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Critiques de Chantal Montellier (71)
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L'insoumise

J'ai longtemps ignoré que notre belle ville d' Angers avait eu une héroïne, une vraie! De celles dont il est bon de se rappeler le nom pour que jamais il ne s'éteigne. De celles qui n'ont pas été reconnues et dont l'histoire est restée dans l'ombre, victime d'un oubli longtemps plus que relatif.

Et puis, à Angers, j'ai rencontré Chantal Montellier venue dédicacer

L' Insoumise à la librairie Contact.

À la fin d'une guerre longue et terminée par d'innombrables destruction, une femme s'est levée, révoltée par le sort de familles sinistrées et sans toits.

Dans ces années exsangues et atones, Christine s'est retroussée les manches pour agir dans l'urgence et l'efficacité indispensable.

Les adversaires furent nombreux et les alliés précieux, de cette femme hors du commun. Dame! La guerre terminée et la libération passée, la France retombait dans le jeux des magouilles politiciennes, de la corruption et des complaisances diverses.

Le plus injuste et le plus écœurant, furent ces accusations de malversations menées à l'encontre de Christine, dont les comptes furent toujours reconnus et contrôlés comme rigoureux et justes...

Le récit et l'évocation de l'action menée par Christine, reste exemplaire et d'une actualité toujours tristement présente: Celle d'un pays riche dont de nombreux habitants vivent encore dans la rue ou sont tributaires de logements indignes.

Un livre indispensable à lire, à vivre et à méditer.



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L'insoumise

Biographie d'Antoinette Brisset, dite Christine, qui se démena à Angers au lendemain de la seconde guerre mondiale en faveur des mal-logés. Ville sinistrée par les bombardements, comme tant d'autres, 4 000 logements détruits, des familles vivant dans un dénuement extrême, des conditions insalubres.



Cette femme se bat contre notables, propriétaires, magistrats et politiciens pour remédier à ce problème : squat de propriétés inhabitées, construction de nouveaux logements envers et contre certaines lois, notamment celle limitant certains équipements dans les HLM.



On peut être dérouté voire totalement rebuté par la présentation, ultra fantaisiste, et que j'ai pour ma part trouvée hideuse : un mélange de photos, de dessins, de couleurs criardes, et la silhouette omniprésente de l'héroïne mains sur les hanches comme sur la couverture... On peut aussi être écoeuré par le triomphalisme de cette femme, son manque d'humilité lorsqu'elle témoigne (à quatre-vingts ans), et par la façon dont elle est présentée dans l'album : une héroïne, une sainte, une superwoman. Il est dit à plusieurs reprises qu'elle a "construit" des logements - de ses mains ? bien sûr que non.



Je ne remets pas en question ce qu'Antoinette Brisset/Christine a accompli, son courage, sa ténacité. Mais le récit est tellement dithyrambique que le contenu en devient suspect. N'en jetez plus, la sobriété est plus convaincante que la surenchère.



Album créé d'après le film de Marie-José Aubert "On l'appelait Christine".
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Marie Curie : La fée du radium

Une critique qui montre que ce livre, mal compris par les critiques de BD, a été très bien reçu par nombre de ceux qui connaissent la littérature de jeunesse :



"Deux parties pour ce livre, la première qui se présente sous la forme d’un bande dessinée débute au moment où Marie Curie s’apprête à recevoir son deuxième prix Nobel et évoque sa rencontre avec Pierre Curie , leur parcours, leurs combats, leurs passions respectives pour la science et la débauche de discours haineux et machistes qu’elle a du subir après la mort de son mari.



La seconde partie reprend chronologiquement année par année l’histoire de la vie de cette femme extraordinaire dépensant toute son énergie pour la science.

Elle est agrémentée de nombreuses photos et de documents d’époque.



Un livre réalisé en coédition avec l’Institut Curie pour le centième anniversaire en 2011 du prix Nobel de Chimie de Marie Curie.



Une lecture très intéressante et particulièrement bien documentée puisque l’auteur dirige le musée et les archives Curie.



A recommander à partir de 10 ans.



Voir aussi ce qui en est dit ici :



http://www.opalivres.com/selection-2012/bd-1-semestre/marie-curie/

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La fosse aux serpents

Julie Bristol est une vidéo reporter, elle veut produire une vidéos sur Camille Claudel, la créatrice qui a été internée de 1913 à 1943. Nous sommes dans les années 90, la sculpteuse est remise sur le feu des projecteurs : un film est consacré à sa vie et sa relation avec Rodin, ainsi qu'une pièce de théâtre. Le point commun entre les trois projets (quatre si on ajoute celui de la ,présente BD) est que les créatrices sont des femmes.



Julie se penche sur la vie de Camille Claudel, sa relation avec Rodin , sur sa création, sur ses œuvres et sur la perception dans femmes dans l'art au 19ème siècle. La BD alterne entre les allusions à la vie de la sculptrice et les relations entre les acteurs de la pièce de théâtre, relations plus que tendues qui ne sont pas sans rappeler l'histoire de Rodin et Camille Claudel. L'actrice principale a-t'elle voulu se débarrasser de son partenaire masculin ? "Une malade mentale pour interpréter une paranoïaque, un salaud pour interpréter le rôle d'un salaud, ça c'est de la distribution".



Quelle était la relation entre Rodin et Camille Claudel ? Est-ce que Rodin était un personnage peu recommandable, un homme avide de femmes ? Qui a apporté à la création de l'autre ? Pourquoi Camille a accepté cette relation de soumission et d'humiliation ?



Chantal Montellier pose toutes ces questions et cherchent des réponses, émet des hypothèses. Elle donne la parole à Camille pour qu'elle exprime sa révolte. Chantal Montellier nous propose de voir des œuvres de Camille mais aussi de Rodin. Elle revient sur la place laissée aux femmes au 19ème siècle en particulier dans le domaine de l'art. Elle cherche une forme de réhabilitation pour Camille.



Et si le génie c'était Camille Claudel ? Si l'élève n'était celui ou celle que l'on croit ? Camille aurait-elle pu agir autrement ? Les interrogations restent en suspens.



J'ai adoré le graphisme de l'autrice surtout les scènes où nous rencontrons la folie de Camille, folie créatrice mais aussi folie du fait de la trahison de son compagnon. Mais c'est peut-être aussi le moyen pour Chantal Montellier de montrer l'entreprise de destruction mis en place par Rodin en particulier ou les hommes en général.



Le coup de force de cette BD réside dans le fait de proposer une autre histoire en parallèle de celle de Camille mais en lien avec elle. Le va et vient entre le 19ème siècle et le 20ème siècle permet de décentrer l'attention du lecteur et d'éviter de tomber dans une dérive psychologique.



Chantal Montellier rend un bel hommage à la sculptrice et n'épargne pas Rodin. C'est une œuvre militante sur la situation des femmes au 19ème siècle et sur la volonté des hommes de les empêcher de s'exprimer par la création. Peut-être que Camille Claudel a dû payer très cher sa volonté de liberté ? Chantal Montellier la libère sous ses crayons et ses pinceaux.



Pour les amoureux de l'Histoire des Arts en général et des créatrices en Art en particulier.











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L'inscription

Il faut entrer dans l'univers féminin, féministe, super graphique de Chantal Montellier.

« Odile et les crocodiles » et « Les damnés de Nanterre », plongés dans un cycle infernal de violence, m'avaient pourtant donné des maux de tête. Il est question de viol ou quotidiennement de machisme, de fascisme plus ou moins larvé, et de meurtre comme signal envoyé par la femme démolie devenue serial-killeuse ou par la terroriste présumée coupable.

Dans cet album, c'est la poétesse qui répond à la violence. Les mots ont plus de portée et le graphisme est toujours aussi efficace.

Les machos-fachos dominent inévitablement, essentiellement des hommes. Du coup ceux-ci sont presque tous représentés comme des porcs, ou bien si le « porc » est exceptionnellement une femme alors c’est « une hommasse…». Avec cet accent d'absolutisme on note aussi que le ressentiment n’a pas de fin, ou plutôt qu'il cesse lorsque le succès littéraire sourit enfin à notre poétesse...

Dans la chanson de Renaud, il y avait aussi Madame Thatcher comme exception, d’où on devinait que l'accumulation de pouvoir pouvait faire le machisme-fascisme. Mais en France, Chantal Montellier doit se contenter de dénoncer l’abus de pouvoir par ses représentants masculins.

La tronche de barbouze d’un ancien ministre de l’intérieur est exposée dans un autre album. Ici c'est le portrait d’un ancien président avec son slogan de propagande « travailler plus », qui est accroché chez « l’inscripteur », et partout sur les murs de cette administration du réel.

Ambiance Brazil et style nietzshéen (pour les amateurs) : "Il faut du chaos en soi pour enfanter l'étoile dansante".
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Marie Curie : La fée du radium

N'en déplaise à certains machistes, Marie Curie n'était pas la petite fée du logis mais celle du radium. On passe tout de suite à une autre classe. Il faut dire que c'est la seule femme à avoir obtenu deux prix Nobel. En 1995, le président Mitterrand fait déplacer les cendres au Panthéon pour lui rendre un ultime hommage.



Il est dommage que le destin de cette femme extraordinaire soit traité de manière aussi académique et austère dans ces 22 pages. Il est vrai qu'un reportage complète la seconde partie de cet ouvrage. Cela reste très chronologique. J'aurais aimé savoir pourquoi le radium est si important, les implications dans notre vie de tous les jours etc...



Bref, c'est la forme qui pêche alors qu'il y avait de quoi faire une bonne BD avec un sujet pareil.
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Tchernobyl mon amour

Tchernobyl mon amour interpelle à la fois par son titre et sa première de couverture. Cette enquête journalistique met à jour ce qu'on avait oublié de l'explosion du 4ème réacteur. Ce qu'on avait oublié au mieux, ou ce qu'on a tu au pire...Je ne m'attendais pas tout à fait à ce flot de dessins, de vignettes, ce qui certes, témoigne de l'ingérence de cette catastrophe mais qui empêche une lecture plus linéaire comme je les préfère.
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Marie Curie : La fée du radium

Née en 1867, Marie Curie est la seule femme à avoir reçu deux Prix Nobel : le Prix Nobel de physique en 1903, qu'elle partage avec Pierre Curie son mari, puis le Prix Nobel de chimie pour ses travaux sur le polonium et le radium en 1911. Elle fut par ailleurs la première femme à enseigner à la Sorbonne en 1906.

La partie bande dessinée de l'album, réalisée par Chantal Montellier, se situe au moment où Marie Curie reçoit son second Prix Nobel, alors qu'une violente campagne de presse se déchaîne contre elle. Sa liaison avec le physicien Paul Langevin, rendue publique, lui fut amèrement reprochée. De souvenirs en flash-back, nous sont contés les moments-clés de son existence et de sa carrière, déjà exceptionnelles en soi, et davantage encore si l'on se rappelle du peu de place accordée aux femmes dans le domaine de la recherche à l'époque.

La seconde partie propose une chronologie détaillée et illustrée de documents issus des archives de la famille et du musée Curie.

Mon avis : Je dois dire que si le sujet m’attirait vraiment au départ, j’ai très vite été découragée par le côté austère de ce documentaire.

Public : à partir de dix ans et jusqu'à pas d'âge.

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Tchernobyl mon amour

Vingt ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, une journaliste Chris Winckler enquête sur la catastrophe.

Une centrale vieillissante, des systèmes de sécurité obsolètes, des expériences irresponsables à l'origine de la catastrophe (turbines éteintes), des liquidateurs chargés d'éteindre l'incendie envoyés à la mort et oubliés, les mensonges d'Etat, le cynisme, la vérité cachée, étouffée en URSS mais ailleurs aussi en Europe ( le nuage qui s'arrête aux frontières), les maladies, monstruosités des hommes et animaux dans la zone concernée.

Tabous, idéologie, interdits en URSS en 1986. Détournement d'argent, mafia, menaces contre ceux qui voudraient faire éclater la vérité.

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Tchernobyl mon amour

Journaliste, Chris Winckler est chargée d'une série d'articles sur le terrible accident nucléaire de Tchernobyl. Comme son héroïne, Chantal Montellier lève le voile sur la gestion catastrophique et inhumaine de l'après explosion. La volonté est louable mais la mise en page graphique n'aide pas toujours le récit. Reste une bande dessinée instructive et édifiante.
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Marie Curie : La fée du radium

2 Nobel(s) pour une femme; biographie dessinée pour une approche facilitée et destinée aux plus grand nombre pour et sur une femme d'exception.
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L'insoumise

Voila une femme inconnue qui mériterait d'être connue tant elle impressionne.

Placée à 7 ans comme domestique chez une institutrice, elle apprend le soir, parce qu'elle ne peut pas aller à l'école. le virus de l'apprentissage est avalé. Audacieuse et tenace, sa vie est un roman, dont le climax est son rôle dans le relogement des familles d'Angers après 1945. Audacieuse et tenace donc, elle l'est et devra l'être. Elle est beaucoup loins politiquement correct que l'abbé Pierre : squatt, occupation, constructions sans permis (enfin avant sa délivrance).

Autant dire que son action dérange.

Droite dans ses bottes, elle ne craint rien ni personne.

J'aurais à redire sur l'esthétique de l'album en revanche. le montage c'est bien, l'incrustation aussi. Mais à petites doses, là, par moment, ça m'a gêné dans ma lecture, d'autant que parfois, c'était franchement redondant, en plus.

Pas au point de m'avoir fait lâcher ma lecture, la découverte de cette femme forte, hors du commun et vraiment inspirante (dit-on aujourd'hui). Elle se sera battue toute sa vie pour ses idéaux, et les voir appliquer. Elle réussira.

Cette femme, c'est Christine Brisset.
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Les damnés de Nanterre

Chantal Montellier ose toujours mettre les pieds dans le plat dans la bande dessinée. Pourquoi vouloir rester dans des carcans classiques quand on peut être audacieux? Elle a toujours choisi des sujets tabous ainsi que provocateurs et ce depuis les années 70. Là, elle se lance dans l'enquête sur des criminels idéalistes et nihilistes. Florence Rey au visage d'ange a contribué à une fusillade le 4 octobre 1994, place de la Nation, au cours de laquelle cinq personnes, dont deux policiers, ont été tué. La presse la clou au pilon. Les politiques se servent de ça pour proposer un état militaire avec une restauration de la peine de mort. Tout est prétexte pour imposer la violence pour répondre à la violence qui elle aussi répond à la violence. Le contexte est complexe. Les manifestations ouvrières sont sévèrement rabrouées. Les morts s'accumulent et la police est innocentée. Elle fait ce qu'on lui demande. Une opposition politique se crée pour agir concrètement. Ils se rassemblent et pousse l'action toujours plus loin. La créatrice ne tente pas de disculper les deux militants. Elle n'excuse absolument pas leurs actes. Elle demande si cette affaire n'a pas été réduite trop vite à un simple fait divers sans enjeux.



Pour porter un autre regard, la bédéaste a inventé une journaliste, Chris Winckler et qui enquête sur un fait divers réel. Elle montre une femme forte, libre et déterminée. En plus, elle aime la bande dessinée et fait souvent référence à Pravda la survireuse. Tout se combine à merveille avec éloquence et provocation. Son style assez brut, direct et ces contrastes de couleurs percutants. Une mise en page audacieuse où réalité se mélange avec imagination. Elle dresse un portrait un portrait sociétal vraisemblable sans demi mesure.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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Métal Hurlant, n°04 : L'homme est bien petit

Je me suis laissé tenter une seconde fois par la nouvelle mouture de Métal Hurlant, et encore une fois, je suis comblé.

Le principe est le suivant : A chaque numéro, on alterne la nouvelle génération puis les précurseurs

Dans ce numéro, on nous ressort donc les "vieux" sur presque 300 pages.

Mais attention, c'est du lourd,du pointu, du grandiose : Druillet, Moebius, Alexis, Bilal, Margerin, Gimenez...

J'ai découvert avec plaisir également Michio Hisauchi, Paringaux, Palacios, Chaland, Claveloux, Keleck, Nicollet...qui font aussi preuve d'une grande créativité artistique.

Chaque histoire se déguste comme une friandise.

Elle est accompagnée d'un petit texte qui nous parle du contexte, nous présente l'auteur, ses connexions avec Métal, Dionnet et les autres.

Encore un très bon numéro.

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Odile et les crocodiles

J'apprécie beaucoup Chantal Montellier, mais là...Déçue.

D'accord cette BD date de 1984 et à cette époque, la justice n'était pas tendre avec les victimes de viol : il a fallu se battre pour que les esprits changent, que les accueils dans les postes de police soient plus à l'écoute. Dans ces années, la justice était moins sévère avec les chauffards qui tuaient et s'en sortaient quasiment avec des peines de sursis si légères..;

Il y a une vraie révolte dans cet ouvrage mais cette jeune femme qui se venge en tuant avec un coupe-papier, c'est un scénario facile. Heureusement que la beauté de la mise en scène des crocodiles relève le tout.

Déçue, mais contente de l'avoir lue. Paradoxe, mon doux ...écueil.
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Tchernobyl mon amour

Enquête choc sur la catastrophe de la centrale nucléaire de Tchernobyl, menée avec rage et obstination par la journaliste engagée Chris Winckler. Presque trente années plus tard, le drame de Fukushima en plus, la situation ne semble pas avoir beaucoup évoluée. Le béton pourri du coffrage soi-disant « sanitaire » du réacteur touché fuit inéluctablement, les services secrets russes (à moins que ce soit la mafia) liquident les voix discordantes venant du côté des artistes exilés à Paris.

Ce documentaire n’apporte pas forcément de nouveaux éléments mais réveille nos consciences parfois assoupies. Pour renforcer son propos, Chantal Montellier s’appuie sur les codes graphiques soviétiques et ceux la contre-culture révolutionnaire d’aujourd’hui. Un parti pris radical, cependant l’accumulation de styles et de formes poussée à l’extrême nuit à la lisibilité et à la force du propos. Cette lecture n’en reste pas moins salutaire.

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Tchernobyl mon amour

Album relu avec plaisir et l'angoisse du lecteur qui connait l'histoire : celle de la BD et celle plus récente de Fukushima.

Aujour'dhui, le propos est d'autant plus fort qu'il n'est plus possible d'espérer que des leçons auraient pû être tirées de Tchernobyl. Et la honte, de ne pas avoir élevé au rang de héros internationaux ceux et celles qui nous ont évité une catastrophe planétaire.

Super travail d'enquête.

Très belle mise en page.

Pas de douceur dans le trait, quelques photos enchâssées donnant encore plus de force au texte, des couleurs qui claquent comme sur les panneaux de propagande et comme sous les éclairages criards des grandes fêtes médiatiques. Chantal Montellier nous décrit un apocalypse qui a eu lieu et s'est répété.

Et puis le dernier clin d'oeil : l'hommage à un des livres que j'emporterai au bout du monde, d'un certain Boulgakov. Déjà il nous racontait comment le Diable menait la danse.

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Marie Curie : La fée du radium

Cet ouvrage a été réalisé en collaboration avec le musée Curie (dirigé par le scénariste Renaud Huynh) et la Cité des Sciences et de l’industrie de La Villette. L’ouvrage s’ouvre par une BD dont l’action se déroule entre le 4 et le 11 décembre 1911, soit dans les jours qui sont liés à la remise de son second prix Nobe. Toutefois, l’héroïne fait des retours en arrière qui permettent de connaître ses jeunes années ainsi le milieu familial de Pierre Curie et d’elle-même, sans oublier les conditions de leur rencontre et leur travail en commun. Le graphisme de Chantal Montellier rend bien l’atmosphère dramatique de cet épisode de la vie de l’héroïne, le décor situe très convenablement la période historique évoquée (avec parfois une dose humoristique), les dialogues et les voix-off ont un côté très formel qui convient parfaitement au type de relations que pouvaient avoir entre eux des personnes vivant dans le milieu décrit à la Belle Époque.



L’autre moitié de l’ouvrage est une chronologie assez détaillée (et très largement illustrée par des documents d’époque) de la vie de l’héroïne de sa naissance en 1867 à son décès en 1934. Dans l’application concrète de ses découvertes, on notera son organisation d’une unité de camionnettes de radiologie (surnommées les “petites Curie“), se rendant dans les ambulances situées près du front afin d’aider à la localisation des projectiles à l’origine des blessures. Elle encourage également à l’utilisation d’ampoule de radon pour favoriser la cicatrisation de ces mêmes blessures.


Lien : http://crdp.ac-amiens.fr/cdd..
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L'inscription



Le trait, les dessins et les couleurs sont magnifiques. Mâtinés aux influences revendiquées de Kafka, d’Orwell et de Carroll, impossible de ne pas résister aux attraits de L’inscription. C’est beau, séduisant, ça attire l’œil et le lecteur naïf qui se laisse gober sans opposer la moindre résistance. Malheureusement, une fois passé le ravissement esthétique des dessins et des couleurs, il ne reste rien. Citons l’exergue d’André Breton comme le meilleur passage du livre :



« La rébellion porte sa justification en elle-même. Tout à fait indépendamment des chances qu’elle a de modifier ou non l’état de fait qui la détermine. Elle est l’étincelle dans le vent, mais l’étincelle qui cherche la poudrière. »



Cet exergue annonce le thème : la rébellion. Le reste du livre tentera d’approfondir le sujet, incarné en la personne de Caroline Montbrasier. Ici, les rebelles ne se révoltent étrangement pas contre les carcans qui les assignent toujours à la place des artistes solitaires, oiseaux rêveurs incompris que les horaires et les costards rebutent. Caroline, figée dans son rôle bouffon de poète, aime bien lire Alice au pays des merveilles, le soir, avant de s’endormir. Elle ne se coiffe pas très bien, et en plus de ça, elle n’a pas trop envie d’aller travailler. Elle souffre certainement d’un syndrome paranoïaque aigu car elle croit que tout le monde la déteste à cause d’un épi rebelle qu’elle a sur le crâne. Un de ses amis, psy à ses heures, lui conseille de s’inscrire dans la « réalité », subtile métaphore d’un monde de brutes que Caroline refuse. Pourtant, Caroline ne boude pas longtemps et finit par rencontrer « l’inscripteur », un monsieur forcément brutal qui n’aura de cesse de vouloir plier la jeune poète aux exigences de la société. Il lui faudra tout d’abord couper sa mèche folle, et un grand pas sera accompli. Il lui faudra ensuite abandonner ses convictions politiques, trouver un travail et devenir jolie. Les références sont lourdes et témoignent d’une indigestion médiatique. Chantal Montellier ne cesse d’évoquer le « travailler plus » de Sarkozy, qu’elle transforme ici en dictateur digne des meilleurs Big Brother. Entre autres sujets d’indignation modernes, elle cite Carla Bruni en archétype de la femme parfaite et s’acharne sur elle avec une virulence qui se trompe parfois d’objet. N’oublions pas le téléphone rose comme reflet d’une société obsédée par le sexe et grossièrement inhumaine. Dans tous ces exemples, Chantal Montellier s’acharne à dénoncer uniquement les produits d’un système, sans chercher à remonter à leur source et à approfondir sa critique.



On sent que les intentions de Chantal Montellier sont louables. Dénoncer l’uniformité revendiquée par les média de masse est un projet noble, encore faut-il qu’il soit bien mené. Ce n’est pas le cas de L’inscription qui regorge de contradictions laissant à penser que derrière la virulence acharnée de Chantal Montellier se cache une envie maladive et non assumée d’appartenir à cette société qui réussit à faire l’éclat de quelques personnes sélectionnées. L’attaque contre la médiocrité se fait par la médiocrité et use souvent de poèmes que Chantal Montellier avait dû écrire en cours de maths lors de son adolescence :



« Au-dessous du monde, sous le poids des pachydermes en chemises acryliques, œillères sur leurs minuscules yeux myopes, je cherche en vain l’entrée vers le rassurant troupeau gris. »





L’attaque contre la conformité se fait par la conformité, que celle-ci se retrouve dans la description de la personnalité de Caroline, figure romantique du 19e siècle, artiste maudit qui écrit des poèmes, ou par le martèlement intempestif de ce que nous n’entendons déjà que trop dans notre vie quotidienne (« travailler plus », midinettes, cul, télé, hommes d’affaires, argent…). Il me semble qu’une rébellion sincère ne se revendiquerait pas aussi ouvertement, et pour relever la carence de la prétendue marginalité de Caroline, on pourrait citer Tchouang Tseu : « Qui a conscience de sa folie n’est pas bien fou ».

Qu’est-ce donc que cette bonne conscience qui fait croire que la révolte est le produit d’une pensée sur une autre, et non pas l’achèvement d’une réflexion personnelle à laquelle L’inscription ne peut inévitablement pas conduire ?




Lien : http://colimasson.over-blog...
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Métal Hurlant, n°04 : L'homme est bien petit

Je continue dans ma découverte de cette fameuse revue « Métal Hurlant », avec le numéro 4 d'août 2022 intitulé « L’homme est bien petit ».



Ce numéro est une compilation de planches de bandes dessinées extraites des mythiques numéros de la première version de la revue parus dans les années fin 70 et 80 mais pas que.



Chaque bande dessinée est présentée dans un article approfondi d’une page revenant sur sa genèse et sur le parcours de son ou ses auteurs. Nous retrouvons ainsi de grands auteurs de cette période, de Enki Bilal à Nicole Claveloux en passant par Moebius, Frank Margerin, Beb-Deum ou Carlos Gimenez pour n’en citer que quelques-uns parmi les 33 auteurs présents.



Le revue présente également 2 articles complets, le premier sur l’histoire de cette revue et le second sur une auteure inspiratrice de Druillet : Catherine Lucille Moore ; et, 2 interviews de Philippe Druillet et Jean-Michel Nicollet.



J’ai adoré la découverte et la lecture de cette revue. J’ai découvert des auteurs que je ne connaissais que de réputation et ai pu rencontrer d’autres auteurs que je ne connaissais pas du tout. J’ai notamment adoré la proposition de Nicole Claveloux, son dessin si fort illustrant une histoire des plus macabres. J’ai pu approcher Jean-Michel Nicollet, j’ai adoré sa façon de dessiner, son univers et son propos : un auteur d’un talent fou dont je vais dès à présent rechercher les différentes productions tellement il m’a fascinée.



Une revue terriblement addictive, passionnante, riche que je ne peux que vous recommander chaleureusement.

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Un peintre- Un tableau

Ce tableau représente le plus jeune fils du peintre, Claude, au domaine des "Collettes" à Cagnes sur mer. Il avait acheté ce domaine pour sauver les oliviers: "Ce sont les arbres les plus beaux du monde, d'une majesté rare, alliée à une légèreté aérienne". Ce peintre avait trois fils: l'ainé fut comédien, le deuxième réalisateur et Claude est devenu céramiste. Il a changé plusieurs fois de style. "Le déjeuner des canotiers" est l'une de ses toiles les plus célèbres. Il s'agit de:

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