Céline Musmeaux

Attisé par cette sorcière aux yeux bleus, je laboure mollement son dos afin de la presser contre moi. Elle se cambre. Je happe ses lèvres. Mon besoin de lui faire une démonstration de mes talents est si intense que j’ai du mal à être patient. Dans un râle, je défais sa robe. Cette envoûtante créature se lève et ondule pour l’ôter. Rachel n’est pas maigrichonne. Elle a des courbes, de très belles courbes que je décrirai avec précision dans mon bouquin.

Quand on ne se parle pas, tout est si intense entre nous. C’est comme si nos corps étaient en accord, mais que nos esprits ne l’étaient pas. Tout du moins, qu’on se mentait l’un à l’autre. Ce qui est totalement le cas…

Elle est barge ? Je suis barge ! Elle me veut ? Je la veux ! Si ça nous convient à tous les deux, où est le problème ? Même si ça commence de cette façon, ça peut évoluer. Donc, autant se laisser aller qu’être frustré. De toute manière, l’éviter ne fonctionne pas. La laisser à un autre, c’est inenvisageable. L’aimer, ça, par contre, je peux essayer…

J’aimerais être sa confidente, sa complice, celle qui lui donne du plaisir. J’aimerais qu’il tienne ma main plus fort, qu’il me fasse ressentir que je ne suis pas transparente. Je voudrais être importante à ses yeux, que je sois son plan cul ou son plan cœur. Je veux compter pour lui…

L’amour ne s’improvise pas comme dans un livre. Il n’y a pas de coup de foudre, pas de magie. Il n’y a qu’une attirance, un désir et…

Je suis folle. Pourquoi je cours après un mec comme ça ? Il n’a aucune couille ! Il n’assume rien. Il se cache derrière un pseudo pour écrire, mais il se la joue en montrant son visage. Il s’invente une vie, une image, un fantasme, qu’il n’est absolument pas. « Arthur Tbl » est un tocard d’étudiant en lettres qui se fait marcher dessus par son colocataire. Thibault est canon. Il dégage vraiment un truc spécial. Mais dès qu’il s’agit d’être un homme autrement que pour s’envoyer en l’air, il n’y a plus personne.

On se parlait tout juste, quelques sourires, quelques blagues, j’imposais ma présence dans sa vie et il s’efforçait de ne pas me recaler. Friendzonée à mort, je me voyais déjà sur le banc de touche, le cœur brisé d’avoir cru, que peut-être, mon crush avec mon écrivain préféré pourrait aboutir sur quelque chose de vrai.

Il recule après m’avoir jeté au visage les pires méchancetés qu’il pouvait me dire. Pas frais, il se tire, comme le lâche qu’il est, au lieu de me dire la vérité sur ce qu’il ressent. J’ai l’impression que mon cœur se rompt dans ma poitrine tant il m’a humiliée et blessée.

Moi qui pensais le rendre jaloux, je suis mal partie, car il ne me regarde même pas. Qu’est-ce qui lui arrive, ce soir ? Il est toujours souriant.

Elle est libre de passer à autre chose, mais je suis libre aussi de la retenir. Dilemme, dilemme… Dire que « Elle aime lire » semble avoir affaire à un tocard dans mon genre. Comment elle verrait les choses ? Qu’est-ce qu’elle attendrait de ce type ? Qu’il revienne à la charge ou qu’il la laisse partir ? Et moi, qu’est-ce que je veux au juste ? On n’est pas dans une romance, tout ne se finit pas toujours bien. L’amour dans la vraie vie, ce n’est pas aussi simple qu’un coup de foudre. Il n’y a pas d’étoiles dans les yeux, de papillons dans le ventre, etc. Alors, que c’est compliqué d’avoir vingt ans…

Je voulais vraiment qu’on apprenne à se connaître, qu’on devienne amis et plus, si affinité. Cependant, c’est parti sur un plan cul non assumé de sa part. Depuis, il m’a collée dans sa friend zone, et je vais y rester si je ne réagis pas très vite.

Je joue à quoi ? Je la laisse espérer qu’il va se repasser quelque chose alors que je ne sais même pas si ça va être le cas. D’un côté, j’ai envie d’elle parce qu’il y avait une certaine alchimie entre nous au lit. D’un autre, je ne suis pas très sûr que ce soit une bonne idée qu’on ait ce style de relation. Rachel est spéciale. Je ne sais pas très bien pourquoi. Elle dégage quelque chose d’étrange, de mystérieux et de flippant à la fois. Elle m’inspire, un peu comme une muse, mais pas forcément de la plus belle des manières. Elle est la base sur laquelle je m’appuie pour ma serial killeuse. Ses attitudes, ses regards, sa méthode pour m’approcher, de me tourner autour, tout m’inspire et me remet à l’écriture de façon intense. Mais elle reste l’une de mes amies, une fille que j’ai fait pleurer des tas de fois en la repoussant. Alors, je me sens vraiment coupable de me servir d’elle. Oui, je suis un beau salaud de ne pas me positionner par rapport à ce que je ressens pour elle.

Physiquement, elle me plaît. Du moins, quand elle n’a pas son costume de bibliothécaire sévère et coincée qui me fout carrément la trouille. Ce qui est loin d’être le reflet de la réalité puisqu’elle est chaude au lit. Enfin, de toute manière, j’ai décidé de laisser les choses venir. Je préfère qu’on se voie comme des potes, des amis, plutôt qu’elle s’imagine que je pense qu’à la sauter.

Je voulais qu’on se rapproche, qu’il me voie comme une fille cool, sexy et une partenaire potentielle. Alors, quand il a tout fait pour m’aider à gérer ma « fausse bonne idée », je l’ai trouvé craquant. On a flirté durant une chanson et on s’est presque embrassé. Ensuite, tout est parti en vrille, comme il l’a dit. Je me suis efforcée de rattraper l’irrattrapable dans une suite de choix pas forcément très pertinents. Tout ce que je voulais, c’était qu’il s’intéresse à moi. Coucher avec lui, c’était plus un bonus, bien que c’était vraiment bien… Donc, peut-être que j’ai une seconde chance pour le remettre dans mon lit, mais cette fois-ci, après lui avoir volé son cœur ?

Ça faisait des semaines que je n’avais pas couché avec une fille. Entre les cours, la pression de mon éditeur, mes fans qui me prennent beaucoup de temps et le fait que je manquais de chance en soirée, je ne m’attendais pas à trouver quelqu’un avec qui m’amuser chez Rachel. Enfin, littéralement, à m’amuser avec elle au pieu…

J’aime tellement ce qu’il écrit. Quand j’ai lu son livre, j’ai cru que j’entrais dans la peau des personnages. Je m’y voyais, je ressentais tout, j’étais prise comme jamais dans ma lecture. Et ça, c’est juste le pied ! Alors, j’ai envie de le connaître personnellement, de percer ses secrets, de découvrir qui il est vraiment…

Les courbes de Rachel ondulent sous mes yeux quand nous prenons l’escalier. Mon cœur s’accélère encore au moment où elle pousse la porte d’une chambre. Là, elle s’arrête. Il fait sombre dans la pièce. Il n’y a aucune autre lumière que celle du couloir. Par conséquent, lorsqu’elle s’avance vers moi, je ne peux que supposer ce qu’elle désire : coucher avec moi. Elle attrape ma nuque et colle à nouveau sa bouche à la mienne. Ce baiser, beaucoup plus intense, à de bons arguments pour m’inviter à le faire.

Étant donné qu’elle se penche beaucoup, le miroir m’offre une vue plongeant sur son décolleté. Ce qui a pour effet de donner du volume à une certaine partie de mon anatomie qu’elle jugeait trop « petite » quelques instants plus tôt.

Nul besoin d’alcool quand l’attirance est là. On se rapproche, se frôle, se touche, se colle, se frotte jusqu’à ce que la chanson s’arrête. Là, une sorte de flottement s’installe entre nous. Le souffle saccadé, on se cherche pour s’embrasser. Seulement, Martin débarque et nous bouscule violemment.

Deux filles qui éveillent mon attention en moins de vingt-quatre heures, c’est peut-être un peu trop ? Enfin, ce n’est pas comme si j’allais conclure avec l’une d’entre elles. L’une est une inconnue sur internet. L’autre est de toute évidence hermétique à mon charme. Je serai un bon copain pour les deux, c’est tout !