Citations de Catherine Meurisse (309)
Pourquoi nous imposer une minute de silence en hommage aux victimes ? C'est un siècle de colère bruyante qu'il nous faut !
Le terrorisme, c'est l'ennemi juré du langage.
[...] dans les champs , les haies ont été rasées , le paysage définitivement modifié .
[...]
Et quand ils n'arrachent pas , ils coupent...
J'ai toujours pensé qu'il y avait une proximité entre la tronçonneuse et le fusil de chasse.
La façon de porter l'engin , son odeur...celle de la poudre , du gasoil ,
le bruit ...
RRÈÈÈÈRRRR ...RRRÈÈRRRR... RÈÈÈRRRR ... RÈÈERR ... RRR...RREEERRRR...RREEERRR.......
Et ce même désir de supprimer , de faire table rase .
p. 28 et 29
Déplumée et les semelles en plomb, je me sens incapable de m'élever. Qu'est-ce qui peut m'aider à sentir, aimer, vivre, dessiner de nouveau ? Qui peut me sauver ?
Le seul véritable voyage, ce ne serait pas d'aller vers de nouveaux paysages, mais d'avoir d'autres yeux, de voir l'univers avec les yeux d'un autre, de cent autres...
[Marcel Proust]
Dans cette bulle de travail, il n'y a que des idées, et plus rien autour. Je suis tout aussi morte que mes amis, ou ils sont tout aussi vivants que moi.
12 janvier [2015]
- C'est quand qu'elle se termine, ma protection rapprochée ?
- Elle vient à peine de commencer, madame...
- Mais c'est quand que ça se termine ?
- On ne peut pas vous dire...
- C'est quand qu'on arrive ?
- J'aimerais pas être à votre place, madame. Etre sous protection, c'est comme se trimballer ses parents sur le dos en permanence. C'est lourd.
- C'est quand qu'on arrive ?
- ...
- C'est quand qu'on arrive à la normalité ?
(p. 30)
Le terrorisme, c'est l'ennemi juré du langage.
D'habitude, quand je pense à Proust, mon épiderme, ma tête et mon coeur réagissent, je pars illico en voyage dans son œuvre, et en moi-même. Car être lecteur de Proust, c'est être lecteur de soi, du plus profond de soi. Là, il ne se passe rien. Je suis aussi creuse qu'une bernique, merde !
[…] nous vivons désormais en funambules, les pieds posés sur le fil du cauchemar et de la créativité, un fil à couper le cœur.
(Philippe Lançon)
La beauté est un mystère et le Caravage est son prophète.
- Et quand les perce-neige fleurissent, c'est signe qu'il faut planter les oignons.
- Pas besoin de post-it pour te le rappeler.
- Tous les post-it sont dans la nature.
-Papa a trouvé en brocante cette grille qu'il a placée entre deux charmes. Elle n'ouvre sur rien de précis. On a surnommé ce coin le " Petit Trianon"
- Dame!
- Et le vieux verger qui était là avant nous, on le surnomme "le jardin de curé "
- Pourquoi?
- Parce qu'il est entouré de vieux murs et silencieux. On y a mis un bénitier.
-Toutes ces appellations, à quoi vous servent-elles?
-À agrandir l'espace!
( conversation entre Catherine et son nain de jardin)
« Allô Catherine, t'es bien assise ?
- Impec.
- Après la défection d'Obama à la marche du 11 janvier, la Maison-Blanche veut se rattraper. Elle nous invite à rencontrer le président. Il souhaite se faire tirer le portrait par un dessinateur. Je veux que ce soit toi qui y ailles.
- Pourquoi moi ?
- Parce que Riss est à l'hosto et que Luz serait capable là-bas de montrer son slip.
- Bon, écoute, après ce qui s'est passé, j'en ai un peu rien à secouer de rencontrer le président des States.
- Tu te rends compte de ce que ça représente pour 'Charlie' ? Ce serait exceptionnel ! »
... Obama, je m'en fous d'Obama, je préfère Cabu. Aller si loin pour servir la soupe à un président de passage. Marre des gens de passage, je veux de l'immuable, que plus rien ne passe ni s'effondre. Y aura forcément un con pour me prendre en photo avec Obama, peut-être même qu'Obama fera un selfie avec une perche à selfie, la photo fera le tour du monde, l'horreur, Obama étant pro-israélien, je vais avoir tous les Arabes sur le dos, Charb était pro-palestinien, ce serait une insulte à sa mémoire, je vais me retrouver au coeur du conflit israélo-palestinien alors que j'ai rien demandé, je vais pas pouvoir le régler vu mon état, merde...
« Allô, Gérard ? C'est non. Je suis malade en avion. »
(p. 62)
On se demande parfois si la campagne, qui s'est toujours moquée de la ville et de son hystérie, ne veut pas se faire aussi grosse qu'elle.
Le coeur est fatigué. Cette femme doit lire trop de romans...
"_C'est drôle, cette faculté de voir des choses presque humaines dans des formes de la nature.
Comme quand on regarde les nuages. Mais chez vous, c'est beaucoup plus fort.
_Nos mythologies et nos croyances font chauffer votre imaginaire.
_Pourtant, je ne connais rien à votre culture.
_Voir des créatures dans la nature, c'est une faculté qui a son utilité.
_Oui, elle pourrait me pousser à peindre...
_Ou à fuir. L'inconscient dont l'espèce humaine est dotée lui fait interpréter des formes incertaines, parfois terrifiantes, qui le rendent capables de fuir le danger. Réflexe archaïque !"
Admirez la logique : avant de semer du maïs, on plante des choux pour absorber les nitrates dont les champs sont gorgés. Puis, on balance du Round-up pour faire crever les choux, au lieu de les arracher ! Joli nettoyage des sols !
Les hommes se prennent toujours pour des champions de la création comme de la destruction. Parfois, la nature leur rappelle qu’elle était là avant, et qu’elle sait y faire.
Le dessin de presse, c'est une course, la bande dessinée, c'est une randonnée.