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Citations de Camille Laurens (799)


Jo ne m’a jamais fait de mal physiquement. Ce n’était pas la peine. La cruauté physique, c’est le dernier recours, la baffe dans la gueule c’est pour les débutants.
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Il n'y a rien à faire pour être aimé, rien ni un discours, ni une scène, ni un livre ni même un enfant, ni même l'amour .c'est une chance parce qu'il n'y a rien à faire -on peut s'asseoir dans l'herbe et se contenter d'être-, et c'est triste à mourir, parce qu'il n'y a rien qui puisse être fait.
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Peut-être y a-t-il une sorte d'amour dont la haine serait la preuve.
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Est-ce que le hasard enlève du mystère à l'amour ou bien est-ce qu'il lui en confère, au contraire? ou bien n'est-ce pas le hasard mais la nécessité qui crée les couples une nécessité mystérieuse et souterraine, une causalité secrète ?c'est là qu'est l'énigme, peut-être ?qui lance le dé ?qui a dessiné la forêt où nous déambulons, tournant à droite, non, à gauche, prenant ce chemin-ci, non, celui-là, revenant sur nos pas, est-ce que tu m'aimes, ici, non, là, je suis venue te dire que je m'en vais, qui a tracé le plan du labyrinthe dont nous imaginons tirer le fil, oui, non, qui a planté le bois de nos amours?
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Nager loin dans la mer m'apparaît alors comme un désir simple dont la réalisation est possible, et il y a de la douceur dans cette pensée.
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À sept ans ou jamais, ce n'est pas d'apprendre à partager qui est difficile. C'est d'apprendre à perdre.
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C'est un père qui pense à tout, surtout à la mort.
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Tu me diras que dans quelques régions du monde c’est le contraire : au Mexique, chez les Zapotèques de Juchitán de Zaragoza, on fait de grandes fêtes quand naît une fille car les femmes y sont les chefs de famille et lèguent leur nom à leurs enfants. Les hommes donnent leur salaire aux femmes qui le gèrent. Mais bon, c’est au Mexique, et encore, sur un tout petit bout de terre. Chez toi, en attendant, ta mère n’a pas de compte en banque, pas le droit de faire un chèque ni de travailler sans l’accord de ton père – d’ailleurs, elle ne travaille pas. 
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Tu es une fille. Ce n’est pas un drame non plus, tu vois. Tu as les yeux bridés mais on n’est pas en Chine. On n’est pas en Inde. En Inde, « c’est une fille » est aujourd’hui une phrase interdite. Dire « c’est une fille » avant la naissance est passible de trois ans de prison et de dix mille roupies d’amende : on n’a plus le droit de demander ou de pratiquer une échographie pour voir le sexe de l’enfant et avorter en conséquence car trop de filles disparaissent ; à force de les étouffer dans l’œuf, il y a des villages entiers d’hommes célibataires. À force de liquider les filles, ils ne trouvent plus d’âmes sœurs. Avant l’invention de l’échographie, on les tuait à la naissance. Si tu étais née en Inde ou en Chine, tu serais peut-être morte. À Rouen, tout va bien. On t’aime quand même. 
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En architecture elle résumait le confort et la beauté d'un lieu à l'ampleur de son espace ; cette définition avait gagné son cœur :l'on devait pouvoir être heureux dans tout endroit assez vaste pour y tourbillonner, y sauter en l'air, y respirer à l'aise. Le bonheur lui-même étais un espace.

P194
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Je sais lire à cinq ans, j'ai appris en même temps que ma sœur. Les images me font plus peur que les mots, je jette en haut de l'armoire le livre de Blanche Neige dont la sorcière sur la couverture me terrifie, alors que je lis et relis sans cesse les contes d'Andersen, souvent si tristes pourtant. Mais j'aime pleurer et personne ne me le reproche - les filles ont le droit. Je suis tour à tour la petite fille aux allumettes, que personne n'écoute et qui meurt dans le froid et l'indifférence, la princesse au petit pois, si sensible, la petite sirène obligée de sacrifier sa voix pour gagner une place auprès du prince puis de se sacrifier elle-même pour lui sauver la vie.
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À sept ans ou jamais, ce n’est pas apprendre à partager qui est difficile. C’est d’apprendre à perdre. On dirait que les filles sont plus tôt contraintes à la tâche ingrate, s’y attendent plus souvent et y arrivent moins bien. La mélancolie leur fait de grands signes. Peut-être refusent elles que qu’on leur impose la défaite. Peut-être refusons-nous que ce soit perdu d’avance, même quand nous le savons.
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" La cire d'abeille, dont l'aspect translucide accroche bien la lumière, est mêlée à de l'argile et à de la plastiline, substance argileuse grasse qui a l'intérêt de rester molle plus longtemps, ce qui permet au sculpteur d'ajuster et de réajuster sans cesse la matère afin de se rapprocher du contour idéal. C'est pourquoi il refuse des matériaux plus solide. " Que je fasse fondre ? Le bronze, c'est pour l'éternité. mon plaisir à moi, c'est d'avoir toujours à recommencer.""
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" l'art, a-t-il dit, n'est pas ce que vous voyez, mais ce que vous faite voir aux autre"
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« Vous savez pourquoi Dieu a créé Adam avant Ève, les filles? Parce que avant de faire un chef-d'œuvre, il faut bien faire un brouillon.»

A propos de filles, il y a une chose bizarre. Tu es une fille, c'est entendu. Mais tu es aussi la fille de ton père. Et la fille de ta mère. Ton sexe et ton lien de parenté ne sont pas distincts. Tu n'as et n'auras jamais que ce mot pour dire ton être et ton ascendance, ta dépendance et ton identité. La fille est l'éternelle affiliée, la fille ne sort jamais de la famille. Le Dr Galiot, au contraire, a eu un garçon et il a eu un fils. Tu n'as qu'une entrée dans le dictionnaire, lui en a deux. Le phénomène se répète avec le temps: quand tu grandis, tu deviens « une femme >> et, le cas échéant,
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Pour les gens comme moi, qui ne tolèrent pas l’absence – c’est ce qui est écrit là, non : intolérance à l’absence ? Un peu comme une allergie alimentaire, en somme : trop d’absence et je fais un œdème de Quincke, j’étouffe, je crève – pour les gens comme moi, Internet est à la fois le naufrage et le radeau : on se noie dans la traque, dans l’attente, on ne peut pas faire son deuil d’une histoire pourtant morte, et en même temps on surnage dans le virtuel, on s’accroche aux présences factices qui hantent la Toile, au lieu de se déliter on se relie.
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Mais ce n’est pas un si simple rôle, c’était mon être qui se modelait peu à peu, qui se recomposait par amour - oui je crois que le mot est juste, l’amour, est-ce que ce n’est pas s’aliéner à quelqu’un, tomber en l’autre, ne plus s’appartenir?
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Mais dites-moi, pourquoi une femme devrait elle, passé quarante-cinq ans, se retirer progressivement du monde vivant, s’arracher l’épine du désir?
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La langue est le reflet de ma vie. Quand je voudrai mourir tout à fait, je me tairai.
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En classe de première, Alice fait ses TPE sur les femmes et le féminisme. « Ce qui est terrible, tu sais, maman, c’est que les femmes ont peur tout le temps, partout, à toutes les époques. Évidemment, elles ont moins peur chez nous qu’en Inde ou je ne sais où, mais enfin, que ce soit conscient ou non, elles vivent dans la peur, la peur des hommes. » Je pose mon couteau à côté du petit tas d’épluchures, je m’essuie les mains. « C’est vrai, ma chérie. En même temps, les hommes aussi ont peur. Faut-il vraiment les opposer à nous ? Est-ce que… ? – Ça n’a rien à voir. La domination vient des hommes. Que certains aient peur, ok, on ne va pas pleurer pour eux. Tandis qu’une femme vit sans arrêt sous la menace, et très tôt dans sa vie. Sinon, pourquoi tu m’as appris à me défendre, quand j’étais petite ? Tu te souviens, pif paf ? » Elle mime le coup de genou. « C’est parce que tu avais peur pour moi. Parce que toutes les femmes ont peur, c’est tout. C’est tellement ordinaire, elles ont tellement intériorisé le danger que certaines n’en ont même pas conscience, et pourtant… Une femme menacée, c’est un pléonasme. — Admettons. Mais la peur de ne pas être à la hauteur, la peur de mal faire, de ne pas y arriver, la peur d’échouer, ça concerne bien les hommes aussi, non ? Vous, les filles d’aujourd’hui, vous êtes si… » Alice se lève brusquement, plonge les pommes de terre épluchées dans l’eau et me dit, son économe à la main, d’une voix qui tremble : « La différence, maman, entre hommes et femmes, tu vois, c’est que les hommes ont peur pour leur honneur, tandis que les femmes, c’est pour leur vie. Le ridicule ne tue pas, la violence, si. » Je me lève, je sais, je la prends dans mes bras, « câlin », dit-elle. Quand elle était petite, je la soulevais de terre comme rien, sa densité légère me comblait. Quelle puissance j’avais ! Maintenant, je ne peux plus, ni l’embarquer ses pieds sur les miens à grands pas de robot dans tout l’appartement. Son portable sonne, elle sort précipitamment de la cuisine en disant « allô » d’une voix séductrice. Je mets la table en chantonnant. Je trouve Alice trop radicale, intransigeante, mais notre discussion m’a rendue gaie, on discute entre filles, me dis-je.
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