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Citations de China Miéville (128)


Ils se retrouvaient pour comparer leurs gnoses, autour d'une chicha dans les cafés d'Edgware Road, dans des pubs de Primrose Hill, ou dans un endroit appelé Almagan Yard. Ils échangeaient les mystères dissidents en un vague concours, comme si ces croyances étaient des cartes Panini.
" Et alors, ton apocalypse ?
- Eh bien, l'univers est une feuille sur l'arbre du temps. L'automne venu, elle se racornira et tombera en enfer.
(Des murmures d'admiration)
- Ah dis, donc, chouette ! Pour mes nouveaux potes, des fourmis vont manger le soleil.
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Alors merde d'accord, je veux bien et je crois que je m'en suis plutôt bien tiré, non ? Et maintenant, juste quand je commence à comprendre les règles de ma vie en tant que Saul, Prince des Rats, tu deviens morose et tu changes de chaîne. Bordel de merde, qu'est-ce qui se passe ? Tu me... galvanises, tu me prépares, pour je ne sais quoi, putain, et puis tu t'écroules. Qu'est-ce que je suis censé faire ?
Le Roi des Rats le dévisageait d'un air méprisant, mais il était mal à l'aise.
- Tu ne sais pas de quoi tu parles, petit con...
- Ne me dis pas ça ! Bon Dieu, Merde, qu'est-ce que tu veux que je fasse ? Putain, est-ce que mon rôle c'est de te pousser au cul ? Est-ce que je suis censé te secouer ? Te remettre en marche ? Alors, va te faire foutre ! Si tu veux rester assis sur ton cul de rat à faire la gueule, très bien.
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Hasser m'a buzzée.
- Comment as-tu eu mon numéro ? ai-je jeté.
- Voyons.
J'avais beau afficher mon meilleur aplomb je-m'enfoutiste d'immerseuse, il ne semblait pas particulièrement impressionné.
- Ce n'est pas dur de te pister. Passe donc prendre un verre.
- Pourquoi le ferai-je ?
- Allez, dit-il. Il y a des gens que tu devrais vraiment rencontrer.
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L'artefact qui avait balayé pendant plusieurs années le plancher de David et Lublamai avait fini par rendre l'âme apparemment. Il chuintait et décrivait des cercles, au moment de nettoyer, faisant désormais des fixations sur des secteurs arbitraires du sol, qu'il polissait comme autant de bijoux. Certains matins, il mettait près d'une heure à chauffer. Il s'engluait peu à peu dans des boucles logicielles qui le faisaient répéter à l'infini des comportements infimes.
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Quand les trois premiers combattants furent transportés par bac jusqu’à l’arène, la foule fut frappée de mutisme. Les Écaillots prirent pied sur le ponton, vêtus de simples pagnes, et se campèrent dos à dos au centre, en triangle.
Ils étaient pleins d’assurance, tous bien découplés, la peau grise, livide sous la lueur du gaz.
L’un d’eux semblait faire face directement à Bellis. Il devait être ébloui par les lampes, mais elle entretint tout de même le fantasme qu’il s’agissait d’un spectacle à elle réservé.
Ils s’agenouillèrent puis procédèrent à des ablutions, en prenant dans des jattes une décoction bouillante couleur de thé vert, dans laquelle on distinguait des feuilles et des bourgeons.
Après quoi Bellis sursauta. De leur récipient, chacun des hommes avait tiré un couteau. Qu’il brandissait là, immobile et dégoulinant. Les lames étaient courbes, les tranchants incurvés comme des crochets ou des serres. Des couteaux à dépecer. Des objets destinés à inciser, à détacher la viande.
Bellis tournait la tête pour demander à Silas : « Ce sont leurs instruments de combat ? » quand le hurlement soudain de la foule attira de nouveau son attention vers la scène. Son propre cri surgit un instant plus tard.
Les Écaillots s’étaient mis à creuser des entailles dans leur propre chair.
Celui qui se trouvait juste en face de Bellis était occupé à souligner le tracé de ses muscles en de sales incisions. Ayant glissé sous la peau de son épaule le bout de sa lame, il lui fit décrire un demi-cercle, dessinant avec une précision chirurgicale une ligne rouge qui reliait deltoïde et biceps.
Le sang parut hésiter un instant, puis il fleurit – en une éructation, surgissant de cette fente comme de l’eau qui bouillonne, se déversant hors de l’homme en de gros jaillissements, comme si la pression qui régnait dans ses veines était incommensurablement plus forte que chez l’humain lambda. Le liquide se précipita le long de la peau en une marée macabre, et l’homme tourna le bras de droite et de gauche en un geste expert, canalisant son propre fluide vital selon quelque schéma impénétrable. Bellis observa, attendant qu’une cascade sanguinolente vienne souiller la plate-forme, mais au contraire ! Époustouflée, elle constata que le sang prenait.
Il surgissait par vagues des blessures de l’homme, sa substance s’accumulant sur elle-même pour monter plus haut, les bords de la plaie s’encroûtant de berges de sang coagulé : de grosses accrétions dont le rouge virait vite au marron, au bleu, au noir, puis se figeait en des dentelures cristallines saillant à plusieurs centimètres au-dessus de la peau.
Celui qui dégoulinait le long du bras était lui aussi en train de cailler. Il gonflait à un rythme inconcevable et changeait de couleur comme une moisissure foisonnante. Les fragments de la matière qui formait cette croûte se figeaient sur place tels du sel ou de la glace.
L’homme plongea une nouvelle fois son couteau dans le liquide vert et, à l’image de ses semblables derrière lui, reprit ses incisions. La souffrance le fit grimacer. Là où il venait de trancher, le sang explosait, se précipitant le long des ruisselets formés dans son anatomie pour composer une carapace abstraite.
– Ce liquide que tu vois là est un soluté qui ralentit la coagulation, murmura Silas à Bellis. Il leur permet de créer la forme de l’armure. Chaque combattant perfectionne son propre modèle de coupure, ça fait partie de leur art. Ceux qui bougent vite se fendent et dirigent le sang de façon à laisser leurs articulations libres, ils se débarrassent des écoulements en trop. Les hommes lents, puissants, s’enrobent de croûtes au point de devenir aussi gauches et aussi lourdement caparaçonnés que des artefacts.
Bellis se fit un point d’honneur de ne pas commenter..
Ces préparatifs macabres et méthodiques demandaient du temps. Chacun des hommes se trancha tour à tour dans le visage, le ventre, les cuisses, produisant un à un des téguments de sang séché : cuirasse, jambière, brassard ou heaume durci, aux bords et à la coloration irréguliers – des extrusions dictées par le hasard, évoquant des flots de lave, qui relevaient tout autant de l’organique que du minéral.
Ce processus laborieux souleva l’estomac de Bellis. La vue de ces armures cultivées si soigneusement dans la douleur l’ébahit.
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China Miéville
J'avais vraiment bien aimé la bande dessinée quand je l'avais lue. J'avais adoré qu'une BD aussi férocement antifascistes ne parodie pas les fascistes. Elle traite au contraire leur état d'esprit de manière très sérieuse. C'est bien trop facile de les rendre absurdement mauvais ou hystériquement ridicules. Je trouve que ce sont là deux approches dangereuses. Parce qu'il faut comprendre le fascisme, ce qui veut dire comprendre son fonctionnement et ses fondements. Et "V pour Vendetta" fait ça très bien.

in "Bifrost n°53"
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Mon moi d’avant est surtout une énigme
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Mais tu as d’autant plus de mérite à être une héroïne que c’était pas ton destin.
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Son absence était une présence immanente. Son manque m’emplissait, de sorte qu’elle ne fouissait pas seulement à travers la terre & la poussière de la Merfer, mais aussi dans mon cerveau, nuit après nuit. J’en sais plus sur elle que je n’en ai jamais su jusqu’ici. Elle nous évitait & ce faisant je m’en rapprochais en un unique & magique mouvement.
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Fremlo le soumit à des tests sur des rudiments de médecine, pour lesquels Sham révéla une telle constance dans la nullité que la réaction en face fut presque plus épatée qu’énervée.
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Saul fit mettre les rats en rang, à la joie de Deborah. il les fit avancer et reculer. Quand il eut fini de crâner et de rendre les rats ridicules pour chasser la peur de Déborah, elle accepta même d'en toucher un. Elle le caressa avec inquiétude pendant que Saul murmurait du fond de la gorge pour maintenir les rats en esclavage, pour qu'il ne s'affole pas, ne morde pas et ne s'enfuie pas.
- Te vexe pas ni rien Saul, mais tu pues, tu sais dit-elle.
- C'est là où j'habite. Renifle encore; ce n'est pas si terrible qu'on le pense au début.
Elle se pencha et le renifla, fronça le nez et secoua la tête pour s'excuser.
- Tu t'y habitueras, assura-t-il.
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Kay était complètement déconcerté. Quelque chose clochait vraiment chez Saul, mais il ne savait pas quoi. Ce type Saul était devenu une sorte de ninja, pour commencer; il s'était éloigné d'un mètre cinquante et il était devenu invisible... Et sa voix... rauque et en même temps... toute proche. (...
Il avait manifestement quelque chose d'un psychopathe ce soir : ses yeux complètement obscurcis, l'intensité de sa voix et de son comportement, et cette odeur... !

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Saul partit par les égouts, tremblant d'inquiétude. tout seul, Saul voyait les égouts comme un monde différent de celui que lui avait montré le Roi des Rats, mais il n'avait pas peur. Il progressait dans un patchwork olfactif et les odeurs de pisse lui racontaient des histoires.
Le rat qui avait pissé ici était agressif et colérique; celui qui avait pissé là était un suiveur; cet autre mangeait trop et son aliment préféré était le poulet.
Saul sentait la ville au-dessus de lui. Il sentait les lignes et les directions l'attirer. il suivit cette géomancie qui le sollicitait.
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Fabian passa au patois, à l'argot américain aux jurons :
Connards de Bambolat de fils de pute de connards de blahdclat de cochons de Blancs de trous du cul de peigne-culs.
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Ez concluait chaque séance sur un effet de suspense, comme si c'était ce procédé qui décidait de l'avidité de l'auditoire. Les Ariékans auraient écouté de façon aussi assidue s'il avait exposé en détail les droits de douane, les arrêtés locaux sur les normes de construction, des rêves ou des listes de courses.
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- Parolic, c'est qui ?
Il a aussitôt levé la tête.
- On en est vraiment là ? Dis donc. Doux Pharotekton ! (Il a lissé sa chemise.) Je me demandais, justement. Je soupçonnais bien que c'était ça le problème, mais... Mais on finit par douter, a-t-il expliqué en secouant la tête. C'est dur à croire, hein ?
Il n'existe personne du nom de Parolic. Des paroliques, si. C'est un adjectif substantivé. Qui veut dire "drogué".
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Dans l’immense cocon crissant, des processus extraordinaires avaient débuté.
La chair gainée de la chenille avait entrepris de se déliter. Pattes, yeux, piquants et segments de corps perdaient leur intégrité. Le corps tubulaire devenait fluide.
La chose faisait appel à l’énergie tirée de la colombine pour alimenter sa transformation. Elle s’auto-organisait. Sa forme en cours de mutation bouillonnait et enflait au sein d’étranges crevasses dimensionnelles, suivant, puis rebroussant chemin par-dessus le rebord du monde telle une bourbe huileuse. Elle se repliait sur elle-même, façonnant son propre aspect dans la glèbe protéiforme de sa matière de base.
Elle était instable.
Elle avait été vivante, et puis il y eut une période entre deux formes où elle ne fut ni vive ni morte, mais saturée d’énergie.
Après quoi, elle fut en vie de nouveau. Mais différente.
Des spirales de soupe biochymiques se sculptèrent soudain. Des nerfs qui s’étaient déroulés et dissous se lovèrent de nouveau en autant d’écheveaux de tissu sensoriel. Les traits fondirent et se reconstituèrent, formant des constellations étranges, nouvelles.
La chose se plia en deux, saisie d’une angoisse naissante et d’une faim rudimentaire, mais croissante.
Du dehors, rien n’était visible. Ce violent processus de destruction et de création était un drame métaphysique qui ne se jouait pour personne. Il se dissimulait derrière un rideau opaque de soie fragile, cosse qui cachait ce changement en une pudeur brute, instinctive.
Après la lenteur et le chaos de cet effondrement formel, il y eut un bref instant où la chose qui se trouvait dans le cocon fut figée dans un état liminal. Et puis, en réponse à d’impensables marées de chair, elle se mit à se reconstruire. De plus en plus vite.
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C'était cela qui les attirait ici, cette énorme chose rosâtre. Tant pis pour son immobilité, pour les plaies ralenties de sa décomposition, pour les peaux mortes qui troublaient sa solution. Tant pis si ses yeux s'étaient racornis au point de disparaître et si son écheveau de membres se tordait en un arrachement apparent... Peu importe, ils venaient pour lui.
Il resterait suspendu là,tentaculé, sépia, phénomène physique énorme jusqu'à l'absurde.
Le calmar géant.
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"Kraken, de toute ta portée, toi qui tâtes le monde pour le comprendre, tâte-moi et comprends-moi, moi, ton enfant insignifiant, maintenant."
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Dans le poussier brûlé pour réchauffer des amants à l'agonie, les crématoriums déchargeaient parmi les volants les cendres des testaments consumés par des des exécuteurs jaloux. Des milliers d'ignobles fantômes de fumée enveloppaient Nouvelle-Crobuzon d'une pestilence aussi suffocante que la culpabilité.
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