Catherine Kalengula

Si jamais je te revois, Herbe aux yeux bleus, je ne te laisserai pas partir sans t’embrasser.
Il avança vers elle, et elle recula en riant, jusqu’à se retrouver, le dos plaqué contre un mur. Alors, elle cessa de rire. Elle prit un air sérieux, les yeux plongé dans les siens.
_Jeremy ?
Il s’approcha tout près d’elle, posa deux mains sur le mur, de chaque côté de son visage.
Surtout, de t’échappe pas, pria-t-il très fort.
Et il l’embrassa…

Quand mon réveil s'est animé à cinq heures du matin, j'ai résisté à l'envie impérieuse de laisser retomber ma tête sur l'oreiller. Pourquoi m'infliger ça ? M'extirper de la couette, à cette heure indécente, alors que la plus grosse tempête de la saison sévissait sur New York ? Lentement, j'ai tourné les yeux vers mon radio-réveil, que j'avais coiffé la veille au soir d'un joli papier rose fluo.
8 heures : rendez-vous avec R.S.

Modérément électrisée, mais avec la ferme volonté de ne pas me laisser aller, j'ai traîné mes guêtres jusqu'à la minuscules salle d'eau, situé à côté de la pièce principale de mon studio.

- Un jour, il faudra que tu choisisses, Gisèle. Ce sera lui ou moi. La vie est un amour provisoire ou un amour éternel.

Immobile, Chance suivait du regard chaque goutte avec fascination.
- Il m'arrive parfois d'oublier que tu es...vivante.
Il a clignée des paupières, comme au sortir d'un mauvais rêve. Sa mâchoire s'est desserrée, ralentissant dans le mêmes temps les battements de mon cœur.
- Pardonne-moi, Gisèle, je ne voulais pas t'effrayer à ce point...Je ne supporte pas de te voir avec MacLeen, s'est-il simplement justifié. Et je ne supporte plus d'être trahi...La trahison de l'être aimé vous hante pour l'éternité!

Désirez-vous danser, Gisèle?(Sa façon de prononcer mon nom était plutôt comique et j'ai souri, malgré moi.) Formidable! Allons-y, et si vous ne savez pas valser, je vous guiderai.
Pourquoi les garçons pensaient-ils toujours devoir m'apprendre quelque chose?

- Louise, est-ce possible de tomber amoureuse de quelqu'un que l'on ne connaît pratiquement pas ?
Elle a remisé son chiffon sur une chaise et pris un air sérieux.
- Mais voyons, ma fille, cela arrive à chaque seconde, partout dans le monde ! Des gens se rencontrent et s'aiment au premier regard,dans la rue, dans le métro, dans n'importe quelle situation banale de la vie quotidienne. Et cela n'a rien à voir avec ces histoires absurdes de phéromones, inventées par les scientifiques ! Non, chacun en naissant est programmé pour aimer une personne, dont le visage est déjà gravé quelque part en lui. Et certains passent juste leur vie à la chercher. Ou alors, ils la croisent, mais ne la reconnaissent pas.

Bevan m'a souri, reconnaissant. L'extrait des Mémoires d'une geisha, sur lequel il m'avait vue danser pour la première fois, résonnait dans l'appartement - il avait sans doute glissé ce CD dans la chaîne, pendant que je me douchais -, et je me suis sentie transportée à un tel point que j'ai posé mes lèvres sur les siennes. Notre baiser, d'abord timide et hésitant, s'est vite transformé en une étreinte plus osée, où nos lèvres et nos mains se répondaient instinctivement. Je revenais à la vie, sous les caresses de Bevan.
_ Gisèle, je crois que je t'aime.
Il paraissait enfin avoir saisi ce que j'avais voulu lui faire comprendre en répétant la phrase de Chance.
_ Je t'aime aussi.
Je l'ai embrassé plus ardemment encore, avec la conscience aiguë que, à ses côtés, l'unique danger serait que ces mots cessent un jour d'être vrais.

Retrouve-moi sur scène, je t'apprendrai à être un ange.

Une seule question, une seule obsession, suis-je en train de devenir folle?

Le temps se suspend. Il flotte dans la cabine une ambiance indéfinissable. Je n’ose plus bouger. Quand finalement il décide de relever la tête dans ma direction, son regard est un incendie impossible à soutenir. Il se rapproche, se penche près de mon oreille. Son parfum emplit mes narines. Je me sens comme étourdie. Il cache une main derrière son dos, tandis que je me fige, décontenancée. Après une poignée de secondes, je finis par comprendre où il veut en venir. Pierre, feuille, ciseaux.

Il n'y a pas d'école ce matin : on est mercredi. Mais Alphonse se réveille à la même heure que d'habitude. Il glisse sa main sous l'oreiller et pousse un cri de joie : la petite souris est passée! Hier, il a perdu une dent de lait. Avant de s'endormir, il a mis la dent sous son oreiller. La petite souris l'a remplacée par une pièce de monnaie.

Les jours suivant ont été marqués par un profond désarois, où l'amertume ne parvenait pas à atténuer le manque. Je me faisais l'effet d'une droguée, dépendante d'une substance dont elle sait pourtant qu'elle lui est nocive. Les trois prochains jours, je ressassais la dernière phrase que Chance avait prononcée, comme si je me complaisais dans la souffrance, en remuant continuellement le couteau dans la plaie. J'y revenais sans cesse, me surprenant parfois à prononcer ce maudit prénom à voix haute, alors que je faisais le ménage au Fairhall. Julia!

j ai adoré ce livre pour tout les passionnés de mode il faut le lire

_Un jour Chance m'a dit qu'on devait être capable de mourir, ou de tuer pour l'être aimé.

[...]

_Gisèle, je croie que je t'aime.

Il paraissait avoir enfin saisi ce que j'avais voulu lui faire comprendre en répétant la phrase de Chance.

_Je t'aime aussi.

Je me suis rendu compte que les gens que j'aime ne sont pas éternels. Ça a été un choc, comme si brusquement, je voyais la vie différemment.

J'ai peur à l'idée d'entraîner mes amies dans une aventure aussi périlleuse. Mais j'ai peur aussi d'être renvoyée de l'école, et j'ai peur pour Flamme.

Il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine..

- Mais pourquoi tu m'en veux, au juste ? Me crie-t-il.
- Tu as fouillé dans mon sac, sans permission !
- Madame la professeure, arrête-toi, s'il te plaît.
Il a la même voix douce qu'un peu plus tôt, et c'est uniquement cela qui m'incite à poser le pied à terre. Te lui laisse le temps de me rejoindre.
- Quoi?
- Vas-y, fouille-moi. Comme ça, on sera à égalité.
- Sérieusement?
- Sérieusement.
Il ouvre les pans de son blouson. Après tout, pourquoi pas ? Je glisse une main dans sa poche intérieure, y trouve quelques pièces, des billets, un couteau, ainsi qu'une petite croix argentée. Je ne m'attendais pas à ça! En R.D.A., la seule religion à laquelle on est supposés s'adonner se nomme le communisme.
- Tu es croyant ?
- Je ne sais pas, admet-il. Elle était à mon grand-père. Ma mère a insisté pour me la donner, elle prétend qu'elle me protégera.
Cet aveu me surprend. Et me touche aussi. Ça me fait penser à mon père, qui semble constamment inquiet pour moi...
Je rends ses affaires à Drogo, puis je me remets à pédaler lentement pour lui permettre de me suivre. Mais je ne parle pas. Il est assez intelligent pour en faire autant. Les dernières vingt-quatre heures m'ont vidée de mes forces. Je repense aux paroles de mon père...
Dois-je me résigner ? Une petite voix intérieure me souffle : «Jamais ! » Mon rêve est peut-être un mirage.

Compte sur moi pour me débrouiller
Je n'ai pas besoin de toi, tu sais.
Tu peux m'oublier, me rayer de ta vie,
Faire comme si je n'avais jamais existé...

Une copine Poissons pour le soutien moral, et une copine Bélier pour apprendre à retomber sur ses pieds, c'est vraiment le duo parfait!