Citations de Chögyam Trungpa (81)
Très simplement, l’idée des voeux de refuge est de devenir bouddhiste. Cela implique que l’on ignore les chemins de traverse. A partir du moment où vous prenez les voeux, vous prenez un chemin étroit et direct. Vous n’êtes plus fasciné par les chemins de traverses, fini le lêche-vitrines. Plus question de chercher autre chose dans le commerce.
Sans le moindre doute, la méditation est la seule voie pour nos débuts sur le sentier spirituel. C’est la seule voie. LA voie.
La méditation est un moyen de réaliser la vérité fondamentale, selon laquelle nous pouvons nous découvrir nous-mêmes, nous pouvons travailler sur nous-mêmes. Le but est le chemin et le chemin est le but. Il n’y a aucun autre moyen d’atteindre la santé fondamentale que la pratique de la méditation. Absolument aucun. La preuve en est que durant deux mille cinq cents ans depuis l’époque du Bouddha, les gens ont atteint la libération au moyen de la pratique de la méditation. Ce n’est pas un mythe. C’est la réalité. Cela a vraiment existé; cela a marché, cela s’est produit, cela marche, cela se produit. Mais sans la pratique de la méditation, pas moyen.
Eh bien nous y voici – perdre notre temps. Elle est bien bonne, celle-là, perdre notre temps. Donnons du temps au temps. Qu’il soit perdu. Créons du temps vierge, du temps non contaminé, du temps inaltéré par l’agression, la passion et la vitesse. Créons du pur temps. Asseyons-nous et créons du pur temps ».
« Je veux que vous pensiez à l’importance de perdre du temps assis, à ralentir, à devenir comme un rocher. C’est le premier message du Bouddha"
Le terme sanscrit est samyak-sambuddha, ce qui signifie Éveil sans aucun repère. Aussi est-il impossible de savoir si vous avez réellement atteint l’éveil ou non. Vous êtes (…). Cela ne s’arrête pas, c’est toute l’affaire. L’éveil est éternel. Cela n’a pas de fin. Je veux dire que c’est précisément ce qui se passe avec la libération – une fois que vous êtes libéré, c’est pour toujours. Parce qu’il n’a pas de fin, il n’a pas de début, et il est.
le sens ultime de la passion est la communication, créer des liens, des relations. Il renferme donc une sorte d'espace ouvert, la possibilité de communiquer.
L’inespoir n’arrête pas ; il est très vigoureux, c’est une grande source d’inspiration. Il chatouille l’esprit comme si nous étions sur le point de découvrir quelque chose. Au moment de la découverte, nous disons: « Ah, enfin, j’ai trouvé !… Ah, non. C’est la même rengaine qui rapplique. »
Nous nous sommes engagés dans la souffrance consistant à nous exposer, à nous déshabiller, à donner notre peau, nos nerfs, notre cœur, notre cerveau, jusqu’à ce que nous soyons offerts à l’Univers. Rien ne doit rester. Ce sera terrible, crucifiant, mais c’est comme ça…
Dans la méditation shamatha, le champ de notre attention s’étend naturellement et notre ouverture d’esprit se développe. On devient plus stable et aussi plus enjoué – libéré de l’agitation.
C’est pour cela qu’on l’appelle shamatha, demeurer en paix.
Lorsque l’esprit raisonnant ne s’attache plus et ne saisit plus, on s’éveille à la sagesse avec laquelle on est né, et l’énergie compatissante surgit dans toute sa simplicité.
Aussi ce livre ne s'adresse-t-il pas seulement à tous ceux qui vont mourir ou qui sont déjà morts, mais aussi à tous ceux qui sont déjà nés (Commentaire de Chögyam Trungpa, p. 24).
On va simplement de l'avant et on présente la vérité sans la moindre crainte. On peut être qui l'on est de manière très directe et ordinaire. La tendresse amène la simplicité et le naturel, c'est presque comme être simple d'esprit. On ne veut pas devenir un guerrier retors, savoir tirer des astuces de son chapeau et anéantir les arguments de ceux avec qui on n 'est pas d'accord. Ça ce n'est ni se cultiver soi-même, ni prendre soin des autres. Un tel comportement détruirait toute possibilité de société éveillée. Il n'y aurait alors aucune société, seulement des gens épars. Au contraire, les guerriers sans peur de Shambhala sont des guerriers très ordinaires, à l'esprit simple. Voilà le point de départ pour développer la vraie bravoure.
Et bien, peut-être devrions-nous nous arrêter là. J'espère que nous pourrons rattacher ce que nous avons appris dans ce séminaire à notre expérience personnelle. J'espère de tout cœur que cela nous épargnera des frais supplémentaires de sorte que nous n'ayons plus à faire des courses ni à dépenser davantage d'argent.
nous ne faisons pas confiance à notre individualité. C'est l'un de nos problèmes les plus graves. Nous prenons peur dès la moindre rupture avec un mode de pensée conformiste.
[C]ette supposée nécessaire intériorité, cet appel à l'introspection, sert souvent d'alibi à un nombrilisme forcené.
Pourtant celui qui vit dans la détresse d'être sans amour, seul ou avec quelqu'un qu'il ne supporte plus, celui qui a plus de cinquante ans est mis à la porte de l'entreprise pour laquelle il a sacrifié tant d'années et qui ne sait ce qu'il doit faire de sa vie, celui qui se sent désormais inutile et rejeté, ou celui qui découvre qu'il est atteint d'une maladie mortelle, peuvent certes tenter de trouver dans la spiritualité un réconfort – mais un tel réconfort est-il en rapport réel avec leur situation ?
Cette spiritualité qui vise à une maîtrise plus efficace que celle proposée par le monde ordinaire est tout à la fois arrogante – dans la manière hautaine dont elle considère ceux qui ne suivent pas ces préceptes – et terrible – dans sa prétention à surmonter l'insurmontable. […]
[T]out discours, quel qu'il soit, qui prétend expliquer le mal au lieu d'en faire l'épreuve n'est-il pas, quelque soit son intention, maladroit et même parfois monstrueux ?
Autrement dit, tout appel spirituel qui n'enjoint pas l'homme à regarder ce qu'il est, qui prétend passer outre le malaise inhérent à sa condition ne l'enferme-t-il pas plus cruellement dans l'illusion ?
La force de Chögyam Trungpa est d'être l'un des rares témoins spirituels de notre temps à ne faire aucune promesse – nul ne viendra nous délivrer, comme par enchantement, de nos difficultés. Au lieu de nous prémunir contre la vie, de chercher des forteresses où nous abriter, il faut accepter d'être plus à nu, ouvert. [Fabrice Midal]
Le but général de l'art du guerrier, c'est d'être sans peur. Par contre, le terrain de l'art du guerrier, c'est la peur elle-même. Pour être sans peur, il faut commencer par découvrir ce qu'est la peur.
Certaines personnes se sentent portées à travailler à un niveau purement intuitif ou émotionnel, d'autres pensent que cette approche n'est pas assez fondamentale et veulent travailler au niveau intellectuel ou théorique. Je ne dirais pas que ces deux principes s'opposent, mais plutôt que ce sont deux voies d'accès au sujet. Ce que nous essayons de faire ici, c'est de ne négliger ni l'intellect ni l'intuition mais de les associer. Une véritable compréhension des enseignements doit participer à la fois de l'intelligence et du cœur.
Il me semble qu'on se méprend beaucoup sur le bardo : on le met purement en relation avec l'expérience de la mort, et de ce qui se passe après la mort. L'expérience des six bardo ne porte pas uniquement sur l'avenir ; elle concerne aussi le moment présent. Chaque étape de l'expérience, chaque étape de la vie, est expérience du bardo.
D]'un point de vue authentiquement spirituel, par opposition à un point de vue idéalisé, la société est une arène riche en potentialités et vibrante d'énergie. Cette approche pragmatique, continuant à travailler avec l'énergie de la situation, est le seul point d'accès que nous puissions trouver.
La nature de prajñā se signale d'abord par l'égarement. Mettons par exemple que nous allions dans une école étudier une discipline avec des gens sages et savants. La première conscience que nous aurions serait celle de notre ignorance, nous nous sentirions extraordinairement stupides, maladroits, ineptes. En même temps, nous commencerions aussi à percevoir prajñā – sinon nous n'aurions aucun repère pour nous sentir bêtes.
Le bouddhisme renferme trois codes de discipline : sīla, samādhi et prajñā. La sīla, c'est la discipline ou conduite, une manière méditative de se comporter. Le mot samādhi désigne la pratique de l'attention et de la vigilance : vous pouvez faire l'expérience de la totalité de votre état d'esprit sans distraction. Et la prajñā, ou conscience discriminante, c'est l'état de clarté qui vous permet de distinguer divers états d'esprit ; ces derniers ne vous excitent et ne vous dépriment plus. Ces trois disciplines nous amènent à l'étape suivante : transcender finalement la supercherie du moi, ce qui correspond à l'expérience du non-moi.