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Citations de Catherine Salles (42)


Il est significatif qu'aucun de ces intellectuels n'a proposé de programme cohérent pour réformer les institutions. La seule question qui les préoccupe est de savoir si un noble "philosophe" peut conserver une activité sous le règne d'un "tyran". A cet égard, le dialogue fictif qu'imagine un peu plus tard Épictète entre le stoïcien Helvidius Priscus et Vespasien est éclairant. A l'empereur qui, craignant ses interventions corrosives, lui fait dire de ne pas assister aux séances du sénat, le philosophe répond:
- C'est en ton pouvoir de ne pas me permettre d'être un sénateur, mais, tant que je le suis, je dois assister aux délibérations.
- D'accord, mais alors garde le silence!
- Si tu ne me demandes pas mon opinion, je me tairai.
- Mais je dois te la demander.
- Et moi, je dois répondre ce qui me semble juste.
- Mais si tu réponds, je te mettrai à mort.
- Est-ce que je t'ai jamais dit que j'étais immortel? Toi, tu joueras ton rôle et moi, le mien: le tien, c'est de mettre à mort, le mien, de mourir sans trembler, le tien, c'est d'exiler, le mien de partir sans me plaindre.
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Alors que, sous la dynastie julio-claudienne, des révolutions de palais, des complots plus ou moins bien orchestrés amènent au pouvoir tel ou tel membre de la famille augustéenne, en 68-69 ce sont les armées qui deviennent les agents des soulèvements, les légionnaires se posent en maîtres du destin du monde romain. En corollaire, la plus grande confusion règne dans l'Empire: pendant qu'en Espagne Galba se voit proposer l'Empire par ses troupes, en Germanie Verginius Rufus reçoit la même offre de la part de ses légions. Tandis que Galba est solennellement intronisé à Rome, son successeur Othon est déjà prêt à le renverser et les légions de Germanie poussent leur général Vitellius à prendre le pouvoir. Et ce dernier n'a pas encore fait son entrée officielle à Rome que les armées d'Orient acclament Vespasien comme empereur.
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En assurant la sécurité aux frontières, les Flaviens ont favorisé le développement économique et urbain des provinces. Ils ont voulu aussi accélérer la romanisation de leurs sujets pour harmoniser les modes de vie des peuples si différents qui constituent leur Empire. Les provinces occidentales, en particulier la Gaule et l'Espagne, vont tirer des bénéfices substantiels de cette politique. Alors que l'Italie ne parvient pas à freiner le déclin qui la touche depuis le début du siècle, le reste du monde commence à s'épanouir dans la "paix romaine".
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Flavius Sabinus (père de Vespasien) devient en effet receveur de l'impôt du quarantième en Asie, c'est-à-dire qu'il dirige la perception des droits perçus sur la circulation des denrées dans une des circonscriptions de cette province opulente... En gérant de façon très équitable et intègre cette charge, d'habitude fort détestée des populations provinciales contraintes de payer les impôts aux représentants de l'autorité romaine, Flavius Sabinus se distingue des autres publicains au point de recevoir de ses administrés une marque d'estime bien rare: des villes d'Asie lui élèvent des statues portant cette inscription: "A notre percepteur intègre".
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Obtenue avec difficulté, l'édilité ne donne pas l'occasion à Vespasien de s'illustrer. Parmi les fonctions de l'édile, se trouve en effet le soin de la propreté de la Ville. Lors d'une de ses promenades dans Rome, l'empereur Caligula trouve que les rues sont fort sales. Il ordonne à sa suite de ramasser de la boue et d'en recouvrir le manteau de Vespasien pour le punir de sa mauvaise gestion. Plus tard, au moment de l'accession de Vespasien à l'empire, ses partisans interprèteront comme un heureux présage cette mésaventure humiliante, déclarant que le Flavien était attendu pour nettoyer l’État de sa boue, comme il avait dû le faire autrefois pour son manteau!
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Tacite prête à Petilius Cerialis lors de son entrée à Trèves après sa victoire sur les Trévires un long discours dans lequel le général romain fait valoir les intérêts évidents qu'ont les cités gauloises à rester fidèles à Rome: " Si les Romains sont chassés, que se produira-t-il sinon une guerre universelle ? Huit cent ans de bonheur et de sage politique ont cimenté notre édifice. il ne peut être jeté à bas sans entraîner dans sa ruine ceux qui veulent le renverser." Ce thème des bienfaits de la paix romaine... est significatif de l'état d'esprit de beaucoup de peuples conquis par Rome au moment de l'avènement de Vespasien.
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La réflexion de Pline sur le progrès, celle de Quintilien sur l'intelligence humaine débouchent en fait sur un nouvel humanisme qui s'épanouira dans la pensée de l'époque antonine.
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Les prostituées ont l'habitude d'envoyer au port leurs petits esclaves, leurs jeunes servantes. Si un bateau étranger entre dans le port, elles demandent de quel pays il vient et à qui il appartient. Aussitôt elles abordent le patron du bateau, elles se collent à lui et, si elles parviennent à le faire tomber dans leurs filets, elles le renvoient chez lui complètement à sec.
Ce sont de véritables navires pirate qui sont à l'affût dans le port.
(commentaire de "Plaute" inséré dans le chapitre 3 "Hetaïres, gigolos et voyous")
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Les maitres du monde n ont même pas une motte de terre à eux
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Six mois ont donc permis à Vespasien de s'emparer du pouvoir impérial, six mois de calculs, de réalisations méthodiques, de plans soigneusement mis au point. Un des plus grands atouts de Vespasien, lors de la phase finale de son accession à l'Empire, est d'être resté à l'autre bout de Méditerranée et de n'avoir pas participé physiquement aux combats et aux massacres qui l'ont amené au pouvoir. En attendant la fin de l'année 70 pour revenir à Rome, Vespasien évite toute compromission, tout engagement gênant et néfaste pour sa réputation.
Lorsqu'il fait son entrée à Rome à l'automne 70, il peut se présenter comme l'homme de la paix capable de redonner un second souffle à l'empire romain...
(extrait du paragraphe " la marche au pouvoir suprême" de l'édition parue chez "Tempus" en 2002)
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Sans mentor, soumis aux perversions de Tigellin et de son entourage, Néron sombre lentement dans la démesure (l'ubris grec) qui l'entraîne vers le crime. Les auteurs anciens ont souvent mis sur le même plan Caligula et Néron "les deux fléaux du genre humain", selon Pline l'Ancien. En fait, les deux empereurs sont fort différents. Le premier était maifestement fou, le second a un tempérament qui le pousse à accomplir des actes hors normes. Suétone a fort bien énuméré les cinq vices qui, dès 60, ont caractérisés le comportement de Néron : pétulantia (goût de la provocation), libido (lubricité), luxuria (goût du luxe), avaritia (cupidité), crudélita (cruauté).

p.152-153
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aime moi toute et n'aie pas de chagrin si un autre me possède
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[...] ... Il y a plus imposteurs que les diseurs de bonne aventure, ce sont ceux qui se prétendent les prêtres d'une de ces divinités orientales familières aux Romains depuis le IIème siècle av. J. C., Isis, la grande déesse syrienne servant de "paravent" à des hommes, à des femmes, qui, au nom de la divinité, tirent des profits substantiels de la crédulité et de l'ébahissement des badauds. Tous ces faux prêtres se servent des mêmes artifices : démonstrations bruyantes, hululements, vociférations, danses extatiques, mutilations sanglantes, déguisements spectaculaires, tout est fait pour impressionner les passants :

"Quand un individu secoue un sistre ... quand un cabotin se taillade les muscles des bras et des épaules ... quand une femme glapit en rampant sur les genoux au milieu de la rue ... quand un vieillard vêtu de lin agite une branche de laurier et une lanterne en criant qu'un dieu est irrité, vous vous précipitez tous ensemble."

La plupart de ces "dévots" ne sont en fait que des charlatans, profitant de la crédulité populaire pour s'enrichir. Ils impressionnent le bon peuple par leurs oripeaux voyants, leur maquillage outrancier :

"Vêtus de tuniques bariolées, ils se barbouillent hideusement le visage d'un fard plâtreux et cernent leurs yeux d'un trait de crayon charbonneux. Ils sortent accoutrés de turbans, de robes jaune safran et de voiles de soie ou de lin très fin. Certains ont des tuniques blanches, peintes en tous sens de motifs triangulaires de couleur pourpre et resserrées dans une large ceinture. Ils portent aux pieds des chaussures jaunes." ... [...]
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C'est à l'issue d'une de ces fêtes que Julie et ses compagnons se livrent sur le Forum à des bacchanales échevelées qui conduiront à l'exil de la fille d'Auguste.
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Plusieurs orientations littéraires du I°s s'expliquent par la pression que le pouvoir impérial a exercée sur les écrivains. Nous avons pu en effet noter que la censure impériale touche tous les genres littéraires : la philosophie, la poésie, le théâtre et, dans un registre différent, l'éloquence. Les empereurs ressentent comme une atteinte personnelle toute allusion délibérée ou fortuite. N'importe quel personnage mythologique ou historique, une situation fictive ou réelle, tout peut prêter à des interprétations dangereuses pour les écrivains. L'histoire se trouve en première ligne dans le combat et il devient de plus en plus difficile de traiter de sujets contemporains ou peu éloignés dans le temps. Non seulement les empereurs, mais tous ceux qui sont mêlés de près aux intrigues de la cour se méfient de toute relation ou commentaire d'événements proches. Tacite se plaint des contraintes que font peser sur la rédaction des Annales les menaces de gens haut placés.

p. 77
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Un cas particulièrement remarquable de la précocité de certains adolescents ou enfants nous est fourni par le fils du fameux Alcibiade. Cet enfant, séparé dès sa naissance de son père condamné à l'exil, n'attend pas l'âge d'homme pour en imiter très tôt les pires débauches. Dès l'âge de onze ans à peu près, il scandalise tous les Athéniens en participant des banquets avec les individus les plus dépravés de la ville [...].
Ce charmant enfant ne se borne d'ailleurs pas à participer activement aux orgies athéniennes. Il monte une machination pour trahir son père toujours en exil ; à douze ans, il perd toute sa fortune aux dés ; il élimine des compagnons gênants en les jetant à la mer ; et, pour couronner ses exploits de jeunesse, il viole sa sœur !
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[Néron] est accompagné de gardes du corps déguisés comme lui et qui l'aident dans ses forfaits.
La « bande à Néron » est redoutable : elle fracture les portes des boutiques et des maisons, pille les marchandises, les biens des particuliers ; l'empereur a le front d'installer dans son palais une « cantine », où il fait vendre aux enchères le produit de ses vols [...].
Le jeu semble d'autant plus drôle à Néron qu'il est sûr de s'amuser ainsi incognito. Pure illusion : tout le monde, dans la ville, connaît les traits de l'empereur dont l'effigie orne les monnaies que l'on utilise quotidiennement ; les Romains identifient aussi sans peine les acolytes de Néron : ce sont eux que l'on voit, au cirque, au théâtre, dans les cérémonies officielles, former la garde d'honneur de l'empereur. Cela explique d'ailleurs que les malheureuses victimes ne se défendent pas avec une extrême vigueur, lorsqu'elles reconnaissent en leurs agresseurs la bande impériale. Ces amusements de Néron donnent d'ailleurs des idées aux véritables truands : ils attaquent et dépouillent les Romains en se faisant passer pour Néron et ses gardes du corps.
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Nous ne comprendrons rien à la société impériale,si nous ne discernons pas la place qu'y tient l(illusion théâtrale.C'est par le biais de l'imaginaire que l'on obtient le maximum de plaisir .
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Dès qu’il soupçonne un complot contre sa personne, l’empereur est saisi de panique et la résolution du problème se trouve bien souvent dans le crime.
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Peu à peu, le jeune empereur découvre que l’exercice de son pouvoir ne connaît en fait aucune limite humaine.
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