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Critiques de Ceija Stojka (15)
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Auschwitz est mon manteau. Et autres chants..

C'est une découverte pour moi que cette poétesse et peintre confidentielle. Je note que, malheureusement, sur les camps de la mort comme sur autre chose, la voix des femmes (Charlotte Delbo, Ceija Stojka ...) est tout autant étouffée et plus inaudible que celle des hommes...Mais là, c'est un cas un peu particulier, car Cieja Stojka n'a commencé à s'exprimer qu'à l'âge de cinquante-cinq ans, soit quarante-cinq ans après les faits.

Les faits paraissent incroyables et miraculeux quand on a lu beaucoup de textes sur la Shoah : appartenant à une famille tsigane catholique, raflée en 1943, déportée à dix ans avec sa famille à Auschwitz, puis Ravensbrück et Bergen-Belsen, Ceija survit avec sa mère et des frères (pas tous, quand même,et pas le père, dont ils furent séparés.)

Ceija Stojka nous offre donc un des très rares textes sur le génocide des Tsiganes par les Nazis, car il n'était pas dans leur culture de "témoigner" par écrit. Ainsi Ceija, quasi analphabète, apprend à écrire l'allemand (car elle est autrichienne) et se lance d'abord dans un témoignage : Wir leben im Verborgenen - Errinerungen einer Rom-Zigeunerin (« Nous vivons dans la clandestinité. Souvenirs d'une rom-tzigane ») Ensuite, elle se tourne vers la poésie et la peinture.

Le recueil proposé par les éditions Bruno Doucey contient un ensemble de poèmes de Ceija, classés en trois parties : "je suis une Tsigane bon teint", "Auschwitz vit et respire en moi" et "Raconte-moi"

Le premier ensemble exprime le profond attachement de la poétesse à la terre d'Autriche :

Ich bin eine Wurzel

Aus Österreich

Eine Wurzel

Die sich auch nicht umsetzen lässt...

(Je suis une racine/D'Autriche/Une racine/Qui non plus se laisse pas déplacer...)

Les poèmes sont très beaux (et très bien traduits). Ils "jouent" sur l'enracinement et le nomadisme, la trahison de la terre-mère dans le destin des Tsiganes, la liberté , la nature, thèmes classiques en poésie lyrique, mais qui prennent ici une dimension singulière.

Le deuxième ensemble, éponyme, a pour thème Auschwitz. Il est très court. Ceija s'est plus exprimée par la peinture sur cette partie de son histoire. N'attendez pas non plus de détails précis, comme on peut les trouver, génialement mêlés à la poésie en prose, chez Charlotte Delbo. C'est le dessin qui a joué ce rôle pour Ceija. Là, vous n'aurez que des vertiges et des impressions profondes :

"Auschwitz ist mein mantel

du hast angst vor des finsternis ?

Ich sage dir, wo der weg menschenleer ist

brauchst du dich nicht zu fürchten"

(C'est l'auteure qui ne met pas les majuscules aux noms communs)

(Auschwitz est mon manteau/tu as peur de l'obscurité ? /je te le dis, là où le chemin est vide d'hommes/tu n'as pas besoin de t'effrayer)

On retrouve néanmoins les thèmes communs à ceux qui ont vécu cette expérience : impression d'être mort là-bas, ténèbres, bruits de bergers allemands, barbelés, déshumanisation, volonté de renaître mais sensation d'être ailleurs, de ne plus partager le même monde que les autres.

C'est d'ailleurs le thème du troisième ensemble, qui, quoique hanté par les camps, parle de la vie après.

Bien entendu, ce recueil bilingue est tout à fait extraordinaire. Comme tous les recueils de poèmes, il appelle des lectures et des relectures (car le texte poétique, à la différence autres textes, ne s'épuise pas.)

Les éditions Bruno Doucey offrent encore un travail remarquable, où il manque juste un petit rappel historique pour ceux qui s'étonnent qu'une enfant de dix ans ait survécu à Auschwitz sans être gazée à l'arrivée en1943 . J'ai lu sur internet que les Tsiganes avaient été internés à part dans un "camp familial" qui leur avait été réservé. Ils n'ont donc pas tous (certains, mais pas tous), été triés sur la rampe d'Auschwitz, à la différence des Juifs. Mengele se servait dans ce "camp familial" pour ses cobayes enfants...

Je remercie les éditions Bruno Doucey et Babelio pour ce magnifique recueil.

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Je rêve que je vis ? - Libérée de Bergen-Belsen

Parler de ce livre, c'est déjà le trahir.



Le résumer, le commenter, c'est voler la parole rare, unique, d'une Romni de onze ans dans un camp de la mort, le troisième et dernier en deux ans.



Ceija Stojka, en libérant enfin sa parole à 55 ans ,dans son dialogue avec Karine Berger. retrouve ses mots d'enfant.



Elle dit l'indicible avec une sincérité, une innocence, une force qui laisse sans voix.



Sans haine, avec un étonnement mêlé de pitié pour ces bourreaux qui n'avaient pas, comme elle, un peuple plein de sève et une mère pleine d'amour pour la porter, la protéger.



Inoubliable et poignant.
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Auschwitz est mon manteau. Et autres chants..

C'est le deuxième livre des éditions Bruno DOUCEY que je reçois grâce à la masse critique Babelio et je m'en réjouis. C'est une belle découverte pour moi qui suis néophyte en matière de poésie.

J'étais assez perplexe en abordant ce livre. J'ai beaucoup lu sur les camps de concentration mais principalement des documentaires ou des témoignages. Comment aborder ce thème via la poésie?

D'abord, j'ai découvert que l'auteur, complètement autodidacte, avait longtemps tue son vécu dans les camps. Après de longues années de silence témoigner s'est imposé à elle, c'était devenu indispensable pour continuer à vivre. Alors cette femme, complètement analphabète, décide de relever un défi incroyable: apprendre à lire et écrire pour pouvoir mettre son témoignage sur papier. Au diable la grammaire et la ponctuation, ce sera pour plus tard, elle a assez attendu. Elle écrit avec impatience, ce qui compte c'est de sortir enfin ce qui la prend aux tripes et qui la hante. Elle écrit un livre, des poèmes et son besoin de s'exprimer l'amène vers la peinture, toujours en autodidacte et toujours pour témoigner. Comme si tout ce qu'elle avait tue trop longtemps devait s'exprimer sans plus attendre.

Mais je m’éloigne du sujet là... donc revenons en au recueil de poèmes. Difficile, du moins en ce qui me concerne, d'en lire un trop grand nombre à la fois. Ces poèmes d'une apparente simplicité sont lourds de sens, dense et ne se laissent pas apprivoiser facilement. Il faut les lire, les relire, les laisser décanter, les oublier, y revenir pour appréhender, dans son ensemble, le message qu'ils contiennent. Certains sont plus accessibles et j'avoue ne pas les avoir tous appréciés.

En savoir un peu plus sur l'auteur, notamment grâce à la préface du livre et à la note de l'éditeur, a son importance car le manque de ponctuation est surprenant. Le parti pris de l'éditeur a été de laisser les textes tels qu'ils ont été écrits. D'ailleurs les pages de gauche reprennent les poèmes dans leur langue d'origine, les germanophones peuvent donc en profiter.

Sur le fond ces poèmes sont forts et sans filtre. Pas de descriptions insoutenables, loin de là, mais les mots bousculent, interpellent.

Je m'attendais à une lecture sur le seul thème des camps, ce ne fut pas le cas. On y parle des Roms, des communistes, des différences, de la société, de patriotisme, de guerre, des camps, de la vieillesse, de l'enfance, de la mort, bref une large palette.



J'ai été touchée par l'histoire de Ceija STOJKA et par sa plume, même si ma lecture fut parfois difficile car je suis pas rodée à la lecture de la poésie.



Merci à Babelio et aux éditions Bruno DOUCEY pour cette belle découverte.



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Auschwitz est mon manteau. Et autres chants..

L'émotion de découvrir le texte bilingue,

De retrouver la langue allemande apprise durant mon adolescence,



Quelque peu mise aux oubliettes,

au profit de l'anglais, et modestement du grec.



Immédiatement je retrouve

les sonorités, les structures de phrases, du vocabulaire.



Les mots de Ceija Stojka sont simples - parfaits

pour des germanistes débutant.es ou rouillé.es,



Mais les idées sont percutantes, désarmantes, émouvantes.



Pouvoir la lire dans sa langue,

Rien qu'un peu,

La fait vivre, résonner sa voix, prendre corps.



Partie I "Je suis une tsigane bon teint"

Son peuple, ses valeurs,

son attachement à la Terre,

son rapport à la nature

Les discriminations



Partie II "Auschwitz vit et respire en moi"

Dix poèmes

pour dire

La peur, l'horreur, la mort

L'horreur, la mort, la peur,

La mort, l'horreur, la peur



Partie III "Raconte-moi"

La nostalgie,

la joie,

les rires,

les désillusions,

l'amour,

la musique,

la famille.



J'écouterai encore sa voix, sa vue, sa vie

Dans son art et ses autres écrits.
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Je rêve que je vis ? - Libérée de Bergen-Belsen

Un tout petit ouvrage mais une grosse claque.



Transcription d’un entretien avec la cinéaste Karin Berger, Ceija Stojka s’exprime dans une langue simple, à la syntaxe et à la concordance des temps cabossées, qui nous plonge dans ses images d’enfance et sa souffrance intérieure qui ne la quittent pas 50 ans après les faits.



Après Auschwitz et Ravensbrück, Ceija Stojka se retrouve à Bergen-Belsen.

« Par chance », elle est avec sa mère. Elle a 11 ans. Elle vit dans des camps depuis l’âge de 9 ans.



A Bergen-Belsen, les cadavres sont autant ses amis que ses alliés : elle s’occupe à leur fermer les yeux et la bouche, à les mettre face vers le ciel ; ils la protègent du vent, lui offrent leurs guenilles qui couvrent un peu ou qui coupent la faim.

Les « menus » ont de quoi ulcérer, concoctés par la débrouille et l’instinct de survie.



La libération du camp : un rêve, une hallucination.

La vie recommence. Le retour à Vienne, les retrouvailles hasardeuses, la lutte pour recommencer sa vie.



Aucune volonté de vengeance, trop de respect pour l’humain, mais un traumatisme perpétuel indicible, tellement plus profond et incrusté dans l’être que n’importe quels mots et images ne sauraient dire, que ce soit cet entretien ou son recueil de poèmes « Auschwitz est mon manteau » où elle en résume le principe :

« Auschwitz est mon manteau,

Bergen-Belsen ma robe

et Ravensbrück mon tricot de peau. »



Elle nous fait entrapercevoir l’horreur, et c’est déjà insoutenable, on imagine sans mal son indicibilité, sa profondeur, son épaisseur, son intrication dans chaque fibre du corps et de l’âme de chaque survivant.



A lire.
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Le tournesol est la fleur du Rom

Recueil de poèmes de la Collection Poés'histoires, la collection de poésie jeunesse des Éditions Bruno Doucey, "quand la poésie prend les enfants au sérieux".



Livre reçu dans le cadre de la Masse Critique Jeunesse et Jeune Adulte de Novembre 2020.

Quelle joie d'avoir enfin été sélectionnée pour la première fois pour une Masse Critique ! Et double joie en découvrant que c'était pour ce superbe recueil de poésie.

Un grand MERCI à Babelio et aux Editions Bruno Doucey pour cette découverte.



Ceija Stojka était une autrichienne faisant partie de la communauté Rom.

"Nous sommes un peuple qui dans le désespoir sait danser et chanter"



L'auteure évoque avec la métaphore du tournesol, d'abord le jaune de son enfance heureuse entourée de sa famille, de la nature et de la musique, ce peuple Rom toujours la tête tournée vers le soleil, la joie.

Puis viennent les nuages, le noir, et les barbelés, les éléments qui se déchaînent lorsque Hitler, "un petit homme", arrive au pouvoir et décide d'exterminer le peuple Rom pendant la Seconde guerre mondiale.



Ceija Strojka et sa famille vont alors être déportées, et son père et l'un de ses frères mourront dans un camp de concentration.

L'auteure, quant à elle, connaîtra, à seulement 10 ans, trois camps de l'horreur tristement célèbres : Auschwitz-Birkenau, Ravensbrück et Bergen-Belsen, et y survivra physiquement.



Le recueil se clôture avec la fin des barbelés, la libération des survivants et l'hommage à ceux qui sont disparus.



Ce recueil est un poignant appel à la paix des peuples, un manifeste du devoir de mémoire pour tous ceux qui ont été victimes de l'horreur humaine :



"Si le monde ne change pas maintenant, si le monde n'ouvre pas ses portes et fenêtres, s'il ne construit pas la paix – une paix véritable – de sorte que mes arrière-petits enfants aient une chance de vivre dans ce monde, alors je suis incapable d'expliquer pourquoi j'ai survécu à Auschwitz, Bergen- Belsen, et Ravensbruck."



[Source : https://www.francetvinfo.fr/culture/arts-expos/peinture/hommage-a-ceija-stojka-artiste-peintre-rom-et-deportee_3362789.html]



Les textes sont issus du recueil Auschwitz est mon manteau et autres chants tsiganes, sauf ceux des pages 50 à 55, inédits.



Lorsqu'on découvre ses mots, on ne peut imaginer que l'auteure, artiste-peintre et musicienne autodidacte sait à peine lire et écrire.

Elle a attendu 40 ans pour pouvoir exprimer son vécu dans les camps de la mort, lorsqu'elle n'était qu'une enfant.



La couverture m'avait intriguée, car les éditions Bruno Doucey éditent d'habitude des couvertures unies et colorées, avec motif à rayures.

Ici, les recueils mêlent poèmes et poésie visuelle : les gravures d'Olivia Paroldi sur doubles pages prennent aux tripes et racontent l'histoire de ce recueil.



Ce recueil peut aussi bien être découvert par les enfants mais aussi par les adultes, un réel délice à partager sur une page sombre de l'Histoire.
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Je rêve que je vis ? - Libérée de Bergen-Belsen

C'est un tout petit livre discret et élégant des éditions Isabelle Sauvage qui vient nous parler du pire vécu par Ceija stojka, petite fille Rom de onze ans dans les camps nazis, qui raconte son quotidien au pied des montagnes de cadavres à Bergen-Belsen en 1945, comment elle survécut et sa vie ultérieure porteuse de tels souvenirs. Et ce petit livre qui raconte l'atroce est néanmoins lumineux, parce que la manière dont Ceija Stojka se confie est merveilleuse.

Si l'enfant tentant de survivre en compagnie des morts a pu structurer son imaginaire dans le plus élevé des respects du Vivant, c'est grâce à la présence protectrice d'une mère trasmettant à tout instant les valeurs de sa culture. La voix de l'adulte advenue, en 2005, est d'une puissance éclairante dans tous les sens du terme.
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Je rêve que je vis ? - Libérée de Bergen-Belsen

Je me retourne et j’y suis de nouveau



Dans la littérature consacrée aux camps de concentration, ce livre est un peu à part. Pour au moins deux raisons.



Ceija Stojka est rom et la destruction des roms par l’Etat nazi est souvent oubliée (voir par exemple : Morgan Garo : Les Rroms, une nation en devenir ?, Syllepse)

Quant à la seconde raison… la lectrice et le lecteur comprendront dès les premières lignes. Il s’agit d’un récit humain qui vous saisit à la gorge et vous plonge dans ce que Karin Berger, dans son avant-propos, nomme « des images d’une force magique »



« Moi et ma mère, la Tschiwe et le Burli, la Ruppa, nous on a vu ça ». Bergen-Belsen. Avant c’était à Vienne, les Gadjé…



Les camps, « Quand on est arrivés là-bas, derrière ces barbelés tous neufs, qui scintillaient au soleil, les morts, c’est la première chose qu’on a vue ». Les morts aussi comme abri du vent, comme couverture, « S’il n’y a avait pas eu les morts, on serait morts de froid ». Le camp, « C’était un camp pour nous pour crever ». Les nazis et leur peur du typhus ou de la gale. La faim, « On mangeait aussi des lacets de cuir et on avalait de la terre. Quand il n’y a plus rien, tu manges tout, aussi des vieux chiffons ! ».



La colline de cadavres, les vivants et les cadavres, manger, « Je peux pas décrire cette misère et de dégoût et cette odeur comme c’était vraiment », avaler des feuilles, passer ce temps, « quand tu sais que rien ne viendra, que tu n’as rien à attendre, alors il faut t’inventer ton propre calendrier ».



Auschwitz, Ravensbrück et Bergen-Belsen.



Le danger, la peur pour tes proches. « Tout nous était interdit dans cette société, sauf de mourir »…



La libération, les chariots de cadavres, contourner les tas de morts, de la nourriture, les Anglais, les questions, « Non, on ne peut pas le raconter ».



Manger, perdre la vue, « Les soldats qui nous touchaient pour savoir si on était vrais, si on était vivants ! », l’évacuation…



« Des deux cents qu’on avait été dans cette section du camp, on était peut-être quarante à survivre. Et après la Libération, ça s’est réduit encore. A la fin on n’était plus que vingt-cinq ou trente à en être vraiment sortis. Les autres sont encore morts à cause de l’alimentation subite »…



Le long chemin du retour, « On continuait à trembler quand on voyait un nazi en tenue », les maisons vides, les gens en chemin, « Tu sais seulement que tu mets un pied devant »…



Se retrouver, sous le pont de Urfahr, plein de Roms là-bas. Trois ou quatre mois pour rentrer dans Vienne, les rues où il n’y avait que « des hommes âgés et des femmes et des enfants », les retrouvailles…



Et toujours, « Tu peux laver et frotter autant que tu veux, ça ne sert à rien, tu es une Romni, tu es un Rom, ça te restera toujours, et c’est aussi bien comme ça »



La mémoire, la petite épluchure de Bergen-Belsen, l’odeur arrive, les trains arrivent. « Pour moi c’est comme si c’était toujours juste derrière moi. Je me retourne et j’y suis de nouveau ».
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Auschwitz est mon manteau. Et autres chants..

•OUI À LA VIE…MAIS EN POÉSIE•



🦊 Vous connaissez l’arroseur arrosé ? En préambule j’aimerais vous parler de la déflagration lorsque nous découvrons une maison d’edition. En général, avec les rencontres @vleel_ j’essaie de vous faire découvrir de nouveaux univers. Cette fois c’est @hanyrhauz qui m’a fait entrer dans l’antre de Bruno Doucey il y a déjà quelques mois. Si Roberto Bolaño avait ouvert mon champ poétique, c’est cette maison qui vient tout bouleverser. Peut-être parce que derrière elle, se trouvent des personnes généreuses et passionnées. Peut-être parce que Bruno Doucey pourrait rendre poétique une simple tasse de café. Si le BDE organisait les soirées étudiantes, aujourd’hui le BDE (Bruno Doucey Editions) enchante mes moments de doute. La poésie devient mon refuge•••



🦊 Auschwitz est mon manteau. De prime abord ce lieu vous fera penser à l’extermination des juifs. Or, ils n’ont pas été les seuls à avoir été parqués et abattus. Ceija Stojka est la première femme tzigane à témoigner de ce que cette communauté a pu vivre, cette fois avec des poèmes étonnants. Tzigane ou rom ? Peu importe, appelez la comme vous le souhaitez. Le parallèle entre la communauté juive et tsigane m’a interpellé. Cette consonne finale qui sonne le glas d’une existence. Ce M et ce F qui lorsqu’on les prononce deviennent durs, agressifs ou soupçonneux. JuiF. RoM. Ceija est analphabète jusqu’à ses cinquante-cinq ans comme si refouler les souvenirs était devenu une nécessité. Elle apprend ainsi l’allemand et son attachement à l’Autriche terre natale ressurgit dans cet ouvrage bilingue où chaque poème est déclamé dans les deux langues. Sa communauté étant en désaccord il fallait avaler les couleuvres de la douleur. Rescapée des camps, elle ouvre enfin sa voix. Auschwitz, Ravensbruck et Bergen-Belsen. Placée malgré elle dans une minorité. Placée ici par la majorité. Nous sommes pourtant tous une minorité à un moment donné de notre vie. Apprenant l’allemand sur le tard, la langue est simple et imagée, idéale à tout âge. Pourtant il faudra relire le recueil pour en déceler toutes les substances. Vous ne serez pas ensevelis sous les détails, Ceija effleure ce temps d’horreur pour tenter d’y ressentir des émotions plus subtiles. Les barbelés encerclent son esprit, la mort rôde sans qu’elle ne soit pesante. La nature petit à petit prend une place évidente dans ses mots, Ceija malgré son passé tente d’apporter une positivité et une distanciation du mal, qui surprend. L’écriture est déversée comme une urgence sous forme de fragments vitaux, il n’y a besoin de rien d’autre que l’essentiel. A la fois saisissants et mystérieux lorsqu’on découvre cette femme, nul doute que j’irai chercher ses autres textes. Amener de la poésie pour raconter une telle période n’est pas anodin, et permet de constater que cet art bouscoule même les codes de l’horreur. Ceija Stojka ayant appris seule la langue allemande, l’éditeur a choisi de respecter cela sans corriger les fautes allemandes du recueil•••
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Nous vivons cachés

Mais on peut aussi porter le deuil sans une robe noire



« A pied ou, de rares fois, en train, Ceija Stojka rentre avec sa mère au printemps 1945 du camp de Bergen-Belsen à Vienne ». Dans sa préface Karin Berger présente l’autrice et son parcours, sa volonté d’apprendre à lire et à écrire, « Etre en classe avec des enfants de sept ans alors qu’elle en a treize n’est pas facile pour elle, mais elle tient le coup jusqu’à de qu’elle sache lire et écrire », ses rencontres-dialogues avec elle, les effets de la publication de son premier livre, « Pour la première fois en Autriche, l’horreur que les Roms et Sinté ont vécue sous le régime nazi est plus largement sue et perçue, et Ceija elle-même devient un témoin historique important dans l’espace public »



Le témoignage de l’autrice est sans haine, elle ne réclame rien. Son écriture est une nouveauté en regard de sa culture de tradition orale, « Elle est issue d’une culture qui transmet l’histoire et les témoignages par le récit, le conte et le chant, qui sont de la même importance pour les Roms que pour nous les archives et les livres ».



Une parole importante, comblant le vide, l’invisibilité historique construite des populations Roms et Sinté en Europe et de leur destruction par les nazis. « Ici une femme témoigne de l’expérience de la persécution sous le régime nazi, de sa survie à trois camps de concentration dont la structure et le but visaient l’humiliation, l’exploitation et le meurtre ».



« Auschwitz est mon manteau,



Bergen-Belsen ma robe



et Ravensbrück mon maillot de corps »



C’est ça le monde ? Le grillage mis par la Gestapo autour d’une petite maison en bois, « je revis tout maintenant comme si c’était hier », la déportation, la tonte, « quand la pièce a été tellement remplie que même une souris n’y rentrait plus, le transport à Auschwitz a été organisé », numéro Z 6399, le camp, les clôtures, « il ne fallait pas qu’il y ait le moindre signe que les gens souffrent. Il ne fallait pas non plus qu’on sache qu’il y avait des crématoires », les cris venant de la forêt, « Mais nous on entendait et on savait tout », les habits, les chaussures, les cheveux, les SS, « Les SS étaient si cruels qu’aucun animal ne peut être aussi méchant, car même l’animal le plus sauvage s’épuise un jour et renonce », la nourriture, les sélectionnées, le block spécial, Birkenau et les gazages, la rampe et un train de voyageurs, une voie ferrée…



« Tout à coup, le camp de concentration avait entièrement disparu », une journée splendide, le vert à perte de vue, un camp de femmes, Ravensbrück, toutes marquées, « le rebut du genre humain », les femmes SS avec les chiens, « Les femmes SS étaient pire que tous les satans », la baraque, les jours et l’angoisse, la Gestapo, un camion…



Dans le camp de Bergen-Belsen, « Tout autour du camp il y avait une très belle forêt de sapins, les arbres debout comme des policiers », la faim comme compagne quotidienne, la rue des poux, les miradors, « Soudain, il y eu un bruit énorme et un monstre de char d’assaut a défoncé le grillage du camp »…



Des charrettes, des camions, des trains de charbon, « Très doucement nous sommes arrivés, à Linz », une petite maison en bois, « A présent, je voulais mieux apprendre à lire et à écrire », sa décision d’aller à l’école, l’obligation de reprendre la route, « Maman avait un nouveau compagnon de vie, il avait deux chevaux et une petite roulotte ouverte qu’il fallait couvrir avec une bâche. A trois, nous sommes repartis en voyage »…



« …

où personne ne nous menace

et désire nous assassiner »



Voyage vers une nouvelle vie. Des minutes de liberté, « J’aimais plus que tout lire quand j’étais seule et quand personne ne m’observait », la vie reprend, « Entre les pensées et la réalité, je me perdais pas mal », la famille, les voyages, les chevaux et les roulottes, les cartes d’identité et l’absence de carte-I, la fierté, le vide après la guerre, « Tant de gens de notre petit peuple ont été acheminés dans les camps à partir de différents pays, et tant des nôtres ont été exterminés », les histoires, les lois d’autrefois, les fêtes, les bokoli, les enfants, la route, « A présent j’avais dix-huit ans et deux bébés et pas de mari. Il fallait que je nourrisse deux petits enfants. Heureusement j’avais pas de complexes, sinon, j’aurais été mal »…



Les tapis, les marchés, « Colportage et mendicité interdits sous peine de poursuite », un enfant en prison, « C’était l’hiver 1968 et je sentais le froid d’Auschwitz », le quotidien, le monde des Gagjé, le soleil chaud et lumineux, la mort, « Les années passaient pour moi dans un sevrage constant et incessant de mon enfant chéri », le chemin et la vie…



« Souvent j’ai peur que mes enfants et leurs enfants aient à vivre des temps de persécution comme nous les avons vécus. De toute façon, ils souffrent des crimes nazis de l’époque. Souvent, ils ont grandi sans grand-mère ou grand-père, souvent aussi sans père ou mère. Et leurs oncles et tantes, ils sont où ? »



Les deux conversations avec Karin Berger « Il ne faut pas être une autre » et « Tant qu’il y aura des Roms, ils chanteront » sont précédées d’un cahier de photographies.



De ces conversations, je souligne la femme battante, restée ferme, « Pour qu’Auschwitz ne puisse rien contre moi », les larmes des morts et des âmes, ce film resté dans la tête, les rêves, le « Pourquoi tu es là » émis par tant de survivant·es, l’enfance et les voyages, le romani, la haine, la famille, les foires aux chevaux, l’exclusion de l’école, la commémoration en Autriche si tardive, la dénazification et le retour des nazis, la carte professionnelle, le permis de conduire, les Roms et Sinté, les Gadjé, la vie, « Mais on avait des yeux, on voyait au loin et le vol des oiseaux et les arbres quand ils dansaient », le négationnisme en Autriche, la musique et le chant…



Le livre se termine par un essai de Karin Berger : « Voyages dans la Kaiserstrasse. Rencontre entre les mondes », Ceija Stojka, ses manuscrits, les conversations, la lecture à haute voix, « Soudain les phrases s’ouvrent et les lettres assemblées font sens. Je lis un texte fin et louchant, l’histoire d’une vie, écrit sans reproche et sans pathos », un monde scintillant a disparu pour toujours. « Mais peut-être qu’ils sont juste allés un peu plus loin ».



A notre/votre tour de lire. Le télescopage du passé et du présent. « Je n’ai pas mis ma vie au cachot ». Un livre contre l’oubli ou le silence. Des conversations pour la mémoire, la musique et la liberté.
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Ceija Stojka

J'avais déjà aperçu ces petits ouvrages de la collection "Paroles d'artiste" mais n'y avais jamais prêté plus d'attention que ça.



J'avais présumé trouver des paroles d'artistes sur leur art de manière assez directe or cet ouvrage rassemble des paroles de Ceija Stojka sur sa vie, en particulier sur son expérience des camps de concentration. Bien sûr cela donne un éclairage sur son oeuvre, mais j'attendais quelque chose de plus technique.



Des œuvres sont proposées en regard des paroles et n'ont pas d'autre précision que leur titre éventuel, leur date et les techniques utilisées. J'ai trouvé les choix effectués le plus souvent purement illustratifs des propos, parfois simplement s'accrochant à un mot, ne permettant pas toujours de comprendre précisément l'œuvre ou d’en sentir les références (surtout historico-documentaire ici), les particularités ou les subtilités. J’ai regretté que la très grande majorité des œuvres choisies soit figurative car certaines œuvres abstraites de Ceija Stojka sont d’une puissance incroyable.



Ayant lu le catalogue d'exposition aux mêmes éditions Fage (« Ceija Stojka, une artiste rom dans le siècle »), j'avais beaucoup apprécié la présentation éclairante faite par le critique d’art Philippe Cyroulnik qui donne de nombreuses clés de lecture. Si je n’avais pas auparavant lu ce catalogue d’exposition, je n’aurais pas du tout eu le même regard ni la même compréhension des œuvres proposées ici. Mon expérience aurait été beaucoup plus sensorielle, émotionnelle et personnelle. C’est une approche possible des œuvres d’art, peut-être plus accessible quand on ne les connaît pas au préalable, pour permettre une fraicheur de vue plutôt que de plaquer sa lecture, ses idées et ses émotions déjà faites.



Je n’ai pas été convaincue par ce projet éditorial avec ce volume mais je testerai avec un.e artiste que je ne connais pas ou peu, ou dont l’oeuvre est moins fraiche dans mon esprit, et ne m’attendant pas à quelque technicité que ce soit en matière de travail artistique.



Le format est petit mais la qualité des reproductions est à souligner.
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Le tournesol est la fleur du Rom

Je sors très émue de ma lecture du recueil de poèmes « Le tournesol est la fleur du Rom » de Ceijka Stojka, illustrée par Olivia Paroldi, poète dont je fais la connaissance grâce à Masse critique.

C’est une femme de caractère que je découvre, témoin de son époque, de son histoire et de celle de son peuple, un peuple fort, riche, celui des Roms, des Tziganes que l’on n’enferme pas, même derrière les barbelés des camps lors de la deuxième guerre mondiale.

En effet les poèmes en vers libres, courts, poignants pour certains, affirment cette liberté qui, par la capacité à revendiquer des racines, un attachement à la terre, par la force du clan familial ou celle de la foi, par le pouvoir des traditions, et l’impérieuse volonté de transmission, permettent de traverser les épreuves.

C’est de lyrisme qu’il faut parler, qui passe par l’évocation de la nature -y compris présente mais inaccessible à Auschwitz-, par l’évocation du pouvoir des fleurs - le tournesol et le chrysanthème blanc-, par l’amour porté à la famille, -des grands-parents aux arrière-arrière petits-enfants, perceptible dans les noms des défunts, et aussi dans des sortes de comptines apparemment légères, mais qui, comme dans les contes, cachent un sens profond. C’est toujours la vie qui l’emporte, même dans les pires moments grâce à l’imaginaire, qui a aussi forgé ce talent.

Les illustrations à la plume opposent les personnages en noir et blanc (dont une petite-fille récurrente) aux couleurs du tournesol, plutôt dans les jaune orangés, couleur qui évoque aussi le feu, celui des camps de Rom et malheureusement celui des fours crématoires. L’illustration de couverture est particulièrement réussie, et invite à la contemplation.



Une belle collection que celle de Poés’histoires, pour faire vivre la poésie auprès des plus jeunes. Mais cette oeuvre est vraiment à découvrir à tout âge, car la sensibilité qu’elle développe, le témoignage qu’elle transmet doit atteindre le plus grand nombre. Les commentaires accompagnant l’œuvre cherchent à mettre à la portée des plus jeunes ces histoires, cette Histoire. Je regrette cependant que rien ne renvoie à l’œuvre picturale de Ceija Stojka, autre rencontre de son vécu.



Dans un autre genre littéraire, j’ai éprouvé la même admiration pour Ceija que pour Angéline, héroïne de « Grâce et Dénuement » d’Alice Ferney, face à ces femmes fortes, attachantes, sensibles, attentives aux générations futures. Un bel exemple à suivre.
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Le tournesol est la fleur du Rom

Ce petit livre appelé" Poés'histoires" que je viens de finir, a été écrit par une femme rom de 55 ans, relatant la mémoire d'une petite fille de 10ans , elle même

Tout commence dans la liberté, la joie de la vie dans la nature les fleurs ,les herbes,le vent ,la pluie,la danse et les tournesols : la fleur des roms

On sent, en lisant à haute voix,ce que cette femme ressent et revit de ce qui s'est passé 40 ans en arrière

Puis l'horizon s'assombrit, viennent la pluie ,le tonnerre,les éclairs avec l'arrivée du nazisme et de ce "petit homme" qui veut les enfermer puis les exterminer

Les camps, soit 3 pour cette petite fille de 10 ans

Puis à nouveau le soleil !!! et la mémoire ...

Je ne connaissais pas cette écrivaine et aussi peintre autrichienne

Elle a décidé sur le tard soit à 55 ans , comme je l'ai indiqué plus haut ,d'écrire ce qu'elle avait vécu ,car les roms sont discrets et n'aiment pas se confier sur leur état d'âme

L'écriture est simple presque enfantine car Ceija était analphabète et a appris à lire et à écrire au moment de son désir de confession

Les dessins m'ont malheureusement déçus car pas en rapport avec cette écriture enfantine,ils sont trop "adulte"

Je ne comprends pas pourquoi on n'a pas illustré son livre avec ses propre dessins si naïfs mais si explicitent et qui font comprendre ce qu'avait vécu Ceija comme petit fille de 10ans ,les horreurs qu'elle a du voir et enfin sa renaissance à la sortie des 3 camps où elle avait vécu

(Allez voir ses dessins sur internet et vous comprendrez mes regrets)

On est touché dans ses entrailles par ce récit si douloureux et en même temps plein d'espoir



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Auschwitz est mon manteau. Et autres chants..

Voici un petit ouvrage de poésie d’une ancienne déportée tsigane à Auschwitz.

C’est un document bilingue. Allemand et français.

Un allemand plutôt approximatif car elle a appris sur le tard afin de pouvoir s’exprimer et partager sa souffrance et celle de son peuple.

Certains poèmes sont très touchants d’autres plus légers.

Je n’ai pas adhéré à tous mais c’est bien que ce type de recueil existe afin de perdurer un tant soit peu la mémoire.
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Auschwitz est mon manteau. Et autres chants..

une découverte étonnante que ce livre. Tout d'abord je lis rarement de la poésie. J'en ai beaucoup lu pendant mes études et y ai rarement trouvé ce que je cherchais.

Si je lis beaucoup sur la cette guerre qui a tant marqué mes grands-parents (bien qu'ils n'en parlaient jamais), c'est rarement de la poésie.

D'autant plus que l'absence de ponctuation me trouble toujours beaucoup. J'ai donc du lire et relire à plusieurs reprises cette oeuvre singulière d'une survivante des camps qui a du jour au lendemain, eu besoin d'écrire apres des décennies de silence. On sent que le besoin s'est fait irrépressible et que les mots sont jetés, qu'il faut qu'ils sortent impérativement. L'auteur y parle des camps mais pas que, sa vie et celle de sa communauté en général.

C'est un livre que je trouve un peu difficile d'accès, pour moi en tous cas. Les mots sont simples mais profonds et on ressent l'ombre de l'horreur dans la plupart des poèmes. Au début j'avais envie d'écrire de l'espoir aussi mais derrière j'ai enchainé avec Hippocrate aux enfers et du coup j'ai eu du mal à retrouver le sentiment des espoirs des survivants.



Alors j'ai relu encore une fois (oui je persiste) et oui il y a de l'espoir malgré les horreurs et les morts, les disparus qui hantent certainement ces lieux mais aussi nos mémoires.



Ce livre m'a permis de prendre conscience une fois de plus de l'importance de ne jamais désespérer, de ne pas couper les liens avec les choses simples comme regarder les nuages et la nature en général.



Ce ne sera pas un coup de coeur mais une découverte , une belle découverte.
Lien : http://noryane.canalblog.com..
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