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EAN : 9782072866531
528 pages
Gallimard (15/10/2020)
3.91/5   188 notes
Résumé :
"Je t'écris depuis longtemps et je continuerai à le faire car ces mots, mon ami, je les adresse à toi, rien qu'à toi. Ils portent en eux les fulgurances de notre rencontre, l'aventure de notre amitié, la vérité de notre histoire". Bruno de Stabenrath connaît Xavier de Ligonnès depuis 1977. Née sur les bancs d'un lycée à Versailles, leur amitié est restée profonde et sincère. Jusqu'à ce que Xavier de Ligonnès devienne le fugitif le plus recherché de France.
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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Je pense que tout le monde a déjà entendu parler de Xavier de Ligonnés, celui qui est soupçonné d'avoir tué toute sa famille à Nantes avant de se volatiliser dans la nature en avril 2011. Une affaire étrange où le présumé assassin est toujours introuvable, mort ou vivant.

Bruno de Stabenrath , acteur, musicien et écrivain qui l'a connu aux bans d'un collège privé à Versailles dans les années 70, revient sur cette amitié avec celui qu'il appelle "l'ami impossible ". Bruno et Xavier se frayent avec une jeunesse dorée parisienne, Bruno ayant un père colonel et une mère pianiste de jazz, l'autre des parents séparés, un père comte (qui a fuit loin 😄), et une mère fondatrice d'une secte catholique, traditionaliste, radicale, et apocalyptique, "L'Eglise de Philadelphie ". le premier à dix-sept ans, a déjà joué dans un film, s'en fiche du bac et ne pense qu'à jouer au théâtre et au cinéma. L'autre, un drôle de garçon sérieux, le comte de Ligonnès, marquis du Gévaudan, seigneur de Mende, qui connaît par coeur la description des armoiries qui figure sur son blason familial, est sous l'emprise de sa mère et suit la rigueur catho faisant souvent des retraites en famille dans des monastères.
A travers cette amitié Stabenrath décrit tout un milieu et une époque. Son accident qui le laissera tétraplégique soulèvera la question du miracle divin qui ne viendra pas....ni pour lui ni pour de Ligonnés qui l'attend aussi, grâce à sa mère en contact directe avec là-haut 😆! de ce dernier qui est au coeur de ce livre, il en parle sans prétention, nous décrivant dans la première partie avec tendresse un personnage contradictoire "programmé" comme "L'Élu", par sa mère, " Violette l'illuminée ", une femme qui donne la chair de pouls. La seconde partie, où il se détache du personnage de de Ligonnés, devient presque une enquête journalistique sans pourtant perdre son côté littéraire, avec un personnage à la dérive de plus en plus perturbé et pervers.
À vrai dire j'ai acheté ce livre par curiosité. Un personnage de ce genre qui peut décimer sa famille et disparaître dans le monde d'aujourd'hui est une grande source de curiosité. Qu'est-ce-que j'espérais trouver dans ce livre ? Peut-être exorciser le personnage, car chacun de nous porte en soi le Bien et le Mal, qui peuvent ou non se manifester à différents degrés selon les circonstances. Chez de Ligonnés, sa faible constitution, sa difficulté chronique à gagner sa vie et l'influence de son illuminée de mère vont activer le Mal qui le portera à sa perte ("Xavier fait le choix du mal comme moyen d'accéder au salut"). Une curiosité qui finalement m'a donnée l'occasion de rencontrer un très bon écrivain, dont le livre se lit avec grand plaisir.
Exceptionnellement je voudrais rapporter ici la critique de R.L. dans le Monde Des Livres du 16/10/2020, qui a faillit ne pas me faire lire le livre ,
" Stabenrath se raconte (ses débuts d'acteur, ses histoires de filles, l'accident où il a perdu l'usage de ses jambes) et, à l'occasion, son copain surgit dans le champ, le temps d'un dialogue où ils se donnent du « vieux frère ».R. L.".
J'ai bien peur que R.L.a lu ce livre en diagonal, ou pas du tout, car de Ligonnés dans ce livre n'apparaît pas uniquement le temps d'un dialogue, il y est constamment. Stabenrath décrit de près un personnage qu'il a bien connu et donne des informations précises sur l'ampleur des dérives sectaires ou plus concrètement mascarades spirituelles , auxquels s'ajoutant l'incapacité de l'homme à avoir un revenu stable, donc le manque d'Argent constant, vont l'entraîner dans des gros problèmes financiers et de couple qui finalement le déstabilisant complètement le mènera à commettre l'innommable. Bien sûr je serais curieuse de savoir quelle est la part de fiction dans cette histoire racontée dans ses menus détails. Une histoire qui ressemble étrangement à celui de Jean-Claude Romand qui a aussi tué femme, enfants, et parents. Des monstres !

C'est bien écrit, c'est intéressant, un page turner que je conseille.


".....comment arrive-t-il, le matin, le soir, à se regarder dans un miroir sans être horrifié par son visage de meurtrier ?"

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Addictif et bouleversant est le témoignage de Bruno de Stabenrath sur Xavier de Ligonnés et son entourage.

Amis depuis 1977, B2S et X2L ont partagé trente cinq années de complicités, de rêves et de drames, avec notamment un accident qui depuis 1996 handicape l'auteur. Celui-ci, avec un style très cinématographique, nous restitue les épisodes de leurs aventures rythmées par les musiques et les chansons de leurs virées.

Parrain de l'un des fils de Xavier, l'écrivain connaît bien la famille disparue et a partagé plusieurs de ses secrets. Xavier a souffert d'une adolescence éclatée entre un père volage et une mère égarée dans une dérive sectaire puis épousé une femme infidèle qui le trompe avec un « vieil ami ». Représentant de commerce puis créateur d'une start up, X2L n'arrive jamais à financer le train de vie familial et entre en situation de surendettement.

Débute alors la seconde moitié de l'ouvrage (et la disparition de la famille) qui s'appuie non plus sur le vécu de l'auteur mais sur des témoignages de seconde main et sur l'analyse de données récupérées sur les réseaux sociaux.

Hypothèses qui, je l'avoue, m'ont semblé moins convaincantes, car qui peut être certain que des écrits sur un site médical ont vraiment été écrits par l'épouse de X2L et que des questions métaphysiques sur un blog religieux sont réellement celles de X2L ?

L'auteur imagine X2L planqué quelque part dans l'hémisphère sud, poursuivi par le remords ... L'avenir éclairera peut-être les mystères de ce drame familial qui n'a pas fini de faire couler beaucoup d'encre mais « l'ami impossible » restera un témoignage incontournable pour approcher la personnalité de Xavier de Ligonnés.
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« Toi évaporé dans les ténèbres de l'infini, je garde pour moi, jusqu'à mon dernier souffle, les meilleurs de nos souvenirs, attendant que les feux de la mémoire s'éteignent doucement. Il faut donc que je vieillisse avec cette sempiternelle douleur et cette immense question dont on sait qu'il n'y a pas de réponse sur cette terre mais que, sans doute, elle se trouve au ciel, dans les limbes des paradis inachevés. Qu'as-tu fait Xavier ? ».

Emouvantes ces dernières pages qu'adresse l'auteur à son ami Xavier Dupont-de-Ligonnès. J'ai beaucoup aimé ce livre. Il s'en dégage à la fois de la tendresse et tout un questionnement dont émerge une douleur « Vieux frère, comment en es-tu arrivé là ».

Au cours d'une interview accordée par l'auteur à la sortie de son livre et au travers de ses réponses, Bruno de Stabenrath m'avait particulièrement touchée. Stab (pour ses copains) m'était apparu en souffrance, en dualité, ne parvenant pas à faire coïncider l'image de son ami de longue date et l'image de l'homme le plus recherché de France. En suivant, j'avais lu le billet incitatif de Bookycooky, il ne m'en fallait pas plus pour m'offrir ce livre et je ne l'ai pas regretté. A aucun moment, je ne me suis ennuyée et j'ai ainsi pu découvrir un auteur de qualité.

Bruno et Xavier se sont rencontrés dans les années 70, sur les bancs d'un lycée privé catholique de Versailles « Saint-thomas d'Aquin ». Issus tous les deux d'une famille aristocratique que je qualifierais de "fin de règne", Stab nous dresse un portrait intimiste et tendre de cet homme énigmatique qu'est son ami d'enfance, Xavier Dupont de Ligonnès. Il retrace la naissance de cette amitié et la connivence qui s'installe. Passionnés de rock, d'Elvis, rêvant de parcourir la Route 66, la relation s'est très vite révélée prometteuse.

L'auteur nous emporte vers un sympathique retour dans les années 70. Les deux amis prennent vie tous les deux sous nos yeux, affichant la cigarette au bec tout en suivant du regard les filles qui passent. C'est avec un réel plaisir que je me suis glissée entre les deux copains afin d'écouter la musique, me remémorant cette Amérique fantasmée (rien à voir avec celle d'aujourd'hui) parce qu'inaccessible : faire la route 66 en moto. Qu'importe banlieue chic ou banlieue plus modeste de l'est parisien, nos rêves et nos préoccupations étaient les mêmes.

Mais le temps passe, chacun tente de construire sa vie et les responsabilités finissent par user. Les épreuves n'épargnent personne. Bruno aura la force de surmonter l'une de ces épreuves qui vous laissent des traces à vie, celle qui vous diminue physiquement. Mais pour Xavier, petit à petit, le vernis se craquelle. Il faut beaucoup d'humilité face à la vie pour ne pas se mentir, ne pas tricher et il faut être très structuré dans sa tête pour résister à l'endoctrinement d'une mère qui est à la tête d'une secte et qui vous a convaincu que vous étiez un « élu ».

L'écriture est fluide et rend la lecture très agréable. Stab, tout en évoquant avec finesse cette belle amitié, cette relation solide qui les liait, nous restitue discrètement la photographie intime de leur famille respective. Il « déshabille » un milieu familial, social, affectif, pour tenter de mieux cerner l'origine ou les origines de ce drame monstrueux. Ce n'est pas l'histoire d'un fait divers. C'est avant tout l'histoire d'une belle amitié mais aussi d'un jeune homme, lumineux, séducteur, qui ne parvient pas à accepter les règles de la vie d'autant qu'il est sous l'emprise d'une mère toxique qui le décevra, créant ainsi une faille qui n'est pas anodine dans ce drame. L'auteur ne tombe jamais dans le vulgaire, le voyeurisme, il ne juge pas. Petit à petit, tout en racontant cette belle histoire d'amitié, les années qui défilent, les épreuves, les déceptions, les charges de famille, les dettes, le coeur se serre à l'approche du drame. Les derniers chapitres sont poignants, Bruno cherche à retracer les derniers soubresauts de la famille Dupont-de-Ligonnès mais Xavier lui glisse souvent d'entre les mains. Pour lui, son ami est en fuite, caché sous une autre identité, loin, très loin de Nantes. En réalité, l'énigme reste entière !

C'est réellement un livre très bienveillant, attrayant, loin de tout ragot, et qui tente de trouver un chemin parmi les aléas de la vie, un semblant de réponse pour expliquer l'horreur de ce drame.
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C'est l'histoire d'une belle amitié. D'un ami qui cherche à comprendre. L'impensable. Tuer ceux qu'on aime pour les sauver.
Une éducation versaillaise classique, une mère illuminée qui désigne son fils comme l'Élu, un père trop absent, ont-ils fait de Xavier, l'ami affectueux, le père et le mari aimant, un menteur, un voleur, un escroc, un assassin froid et déterminé ?
Nul ne sait.
Pas plus sa famille que son ami Bruno, qui s'interroge et se refuse à l'abandonner.
C'est ce qu'il lui dit dans ce livre poignant. Qu'il aimerait comprendre pourquoi lui, son ami d'enfance, son ami de toujours, une nuit d'avril a tué calmement Agnès, Anne, Arthur, Thomas, Benoit — sa femme et ses enfants chéris.

« Xavier est heureux, convaincu de sa bonne étoile et de son destin. À Speloncato, il est entouré de sa future épouse, de son ami d'enfance et du chanoine Ridolfi, l'homme de confiance de sa mère. Il a vingt et un ans, et le monde lui tend les bras. Des éminences, des soldats du Christ, des fleurs bienveillantes et une visionnaire l'entourent et lui insufflent protection et ambition. Sa vie roule sur des rails. Il est au-dessus du lot, du commun des mortels. Personne ne le sait. Même pas moi, pour qui il n'est qu'un jeune homme comme tant d'autres. Il est l'élu, c'est tout. Et tout se mettra en place au moment venu. »

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Impossible de ne pas se polariser sur la sinistre vie de Xavier de Ligonnès, ce personnage bipolaire à l'histoire qui se dévore comme un polar où j'ai appris l'existence de l'homicide altruiste : « Sauver sa famille en lui offrant la mort ». Dingue !

Rewind…Fan de musique, j'ai rencontré Bruno de Stabenrath, par un bouquin que j'ai kiffé grave : « les destins brisés du Rock », paru en 2006.
Je retrouve BdeS auteur de cette biographie morbide, ami dès l'adolescence pour de vrai avec Xavier Dupont de Ligonnès, l'homme le plus recherché de France en 2011 suite à son uxoricide et ses quatre infanticides. Incroyable !
Je me précipite, voulant clarifier cette affaire que j'avais suivie à l'époque à la télé sans en comprendre les mécanismes. Mon Dieu ! c'est le cas de le dire…

Ce Xavier, s'il est encore vivant aujourd'hui, doit en avoir gros sur la patate bien qu'au départ il en avait déjà lourd sur les épaules, jugez plutôt : Héritier de la grande bourgeoisie française, rigide et corsetée dans le milieu aristo versaillais avec une mère dirigeante d'une secte ésotérique, ultra-catholique, apocalyptique et complotiste. Tout ça !
Rajoutez-y un personnage complexe, introverti mais volubile, charmeur mais pudique, capable de se caler sur l'état d'esprit de son interlocuteur avec un don d'osmose hors du commun affublé d'une vie qui papillonne sans jamais se fixer.
« Xavier n'avait jamais su se situer dans la comédie humaine. Il savait seulement qu'il n'en faisait pas partie. »
Longtemps, sa vie sera dirigée par l'imaginaire pur, la réalité si difficile soit-elle lui apporte son lot de désastres mais qu'importe, il est l'Elu, le numéro 3 du « futur gouvernement mondial » d'après sa mère.
Apocalypse, que de folies en ton nom…

BdeS, tellement proche de ce personnage énigmatique de l'adolescence à la quarantaine brosse une expertise fine et passionnante de leur amitié au travers de ces lignes souvent autobiographiques où Bruno livre également son désarroi lors de cet accident d'automobile qui le laissera tétraplégique le privant d'une carrière d'acteur de cinéma débutée par « l'hôtel de la plage. »
Xavier restera présent pour lui, toujours fidèle malgré les problèmes qui l'assaillent et les démons qui l'habitent.

La trame de ce livre persuade et séduit plus par son côté récit que roman et roman plus qu'enquête, émouvant de sincérité et attachant de franchise. A lire pour découvrir cette famille disparue avec ses failles, ses forces et ses faiblesses et pour faire revivre des sensations musicales distillées en tête de chapitre par BdeS qui n'a pu s'empêcher de faire vibrer le diable de rocker qui est en lui et qui renvoie dans le temps et les émois.
Est-il préférable d'être du côté des prédateurs plutôt que de celui des proies ?

Les 150 dernières pages m'ont aspirées, absorbées, l'amitié profonde de deux jeunesses dorées comme une médaille laisse place à la réalité brute au revers glaçant d'horreur.



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critiques presse (4)
LaPresse
14 décembre 2020
Si les crimes non résolus vous passionnent, l'affaire Dupont de Ligonnès, aussi appelée la tuerie de Nantes, vous est sûrement familière.
Lire la critique sur le site : LaPresse
LeFigaro
10 novembre 2020
L’auteur retrace le récit de son amitié, à 20 ans, avec un autre jeune de la bonne société versaillaise, un certain Xavier Dupont de Ligonnès.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LePoint
10 novembre 2020
L’auteur retrace le récit de son amitié, à 20 ans, avec un autre jeune de la bonne société versaillaise, un certain Xavier Dupont de Ligonnès.
Lire la critique sur le site : LePoint
LePoint
08 octobre 2020
L'écrivain Bruno de Stabenrath connaît le fugitif le plus recherché de France depuis 1977. Il le raconte et enquête dans « L'Ami impossible ».
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Le lieutenant m'explique qu'il travaille en lien avec l'OCRVP, l'Office central pour la répression des violences faites aux personnes, mais que l'antenne de la PJ de Nantes est toujours saisie de l'affaire.

Sur mon bureau, il étale une quinzaine de feuilles A4 récupérées par l'Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l'information et de la communication. Ce sont des documents personnels émanant de Xavier, soit des mails, des lettres et des discussions sur Cité catholique.

(...)

Ils ont été piratés sur les comptes de la famille par la bande des hackers de Nantes, Docteur Justice, mon camarade Barthélemy et ses collègues cyber-enquêteurs, deux mois plus tôt. Une page Facebook au nom de Xavier Dupont de Ligonnès : Enquête et Débat a été créée par un très doué « Christophe La Vérité » qui a collecté un nombre faramineux d'informations. Comme il avait devancé d'une bonne marge les services de la police scientifique et numérique, la police judiciaire de Nantes, vexée, l'a arrêté.

Consultés à Nanterre, les agents de l'OCLCTIC ont sollicité sa collaboration. C'est Chris La Vérité qui a exhumé le passé numérique d'Agnès sur le forum Doctissimo ainsi que l’ultime vidéo de Ligonnès, vivant, quittant l'hôtel de Roquebrune.

En échange, les policiers du Net lui ont fourni les notes secrètes de Xavier, effacées par ce dernier, mais toujours stockées sur le serveur central. Donnant donnant.
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Simon est un sanguin, un bagarreur. Malgré ses allures de fils de bonne famille libanais, il ne faut pas trop le chercher. Il dégaine les poings, les pieds et la tête. Le dernier qui l'a traité d'Arabe en a fait les frais. Simon est à fleur de peau. Il se préoccupe beaucoup de la situation dans son pays. Ca chauffe au 'pays du Cèdre" entre la vallée de la Bekaa et le littoral phénicien. De mauvaises nouvelles lui sont parvenues de Beyrouth. Le garde du corps de son père s'est fait descendre. Plusieurs fois, il a tenté de nous résumer la situation mais je crois qu'à part Baudoin, on a tous décroché. Il avait été sollicité par le professeur d'histoire pour présenter un exposé devant la classe. En cette fin des années 70, nous étions plus focalisés sur l'axe majeur conflictuel Est-Ouest de la guerre froide, soit l'éternelle Amérique capitaliste versus le vilain ours brun d'URSS.
Le monde étant bipolaire, nous étions incapables d'imaginer que ce conflit au Moyen-Orient n'était en rien anecdotique. Et que, dans cette terre du Levant, cercle de feu tangible, ancestral et si convoité ... se mettrait en place la théorie des dominos avec la déstabilisation inéluctable du monde arabe et de ses satellites.

NDL : J'ai une pensée émue pour le peuple libanais en cette période de fêtes!
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Je notai qu'à son annulaire gauche il portait une chevalière gravée d'une couronne avec des armoiries. Son visage était beau, racé, et son sourire doté de dents d'une blancheur immaculée. Avec sa petite mèche rebelle, qui lui barrait le front, il ressemblait à un cousin européen d'Elvis. D'emblée je me suis convaincu que ce garçon et moi aimions la même musique.

En écho synchrone à mon intuition, je vis qu'il avait glissé sous le transparent de son classeur, le « Dixie Flag », le drapeau sudiste des confédérés, appelé aussi le pavillon de Beaupré.

Celui-là même qui flottait sur la scène de l'hôtel International de Las Vegas lorsque Presley entonnait son célèbre medley « An American Trilogy ».

— The king is dead, hein ? ai-je soufflé à mon camarade. Et j'ai pointé mon doigt sur le sticker rouge, bleu et blanc.

— Vive le Roy, vive Elvis ! a-t-il répondu du tac au tac.

— Ouais... Vive Elvis.

On a souri ensemble. Je lui ai tendu la main :

— Bruno...

— Ben oui... Je sais. Ça fait deux semaines qu'on t'appelle tous les matins !

Et il s'est présenté :

— Xavier... Xavier de Ligonnès.
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Nous chérissions les récits épiques de notre enfance, ceux dont l'héroïsme frayait avec la tragédie et les écueils brûlants de l'histoire :
Henri de Bournazel l'homme à la tunique rouge, Charles de Foucauld le mystique du désert, le prince Erick de Swedenborg et son bracelet de vermeil dans la collection « Signe de Piste », et puis les balades orientales du lieutenant Pierre Loti assujetti autant à ses rivages d'opium qu'à sa somptueuse odalisque Aziyadé, et la vie des saints comme le Bienheureux Théophane Vénard, prêtre des missions étrangères, supplicié et martyr au Tonkin...

— Et Elvis aussi ! j’ai ajouté. Et Buddy Holly, Eddie Cochran et Little Richard... A whop Bopa-a-lula... A whop barn boo ! Tutti frutti, oh Rootie, Tutu frutti, woo !

Xavier m'a fait signe « Chut ! ». Sa mère était dans le salon. Puis il est redevenu grave, choisissant avec soin une cigarette blonde dans le paquet.

— Tu crois que Louise aime le rock, la country, la pop ? — Qu'est-ce que tu racontes, zigoto ? Les chants grégoriens tant que t'y es ? Et aussi Yvan Rebroff, les chœurs de l'Armée rouge, et le grand orchestre de Raymond Lefèvre...
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On évalue la force et la puissance d'un amour perdu à la mesure des larmes versées, à l'abîme cruel des nuits blanches et à ce vide abyssal auquel on semble être perpétuellement confronté. C'est aussi la jauge équitable de votre engagement et de votre capacité à vous sacrifier, corps et âme, à une passion. Plus j'ai aimé et plus je vais souffrir.

Sentimental paradoxal. Car la douleur intense qu'inspire cette rupture infligée doit être aussi brûlante et douloureuse que la ferveur des premières fois. Souvenez-vous : premier regard, premier baiser, première nuit ensemble. Rappelez-vous ces débuts enchanteurs lorsque vous êtes tombés amoureux. Là, au contraire, votre cœur bat à l'envers, votre peau est griffée par l'absence. L'envie de vomir ces tendresses et ces affections refoulées puisqu'elles ne reviendront jamais plus. Aux oubliettes, les mots doux et les tendresses de jadis. Vous êtes seul. Rien ni personne ne remplace un amour. On marche, on pleure, on erre, le cœur vide tel un enfant abandonné. Le moral chancelant, la vitalité éteinte, on traîne notre corps de forçat, la cheville attachée à un boulet de solitude. Qui viendra me délivrer ?

page 295
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Vidéo de Bruno de Stabenrath
Bruno de Stabenrath vous présente son ouvrage "La jeunesse du monde : le destin brisé de Gauthier et Vincent Malraux" aux éditions Denoël.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/3002807/bruno-de-stabenrath-la-jeunesse-du-monde-le-destin-brise-de-gauthier-et-vincent-malraux
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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