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Critiques de Charif Majdalani (164)
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Beyrouth, Liban. 4 août 2020. Une gigantesque explosion va ravager la ville. L'auteur nous dévoile le contexte de cette tragédie. L'étiolement d'un pays. La chute économique d'un système corrompu. La détérioration du quotidien. Il nous démontre que le libanais se relève toujours face à l'adversité quelque soit la puissance du cataclysme. Un témoignage simple et réaliste.
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Charif Majdalani m'a enchantée avec les sagas familiales qui racontent  l'histoire du Liban sur deux siècles et de nombreuses générations : j'ai beaucoup aimé Caravansérail, Le Seigneur de Marsad, L'Empereur à pied, et la Villa des Femmes. A l'occasion du Mois du Liban initié par Maeve, et à la suite de la catastrophe du 4 Août 2020, il m'a semblé évident de commencer mes lectures libanaises par cet ouvrage. 



Au mois de juillet 2020, Charif Majdalani tient un journal où il note les effets sur la vie quotidienne de l'effondrement annoncé. Cela commence à la banque où il devient impossible de retirer son argent. La fourniture d'électricité devient  erratique. Puis la fourniture d'eau courant. Les ordures. 





Après avoir énuméré toutes les anomalies prémisses de l'effondrement économique, l'auteur analyse les causes de cette crise: la mise en coupe claire de secteurs entiers de l'économie:



En trente ans, le pays tout entier est devenu la chasse gardée de la caste des oligarques au pouvoir, qui a établi avec les citoyens une relation de nature mafieuse, offrant protection, garanties et petites opportunités à tous ceux

qui les sollicitaient et bloquant toute autre



Le pays est dévasté,  la crise économique se double d'une catastrophe écologique.





Cette confiscation de l'économie par la caste des oligarques depuis une trentaine d'année fut quand même mise en cause par la révolution







La goutte qui fait déborder le vase et des milliers de manifestants sortirent dans la rue. L'espoir qui est né avec cette Révolution libanaise trouva la pandémie!



Mais une dernière catastrophe s'est abattue sur Beyrouth :



"4 août 2020, à 18 h 07, la cargaison, ou ce qui en reste, chauffée par l’incendie, ou emportée par l’explosion

d’un dépôt d’armes, ou bombardée, explose. Six années d’opacité et d’irresponsabilité, résultat de trente années

de corruption et de mensonges, de politiques mafieuses"



Reprenant son  journal quelques jours après l'explosion, il faut d'abord faire l'inventaire des décès, des blessures, des destructions. Mais, étrangement une note d'optimisme survient :



Durant la journée, le moral remonte un peu, au spectacle notamment de cette immense jeunesse qui s’est levée

comme un seul homme pour prendre sur elle d’effacer les traces du cauchemar et d’aider à commencer à rebâtir,

en l’absence de l’État voyou dont tout le monde vomit jusqu’aux plus anonymes de ses représentants et les

chasse dès qu’ils osent apparaître sur le terrain au milieu des ruines.



Effondrement, corruption, destructions, Covid...l'histoire n'est pas terminée. la conclusion en suspens, comme une canette qui roule...
Lien : https://netsdevoyages.car.blog
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Le grand écrivain libanais Charif Majdalani dénonce dans Beyrouth 2020. Journal d'un effondrement le cycle délétère des arrangements communautaires au Liban.




Lien : https://www.levif.be/actual..
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Époustouflant, Vibrant, Emouvant, ce livre nous apporte une lumière crue d un Liban qui renaîtra un jours de ses cendres.
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Ce petit livre d’à peine 160 pages transporte son lecteur dans ce pays mouvementé mais néanmoins fascinant qu’est le Liban. Majdalani partage son cri de coeur en retraçant une période qui débute par les manifestations du peuple libanais et qui s’achève par l’explosion catastrophique d’août 2020. On aurait tant voulu avoir une lueur d’espoir qu’un jour tout serait comme avant. Une époque révolue depuis presqu’un demi siècle où le Liban était connu comme un pays prospère et ouvert à l’extérieur par sa diversité culturelle et confessionnelle avant l’heure. Si le problème du Liban serait ses pays voisins toutefois au delà des questions géopolitiques sa tragédie actuelle reste la corruption. Que peut bien faire un écrivain de talent que de s’exprimer avec sa plume sur son pays déchiré mais qui laisse complètement indifférent ses principaux responsables politiques? Un an presque depuis l’explosion du port de Beyrouth, il n’y a aucune amélioration palpable bien au contraire la situation continue à s’aggraver et l’immigration continue à vider ce pays de 10,452 km2 de sa population parmi laquelle je m’y trouvais moi aussi de 1977 à 1992.
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Quand un écrivain libanais raconte le désastre de son pays, cela donne un livre clair, concis et poignant. Charif Majdalani est décidément une voix qui compte.



🌻Au départ, cela devait être un livre sur la crise libanaise. Sur la confiscation du pouvoir et de l’argent du Liban par son pouvoir corrompu. Sur la vie devenue extrêmement compliquée par la dévaluation de la monnaie locale, par l’inflation brutale des prix, renvoyant la classe moyenne dans la misère. L’auteur y narre aussi de façon très claire, l’histoire complexe du pays, avec ses religions, ses clans. Les manifestations de 2019 et la vie quotidienne qui continue coûte que coûte.



🌻Et puis il y eut le 4 août 2020 et la terrible explosion du nitrate d’ammonium dans le port de Beyrouth. La sidération qui s’en suit. Le désespoir, et le courage des jeunes qui ont déblayé les débris. L’immense élan de générosité intergénérations qui permet à la vie de se poursuivre, coûte que coûte.



🌻C’est un livre noir parce que la situation libanaise l’est, un journal du quotidien dans lequel l’auteur prend position quant aux responsabilités du désastre. Et où la seule note d’espoir vient de l’envie d’acheter un terrain dans les montagnes libanaises, là où tout n’est qu’ordre et beauté.



Un grand livre qui permet de mieux comprendre le Liban d’aujourd’hui.



Beyrouth 2020, Journal d’un effondrement, Charif Majdalani, Actes Sud
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Le Liban d'aujourd'hui vue par les yeux d'un écrivain vivant à Beyrouth entre juillet et août 2020 à travers son journal intime et ses réflexions personnelles suite à l'explosion du 4 /8.

Un triste bilan sur ce pays qui était si riche, l'auteur nous raconte l'histoire de son pays, les guerres, la corruption, la vie au jour le jour, ses espérances et découragements.

Instructif et révoltant.
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Ceci est un récit fort sur la gestion d’un pays par une caste politique, plus affairée et intéressée par des gains importants mais plus que douteux que par le bien collectif, au pouvoir depuis des années (on remonte à 1920) et qui a mené le pays à une agonie lente mais bien réelle. Un siècle pour mettre un pays à terre.

Oui nous parlons bien du Liban, pays qui fut un temps surnommée la Suisse du Moyen-Orient, mais qui depuis trop longtemps est dirigé par cette caste à l’impunité quasi institutionnalisée, qui a mis en place un système parfaitement élaboré de détournements de fonds, caisses noires et autres pots de vin qui auront ruiné le Liban.

Sous l�t conjugué du coronavirus et de la crise économique, qui avait donnée lieu à d’immenses manifestations à l𠆚utomne 2019, Charif Majdalani a débuté la rédaction d’un journal en juillet. Il cherchait alors simplement à nous expliquer, dans un savant mélange de quelques chiffres (juste ce qu’il faut, mais ils sont tellement abyssaux qu’ils donnent le vertige !) et d𠆞xpériences personnelles (sa machine à laver qui tombe très souvent en panne !) comment le pays, son pays, en était arrivé là : des coupures d’électricité quotidiennes, une monnaie qui vaut un peu moins chaque jour, où l�hat d’un écran d’ordinateur coûte plus cher que les frais de scolarité annuels de ses deux enfants ! Jusqu’à ce funeste 4 août où l𠆞xplosion d’une cuve de nitrate d𠆚mmonium a fini de mettre à terre une ville entière (et le pays).

Derrière l’histoire de la déliquescence de ce pays, on devine chez l𠆚uteur un mélange de colère (mais quand et comment cette oligarchie va t𠆞lle terminer de se servir sur le dos des libanais ?) et d𠆞spoir (malgré tout).

Instructif, bouleversant et nécessaire pour comprendre ce pays.
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Les mots saisissants, percutants et poétiques de Charif Majdalani claquent et c'est une réalité bien triste qui nous saute aux yeux : le Liban est devenu un territoire fissuré, brisé, urbanisé à outrance. À un carrefour convoité entre l'Orient et l'Occident, il n'est plus que spéculation, gouverné par une élite oligarchique.



« Sur un mur, ce graffiti que j'ai noté il y a quelques jours et qui procède à une belle inversion : Le régime souhaite la chute du peuple. »

Une gouvernance orchestrée par des pilleurs, des prédateurs sans vergogne, véreux et corrompus ; et la catastrophe survenue l'été dernier est une lourde et effroyable conséquence directe de cette très mauvaise gestion de l' État.



« Rentables, très rentables en revanche, le port et le service des douanes par où passent tous les jours des milliers de tonnes de marchandises, l'aéroport, le service d'enregistrement des véhicules motorisés, le casino du Liban. Autant d'institutions qui toutes possédèrent à un moment ou à un autre leurs propres caisses noires, dont les comptes sont absolument opaques depuis trente ans et où auraient disparu plus de vingt milliards de dollars. »



Les Libanais traversent des turbulences d'une violence inouïe depuis des années.



« Il y a quelques années, une revue littéraire m'a proposé d'écrire une dystopie qui aurait pour cadre le Liban ou le monde arabe. J'ai imaginé une histoire de spéculations immobilières à grande échelle à Beyrouth, comme il y en a tant eu durant ces dernières années, de buildings et de centres d'affaires ultra-modernes bâtis par des mafias liées au pouvoir sur des terrains gagnés en compressant les millions de tonnes de déchets dans la mer. Un monde d'affairisme glauque, environné de dorures et les pieds dans les ordures. »



Charif Majdalani aime son pays et nous livre ici un témoignage absolument bouleversant et un portrait cinglant de ce Liban en déroute.



« Nous ne partirons pas de ce pays, nous resterons ici, nous serons de nouveau heureux, nous rirons de nouveau, et si les salauds que vous protégez ne partent pas , eux

, nous irons boire et danser sur leurs tombes. »

Un livre poignant !
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Ce livre m'a été recommandée par une amie libanaise et je dois avouer que même si j'ai été à Beyrouth depuis ces évènements dramatiques, le récit que livre Charif Majdalani est glaçant. La société libanaise était en proie à une situation économique extrêmement compliquée lorsque l'explosion du port de Beyrouth a dévasté une bonne partie de la ville. L'auteur, qui rédigeait son journal à ce moment-là, reprend sa plume quelques jours après pour livrer le quotidien des beyrouthins qui s'unissent et s'engagent dans un combat contre la fatalité. Ce livre est un cri, celui d'un peuple résilient qui refuse de baisser les bras contre les nombreuses adversités qu'il rencontre. La faillite de l’État et l'avidité des hommes politiques laissent les habitants seuls face à un tsunami d'obstacles pour survivre au quotidien et où l'option la plus tangible est de quitter le pays.



Un livre fort et nécessaire pour comprendre ce que les libanais traversent dans cette crise sans précédent.
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Le journal commence le 1er juillet. Le confinement qui vient de se terminer a continué d'accentuer une crise économique larvée. Les Libanais ont de l'argent sur leurs comptes, mais les banques leur en interdisent l'accès. Le pays est gangréné de l'intérieur, le pourvoir en place se sert, fait la fête sur le dos des Libanais, se rit même du virus.

Le peuple survit. La priorité est pour eux: avoir de l'électricité.



Le 4 aout, ce qui tenait encore debout, est soufflé en quelques secondes. Cette explosion n'est pas le fruit du hasard, n'est pas un accident. Cette explosion c'est l'aboutissement de l'état de corruption du pays.



Le 4 aout, ici, en France, nous avons été sidérés par ce qui arrivait aux Libanais.

Ce pays n'était pour moi qu'un pays en guerre depuis ma naissance. La boutade classique quand une rue est en chantier, quand une pièce est en désordre, est de dire "C'est Beyrouth ici!" Voilà ce qu'était pour moi Beyrouth: un grand bordel en guerre troué d'impacts d'obus.

Comme j'ai honte…



Sur Instagram, j'ai fait connaissance d'une jeune fille, étudiante en littérature francophone à Beyrouth. Elle s'appelle Tia. J'ai pris conscience qu'une jeunesse étudiait, parlait français, anglais, lisait… La petite occidentale paternaliste à la culture colonialiste réalisait qu'ailleurs dans le monde on avait une culture, des intellectuels, des universités, des combats écologistes.

Comme j'ai honte…



Notre monde est riche, souffre, s'enlise, se bat. J'ai du retard à rattraper. Mon regard doit se tourner vers autre chose que l'Europe. Charif Majdalani, je le sens, va m'y aider. J'ai maintenant sept ouvrages à lire de cet excellent écrivain libanais. Histoire d'avoir moins honte…



PS: Tia est immortalisée par l'auteur dans ce livre. Tia, est-ce que de toi aussi je lirai les romans un jour?



PSbis : Cette couverture…


Lien : https://carpentersracontent...
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Dans son « Beyrouth 2020 », l'écrivain libanais Charif Majdalani nous immerge dans le quotidien meurtri de sa capitale.
Lien : https://www.lepoint.fr/cultu..
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Beyrouth, 15 juillet 2020

"Ce matin, en sortant des bureaux d’une amie qui a proposé de mettre son coursier à notre service pour des formalités administratives liées à l’achat du terrain à la montagne, j’ai vu une femme assise dans un grand canapé complètement usé, à l’ombre d’une benne à ordures, en train d’effeuiller du persil ; persil qui, contrairement au canapé défraîchi et à la benne à ordures souillée, paraissait frais et d’un vert presque émouvant." Tableau surréaliste, un parmi tant d'autres, dans un Beyrouth dévasté par les guerres, les conflits politiques et trente ans de corruption indescriptible, que le Covid-19 et l'explosion du 4 août 2020, une mise à mort en cinq secondes, finiront par achever.

De ce pays qu'on comparait à la Suisse au temps du romantisme, et qui fit encore rêver pendant une grande partie du xxe siècle les touristes du monde entier, suscita la nostalgie des libanais exilés et où l'eau était une précieuse fortune inépuisable, aujourd'hui il n'en reste plus rien. Il n'y a plus d'eau, ni d'électricité , ni autre chose.

Un pays érodé par une corruption à son paroxysme où même avec le ramassage d'ordures on devient facilement milliardaire, ("Un monde d’affairisme glauque, environné de dorures et les pieds dans les ordures"), et dont les responsables, les oligarques au pouvoir déjà d'une malhonnêteté extrême, en outre se permettent de s'octroyer une désinvolture et une arrogance qui laissent pantois, "L’arrogance a culminé le 22 janvier 2019, durant le forum de Davos, quand ce ministre libanais, gendre du président Aoun de surcroît, a déclaré fièrement que le Liban pourrait donner des leçons de gestion au monde entier et apprendre aux grandes nations, telles par exemple la Grande-Bretagne et les États-Unis, à se gouverner sans budget."



Charif Majdalani, grand écrivain libanais dont je suis une inconditionnelle, dans son dernier livre-essaie, nous autopsie son pays gravement malade au seuil de la mort.

Bien que l'autopsie soit extrêmement complexe, même sans rien savoir de l'histoire du pays on ne peut pas s'y perdre tellement c'est bien construit, et les détails qu'il fournit suffisants pour suivre le désastre en directe. Dans ce champs de ruines, son ultime acte de résistance contre l'idée même de l'effondrement sera de s'échiner à s'acheter une terre dans la montagne avec les derniers sous qui lui restent, rêvant de construire dessus quelque chose.



Un témoignage poignant de la plume d'un grand écrivain que je recommande absolument, vu que c'est un témoignage qui concerne toute l'humanité, ce mot "humanité" qu'on prononce à tout bout de champs mais que finalement on en a qu'un vague aperçu superficiel à travers les réseaux sociaux et les médias.



"....ce silence, cette paix immense des montagnes, comme ultimes témoins de ce que dut être le statisme éternel de la planète avant l’irruption du temps et de l’Histoire, et avant le désordre, la ruine et l’entropie que les hommes ne cessent de produire depuis qu’ils ont commencé à s’agiter sur la Terre."

"Nos destins comme cette canette et ce cigare, jetés aux vents."

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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Dans Beyrouth 2020, le Libanais Charif Majdalani livre un précieux témoignage sur la vie quotidienne au Liban durant l’été 2020, alors que les catastrophes s’accumulent.


Lien : https://www.lesinrocks.com/2..
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement



Le livre porte en sous-titre "Journal d'un effondrement". Le monde entier connaît aujourd'hui ce qu'il s'est passé le 4 août 2020 à 18h07. Mais quel gouvernement s'est un instant préoccupé de la situation du peuple libanais ces dernières années ? Aucun. Ici, en France, par-ci, par-là, quelques articles de presse mentionnant la dévaluation de la livre libanaise et l'effondrement économique progressif du pays. Mais certainement pas à la Une des médias comme ce fut le cas quelques semaines. Ensuite, même le président Macron est allé réprimander le gouvernement libanais, avec tout ce que cela a de ridicule, vu de France, de mon point du vue.







Le livre de Charif Majdalani tombe à point nommé pour qui veut en savoir davantage ce qui s'est passé au Liban ces trente dernières années. Ou du moins avoir quelques informations sur la situation du pays avant l'explosion sur le port de Beyrouth. L'auteur lui-même ne pouvait imaginer la tournure qu'allait prendre son récit. Pourquoi en est-on arrivé à un tel désastre ?







Charif Majdalani a entrepris son journal pendant l'été 2020, le 1er juillet. Pour témoigner du quotidien, dans un Liban ruiné par la crise économique et en pleine crise sanitaire due à la pandémie du Covid-19.







A première vue, la vie est normale : "Les embouteillages ne sont pas pire que naguère, bien que les feux de signalisation soient éteints avec la pénurie de courant électrique." Ah bon, une pénurie électrique ? Oui ! Une pénurie électrique qui entrave beaucoup la vie quotidienne des habitants. Mais, rien n'est impossible dans un pays au gouvernement corrompu ! Il faut masquer les failles. Alors on peut obtenir son permis de conduire sans avoir le Code ! "(...) Ma fille a obtenu son permis de conduire dans les conditions les plus absurdes, l'absence d'électricité dans le centre d'examen l'ayant empêchée de passer le test du Code de la route." La ville n'est que partiellement illuminée la nuit tombée. Du moins ETAIT. "Il n'y a plus d'électricité depuis quelques jours. Quand on tend l'oreille, on s'aperçoit que le ronron des générateurs peuple la nuit jusque dans ses tréfonds. On s'y est accoutumés, il est devenu comme une part de la texture même de l'obscurité. Certains générateurs s'arrêtent à minuit, d'autres pas. Quoi qu'il en soit, à partir de minuit, les routes deviennent des gouffres insondables (...) L'effondrement du secteur de l'électricité est le plus emblématique de la faillite générale de l'Etat. Durant trente ans, aucun des gouvernements successifs n'est parvenu ou n'a voulu parvenir à moderniser les réseaux et reformer l'ensemble de cette administration." Charif Majdalani explique qu'il s'agit d'un problème d'entente entre les différents chefs des partis au pouvoir. "Selon les chiffres qui circulent, quarante milliards de dollars se seraient ainsi volatilisés entre chantiers de centrales qui se sont avérées inopérantes, importation opaque d'électricité de Syrie, location à des prix incontrôlables de centrales ambulantes turques. Quarantaine milliards de dollars qui auraient suffit à éclairer la moitié de l'Afrique, et qui n'ont pas permis, en trente ans, d'offrir autre chose que quelques malheureuses heures de courant quotidien à un aussi petit pays que le Liban. Entre-temps, il a bien fallu s'organiser. S'est ainsi développée une offre privée, celle des générateurs de quartier alimentant les maisons et les entreprises. Comble de l'absurde : l'un des divers gouvernements qui se sont succédé a décidé, au début 2019, de contrôler ces entreprises privées. Autrement dit l'Etat s'est mis à réglementer et à taxer un service illégal instauré pour pallier ses propres carrences."



Les banques ? C'est devenue une chose impossible. On l'a bien compris avec quelques autres blogueuses en voulant aider une famille à restaurer ce qu'il restait de son appartement qu'il y avait un problème avec les banques libanaises. On va dire que l'essentiel est que l'argent est arrivé mais sans passer par elles. Tout virement sur un compte libanais est refusé. Même si vous êtes en France.L'auteur décrit sa perte de temps à tenter x combines : "Je passe ma journée à courir d'une banque à l'autre, à convertir des dollars en livres selon le taux officiel, puis à compare ce dernier à celui des banques, puis, à celui des changeurs, puis à celui du marché noir, à faire des calculs, à planifier des dépenses moitié en chèque, moitié en liquide, avant de m'embrouiller et d'envoyer tout paître."







La pauvreté croît à vue d'oeil, même chez ceux qui vivaient bien, les licenciements vont bon train, les suicides aussi... La souffrance psychique due à la situation du pays obligent certains à prendre des psychotropes, à cela s'ajoute la crise sanitaire qui en rajoute une couche.





La pauvreté des Libanais, mais aussi de ceux qui viennent des pays voisins. Notamment de Syrie. Du moins c'est ce que disent ce que disent ces êtres humains qui mendient dans les rues de Beyrouth. Certains disent venir d'Alep. Mais rien n'est sûr. Des Nawars ? "ce peuple mystérieux dont certains considèrent les membres comme des cousins asiatiques des Roms. (...). il est certain que, depuis quelques années, ils ont été supplantés dans les rues par l'immense déploiement d'une population de nouveaux mendiants." Des enfants, des femmes, des vieillards syriens font partie du paysage urbain de la mendicité, chassés de leur pays par la guerre civile. "Mais nombre d'entre eux sont nés ici, dans des chantiers abandonnés, des squats ou dans la rue, et sont donc totalement apatrides, abandonnés à eux-mêmes (...) La natalité dans ce milieu est apparemment vertigineuse. L'Etat libanais ne s'en est pourtant jamais préoccupé, laissant croître la misère, la violence domestique, l'ignorance et sans doute la drogue et la prostitution."







Charif Majdalani évoque également les problèmes d'écologie. La destruction des paysages, des forêts des montagnes par les guerres. Mais pas que. Par ce qu'ont fait les gouvernements successifs, les magouilles de grande ampleur, l'afflux d'argent sale provenant de la vente d'armes, et de drogues régenté par des milices... Depuis trente ans, "le pays tout entier est devenu la chasse gardée de la caste des oligarques au pouvoir, qui a établi avec les citoyens une relation de nature mafieuse". Les anciens chefs de guerre ou leurs descendants se partagent le pouvoir, notamment "le plus dangereux de tous, le Hezbollah, encore armé sous prétexte de résistance contre l'occupation israélienne dans les provinces du Sud alors qu'il n'y a plus d'Israéliens depuis quinze ans".





On pense à peu près avoir touché le fond. Et pourtant, le pire du pire est arrivé. L'auteur ne pouvait pas le savoir lui non plus. Si je vous dis que les dernières pages du livre sont pleines d'émotion, c'est comme enfoncer une porte ouverte.







On sort de cette lecture révolté et ému. Mais aussi en ayant appris quelque chose ! Un livre qui contient un récit fort, qui n'est pas une fiction, bien malheureusement, mais la réalité insupportable bien loin de la petite Suisse du Romantisme.







Je n'avais jamais lu d'écrits de cet auteur, par ailleurs enseignant à l'université Saint-Joseph de Beyrouth. J'ai encore appris beaucoup de choses sur la situation complexe de ce pays.






Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

L’écrivain libanais avait commencé l’écriture d’un “faux journal” avant la catastrophe du 4 août dernier. Et puis, d’un coup, la réalité a rattrapé la fiction… Son récit “Beyrouth 2020, Journal d'un effondrement”, prix spécial du jury Femina 2020, raconte le naufrage de son pays.




Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Un récit sous la forme d'un journal dans lequel Charif Majdalani raconte, jour après jour, l'effondrement de son pays en raison de la corruption de ses dirigeants. Il aborde également l'explosion du nitrate d'ammonium au port de Beyrouth.



J'ai beaucoup apprécié la plume de l'auteur, qui, sans filtre, retrace l'histoire du Liban et ne peut que toucher le lecteur.
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Quand Charif Majdalani a commencé à tenir ce journal au début de l'été 2020, il pensait écrire sur la situation de Beyrouth et du Liban en temps de COVID-19 et de l'impact des confinements sur la situation économique déjà bien dégradée après des années de corruption, d'affairisme et clientélisme et de détournements en tous genres de fonds publics et d'aides internationales.



Les libanais ont eu l'argent facile, et l'ont bien flambé ...



En ce milieu d'année 2020, l'inflation est telle qu'il est difficile de définir le tarif de services essentiels comme la réparation d'une clim' ou d'une fuite d'eau, que l'état et les sociétés publiques sont en telle déliquescence que  l'électricité est vendue à prix d'or par des compagnies privées et l'eau commence à être distribuée par camions citernes qui ponctionne des nappes phréatiques proches du néant .... 



Et vint le 2 août .... 



L'explosion de plus de 2000 tonnes de nitrates d'ammonium stockés dans un entrepôt du port qui ont dévasté la ville faisant plus de 200 morts, 150 disparus, 6000 blessés et endommagé plus de 90000 bâtiments, détruit 6000 habitations ... 



Le journal de l'auteur s'interrompt pour ne reprendre qu'une dizaine de jours plus tard, après la sidération avec une litanie de noms, de blessés, de défunts 



Mais quand même toujours l'espoir que le Liban se remettra de cette épreuve, comme il a surmonté les précédentes.



Un ouvrage d'amertume et d'espoir avec, en leitmotiv, ce graffiti repéré sur plusieurs murs de la ville : le régime souhaite la chute du peuple 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Le sous-titre "journal d'un effondrement" est essentiel.

Ce journal n'a rien d'intime, il est plutôt visionnaire.

C'est le récit d'un Libanais écrivain et habitant de Beyrouth.

Charif Majdalani nous plonge dans sa vie et la vie quotidienne de ses concitoyens en 2020.

Avec efficacité et simplicité, il nous emmène dans l'histoire de son pays, une traversée pour comprendre le Liban d'aujourd'hui, gangréné depuis trente ans dans des guerres intestines et des dirigeants politiques qui n'ont de but que de s'enrichir sur le dos des habitants, dépossédés de la richesse du pays, de leurs droits et de leur culture.

C'est un cri de colère pour cet auteur de romans flamboyants sur son pays de bâtisseurs, de fondateurs d'une culture unique et d'une aura universelle.

Aujourd'hui les membres du pouvoir se partagent les richesses, la corruption bat son plein, la Syrie est maître à bord ainsi que la mafia.

La démocratie est bafouée.

C.M. nous replonge dans le Liban de son enfance, agréable à vivre dans les parfums et le chant des cigales.

La sensibilité humaniste de ce romancier nous laisse espérer, demain peut-être ??!!

Un signal d'alarme courageux.

Courts chapitres d'un vécu à chaud ainsi qu'une douceur de vivre dans un monde ancien qui bascule dans le vide.
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Beyrouth 2020 : Journal d'un effondrement

Cela commence par le journal d'un écrivain libanais sur l’état déliquescent de son pays pour se terminer par un témoignage poignant sur la terrible explosion qui ravagea le port et une partie de la ville de Beyrouth le 4 août 2020.

Le propos oscille tout du long entre espoir et désillusion, entre résignation et révolte. Un témoignage précieux sur l'état alarmant d'un pays qui aurait tout pour bien faire...
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