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Critiques de Cees Nooteboom (54)
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Un sombre pressentiment. A la rencontre de ..

Quel homme avait bien pu être ce Jérôme Bosch ?

Qu'a donc un écrivain du XXIiéme siècle en commun avec un peintre du XViéme siècle?

Ils viennent du même pays, mais se comprendraient-ils encore s'ils pouvaient se parler?

Des questions que se pose , l'écrivain hollandais Cees Nooteboom à l'occasion du 500 éme anniversaire de la mort du peintre, célébré cette année.

Vu le mystère et la difficulté d'interprétation et de pleinement apprécier ces peintures complexes , il s'en pose d'autres plus générales,

Comment lit-on un tableau? Ou plutôt , comment d'autres lisent-ils un tableau ?

A-t-on un regard différent lorsque l'on sait, ou est-ce simplement la facture du tableau qui importe ?

En quoi les pensées de ces gens (qui regardent le tryptique du "Jardin des délices" dans un musée) ont-elles encore un lien avec le peintre de Bois-le-Duc, qui n'a jamais su qui était Freud, jamais vu un tableau surréaliste, et n'eût probablement rien compris aux commentaires des érudits qui se sont intéressés à son oeuvre ?



Autant de questions simples et intelligentes posées devant l'ensemble de cette oeuvre complexe, projetant une vision du monde ni aimable , ni joyeuse.



Ce trés beau livre , court et concis est une caresse à l'oeuvre immense de Hyeronimus Bosch, avec quelques digressions " Post-Scriptum" intéressantes à la fin du livre.

"...non loin du gué se dresse un arbre mort auquel est suspendue une cruche ébréchée, et Bosch ne serait pas Bosch si une petite échelle tout grêle n'y était appuyée et qu'un minuscule visage de gnôme émergea de son col ."( détail ,Saint Christophe)





L'incroyable exubérance de l'imagination, la somme invraisemblable de détails même les plus infimes , le tout peint avec un soin raffiné et le mystère qui l'entoure quand à l'interprétation, en font pour moi un des peintres les plus passionnants de tous les temps. Grâce à ma mère j'ai rencontré les peintures de Bosch très jeune, et elles m'ont fascinée toute une vie, et continuent de me fasciner.



"....de son oeuvre artistique il n'a rien dit. Rarement un homme devenu invisible aura laissé derrière lui tant de choses visibles."

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Mokusei !

Mokusei est le nom d'une plante odoriférante japonaise, au parfum étrange. C'est aussi le surnom qu'Arnold Plessers donne, en plus de celui connu de lui seul, Masque de Neige, à Satoko, la jeune Japonaise qu'il vient de rencontrer.

Mokusei est enfin le titre de ce très bref roman du début et de la fin d'une histoire d'amour qui, bien qu'elle ait lieu au vingtième siècle, est prise dans les pièges de cultures qui ne se comprennent pas. Ainsi commence le roman: sur cette incompréhension dont parle si bien De Goede, pourtant expatrié depuis de longues années au Japon.

La description de cet amour naissant est délicate, tracée subtilement, dans le silence et deux solitudes. La tendresse transparaît, ainsi que la pudeur.

Cette histoire, brève, mais qui dure pourtant cinq ans, est simplement esquissée, parfois avec difficulté: l'écriture n'est pas toujours limpide, la faute peut-être à la traduction?


Lien : http://pourunmot.blogspot.fr..
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L'histoire suivante

C'est l'illustration puis la quatrième de couverture qui m'ont fait choisir ce livre parmi la masse assez conséquente d'ouvrages de la bibliothèque de nos hôtes. Je n'ai pas regretté mon choix. L'ouvrage est présenté par l'éditeur comme un renouvellement de la tradition du roman philosophique. Et c'est ainsi que nous entamons un étrange voyage (intérieur ? temporel ?) avec son personnage, ancien professeur de littérature classique, voyage qui prend sa source dans un étrange sentiment de « ne plus être ». Le style de la traduction française (du néerlandais) fait ressortir avec justesse l'expression d'un indéniable amour de la philosophie, mais aussi de la « langue » et de ses origines.
Lien : https://bw.heraut.eu/user/Ba..
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Rituels

Dans le roman "Rituels" de Cees Nooteboom, j'ai fait la connaissance d'Inni Wintrop, le protagoniste central de l'histoire. Malheureusement, je n'ai pu m'empêcher de le trouver inintéressant, sans consistance, et renfrogné tout au long de ma lecture, ce qui s'est avéré une expérience fort fastidieuse. Inni n'a pas réussi à susciter d’intérêt, ni même à éveiller la moindre compassion en moi ; au lieu de cela, il a provoqué de l'agacement. Certes, la littérature abonde en personnages brisés par la vie, mais Inni n'a pas réussi à se distinguer d'une manière qui aurait pu m'enchanter. Des récits de vies marquées par la guerre, la jeunesse saccagée, et les blessures sont monnaie courante dans toutes les littératures, mais ici… C'était comme si le néant prévalait...



Le style de Cees Nooteboom est indéniablement un facteur contribuant à ce manque d’intérêt. Son écriture est très soignée, faisant un usage impeccable d'un vocabulaire vaste et précis. Cependant, elle m'a laissé une sensation d'ennui, comme si elle cherchait à combler un vide en en faisant trop. J'avais le sentiment de lire une prose qui ne visait pas la fluidité, mais qui forçait le rythme, utilisant un langage trop riche en connaissances, mais dépourvu de sensations et d’émotions. C'était comme un masque rigide, dépourvu d'attrait. Le récit lui-même m'a semblé interminable.



Les autres personnages ne m'ont pas davantage captivée. Arnold Taads avec sa misogynie prononcée et Philip Taads avec son mysticisme méditatif ne m'ont pas touchée, pas plus qu'Inni avec son insouciance. Cependant, j'ai apprécié les thèmes abordés, qu'il s'agisse de la solitude et du désespoir qui semblent imprégner ce monde, ou de cette sensation d'avoir atteint le bout du chemin, même si ces thèmes sont d'une nature très pessimiste. Cees Nooteboom critique un monde moderne en quête de repères, une société obsédée à la fois par la quête matérielle et déconnectée des valeurs humaines. Malheureusement, l'ensemble m'a paru manquer de cohérence et de structure. Je me suis retrouvée à relire plusieurs fois les mêmes phrases et à revenir en arrière pour vérifier si je n'avais pas omis un paragraphe.



On peut établir un parallèle avec la vie contemporaine, Internet et les réseaux sociaux qui tendent à la fois à séparer les individus tout en les rassemblant sur des sujets divers, qu'il s'agisse de jeux vidéo, de livres, de musique, de sciences, d'ésotérisme, de religion, et bien d'autres. Le roman offre une perspective très sombre sur un monde de plus en plus déshumanisé, mais si l'on observe le présent, on peut également percevoir ces changements, ainsi que le désir de revenir à des valeurs plus simples et rassembleuses. C'est du moins une observation que j'ai pu faire, sans pour autant prétendre que cette tendance soit omniprésente.



En bref : bien que j'aie été interpellée par certaines critiques sociales et sociétales reflétant des questionnements toujours actuels, le style de Nooteboom a entravé ma pleine appréciation de cette lecture.

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Un sombre pressentiment. A la rencontre de ..

Mon meilleur souvenir de Hieronymus Bosch remonte à un voyage à Bruges, le musée Groeninge possède le Jugement dernier et je suis allée à plusieurs reprises durant mon séjour voir et revoir ce tableau qui m’intriguait, m’effrayait mais m’hypnotisait.



A l’occasion de la commémoration des 500 ans de la mort de H Bosch une grande expo fut organisée à Bois le Duc sa ville natale, expo qui s’est transportée depuis au Prado de Madrid.

Cees Nooteboom écrivain hollandais mais vivant en Espagne était tout désigné pour proposé SA version de Bosch, ce peintre tellement atypique qu’on ne sait en regardant ses toiles s’il est dans la provocation ou dans la folie.

C’est un livre court, très bien illustré. Nooteboom propose un parcours géographique, de ville en ville, de musée en musée il s’agit d’admirer et de tenter de comprendre une des peintures les plus mystérieuses de ce siècle tourmenté qui a vu la réforme et la contre-réforme, qui a vu s’enchainer guerres et massacres. On va de Gand à Paris, de Lisbonne à Madrid.

Comment un même peintre a-t-il pu peintre à la fois l’Adoration des mages et Le Chariot de foin, Saint Christophe et le Jardin des délices.



En six courts chapitres et cinq post-scriptum, Cees Nooteboom s’attache à décortiquer les toiles, nous les faire vivre. Nous permettre d’approcher la vie qui grouille dans ces tableaux, ces visions de l’enfer plus que du paradis, ces êtres difformes, ce pendu au battant d’une cloche, ces animaux extravagants.

Nooteboom nous dit que chez H Bosch le diable et le mal ne sont jamais très loin. Personnages aux pieds fourchus, soldat lutinant une servante, instrument de musique démesuré... Il nous montre aussi la richesse inventive du peintre qui avait pour maxime « Misérable est celui qui utilise toujours les trouvailles d’autrui et n’en invente aucune par lui-même. »

ai beaucoup aimé ce livre, j’ai aimé le centrage sur les détails des tableaux qu’il est très difficile d’apprécier dans un musée faute de pouvoir s’approcher suffisamment.

Si vous aimé la peinture ce livre devrait vous réjouir




Lien : http://asautsetagambades.hau..
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533

Ce livre n'est pas un journal, il n'est pas daté, c'est plutôt un ensemble de réflexions et d'observations sur ce qui l'entoure et ce qu'il vit autant sur l'île de Minorque que dans le Bade-Wurtemberg où il passe l'hiver.



C'est un auteur que je découvre tardivement et dont j'ai apprécié la plume et l'érudition, même si la teneur de certains passages m'ont échappé, faute de connaissances suffisantes, surtout en littérature. Ce n'est pas très gênant, le texte passe d'un sujet à l'autre avec souplesse et un humour appréciable. L'auteur revient vite à la description de ses chers cactus et de leur évolution.



Cees Nootheboom a un rythme de vie immuable. L'été dans sa maison de l'île de Minorque et l'hiver en Allemagne du sud, avec un passage dans son pays natal ou il réentend sa langue maternelle. Ses maisons sont pleines de livres qu'il a plaisir à retrouver, avec ses auteurs préférés, Borges et Gombrowicz. Il imagine ses livres communiquant entre eux en son absence et il favorise certains voisinages.



Ses activités l'entraînent dans des voyages lointains. C'est un grand voyageur, qui peut à d'autres moments passer un certain temps à observer un insecte sur un mur blanc. Il suit avec intérêt la marche du monde et évoque ses souvenirs d'enfant quand sa ville était bombardée pendant la deuxième guerre mondiale.



Il aime la nature, les éléments, qu'il soit sur son île ou dans la neige à admirer les chevreuils l'hiver. On le sent curieux de tout et profitant pleinement de ce qu'il a sous les yeux.



Un livre d'une grande richesse, qu'il faut prendre le temps de savourer sans se presser.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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Le jour des Morts

Victime à nouveau d'un livre qui , s'effeuillant allègrement, se prenait manifestement pour une pâquerette, c'est à grand-peine que je parvins à le finir . Si j'avais adoré"l'histoire suivante" ce livre de Nooteboom m'a laissé assez circonspecte ; l'histoire de ce documentariste qui, ayant perdu sa femme et son fils, essaie de se reconstruire à travers ses rencontres et ses réalisations documentaires (rêvant à l'oeuvre absolue qui dirait le monde dans sa totalité) est très intéressante ; de plus le regard porté sur la réunification de Berlin mérite le détour. Mais si le propos suscite l'attention, il est dilué dans des digressions et des descriptions à n'en plus finir ; les procédés d'accumulation... s’accumulent, les phrases n'en finissent pas, semblables à ces labyrinthes ronds où se perd moult fois avant de parvenir au coeur, les discours indirects, interminables et hachés , alourdissent le récit, bref, trop c'est trop. Et c'est dommage pour cette belle écriture à la fois concrète et poétique. Il y a en particulier des choeurs qui commentent l'action, comme dans les meilleures tragédies grecques, de toute beauté.

Pourquoi noyer d'eau un bon vin ? Un grand cru se savoure en quantité infinitésimale....

Ah pâquerette, pâquerette ! je t'ai aimé un peu, beaucoup....Il s'en est fallu de peu que je t'aime passionnément.
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Le Chant de l'être et du paraître

En une petite centaine de pages, Cees Nooteboom nous offre un panorama de réflexions allié à un petit parcours historio-géographique nous menant de Bulgarie, en Allemagne, Turquie, Rome... Tout ça enchâssé dans la rencontre de deux hommes, puis une femme déboule et se crée par là aussi un effet bousculade.

Ecrire c'est plein de choses, implique tout, raconter, découvrir, inventer, donner de soi, projeter, que sais-je encore. Et puis, c'est encore un écrivain auquel se mêle un autre, et d'autres penseurs présents dans leur absence.



En une petite centaine de pages, Cees Nooteboom...
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La nuit viennent les renards

La nuit viennent les renards!

Cette phrase prononcée par sa grand-mère, il l'a toujours gardée en mémoire. Il les a toujours autour de lui ces renards. Il est "l'homme aux renards", "celui qui, une fois par jour ne veut plus vivre".

Les renards sont évoqués dans l'une des nouvelles de La nuit s'en viennent les renards, intitulée Paula, mais la mort est omniprésente au fil des pages du livre.

Le plus souvent revient le thème d'une ancienne photo. Le narrateur l'observe et remonte le temps,revit l'histoire inhérente aux personnages immortalisés,figés l'espace d'un instant.Qu'y projette-on? Quelle est la part de réalité? Quels changements se sont-ils produits en l'espace de plusieurs années?L'amitié ou l'amour ont-ils continué?"Tout est-il toujours une copie d'autre chose"?Chacun possède-t-il un point extrème,un bout du bout pour s'y perdre puis s'en revenir?

D'interessants développements.

Paula,morte dans un incendie,par exemple fait l'objet de deux nouvelles.L'une où, celui qui fut l'homme aux renards dans sa jeunesse s'interroge sur leur relation et la dynamique de leur groupe de drogués du jeu.L'autre où Paula, "morte agitée", lui explique l'angoisse nocturne qui fait de lui, un homme aux renards.

Quant aux autres nouvelles:

Rudolf, mélancolique, puise son inspiration de sculpteur dans le déchainement des éléments,en l'occurence, un coup de foudre mortel,Heinz,le beau gosse en portrait est mort en sale alcoolique,Suzy,perçoit le sourire qu'Annabelle lui renvoie du royaume des morts, une autre fait son deuil en observant une ombre sur un mur.

De nombreuses envolées poétiques(ouf!!) comme ces gondoles aux silhouettes d'oiseau noir dans la brûme qui stagne sur la lagune de ce Venise où Il a connu "une Madone de Bellini" qu'il va dans le présent noyer symboliquement.

Mort,mort,mort,mort...Dépression,dépression quand tu nous tiens....

Cees Nooteboom,néerlandais,l'un des plus écrivains européens contemporains a reçu les plus hautes distinctions littéraires aux Pays bas, en Allemagne et en Espagne.Ses livres sont traduits dans le monde entier.



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L'histoire suivante

"Traversée du Styx" aurait pu être le titre de ce livre : un professeur de langues anciennes entame son dernier voyage, appareillant vers l'au-delà. S'étant couché à Amsterdam il se "réveille" à Lisbonne avant d'embarquer vers on ne sait où : " La mer scintillait et nous berçait, je me retenais au bastingage et regardais les autres. Je n'aurais pu le prouver, mais je sentais qu'ils avaient changé, ou plutôt qu'ils avaient encore changé...il m'arrivait à tout instant, fugitivement, de cesser de voir une bouche ou un oeil ou, une infime fraction de seconde, de ne plus reconnaître quelqu'un, je voyais alors le corps de l'un à travers celui d'un autre"

Je ne vous cacherai pas que lire ce livre, après avoir lu "la véranda " de Robert Alexis, m'a carrément donné quelques instants l'impression d'avoir fumé de la moquette.Ceci dit ce roman profond, philosophique, à lire à deux niveaux, a l'étoffe des grands mythes auquel il se réfère sans cesse. C'est un petit texte (140 pages) mais un grand roman, et de plus facile à lire. A découvrir sans tarder

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L'histoire suivante

Il y a des livres partout, des lus, des non lus. Des livres que peut-être je ne lirai jamais. D’autres que je relis. D’autres que je trouve ou retrouve. Ainsi, en est-il de L’histoire suivante de l’écrivain néerlandais Cees Nooteboom. Un livre qui m’avait été offert il y a des années par la représentante de Gallimard et que j’avais oublié. Et que j’ai ouvert parce que j’avais aimé autrefois son Mokusei.



Un court roman qui ne fait pas 150 pages. Un livre érudit où le narrateur que ses élèves appelaient tantôt avec ironie tantôt avec sympathie Socrate, parce qu’il enseignait le latin, qui s’était endormi à Amsterdam, se réveille à Lisbonne. Non pas vingt ans plus tôt, au moment d’heures marquantes de sa vie, mais bien aujourd’hui, ou ce qui lui semble aujourd’hui puisque le miroir lui renvoie bien l’image de l’homme qu’il était la veille aux Pays-Bas.



En sa compagnie, nous refaisons le voyage à l’envers pour ce qui sera probablement son dernier voyage. Celui des souvenirs, celui des poètes, celui des rencontres, celui de Lisbonne qui n’a pas changé. Parcours où il est question de l’amour des grands textes, de celui qu’il porte aux étoiles, de l’amour tout court qui lui a filé entre les doigts et dont il avait connu les plus belles heures dans la capitale portugaise.



Déroutée au départ, comme l’est le narrateur, je me suis laissée prendre au jeu d’aller de l’histoire suivante à l’histoire suivante, un peu à la manière d’une matriochka qui en renferme toujours une autre. Jusqu’à ce qu’on replace la plus petite dans la suivante et ainsi de suite. Pour que l’histoire soit complète, entière. Ou alors qu’elle n’appartienne plus à l’auteur, qu’elle soit tout simplement devenue la nôtre.



Un roman dense, touffu, érudit. Un roman d’un conteur de grand talent pressenti depuis un moment pour le prix Nobel de littérature. Un roman littérairement remarquable où passé et présent s’entremêlent pour effacer les traces. Puisque, peut-être, ne sommes-nous que du vent.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Mokusei !

On a déjà évoqué le «triste sort» des occidentaux tatamisés par le pays du soleil levant.

Des âmes perdues dans les limbes, ni tout à fait ici, ni complètement là-bas, mais qui nous auront donné de très beaux textes.

Comme le français Maxence Fermine avec Neige, l'allemand Richard Weihe avec Mer d'encre ou l'italien Alessandro Barico avec Soie.

Ou encore, côté BD, le français Frédéric Boilet.

Voici une nouvelle victime, un hollandais cette fois : Cees Noteboom avec (décidément ce doit être la règle !) un tout petit roman, presqu'une nouvelle : Mokusei !.

Et précisément, dans cette oeuvre, c'est l'occidental tatamisé qui est lui-même mis en scène en la personne d'un photographe hollandais qui tombe amoureux du Japon ou d'une japonaise, on ne sait pas trop et lui-même n'en sait sans doute pas plus.

Avec un regard d'une dérangeante lucidité que porte l'auteur sur son héros et à travers lui sur notre propre regard d'occidental lorsque nous nous tournons vers le soleil levant.

On touche là au mystère non pas de l'extrême-orient, mais de notre fascination occidentale pour cet extrême-orient.

Mais ce roman est aussi une toute petite histoire d'amour qui durera 80 pages et le temps de quelques voyages.

Une histoire forte cependant, où Cees Noteboom a su retraduire à la fois tout le désir mais aussi tout le désarroi de son photographe hollandais amoureux « d'une certaine idée du Japon ».

Un Japon (ou une japonaise, donc) idéalisé(e) depuis nos imaginaires occidentaux, où l'on croit trouver, où l'on veut chercher la pureté qui nous manque, un supplément d'âme en quelque sorte.

Si l'on veut bien nous permettre ce parallèle, pour nous c'est un peu la « version écrite » des images dessinées de Frédéric Boilet (comme Tokyo est mon jardin ou encore L'épinard de Yukiko).
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Le Chant de l'être et du paraître

ECRIRE



Un écrivain raconte une histoire dans laquelle un colonel tombe amoureux de la femme d'un médecin. On attend une tragédie, on se trouve face à un auteur qui écrit son histoire tout en discutant avec un des ses confrères sur la valeur d'un récit. Cela s'enrichit d'un roman que l'on voit se faire sos nos yeux pour terminer de façon complètement inattendue.



Oeuvre courte à la tenue remarquable....Le colonel, hanté de cauchemars morbides, le médecin, pervers glaçé et glaçant, l'épouse décrite comme folle...On pourrait se trouver chez Zweig, McEwan, Choderlos de Laclos...On est chez Nooteboom, magicien des mots, narrateur fin, malin, complexe , explorateur de la création littéraire....Très agréable et furieusement intelligent...
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Mokusei !

Un récit trop court pour nous emporter. Dommage car l'histoire d'amour est sincère et l'atmosphère digne des plus beaux chefs d'oeuvre de la littérature asiatique.
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La nuit viennent les renards

Huit nouvelles parlant de la mort ou, plutôt, de l'absence d'un être qui a compté. Le narrateur part en pèlerinage sur les lieux de vie de ces ombres qui viennent, de temps en temps, lui rendre visite. Et pas n'importe quels lieux : Venise, Ligurie, Espagne, Sardaigne, Saragosse ...! Il y retrouve les décors des photos jaunies qui le lient à un Heintz ou à une Paula et se souvient. En découlent des histoires où présences et absences se mêlent, jamais morbides, même humoristiques, parfois. Le narrateur s'interroge sur sa perception de la réalité et de ses souvenirs. On passe du physique qu métaphysique et aux questionnements sur l'espace-temps et sur notre condition de mortels.
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Le Chant de l'être et du paraître

« Le chant de l'être et du paraître » fut publié en 1981 aux Pays-Bas.



Un auteur néerlandais est aux prises avec la création d'un roman et avec ses personnages, un médecin, sa femme et un colonel bulgares, aux alentours de 1870 ; et il est aussi en butte aux critiques et théories d'un autre auteur sur son manque de productivité littéraire ... à moins que cet autre auteur ne soit une partie de lui-même.



Dans son roman, le colonel tombe amoureux de la femme du médecin. L'histoire, de facture très classique, se construit au fil des pages. L'amour, la dépendance, la perversité et la fragilité des trois personnages y sont brossés en seulement quelques lignes.



« ... le médecin fit voler en éclats le cours laborieux de ses pensées et dit, avec la grossièreté que Ljuben lui connaissait : « Quand je couche avec elle, j'ai toujours l'impression qu'elle va y rester. »

C'était pendant une promenade. Nuages gris de cendre, sentier couleur d'argile, fleurs en folie, rivière impérieuse, vagues mousseuses, montagnes dans les lointains. Le colonel s'arrêta.

Seigneur, pensa Ficev, revoilà cette grande main. »



Mais l'auteur est en proie aux doutes. Il nous fait douter de sa propre réalité, autant, sinon plus, que de celle de ses personnages. Qui inspire qui ? Qui tient la plume ?



Sur un thème très classique, un roman bref d'une tres grande habileté.

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La nuit viennent les renards



Cees Neeteboom – écrivain d’origine néerlandaise de son état – propose un recueil de huit nouvelles dont la mort est le point central. Elles se déroulent toutes dans huit villes européennes différentes.

Cela donne une atmosphère plombée, angoissante, voire plombée et/ou déprimante. Outre le climat quelques peu gore et accablant, le texte n’est guère facile d’accès ainsi qu’hermétique. Le manque de dialogue y est pour beaucoup.

Une lecture déprimante au possible.

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Rituels

Que fait un solitaire lorsqu'il rencontre un misanthrope ? 



Inni Wintrop est un quinquagénaire amstellodamois qui la joue solo, mais qui ne dédaigne pas les plaisirs de la vie : un bon whisky, une Marieke élancée et pas farouche, un bel objet patiné par le temps. Les balades vagabondes de notre héros couvrent deux décennies entre les années 50 et 70. Son parcours est marqué par la rencontre de deux hommes en retrait de la vie, père et fils, qui n'ont jamais entretenu de commerce véritable entre eux. Le premier ne tolère dans son intimité qu'un chien et lutte contre l'oppressant écoulement du sablier par le saucissonage strict de son temps de veille, chaque activité à son heure, et malheur à l'hypothétique visiteur qui viendrait dix minutes en avance. Le fils, d'une sensibilité plus asiatique, s'astreint à une contemplation méditative du néant, le temps suspendu autant que faire se peut. Wintrop, dubitatif et effrayé, abandonne vite ces deux personnages, bien trop acétiques à son goût. 



Avertissement aux lecteurs attirés par la couverture et par la quatrième : ce livre a peu à voir avec la fascinante cérémonie nippone du thé. Ils en seront pour leurs frais. Rituels est un récit somme toute assez banal, qui ne vaut que par l'intéressante évocation de l'univers raffiné et érudit des marchands d'antiquités et d'œuvres d'art de haute volée. 
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Une année allemande. Chroniques berlinoises, ..

J'ai visité Berlin à plusieurs reprises depuis le début des années 90, j'ai vu changer cette ville austère et grise - surtout l'hiver! - en capitale post-moderne colorée et cosmopolite, mais j'ai surtout adoré revisiter son histoire récente, et surtout la période dite "Die Wende" (le Tournant) à travers la chronique "Une année allemande" (Actes Sud 1990) de Cees Nooteboom, infatigable randonneur urbain, voyageur impénitent et observateur érudit. Avec "L'ordre règne à Berlin" de Francesco Masci (Allia 2013), ce livre de Nooteboom est l'un de mes favoris sur Berlin Babylon.
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Mokusei !

Une histoire d'amour.. ou plutôt une histoire de ruptures.

Entre Arnold,le photographe hollandais et le Japon, qu'il a pourtant adulé.

Entre Arnold, et sa muse Satoko, surnommée " Mokusei", les choses étaient vouées à l'échec, dès le départ. Arnold est tombé amoureux de Satoko lors de son premier voyage, alors qu'il recherchait un modèle pour un dépliant touristique. Satoko, qu'il a choisie après avoir vu de nombreuse photos de mannequins, trop "occidentalisées" à son goût, parce qu'elle faisait plus "authentiquement japonaise" à ses yeux d'occidental Une liaison qui était factice dès les départ: La campagne publicitaire devait comporter une photo de femme en kimono, Satoko correspondait non à la réalité du Japon du début des années 80, mais à l'idée que s'en faisait Arnold: le Japon éternel, figé dans ses rituels, son idéal d'harmonie.

Mais voilà Arnold a idéalisé Satoko, comme il a idéalisé le pays, en refusant de voir ses réalités contemporaines, ses banlieues moches et bétonnées comme on en trouve partout ailleurs. Et pourtant il avait été prévenu par un de ses amis diplomate qui y vivait depuis longtemps: le pays que tu cherches n'existe pas, n'existe plus, c'est comme résumer la hollande à la peinture flamande, et à trop idéaliser les choses, on finit par tomber de haut.. puis par les détester de ne pas correspondre à ce que l'on imaginait. Au premier voyage, Arnold n'a vu, et surtout, voulu voir que les bons côtés du pays.. au 5° il n'est plus capable que de voir ce qu'il a volontairement occulté jusque là. Et son rejet est aussi total que l'était son obsession, pour Satoko, et pour le pays qu'elle représente.



Plus que l'histoire d'amour entre deux personnages, c'est la réflexion sur la fascination que peut exercer un pays en général que je trouve intéressante. Arnold ne s'intéresse au pays et à sa culture que de manière sélective, en choisissant ce qui va dans le sens de ses préjugés sur ce que doit être la culture locale, le pays, les habitants, et ne se laisse pas la possibilité d'être déçu. Il vit dans un monde de clichés, à tous les sens du terme.
Lien : http://purplenosekai.blogspo..
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