de très belles planches de paysages sauvages ou arides.



Un vrai faux western qui dézingue !
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Le voyage d'Abel

Quel vieux ronchon, cet Abel ! Mais on l’aime bien quand même.

Abel vit seul dans sa petite ferme où il élève quelques vaches et des chèvres. Paysan, il l’a été par défaut lorsqu’il a dû reprendre la petite exploitation familiale. Son truc à Abel, c’est de voyager. Son obsession, c’est d’imaginer ces voyages lointains qu’il espère bien réaliser un jour. En attendant, il s’évade à travers les guides touristiques. Au village, on se moque d’Abel et de sa marotte. Pourtant, malgré son sale caractère, il nous émeut, ce vieux grognon qui perd ses moyens lorsqu’il achète un bout de saucisson à la jolie charcutière.

Tout en gris et blanc, les dessins sont superbes et les paysages saisissants. Juste quelques taches de couleur lorsqu’on se faufile dans les rêves d’Abel.

La vie à la campagne est très bien croquée, c’est rude et sans concessions. Le temps s’écoule lentement au rythme des saisons. On a de la peine pour le vieil homme qui a des rêves trop vastes pour son coin de campagne.

C’est sobre, avec peu de dialogues, mais l’histoire fonctionne à merveille et on n’a qu’une envie, c’est de s’embarquer avec Abel pour un curieux voyage.

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Le Père Goriot d'Honoré de Balzac, tome 1 (BD)

J’aime Balzac à petites doses. J’ai du mal à accrocher à ses romans, lui préférant souvent ses textes courts. Avec cette BD, j’ai redécouvert Le Père Goriot, lu il y a très longtemps. Fidèle au texte, elle met en lumière l’amour de ce père pour ses deux filles, amour unilatéral malheureusement car s’il en arrive à se ruiner en n’écoutant que son coeur, les deux autres pleurent toujours pour avoir de l’argent, se moquant comme de leurs dernières toilettes de savoir où loge leur père.



J’ai adoré ce premier tome qui met en relief les personnages, les lieux et, surtout, l’ambition démesurée de certains. On y voit déjà le caractère de Vautrin, de Rastignac ou de la mère Vauquer. Voilà un bon moyen de replonger dans l’histoire et de me faire redécouvrir cette superbe étude de moeurs. Nul doute qu’après avoir lu le 2ème tome, cela me donnera envie d’aller lire le texte de Balzac.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Jamais

Jamais !

Jamais Madeleine ne quittera sa petite maison perchée en haut de la falaise. Pour rien au monde, et même si la mer et le vent grignotent son terrain de plus en plus vite (encore merci au réchauffement climatique).



Madeleine est une mamie pêchue et autonome.

Elle passe ses journées chez elle avec son chat et le souvenir de son époux disparu en mer. Elle se balade sur la côte et fait ses courses au marché.

Le maire a beau essayer de la convaincre, rien ne la fera changer d'avis, sûrement pas la promesse d'un bel appartement avec vue sur la mer - Madeleine est aveugle.



Jolie histoire mélancolique et tendre d'une mamie qui a du caractère, qui sait écouter ceux qui lui parlent avec douceur sans la prendre pour une bille.



Cette vieille dame digne et têtue m'en rappelle une autre que je connais, qu'on a réussi à 'déloger', pour son bien, qui a retrouvé une deuxième jeunesse de nonagénaire et qui s'en félicite tous les jours depuis quatre ans. Comme quoi...
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#Nouveau contact

Il a déconné, le Doug.

Le jour où il a posté sur Twister une photo des plus surprenantes, il a très rapidement anticipé le fait que sa vie et celle de ses proches allaient prendre un tournant que je qualifierais, à titre personnel, d'à la con.



Aaaaah, magie d'internet et de ses éclairés et bienveillants utilisateurs toujours prompts à faire de votre vie, somme toute banale, une tartine de merde colossale.

Les médias et leur recherche absolue de buzz instantané ne sont pas en reste niveau connerie ambiante et absolue.

Mais ce qui donne à réfléchir, c'est ce besoin presque viscéral de reconnaissance, fût-elle numérique. Une course aux clics bien plus souvent conflictuelle que salutaire. Se flatter l'égo n'est pas sans risques. Allez donc demander à Doug ce qu'il en pense, désormais...



Le cadre est dépaysant.

Le ton résolument truculent alors qu'il pourrait aisément se parer de noirs atours.

Le graphisme fait le boulot.

Le tout interroge sur son rapport à la toile et son appétence pour une notoriété de carton pâte.

Perso, je viens de compter, ignorant tout danger potentiel, l'ensemble des voitures rouges décapotables, petit sapin parfum yuzu sur rétro central, croisées entre ma boîte aux lettres et ma porte d'entrée, tout en me gavant de BN, parfum rillettes des bois.

N'hésitez pas à liker l'info de première bourre, les amis...



Merci à Babelio et aux éditions Histoire Complète pour ce nouveau contact que je vais m'empresser de décliner.
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#Nouveau contact

Un photographe habitant autour du loch Ness prend tout à fait par hasard une photo montrant une créature improbable.

Grâce à la magie d'internet, sa photo fera le tour du monde et aura des conséquences inattendues.

J'ai adoré cette bande dessinée qui est aussi intelligente qu'hilarante, tout en faisant réfléchir sur nos nouvelles pratiques numériques.

Et si finalement l'homme, aussi avancé soit-il en terme de technologie, n'était pas encore assez intelligent pour accepter l'existence d'autre chose ?





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Jamais

Ne dit-on pas : il ne faut jamais dire jamais ? Ici ce mot est un peu magique. Il est en même temps fort, puissant, déterminé. Il est un cri du cœur, celui d'une vieille dame, depuis sa maison au-dessus de l'océan.

C'est une falaise grignotée par la mer, peu à peu. Nous sommes à Troumesnil, en Normandie. Le maire de la commune, dans un souci de vouloir protéger ses concitoyens, prend ce sujet sérieusement et tente de trouver une solution pour ceux qui sont concernés. Son action est bien accueillie sauf par Madeleine, 95 ans, qui refuse de voir le danger et ne veut pas quitter sa demeure qui se rapproche inexorablement du vide fatal. Ah ! Petite particularité : Madeleine est aveugle de naissance.

J'ai adoré cette BD de Bruno Duhamel, sur fond d'humanisme et d'écologie. Madeleine est à la fois acariâtre, adorable, touchante et drôle. Il y a des scènes émouvantes, d'autres qui font rire. Celles émouvantes, ce sont lorsque Madeleine continue d'imaginer à table au dîner son mari défunt toujours présent. Une scène m'a fait rire, celle où la vieille dame s'approche au plus près de la falaise pour arroser ses fleurs et nous voyons le vide à deux pas d'elle grignotant la terre sous ses pieds.

J'ai adoré ce personnage qui s'élève contre l'ordre public, un côté un peu anar, violente quand on menace son univers, douce quand on l'écoute...

En lisant cette BD, je me suis souvenu de mon enfance, d'un endroit de vacances sur la côte nord du Finistère, à Plouescat. Avec mes parents, nous allions voir cette fameuse maison de granit plantée sur une dune, au bord d'une baie. Chaque année, la mer grignotait vingt mètres de cette dune. C'était une sorte de pèlerinage dominical. Nous n'étions pas les seuls devant ce spectacle. C'était comme si nous venions observer jusqu'où c'était maison était capable de résister à l'assaut inexorable de la nature.

Plus tard, adolescent, je suis revenu un été camper dans les parages avec des copains. Nous allions la nuit avec nos bicyclettes et nos lampes-torches en expédition secrète à l'assaut de la maison mystérieuse qui s'était encore un peu plus rapprochée du vide, tenter de chercher une ouverture improbable, notre imagination nourrissait des hypothèses folles sur la nature des personnages qui pouvaient habiter une telle demeure. Mais celle-ci semblait désormais abandonnée, barricadée de part en part...

Il y a deux ans, je suis revenu sur les lieux, la dune était encore là mais la maison avait disparu, elle avait été démolie...

J'ai adoré ce roman graphique, il y a un chat obèse qui ressemble au mien, un mari absent en compagnie duquel elle dîne et parle tous les jours et qui ressemble à mon Papa, il y a la mer qui ressemble à celle que j'aime contempler une à deux fois par jour, pas plus, cela me suffit, parfois m'y baigner. Il y a le temps qui passe, qui grignote des falaises, des illusions.

Il y a cette vieille dame penchée au bord d'une falaise et je l'aime.
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Jamais

Jamais Madeleine ne quittera sa maison, jamais elle ne renoncera à sa vie avec son chat et à son indépendance et ce, malgré ses 95 ans, sa cécité et le fait que la falaise s'écroule peu à peu et risque d'entraîner sa maison a tout moment.

Jamais elle ne se résoudra à aller vivre dans une maison de retraite malgré la pression constante du maire de son village.

Jamais elle ne leur fera ce plaisir, car ce que Madeleine aime c'est cuisiner du poisson frais péché du jour, s'occuper de ses fleurs, parler à son mari disparu en mer depuis des décennies et nourrir son chat obèse.

Cette mamie au caractère bien trempé est drôle et attachante et cette bande dessinée m'a fait rire de bon coeur.
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Le voyage d'Abel

Quel ravissement ! Je suis tombée d'abord sur les dessins avant de me plonger dedans, car oui, on n’a qu'une envie, faire partie du décor, se fondre dedans tant les paysages sont beaux, faits de bleu, noir et blanc mais paradoxalement si colorés. C'est que monsieur Abel fait de beaux rêves !



Monsieur Abel, ce vieux bougon de fermier, quasi mutique et bien solitaire, n'a qu'un rêve : partir à la découverte du monde, voyager, quitter ce petit lopin de terre où il est prisonnier à vie car il doit maintenir ce qu'il reste de la ferme parentale que ses frères ont délaissée.

Monsieur Abel qui n'a jamais osé faire ou dire les choses qui lui tenaient à coeur.

Peu à peu, on entre en empathie avec ce vieux râleur car si au départ il semblait bien antipathique, on devine sous son aspect refouloir toute l'étendue du poids des convenances et celui des rêves inassouvis. Et puis, on n'aime pas les braves gens qui s'ennuient au village et qui se moquent du rêveur.



C'est une petite histoire toute simple, mais ô combien révélatrice du comportement de tout un chacun qu'il faut essayer de combattre pour ne pas oublier que « le prodigieux spectacle de la vie continue et que tu peux y apporter ta rime »... ou alors, « le plus beau voyage n'est-il pas celui que tu ne feras pas » car ton imagination est bien au-delà de la réalité...



Amis lecteurs, le choix vous appartient et je vous invite grandement à vous pencher sur cette BD autant pour la qualité de son scénario que pour celle de ses dessins.
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Le retour

« Cette histoire est très librement inspirée de l’œuvre accomplie par César Manrique sur l’île de Lanzarote » Cette phrase en introduction de ce roman graphique, a titillé ma curiosité de lectrice.

L’auteur, Bruno Duhamel, nous raconte le projet architectural complètement fou et plutôt visionnaire de Cristobal, librement inspiré de l’artiste César Manrique. De retour sur son île natale, il veut la sauver de la spéculation immobilière qui l’enlaidirait à jamais. Car l’île volcanique est d’une beauté encore préservée et ses habitants vivent de façon traditionnelle.

Nous sommes dans les années 1960 et s’opposer aux élus, investisseurs et hommes d’affaires de tout poil n’est pas une mince affaire. L’écologie et la préservation du littoral ne sont pas encore d’actualité. C’est en faisant appel à ses amis artistes que Cristobal va convaincre les habitants et arrêter la bétonisation de masse. Bien sûr, pour cet artiste mégalo, la tentation est grande de transformer cette ile volcanique aux paysages arides en une œuvre monumentale et nombriliste.

Outre ce récit d’une démarche artistique originale, l’auteur fouille dans l’enfance de l’artiste qui a grandi auprès d’un père alcoolique et il a su nous rendre émouvante cette jeunesse blessée.

Le dessin, réaliste et qui alterne entre sépia, gris et couleur, illustre bien ce projet pharaonique tout en nous faisant découvrir des paysages étonnants.

Au-delà de la fiction d’un destin tragique, c’est tout un questionnement sur le projet artistique et la conservation des paysages qui se pose et c’est passionnant.



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Le voyage d'Abel

Le voyage d'Abel est celui d'un vieux monsieur, un vieux paysan qui garde ses chèvres, trait ses vaches, mais il ne le fait pas par choix. Ses frères sont partis de l'exploitation familiale et il s'est senti le devoir de rester. Lui, il aurait rêvé d'une autre vie, être capitaine d'un bateau, alors il voyage mais uniquement dans sa tête. Il commande des guides touristiques sur des villes, des pays et il se prend à rêver mais il ne s'autorise pas à aller au-delà.

On apprend aussi qu'il a été amoureux de la mère de la vendeuse de charcuterie ambulante mais là non plus il n'a jamais osé lui dire.

Cet album est triste, émouvant et drôle par moment. On ressent les regrets de ce vieux monsieur, Abel qui aurait pu avoir une vie tellement meilleure s'il s'était autorisé à accéder à ses souhaits profonds. Et puis finalement... !!!

Il ne faut jamais renoncer à ses rêves, il faut y croire et ce jusqu'au bout.

Les dessins me plaisent beaucoup, fins, soignés, un peu de couleur, du gris, du blanc, du noir des reflets bleutés et piis du rose, du jaune pour les rêves. C'est extrêmement bien fait. C'est un album qui touche, qui émeut.
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Fausses pistes

Franck Paterson junior joue, pour les touristes, tous les jours, depuis bientôt 15 ans, le rôle d'une légende de l'ouest américain : Jack Wild Waith Johnson, dans un village reconstitué.

Seulement voilà, il a vieilli, il invente ou tente d'inventer des nouveautés qui ne plaisent pas et, petit à petit, n'a plus rien du marshall qu'il est censé être. L'organisateur le met à la porte. Seulement voilà Franck ne sait pas quoi faire, d'ailleurs il ne sait rien faire d'autre.

Il part en autocar faire un voyage organisé dans le Grand Canyon, La Vallée de la Mort et Monument Valley.

Seulement le groupe est loin de répondre aux attentes de Franck.



Vrai faux western ou faux vrai western, cet album est indéniablement d'une rare qualité cherchant, et trouvant, à démontrer qu'en chassant les vieilles habitudes, elles reviennent au galop , du moins dans un premier temps. Il faut dire que les personnages du groupe de touristes sont gratinés et les dialogues réellement proches de la réalité. Le héros, quant à lui est paumé, enfermé qu'il est dans ses habits de marschall de pacotille.

C'est du très bon, que ce soit, comme déjà dit, le scénario en plein dans la réalité, que les dessins, le tout de Bruno Duhamel, faisant de cet album un must incontournable pour les amateurs du genre.

Je conseille.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Le retour

Dessins et couleurs d’une grande beauté. Un pur plaisir pour les yeux. Ça démarre avec l’enquête sur la mort d’un artiste, connu mondialement. Retour arrière quand il revient vivre sur son île natale avec un projet fou. Ici aussi, comme dans « Jamais », il y est question d’écologie. Mais aussi des magouilles des politiques et constructeurs immobiliers et du tourisme sur cette île où le volcan domine et fascine Christobal qui lui ressemble de par son caractère. Un personnage très attachant malgré son caractère despotique. Librement inspiré par César Manrique.
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Le voyage d'Abel

Cinquième roman graphique de Duhamel où je me régale de chaque planche. Craquant le visage d’Abel, surtout quand il est grognon, paysages de neige de quelques traits font rêver. Le tout en noir et blanc et dégradé de bleu. Une histoire à la mode en cette période avec ce vieux célibataire qui a donné sa vie à la ferme tandis qu’il ne rêvait que de voyages.
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Jamais

Madeleine, nonagénaire aveugle, donne visiblement du fil à retordre au maire de Trousmenil.

L’histoire se passe en Normandie, dans un lieu où les falaises s’émiettent dans l’océan à cause du réchauffement climatique. La maison de la vieille dame est perchée au bord du vide à force de perdre du terrain mais Madeleine refuse de quitter ce lieu empli des souvenirs de son mari disparu en mer. Le combat pour l’expulser sera terrible, et c’est un lieutenant des sapeurs-pompiers qui va servir de médiateur.



Les propos sont drôles, et on sourit face à cette grand-mère au caractère bien trempé.

Néanmoins, j’aurais aimé une réflexion plus poussée sur la fin de vie et l’abandon d’une maison pour un EPADH. Il y a aussi le problème écologique de l’érosion des falaises qui n’est là que pour servir le propos de l’expulsion de la veille dame.

Les personnages sont assez caricaturaux mais j’ai bien aimé les couleurs tendres et le rendu des paysages. J’ai trouvé intéressant de placer en fin de volume, les photos et les dessins de recherche sur les planches, ce qui permet de voir comment évolue le dessin.

Un bon moment de lecture



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