Citations de Catherine Meurisse (309)
Je peux te dire que le bâton de Descartes, c’est une énorme illusion d’optique .
Il (le château) a été ratiboisé par un séisme il y a peu. Depuis, tout le monde s’écharpe à propos de sa reconstruction.
Il y a ceux qui veulent le restaurer à l’identique en bois, et ceux qui veulent recourir au béton… pour éviter trop de dégâts lors de désastres futurs.
Chez nous, on préfère le bois au ciment. On préfère le temporaire qui, en se renouvelant, tend vers l’éternel.
Les bombes, c'est dépassé. Ce qui se fait aujourd'hui, c'est tirer des rafales dans les lieux publics pour toucher le plus de monde possible.
P. 107
Quand Suzi, voisine de "Charlie", a pénétré dans la salle de rédac du journal, après le départ des tueurs et avant l'arrivée des secours, elle a cru voir "Le Radeau de la Méduse", de Géricault.
P. 125
12 janvier 2015
J'aimerais pas être à votre place, Madame. Être sous protection, c'est comme se trimballer ses parents sur le dos en permanence. C'est lourd.
P. 30
Qu'est-ce que "l'esprit Charlie", pour moi ? C'est rire de l'absurdité de la vie, se marrer ensemble pour n'avoir peur de rien, et surtout pas de la mort.
P. 26
Nous cohabitons avec les cataclysmes naturels depuis longtemps.
Delacroix met relativement moins de temps à exécuter un tableau qu'à préparer sa palette. Son tempérament est fougueux, et il peint avec la rage de son tempérament.
Une fois le pinceau à la main, rien ne le distrait plus. Il devait sortir ? Il sortira demain. Il a faim ? Il mangera plus tard. Son pouls bat cent fois à la minute, tant mieux, son tableau aura la fièvre. Il se tuera à travailler ainsi. Et qu'importe ! pourvu qu'il laisse un tableau de plus.
Le génie de Delacroix ne se discute pas, ne se prouve pas, il se sent.
"Si un peu de rêve est dangereux, ce qui en guérit, ce n'est pas moins de rêve, mais plus de rêve" écrit Marcel Proust.
P. 43
Moi, ce qui m'a soudain paru le plus précieux, après le 7 janvier, c'est l'amitié et la culture.
Posséder un bon pinceau ne signifie pas que vous ferez un bon tableau.
Même en vous blessant, les critiques révèlent au monde que vous vivez.
Tanuki : Shodo unit le langage, l’œil et la main aux sources les plus profondes de la conscience.
Catherine Meurisse : C’est beau, mais je ne comprends rien.
Tanuki : Vous ne comprendrez sans doute jamais, puisque vous n’êtes pas d’ici !
Catherine Meurisse : Merci de m’aider. Si je ne comprends rien, je peux au moins ressentir quelque chose, non ?
La "guerre" que la nature déclare régulièrement aux hommes, comme ils le prétendent.
Les hommes se prennent toujours pour des champions de la création comme de la destruction.
Parfois, la nature leur rappelle qu'elle était là avant, et qu'elle sait y faire.
(p. 103)
"_C'est drôle, cette faculté de voir des choses presque humaines dans des formes de la nature.
Comme quand on regarde les nuages. Mais chez vous, c'est beaucoup plus fort.
_Nos mythologies et nos croyances font chauffer votre imaginaire.
_Pourtant, je ne connais rien à votre culture.
_Voir des créatures dans la nature, c'est une faculté qui a son utilité.
_Oui, elle pourrait me pousser à peindre...
_Ou à fuir. L'inconscient dont l'espèce humaine est dotée lui fait interpréter des formes incertaines, parfois terrifiantes, qui le rendent capables de fuir le danger. Réflexe archaïque !"
"_La nature est magnifique , mais toujours prête à vous sauter à la gueule.
_Et alors ?
C'est la vie !"
"_Vous constaterez que les bureaux de l'administration regardent la mer...les studios des artistes, quant à eux, sont tournés vers la montagne.
_Cruel !
_L'architecte de la résidence l'a voulu ainsi. C'est pour que vous ne soyez pas distraits pendant votre séjour artistique."
Écoutez ce que dit Marcel (Proust): le seul véritable voyage, ce n'est pas d’aller vers de nouveaux paysages, mais d’avoir d’autres yeux.
« Monde flottant » signifie monde éphémère, impermanence des choses. Les estampes de l’ukiyo sont des images de la vie telle qu’elle passe sous nos yeux.