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Critiques de Catherine Poulain (376)
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Le Grand Marin

Au départ, c'était pour moi un défi de lire cet ouvrage, et ce le plus rapidement possible, étant donné que l'auteur devait être l'invitée de le seule eu unique librairie de ma ville (eh oui, pauvre de moi !) ce jeudi. Ouvrage donc rapidement emprunté à la médiathèque (toujours seule et unique dans cette même ville dans laquelle je réside) et rapidement lu. Deux choses se sont produite entre-temps, lorsque j'ai eu commencé ma lecture : la première est que l'auteure ne vient plus jeudi comme prévu mais à une date postérieure non encore connue à ce jour et la deuxième est que je n'ai plus lu cet ouvrage par défi mais simplement parce que je me suis laissée envoûtée autant bien par l'histoire que par la qualité d'écriture que nous offre ici Catherine Poulain.



Lili, l'héroïne et narratrice de ce roman, décide un beau jour de tout lâcher. Sa petite vie paisible et routinière à la campagne, sa famille...bref tout ! Elle a l'impression d'étouffer, elle n'en peut plus ! Il faut qu'elle parte à tout prix ? Pourquoi avoir choisi l'Alaska et la pêche pour survivre ? Tout simplement pour se sentir vivante ! Elle n'est jamais partie en mer pour d'aussi longues périodes et a encore tout à apprendre du métier de pêcheur mais Lili ne demande que cela. C'est le bateau le Rebel qui lui donnera sa chance de faire ses preuves et bien qu'elle ne soit plutôt menue, elle les fera. Elle apprendra à se faire respecter dans un monde traditionnellement réservé aux homme, fera ses quarts comme eux, videra les poissons (d'abord la morue puisque telle est la première grande pêche pour laquelle elle s'embraque) puis les flétans après et d'autres que je n'énumère pas car ils sont en partie minoritaire. C'est sur son premier bateau qu'elle fera la connaissance de Jude, "l'homme-lion" comme on le surnomme, le Grand marin préférera-t-elle employer comme distinction quand elle parlera de lui. Elle voudrait marcher dans ses pas, même quand il gueule car, il ne faut pas croire mais lors des journées de pêche, tous les hommes gueulent ! Lors du retour à quai, ils se rendent dans les bars afin de boire, fumer et boire encore. Lili, elle fera comme eux et sera, au bout d'un certain temps, appréciée et respectée comme eux. Pourtant, ils lui en ont fait voir de toutes les couleurs mais Lili a tenu bon, et est même devenue accro ! Accro à ce grand frisson, accro à ces nuits où le sommeil n'est quasiment pas autorisé, accro à ces heures d'attente, puis bien plus tard accro à "son grand marin" mais cela est une autre histoire...



Un roman poignant dans lequel le lecteur (ce fut le cas pour moi en tout cas) se laisse bercer par le bateau même quand la mer se fait capricieuse, quitte à en avoir un peu le mal de mer (je vous rassure tout de suite, on s'acclimate très vite) ! Il vit en même temps que ses personnages, espérant pour eux que la pêche aura été bonne ou tremblant avec eux en raison du matériel pas assez résistant et qu'ils devront rembourser une fois revenu à Kodiac, leur ville de départ, ayant froid pour eux et ayant presque honte le soir quand ils vont se coucher dans un lit bien douillet alors que certains, si le place se fait rare (tel est le cas de Lili au départ) doivent coucher à même le sol, avoir les pieds trempés et bien d'autres désagréments encore. Mais Lili, elle, est heureuse et par conséquent, le lecteur avec elle ! A découvrir ! Un premier roman qui s'avère très prometteur !
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Le Grand Marin

J'ai plongé les deux pieds dedans.

Pourtant ce livre ne raconte rien ou du moins pas grand-chose.

Une jeune française qui plaque tout pour aller au bout du monde et qui se retrouve sur un bateau de pêche à sortir et à éviscérer des morues sur un océan déchaîné au large de l'Alaska.

Voilà l'histoire.

Une histoire d'hommes, de marins, qui passent leur temps à pécher, à travailler, à dormir, à rentrer au port prendre des cuites, à repeindre le port en rouge, et recommencer. Un jour, c'est de la morue. Le lendemain, c'est du flétan. Peut-être qu'un jour on péchera le crabe !

Lili a embarqué sur le "Rebel" parmi les hommes. Elle est la seule femme à bord. Il faut qu'elle fasse son trou … toute seule. Se faire accepter … ne pas se plaindre … même avec une côte brisée … même avec une arête de poisson fichée dans la main, infectée jusqu’à l'empoisonnement. Garder sa place. Gagner la confiance de l'équipage. Se faire respecter. Dormir à la dure, quand on peut dormir. Des heures durant sur le pont, décrocher les poissons, les vider, accrocher les appâts, nettoyer et recommencer, encore et encore.

Un livre que j'ai pris comme un coup de poing, l'expérience est si puissante, sûr j'en ressortirai pas indemme.

La lecture s'avère passionnante, l'histoire dégouline comme les embruns sur les vitres de la timonerie. Les phrases sont courtes : un sujet, un verbe, un complément. Le rythme du récit est intense, pas d'ennui à la lecture. Un véritable talent de conteuse, la vie, le temps qui passe ... inlassablement .... inexorablement ... Comme les pages de ce livre qui filent plus vite que le vent : déjà la moitié ? Allez encore un peu ... Merde il fait déjà jour !

J'ai lu jusqu'à la nausée : homme de la terre, je n'ai pas le pied très marin.

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Le Grand Marin

J'ai découvert ce livre grâce à une autre Lili que je remercie car, sans elle, je serais passée à côté de ce roman. En effet, les livres parlant d'éléments maritimes ne m'intéressent pas vraiment habituellement. Honte à moi dont certains ancêtres étaient bateliers et dont une partie de la famille est constituée de marins-pêcheurs ! Cependant, je me rends compte que lorsqu'ils sont bien écrits - et c'est le cas ici - je me laisse embarquer. Il en avait été de même avec "Le Mépris et la Haine" de Jean-François Zimmermann.



Cette femme est une battante, j'oserais même dire "une combattante". Elle brave tout, sans sourciller ou presque, afin d'assouvir son idéal : vivre libre, être en harmonie avec les grands espaces. Elle lâche tout, une vie confortable, des repères géographiques et sociaux pour se lancer à corps perdu dans l'aventure. On ne sait que trop à quel point il est difficile, pour les hommes, de vivre à bord d'un bateau, d'essuyer des tempêtes, de garder le moral... alors imaginez un peu pour une femme au physique de brindille ! Mais Lili va s'adapter et se faire une place sur ce bateau au nom évocateur, le "Rebel"... SA place.



L'écriture de ce texte est mimétique des aventures de l'héroïne : elle ne laisse pas le lecteur respirer une seule seconde. Et lorsqu'on sait que Catherine Poulain s'inspire de sa propre expérience, on ne peut qu'admirer le courage et la passion qui l'animent. J'ai vraiment apprécié ce roman que j'ai lu pratiquement d'une traite, submergée par la grande vague des mots.


Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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L'ombre d'un grand oiseau

Après nous avoir relaté son expérience de marin-pêcheur pendant une dizaine d’années en Alaska, dans Le grand marin, son premier roman, multiprimé, puis celle d’une saisonnière agricole en Provence dans Le cœur blanc, Catherine Poulain, cherche à exprimer cette fois, dans L’ombre d’un grand oiseau, sa part animale, sa part de sauvagerie.

Pour raconter sa part animale intime, Catherine Poulain revient sur son enfance et même sa petite enfance dans les Alpes où elle vit dans une trinité sacrée, Dieu (son père est pasteur…), sa famille et la montagne. Elle évoque son amour pour la nature et le monde animal. Elle raconte comment elle prend conscience d’elle-même alors qu’elle a à peine cinq ans, avec la mort d’une mouche, sur une plage immense, qui s’épuise à remonter un creux de sable et qu’un gamin d’un coup de talon enfouit définitivement. Elle découvre ainsi la solitude du vivant. Elle égrène ensuite d’autres souvenirs dans lesquels elle se souvient par exemple, de ses tentatives pour sauver les mouches engluées sur le papier tue-mouches… Elle raconte aussi comment, quand elle a été malade et hospitalisée deux mois, elle a découvert à son retour sa tortue morte de faim et compris alors que posséder était tuer.

Elle nous confie aussi son amour des hauteurs, elle aime monter sur les toits, ayant alors l’impression d’être presque aussi haute que les oiseaux et avoue qu’elle aurait aimé voler, juste voler.

Elle ne rêve que de départs, de décoller, de prendre son essor et de s’arracher au monde. Finalement la route la prend bien avant l’océan.

Éprise de liberté, un besoin d’être dans le mouvement, elle est à la recherche de la frontière entre la bête et elle pour pouvoir la franchir.

La rencontre avec une fauconne blessée la fera se questionner sur notre part de sauvagerie et notre part d’assujetti. Est abordé alors le problème de l’enfermement, de la solitude.

Elle est confrontée également à cette impossibilité de pouvoir retenir le souffle de vie chez ces animaux, ces oiseaux qu’elle recueille, qu’elle réchauffe et qui pourtant meurent, tout comme elle ne peut retenir le souffle de vie de sa mère qui s’en va…

Dans un très beau passage en fin d’ouvrage, Catherine Poulain rend sa liberté aux mots, « Les mots ne sont que des mots, passagers, volatils, fluctuants, semblables aux marées, puissants comme le tonnerre parfois. Rien ne peut les retenir captifs. Seul reste leur chant, le bruit de leurs ailes lorsqu’ils rejoignent le vent, dans ce grand pays plat qui pourrait s’appeler solitudes ou silences. »

L’ombre d’un grand oiseau, référence au poème de Saint-John Perse, de Catherine Poulain, livre de toute beauté et d’une grande intensité qui décrit d’une manière unique, forte et puissante son rapport fusionnel au sauvage, m’a carrément éblouie : une plume sensible, poétique, vivante, ardente, parfois crue, un texte qui m’a happée, m’a emportée dans un tourbillon d’émotions.

Il est également une invitation à découvrir notre propre rapport à l’animalité.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Le coeur blanc

Je sors totalement éprouvée par cette lecture du cœur blanc. Mes aïeux ! Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Mes impressions ont joué aux montagnes russes ici: plaisir, ennui, écoeurement, longueurs.



Le cœur blanc relate l’histoire de plusieurs saisonniers travaillant sous un soleil de plomb ou sous un froid polaire dans les champs de Provence. Entre les asperges, les abricots et les lavandes, des petites mains s’attellent à la tâche au bord de l’épuisement, au bord de la peur dans un monde violent et sans scrupule. Dans ce monde, il y a surtout Rosalinde, une jeune femme rousse à la peau aussi blanche que la neige. Elle porte en elle le jour et la nuit, assiégée aux portes des loups qui tels des chacals halètent pour la dévorer.

Le monde de Rosalinde et des saisonniers tournent autour de l’alcool, de la drogue, du sexe, des maladies, comme autant de fléaux propres à l’échappatoire de chacun dans leur travail harassant. J’ose espérer que la société telle que je la conçois offre un peu plus d'humanité que j’en ai lu ici. J’ai eu l’impression de côtoyer des bêtes assoiffées de viande fraîche au milieu certes de cœurs blancs bercés par une envie de liberté, mais quel monde bestial!

Le roman vascille entre lyrisme et noirceur. Beaucoup de descriptions un peu trop longues à mon goût sur une nature terre mère de ces naufragés. Surtout quand l’action est quasi absente si ce n’est durant les dix dernières pages.

Vraiment, je reste très mitigée sur ce cœur blanc...



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Le Grand Marin

Avec le Grand Marin, Catherine Poulain nous offre un premier livre éblouissant dans le tumulte de l'Océan et le froid polaire de L'Alaska.



J'ai reçu Un coup au coeur en lisant ce roman tissé de douleurs, de cris, de désespérances, mais la grâce de l'écriture trempé au sang des fleitans, au regard des marins, univers où nulle femme ne vient , ne franchit le bastingage, ne se heurte aux rugosités sauvages de ces êtres, obligés pour survivre à accepter l'insoutenable, roman qui raconte l'essentiel, la vie.



L'histoire d'un défi humain, la pêche Hauturière, pour cette femme bouleversante d'émotions contenues, présente à la LGL, qui va enchanter mes amis halieutes et tous les amoureux de pêches en mer.



Ce roman, bouée de survie pour lili, le Nom de Catherine Poulain dans le roman, qui a du renoncer à cette vie de fracas pour des prairies paisibles entourée de moutons, l'a sauvée d'elle même, de ses frayeurs mais surtout de ses dix années qui l'ont porté vers des hommes âpres et noueux, John, Simon, Jude, Niképhoros...



Si l'écriture peut sauver parfois, Catherine Poulain nous en donne quel spectaculaire exemple!



Dans tout ce récit , rien de trop, rien d'inutile ni de gratuit, une exigence de justesse, les mots son choisis pesés, une écriture de chair," je ris quand il glisse, je sens le vent dans mes reins" une écriture manuelle, puisée dans les épreuves, l'humidité, le froid, le sel, les gerçures et les bruits assourdissants des manoeuvres « lili, mais bordel de merde lili tu dors » .



Le Grand Marin rassemble aussi des portraits d'hommes farouches qui peu à peu vont ouvrir leur humanité, leur sensibilité et leur histoire, à vous maintenant de rentrer dans la carcasse du Rebel pour vivre avec Lili son épopée, et une douloureuse mais très charnelle histoire d'amour.



Livre inoubliable à partager.

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Le coeur blanc

Enfermé , oppressé , condamné , voici enfin ma liberté à la fin de la lecture de ce roman.. Je m'explique: ils sont saisonniers, tous les étés, ils dorment dehors , n'importe où mais le plus souvent près du lieu du rendez - vous, là où passe le camion. Oui, celui qui les conduira , s'ils sont assez assez vifs , vers les abricotiers , les fraisiers , les asperges. Le soleil burine , ride leurs visages , les ronge et les couvre de rides. Enfin , le soir , la bière, le vin , le pastis et la drogue et les cachetons et le sexe . Coucher pour espérer, coucher vers l'échange, l'espérance. Coucher avec celui ou celle qui cache sa maladie , celui ou celle qui refuse la grossesse . Et si on est une femme , servir d'exutoire , être violée par les durs sous le regard de la tenancière dont la protection ne sera jamais acquise qu'à ceux dont les verres se remplissent, se vident , se remplissent....Autour d'eux , seul le feu , purificateur ou ...destructeur. Les choix , suivre les copains , les saisons ou....

Ce roman est terrible , violent , âpre , désespéré. Il est servi par un style abrupt , faisant fi de certaines conventions. Les dialogues fusionnent avec le récit, comme si les tentatives des personnages se confondaient dans un ensemble hermétique, un ensemble compact, sans échappatoire.

Ce roman pourra ne pas plaire à tout le monde, les commentaires lus me le prouvent . C'est bien là l'une de ses forces et non la moindre. Les personnages féminins sont sublimes dans leur détresse. A nous de leur trouver un espoir, un avenir .

Catherine Poulain m'avait transporté avec son " grand marin". Là , je suis un peu plus circonspect , j'ai parfois trouvé le temps long dans ce monde sans concession , ce monde sans espoir , ce monde où la nature humaine se montre sous un jour impitoyable , sans doute , hélas, réaliste.

J'ai rencontré cette dame à Brive , elle m'a précisé qu'elle ne parlait pas d'elle dans ce roman . Cela me rassure pour elle mais je vais me tenir éloigné de ce monde qu'elle connaît fort bien. Une sacrée "bonne femme ", sans aucun doute pour un roman " qui pique ", un roman qui mérite vraiment le détour, sauf si on traverse une periode de morosité. Là, je vous conseille d'attendre le printemps....
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Le Grand Marin

« Manquer de tout, de sommeil, de chaleur, d’amour aussi, jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à haïr le métier, et malgré tout on en redemande, parce que le reste du monde vous semble fade, vous ennuie à en devenir fou. On finit par ne plus se passer de ça, de cette ivresse, de ce danger, de cette folie oui ! »





Eh oui, elle en redemande, Lili ! La petite Française toute menue qui s’en va, de Manosque à Kodiak, en Alaska, pour pêcher, oui, pêcher ! S’en aller sur un bateau plein de marins rudes, arracher le cœur des poissons, les manger...Parce qu’elle MANGE le cœur des poissons, après les avoir vidés. Drôle de fille, Lili. Et puis quand vient le temps de retourner à terre, elle erre. Dans les bars, sur les routes, sur les rochers. A la rencontre du vide, du manque de mer. Elle se heurte à l’alcool, elle s’attache à certains hommes, à un homme certainement : le grand marin, le lion, le dur, l’immense à l’extérieur, le paumé de l’intérieur. L’Alaska remplira-t-il son rêve ? Celui d’aller jusqu’au bout ?





Vous allez dire que je suis folle car ce roman a été encensé, mais je ne l’ai pas aimé. Malgré ce style exceptionnel, à coups de phrases courtes et très souvent poétiques, que je salue en connaisseuse, je n’ai pas aimé.

L’ambiance grise, pleine de saleté, de vomissures, d’alcool, d’entrailles de poissons, de sang, de blessures, d’humidité, les personnages perdus quoique rarement méchants, quelquefois misogynes mais souvent malheureux, prisonniers de leur destin happé par la mer, l’hiver, la bruine, les rochers, les bateaux sales et noirs, les patrons têtus...pardonnez-moi, mais je n’ai pas aimé.

Impossible pour moi de trouver quelque chose de positif dans cette narration d’un « rêve » de toujours. Est-elle heureuse, la petite Française ? Ce vide qu’elle a dans le ventre est-il comblé ? Je ne sais pas. Quand elle est en mer, oui (mais la narration de la pêche, quel ennui pour moi !). Quand elle est sur terre, c’est autre chose.





Ce désespoir latent quand on va au bout de ses rêves, ça ne me va pas.

Le sommeil, la chaleur, l’amour, j’en veux. Et ce n’est pas dans ce roman que je les trouve.

Encore désolée.

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Le Grand Marin

Kodiak- Alaska.

Dans le sillage de Lili, jeune "frenchie", nous embarquons pour une saison de pêche aux flétans à bord du "Rebel".



Que cherche Lili? Qu'est-elle venue oublier? A quoi veut-elle échapper?



Dans une prose poétique Catherine Poulain nous donne à sentir, à voir, à giter, à approcher l'immensité de l'océan, à communier avec elle dans sa rage de vivre à bras le corps, et dans sa lutte continue pour gagner sa place à bord et rester debout face aux déchaînements des éléments (froid, tempêtes ...).



Elle voulait qu'un bateau l'adopte, elle s'unit à un équipage, fait ses classes , et déterminée rêve toujours d'atteindre Point Barrow (point le plus septentrional de l'Alaska), la dernière frontière: "Et puis je rêvais d'aller au bout du monde, trouver sa limite, là où ça s'arrête."



Mais sur son chemin, elle rencontre Le grand marin, crinière dorée de viking délavée par le sel, et découvre en lui un nouveau continent.



Le souffle de Catherine Poulain avec sa plume transforme les murmures de Lili en déferlantes, en écume de mots où le lecteur plonge pour retrouver la vague de la vraie vie, corps tendu et bandé, esprit libre et éveillé.



Un bonheur de lecture que Catherine Poulain nous offre avec son double, Lili, notre guerrière, héroïne d'une mattanza (rituel ancestral de la pêche aux thons) moderne, digne d'un héros d'Homère et le récit qu'elle nous délivre de ses filets...



Auteur à suivre, je le souhaite car c'était là son premier roman, très proche de son expérience (elle a pêché dix ans en Alaska).



Une odyssée magnifique et authentique qui nous emporte sur de lointains rivages.

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Le Grand Marin

Lili en Alaska, rien à voir avec Martine à la Mer, m'a fait vivre des sensations éprouvantes.

Lili a quitté Manosque-les-Plateaux, Manosque-les-Couteaux, sa France natale, elle veut connaître la liberté, elle veut l'Alaska, elle veut pêcher comme un homme. Elle arrive à Kodiak, port de pêche d'une île faisant partie de l'Alaska, un lieu où la vie est rude, où beaucoup d'épaves humaines échouent.

C'est cette grande aventure autobiographique qu'elle me raconte avec parfois des phrases courtes rythmées par les vagues de l'océan. Sa vie est rude, elle se blesse mais serre les dents. Lili, le petit moineau, se veut marin comme le grand marin qu'elle aime en secret.

En lisant, j'ai eu des moments de dégoût mais c'est le respect pour la femme hors norme qui prévaut, l'admiration pour sa qualité d'écriture.

Le grand marin, un livre coup de cœur, une aventure à lire !



Challenge Atout prix 2016-2017

Prix du Roman Ouest-France Étonnants voyageurs 2016 - Prix Compagnie des Pêches - Prix Gens de Mer - Prix Joseph Kessel - Prix Livre & Mer Henri-Queffélec - Prix Nicolas Bouvier - Prix Pierre Mac Orlan
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Le Grand Marin

Une vrai bonheur de lecture, l'incroyable parcours de cette femme éprise de liberté, qui brave un monde d'hommes et s'attire le respect de l 'ensemble des pécheurs. L'écriture de Catherine Poulain est riche, poétique, sans faux semblants. Il faut avoir le cœur bien accroché lors des sorties en mer.

Son courage force le respect, son amour pour le Grand Marin bel intermède à une aventure dure mais tellement désirée, est touchant. Un premier roman brillant, difficile à lâcher.« C'est pas la femme qui prend la mer, mais la mer qui prend la femme ».

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Le coeur blanc

Je referme ce livre totalement éblouie par cette écriture majestueuse qui colle aux sentiments comme aux paysages. Une écriture précise, belle, rugueuse parfois, que j’ai eu plaisir à retrouver dans « Le cœur blanc ».

Dans ce deuxième roman, deux personnages féminins sont à l'avant de la scène : Rosalinde et Mounia. Deux personnalités hors du commun, deux destins tragiques, deux âmes solitaires, deux femmes libres. Nous sommes dans le sud de la France, dans des villages agricoles où les saisonniers débarquent en fonction des récoltes et selon la main d’œuvre recherchée par les propriétaires (vendange, récolte des abricots, des olives...). Ces deux femmes font toutes les deux parties de cette horde de saisonniers qui sillonnent la campagne à la recherche d'un boulot pour quelques jours, d'un toit, et d'un bar où passer quelques heures après les longues journées de travail.

De nombreux personnages secondaires émaillent aussi ce roman, des bras cassés en grande partie, des errants. On sent que tous ces individus portent des histoires dures en eux, des secrets. Ils plongent dans le travail et l'alcool pour fuir une autre vie, une famille, un passé... et malgré la dureté de leur vie, de leurs actions, on s'attache à certains d'entre eux, on palpite avec eux, on fuit dans leurs pas, on rêve avec eux d'une vie plus douce.

Il n’y a rien d’inutile dans ce livre, tout sonne juste. Les mots sont pesés et toujours en accord avec les sentiments décrits.

La nature est belle sous la plume de Catherine Poulain lorsqu’elle nous parle du soleil de plomb qui brise les corps ou du vent qui fait ployer les arbres et les hommes.



Un talent découvert avec « Le grand marin » et totalement confirmé avec ce nouvel opus.

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Le Grand Marin

Je ne ferai pas un trop long commentaire car tout a été dit , déjà !

Voici un ouvrage passionnant, âpre, rugueux , un récit étonnant à l'état brut, magnifique , surprenant qui nous emporte loin!....

Lili, silhouette frêle, de " moineau" décide de tout quitter et partir en Alaska vivre de la pêche !

Persévérante, courageuse, orgueilleuse, implacable, résolue, là où rien ni personne n'entrave sa"Liberté" elle ignore le froid, le sommeil, la faim parfois, loin, trés loin des contraintes sociales.

Nous plongeons dans un espace de rudesse, de cris, de violence, d'humidité constante, de vent dans la face, de bourrasques d'eau, de lumière intense qui danse sur les flots mais aussi de respect et de tendresse.

Une existence à l'état brut, épuisante et âpre, un apprentissage effrayant qui se doit de passer par le sang....mains boursouflées, peau abîmée, muscles douloureux, accidents....infections.....cheveux poisseux....

Dans le rude milieu des pêcheurs qu'elle côtoie aussi à terre, elle conquiert sa place de haute lutte seule femme, parmi les marins ,elle se colléte avec la mer, ne démérite pas! Dans ce monde d'hommes .

On ressort de cet univers sauvage et abrupt , puissant et prenant un peu plus vivants.

Enivrés , nous partageons l'ivresse du Grand large,la fraternité avec les marins et l'océan indomptable!

Une trés belle écriture brute et ciselée, un dépaysement total au service d'une passion et le désir d'aller jusqu'au bout de ses forces jusqu'à l'extenuement, face à la mer sombre et violente les nuits de pêche !

Lu d'une traite, je n'ai pas du tout l'habitude de lire des histoires qui touchent à la pêche comme quoi ......



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L'ombre d'un grand oiseau

C'est mon 1er livre de Catherine Poulain et quelle splendeur ! Une merveilleuse autobiographie charnelle et poétique tournée sur le monde du vivant. Pas celui des hommes, celui des bêtes.



L'ombre d'un grand oiseau est un magnifique texte né du triste sort des fourmis noires de l'enfance, de la rencontre saisissante avec les fauves aux yeux tristes et du vol des grands oiseaux migrateurs.



Petite fille, la narratrice regarde vivre, lutter parfois pour survivre les petits insectes, les poules, les oiseaux.. Elle fait son propre apprentissage de la vie en les voyant grandir et mourir. C'est une part d'elle-même qui se construit, sa part animale qui jamais ne l'a quittera.



Le récit au gré des souvenirs nous transporte vers un lieu devenu inaccessible et désespéré , celui de la liberté. C'est une injonction à vivre.

L'envie de partir comme une envie de disparaître. Suivre le vol des oiseaux migrateurs tant aimés au gré de l'océan glacé et des sensations.

Le grand marin, quelques lignes, belles comme des vers de poésie, elles m'ont touchée en plein coeur.



J'ai été émue par l'évocation puissante et sensorielle d'un passé qui ne reviendra pas, l'enfance dans la montagne, la vieille bâtisse familiale, l'agneau qui ne bêle plus, les départs. Et les tentatives de vivre avec ce qu'il en reste. Entre énergie et désespoir, où toujours il y a un oiseau à sauver.



A lire absolument.

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Le coeur blanc

Après m'avoir emmené à la pêche en mer en Alaska, avec le grand marin, dans des conditions difficilement supportables, conditions vécues par elle-même, Catherine Poulain m'a régalé avec un nouveau roman : le coeur blanc.

Cette fois-ci, elle reste en France, dans le sud-est, région qu'elle connaît bien aussi, et parle des travailleurs saisonniers, prouvant là encore qu'elle possède parfaitement son sujet.

Le roman est dense, fort, intense. En lisant le coeur blanc, j'ai vécu avec Rosalinde, cette femme qui fait les saisons, j'ai ressenti sa fatigue, le froid, la terre et j'ai compris la nécessité du plaisir physique qu'elle prend au hasard de ses rencontres, au cours d'étreintes un peu rapides. Rosalinde est allemande et c'est elle « le coeur blanc » comme Ahmed la qualifie : « Toi tu es une femme, bien plus femme que la grosse du patron. Tu es maigre parce que tu travailles trop. Trop dur. »

Asperges, melons, fraises, abricots, tilleul, vendanges, olives, lavande, les travaux saisonniers ne manquent pas mais ces hommes et ces femmes boivent beaucoup, beaucoup trop, se droguent aussi et ils sont très mal vus par les autochtones qui les repoussent mais certains profitent et abusent d'eux.

Je n'oublie pas Mounia à qui Catherine Poulain donne la parole. Fille de harki, elle rêve de Gibraltar, aime Rosalinde mais n'arrive pas à la garder auprès d'elle. Quant au travail, il permet à l'auteure de livrer des pages magnifiques sur le travail dans les vergers.

Le coeur blanc est un roman superbe, au vocabulaire riche, sans concession, important à lire pour bien saisir tout le travail accompli par ces travailleurs saisonniers dont nous profitons lorsque nous consommons ce qu'ils ont cueilli, ramassé dans des conditions extrêmement dures.


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Le coeur blanc

Ce magnifique roman de Catherine Poulain, son deuxième seulement après Le grand marin, met en scène une dizaine de personnages parmi lesquels émergent deux femmes : Rosalinde, « La Tigresse aux cheveux rouges » et Mounia.

Ce sont tous des saisonniers qui vont et viennent, allant de la vigne aux champs de lavande, des tilleuls aux oliviers, sans oublier les asperges, les cerises et les abricots auxquels Rosalinde va les comparer : « On est les abricots du rebut, les vilains petits fruits tout piqués, tavelés, tordus, les invendables qu’on balance dans le cageot pour la pulpe. »

En errance en Provence, ces femmes et ces hommes sont tous plus ou moins hantés par des rêves d’ailleurs. Mais dans cet univers précaire des ouvriers agricoles, immigrés clandestins pour la plupart, et que l’auteure connaît bien pour avoir été saisonnière elle-même, la lutte est âpre et sauvage.

Catherine Poulain décrit étonnamment bien à la fois la beauté de la nature et la difficulté à supporter la chaleur ou le froid, l’accueil réservé à ces saisonniers, le travail dans les champs jusqu’à l’épuisement avec souvent la plongée dans l’alcool pour récupérer.

C’est tour à tour sensuel, violent, plein d’émotion, de fragilité. Rosalinde, ce cœur blanc, ce cœur pur, en quête de liberté, fière, insaisissable, résiste au désir des hommes, parfois y cède, Elle va peut-être trouver un peu d’apaisement avec Mounia mais rien n’est joué.

Le cœur blanc est un roman charnel d’une très grande force poétique, à la fois très sombre et très lumineux. Je n’avais pas été emballée par Le grand marin mais avec celui-ci, j’ai été éblouie !

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Le Grand Marin

« Le grand marin », c’est l’histoire de Lili qui sous une fragile apparence cache une volonté de fer. Elle veut partir pêcher en Alaska, avoir la souffrance et le danger comme seul horizon. Elle a tout lâché, sa famille, ses amis, la France. Une seule idée la fait vivre : aller le plus loin possible sur une carte et dans son corps aussi, comme poussée aux extrêmes : eau glacée dans les bottes usées, dans les gants déchirés, manipulant des flétans plus grands qu’elle, ivre de fatigue par manque de sommeil, avec le risque, les blessures qui peuvent à tout instant mettre fin à ses rêves. Il faut se battre, serrer les dents, ne pas hurler sa peur et sa douleur pour se faire une place dans ce monde d’hommes.

« Manquer de tout, de sommeil, de chaleur, d’amour aussi, jusqu’à n’en plus pouvoir, jusqu’à haïr le métier et que malgré tout on en redemande, parce que le reste du monde vous semble fade, vous ennuie à en devenir fou ».

Le skipper et les autres marins tout anciens alcolos, plus ou moins repentis lui font une place dans leur cercle de machos.

« Les femmes sur les bateaux, tu sais, j’ai toujours été contre. Mais je n’avais encore jamais pêché avec aucune. C’est un monde d’hommes, un travail d’hommes – en plus on ne peut même plus pisser tranquille sur le pont, faut s’arranger pour être hors de leur vue. Pourtant des femmes comme toi, qui bossent comme des mecs, vingt-quatre heures sans broncher, ah, j’en veux bien une sur mon bateau. »

Quant à l’amour, peut-il exister entre Lili et le « Le grand marin » ? De promesses en séparations au gré des escales, un avenir est-il possible pour ces deux êtres épris de liberté ?

L’histoire d’amour me semble secondaire, ce qui m’a surtout frappé dans ce texte magnifique, c’est la solidarité, la fraternité qui uni ces marins. Ils vont au bout de la souffrance et de l’épuisement. De coups de gueule en bagarres, ils se retrouvent pour une ultime cuite avant de sombrer quelques heures dans un sommeil lourd qui les laissera hagards au lever du jour pour mieux recommencer.

Ce roman, que l’on devine en grande partie autobiographique nous fait découvrir une écriture magnifique, nerveuse et précise. De nombreux dialogues donnent un rythme trépident au récit.



Catherine Poulain a un vrai grand talent et m’a entrainée à la suite de Lili et du grand marin dans une magnifique aventure.

A lire absolument.



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Le Grand Marin

Déçue, déçue ... je suis amèrement déçue, car je m'étais fait une fête de partir en Alaska sur des bateaux de pêche dans la peau d'une femme libre et courageuse.



Rendez - vous littéraire complètement raté, et je l'ai su dès les premières lignes du roman :

parce qu'une phrase à rallonge dans une langue oralisée m'a coupé la respiration,

parce que des phrases longues très longues s'articulent avec d'autres dignes d'un enfant de cinq ans,

parce que le roman rédigé au présent ne contient pas de compléments circonstanciels temporels, signes d'une antériorité ou d'un futur à venir,

et j'en passe.

Oui, c'est en premier lieu le style de Catherine POULAIN qui m'a offusquée, mais j'y reviendrai.



Dans cette autobiographie "romancée", Lili, le double de l'auteure quitte, comme elle, Manosque-les-Couteaux où elle se morfond pour aller pêcher en Alaska. Ce petit bout de femme parvient à se faire embarquer sur un bateau de pêche, le "Rebel". Au milieu des hommes qui boivent comme des trous et fument comme une caserne de pompiers, elle apprend vite, et souffrent aussi beaucoup.

Quand elle revient à terre, elle nous raconte la clandestinité et toujours l'alcool, la défonce...les piaules misérables, la malbouffe.



La seconde partie sera consacrée à Jude, "Le grand marin". Lili et lui s'aiment dans la sauvagerie qui seule vaut le coup que la vie soit vécue ! Mais que choisir entre l'amour de l'océan et l'amour de l'autre ?

Cette fascination pour celui qu'elle nomme le grand marin est peut-être la partie la plus travaillée... on parvient mieux à situer les actions et récolter quelques ressentis. J'ai bien dit "quelques", pas "les".



Pour l'héroïne Lili le reste du monde semble peu à peu fade, l'ennuie à en devenir folle. La pêche se révèlera avec l'ivresse du danger, la recherche d'une forme de folie aussi, d'existence qui met à distance ce qu'on est. Dépasser sa pâle condition humaine se révèle alors la seule solution. " On a la sensation, extrêmement additive, d'être à nouveau libre, vivant, maître de son existence. Mais choisit-on vraiment ? C'est aussi une chimère. " (Magazine LIRE mars 2016).



Que de plaisir à résister, à se battre toujours plus, contre les roulis, le froid, la fatigue, la colère des hommes quand tout se déchaîne sur le pont du bateau. Son corps exulte à repousser sans cesse ses propres limites, et il y a là une matière évidemment passionnante, si on la traite avec une vraie écriture ; car la façon dont elle a raconté son sujet ne m'a pas convaincue. Ce n'est pas le fond du roman qui pêche (je ne pouvais pas l'éviter !), il est éminemment passionnant, car Catherine Poulain nous raconte ceux dont on ne parle jamais, et nous conte une fuite vers l'abîme déroutante. C'est la forme choisie pour ce livre que je lui reproche.



Je ne reconnais pas du tout ce roman dans le "souffle littéraire" dont certains chroniqueurs nous ont parlé. D'autres ont été plus dubitatifs. Comme moi.



Une structure chaotique, pas d'espaces pour reprendre son souffle, une langue irrégulière (en de très courts moments elle est se saisit d'une forme de poésie pour quelques lignes plus tard reprendre un style creux et dur à la fois), une absence de contextualisation, de temporalité ... ont rendu ma lecture extrêmement pénible. Mais comme un marin - pêcheur sur le pont, j'ai tenu bon la barre.



Finalement son roman ressemble à des notes prises pendant des années et mises bout à bout. Son roman n'est en aucun cas un exercice de style puisque la qualité de l'écriture n'est pas une priorité : seuls comptent les faits (et leur force), l'accumulation.



Je pense cependant qu'on peut très respectueusement écrire sur les travailleurs, les "petites" gens, rendre palpables leurs gestes, leurs états sensitifs, émotionnels sans passer par un charabia écrit comme celui qui nous a été donné de lire.



C'est certes un livre unique, pour l'aventure incroyable d'une femme hors du commun, mais encore aurait-il fallu l'écrire réellement pour témoigner lisiblement de ce qui se vit là-bas.




Lien : http://justelire.fr/le-grand..
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Le coeur blanc

"Quelquefois l'âme est fatiguée. On sent ses soubresauts inquiets, furieux,

comme un tourment qui s'exaspère, une agonie secrète qui vous étonne et

vous déchire. Vous prend le désir d'autre chose, des goûts de départ absolu, de fuite qui sait, d'océan peut-être." (Points, 2019 / p. p. 56)"



Un texte de qualité au style fort, fluide, tout à tour cru ou poétique lorsqu'il s'agit des descriptions de la nature... Je me sens mal à l'aise dans cet univers de saisonniers, des personnes venant de tous les horizons et pays..., des êtres déglingués, abîmés, solitaires, faisant les saisons, gagnant une misère, et n'ayant aucune reconnaissance sociale...rejetés par les villageois -mêmes, qu'ils viennent aider. Un tableau terrifiant de l'exploitation d'autres humains... l'incompatibilité immuable des sédentaires et des "nomades"...toujours plus suspects !





Des gens qui ont souvent tout perdu, s'oublient entre la fatigue physique

des récoltes saisonnières, l'alcool et le sexe... Un univers, en dépit de quelques lumières offertes par la belle nature, profondément sombre et désespérant...

Comme l'auteure nomme ces saisonniers, comme le "rebut" de la société... Un texte d'une grande qualité, que je trouve toutefois, tellement mortifère, qu'on a l'impression d'étouffer, de se sentir asphyxier !!



Parmi les différents personnages, deux figures féminines centrales, Rosalinde, et Mounia... Deux personnalités courageuses, endurantes, indépendantes, tour à tour flamboyantes ou désespérées...dans ce monde impitoyable des "saisonniers" !!



"Je pense parfois que les saisonniers, on est des anciens combattants . On cherche le feu d'un combat, on en charrie surtout le manque parce que le plus fou c'est qu'on n' a pas ,combattu. Enfin, pas pour de bon. Toi, Mounia, c'est la guerre de ta famille, la vie de ta mère aussi, que tu portes peut être et que tu continues à ta manière, mais contre qui, pour qui, tu le sais ? (p.140)



L'auteure a elle-même expérimenté des années durant ces petits boulots...

Entre grande solitude, précarité, mépris...des univers, des expériences aussi enrichissantes que mortifères !! Un très beau texte... mais à lire dans une période plus légère !!



J'avoue être soulagée d'achever ce texte pourtant d'une grande qualité mais qui m'a vraiment "plombé" le moral... Noir, trop noir !!
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Le Grand Marin

Lili est en fuite: elle fuit Manosque-les-couteaux. Un événement qu'on devine violent, douloureux, la chasse vers la mer.



L'Alaska et la grande pêche- la morue, le flétan- l'attendent pour une aventure au bord du monde, au bout de tout. The Last frontier.



Kodiak, c'est le nom du port de pêche des ultimes embarquements. Là que se retrouvent marins sans navire, skeepers sans équipage , fous de pêche, alcooliques en rade, bums, et desperados.



Peu de femmes. Des barmaids et des femmes d'escale. Et parfois des femmes de mer. Des affamées de vent, de houle, de tempêtes et de mouettes criardes.



Lili.



Petite runaway , Lili est maigrichonne. "Moineau" comme ils l'appellent, à bord - les joues recuites de vent et de soleil comme une indienne, toute fragile, pleine de larmes et de rires qui sortent d'elle en désordre au gré des émotions- et pourtant si forte, si dure à la douleur- la main percée et empoisonnée, la côte cassée, la jambe douloureuse- son corps menu est une blessure qui lentement s'endurcit, se cautérise, se noue de forces nouvelles, tressées serré comme les brins d'une drisse..



Car elle veut faire sa place sur le Rebel : elle dort par terre dans son duvet mouillé, love les cordages avec soin, vide les poissons jusqu'à la nausée, mange leur coeur cru et palpitant comme une barbare, court sur le pont mouillé sans perdre l'équilibre, lutte contre les rafales, écarquille les yeux tout grands quand elle fait son premier quart... Elle n' est encore qu'une bleue..sur les bateaux on dit "green".



Elle s'amarine.



Avec les hommes du bord, il ne faut pas attirer sur elle les regards, les gestes supérieurs ou irrespectueux, mais gagner leur estime, mais gagner leur confiance, mais gagner la rude place de compagnon de bord ou de bordée. Savoir remonter sans encombre une palangre où frétillent les morues, mais aussi savoir descendre bières ou whiskies sans sourciller quand , la pêche finie, les marins partent en virée dans les bars pour "repeindre la ville en rouge".



Ne pas se laisser troubler non plus par les regards fauves de l'homme-lion, le "grand marin" du titre, ce Jude plein de blessures et de souffrances secrètes, qui peut bien gagner son cœur, posséder son corps, mais jamais aliéner cette folle liberté que la mer, la pêche et la rude vie de marin lui donnent comme un cadeau royal - avec la solitude magnifique qui l'accompagne.



Le grand marin est un livre unique: une femme y vit une aventure d'homme, sans perdre pour autant sa féminité ni sa fragilité, ni sa capacité d'aimer.



La passion de la mer la dévore , la mutile et la forge. La passion de la pêche lui donne une famille, un statut, une place, mais largue pour jamais ses amarres.



Lili ne pourra jamais attendre un homme dans une maison, comme une "petite femelle", elle n'ira même pas le rejoindre dans un port plus clément, et le grand marin, lui, n'aura pas la patience de l'attendre.



La mer et la grande pêche ont fait d'eux d'éternels vagabonds des mers, heureux seulement dans le balancement des vagues, au milieu des cris d' oiseaux, des écailles sanglantes et des éclats argentés des grands poissons.



Se lit sans modération, comme boivent les marins, pour oublier qu'ils sont à terre.



Il y a , c'est vrai, des longueurs, des redites, et la fin se perd un peu dans les brumes et les remous...mais c'est comme un navire qui chercherait sa route dans les tempêtes et, qui, faute de cartes, s'abandonnerait au vent pour le pousser loin des côtes dangereuses...



Une goulée d'air salin, une claque ébouriffante, une rencontre époustouflante.



Elle est grande, la petite Lili...

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