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Critiques de Bruno de Stabenrath (63)
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L'ami impossible

Ce témoignage permet une lecture moins journalistique de cet incroyable fait divers. Stabenrath nous fait découvrir un jeune homme de 18 ans, l'un de ses meilleurs potes, confident des premiers amours et compagnon des premiers rallyes. XDL n'a rien d'extraordinaire, il semble davantage suiveur que meneur, discret et bon fils de famille.

Au fil des années, leur relation perdure parfois de loin en loin, mais elle ne s'éteint jamais. Stabenrath raconte leur amitié sans jamais être complice, complaisant ou encore voyeur. Il a souffert, et souffre encore des actes commis mais ne renie pas pour autant les moments passés ensemble.

C'est un beau roman d'amitié.
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L'ami impossible

cc les amis ,ce livre est un roman qui parle d'une affaire qui personnellement me fascine . l'auteur est le meilleur amis de Xavier Dupont de ligonnes et ce livre parle de leurs adolescences et de l'enquête mener par la police et lui même pour essayer de le retrouver . ce livre est super bien écris et il se lis très très bien donc n'hésité pas a le lire . bonne lecture les amis
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L'ami impossible

Bruno et Xavier, c'est l'histoire d'une belle amitié dans la bonne société versaillaise. C'est avec sa genèse que commence le témoignage de l'auteur de « Cavalcade ».

C'est bien évidemment a posteriori, longtemps après avoir appris l'assassinat, un jour d'avril 2011, de cinq membres de la famille Ligonnès (Agnès, l'épouse ; Arthur, Thomas, Anne et Benoît, les enfants) dont Xavier, en fuite, serait le coupable présumé, qu'il a entrepris son écriture.

Au retour du tournage du très oubliable « L'hôtel de la plage », Bruno, 17 ans, rejoint la classe de terminale d'un lycée où il ne connaît personne, ses parents venant d'emménager dans la ville du Roi-Soleil. C'est là qu'a lieu le coup de foudre amical avec Xavier. Nous sommes en 1977.

Les deux adolescents se découvrent des passions communes pour la musique et les States. Avec leurs allures de dandys, ils fréquentent aussi les mêmes cercles : « rallyes mondains et bals du samedi soir ». En quelques dizaines de pages, l'auteur fait le portrait de la génération dorée des décennies 1970-1980.

Mais, alors que Bruno est un « rebelle » à la fibre artistique, Xavier semble sous l'emprise de Violette, sa mère, à l'origine de la création de l'Eglise de Philadelphie, une secte qui prévoyait la fin du monde qui, bien évidemment, ne toucherait pas ses membres, souvent de généreux donateurs... Sa génitrice reçoit de là-haut des MAM (Messages d'Amour et de Miséricorde) et conçoit le futur organigramme du monde d'après avec, dans le rôle de l'élu, son propre fils. Un sacré poids doit alors peser sur les épaules du garçon...

Pourtant, il donne le change. « Il était (…) le jeune homme le plus joyeux, le plus généreux que je connaisse » écrit l'auteur. Il est aussi un incorrigible romantique croyant « en l'idée de la femme unique » avec laquelle il fonderait une grande famille. Mais celle qu'il avait sublimée lui fait faux bond. Puis, celui qui se rêve en entrepreneur rencontre Agnès qu'il épouse finalement après avoir rompu leurs fiançailles pour s'envoler avec une Allemande. Côté business, Xavier a la bougeotte mais la réussite professionnelle ne vient jamais. Tous ses projets, financés avec l'argent d'Agnès, capotent. Le winner est un loser.

Depuis qu'il est marié et père de famille, les rencontres entre les deux amis s'espacent. C'est Xavier qui s'éloigne. Mais qui est de retour en 1996 lorsque Bruno sort tétraplégique d'un accident de voiture. C'est Xavier qui le réconforte alors que lui-même a perdu ses illusions. L'année précédente, l'apocalypse annoncée par Violette n'a pas eu lieu. Xavier perd la foi mais continue à être taraudé par la religion. Plus tard, il constate que sa femme le méprise et apprend qu'elle le trompe avec son meilleur ami. Pas une raison suffisante pour tuer toute sa famille ? En fait, c'est l'accumulation des charges mentales et financières qui ont motivé la mise en œuvre d'un scénario diabolique, la goutte d'eau, selon l'auteur transformé en psychologue, étant la mort du patriarche qui lui lègue le fusil de la mort et le poids de l'héritage familial. Il est désormais l'aîné mâle des Ligonnès alors que tout s'effondre autour de lui.

S'il avait croisé Xavier après la disparition des siens, Bruno de Stabenrath aurait pu lui poser la question suivante : « Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà, de ta jeunesse ?  » (Verlaine).

Celui qui a accompli l'impensable en effaçant les maux pour renouer avec l'innocence et la pureté de la jouvence lui répondra peut-être un jour.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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L'ami impossible

Xavier de Ligonnès est arrivé au lycée de Bruno alors que celui-ci venait de tourner son premier rôle important dans « L’hôtel de la plage » ; il devient très vite son meilleur ami. Ils fréquentent ensemble d’autres jeunes de l’aristocratie versaillaise, tombent amoureux, s’opposent à leurs parents...Le narrateur raconte ainsi la vie dorée de Xavier de Ligonnès, qui s’assombrit avec les ennuis financiers, les mauvais choix, la déception de ne pas être le messie que sa mère, membre éminent d’une secte, lui avait annoncé devenir. Enfin, puisque dans son éducation catholique le suicide est condamné et l’assassin pardonné, Xavier de Ligonnès devient XDDL... La description des meurtres telle que l’écrivain les imagine est particulièrement glaçante. Souhaite-t-il ainsi faire réagir l’ami qu’il pense encore vivant ?

Une biographie intéressante qui raconte la société versaillaise, dont l’auteur s’est détaché non sans une certaine nostalgie, et fait un portrait clair et compréhensible du meurtrier présumé.
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L'ami impossible

Si comme pour moi l'affaire Dupont de Ligonnès a suscité en vous de l'horreur, de l'étonnement et une incompréhension totale, le très bon livre de Bruno de Stabenrath va peut-être vous apporter un début d'éclaircissement.



Je dis bien un début...qui ne changera rien au sentiment d'horreur. L'auteur lui même ne prétend pas expliquer ce que lui même ne peut pas comprendre. Mais il peut nous parler de cet ami connu à l'adolescence, de sa jeunesse, de son milieu, de ses amours, de ses qualités et ses défauts.

Autant d'éléments qui m'ont permis de mieux cerner l'homme et d'entrevoir ce qui aurait pu lui passer par la tête. Tout cela restant hypothétique...

Il y a bien sûr eu des reportages sur l'affaire mais Bruno de Stabenrath, en sa qualité d'ami de jeunesse, apporte un témoignage précis et passionnant.



Il y a tout d'abord un intéressant tableau de la jeunesse aristocratique Versaillaise à laquelle appartiennent les protagonistes. On comprend bien qu'il y a un monde à part...avec des facilités et des privilèges certes mais aussi des attentes et des obligations incontournables.

L'auteur raconte cette jeunesse à travers lui, le livre étant écrit à la première personne, Xavier Dupont de Ligonnès et d'autres gravitent autour de son quotidien. C'est dans cette sphère qu'il rencontrera sa future épouse.



Puis c'est l'âge adulte, les chemins qui se séparent, qui se rejoignent...

Professionnellement, Dupont de Ligonnès semble cumuler les échecs. Personnellement, ce n'est pas simple non plus, entre une mère sous l'emprise d'une sorte de secte religieuse qui l'a entraîné dans son sillon, la déception qui s'en suit, ses amours contrariées. Et ces dettes qui s'accumulent...L'homme n'est pas à la hauteur de ce que son rang et sa lignée attendent de lui. Mais il a de beaux enfants.



Et arrive le drame. L'auteur reconstitue ce dernier très précisément, grâce à l'entourage et les amis communs. Grâce aux traces laissées (sms, lettres, témoignages divers). Passionnant, un peu comme si on basculait dans la lecture d'un thriller.



Et incompréhensible qu'il ait disparu et que le crime reste encore impuni dix ans après.







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Cavalcade

Léopold, surnommé Poisson-Chat, se retrouve tétraplégique après un stupide accident sur la route de Melun. Le rocker en vogue, beau gosse, dragueur impénitent, se retrouve en pénitence et privé de ses plaisirs quotidiens: musique, sexe, fumette, et toute la troupe de ses ami(e)s en orbite (sic) autour de lui. Pourtant, et contrairement à bien d'autres ayant subi la même avanie, Poisson-Chat est bien entouré par frères, sœurs et copines. Une brutale descente aux enfers suivie d'une lente remontée vers la vie, vue au travers des fantasmes typiques d'un quadra de la fin du siècle dernier, passablement nombriliste et loin, très loin des idéaux agitant les générations qui l'ont précédé et celles qui l'ont suivi. Une bonne dose d'humour, certes, mais qui ne compense guère l'ennui que l'on ressent aux prouesses coïto-linguinales de ce dandy des temps modernes…
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L'ami impossible

Le début est un peu long, principalement centré sur la vie de l’auteur. Il faut avancer dans le livre pour commencer à être pris dans l’histoire. Il s’agit du point de vue de l’auteur et ami de XDDL mais son point de vue apporte quelques éléments nouveaux par rapport à l’enquête , notamment sa perception de XDDL et plus précisément sa double personnalité qu’il ne lui connaissait pas alors qu’il était son ami. La fin est poignante car il décrit , selon lui et les faits rapportés, comment le quintuple meurtre s’est déroulé. Enfin le dernier chapitre est une sorte de message adressé à son ami afin qu’il se rende ... très bon livre intéressant, bien écrit ... je l’ai dévoré car passionnée par cette affaire !
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L'ami impossible

Je lis actuellement cet ouvrage ; 100 premières pages : c'est très long !

M. Bruno de Stabenrath développe, avec forts détails et en priorité sa vie

Ces 100 premières pages pouvaient se résumer en 30, car l'objet de ce livre est Dupont de Ligonnès ... Je continue cette lecture, mais déjà, une synthétisation, de leur jeunesse, des relations amicale et familiale, aurait été de bon aloi
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Le châtiment de Narcisse

Un gros roman dont le titre m'avait fort séduite (je suis passionnée de mythologie) et qui commence avec une approche dans la pure lignée fantastique : Hugo, narcissique et bien installé dans la vie nocturne parisienne, croise Echo un soir de beuverie. Elle lui annonce sa mort prochaine.

Nous le suivons donc, de semaine en semaine, jusqu'à la date fatidique de sa disparition, coïncidant avec son mariage.



L'intrigue tourne bien vite en polar où la débauche d'argent et de sexe prennent le devant de la scène, et j'aurais aimé plus de psychologie des personnages. La structure du récit n'aide pas le lecteur à entrevoir la réalité, et l'imaginaire n'est pas assez sollicité. Le mystère de l'histoire d'Hugo aurait pu avoir plus d'ampleur. Certes, on y retrouve les plus bas instincts de l'humanité, comme dans les grandes tragédies grecques : la quête de pouvoir et d'amour, mais je suis restée déçue de la fin.



Je vous joins un lien vers le poème que j'avais écris pour Narcisse :
Lien : http://petitatelierdepoesie...
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Qu'est-ce que tu me chantes ?

Toutes les chansons ne naissent pas par hasard.
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L'ami impossible





L’ami impossible.

Bruno de STABENRATH



Ce livre n’est pas une enquête.

Ce livre est une quête.

Quête de la vérité à travers la rencontre à 17 ans de Bruno et Xavier.

Xavier Dupont de Ligonnès.

Toute la France connait ce nom et l’effroyable drame qui y est associé depuis 2011.

Bruno son ami revient sur leur rencontre donc, puis leur longue amitié, leur rêve commun d’Etats-Unis, leurs amours débutants, leurs fratries, la religion...

Sans jamais juger ni expliquer.

Juste pour faire revivre cet homme et cette amitié.

Car comment accepter que cet ami ait pu se transformer en meurtrier et disparaître ?

Voici 10 ans que cette affaire hors norme est entre les mains de la justice française.

10 ans de traque, de rebondissements sans piste véritable.

Soit cet homme est mort et ne sera jamais retrouvé, soit il s’est exilé loin de la France...

C’est l’intime conviction de son ami Bruno de Stabenrath.



⚰ Un livre très intéressant voire passionnant et à la plume bien personnelle de Stabenrath.

Des éclaircissements et des découvertes sur la personnalité de XDDL.

Mais toujours cette incompréhension...
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Cavalcade

J'ai hésité avant de lire ce livre, les histoires d'handicap me mettent mal à l'aise. Mais poisson Chat est tel le poisson hors de l'eau : subitement devenu tétraplégique il tente de regagner son bocal parisien fait de musique et de femmes en ne se departant jamais de son regard acide et cynique sur le monde qui l'entoure. On rit beaucoup, on s'attriste un peu, un excellent livre.
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Cavalcade

Rire de son malheur pour ne pas en pleurer. Un récit de dandy option "sexe, drogue et rock'n'roll", fauché en pleine force de l'âge mais rempli d'un optimisme qui fait chaud au coeur et devrait servir d'exemple.
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Cavalcade

Juste génial! L'humour grinçant de ce jeune homme, handicapé à la suite d'un accident, est rafraîchissant et donne une sacrée leçon à ceux qui gémissent pour un mal de tête!
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L'ami impossible

Je ne sais pas quoi penser de cette lecture.



La première partie du roman est consacrée aux prémices de leur amitié : on y découvre leur jeunesse dorée à Versailles, leurs familles et leurs traditions et l’on assiste à leurs réflexions de deux jeunes adultes et leurs tâtonnements. C’est riche en détails, trop peut-être, sur un quotidien huppé ( achats de chevalières avec les lingots de la famille, de voitures américaines, vacances à Bréhat ou Pornic…) où tout est superficiel même les histoires d’amour. J’ai poursuivi pour comprendre la genèse de Xavier Dupont de Ligonnès mais finalement, je pense que cela aurait pu être synthétisé.



La seconde partie est dédiée à sa vie de famille, construite avec Agnès. Nous rentrons dans un voyeurisme qui m’a beaucoup dérangé car toute leur vie intime y est dévoilée ( leurs trahisons, leur vie sexuelle, leurs conflits…). Je ne comprends pas l’intérêt de cet « ami » de TOUT dévoiler. Qu’il raconte que le couple allait mal, OK mais tout dire? La pauvre Agnès n’est plus là pour se défendre et Xavier…volatilisé…



L’affaire reste en filigrane sur les dernières pages : on sent que cet ami est perdu. Que même si la présomption d’innocence est toujours valable, il ne comprend pas les choix de Xavier. Il lui dédie ce livre, étant persuadé que de toute façon, il est vivant. Je note toutefois une certaine tendresse lorsqu’il évoque les enfants : ceux-ci sont les plus à plaindre dans cette histoire. Ils n’avaient rien demandé.
Lien : https://cestecrit.com/2022/0..
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L'ami impossible

Un livre surprenant que j'ai lu tardivement et qui m'a touché par la sincérité, le besoin de comprendre, le recul de l'auteur sur un ami de lycée devenu très particulier : Xavier Dupont de Ligonnès.

Un lien d'amitié fort noué entre deux adolescents, qui vont grandir, évoluer, affronter des coups durs. Versailles, des milieux similaires, mais entre les deux hommes, la religion va avoir beaucoup de poids. L'un va s'enfoncer dans une dérive sectaire, l'autre va s'en détacher pour d'une certaine façon, revenir dans ce que la religion peut avoir de beau : compréhension, écoute, non jugement, pardon ?

Je n'avais pas voulu lire ce livre à sa sortie : je craignais un côté voyeur, malaisant. Ce n'est pas le cas et vu le sujet, c'est d'autant plus remarquable.
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L'ami impossible

BdS connaît Xavier de Ligonnès depuis leur adolescence en 1977. Née sur les bancs d’un lycée à Versailles leur amitié est restée profonde et sincère jusqu’à ce que XdL devienne le fugitif le plus rechercher de France après l’assassinat de toute sa famille. BdS dresse un portrait intime de la jeunesse, puis de la vie de famille de cet homme énigmatique. Tous les deux sont issus de familles aristocratiques et catholiques, l’un très bon élève (XdL) a préféré ne pas poursuivre ses études prometteuses pour se lancer directement dans la vie active et les affaires sans réussir, l’autre (BdS) artiste dans l’âme n’a même pas eu son bac mais a réussi dans son domaine. BdS déroule les errances mystiques de son ami sous l’influence néfaste de sa mère, ses déconvenues amoureuses, ses échecs professionnelles, ses dettes qui s’accumulent et qui conduisent à l’irréparable. Il ne se s’agit pas pour BdS de justifier mais tenter de comprendre l’incompréhensible !
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L'ami impossible

Courriel adressé à B. De Stabenrath, qui n'a pas jugé utile de me faire une réponse digne de ce nom, mais passons...





Bonjour Bruno,



Je sais d’expérience que peu de lecteurs écrivent aux auteurs, sauf dans le cas d’auteurs très médiatiques. Aussi ai-je la faiblesse de penser que vous lirez ce qui suit, et que peut-être même vous y répondrez.

Il est bien sûr question ici de votre dernier livre publié : l’Ami impossible.

Je vous connais depuis longtemps, mais sans vous avoir lu jusqu’alors, et c’est donc « l’Affaire » qui m’a mené jusqu’à vous.

J’ai lu pas mal de choses depuis 2011, et dernièrement bien sûr Society (je me demande au passage pourquoi vous n’y avez pas été interviewé ; l’opération aurait été à bénéfice mutuel). J’étais donc plus qu’intéressé par l’idée d’un témoignage de première main, non sur l’acte lui-même mais sur son auteur et ses mystères. Et je n’ai pas été déçu. Seul le premier chapitre m’a paru un peu lourdaud littérairement, mais passons. Dès qu’ensuite vous rentrez dans le vif de votre rencontre avec Xavier (évitons cette quasi marque publicitaire aujourd’hui : XDDL) dans le cadre particulier de votre milieu aristo-versaillais, le récit devient passionnant, et le restera jusqu’à sa conclusion.

Quelques points de détail : je me demande pourquoi tous les noms, horsmis ceux des principaux protagonistes sont maquillés ; jusqu’au lycée Saint-Exupéry devenu le lycée Saint Thomas d’Aquin… Votre livre ambitionne de livrer un témoignage au plus près de la vérité, quel intérêt alors que ces subterfuges ? Prudence juridique ? Vous inventez par contre (c’est du moins ce que je crois…) un personnage, Barthélémy, votre « agent d’information local », ce que je comprends ici tout à fait. Après tant de pages sur votre relation parsonnelle avec Xavier, poursuivre votre récit sur le mode « J’ai vu sur BFM » ou « J’ai découvert dans le Figaro que… » aurait légèrement refroidi le lecteur…

Mais venons-en au principal, cad à mes yeux au mobile des meurtres.

Dans votre livre et dans vos interviews, vous avancez l’idée de « meurtres altruistes ». Sur la foi de votre témoignage personnel, sur celle aussi des écrits laissés sur la toile par Xavier, se dessine pourtant un tableau bien différent.

Xavier a une personnalité fracturée. Fracture culturelle d’abord. Il est issu d’un milieu très conservateur, a le sens de valeurs telles que l’honneur, le devoir, la fidélité… A ce titre, il appartient à l’« ancien monde ». S’y ajoute une éducation religieuse à la frontière du mysticisme. Dans le même temps, il est attiré par le Nouveau Monde, les USA, par sa musique, son cinéma, son esprit d’entreprise… Son drame est de ne pouvoir – jusqu’aux meurtres – choisir entre l’un et l’autre monde. L’abandon par le père, les espoirs mis dans son fils par « Violette », lui interdisent de trancher. Et cela se prolonge avec le mariage, les enfants… Peut-être, comme vous le dites, n’a-t-il pas le courage de partir, de vivre son rêve d’adolescent. A cet égard, Bruno, vous êtes un modèle pour lui. Même si au départ il se croit supérieur à vous comme à tous ceux qui l’entourent, il doit admettre que vous, vous avez eu le courage de vivre votre vie. C’est encore plus vrai après votre accident. Il est impressionné par votre volonté de vous en sortir quand lui patauge toujours davantage dans ses contradictions. Je pense même qu’il est jaloux de vous, surtout après votre livre Cavalcade, et que c’est une des raisons pour lesquelles il marque ses distances avec vous.

Durant toutes ces années, les deux Xavier coexistent en lui. D’un côté, le fils, père et mari irréprochables, et de l’autre le fou d’ailleurs, le mytho/mégalomane inassouvi. Son temps est fracturé comme son cerveau. Voyages aux Etats-Unis et retour au bercail. Puis, pendant de nombreuses années, semaine sur les routes (on the road again…) et week end au bercail. Ce bercail est lui aussi fracturé. Vie de famille dans les étages, et dans la cave l’endroit où Xavier poursuit ses rêves de grand « reset »… Prisonnier de sa vie, il n’a de cesse de vouloir unifier ces deux parts de lui si dissemblables. Il croit longtemps la chose possible. S’il est bien l’Elu, comme le dit sa mère, il aura tout pouvoir bientôt pour dépasser ses contradictions et sortir de son conflit intérieur par le haut. Mais cette promesse tombe à l’eau en 1995 – échec de la résurrection du nouveau pape… Reste la réussite dans les affaires. Le succès sera son sésame. Ne parle-t-on pas du pouvoir libératoire de l’argent ? Mais là aussi c’est un échec. Xavier est bientôt pris à la gorge. Il ne gagne plus rien, il a des dettes, les huissiers menacent… Ses difficultés matérielles ultimes représentent bien plus, à ses yeux, qu’une simple banqueroute financière. Elles signent la fin de sa grande ambition: réunir les deux Xavier. Il va lui falloir désormais choisir.

99,99 % des gens, placés dans cette situation difficile, font le choix d’en parler à leurs proches pour trouver des solutions. Certains autres – lâches ou courageux, c’est selon - abandonnent femme et enfants. Enfin quelques rares choisissent de se suicider.

Xavier, lui, décide de tuer toute sa famille.

La question est pourquoi ?

L’hypothèse du crime altruiste ne tient pas longtemps. Dans certains cas extrêmes, on tue un proche pour lui épargner des souffrances physiques ou morales jugées insupportables. Rien de tel ici. Du côté des familles Ligonnes et Hodanger, on avait de quoi subvenir aux besoins des enfants – déjà grands au demeurant. Ceci est d’autant plus vrai dans un milieu qui cultive les valeurs familiales et l’esprit de clan. Agir sous l’empire de l’impulsion ou de la bêtise, cela existe, mais Xavier est intelligent et ne prend aucune décision sans l’avoir mûrement réfléchie. (En matière de bêtise, je repense à l’histoire de cette ado américaine qui projetait de faire tuer son petit ami - qu’elle voulait quitter - par un tueur à gages, sous le prétexte qu’il ne supporterait pas la rupture…).

Non, comme je l’ai dit plus haut, Xavier a renoncé à la fusion des deux entités qui le constituent. En nietzschéen qui s’ignore ou pas, il veut tuer le Xavier de l’ancien monde et tout ce qu’y s’y rattache. Non au sens figuré, mais pour de vrai. Car Xavier est en réalité un psychopathe.

Naît-on psychopathe ? Le devient-on ? J’imagine que, comme dans le cas des psychoses, il faut pour activer en soi cette inclination un environnement favorable et/ou un événement déclencheur.

Une question : Bruno, avez-vous eu l’impression parfois, au détour d’une phrase, d’un geste, que Xavier n’était peut-être pas celui que vous pensiez ? J’ai l’impression que l’être sensible, sincère, empathique que vous êtes à l’évidence lui prêtez une personnalité et des sentiments qui n’existent que dans votre imagination. L’amitié et l’amour n’ont en réalité, je pense, pas d’existence sensible chez Xavier. Je crois d’ailleurs que c’est une chance pour vous de vous être éloigné de lui dans les dernières années. Le choc des meurtres et la révélation de cet autre visage (en réalité le vrai) de Xavier s’en sont trouvés sans doute atténués chez vous ; grâce aussi j’imagine au travail de mise à distance/en récit que constitue votre livre. Emmanuel Teneur et Michel Rétif n’ont pas eu cette chance. Xavier les a tués eux aussi.

Je n’ai pas connu Xavier, mais je note un certain nombre de caractéristiques dans ses écrits et ses comportements rapportés ici ou là. Aucune autodérision, aucun recul ironique sur lui, sur les autres, sur le monde. Ses propos sont exempts de chaleur humaine, de sentiments vrais. Il raisonne, il argumente – souvent laborieusement -, il juge, mais il paraît ne rien ressentir. Il ne pleure ni sur les autres, ni du reste sur lui-même - condition première pourtant de l’altruisme… - Dans une lettre à Catherine, son ancienne amourette de l’ile de Bréhat, Xavier s’étonne avec candeur de n’être jamais déprimé malgré les difficultés qu’il traverse. Tout est dit.

Il est beau garçon, il a la parole facile, il porte un titre… autant d’atouts objectifs pour séduire. Mais ce handicapé des sens ne peut aller au-delà. Il peine à s’accorder à ses interlocuteurs. Il les impressionne, il les manipule, il les domine éventuellement mais il est impuissant à nouer avec eux une relation intime. D’où ses déboires en affaires, où les décisions se jouent justement sur une fine compréhension des attentes de l’autre. D’où également ses peu de succès féminins. Il n’est « efficace » dans ce domaine que dans son cadre conventionnel, celui dont paradoxalement il voudrait se libérer. Les filles émancipées lui sont étrangères, illisibles… Agnès, celle que vous décrivez comme une « cocotte adultère de province », est à cet égard parfaite pour lui. Il ne peut pas espérer mieux.

Sa famille, humainement, ne comptait pas pour lui. Elle ne représentait qu’un enjeu narcissique, un signe extérieur de statut. Du moment où il décide de supprimer le premier Xavier, celui de la « Cité des hommes », elle n’est plus que le méchant miroir de ses malheurs terrestres ; un boulet.

La façon dont il évoque la mort des siens à plusieurs reprises dans ses écrits est juste stupéfiante de détachement et d’inhumanité. Dans le courriel adressé à Catherine, si Xavier voulait juste lui soutirer (encore) de l’argent, le chantage au suicide suffisait. Ajouter le meurtre de sa famille n’était d’aucune utilité et risquait de lui attirer de gros ennuis. (On se demande d’ailleurs pourquoi Catherine ne s’est pas précipitée à la police pour faire état de cette menace gravissime…). Cela pour dire que quand Xavier parle de tuer femme et enfants, il est juste sincère. Il semble ne pas réaliser qu’il parle d’êtres humains…

Sa famille lui appartient. S’il veut survivre, il doit la sacrifier. Cela rappelle l’histoire de cet homme, prisonnier de rochers dans le Canyon Blue John et qui s’en libère en se coupant le bras avec un canif… Tuer sa famille sera douloureux, mais il doit le faire.

Il le fait donc. Avec une détermination sans faille. Pas de doute que le passage à l’acte aura été favorisé par le conditionnement qu’il subit depuis l’enfance. L’idée d’apocalypse entretenue par sa mère continue de l’habiter, même après 1995. L’apocalypse universelle sera juste remplacée par une apocalyse domestique… dont lui seul sortira vivant !

Sa dernière image connue devant le distributeur montre un visage de warrior, de vainqueur. A ce moment, Xavier n’est plus le raté social, un couillon de cocu. Il est un survivant de l’Apocalypse.

Il est l’Elu.

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L'ami impossible

Avec tous ces mots anglais, pourquoi ne pas avoir fait traduire cet ouvrage?

kick, parking, newsletter, boots, tea dance, magnet, dance floor, flight jacket, dressing, USA, duffle-coat, mobil home...



Un récit narcissique, pas très bien écrit, pas très intéressant.

J'eusse aimé avoir un père comme lui... p.124
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La Malle

Vuitton a longtemps été, simplement, un malletier. Je dis cela parce que Marc Jacobs en a fait une marque de mode, chose qui devrait continuer sous la houlette de Nicolas Ghesquière, récemment désigné pour lui succéder. Bref, un malletier. Qui conçoit et réalise donc des malles - certes, de légende. Jusque là, rien d’extraordinaire, un malletier qui conçoit des malles.



En fait, si, parce que ce qui nous concerne ici sur un blog culture, c’est que Gaston-Louis Vuitton, qui fut certainement un curieux personnage, a durant sa vie fait œuvre de collectionneur d’informations concernant son idée fixe : les malles, oui - forcément. Il rassembla, à la manière d’un documentaliste avisé, coupures de presse, anecdotes, relations avec les clients les plus extravagants… À la façon d’un documentaliste consciencieux aussi, parce que Gaston-Louis n’oubliait pas de noter noms des journaux, dates de publication et de ranger par thème : malles égarées, malles sanglantes - faut-il être passionné !



Tout ceci est actuellement conservé dans les archives de la maison de luxe à Asnières. Et des archives qui dorment, c’est tout de même dommage. Pour s’en saisir, Vuitton a eu la très bonne idée d’inviter onze écrivains fort différents à s’inspirer d’un de ces témoignages pour écrire leur propre histoire de malle.

Sur le principe, j’ai trouvé que c’était là une très bonne idée : il y a toujours quelque chose de passionnant à voir comment des sensibilités artistiques fort différentes les unes des autres traitent un exercice de style.

Et c’est une grande réussite, pour cette raison-même, et puis aussi parce que, comme moi, vous serez peut-être surpris d’apprécier plus que de coutume des écrivains que vous aimez à l’ordinaire modérément - et inversement, c’est la force de ce que peut révéler la commande : un changement dans le mode opératoire de l’écrivain. Il y a aussi ceux que vous n’aimez pas, et qu’ils narrent une histoire de malle ou une autre de leur totale pure invention n’y changera évidemment rien.



Pour ma part, je dois avouer avoir été ravie comme une enfant par deux contributions : celle de David Foenkinos, qui choisit de mettre en scène le célèbre magicien Houdini, défié par Georges Vuitton à la Belle époque, et celle de Yann Moix, échange épistolaire hilarant entre Georges-Gaston Vuitton et Monsieur Prince, qui tente de lui extorquer des malles à l’oeil, pour satisfaire son patron - qui n’est autre que Sacha Guitry.

La nouvelle de Virginie Despentes m’a évidemment plu, même si je n’ai guère été étonnée de la trouver au rayon des malles sanglantes - j’aurais aimé qu’elle choisisse autre chose, mais sans doute valait-il mieux qu’elle reste sur les terrains terribles sur lesquels elle excelle.



Quelques déceptions, incarnées par un teddy bear terriblement prévisible d’Éliette Abécassis, et une Sophie Joconde de Patrick Eudeline que j’ai trouvé un peu ampoulée.



Prenant racine dans des archives que l’on devine incroyablement fournies, mais s’en détachant pour proposer des textes de tout genre, la palette des récits de nos contemporains réécrivant l’histoire de Vuitton par un petit bout de serrure de malle surprend et amuse - quand elle n'effraie pas...
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