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Critiques de Cécile Guilbert (54)
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L'une & l'autre

Livre qui à travers les affinités électives de six femmes écrivains envers six autres donne envie de découvrir l'admiratrice et l'admirée et réamorce le désir de lire si tant est qu'il en soit besoin.



Marie Depleschin m'a permis de découvrir La comtesse de Ségur, une femme forte, déchirée qui aura tout perdu au fil des années mais qui va trouver sa voie grâce à ses enfants et petits enfants :

« Si elle se retourne sur sa vie, ce qu'elle a connu d'émotions sincères, d'amours comblés, de souffrances légitimes, de fierté, d'espoirs et de triomphes, c'est à ses enfants qu'elle le doit. »

« Elle raffole de ses petits-enfants. Elle les comprend avant même qu'ils ne se mettent à parler. Elle les traduit, elle les défend. Elle est grand-mère avec l'ardeur qu'elle a eue à être mère. »

C'est cet amour qui lui a fait écrire pour eux et qui l'amènera à publier ses contes et romans. A l'âge de 57 ans elle va regagner son indépendance perdue.



Gwenaelle Aubry m'a émue par son empathie pleine d'exaltation vis à vis de Sylvia Plath dont elle partage la folie d'écriture, l'écriture dont elles pensent qu'elle seule peut les sauver en les rendant plus vivantes :

« Écrire. Écrire est une autre solution. La seule qui permette d'être tout et rien à la fois : se débarrasser de soi, « devenir le véhicule d'un monde, d'une langue, d'une voix » et depuis ce vide devenir les autres, « apprendre d'autres vies et en faire des mondes imprimés qui tournent comme des planètes dans l'esprit des hommes ».

« Je cherche en elle, à travers elle, le point d'ajustement de l'écriture à la vie. Je ne veux pas la lire à travers sa mort (et donc pas non plus à travers le récit de sa vie). Je cherche à comprendre ce que, par l'écriture, elle a sauvé de la vie et ce qui, de l'écriture, l'a sauvée elle aussi. Je crois qu'elle a été violemment, excessivement vivante, que de la vie elle a tout embrassé, mort incluse. Et je crois aussi que l'écriture naît de ça : de la sensation (effroi et émerveillement) d'un excès de la vie sur elle-même que la vie ne suffit pas à combler. »



Camille Laurens fusionne avec Louise Labbé la rejoint dans la passion amoureuse et lui prête à certain moment le langage d'une féministe (là je ne l'ai pas trop suivie) mais surtout elle pense que l'écriture est aussi communion :

« Ce que Louise demande à l'amant, qu'il « sente en ses os, en son sang, en son âme/Ou plus ardente, ou bien égale flamme », je l'espère de la personne qui va me lire et qui ainsi, à sa façon, m'accompagne ; j'ai foi, comme Louise, en la ­puissance de vérité de la littérature, en son rôle vital de transmission, d'échange. Quand j'écris ou quand je lis, je partage des émotions, des sentiments, des expériences essentielles ; j'éprouve et je crois, comme Louise Labé l'espère de manière si poignante, que le poids de la vie « plus aisé me sera/Quand avec moi quelqu'un le portera ».



Lorette Nobécourt partage avec Marina Tsvetaeva la culpabilité des mères vis à vis de leurs enfants.« … je me souviens de ces heures effroyables où je pensais avec sincérité que mon suicide épargnerait ma fille de ma présence toxique. C'est une telle culpabilité Marina, quand on croit préférer les mots aux gens, et même à son enfant. Une telle culpabilité quand on ne sait pas encore que l'amour des premiers n'enlève rien aux seconds. Au contraire. »

et elle l'a remercie de lui avoir permis, grâce à son exemple, de trouver la force pour prendre son envol.



Marianne Alphant insiste sur la vie faite de calme et de retrait de Jane Austen, un vie dénuée d'évènements, une femme dont on sait peu de choses. Elle me fait penser à Emily Dickinson ou aux soeurs Brontë.

« Il y a des politesses à rendre, des conversations à écouter, les jours se ressemblent, il faut se contenter de ce peu, faire quelque chose avec rien – l'art le plus grand »

et de conclure

« Peut-être faut-il une vie décevante pour que tout soit donné par l'écriture. Peut-être faut-il connaître l'esseulement, l'échec, le doute, le sentiment de ne pas compter, pour observer avec tant d'empathie ce à quoi l'on n'aura jamais part. Et – que l'histoire soit écrite ou vécue – pour tout obtenir au final : l'importance, la lumière, le nom. Car ainsi procède le roman, sweetly, avec sa grâce heureuse.



Cécile Guilbert nous amène elle, vers la joie de Cristina Campo. Elle ne partage pas sa foi mais admire « ce personnage à la fois réservé et ardent », indépendante et révoltée : « Substance », « nourriture », « lumière », « eau vive » : nul besoin d'avoir foi comme elle dans « la Majesté Divine » pour savoir reconnaître dans ces synonymes les portes d'entrée d'une joie enluminée par cette notation exaltante : « Dans la joie, nous nous mouvons au coeur d'un élément qui se situe tout entier hors du temps et du réel, mais dont la présence est on ne peut plus réelle. Incandescents, nous traversons les murs. »



Les échanges entre ces femmes, car elles se parlent même si des siècles les séparent, sont inégaux mais toutes montrent que la rencontre entre elles leur a permis d'être plus forte et les a convaincues de poursuivre leur chemin d'écriture dans les moments où elles pouvaient vouloir abandonner.

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Réanimation

Blaise vient de fêter ses cinquante ans lorsque se déclare une "cellulite cervicale", infection rare et sujette à complications. Opération chirurgicale, puis coma provoqué pour quelques semaines. Sa femme se rend à son chevet, y trouve une momie couverte de tubes, revient tous les jours, craignant de ne jamais le revoir "vivant", s'épanche auprès de la famille et d'amis, etc.



Terrifiant univers hospitalier, maladie d'un proche, douleur de l'absence, réflexions sur la mort, le sommeil, avec pléthore de références littéraires, mythologiques et wharoliennes (l'auteur venant d'écrire un essai sur cet artiste)... Oui c'est touchant, oui c'est beau et admirablement bien écrit - si l'on supporte le rythme saccadé -, oui c'est poétique, mais... Passé cet émerveillement, j'ai commencé à m'ennuyer, m'engluer, jusqu'à me demander ce que moi, lectrice, je venais faire dans cette histoire de couple, à lire les sentiments exaltés de cette femme.



Il faut préciser que je supporte de moins en moins les auto-fictions sur les drames intimes des écrivains, même si je respecte leur douleur et y compatis.
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Réanimation

Partagée est le qualificatif qui exprime le mieux mon sentiment sur ce récit.

Si j’en ai apprécié certains aspects, je crains que cela soit pour de mauvaises raisons alors que j’en ai rejeté d’autres par pur agacement.

On peut résumer cette « Réanimation » en quelques lignes. Cécile et Blaise s’aiment depuis des décennies dans leur petit monde de bobos et d’artistes. Blaise fête ses 50 ans. Il est foudroyé par une infection rare, une « cellulite cervicale ». Pour la soigner, il doit être plongé dans le coma pendant quelques semaines. Cécile écrit et attend le réveil de son chéri. Blaise revient à la vie. Fin de l’histoire.

Tout cela pour ça, suis-je tenter de dire ! Autant, je suis reconnaissante à l’auteur de nous avoir épargné tout pathos et autre récit lacrymal, autant son excès de mise à distance prononcée et son nombrilisme a fini par provoquer chez moi une totale indifférence à son témoignage.

Et pourtant, j’ai bien aimé son petit côté politiquement incorrect quand elle assume crânement son manque de « piété conjugale » en préférant le shopping ou un dîner avec un ami à une énième visite à l’hôpital ou lorsqu’elle exprime sa fascination parfois malsaine pour la narcose artificielle de son époux. Cela nous change des habituels récits de mère, père, épouse courageux et loyaux. Pas inintéressant non plus, son approche purement esthétique du coma. Blaise est réduit à un simple support pour de longues digressions sur le traitement d’un corps mourant par les peintres et autres philosophes. Malheureusement, l’auteur n’effleure que cet aspect. A la limite, un véritable essai sur ce thème aurait été passionnant. De plus, Cécile Guilbert insiste lourdement sur son récent travail sur Warhol. Du coup, j’ai eu le sentiment un peu désagréable d’opportunisme, du genre mon mari se meurt, j’en fais un bouquin où je fais de la publicité pour le précédant … A force de pas choisir entre le témoignage et l’essai, montrer plus à voir qu’à ressentir, je suis restée totalement extérieure au sujet, tenaillée par une forte envie que Blaise se réveille au plus vite pour pouvoir renfermer ce livre et retourner admirer tous les toiles qui y sont décrites. Je peux comprendre que l’écriture, pour une épouse désemparée et esseulée pour la première fois depuis son mariage, a certainement des effets thérapeutiques voir d’exorcisme, mais pourquoi publier ?

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Réanimation

Blaise et sa femme s'aiment depuis vingt ans. Sans enfant, ces éternels adolescents ne se sont presque jamais séparés l'un de l'autre. Elle est écrivain, il est artiste. Ils vivent en plein Paris dans une maison qu'elle appelle joliment « la cabane », l'endroit qui abrite leur amour, qui leur ressemble et auquel ils sont très attachés. Le bonheur est là, leur vie est douce. Pourtant, cette dernière va être brutalement bousculée.

Alors qu'il vient de fêter son cinquantième anniversaire, Blaise est terrassé par une infection rare nommée « cellulite cervicale ». Il est immédiatement hospitalisé à Lariboisière. S'ensuit une opération. Le lendemain, sa femme – la narratrice – se trouve face à une chambre vide. Il n'est ni au bloc ni en salle de réveil. Blaise est en réanimation : il subira un traitement quotidien durant trois semaines afin de nettoyer entièrement la zone infectée. L'homme est de ce fait plongé dans un coma artificiel.

Blaise est là devant elle, allongé sur le dos, entouré de machines. Son corps à moitié couvert par un drap, une multitude de tuyaux s'en échappant... Comment gérer la maladie de l'autre, son absence, le vide qui se crée, l'angoisse de perdre l'homme tant aimé ? Continuer à vivre sans l'autre un temps. Et durant cette parenthèse -- ce sommeil programmé --, naviguer entre douleur, espoir, réminescences, cauchemars.

En couchant ses pensées sur un carnet au jour le jour, la narratrice entre dans une sorte de bulle de spiritualité où elle convoque les arts, les mythes, les contes, la philosophie, la poésie. Elle est en pleine réanimation, réfléchissant sur certaines notions telles que le manque, le corps, la mort, la solitude, la liberté, la vie, l'amour. Et parle de son dernier essai sur Andy Warhol, trouvant d'étranges similitudes entre ce personnage mystérieux et ce qu'elle est en train de vivre. Les images se succèdent, une force et un imaginaire se créent, ôtant ainsi tout pathos au texte.

Même si elle écoute en boucle la voix de Blaise qui lui a laissé un message sur son téléphone, même si elle ne se résigne pas à laver les vêtements qu'il a portés, de peur d'oublier son odeur, elle éprouve une grande joie lorsqu'elle traverse Paris à vélo, elle savoure le silence de la « cabane », profite du printemps qui s'éveille... Avec intelligence, elle parvient à avoir suffisamment de recul sur cette situation difficile.

Si le sujet de ce récit est sombre, la façon dont il est construit ne l'est absolument pas. Le texte est sensible, délicat, plein d'amour et de lumière. Une belle déclaration adressée à son époux.


Lien : http://lesmotsdelafin.wordpr..
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Réanimation



Fin mars 2008, Blaise, cinquante ans, le mari de la narratrice est hospitalisé. Atteint d’une infection rare appelé la cellulite cervicale, il est opéré en urgence. Lorsque sa femme le cherche au service ORL, elle trouve une chambre vide. Blaise est au service réanimation.



Un couple marié depuis vingt ans, sans enfant, heureux jusqu’à ce que la maladie foudroie l'époux. Sa femme vit là leur première séparation, d'autant plus brutale que jamais elle ne lui avait effleurée l'esprit. Après l’opération, Blaise est relié à toutes sortes de machines au croisement de l’homme et du robot, enfoncé dans la pure vie biologique; suspendu à l’existence par le fil fragile des organes et des cellules et plongé dans un coma artificiel pour une durée indéterminée. Comme pour mettre à distance la mort, elle tient un journal quotidien. Et consigne sa peur, l’angoisse, l’absence et les palliatifs pour la combler, les visites à l’hôpital, les comptes-rendus à l’entourage, les questions qui surgissent



la suite sur :

http://fibromaman.blogspot.fr/2012/08/cecile-guilbert-reanimation.html
Lien : http://fibromaman.blogspot.f..
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Réanimation

Ce livre m'a été prêté par une collègue, je l'ai lue en tant que personnel soignant et particulièrement car j'ai fait parti de ce service. Je me demandais souvent ce que ressentait les patients alités pendant des jours, dans un coma artificiel, à leurs réveils nous pouvions discuter et essayer de comprendre avec eux leurs vécus. Mais il a été toujours beaucoup plus difficile de savoir ce que l'entourage vit et comment il supporte cette épreuve. On voit beaucoup de films où les proches sont forts et comprennent de suite, mais la réalité est parfois bien différente et l'auteure a eu l'honnêteté et la justesse de la décrire sans aucune cruauté mais au contraire avec beaucoup d'esthétisme.
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Les Républicains

Le sujet est très parisien (deux anciens de Sciences-Po se retrouve après 30 ans et discute dans Paris) et pourra décourager beaucoup de lecteurs : il faut être un fan de la politique française et un fin connaisseur des événements de ces dernières années.



Ce roman avait été conseillé par le Masque et la Plume et j'ai été très déçu. L'auteur a une écriture très ampoulée, un style lourd (de nombreux changements de narration, de locutions latines ou de néologismes en italique par exemple...). Se rajoute à cela qu'elle évoque un monde qui vit en vase clos avec ses codes (qui ne seront pas expliqués aux lecteurs), ses personnages de l'ombre (Nicolas Bazire et Aquilino Morelle par exemple), ses lieux importants (les bars et restaurants des grands hôtels parisiens). Tout cela a rendu cette lecture très déplaisante. Le seul moment où l'écriture m'a plu est lorsque l'auteur se met dans la peau de son ancien camarade de Sciences-Po, elle lâche son style pompier et parle plus simplement de choses intéressantes.



Néanmoins, on pourra être impressionné par l'extrême actualité de ce texte (on évoque les "fake news" de Trump, le regain d'intérêt pour Fillon...).
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Lady

Voici un recueil de nouvelles avec pour thème central le sac Lady Dior. C'est un élément que l'on retrouvera donc dans chaque texte, avec une place plus ou moins importante selon l'histoire (et l'auteur donc).

Je n'ai pas vraiment accroché aux premiers textes. Le plaisir de la lecture est arrivé plus tard. La deuxième moitié était plus à mon goût disons.

Et quand j'ai tourné la dernière page, j'étais plutôt satisfaite de ma lecture, alors qu'au début, ce n'était clairement pas gagné !
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Sans entraves et sans temps morts

N°426– Mai 2010

SANS ENTRAVES ET SANS TEMPS MORTS – Cécile Guilbert - Gallimard.



Le titre est déjà tout un programme dans une société qui aspire à davantage de liberté, qui est possédée par la vitesse obligatoire d'exécution de tâches alors que l'espèce humaine est encline à la paresse, à la nonchalance...



La 4° de couverture m'en dit un peu plus qui cherche à caractériser l'écrivain contemporain et qui propose comme définition «  un corps capable de se déplacer à travers le temps sur un maximum de théâtres d'opérations en trouvant partout matière à penser », autant dire quelqu'un à qui rien n'est étranger, qui promène sur le monde passé et présent un regard curieux et surtout critique, et il faut dire que notre pauvre monde se prête bien à cet exercice! Et des écrivains cités dans ce livre, il n'en manque pas!

A première vue, c'est une sorte de mosaïque de 50 textes déjà parus dans diverses revues, embrassant l'avis de l'auteur(e) sur les époques, les genres, les cultures... et surtout la littérature. Tout cela est bel et bon, mais qu'y a t-il de commun entre une réflexion menée sur le luxe, les vêtements noirs [elle en profite pour nous confier son goût immodéré pour cette couleur appliquée au porte-jarretelles], son témoignage pour Jean-Luc Godard, l'urbanisation contemporaine, l'histoire du rock ou la cruauté de Jonathan Swift? Et de nous avertir «  contrairement au préjugé courant, les mots, servent pas à décrire la réalité, mais à créer du réel ». C'est une approche originale du phénomène de l'écriture et une piste finalement pas si inintéressante par laquelle on peut aborder la littérature.



Auteur(e) de romans, elle ne pouvait pas ne pas consacrer une partie de sa réflexion au langage qui est notre commun moyen d'expression et surtout le matériau de prédilection des « gens de lettres ». Elle note que chacun possède ses mots ou plus exactement en fait un usage personnel, ce qui complique un peu les choses puisque, par définition, ils sont une convention. Elle croit bon de préciser également que « la plupart des livres actuels sont écrits comme on cause ... pour aboutir à une absence de pensée quasi aphasique», ce qui n'est pas faux. Et de fustiger, pour illustrer ce propos, Houllebecq et Beigbeder, ce qui n'est pas pour déplaire à l'auteur de cette chronique! Elle dénonce le roman actuel, pas vraiment romanesque, trop autobiographique, trop standard ou trop impersonnel, c'est selon. Elle pointe du doigt le mélange des genres, comme le passé s'oppose à l'avenir ou quelque chose comme cela. Elle défend aussi ceux qui font partie de sa bibliothèque personnelle, Artaud, Chamford, Rimbaud, Sade, Céline, les appellent en quelque sorte à la rescousse, et là c'est plutôt bien. Elle réhabilite aussi des écrivains oubliés, des icônes actuelles, ce qui n'est pas mal non plus.



J'ai lu cet essai jusqu'au bout en appréciant peut-être davantage le ton que le style. Le livre est dense par la diversité des articles et des sujets traités. J'avoue bien volontiers que j'étais sceptique au départ puisque ma curiosité va plutôt vers la fiction. Le livre refermé, j'y vois un regard qui m'a paru pertinent, même si on peut toujours dire que la critique est facile. Elle a au moins le mérite d'être exprimée, de remettre en cause les choses les plus convenues et les plus consacrées par notre société prompte à la louange en faveur de ceux qu'elle a consacrés et ainsi d'ouvrir un débat. Je dois avouer que j'ai apprécié aussi l'érudition, le goût de la polémique, la sensualité et la liberté de parole qui justifie le titre, surtout si elle se fait libertaire et libertine, ce que je ne peux pas ne pas apprécier. C'est une invite à la lecture, à la fréquentation de notre belle langue française, et je ne pouvais pas en faire l'économie, d'autant qu'elle mène une large réflexion sur la littérature.



Cette invitation à jouir, dont il est question sur la 4° de couverture me paraît, évidemment de bon aloi. On la peut résumer en quelques mots: beauté, luxe, liberté, volupté, amour, vie... et la liste n'est pas exhaustive, reste ouverte à toutes les déclinaisons, et là aussi, c'est sans entraves et sans temps morts!



J'avoue que je ne connaissais pas Cécile Guilbert. Ce livre sera peut-être l'occasion de poursuivre cette découverte, quoique j'y préférerais sans doute son écriture romanesque, mais davantage pour faire « un petit bout de chemin » avec elle et apprécier, par la lecture, le plaisir évident qu'elle a d'écrire. Il est gourmand, jubilatoire...

Je préfère toujours cette approche à celle que la « presse spécialisée », trop souvent laudative, conseille pour le seul motif qu'un jury littéraire aura consacré un de ses ouvrages.







 Hervé GAUTIER – Mai 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Les Républicains

J'ai trouvé ce livre puant et repoussant, sinon ahurissant.



Le style d'abord. Ça mouline ad nauseam. L'auteure veut nous convaincre qu'elle a du (très très) grand style, qu'elle sait trousser des (très très) longues phrases débordantes de locutions latines et d'expressions surannées. Sauf que ça mouline dans le vide. Tout ce déballage de style pompeux (et pompant) pour dire quoi ? On a l'impression de lire un édito de Libé étiré sur 200 pages le long d'une interminable masturbation.



Tout est prétexte à l'étalement de références qui claquent, mais dont le fond est creux. Exemple : comme par hasard, l'auteure et l'inspecteur des finances avec qui elle passe la soirée marchent dans la rue et, oh suprise, voient sur le trottoir Stéphane Fouks (Euro RSCG, Havas, ex conseiller de DSK) et David Pujadas. Tout ça pour permettre à Cécile Guilbert de nous dire : "L'homme qui s'était fait poser des implants capillaires par son pote Cahuzac [comprendre : Pujadas] papotait ferme avec celui qui avait les mêmes talonnettes que Sarko [comprendre : Fouks]". Belle dénonciation de la collusion des élites : un présentateur télé se fait poser des implants par un futur ministre de gauche, et un ex-conseiller de gauche a les mêmes talonnettes qu'un ex-Président de droite ! Ah oui, tous pourris ! du haut du crâne au talons de leurs chaussures ! (les arguments sont hélas de ce niveau).



Surtout, toute la construction du livre est à la gloire personnelle de Cécile Guilbert (qui est la narratrice assumée de ce texte, évoquant son parcours, ses précédents livres). Qui va dénoncer durant d'improbables monologues tout le personnel politique qui "se sert" au lieu de "Servir", ces "quinquas politiques incultes entourés d'énarques ignares" (p. 95) quant elle a échappé "à cette histoire à laquelle tu aurais pu prétendre et que tu avais fuie par amour de la liberté, par amour de l'amour", etc Bref, il sont tous nuls, mais elle est géniale, l'incarnation de la Liberté et de l'esprit critique voltairien (jusqu'à nous enfoncer le clou page 121 en nous expliquant qu'elle ne fait que de la "Grande Littérature" et a refusé livres trop faciles, genre "storyboard à stories"). Très supérieure à toute cette bassesse, elle qui a choisi l'amour, la liberté et l'eau fraiche, tout en assumant sans gêne durant trois pages stupéfiantes (p. 101 à 103) qu'elle ne connait strictement rien ni du peuple, ni de la pauvreté, ni du déclassement, pas davantage que l'inspecteur des finances qui l'invite durant cette soirée dans deux palaces. "Non, ils [ni elle ni lui] ne savaient rien de la dureté du monde auquel se cognaient chaque jour dans leur pays entre 5 et 9 millions de pauvres, et plus de 3 millions de chômeurs officiels."



C'est bien là ce qui est ahurissant dans ce livre. L'impression qu'une ultra-privilégiée, fréquentant le tout petit milieu des ultra-riches et des artistes bobos qui ont "pages ouvertes" dans tout un tas de magazines branchouilles et à France Inter, vient faire des démonstrations clinquantes sur le thème "tous nuls ces pantins de politiques".



Mais elle, l'artiste, l'écrivaine, éditorialiste, l'incarnation de la Culture et de l'Esprit critique ? Elle nous décrit dans ce livre qu'elle se fait inviter à dîner dans le plus cher palace parisien par un inspecteur des finances, ancien Haut-fonctionnaire devenu banquier d'affaires. Elle va jusqu'à décrire les Saint-Honoré qu'elle y déguste dans des assiettes en porcelaine, avec de l'eau d'Australie dans des verres en cristal (oui, jusqu'à ce niveau de détails). Ce n'est pas tout : elle flirte avec le banquier d'affaires. Elle a envie qu'ils couchent ensemble. Elle l'embrasse et lui glisse sa carte de visite espérant qu'il la rappelle. Et elle l'absout totalement, terminant à la toute fin du livre (avant dernière page) par "il n'est pas détestable", "plus [intéressant] que je ne pensais, on a des préjugés". Bref, ces élites dont elle a passé 200 pages à nous expliquer qu'elles sont pourries de fric et de combines ne sont finalement pas si détestables que ça, quand on apprend à les connaître, c'est nous qui avons des préjugés. Waaaaaaaaaaa !!! Tous ces monologues ampoulés pour en arriver à cette chute ? Sérieusement ?!



Ecrit au 2e degré, ce livre pourrait être une attaque féroce contre les artistes (qui ne voient plus la misère et ne demandent qu'à manger dans les menottes du grand capital et à se faire baiser par lui).

Sauf que non, le livre de Cécile Guilbert est bien du premier degré. Elle ne réalise même pas, semble-t-il, à quel point ce livre est consternant pour la figure des artistes, qu'elle incarne.



L'anti-Florence Aubenas, l'anti-"Quai de Ouistreham".



















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Réanimation

Ma toute première impression, à mi-chemin, était de me dire « j’aime bien »…mais, avec tout de même comme un malaise devant ce livre pour lequel à part un j’aime bien, je ne pouvais rien dire de plus. En m’y remettant le lendemain, assez pressée de le finir, l’enthousiasme n’était plus là.

Déjà, un énième récit d’expérience personnelle….et je commence à saturer gravement. Si le côté médical m’a bien convenu – et je venais de comprendre à ce moment- là que c’est aspect là que j’aimais bien- le reste m’a laissé, encore une fois au bord du chemin.

Est-ce moi qui suis une insensible indécrottable ? Est-ce le trop plein de ces écrivains qui ne peuvent s’empêcher de parler d’eux à tout bout de champ ? Est-ce mon état d’esprit pas vraiment disposé à ce genre d’ouvrage ? Sans doute tout à la fois.

Cécile Guilbert utilise une langue hachée, un style taillé au cordeau, dans phrases courtes qui montent l’urgence de la situation. Elle change plusieurs fis de mode narratif, passant du « tu » comme si elle prenait à témoin son interlocuteur, au « je » qui la positionne comme narratrice, au « tu » s’adressant à son mari.

En dehors du purement médical, Cécile Guilbert, et c’est là que je suis passée à côté de son message, fait référence à de nombreux domaines, dont je n’ai, malheureusement pas toujours saisi l’intérêt (d’ailleurs pas saisi du tout). Il me semble que j’ai lu ce livre comme j’aurais pu lire un dossier médical, trouvant le bla-bla autour bien ennuyeux, à la limite du compréhensible, voir hors-sujet ( Que vient faire Andy Warhol là-dedans ?)

Cet ouvrage, dont je n’avais pas initialement prévu la lecture car il ne m’attirait pas, ne me laissera pas un souvenir impérissable parmi ceux de la rentré 2012 (dont les coups de cœur se comptent avec parcimonie d’ailleurs)


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Les Républicains

Précisons tout de suite que le titre ne fait pas référence au parti, mais à la classe politique en général et qu'il tient autant du pamphlet que du roman.

En novembre 2016, la narratrice, "la fille en noir", retrouve un ancien de Sciences-Po, Guillaume Fronsac. Trente ans ont passé, ils ont suivi des voies différentes. Elle est devenue écrivain, il fait partie de l'élite politique, avec passage obligé dans une banque d'affaires. Sans en parler, ils ont tous deux en mémoire un baiser torride échangé dans une fête où l'alcool et la coke avaient bien circulé.

Ils vont passer la soirée ensemble à évoquer l'état du monde et de leurs désillusions, loin de leur jeunesse ouverte à tous les possibles.

Je suis embarrassée pour parler de ce roman, tout simplement parce qu'il est tombé au mauvais moment. La saturation d'informations sur les turpitudes de notre classe politique ces dernières semaines a atteint un tel niveau que pour moi c'est l'overdose. Or, ici, il est énormément question de l'entre-soi, des petits arrangements entre amis, du cynisme et de la malhonnêté de trop d'élus ou de hauts-fonctionnaires qui n'ont en tête que leurs intérêts personnels, tout en se croyant d'une essence supérieure.

Je n'ai rien découvert que je ne sache déjà, dans les grandes lignes et je n'ai pas envie d'en savoir davantage. Certains sont nommés et le portrait féroce qui en est fait est sans doute trop vrai, comme Nicolas Sarkozy et François Hollande, d'autres ne le sont pas et dans les milieux parisiens, je pense que l'on joue au petit jeu de qui est qui, mais personnellement, ça m'est égal. Ce que je retiens, c'est que le constat est glaçant et ne laisse aucune place à l'espoir.

Reste l'aspect roman. Je n'ai pas cru vraiment à cette histoire ancienne entre Guillaume Fronsac et "la fille en noir", histoire qui n'a d'ailleurs pas eu lieu. Ils jouent à se séduire d'un bar de luxe à un grand hôtel, dans un périmètre parisien chargé d'histoire, tout en restant sur leurs gardes l'un et l'autre. C'est peut-être le côté déambulation dans un Paris nocturne et désert qui m'a le plus intéressée, avec la découverte d'une belle plume.

Je suis certaine que ce roman trouvera ses lecteurs, qui sauront l'apprécier, moi je suis passée à côté.


Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Écrits stupéfiants

Une référence en la matière. Extrêmement complet. de nouveaux horizons. On peut s'y perdre, les extraits sont merveilleux, une anthologie digne de ce nom.



Le seul truc que je peux reprocher, c'est la longueur un peu courte pour la partie concernant les psychédéliques, par rapport à celle sur le cannabis par exemple. Mais, c'est compréhensible, les références en ce domaine sont souvent outre atlantique, peu de littérature européenne sur le sujet, à part les classiques Michaux et Artaud.
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Écrits stupéfiants

« Ecrits stupéfiants » est une impressionnante anthologie recensant les auteurs qui ont goûté, décrit, se sont inspirés ou perdus dans les psychotropes, à la recherche du fameux « dérèglement des sens » rimbaldien.
Lien : https://www.lemonde.fr/cultu..
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Réanimation

Ce témoignage est remarquablement écrit.

Tout y est. Les descriptions cliniques. Le doute. L'attente.L'angoisse. La paralysie qui gagne ceux qui ne peuvent ni changer, ni accélérer le cours des choses et veillent, impuissants, leur proche dans le coma. Les sursauts d'optimisme. Le découragement. Les pensées qui se bousculent, parfois irrationnelles. Les références culturelles, mythologiques, qui donnent "de la hauteur" au récit.

Récit qui personnellement m'a peu touchée, curieusement n'a pas fait vibrer les cordes de l'émotion et de l'empathie. Pourquoi ? Peut-être justement un manque de pathos ? une retenue, une pudeur, qui ne versent pas dans la sensiblerie et déroutent la compassion ? Il s'agit bien entendu d'une lecture et un ressenti personnels, qui ne nient pas les qualités d'écriture évidentes de Cécile Guilbert.
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L'une & l'autre

Bof, pas terrible. Besogneux comme une dissertation. On aurait pu se passer de cet ouvrage de commande. Seules les deux dernières évocations (Jane Austen par Marianne Alphant et Cristina Campo par Cécile Guilbert) m'ont charmée, la première par sa vivacité et la seconde par sa poésie.
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Les Républicains

Une histoire de bobos intellectuels dans le milieu politique déliquescent qui est celui de notre pays abîmé à tour de rôle par Sarkozy et Hollande. Une vieille amourette émaille cette histoire qui se lit vite, heureusement.
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Les Républicains

Réunion d’anciens copains d’école version bling-bling matinée de bobo.

30 ans après leur sortie de Sciences Po, la narratrice retrouve sur le plateau de Thierry Ardisson ses anciens copains de promo. Ils sont tous devenus de plus ou moins grands noms de ce que l’on appelle aujourd’hui la médiacratie alors qu’elle végète dans sa condition d’auteur au succès minimum mais à caution intello maximum aux côtés de son artiste de mari.

Une virée nocturne dans Paris et ses palaces en compagne de Guillaume Fronsac, un vague ex-béguin d’alors, devenu banquier d’affaire, est l’occasion de remonter le fil de l’histoire. Portraits assassins, radiographique d’une époque éperdue d’envie de réussir, il y a un peu de tout cela dans ce roman à clés. Si la peinture de ce petit monde est grinçante à souhait, le ton auto-complaisant de la femme en noir (le double à peine voilée de l’auteur) est quant à lui parfaitement irritant.

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Réanimation

C’est un livre à propos duquel j’ai rapidement compris qu’il faudrait le lire d’une traite. Son fragile équilibre supporte difficilement les pas de côté. Son écriture stylisée, apprêtée, transmet à ses débuts une tendresse qui se distille comme une brume, l’atmosphère d’un coupe aux fluides imbriqués. Sa magie tourbillonnante, entraînée vers le fond par la violence de la maladie de l’un, s’estompe pour finalement tourner en rond. L’agrippement du début visant à ne pas laisser s’évaporer un univers ténu, s’est mué en hâte d’en finir. Hâte de sortir de cet épisode déchirant, à l’instar de Cécile Guilbert, évidemment. Mais aussi envie littéraire de passer à autre chose, tout le suc ayant été distillé.



« Ma cérébralité naturelle s’en donne à cœur joie. »



J’aimais mieux l’utilisation du « tu », procédé littéraire fort peu vu jusqu’à présent, où l’auteur se tutoie en un jeu de miroir avec le lecteur qui se retrouve à lui parler d’elle. Le retour au « je » est un déferlement d’émotions mêlé de pansement intellectuels érudits navigant entre références antiques, thaumaturgiques et mythologiques. Cécile Guilbert se fait prendre à son propre procédé, sombre dans des mots gonflés à l’hélium, le lyrisme, l’exagération des sens. J’étouffe. Je renonce à comprendre quelques phrases alambiquées.



Si son honnêteté donne de la vivacité à son témoignage, quand elle avoue que la maladie est une « nouveauté radicale, passionnante », un « nouveau trésor d’émotions », sa maladresse à transcender son tourbillon émotionnel, à plonger aux tréfonds de l’expérience humaine dans ce qu’elle a de plus essentiel, en fond pour moi une lecture décevante. Il y avait là un sujet, qui finalement n’est traité qu’en surface, et qui d’une réflexion sur l’existence, se développe en un témoignage circonstancié, certes touchant, mais limité.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Le musée national

Il est question d'une gardienne de musée qui va devenir écrivain. Les passages sur l'art peuvent être intéressants pour ceux à qui la peinture parle, mais ce n'est pas mon cas...

Le reste de l'œuvre qui critique tout et tout le monde m'a gênée, notamment le passage sur les enfants visitant le musée.

Bref cette lecture n'était pas pour moi !
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