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Critiques de Cédric Ferrand (86)
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Wastburg

Une petite voix tendre m’a dit un jour : « Tu as commencé Scott Lynch ?! Alors maintenant tu vas lire Wastburg !! » Et moi… (*ton humoristico-épique à la François Rollin*)… pauvre fou d’amour… je me suis lâchement exécuté ! M’aurait-elle commandé de lire L’Épée de Vérité de Terry Goodkind, d’une traite, seul et en deux jours, que je me serais aussitôt lancé dans la bataille !



Dans tous les cas, je peux le dire maintenant : il fait bon vivre à Wastburg !... enfin, si vous aimez la bière, la vinasse et les catins… … … Vous êtes encore là ? Parfait, moi aussi j’ai choisi mon camp. En effet, avec Wastburg, autant le dire tout de suite, Cédric Ferrand se place nettement dans la nouvelle orientation à la mode, la « crapule fantasy ». Scott Lynch en est un de ses représentants les plus connus grâce à sa magique saga des Salauds Gentilshommes, Brandon Sanderson le suit de près avec le premier tome de sa trilogie Fils-des-Brumes, Cédric Ferrand complète logiquement la liste. Il s’agit, dans un monde de fantasy, de suivre des protagonistes en lien avec la vermine criminelle, les bas-fonds les plus crasseux et le quotidien des tire-laines des plus habiles aux plus insignifiants. Tout un programme donc !

On pourrait avoir l’impression, au départ, que nous sommes devant une accumulation de petites nouvelles, sous forme de chapitres, qu’on pourrait hâtivement juger indépendantes les unes des autres, mais, au fil de ces chapitres de plus en plus longs, l’histoire se met en place et on devine plus facilement les ressorts scénaristiques habilement utilisés par l’auteur. Celui-ci semble bien souvent s’éloigner de sa trame principale en voulant détailler moult aspects significatifs du monde qu’il crée sous nos yeux ébahis ; pourtant, de digressions en digressions, le récit se fait précis, voire calculateur, et tout devient utile. Je regrette la faiblesse des scènes d’action qui, sans être rares, vont souvent trop vite et j’ai dû relire les passages les plus importants au niveau du devenir de certains personnages.

En revanche, quel style ! Qui dit « crapule fantasy » doit s’attendre à visiter des endroits guère reluisants et c’est bien le cas ici : tout est crade au possible. L’auteur n’a pas son pareil pour rendre certaines scènes descriptives totalement infectes à l’imagination (à la vue comme à l’odeur, d’ailleurs…). Certains moments sont véritablement dantesques, notamment un affrontement indescriptible au fin fond d’une maison de passes aux toilettes plus que douteuses, et dont tous les détails nous sont donnés, à la texture et au fumet près ! Bref, c’est magique !

Je crois pouvoir dire que Cédric Ferrand a réussi son pari, comme le suggérait China Miéville dans sa préface, celui de ne pas dorloter son lecteur, mais bien de le confronter aux affres de la vraie vie, joyeuse et entraînante parfois, mais souvent crade et déprimante. C’est certain, nous ne sommes pas dans un conte à la Tolkien !



Wastburg, de Cédric Ferrand, s’affiche donc comme une nouvelle preuve que la fantasy française (et/ou francophone selon si on considère cet auteur comme français, canadien ou même franco-canadien, car il a grandi en France, il me semble, mais vit désormais pleinement à Montréal) n’a rien à envier à ses homologues anglo-saxons, bien loin de là !



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Wastburg

Putrescence !

Alors comme ça on est allé faire du tourisme dans ma ville hé ? Un petit selfie avec la tour des majeers en fond, la bouffe typique, les filles pas chères, hé ? Tu croyais quoi, qu’tu s’rais à Rome ? Foutrepaille, c’est Wastburg quoi ! Le trou du cul du monde, c’est Versailles à côté. Même le fleuve qui lui tourne autour, il a qu’une envie, c’est se barrer. D’ailleurs, la magie, dès qu’elle a pu elle a mis les voiles…



Comment ? T’y es pas allé, t’as juste lu l’bouquin de Ferrand ? Poutremolle ! C’est pareil à moins cher, mon gars. T’as aimé au moins ?

Comment ça « moyen » ! Elle pue ma ville ? Facemorve, Wastburg c’est pas une ville pour les bobos à eau de Cologne comme toi p’tit’ tête. Tu croyais quoi, qu’les gars de la Garde avaient l’honneur chevillé à la verrue comme Captain America ? C’est des bougres qu’ont juste la chance de mener leurs p’tits traficotages du bon côté de la loi. Y’en a c’est des crétins, y’en a d’autres sont plus roublards que moi, et c’est pas peu dire ! Pue-la-bile, à Wastburg, t’as intérêt à savoir escamoter l’portefeuille de ta mère dès qu’tu nais si tu veux t’en sortir.



Quoi, c’est pas la crasse que t’as pas aimé ? T’as pas réussi à t’accrocher à un gus qui traîne dans l’bouquin et au bout d’un moment t’en as eu marre de les voir crever ? Crèvefiotte, t’aime pas les vrais gens quoi ! On t’offre de mordre dans des tranches de vie estampillées par un ISBN régulier et tu fais la fine bouche ! Mais merde-de-sang-bleu, t’as qu’à aller lire Ivanhoé si t’es pas content.

Quoi le fil rouge ? Comment le fil rouge ? T’aurais voulu voir « le fil rouge » plus développé plutôt que les détails sur des gonzes qui passaient par là ? Putain mais qu’est-ce qu’y t’faut ? Le fleuve même est tout rouge de sang – bon un peu marron de merde aussi – tellement ça bute à tout va. Morneplaine, tu fais chier avec ton fil rouge. L’bouquin, c’est une visite, les bonhommes on s’en fout.



Tu dis ? Tu t’es quand même souvent marré à cause de l’argot. Tu t’es foutu de nos gueules en plus. Crèvemouche, mais je vais te le faire bouffer l’argot, moi. J’vais t’prélever des bactéries directement dans l’intestin si t’insistes. Mon gars, j’compte jusqu’à trois. Si t’es encore là après, j’te donne à bouffer aux clebs du burgmaester.

Attention… Trois !

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Sovok

Sovok : adj. Arg. Qui désigne les individus et les idées qui sont profondément imprégnés de réminiscences nostalgiques de l’ex-URSS. Il est clair qu’avec ce roman de Cédric Ferrand, on en a notre comptant, de réminiscences soviétiques. Ça suinte la rouille léniniste et ça crisse entre la faucille et le marteau : avis aux amateurs ! Au passage, nous retrouvons ici le format souple des Moutons électriques, le même que pour Wastburg, c'est bien vu pour harmoniser nos bibliothèques...





Quelques lignes techniques sur les ambulances miteuses stockées dans une église en délabrement et nous voilà reparti dans le style décalé et gouailleur de Cédric Ferrand : les comparaisons volontairement grand-guignolesques s’enchaînent sans crier gare. Avec ses expressions bien à lui, l’auteur fouille dès le départ les bas-fonds de la société russe (et surtout moscovite) après une déchéance économique et politique ; ce quotidien construit de bouts de ficelle, de coups de bas et de coups de main, entre dépannages divers et dure loi du « tout se paye », est une des marques de fabrique de l’auteur.

Dans tout ce fatras, nous suivons la semaine catastrophique de Méhoudar, qui vient tout juste de décrocher un stage de nuit dans la société d’ambulances, Blijni. Affecté à l’équipe de de Manya et Vinkenti, duo truculent s’il en est, Méhoudar doit rapidement s’adapter afin de répondre aux différents besoins des blessés, des rues encrassés aux hôpitaux submergés. Le fait que Méhoudar est un juif, peu pratiquant, tout frais débarqué du Birobidjan, permet des allusions croustillantes et des comparaisons fines entre les confessions religieuses, mais c’est loin d’être le cœur du récit : il s’agit, le plus souvent, de s’amuser ou de s’apitoyer sur la nécessaire habitude de s’appuyer sur des bouts de ficelle ou des coups fumeux. On ne pourrait citer toutes les bonnes idées induites par ce roman, rien que la « blague » récurrente sur La Pravda (« La vérité » en russe), qui ment comme elle s’imprime, vaut le coup d’œil.



Dès la quatrième de couverture, la trame chronologique est difficile à cerner ; à mon avis, c’est une volonté de l’auteur de se placer dans le temps de façon plutôt floue (même si des indices parsemés et une connaissance de l'univers précisent que nous sommes vers 2025). Un fort aspect steampunk est annoncé, mais il est finalement très léger. Or, c’est vrai que nous retrouvons dans ces pages une tendance « Do It Yourself », puisque les Moscovites sont amenés à se débrouiller seul pour bidouiller, réparer, troquer tout ce qui leur passe sous le nez ; tout cela donne un bon côté punk malgré tout à cette histoire.

De plus, nous sommes dans une Russie post-soviétisme qui en a gardé de lourds travers tout en revenant à organisation plus primaire, comme si la société était partie en déliquescence et que le développement était désormais complètement atrophié : donc, rétro-futurisme certes, mais pas tellement parce que le futur est arrivé plus tôt dans le passé, surtout parce que le futur se dirige vers le passé (vive les phrases cryptiques !). Dans tous les cas, cette Russie n’est pas une vision autre du passé, mais bien une anticipation de ce qu’elle pourrait devenir.



Après Wastburg, l’auteur confirme son aptitude à traiter de la déliquescence de la vie, des sociétés. Le caractère urbain de ses histoires aide beaucoup dans cette optique, puisque la ville est bien souvent le creuset des inégalités et des complots de toutes sortes. Pour cela (et pour rester un petit peu dans la comparaison entre ces deux romans passionnants), Sovok s’appuie sur une trame narrative relativement simple : composer les chapitres en suivant les jours de la semaine où Méhoudar s’est fait recruter en tant qu’ambulancier urgentiste, les heures de nuit rythmant les différents paragraphes. Sans aller jusqu’à répéter le récit sous forme de nouvelles quasi indépendantes les unes des autres comme dans Wastburg, Cédric Ferrand renouvelle son écriture sur des bases malgré tout connues et c’est rassurant pour le lecteur, et ce, au point de voir dans ce récit une tout autre optique narrative. Ainsi, autant dans Wastburg, le récit avait une fin conclusive plutôt prononcée et surtout amenée tout au long du roman (le lecteur était curieux de connaître la suite de la destinée de cette ville frontière, mais le besoin se concrétisait peut-être davantage en une relecture que l’attente d’une suite), autant dans Sovok, le lecteur peut ressentir l’impression de lire une vaste et captivante introduction dont la « conclusion » est une ouverture maîtrisée vers des événements tout aussi captivants. Et tout cela n’est pas pour rien, puisque Sovok est issu de l’univers de jeu de rôle éponyme. À défaut de suite à ses deux ouvrages, nous attendons donc d’autres « mises en roman » d’univers de jeux de rôle qu’il fait vivre, comme Brumaire, Vermine et bien d’autres…





Sovok se révèle donc une lecture très fraîche, avec le style propre à Cédric Ferrand qui ne déçoit pas avec ce deuxième roman dans la même veine que Wastburg d’un point de vue de la forme mais radicalement éloigné du point de vue du fond. Encore plus que dans la cité fantasy précédente, Sovok incite fortement le lecteur à vouloir revenir dès que possible dans cette Moscou en proie aux foudres du post-soviétisme déliquescent.





[Bien davantage de contenus (images, liens et critique plus longue) sur https://bibliocosme.wordpress.com/2015/02/06/sovok/]



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Wastburg

Premier roman de Cédric Ferrand, « Wastburg » nous propose une plongée au cœur d'une cité apatride d'inspiration médiévale que l'on découvre par le biais de certains de ses habitants qui nous la dévoilent sous toutes ses coutures. Et quelle cité ! L'auteur nous dresse ici le portrait d'une ville fascinante et crédible que l'on arpente de fond en comble, de ses bas-fonds à ses riches demeures en passant par ses bordels, son port, son cimetière... Mais attention, on est ici bien loin de la merveilleuse cité pleine de beauté et de majesté qu'on peut habituellement rencontrer en fantasy. A Wastburg, ça se castagne dans tous les coins, ça n'a pas son pareille pour trouver des combines histoire d'entuber la Garde, niveau esthétique ça ne casse pas franchement des briques, ça pue, c'est sale..., bref, il y règne un joyeux bordel auquel se mêle gaiement le lecteur. Impossible de ne pas se prendre d'affection pour Wastburg, comme pour les nombreux personnages qui défilent au fil des chapitres, parfois l'espace d'une dizaine de pages seulement, mais que l'auteur parvient à rendre consistants et convaincants. Tout juste pourrait-on regretter de n'avoir le point de vue d'aucun personnage féminin (une fille de joie ou une commère de quartier n'aurait pas dépareillé...), mais je chipote.



Et attention, en ce qui concerne les personnages, ne vous attendez pas non plus à trouver un grand et beau héros à la destinée exceptionnelle et ses fidèles compagnons! Ici, c'est aux côtés de la populace, de la canaille que l'on arpente la cité et que l'on découvre ses secrets plus ou moins bien gardés, ses combines et entourloupes, et surtout ses traditions, toutes plus étonnantes les unes que les autres. Qu'il s'agisse de la porchaison, lâché de porcs au sein de la ville donnant lieu à une compétition conviviale mais salissante, ou encore de la bouscotte, mélange typiquement wastburgien composé au petit bonheur la chance par les teneurs de bistrots qui y refourguent tous leurs fonds de bouteilles, ce sont ces petites trouvailles originales qui font une grande partie du charme de la ville. En ce qui concerne l'intrigue, bien que le roman se compose d'une alternance de points de vue et de protagonistes que l'on ne retrouve jamais deux fois en tant que narrateur, l'auteur possède tout de même un fil conducteur lié à la disparition de la magie dans la cité et, si cette intrigue plus générale passe souvent au second plan au profit de l'originalité de tel personnage ou de la cocasserie de telle situation, on ne l'en suit pas moins avec un intérêt grandissant au fur et à mesure que les pièces du puzzle se mettent en place.



Rien ni personne n'est donc là par hasard et c'est ce brillant jeu de chassé-croisé qui témoigne de la grande maîtrise de l'auteur qui possède également un style redoutablement efficace, mélange d'argot, de patois et de langage cru qui n'est pas sans rappeler celui utilisé par J-P. Jaworski dans « Gagner la guerre » mais aussi, dans une moindre mesure, par Scott Lych et ses « Salauds Gentilshommes ». N'hésitez pas, ce roman est un vrai petit bijou !
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Wastburg

Wastburg : La cité où il ne fait pas bon vivre ! Et pourtant. On saigne, on meurt et on castagne dur pour elle.



"Wastburg (...) était simple à vivre. Pas de passé trouble, pas d'avenir faussement prometteur : la cité n'offrait que du présent. Et ça, (on) pouvait le toucher du doigt."



La tour des Majeers est l'ultime vestige qui reste de Magie entre les murs de la Cité. La déglingue a tout emporté avec elle. Alors, on évolue dans ce monde de soudards où Cédric Ferrand fait la part belle aux personnages masculins (j'ai pas souvenir d'avoir vu pointer ne serait-ce que l'ombre d'un minois féminin sur plus d'une page), entre déglingue et filouterie, trahison et fraternité, secrets et mensonges..., avec dans les narines l'odeur du sang et de la merde. Car Wastburg, c'est avant tout, cela : un univers de crasse et de violence porté par toute une galerie d'hommes d'armes et de guerre, de pouvoir ou de rien, plus prompts à sauver leurs peaux et leurs combines que préserver la cité et ses habitants.

Voilà ce à quoi je m'attendais et que j'ai eu plaisir à découvrir tout du long de ma lecture.



Par contre j'ai eu plus de mal avec ce qui, sans le style de l'auteur, aurait été clairement une déception : la structure du roman. Elle est complètement déstabilisante les cent premières pages, et là je crois que, soit on s'accroche et continue la lecture, soit on referme le livre. Il n'y a pas dans Wastburg, vous savez, ce ou ces quelques personnages qui vous accompagnent tout du long du roman, à qui il arrive "des choses" (appelez cela comme vous voulez : aventures, drames, ...) et que vous pouvez suivre de façon plus ou moins linéaire, dans ce qu'on serait tenté d'appeler "une histoire"...

Nenni ici. Rien de tout cela. Vous commencez à vous accrocher au premier larron venu, quelques pages plus loin, il est rétamé : "Circulez, y a (plus) rien à voir !" Vous vous dîtes "c'est pas bien grave, en vlà un autre, tout juste là dans le début du second chapitre" et puis, mine de rien, celui-là aussi il se fait la malle. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que tout ce petit monde, qui n'a pas bien l'air décidé à vous laissez lire tranquilou, ceci dit en passant, vous offre l'image d'une Wastburg qui se délite et essaie de sauver les meubles, croquée par une plume qui ne laisse pas indifférent.



Passée la surprise des premières pages, je l'ai lu un peu comme un recueil de nouvelles qui aurait un thème commun : Wastburg ! Et la 4ième de couv accrocheuse, limite racoleuse pour les amoureux de la plume et l'univers de Jaworski, n'est pas non plus pour rien dans ce sentiment mitigé.

Il aurait fallu le laisser venir à nous avec humilité, ce premier roman de Cédric Ferrand, sans vouloir orienter notre lecture à grand renfort de comparaison, qui à mon avis, le dessert plus qu'autre chose.

(Cela se veut flatteur, mais c'est carrément "casse-gueule" !)



Alors, je me dis que je n'en resterai pas là et que cet auteur mérite qu'on continue à faire un brin de chemin avec lui, quitte à prendre le risque de le laisser continuer seul. Et peut être serais-je séduite par le prochain au point d'oublier cet arrière-goût de "filouterie" qui nous reste à la dernière page refermée, quand nous nous trouvons de nouveau nez à nez avec la 4ième de couv ?

Affaire à suivre donc !
Lien : http://page39.eklablog.com/w..
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Wastburg

Mais qu'est-ce donc que ce bout de terre situé entre Waelmstat et Loritanie où tout le monde se tape dessus ? Cette cité où on casse sa pipe plus vite que son ombre ? J'étais confiante au début, ne sachant pas dans quoi je me lançais exactement, tel personnage a l'air bien sympa… ah ben mince alors, il est mort ! Après m'être habituée au procédé et au vocabulaire truculent du lieu, cette cité m'est apparu un peu plus clairement. Wastburg est assez particulière et recèle plein de singularités et de mystères. A travers les différentes histoires des habitants de cette ville, la difficulté des rapports entre Waelmiens et Loritains devient, assez vite, évidente. D'autres interrogations auront aussi leurs réponses… L'écriture de Cédric Ferrand est assez enchevêtrée, tortueuse, un peu de concentration ne fait pas de mal ! Et puis, il y a de l'humour, souvent noir. Une deuxième lecture m'aiderait bien pour comprendre les petits subtilités qui m'ont échappée… Par contre, j'ai adoré la fin ! Assez rare pour le souligner. (Un épisode qui m'a plu également, celui de l'impôt sur les fenêtres !)

Ce bouquin est en fait, l'occasion d'observer à la loupe une communauté, d'en faire une sorte d'étude sociale. L'auteur se moque des allégrement des hommes politiques, des rapports humains, du pouvoir… Si c'est ça, la crapule fantasy, j'ai bien envie d'en relire !

(J'hésitais entre 3 et 4, je suis plus proche du 4 au final)

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Wastburg

Bon, je suis sortie assez mitigée de cette lecture.

Le style populo-argotique est plutôt sympa, se laisse lire facilement et on rit pas mal.



Par contre, le fil conducteur est ténu. En tant que lectrice, j'aime les bouquins avec un début, un milieu, une fin (même ouverte, hein, je suis pas toujours fermée, mdr !), avec des personnages qu'on suit et auxquels on s'attache. Bah j'ai rien trouvé de ça ici. Alors quand il est dit sur le quatrième de couverture que Ferrand s'inscrit dans la lignée de Jaworski avec ce livre, je tique sévère et je m'inscris en faux. Teuh teuh teuh, on est loin du compte.



En fait cet écrit me fait penser à des choses qu'on trouve sur Wattpad (où je "suis" ma fillotte). Bien écrit parfois (vraiment pas souvent), sympa à lire, mais qui n'amène nulle part parce qu'à aucun moment l'auteur ne s'est demandé quel était le fond de son histoire, son début, son milieu et sa fin (et curieusement ces auteurs-là viennent souvent du RP, bref, passons). Bon, Wattpad c'est particulier, les gens écrivent "en série", et comme les séries TV ça finit par tourner en rond.

Mais publier un bouquin comme ça, bah, bof quoi. Bon j'exagère, il y a une fin. Qui n'en est pas une. Et le personnage principal du livre, c'est la ville, j'aurais pu m'en douter avec ce titre.



Il n'empêche que je suis plutôt déçue.

C'est bien écrit. épicétou. le schéma narratif consistant à nous faire découvrir un personnage, son point de vue, sa vie, puis à le faire crever, est bien trop récurrent pour arriver à surprendre longtemps. Pour le premier, j'étais surprise, au troisième (page 135), j'en avais déjà marre, et avec celui qui passe entre les mains du bourreau, ça a été le pompon... (Si vous me connaissez un peu, vous savez que je déteste les bouquins où tous les personnages auxquels je m'attache crèvent. J'ai été gâtée, ici !).



La pléthore de personnages fait qu'on ne peut pas lire ce bouquin avec un autre à côté. On s'y perd, il faut bien le dire. Finalement heureusement qu'ils crèvent, on n'a plus à s'en préoccuper. D'un autre côté, on finit par ne plus s'attacher à aucun, forcément, puisqu'on "sait" ce qui va leur arriver. Aucune surprise côté personnages. C'est dommage car il aurait pu creuser un de ceux-là et en faire un héros (ou anti-héros, on s'en fout) crédible et attachant et ça aurait tout changé (de mon point de vue, qui ne reste que cela), je pense que l'auteur en est tout à fait capable, puisqu'il écrit fort bien. le hic c'est qu'il n'a pas voulu le faire, et en tant que lectrice, ça m'a lourdement manqué.



En gros, ce bouquin mériterait une note excellente sur le style, mais de mon point de vue, le "fond" n'est pas génial. Ce qui fera une note finale moyenne... (2 sur babelio, il n'y a pas de demi, et je suis trop déçue pour mettre 3).

En fait là de suite je me dis "encore un bouquin de fantasy qui doit plaire à ceux qui n'en lisent pas d'habitude, genre "des milliards de tapis de cheveux". Le genre où il n'y a tellement pas d'histoire que c'est à se demander si c'est pas écrit pour "plaire" à un max de gens. Encore qu'avec toutes les morts gore dans celui-là, c'est moins évident...
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Wastburg

N'y allons pas par quatre chemins, j'ai adoré ce livre. Wastburg c'est d'abord une prose, faite d'expression populaires et de mots d'argot, tous plus savoureux les uns que les autres, gouailleuse à l'envie. C'est à travers la structure même de cette langue que l'auteur distille, par petites touches, les briques d'un monde imaginaire, circoncis à la seule ville de Wastburg. Démarche intéressante qui, toute proportion gardée, rappelle celle de Tolkien, qui bâtit un univers incroyable de richesse et de cohérence sur les bases de langues créées de toutes pièces. Ici, l'auteur "se contente" de reprendre un melting pot d'argots bien de chez nous, en y ajoutant quelques termes de son cru. Cédric Ferrand nous montre, si besoin était, que l'imagination a besoin, pour s'épanouir et acquérir cohérence et profondeur, d'une structure qui l'ancre dans notre réalité collective (en tous cas c'est mon avis). D'une certaine façon l'imaginaire d'un auteur, pour parler à chacun, doit rencontrer l'imaginaire collectif, par le biais d'une structure facilement identifiable.



Ici, a travers cette langue donc, c'est le cliché de la ville franche du moyen-âge qui est convoqué, toute en ruelles tortueuses et sales, avec ses maisons à colombages et peuplée d'une faune plus ou moins recommandable, faite de gavroches, de mendiants, de délinquants et d'escrocs divers, sans oublier les artisans, notables et autres petits bourgeois. Et puis il y a la Garde, véritable police de la cité, qui est au cœur de l'intrigue. Celle-ci, loin d'être linéaire est construite à la manière d'un puzzle, des indices étant disséminés tout le long du récit et ce n'est que dans le dernier tiers du roman que les pièces commencent à s'assembler. Chaque chapitre est l'occasion de mettre en scène des personnages (presque) toujours différents, nous offrant un panorama complet des multiples crapules qui pullulent à Wastburg.



Si l'on devait définir précisément le genre de ce roman on le classerait, très certainement, dans la catégorie de la low fantasy, au côté du Trône de Fer. En effet, très peu d'éléments magiques ou surnaturels émaillent l'histoire, ceux-ci étant relégués à des temps (pas si) anciens, la magie ne fonctionnant plus depuis la Déglingue (à Wastburg, comme dans notre société, l'heure est au désenchantement). Mais contrairement à la saga de George R R Martin, le monde de Cédric Ferrand est limité : géographiquement la ville est coincée entre deux bras de fleuve, politiquement elle est une cité franche enclavée entre deux royaumes, la Loritanie et le Waelsmat, abritant des représentants des deux communautés (toutefois les waelmiens dominent socialement la minorité loritaine). Par ailleurs, Wastburg présente une dimension plus vulgaire (au sens propre du terme, c'est-à-dire populaire), le focus étant mis sur des gens du peuple et de la petite bourgeoisie.



Des personnages savoureux, une intrigue plaisante et surtout une prose inimitable, qui rend si vivante et si crédible cette cité imaginaire, font de Wastburg un grand roman de fantasy, à lire et à relire.
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Wastburg

Wastburg est un roman qui m'a été conseillé lors d'une discussion avec un libraire de ma Librairie préférée, le mois dernier. Et le hasard faisant bien les choses, il s'est avéré que ce roman faisait partie aussi de la sélection du Club de lecture Imaginaire de Babélio, du mois de mai.



Le Waelmstat et la Loritanie, après des guerres incessantes, ont délimité leur territoire par le fleuve Puerk/Fuile qui les sépare. Il s'agit d'une zone neutre dans laquelle la ville de Wastburg, indépendante, s'est développée au creux du delta du fleuve. Wastburg est une ville sur le déclin : elle a connu ses heures fastes du temps des Majeers, lorsque la Magie existait encore en ce bas monde et facilitait la vie quotidienne. Aujourd'hui, la magie a disparu et Wastburg n'est plus que l'ombre d'elle-même : sale, fréquemment inondée, peuplée de gens douteux qui tentent de survivre par tous les moyens. Ce roman immisce son lecteur à travers les bas-fonds de la cité en le faisant suivre tour à tour des gardes, des gamins de rue, un aubergiste, un bourreau, etc... Toute cette population est le reflet de sa cité et permet au lecteur de mieux l'appréhender.



Avant le début de ma lecture, deux bémols m'ont fortement agacé : tout d'abord, la comparaison de l'éditeur de ce roman avec l'oeuvre de Jean-Philippe Jaworski, en quatrième de couverture. Évidemment, il s'agit d'un avis personnel. : mais pour moi, Jaworski est une grosse pointure de la Littérature de Fantasy en France. Comparer Wastburg avec Gagner la Guerre est franchement exagéré : si le premier est un roman assez sympathique, il n'a absolument pas de commune mesure avec le second. Certes, l'argot domine le texte et nous avons affaire à des individus issus des couches modestes de la population. Mais, où se trouve la gouaille d'un Benvenuto Gesufal? Les luttes de pouvoir à la façon ciudalienne? Ou les batailles stratégiques avec les territoires alentours? Ne prendrait-on pas le lecteur pour un imbécile?



Le second bémol est la citation, en exergue, de China Miéville sur Tolkien. Certes, il s'agit probablement d'une provocation délibérée de la part de l'éditeur. Il donne le ton du livre immédiatement au lecteur en lui signifiant que nous allons sortir des sentiers battus de la Fantasy classique, amorcée par Tolkien. Chacun pense ce qu'il veut et j'ai parfaitement compris ce que Miéville a voulu dire mais je trouve ces propos très prétentieux.



"Tolkien est le kyste sur le cul de la littérature fantasy. Son œuvre est massive et contagieuse : vous ne pouvez l'ignorer, n'essayez donc même pas. Le mieux que vous puissiez faire, c'est d'essayer de crever l'abcès. Car il y a beaucoup à exécrer : sa suffisance wagnérienne, ses aventures bellicistes en culotte courte, son amour étriqué et réactionnaire pour les statu quo hiérarchiques, sa croyance en une moralité absolue qui confond morale et complexité politique. Les clichés de Tolkien (elfes, nains et anneaux magiques) se sont répandus comme des virus. Il a écrit que le rôle de la fantasy était de "réconforter", créant ainsi l'obligation pour l'écrivain de fantasy de dorloter son lecteur." China Mieville



Pour en revenir directement au roman, Wastburg m'a beaucoup plu les cent premières pages puis m'a lassé le reste du roman.

- J'ai apprécié le style argotique bien que j'étais parfois un peu perdue avec certains mots de vocabulaire.

- le fait aussi d'avoir un nouveau personnage à chaque chapitre m'a un peu déconcerté mais au final, j'ai trouvé cela plutôt original, n'ayant jamais rencontré par ailleurs ce style narratif. En revanche, cette originalité comporte deux points négatifs : celui d'avoir du mal à identifier les personnages (J'avais d'ailleurs un peu peur de ne pas les reconnaître s'ils réapparaissaient de nouveau au cours du récit) et de pas s'y attacher. Ce dernier effet est d'ailleurs renforcé par le fait que l'auteur en tue un sur deux. du coup, je ne me suis pas vraiment investie : au contraire, j'étais plutôt résignée. À quoi bon faire l'effort d'avoir de l'empathie pour un personnage s'il meurt à la fin du chapitre?

- Enfin, je pensais qu'avec ce schéma narratif un peu surprenant, l'auteur allait nous embarquer dans une fin mémorable. Je m'attendais vraiment à quelque chose de spectaculaire en me disant que l'auteur était certainement en train de semer ses petits galets à travers chaque chapitre et nous scotcher par une chute spectaculaire. En réalité, il n'en est rien et j'ai été très déçue me disant même tout cela pour ça?



En conclusion, Wastburg est un roman déconcertant et surprenant dans ses premières pages. Malheureusement, l'originalité cède très vite la place à une certaine lassitude, voire à une déception, à la fin. Néanmoins, le style de l'auteur est très intéressant et je pense revenir vers un de ses romans à l'avenir. de là, à dire qu'il est dans la même lignée que Jaworski, je ne suis pas d'accord.
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Sovok

Après l'excellent « Wasburg » dépeignant les bas-fonds d'une cité apatride d'inspiration médiévale, Cédric Ferrand revient enfin avec un tout nouveau roman intitulé « Sovok ». Bien que lui aussi tiré d'un jeu de rôle, l'univers dépeint ici par l'auteur n'a rien à voir avec son précédent ouvrage puisqu'il s'inspire d'une Russie rétro-futuriste en pleine déliquescence. C'est bien simple, tout part à vau-l'eau : le gouvernement en place se distingue avant tout par son instabilité, les pouvoir publics manquent à tel point de ressources que se sont aux habitants de se cotiser pour rémunérer pompiers et instituteurs, et la plupart des quartiers se retrouvent à tour de rôle privés d’électricité et plongés dans le noir. L'avantage (parce qu'il faut bien en trouver...) c'est que les Moscovites sont devenus les rois de la débrouille ! Bidouillage en tout genre, troc, pot-de-vin, petits arrangements le plus souvent illégaux..., c'est qu'il faut savoir faire preuve d'audace et d'imagination si on veut être capable d'améliorer un peu son quotidien ! Manya et Vinkenti en savent d'ailleurs quelque chose, eux qui arpentent inlassablement toutes les nuits les rues moscovites à la recherche de potentiels patients requérants les services des urgentistes de Blijni. Un boulot éreintant qui ne va pas en s'améliorant lorsqu'on leur colle dans les pattes un petit nouveau, fraîchement embauché et disposant d'une semaine pour faire ses preuves.



Le roman se découpe en chapitres correspondant chacun aux jours de la semaine passé par Méhoudar en compagnie de ses deux collègues. Le lecteur découvre donc en même temps que lui le quotidien de ces urgentistes sillonnant les rues à bord de leur Jigouli, ambulance défranchie comptant un nombre bien trop important de kilomètres au compteur mais qui possède l'avantage non négligeable de pouvoir se mouvoir dans les airs. Le roman se compose ainsi d'une succession de petites scènes dévoilant chacune un peu plus l'état de la société moscovite de l'époque et les conditions de vie de ses habitants. Le récit avance donc à un rythme plutôt soutenu et parvient ainsi à maintenir l'intérêt du lecteur intact du début à la fin. On en apprend aussi peu à peu sur les trois protagonistes du récit : Méhoudar, jeune homme fraîchement arrivé à Moscou dont il peine encore à comprendre le fonctionnement ; Manya, quadragénaire revêche à l'esprit pratique et ne s’embarrassant pas de sentiments ; et Vinkenti, conducteur obèse plus ouvert que sa collègue et s’intéressant de prêt à l'avenir politique de la Russie. Des personnages tous très réussis auxquels on s'attache sans mal et avec lesquels on ne serait pas contre faire un bout de chemin supplémentaire. Le style de l'auteur reste quant à lui toujours aussi agréable, plein d'un mordant et d'un cynisme qui donnent lieu à des dialogues savoureux et plein d'humour.



Cédric Ferrand nous offre avec « Sovok » un roman très prenant consacré à une société futuriste russe décadente dont on se plaît à arpenter les coins et recoins et à rencontrer les habitants, plus ou moins réglos et arrangeants. L'auteur fait à nouveau preuve de beaucoup de talent, et c'est avec impatience que j'attends de lire son prochain roman.
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Wastburg

Inutile, je crois, de faire un résumé. Que l'on sache simplement que chacun des chapitres, qui sont autant de petites nouvelles (chacune avec sa chute), apportent un ou plusieurs indices, qui ne feront sens qu'à la toute fin.

Le lecteur navigue à vue. Et vu le cloaque que semble être la cité, il ne voit pas loin (mais sent et entend beaucoup en contrepartie). Construite sur une île, entre les deux bras d'un fleuve, la cité est un ensemble de constructions branlantes, de rues tortueuses, de tavernes mal famées, de bordels et de politique magouilleuse. Et de déchets variés et malodorants. Voila Wastburg (où je ne peux m'empêcher d'entendre "waste", déchets en anglais...) C'est crade et puant, ça tape dur et souvent, le sang coule autant que le vin et la bière. Voila bien le genre d'ouvrage qui peut me réconcilier avec la fantasy, loin de la production lisse et stéréotypée de ces dernières années. Une bonne grosse beigne de temps en temps, voila qui est sérieux !

Un grand merci à Dionysos (et à sa petite voix !)
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Wastburg

« Wastburg n'existait pas pour rien : c'était justement parce qu'elle sortait de cette sauvagerie chevaleresque que cette cité était si plaisante à vivre ». Et à lire pour ceux dont l'haleine de putois mort, cette odeur diffuse de merde que même des relents de mort ne peuvent couvrir, n'est pas rédhibitoire. Car Wastburg est une cité médiévale dans toute sa splendeur, une véritable fosse d'aisances à ciel ouvert. Une cité où certes la morale s'est dissoute dans la bière ou la gnole mais où l'ordre règne, la hiérarchie respectée, et ce malgré qu'elle soit une cité apatride hors des lois. Une cité peuplée de hors la loi, de canailles et de crapules, autant de personnages de toutes les couches sociales hauts en couleur qui digèrent le vin sur la bière plus facilement dans cet ordre, qui se demandent s'il est plus douloureux de prendre un carreau dans le dos ou une giclée d'acide dans la frime. Cédric Ferrand donne un rôle à des petites gens, avec leurs galères, leurs peines et joies, que l'on aime détester ou que l'on déteste aimer, dans des saynètes qui sont autant de chapitres courts, pour faire battre le coeur et donner à cette cité le rôle principal de ce roman de fantasy noir, qui donne autant de hauts le coeur que de moments de franches rigolades.

Il fait bon boire un verre à prix moyen à Wastburg, cette cité où vous pourriez trinquer avec un Don Benvenuto Gesufal.
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Wastburg

Wastburg est une cité apatride, coincée entre deux royaumes et régie par ses propres lois, des règles qui sont celles de la rue… Une cité médiévale corrompue, qui est depuis toujours le théâtre de rivalités entre Loritains et Waelmiens. Une cité livrée à elle-même, affaiblie par la disparition de la magie et, avec elle, de ses puissants majeers. Depuis, la société s’est organisée autour d’un burgmaester dont elle a oublié jusqu’au nom et autour de maesters qui règnent en maître sur la Garde. C’est elle qui est chargée de maintenir l’ordre et l’équilibre fragile qui règne entre les deux clans, elle qui est tenue de déjouer les coups fourrés et les embrouilles en tout genre. Et justement, la garde est en émoi. D’étranges évènements viennent troubler l’ordre apparent. Quelque chose de se trame dans la cité qui pourrait bien changer le cours des choses…



Peu adepte de fantasy, je me suis pourtant laissée convaincre par cette cité médiévale en perpétuelle effervescence et dans laquelle s’anime un monde essentiellement populaire, rustre et violent, embourbé dans sa crasse et dans ses croyances. Ici, nul héros porté par un fier destrier immaculé, mais des gardes bedonnants et malhonnêtes, manipulés par les autorités supérieures et qui se vengent sur les plus faibles. A Wastburg règne le crime et la corruption. La morale semble être une valeur depuis longtemps oubliée… Et c’est dans cette ambiance pour le moins inquiétante et insalubre qu’évoluent les différents personnages de Cédric Ferrand, dont le destin est bien souvent tragique et de courte durée… Et c’est bien ce qui m’a gêné durant ma lecture ! Les « protagonistes » se succèdent, pour disparaître aussitôt, du coup, impossible de s’attacher ou de se focaliser sur l’un d’eux puisque chacun ne fait que passer. Rares sont ceux que l’on retrouve plus tard… Ce n’est qu’en approchant la fin du roman que l’on comprend qu’une intrigue beaucoup plus complexe s’est mise en place depuis le début grâce à ces différents épisodes. Malheureusement, j’ai trouvé que cette révélation venait un peu tard et c’est ce qui m’a manqué pour accrocher complètement au récit. En revanche, j’ai beaucoup aimé l’écriture de l’auteur, cette langue crue, vulgaire, faite d’argot et de grossièreté, qui nous plonge tout de suite dans l’ambiance de la ville. L’atmosphère est pesante et en même temps crédible et laisse une impression finale plutôt réussie !



Je tiens à remercier Folio et Livraddict pour ce partenariat !
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Sovok

En Résumé : J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman qui nous propose de découvrir une tranche de vie de trois personnages urgentistes et pendant une semaine ; le tout dans une Russie qui agonise lentement. Ici, pas de véritable intrigue dans son côté classique, mais une peinture de Moscou qui se révèle efficace et passionnante à découvrir avec son aspect mélange de futurisme et de nostalgie, mais aussi son lot de réflexions. Une Russie pleine de nostalgie ou la débrouillardise est de mise et qui donne envie d’en découvrir plus. Les personnages se révèlent travaillés, denses, humains et attachants avec leurs bons comme leurs mauvais côtés. On est ainsi rapidement happé par cette image que nous décrit l’auteur qui oscille avec réussite entre humour, tragique et espoir dont mon seul regret est finalement que la fin laisse de nombreuses perspectives ouvertes, ce qui m’a paru légèrement frustrant. La plume de l’auteur se révèle entrainante, captivante et décalé dans sa façon de nous présenter son récit, offrant juste ce qu’il faut d’ironie et de cynisme pour rendre son histoire prenante et intelligente. Je lirai sans soucis d’autres écrits de l’auteur.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Wastburg

J'allais te proposer un plan à Troie, mais on va garder l'idée pour un livre sur la Hitlerjugend (et des fois que t'aurais pas capté la vanne, Ilion se situe en nazi mineur).

Partons plutôt en virée à Wastburg, un bouquin de… de… euh… fantasy ?… sans magie ou presque. du médiéval-fantastique très médiéval. Un drôle de roman…



Vu la place qu'occupe la ville dans le texte et le contexte, tu serais peut-être tenté de le caser en urban fantasy. Sauf que non, pour que ce soit urban, faut que la trame se déroule à l'époque contemporaine. Normal, aujourd'hui il n'existe plus du tout de monde rural et avant il n'y a jamais eu de villes. Euh, attends voir… Démonstration est faite une fois de plus que multiplier les sous-sous-sous-genres relève de la crétinerie profonde, à plus forte raison sur des bases défiant le sens commun. Wastburg est 100% urbain (en même temps, c'est une ville, merci la logique). ‘Fin bref, dans la tête de certains, urban signifie moderne, comme si on avait attendu la fin du XIXe pour bâtir des cités. Un peu comme la légende urbaine de la dame blanche qui apparaît sur les routes de campagne. Cherchez l'erreur…

J'ai souvent lu la référence à Laurent Kloetzer (La Voie du cygne), auteur sur lequel je ne me suis pas encore penché (en tout bien tout honneur). Autre nom qui revient dans les comparaisons, Jean-Philippe Jaworski pour ses histoires du Vieux Royaume, Gagner la guerre en tête. Ajoute là-dessus un exergue citant China Miéville à propos du “kyste sur le cul de la littérature de fantasy”, tu sais tout de suite que tu t'aventures dans une veine non-tolkienienne.

Ici, Ferrand est très influencé par son passé de rôliste sur l'excellent Nightprowler (JdR qui te propose d'incarner détrousseur, malandrin, spadassin…), lui-même très marqué par la Lankhmar du Cycle des Epées (Fritz Leiber). Ça me va, on a vu pire comme pedigree.

Pour qualifier cette fantasy-sombre-pas-urban-mais-citadine, le site des Moutons Electriques parle de “crapule fantasy”. Bien vu, l'aveugle, ça me va aussi.

Contexte urbain de cité marchande (avec son lot de pognon, corruption, exploitation, combines de boutiquiers), langage argotique, personnages qui n'ont rien d'héroïque ni de chevaleresque, la crapule fantasy se rattache par beaucoup d'aspects au roman noir. Genre de San Antonio médiéval-fantastique, où la magie et les bestioles fabuleuses seraient reléguées au second plan. L'ambiance patauge dans une boue moyenâgeuse que jamais ne rehaussent les paillettes des licornes. Pas de dragons pionçant sur leur magot, de nains qui se crêpent le chignon avec des elfes, de magos qui se prennent pour des pyromanes dans une pinède du Var et te balancent de la boule de feu à tour de bras. Quant aux objets magiques par brouettes, tintin, on n'est pas dans une table de butin d'AD&D.



Alors de la fantasy sans magie ? Pas tout à fait. La magie existe dans la bonne ville de Wastburg. Surtout dans les souvenirs. Seuls subsistent des reliquats, des traces fugaces. Un phénomène appelé la Déglingue l'a fait s'envoler et avec elle toute l'organisation. Faute de mages pour mener la barque, il a fallu inventer de nouvelles institutions, de nouvelles lois, promouvoir de nouvelles têtes sur la base de qui magouille et réseaute le mieux. Un grand chambardement qui donne au background du “roman” une légère teinte de post-apo. Et aussi un air d'allégorie historique. Cette rupture rappelle les bouleversements révolutionnaires qui ont secoué l'Europe entre la fin du XVIIIe et celle du XIXe , quand les monarchies sacrées bien installées laissent la place à des républiques pragmatiques improvisées (pour pas grand-chose, une aristocratie en remplaçant une autre…).

Pas mal d'éléments du bouquin font écho au vrai monde de l'IRL passée et présente. Les noms à consonance flamande (Wastburg, majeers pour les mages, burgmaester pour le maire) évoquent l'Anvers des temps jadis. Les bisbilles entre Waelmiens et Loritains, les deux communautés qui se partagent la ville, restent dans le même esprit belge, quoique plus moderne (Wallons versus Flamands, un match qui n'en finit pas…). Quant aux inspirations de fiction, on les cherchera du côté de la sombre Lankhmar (Leiber) et d'Ankh-Morpork la cradingue (Pratchett).

L'ensemble donne une bonne synthèse, réaliste pour l'aspect médiéval, avec assez d'inventions personnelles pour ne se limiter à cloner les auteurs cités. Wastburg, personnage à part entière, ne donne pas son titre au bouquin pour rien. de la belle ouvrage.



L'inspiration pratchettienne se retrouve dans aussi les personnages. le Guet d'Ankh-Morpork est célèbre pour sa bande de bras cassés, la garde de Wastburg n'a rien à lui envier.

Je parlais plus haut de “roman” avec des guillemets. le récit se découpe en autant de nouvelles centrées sur tel ou tel aspect de la ville ET tel ou tel personnage. Je trouve l'idée intéressante et très maligne.

Dans une histoire à héros unique, quand un auteur veut développer son décor, le moment arrive vite où le lecteur doit suspendre son incrédulité avec deux paires de bretelles quand c'est pas trois. le gus arpente la ville dans tous les sens, occasion d'en présenter “l'air de rien” (hum…) tous les aspects. Il traîne dans tous les milieux possibles où il croise toutes sortes de gens, des riches et des pauvres, des nobles et des pécores, des guerriers et des marchands de savates… L'histoire vire au jeu de piste artificiel et aux rencontres sur le mode auberge espagnole.

Ici, un chapitre, un personnage. Lié de près ou de loin au guet de la ville, il sera membre de la garde fluviale, gardien de prison, échevin chargé de gérer la troupe dans tel quartier… Des gonziers issus de strates différentes, qui fréquentent donc des gens différents et traînent dans des coins différents. Là, d'accord, le procédé fonctionne et justifie la variété des lieux et des rencontres.

Doublement rusé, parce qu'un casting conséquent permet de dessouder des personnages sans être coincé pour la suite. le “héros” du chapitre peut crever, rien à battre, un autre prendra la relève au suivant. Tu vas me dire qu'on y perd en attachement et en identification. Déjà, d'une, tu vas arrêter de m'interrompre, c'est pas poli. de deux, pas tant que ça. Ferrand sait accrocher le lecteur et on se glisse en quelques lignes dans les godasses de la star du chapitre. En plus, on y gagne en tension. Une fois que tu as compris que la vie est courte à Wastburg, tu ne sais jamais si Machin ou Trucmuche vont s'en sortir dans les prochaines pages. Alors que dans un roman à héros unique (ou même une petite équipe), tu sais qu'à de rares exceptions près, Captain Invincible va survivre au moins jusqu'au dernier chapitre, tu ne trembles pas vraiment pour lui.

La galerie colle à l'ambiance à la fois fin de siècle et nouvelle ère (en clair, gros merdier transitoire). Les têtes qui défilent ne dépareilleraient pas dans un western spaghetti ou une adaptation med-fan des Ripoux. Point de fringants chevaliers propres sur eux et bardés de vertus, bienvenue au royaume des combinards et des magouilleux.



Ce parti pris structurel pourrait donner matière à débat. Paraît-il. Je cherche encore où. Pas dans mon fondement, j'ai vérifié.

Alors oui, si on l'aborde comme un roman, Wastburg risque de paraître décousu à cause de cette succession d'historiettes qui relègueraient au second plan l'intrigue principale. Recueil de nouvelles ? Oui et non, justement parce qu'un fil rouge relie l'ensemble. Faut le prendre comme une forme mixte, à cheval entre les deux. Plein de petites histoires qui se racontent elles-mêmes et en racontent une autre, plus grande et plus globale, une fois mises bout à bout.

Très bon choix que ce parti pris narratif avec de la réflexion derrière (et par réflexion, j'entends des choix d'auteur, pas des options par défaut pour coller à ce qui se vend). Idem la prise de risque à s'aventurer hors des quêtes d'anneaux magiques, chasses au trésor du vilain dragon, prophéties apocalyptiques et autres sagas plus interminables qu'une telenovela.

Une ambiance, un décor, un style, de la fantasy adulte, que dire si ce n'est “youpi tagada”, formule que j'emprunte à Ferrand himself.

“Quand j'aime, c'est youpi tagada. Mais quand on me vend une merde, je suis colère.”

Youpi tagada donc.
Lien : https://unkapart.fr/wastburg..
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Wastburg

"Wastburg", c'est l'envers du décor de la fantasy traditionnelle : pas de grandes actions héroïques, ici on s'intéresse au populo, dans tout ce qu'il a de petit, de mesquin, mais aussi de vrai. À Wastburg, au lieu de perdre son temps à vouloir sauver le monde, on songe avant tout à s'en mettre plein la panse et à gruger la municipalité sur les taxes. Dans ce moyen-âge à l'agonie, la magie jusque-là bien commode s'est soudain fait la malle, laissant les hommes livrés à eux-mêmes.



C'est donc dans une société en pleine déliquescence que nous entraîne le roman... Mais s'agit-il réellement d'un roman ? On peut presque parler d'un recueil de textes courts, chaque chapitre donnant un coup de projecteur sur de nouveaux habitants et de nouveaux quartiers de la cité franche, bien souvent sans lien direct avec ce qui précède. Il y a certes un fil rouge, mais ce n'est pas dans cette "grande" histoire que réside l'attrait de "Wastburg". Celle-ci n'est qu'un prétexte, dont l'auteur aurait certainement pu se passer sans que son œuvre en pâtisse.



En réalité, c'est la cité elle-même qui nous fait tourner les pages jusqu'à la dernière, cette multitude de "petites" histoires se déroulant en son sein, comme celles du jeune Sandec, propulsé à la tête d'une bande de gamins des rues, des jumeaux Berken et Fortig, contraints de devenir gardiens de cimetière pour ne pas avoir à traire les chèvres dans leur patelin natal, ou encore de Kleen, ancien ramoneur payé par la Garde pour veiller sur les toits. Autant de tranches de vies qui font que, une fois le livre refermé, on peut sentir tous ces personnages poursuivre leur existence dans les ruelles de Wastburg, à l'inverse d'autres romans où l'on imagine aisément le décor être démonté sitôt la scène finie.



Au bout du compte, la comparaison avec Jean-Philippe Jaworski est inévitable, la parenté est même revendiquée. Et si Cédric Ferrand n'atteint pas encore l'excellence de son aîné (un œil exercé repérera dans "Wastburg" quelques petites maladresses) nul doute que nous tenons-là un jeune auteur à suivre de près.
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Wastburg

Wastburg est une ville coincée sur un triangle de terre au milieu d'un fleuve. Sur chacune des rives du fleuve, un peuple : Les Waelmiens d'un côté ; les Loritains de l'autre, qui, après s'être longuement fait la guerre pour la possession du fleuve et de ses rives, ont convenu que chacun resterait de son côté. Wastburg est ainsi devenu une sorte de no man's land entre les deux.



Le livre est divisé en 15 chapitres qui sont autant d'histoires sur les habitants, les coutumes, les quartiers de cette ville pour le moins boueuse et poisseuse. Certains personnages sont récurrents (plus qu'à son tour pour le fameux Polkan), d'autres se font tuer au détour d'un toit glissant ou d'un règlement de compte. Dans tous les cas, Cédric Ferrand s'attache particulièrement à nous décrire la garde de la ville, la "gardoche" pour les familiers de l'argot wastburgien. Sans conteste, de ce côté, l'histoire la plus truculente que j'ai lue est l'épisode de la charrette de courges coincée sur le pont.



L'immersion dans l'atmosphère pour le moins viciée de Wastburg est totale. Petit à petit, on découvre les différents éléments qui la constitue : la Purge, la prison putride, la tour des majeers, désertée depuis que la magie a foutu le camp on ne sait où, le quartier des vanniers où sont fabriqués non seulement les paniers d'osiers mais aussi l'argot wastburgien, le quartier loritain haut en couleurs, les toits de la ville ... Le tout n'est pas dénué d'un certain humour, parfois scatologique.



Au milieu de ces tableaux déjà passionnants, il faudra encore cherche le fil rouge de l'histoire qui se tisse entre deux verres de bouscotte ( vous n'avez pas envie de savoir ce qu'est la bouscotte, je vous assure ... Enfin, si la curiosité vous tenaille, vous savez ce qu'il vous reste à faire). Cela dit, je l'ai trouvé plutôt secondaire, même si c'est amusant de découvrir dans chaque chapitre les éléments qui font avancer l'intrigue.



Non, ce qui m'a vraiment plu, c'est ce plongeon dans la ville et dans sa populace, le côté fangeux mais néanmoins attachant ; toutes ces anecdotes qui, mises bout à bout, donnent une consistance à cette cité médiévale imaginaire mais ô combien réaliste.



Courez-y, si vous ne craignez pas de vous salir le bas du pantalon (voire davantage) !
Lien : http://ledragongalactique.bl..
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Et si le diable le permet

Si vous appréciez ce qu'on appelle la « crapule fantasy », alors vous avez certainement déjà entendu vanter les mérites du « Wastburg » de Cédric Ferrand. Son second roman, « Sovok », avait lui aussi rencontré un accueil favorable, la vision de ce Moscou futuriste en pleine déliquescence ayant saisi plus d'un lecteur. Après deux ouvrages aussi atypiques, c'est sans aucune appréhension, et même avec une certaine impatience, que je me suis lancée dans la lecture de la dernière parution de l'auteur, premier tome des aventures d'un certain Sachem Blight et de sa demi-sœur Oxiline. Seulement, voilà, la sauce n'a pas pris... Sans aller jusqu'à proposer du resucée de ses précédents textes, je m'attendais au moins à retrouver ici un peu du mordant et de l’excentricité de l'auteur. Et bien non. Honnêtement si je n'avais pas vu le nom sur la couverture, jamais je n'aurais pensé qu'il puisse s'agir de Cédric Ferrand tant le roman souffre de maladresses qui étaient totalement absentes de ses précédentes œuvres. Mais commençons par planter le décor avant de rentrer dans le vif du sujet : nous sommes en 1930, à Montréal, où Sachem Blight, un aventurier spécialisé dans le sauvetage de fils et filles de bonne famille, se voit confier une nouvelle mission. A priori rien de bien sorcier : le fils d'un riche entrepreneur local a disparu après une brouille avec son père qui décide d'embaucher l'enquêteur pour aller le récupérer dans le quartier francophone de la ville. Seulement les choses tournent très vite très mal. D'abord, pas moyen de remettre la main sur le jeune homme, et ce en dépit des témoignages recueillis et des diverses pistes étudiées. Ensuite, Sachem Blight apprend l'existence d'une demi-sœur dont, faute de pouvoir payer l'onéreuse école, il se retrouve à assumer la responsabilité. Et puis il y a la ville de Montréal dans laquelle le héros peine à se fondre et qui semble agiter par de curieux courants.



Le plus gros atout du roman réside incontestablement dans son décor qui, une fois n'est pas coutume, n'a rien de commun. Il faut bien avouer que des récits mettant en scène le Montréal des années 30, ça ne coure pas franchement les librairies ! L'auteur prend d'ailleurs beaucoup de plaisir à nous faire découvrir la ville, s'attardant sur ses monuments les plus emblématiques ou nous amusant de quelques anecdotes croustillantes. Le contexte de l'époque est lui aussi abordé sous différents aspects, du spectre de la crise de 29 qui plane toujours sur le pays (jusqu'à rendre les banquiers un poil parano...) aux tensions opposant les communistes aux socialistes et aux libéraux, sans oublier la question du droit des femmes ou encore le statut des peuples autochtones. Pour ce qui est du décor, donc, qualité et originalité sont au rendez-vous. Là où le bât-blesse, en revanche, c'est au niveau de l'intrigue. L'enquête de notre aventurier se divise rapidement en une multitude de branches qui donnent au récit un aspect brouillon et empêchent de véritablement cerner les enjeux des personnages. On peine par conséquent à se passionner pour cette investigation décousue qui bascule dans les derniers chapitres dans le bazar le plus complet jusqu'à une réunion de famille prévisible et assez saugrenue. La forme n'est pas particulièrement soignée non plus, l'ouvrage possédant de trop nombreuses coquilles (dont vous apprendrez ironiquement l'origine de l'expression dans ce livre...). Les protagonistes, enfin, peinent eux aussi à convaincre et à susciter l'intérêt du lecteur. Sachem Blight n'est pas un personnage particulièrement sympathique et se laisse porter par les événements davantage qu'il ne cherche à les anticiper. Sa sœur, Oxiline, fait preuve d'un peu plus de fantaisie mais reste pour le moment trop dans l'ombre de son frère pour que l'on puisse réellement s'y attacher.



Cette première « étrange aventure de Sachem Blight et Oxiline » se révèle donc fort décevante, la curiosité éveillée par la période et le lieu mis en scène ne parvenant pas à supplanter l'ennui éprouvé à la lecture d'une intrigue tout sauf trépidante. Dommage, car j'avais vraiment adoré les précédents romans de l'auteur.
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Wastburg

Marre de lire encore et encore des mondes imaginaires qui ne partent de rien et qui font l’apologie de la belle fantasy ? Wastburg est fait pour vous. Il peut être lu à la fois comme un recueil de nouvelles et un roman. Chaque personnage a son histoire et sa chute, mais plus on avance dans l’histoire, plus certains deviennent récurrents. Ils sont le nœud de l’intrigue générale, à moins que ce ne soit que la ville le véritable lien ? Paradoxal quand on sait qu’à Wastburg les Waelmiens et les Loritains se castagnent tous les jours. On ne rigole pas avec la crapule fantasy.

Cédric Ferrand nous prouve aussi qu’avec nos propres cultures déguisées, on peut faire un bon roman de fantasy. On assiste un peu à une bataille des pays du Nord contre ceux du Sud avec d’un côté les traditions rustres du viking ou du germain et de l’autre l’extra-version et le côté très cultes, religieux, de l’Espagne ou d’ l’Italie. Il n’y a pas que ça bien sûr : la magie est le traitement majeure tout en n’existant plus. La somme de ces deux idées nous donne l’impression de lire une fantasy écrite à la façon d’un roman de société ou historique. Malgré tout, cela reste très léger.

Ce n’est pas un coup de cœur, surtout quand on a lu Gagner la guerre juste avant, mais le roman reste intéressant sur bien des points et reste au niveau de ses ambitions : un roman court avec des idées existantes réutilisées pour recréer un monde, ses cultures et son histoire en prenant appui sur une ville imaginaire.
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Sovok

Déçue je l'avoue, car j'ai mal lu la quatrième de couverture. Ou bien déçue parce que je n'ai pas retrouvé la "force" de l'uchronie, le "choc "du rétro-futurisme, le "suspense" du roman noir, pour une intrigue au "rythme crescendo"promise...

Si on me l'avait "vendu" en précisant, qu'il nous plongeait dans l'ambiance et les conditions de vie, de travail, d'ambulanciers russes, qui à part la possibilité à l'ambulance de voler au dessus de la circulation, un pti coté Blade Runner, ressemble où du moins me semblait par bien des points ,être trop proche de la réalité. J'avais plus l'impression d'un témoignage récent, noir certes.

Par contre, j'ai apprécié l'investissement de recherche dans l'histoire et le vécu quotidien des russes et leurs traditions, à moins qu'il s'agisse là, d'une uchronie....

Plus dans le registre policier que l'uchronie, mais même là, déçue dans l'intrigue.

Trois fois déçue donc, hélas..
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