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Citations de Charles Bertin (89)


Ma grand-mère ne possédait aucune culture littéraire. Soumise dès la naissance aux lois d'un milieu social qui considérait la lecture comme un luxe interdit aux femmes, mariée très jeune à un homme qui ne s'intéressait qu'à sa profession, bientôt chargée d'enfants, elle avait passé sa vie à sécher sur pied dans une grande faim d'évasion mentale entre les tyrannies de la marmaille et les urgences du pot-au-feu, pour se retrouver, la soixantaine venue, avec une voracité intacte, des loisirs inattendus, et tout aussi ignorante qu'à vingt ans.
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On vous a reproché de prendre vos illusions pour des réalités, mais c'est à force de faire une réalité de votre désir que vous m'avez enseigné la poésie.
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on vous a reproché de prendre vos illusions pour des réalités, mais c'est à force de faire une réalité de votre désir que vous m'avez enseigné la poésie
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On vous a reproché de prendre vos illusions pour des réalités, mais c'est à force de faire une réalité de votre désir que vous m'avez enseigné la poésie.
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Enfin, elle commençait à parler. D'une voix assez basse d'abord, comme si elle avait à forcer quelque interdit de sa nature pour se désenliser du silence.
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C’est ainsi que le nom de Bruges a conservé dans mon esprit une connotation festive si intense qu’aujourd’hui encore je ne puis l’entendre prononcer sans un frisson de bonheur, comme si, par-dessus un gouffre de soixante-dix années, il avait le pouvoir de rendre la vie à cet univers de poésie et de liberté auquel le visage de ma grand-mère est si ardemment associé. Depuis ma petite enfance, je lui ai toujours attribué une dignité particulière dans l’aristocratie des mots qui, au-delà de l’étroite signification que leur prête le consentement général, enrichissent le tissu sensoriel du langage de tout un trésor de saveurs, de couleurs et de parfums : la seule magie de sa consonance suscite en moi le sentiment d’une complicité exultante entre l’idée de ville et celle de volupté, de velours et de vacances.
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(...) Bruges était pour moi une ville bien vivante. Mélancolique, mais vivante: les morts ne sont pas tristes. J'aurais été incapable d'entamer une discussion sur le sujet, mais ce que j'admirais d'instinct, c'est la dignité rêveuse avec laquelle la cité assumait la déchéance dont la sévérité de l'Histoire l'avait frappée. (p. 63)
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Celui qui prend la peine de gagner des quartiers moins fréquentés, à l'heure où le silence n'est plus troublé que par la rumeur lointaine de la cité et le tintement de quelque cloche dans une église de faubourg, aura peut-être la chance d'accueillir, au long d'un quai bordé par des eaux mortes ou sur le seuil d'une place où sommeillent quelques maisons sans âge, le souvenir poignant des anciens jours: c'est comme une bouffée de musique ténue, un concert de brume aux flambeaux qui affleure à la surface du passé, la vocalise d'une vie antérieure de bonheur insoucieux à peine modulée sur l'écran de la mémoire.
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J’ai toujours éprouvé le sentiment que le bonheur de vivre s’enrichissait d’une stimulation insolite sous son toit. Si bien qu’après plus de soixante années, la maison et le jardin de Bruges demeurent auréolés dans ma mémoire d’une grâce d’élection particulière : celle des lieux où l’ajustement parfait des êtres et des choses nous ménage une connivence avec les puissances de l’invisible.
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Elle mettait une sorte de coquetterie désespérée à se comporter comme si rien n'allait changer dans notre vie. Mais je l'aimais assez pour savoir que cet adieu à sa maison et à nos vacances en commun équivalait pour elle à la fin de toutes choses. (p. 109)
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Ce que je ne savais pas encore en lisant pour la première fois les pages dorées d'Elie Faure, c'est que ce philosophe à la culture vertigineuse, cet historien qui dominait l'aventure des races et des peuples, ce poète qui jonglait avec l'art de tous les pays et de tous les temps et traitait les civilisations comme des phénomènes lyriques de la France, n'était pas un esthète filant ses longs loisirs dans quelque gentilhommière de province, mais un petit médecin de quartier parisien, sans fortune, accablé de mille devoirs épuisants, qui ne trouvait pas facilement éditeur, et qui, quand il rendait visite à un malade, s'arrêtait parfois dans l'escalier pour prendre des notes sur ses manchettes. (p. 122)
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Le baiser que ma grand-mère me donnait au seuil de la nuit était un rite de bonheur auquel je n'aurais renoncé pour rien au monde.
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Le respect sans limites qu'elle nourrissait à l'égard de toutes les expressions de la culture s'étendait naturellement à ses instruments. (...)
Le volume à l'aigrette de pissenlit semée au vent représentait pour ma grand-mère une manière d'oracle qui était censé avoir réponse à tout. Elle le consultait non seulement pour apaiser ses anxiétés orthographiques lorsqu'elle entreprenait d'écrire à l'un de ses multiples correspondants, mais chaque fois que la vie lui posait un problème dont la solution ne se trouvait pas dans son livre de cuisine. Elle entretenait avec lui les rapports de déférence précautionneuse qui unissent une dévote à son missel, et elle savourait le texte de ses définitions comme autant de friandises. (p. 48)
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Il y avait une extraordinaire photo de sa famille, prise à la ferme en 1886, à l'occasion des noces d'or des parents de Donatienne. [..]
J'ai beau passer tous les visages en revue : je ne découvre pas un sourire. Il paraît que j'ai tort de m'en étonner. Une photographie de ce genre était un événement qui marquait dans l'histoire d'une famille et qui ne prêtait nullement à rire : " D'ailleurs, conclut doucement ma grand-mère, il n'y en a pas eu d'autre. Pour la plupart de ces gens, cette image est la seule trace qui demeure de leur passage sur la terre. "
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Quand elle ne dévaste pas l'homme dans ses profondeurs et qu'elle se borne, comme la rémission quotidienne du sommeil, à lui imposer une pause dans l'incessant courant de la vie, la maladie est sans doute une grâce, puisqu'elle exile un temps notre raison.
La docilité et le désoeuvrement auxquels elle nous contraint, l'altération momentanée du pouvoir d'user sottement des facultés de notre esprit, la stimulante note d'alarme qu'elle fait résonner en nous, créent dans l'âme cet espace de silence où il nous est donné d'entendre le son de notre propre voix.
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Si jeune que je fusse, je ressentais déjà l’angoisse que j’ai éprouvée toute ma vie devant l’écoulement du temps et la fragilité des choses heureuses.
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Le baiser que ma grand-mère me donnait au seuil de la nuit était un rite de bonheur auquel je n’aurais renoncé pour rien au monde. A l’heure où, ma fenêtre ouverte sur la soirée d’été, la pénombre qui envahissait ma chambre m’obligeait à délaisser mon livre, je m’astreignais à rester éveillé jusqu’au moment où j’entendais son pas dans l’escalier. Je fermais alors les yeux pour simuler le sommeil et savourer en silence la caresse de la vieille main bosselée et sèche qui m’effleurait le front tandis qu’une bouche bien-aimée cherchait ma joue dans le noir.
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Cette forme adoucie et policée du désespoir qui s'appelle la nostalgie.
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Il était évident que les femmes s'étaient très vite adaptées à la situation nouvelle qui leur était faite. Au sein d'un univers bouleversé, elles incarnaient, toutes manches retroussées, la permanence essentielle de la vie. Il faut du temps pour le désespoir et le temps est ce qui leur manquait le plus. On verrait à pleurer plus tard.
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Cette nuit, l'envie m'est venue de dire bonjour à ma grand-mère. Ce n'est pas la première fois qu'elle me manque, mais je n'avais jamais éprouvé avec autant d'insistance le besoin de la revoir. Comme elle est morte depuis près un demi-siècle, j'ai pensé qu'il était préférable de me mettre en route toute suite : j'avais déjà un pied hors du lit quand je me suis réveillé pour de bon.
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