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Critiques de Camille Espedite (37)
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Utérotopie

L'anorexie à l'ère de la surveillance via les data…ou comment effacer ce corps objet d'une surveillance incessante ?



La collection « un endroit où aller » chez Acte Sud a été créée en 1995 par Hubert Nyssen. Elle offre un lien de rassemblement à des textes de genres divers, souvent inclassables, avec le souci de donner une autorité commune à leurs singularités multiples. C'est dans cette collection que nous trouvons certaines pépites comme Baleine de Paul Gadenne, ou encore les romans de Nancy Huston, ceux d'Anne Bragance, d'Alice Ferney ou encore le livre La grand-mère de Jade de Frédérique Deghelt qui m'avait tant charmée il y a plusieurs années, et aussi le cap des tempêtes de Nina Berberova. Bref, une collection qui me plait beaucoup.

C'est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis tournée vers ce roman, sa collection, son titre et sa couverture, sans oublier quelques citations postées sur Babélio, m'ayant fortement interpellée. Et le moins que l'on puisse dire est que ce court roman « Utérotopie » de Camille Espedite a toute sa place dans cette collection tant ce texte est étrange, coincé entre la science-fiction légère et la satire sociétale baroque et décalée.



Le titre mérite toute notre attention. Il serait un clin d'oeil, un pied de nez en quelque sorte, un détournement de la notion d'hétérotopie développée par Michel Foucault. Cette utopie des ailleurs sans lieu, attrait pour des espaces même si ceux-ci sont sombres ou mortifères : les jardins, les cimetières, les asiles, les maisons closes, les prisons, les maisons de retraite, les musées, les bibliothèques et les bateaux. Alors que le corps, en opposition, serait un lieu absolu d'où naissent précisément toutes les utopies qui permettent de se retourner contre le corps pour le transfigurer et l'effacer. le corps, cible et objet de problématisation, ces espaces permettent de s'en libérer.



Ici, c'est tout l'inverse, tout est centré sur le corps qui est contrôlé, source de milliers de données, toutes archivées, datas compilées, analysées, objets de rapports envoyés à tout un ensemble d'organismes tels que les assurances, les employeurs, la police fédérale, les banques, etc.. La bio-déviance est signalée et punie puis vous suit à la trace. En cela, le roman est légèrement dystopique car l'intelligence artificielle a atteint une acmé que nous ne sommes pas loin de connaitre, certes, mais que nous ne connaissons heureusement pas, du moins pas encore. En France en tout cas.

Dans ce futur pas si lointain, les corps sont constamment contrôlés, ceux des enfants bien sûr pour s'assurer de leur croissance harmonieuse, des adolescents aux comportements potentiellement déviants mais également des adultes, surtout des femmes, afin d'avoir des citoyens minces et sportifs, sans comportements à risque tels que malbouffe, tabac, alcool, sédentarité, addictions aux drogues, stress hormonal. Tout est sous contrôle.



« Sékou a fait fi de ces remontrances pour se focaliser sur ses projets et tenter d'oublier le noir destin que son diagramme génétique anténatal a établi avant même qu'il ne vive : présence de mutation Ly6 sur le gène 9 section H, mutation pathogène propice au développement d'adénocarcinomes gastriques à l'âge adulte (dès quarante ans). La mère aurait dû avorter ; elle ne l'a pas fait, préférant confier sa progéniture à la surveillance rapprochée de la protection maternelle et infantile (…) Protégées par la confidentialité, ces données biométriques ont été partagées selon un protocole strictement encadré : seules les autorités sanitaires, la police fédérale et les plateformes de recrutement y avaient accès. L'éventail des taches auxquelles Sékou aurait pu postuler s'en est trouvé drastiquement restreint ».



Comment contourner Big Brother lorsqu'une personne, comme Sékou, a un capital génétique fragile nécessitant des efforts d'autant plus drastiques (capital génétique lui bloquant l'accès à un certain nombre d'emplois – Impossible de ne pas penser au terrifiant film Bienvenue à Gattaca -) ou lorsque deux adolescentes, deux cousines, souhaitent en toute liberté contrôler à leur guise leur corps via une anorexie sévère ? Contourner cette société corsetée à l'extrême par l'intelligence artificielle n'est-elle pas un moyen de reconquérir une certaine liberté, de se rebeller ? Même si le prix à payer peut être très cher ? Quitte à effacer ce corps objet de contrôle permanent ? Comment être anorexique secrètement et contourner les radars ? Comment faire de l'utérus seul, le lieu de l'utopie, cet espace sans lieu et sans chair autour ? Utérotopie…



L'anorexie mentale est bien appréhendée. Toutes les personnes connaissant ou ayant connu le sujet, de près ou de loin, seront troublées de la façon dont Camille Espedite en souligne la psychologie, les ressorts...

« Aujourd'hui, au milieu d'un aréopage de collègues piapiatant à tout bout de champ, il capte l'attention, dossier brûlant, chaud devant : deux jeunes filles rachitiques, sans masse ni volume, l'épuisement à fleur de peau, la fatigue en la de l'existence, le souffle ténu sifflant perpétuellement en mode mineur. Les données biométriques le confirment : les courbes s'effondrent, les taux s'envolent, la tendance est clairement alarmante. le tout révèle un profil typique d'anorexique. C'est comme si leurs corps se consumaient à vue d'oeil, frêles allumettes se décharnant sous l'effet d'une flamme. Leur comportement est du même acabit : tout le temps ensemble, aussi brillantes sur le plan scolaire que hautaines et dédaigneuses envers leurs pairs, renfermées dans un mutisme méprisant et une discrétion feinte ».



Mais je suis un peu restée sur ma faim, mauvais jeu de mot pour souligner la grande originalité du sujet certes mais au sein d'un texte sans doute trop court même si l'écriture claque et se joue de nous oscillant entre tragédie et farce, entre gravité et humour. Les jeux de mots fusent (des phrases telles que « le refus de la déglutition comme façon de nous agglutiner » sont légion) et les phrases sont parfois étonnamment ciselées.





C'est au final un petit objet bien étrange à l'écriture travaillée qui nous laisse cependant un peu sur notre faim tout en nous présentant une thématique très originale, à savoir les comportement bio-déviants dans une société contrôlant en continu les corps via l'intelligence artificielle. Ca fait vraiment réfléchir…





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Cosmétique du chaos

Quel roman !



Au début, j’ignorais où l’auteur voulait m’amener, mais je suis resté, complètement fasciné par son style hors norme.

Une écriture très spéciale, rédigée à la deuxième personne du singulier. Une écriture toute en mouvement, en description, en réflexions philosophiques, en poésie et en agitation. Une écriture unique, qui m’a fait penser à la « prose dynamique » (en reprenant cette expression de chroniqueurs) de Mathieu Brosseau, dont j’avais lu « Chaos » il y a quelques années.

*



Des petites phrases, séparée par des virgules, qui s’enchainent, qui courent sur le papier, qui se déroulent à grande vitesse. L’histoire d’Hasna qui s’accélère au fil des pages. Où le lecteur doit suivre ce rythme s’il ne veut pas se perdre dans cette dystopie.



L’histoire d’Hasna, cette femme à la recherche d’un emploi. Mais pour toucher sa prime, il y a des règles à respecter, il y a des obligations à remplir.

Pour Hasna l’enfer commence, les situations oppressantes surgissent, les sentiments jaillissent de toute part, la solitude se fait de plus en plus oppressante.

Hasna se déstructure, se déstabilise et par la même occasion déstabilise le lecteur, car il ignore comment cette fuite se terminera.

Hasna est cette femme complètement perdue dans une société futuriste ultra moderne, elle est cet être englouti dans ce monde de l’apparence.

Un monde normé, lissé et policé qui lui torture l’esprit avec ses rendez-vous, ici chez sa conseillère d’orientation, là chez le psychiatre, autre part dans cet hôpital.

*



Pour Hasna c’est la confusion, ses frontières se brouillent, elle est affolée, presque terrifiée, elle se cache, elle s’échappe.

Bientôt elle ira se réfugier dans sa colère et dans l’insurrection…

*



Merci Camille Espedite !

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Les aliénés

Précaution importante : Espedite, l'auteur, va bien.

Pourtant rien n'est caché dans le caractère installé des strates corrompues de la société. C'est bien un adulte averti et lucide qui écrit avec tant et trop d'indices réalistes confirmant que le monde de la nuit est celui qui profite des opacités et met un couvercle sur les faits divers et le "pèse", mesure tronquée de la réussite.

Dans cette prégnance de la mort, des corps écorchés, de la violence, à leur façon les deux personnages principaux ne veulent pas fermer les yeux et exercent leur liberté en osant sans crainte et se faisant créateurs dans la destruction.

S'il est question d'aliénés, ce sera peut-être de l'origine latine, d'être étranger, ici à ce à quoi d'autres s'attachent.

Et même si ce n'est pas vu d'un bon oeil, et qu'il s'agit bien plus que de conjurer le mauvais oeil.

Merci à l'auteur pour la concision du texte, l'art déguisé de nous mettre des images fortes en tête, de ne pas rendre compliqué ce qui n'est pas si simple, et de nous dire en voix off qu'il y voit un humour potache.

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Utérotopie

Ce court roman est un ovni littéraire. N'espèrez aucune joie et réconfort à cette lecture.

Dans un monde proche du notre, tout y est contrôlé, épié, disséqué. C'est dans une ambiance lourde que nous découvrons deux cousines à la relation ultra fusionnelle se lançant des défis. Alors que tout les instants de leur vie sont analysés, elle essaient de leurrer le système et de reprendre le contrôle de leur corps en perdant du poids. Mais au bout d'un moment, le système alerte, pointe du doigt le dysfonctionnement et la déviance. Il est temps de rendre des comptes et de corriger cela pour à nouveau rentrer dans le rang.



J'ai fini de lire cette dystopie il y a plusieurs jours et je ne pourrai dire si j'ai apprécié cette lecture. On est à mis chemin entre 1984 et le film Virgin suicides.

L'ambiance malsaine et pesante est omniprésent dès le début ce qui nous met d'emblée dans l'inconfort. C'est voulut par l'auteur et c'est réussit mais si vous espérez du réconfort avec cette lecture passé votre chemin.
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Utérotopie

Les après-midi, à l’insu de leurs familles, deux jeunes filles font l’expérience de rituels boulimiques. Le reste du temps, elles s’affament, à la recherche de la maîtrise de leurs corps. Les données biologiques collectées sont formelles, les courbes le démontrent : en chute libre. Alors, pour leur bien, on les hospitalise. Tenter de les aider à remonter la pente, à reprendre un peu de corps.



Lire Camille Espedite est à chaque fois une expérience intense et inoubliable tant sont style littéraire est unique. Trois ans à près "Cosmétique du chaos", il revient avec un nouveau roman tout aussi dérangeant, questionnant à nouveau l’importance et la place de l’image de soi dans notre quotidien. Espedite décrit un monde dystopique et futuriste, qui semble très proche du nôtre, au sein duquel on se joue de la bioéthique et où la liberté a perdu de son éclat.



S’il est indéniable que le sujet met mal à l’aise, je me suis laissé à nouveau emportée par la style enlevé, poétique et envoûtant de cet écrivain. Il n’y a jamais un mot de trop, avec Camille Espedite. Il analyse au scalpel et dénonce avec finesse.



Lire Espedite est une expérience de lecture unique et qui bouscule. Pour mon plus grand plaisir.

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Cosmétique du chaos

Un court roman et un long cauchemar. Entrelacs d'une réalité actuelle et de l'envahissement du virtuel technologique du lendemain. Réseaux, reconnaissance faciale, remodelage des chairs et injonctions intrusives

à s'adapter à ces mutations insanes. Alcool et psychotropes imbibent le tableau. C'est le cri de Munch en prose.



On attendra en vain une réaction humaine à cette révolution numérisée. Lasciate ogni sperenza voi ch'intrate...
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Utérotopie

Au cœur même des corps féminins et adolescents sous contrôle, pour leur santé et pour leur bien, l’orchestration baroque d’une révolte intime échevelée, folle et ensorcelante. Une satire tragique et comique fort réussie.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2023/07/17/note-de-lecture-uterotopie-espedite/



Le contrôle des corps, surtout enfantins et adolescents, mais adultes également – et féminins bien davantage encore, comme fantasme bio-politique d’une société saine dans un corps sain (et sans « rien de trop » : mince et sportif, évidemment). Cet horizon peut-être bien indépassable aujourd’hui est la cible choisie par Espedite pour « Utérotopie », satire résolue publiée début 2023 chez Actes Sud, poursuivant par d’autres chemins traversiers une bonne part du travail de défrichage conduit précédemment, dans « Les aliénés » (2015), dans « Se trahir » (2017) ou dans « Cosmétique du chaos » (2020), voire dès « Palabres » en 2011, dont l’auteur n’était officiellement « que » traducteur, en compagnie de Bérengère Cournut.



L’anorexie mentale sorceleuse, orchestrée en secret par deux adolescentes comme un défi à leur société de contrôle et à leur cocon familial, comme un moyen de reconquête de quelque chose, et en tout cas d’un moi collectif corseté à l’extrême, trône au centre de cette « Utérotopie », qui détourne avec une sérieuse gouaille un terme emprunté au Michel Foucault de l’époque de « Surveiller et punir », justement (comme nous l’apprend Mathieu Lindon dans son bel article de Libération, à lire ici).



On trouvera ici, entre le drame et la comédie (car Espedite se plaît toujours à intriquer au plus près la farce et la tragédie), de fort savoureux échos du côté de la dissimulation, du mensonge et de l’invention verbale et conceptuelle qui habitaient les fillettes de « L’apparition » (Perrine Le Querrec, 2016), du côté d’un rapport fantastique et complexe à l’alimentation – à son contenu névrotique comme à son contenu politique -, illustré ailleurs avec grand brio par « Le premier souper » (Alexander Dickow, 2021), du côté proprement science-fictif de « La transparence selon Irina » (Benjamin Fogel, 2019), ou même, de manière beaucoup plus insidieuse, du côté de la tanière ambiguë de « Grande Ourse » (Romain Verger, 2007).



Comme il nous l’expliquait dans un entretien réalisé en public chez Charybde en mars 2023 (à lire ici), Espedite construit ici les registres de langue spécifiques nécessaires à sa satire multi-dimensionnelle. Et ce faisant, il nous offre un merveilleux roman court, dense, intense et explosif, à plus d’un titre.




Lien : https://charybde2.wordpress...
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Cosmétique du chaos

C'est en parcourant le catalogue des éditions Actes Sud que j'ai découvert Cosmétique du chaos de Camille Espedite. Cette novella, au titre évocateur et au pitch dérangeant, est présentée comme une fable poétique et agressive. Hasna, suite à son licenciement, doit accepter les opérations de chirurgie esthétique préconisées par sa conseillère de réinsertion dans l'emploi.



Je m'attendais à une dystopie semblable à celles publiées dans la collection Actes Noirs tel Isola d'Åsa Avdic ou L'épidémie d'Åsa Ericsdotter, mais il n'en est rien. Ce court texte se rapproche davantage de l'écriture coup de poing de Jean Baret. Entre culte de l'apparence et surveillance à outrance, l'auteur nous plonge dans un avenir sombre où la beauté (artificielle) est une prérogative non seulement nécessaire mais indispensable au lien social et à une vie si ce n'est confortable au moins décente.



Ce récit ramassé, écrit à la seconde personne du singulier, est provocant voire irritant mais surtout déstabilisant. Sa lecture est une expérience littéraire où il n'est pas aisé de suivre le propos de l'auteur. Les nombreuses circonvolutions m'ont totalement perdu, heureusement quelques envolées plus terre à terre m'ont permis de m'accrocher à cette histoire extraordinaire. Au final, je pense ne pas avoir réellement saisi le sens du récit.



Cosmétique du chaos est un court récit emprunt de violence et de questionnement qui ne peut laisser indifférent. Encore faut-il avoir saisi le message...


Lien : https://les-lectures-du-maki..
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Cosmétique du chaos

Le pathétique, la violence, la poésie, la beauté : tout se mélange dans le dernier roman d’Espedite. Le chaos domine le monde. Le désordre social, l’incohérence et la confusion deviennent la norme de vie des êtres humains. Pour décrire cet univers qui s’enfonce dans la cruauté, Espedite tord les mots, les enchevêtre. Ils éclatent dans de véritables feux d’artifice qui, tout à la fois, nous éblouissent et nous effraient. La dictature du paraître tue notre intelligence et la pauvre Hasna dans ce beau livre.

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Cosmétique du chaos

Ultra-moderne solitude des injonctions socio-économiques poussées à l’extrême, ou poétique cruelle et belle de la chirurgie esthétique obligatoire.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/02/11/note-de-lecture-cosmetique-du-chaos-espedite/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Palabres

Livre farfelu et rocambolesque, étape improbable entre roman social et drame burlesque, Palabres est juste un immense moment de liberté : l'auteur l'a écrit sans aucune limite, et cet étrange objet a dès lors les qualités de ses défauts. Une réussite aussi bancale que réjouissante.
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Utérotopie

Je ne connaissais pas cet auteur, Espedite, au nom qui m’évoque les penseurs grecs et le résumé, promesse de style et de genre a suffit à m’intéresser. Un titre étrange, Utérotopie pour un petit roman dont on se demande comment va-t-il remplir ses promesses.



À mon goût, le roman souffre d’un style sec, sans chaleur, qui se perd un peu dans le propos. D’abord, la question du corps (de la femme), sa liberté d’en disposer comme elles le souhaitent puis Utérotopie semble glisser vers autre chose.



La dystopie, en filigranes, comme une Sf de « juste après » est un pointillé d’avenir possible. Malheureusement, je n’ai jamais été en empathie avec les voix qui s’expriment dans Utérotopie. Voix distendues dont l’échos se perd à défaut d’être plus fortes, plus marquantes, plus vivantes ou je ne sais quoi d’autre.



Le style, sans fioriture, pourrait me faire lire un autre roman d’Espedite mais ce serait sans grand enthousiasme.
Lien : http://livrepoche.fr/uteroto..
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Utérotopie



Ce livre est grave, n’y cherchait pas d’espoir. C’est totalement wtf !



Nous sommes dans un monde futuriste où tout, absolument tout, est répertorié et analysé dans nos téléphones. « Tout » signifie nos données personnelles, physiques, notre condition mentale, nos données biométriques. Et ce fameux tout est contrôlé par une sorte de police de la biodéviance.

Des puces sont intégrées dans les corps des femmes pour limiter le désir et la libido et si jamais l’envie d’enfanter leur viendrait, pas de panique, les futures mères peuvent faire appel à des utérus artificiels.



« Une grossesse naturelle aurait constitué une dévaluation intolérable du corps de leurs épouses, les vergetures, les phlébites, le diabète gestationnel, l’obésité post-partum, il fallait épargner tout cela, c’était évident »



Et si une femme est naturellement enceinte, son bébé subira une multitude de test pour déceler les maladies dormantes, prédire les âges critiques et donc mettre en place un système de pénalité s’il y a une surconsommation d’un aliment ou d’une boisson pouvant favoriser la dite maladie. Ces analyses permettront aussi d’attribuer un taux d’employabilité.



C’est tout ce monde que deux adolescentes vont tenter de déjouer en se mettant dans l’pif des molécules psycho-actives qu’elles contrent à tout moment avec des antidotes faits maison pour paraître clean. Elles laissent leur corps s’en aller dans un gouffre d’anorexie redoutable. La police de la biodéviance ne pourra pas laisser passer ça.



J’ai vu en ce livre une force féministe forte, une satire de notre monde actuel assez cruelle mais certainement très véridique. Le tout porté par une écriture relevé qui m’a embarqué dans ce tourbillon tyrannique de la vie. A lire si vous avez envie de passer un moment unique et inédit 🤩



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Palabres

J'aime les beaux livres et les textes originaux - je m'étais par exemple délectée de L'histoire sans fin de Michael Ende avec sa typographie qui change de couleur selon le monde dans lequel on se trouve.

J'aime aussi beaucoup l'humour noir, grinçant, celui du magnifique Idées noires de Franquin ou d'Au revoir là-haut de Pierre Lemaître.

Et puis j'aime les belles illustrations.



Palabres semble réunir tout cela. Pourtant, si c'est de l'humour je suis passée complètement à côté, si c'est un message je l'ai trouvé inutile et tout au long de la lecture je me suis demandée pourquoi je continuais à lire ce texte. Car il n'apporte rien.



En matière de palabres, on en croise que la première ligne où hirsute jure dans une sorte de langage qui pourrait être de l'allemand. Ca donne envie, on en attend d'autres, cela fait après tout toute l'originalité du roman. Mais rien ne vient, on a au final un texte plutôt traditionnel. le texte aurait tout aussi bien pu s'intituler "jeux de massacres" ou "les grands malentendus".



Joyeux délire? Ou délire tout court... Oui et non, il suffit de lire les journaux. Car l'histoire est sordide, glauque, d'un bout à l'autre. Est-ce une tentative de démontrer la petitesse humaine? La dérision de ses drames? L'absurdité de ses conflits? Son abominable stupidité? Peut-être, mais d'autres s'y prennent beaucoup mieux.



Au final on aime ou pas. Certains ont adoré les Triplettes de Belleville. Et bien ce livre m'a fait le même effet que les triplettes: beau dessin, belle musique mais tellement glauque. Est-ce bien nécessaire?
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Les aliénés

Un roman noir , une farandole infernale, une bacchanale des plus trash qui explore les recoins les plus sombres de personnages qui s'adonnent à leurs pulsions les plus primitives pour tromper l'ennui d'une existence sans substance dans une ville de province au bord de la Méditerranée. Avec un sens aigu de l'observation et un humour dévastateur, l'auteur décrit à merveille vulgarités et médiocrités d'un univers qui ressemble étrangement au notre.
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Utérotopie

Après Cosmétique du chaos que j'avais adoré, j'ai lu d'une traite Utérotopie. Espédite nous entraîne avec son très beau style, vigoureux, riche, un rien obsédant, qui contribue à l'intrigue, car intrigue il y a, il nous entraîne à nouveau sur le terrain de l'image de soi créé par une société si proche de la notre, de ses résidus d'espaces de liberté et d'humanité, décrite sans concession, avec inquiétude sans doute. On s'y retrouve dans un univers teinté de Kafka et d'Orwell, on y pénètre au scalpel. Il y a du grincement dans la description des protagonistes, très bien campés psychologiquement.
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Cosmétique du chaos

Suite à son licenciement, Hasna doit accepter de subir des opérations de chirurgie esthétique qui sont préconisées par Pôle Emploi. Ces opérations devraient l’aider à trouver plus facilement du travail. Hasna est d’abord opérée du visage, puis c’est son corps et ses organes génitaux qui sont charcutés. Elle vit mal ces opérations et sombre peu à peu dans la dépression.



Dans ce monde « vaste zone uniforme, sur laquelle les paroles n’ont pas de prise, seuls comptent l’image et l’écrit, rapport de police photos à l’appui, câbles surveillance et capture d’écran, la prose du présent ».



A travers cette dystopie au style incisif, l’auteur dénonce la dictature de l’apparence et les dérives qui en découlent. Quelle place notre visage et notre physique tiennent-ils dans notre société ? Les injonctions sociales, dictées par les organismes étatiques, apparaissent comme les tortures des temps modernes. Par certains moments, les thèmes abordés dans ce roman font écho à 1984 de George Orwell. En usant et abusant de métaphores pour mettre en exergue la « bad trop » d’Hasna, Camille Espedite signe un roman percutant et ultra moderne. Un bémol cependant sur le style qui aurait pu être un peu plus épuré et faciliterait l’accès à ce roman à un plus grand nombre. Vous ne regarderez plus votre reflet dans le miroir de la même manière ...
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Se trahir

Un condensé d’univers carcéral et para-carcéral soufflant le chaud et le froid narquois sur ses maux.



Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/08/28/note-de-lecture-se-trahir-camille-espedite/
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Utérotopie

En voilà un roman surprenant. Autant le dire tout de suite, il ne fera pas l'unanimité. Composé d'images aussi fortes que l'histoire qu'il raconte, il parle aussi bien de puberté que du contrôle des corps par les sociétés capitalistes. Les thématiques abordées sont traitées de manière égale et jamais négligées. Les personnages vivent sous nos yeux, corps incarnés, changeant au fils des regards.



J'ai aimé être percutée par les Figures que sont ces deux jeunes filles en lutte avec leur histoire et leurs corps. L'écriture fort imagée m'a emportée tout au long du récit (le format court convient parfaitement à la prose de l'auteur). C'est glauque, cafardeux, parfois sale, mais d'une puissance fugace qui fera date dans mes lectures.
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Cosmétique du chaos

Aujourd'hui, dans notre société le visage, l'apparence, l'identité, sont au centre de nos vies. À force de selfies, de filtres, d'écrans, et autres dispositifs, le visage est partout, tout le temps et nous obsède de diverses manières.

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Espedite appuie avec poigne là où il y a un mal qui grandit. Ce texte, fable noire poétique et dystopique, et pourtant si proche de nous, traite des injonctions sociales, de l'apparence et de l'emploi en seulement cent pages.

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Le style halluciné et le verbe juste, font de ce roman intime et social, une perle d'anticipation qui pointe du doigt une société guidée par les technologies du regard et de la surveillance de masse.
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