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Critiques de Chloé Delaume (498)
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Phallers

" Schboum Schboum splotch"

C'est le bruit des phallus qui implosent dans la fable féministe de Chloé Delaume, une fable que je qualifierai pour ma part de provocatrice, hilarante, jubilatoire, sanglante, cinglante et d'un mauvais goût absolument savoureux.



Violette, une ado de 17 ans au prénom de victime, est violée par son beau-père depuis plusieurs années. Un beau jour, sous le coup de la fureur, elle transforme le pénis de son violeur en "un geyser de viande hachée". Sidérée, elle s'enfuit et elle est repérée dans un centre commercial où elle expérimente à nouveau son super-pouvoir face à un harceleur.

Elle est alors amenée dans une communauté secrète de femmes dirigée par Sidonie et Marcia dont l'objectif est de combattre les discours masculinistes et surtout d'utiliser leur mystérieux pouvoir pour punir les violeurs.



L'idée de Chloé Delaume est simple : puisque rien ni personne ne peut dissuader les violeurs, il faut supprimer l'objet du délit.

Certes l'idée d'une castration n'est pas nouvelle : qu'elle soit chimique ou plus violente. Le projet de les faire imploser grâce à un pouvoir magique mystérieusement acquis par des femmes de tous âges, est d'une démesure plutôt burlesque.

En s'inspirant de l'extrémisme de Valérie Solanas, la proposition est de retourner la violence des hommes contre eux. A contre-courant d'une culture millénaire, elle choisit : "Dans les films de genre, les slashers ou les films gore, le corps de la femme est souvent mis à mal, j’avais envie d’inverser la vapeur."



Si la communauté est souvent tournée en dérision ( l'uniforme, l'organisation sectaire de la sororite, les fantasmes autour du don), les discours sur la culture du viol sont totalement pertinents.

Chloé Delaume étaye sa démonstration en présentant un épisode sidérant de "Maguy" , une série diffusée dans les années 1980 pour un public familial en début de soirée. Dans l'un des épisodes, l'héroïne est violée dans son jardin par un jeune homme qui prétendra avoir agi par amour. Tout est fait pour que ce viol soit vu comme un ressort comique, de la jalousie du mari au racisme de l'inspecteur jusqu'aux soupirs romantiques de la victime. Les rires enregistrés parachévent la violence de cette scandaleuse mise en scène.



Certes l'exemple est saisissant mais trop daté pour s'adresser à toutes les générations. L'autrice corrige alors sa trajectoire en se connectant sans ambiguïté sur l'actualité et en désignant des prédateurs de manière transparente. En écho avec le festival de Cannes et des révélations récentes, le monde du cinéma n'est pas épargné. Réalisateurs et acteurs sont désignés, et on reconnaît aisément Depardieu, première victime de la désopilante cérémonie des Alpha Awards.

"Après un bref laïus vantant son animalité à l'écran, sa truculence sur les plateaux et sa réputation de jouisseur, Sidonie l'appelle et l'accueille à ses côtés. L'illustre acteur accusé de viols et d'agressions sexuelles la rejoint en cabotinant tandis qu'elle achève son discours "

En jouant de complicité référentielle avec ses lecteurs, elle peut alors se permettre de jongler entre fantaisie et sarcasme et surtout elle peut s'autoriser la démesure gore de l'émasculation.



D'autant plus facilement que son portrait des masculinistes du club des Virilitas offre un décalage total avec les aspirations contemporaines et envoie des signaux archaïques: cigares, tweed, whisky, chasse et dorures, prostituée et rap sexiste. Les membres de ce club viriliste ne peuvent que justifier leur propre mise à mort, celle du patriarcat.

"Charles se dit saturé par les mots respect et limites. Il ne peut s'exprimer librement sans être traité de mâle blanc bourgeois de plus de cinquante ans et ne sait que faire de ses deux mains en présence d'une femelle. A quoi bon le pouvoir, si ce n'est pas pour en jouir ? "



Avec un sens certain de la formule, mais sans prétention littéraire, Chloé Delaume livre une fable militante et drôle qui relève également du pamphlet. Si l'humour et l'auto-derision permettent de faire passer le message, celui-ci est bien présent, argumenté, référencé et connecté avec la société actuelle.



Enfin la fable délivre sa morale, un pari sur l'avenir qui ne peut que nous séduire.

"Elles ne pourront pas empêcher la planète de mourir mais elles rendront, malgré les cendres, la canicule, les incendies, l'air enfin respirable. Peut-être inventeront-elles un monde totalement inédit ? Une société où les hommes auront cessé de violer. Il est fort à parier que dès lors d'autres systèmes d'oppression tomberont. Après tout, on ne sait pas encore ce que c'est, une société où les hommes auront cessé de violer. "
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Phallers

On tranche dans le vif.

Catharsis. Purger l’âme de ses passions. Le propos n’est pas subtil, il cherche à libérer par le sang.

Renversement de l’attaque, de la blessure et de ses conséquences. Je ne le prends pas comme un fantasme, et l’autrice non plus, il me semble.

Me rappelle quand Thelma et Louise firent exploser le camion citerne, et les hourras qui éclatèrent dans la salle de cinéma (puis nous arrivâmes, consterné.e.s, devant la fin du film : le réalisateur avait cru bon de mener les héroïnes au suicide pour clore son propos... )

Se lit très vite.
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Phallers

Qu’inventer pour que les hommes cessent de violer ?

Chloé Delaume joue avec l’ancestrale terreur des uns et le fantasme vengeur des autres et cultive son aspiration à la sororité pour concocter une bonne blague plus fine que l’apparence des masques derrière lesquels elle gratte sans relâche. Et il y a de quoi rire.
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Pauvre folle

"...l'époque s'appelle Trop Tard..."



Chloé Delaume est drôle, c'est elle qui le dit. Ses romans le sont de plus en plus. Elle est entrée dans la littérature par l'auto-fiction abrupte, mais son dernier roman* se donnait des faux airs de "chick litt" pour s'adresser aux filles d'aujourd'hui.

Ici, elle assemble les deux dans une auto-fiction de l'empowerement.

Clotilde Mélisse (avec un nom pareil, elle pourrait être une amie de Fantômette!) est une quinqua "zinzin" en mal d'amour à la recherche d'un partenaire "hors des clous". Un voyage en train sera prétexte à une auto-psy à grands coups de scalpel dans son cerveau.

Dans Clotilde il y a du Adélaïde, sa précédente héroïne, dans les deux, il y a du Chloé. Et c'est chouette.



Mon premier Delaume c'était il y a bien longtemps, nous avons le même âge, je nous épargne les chiffres. Cette rencontre littéraire fut compliquée, de son fait, elle se voulait difficile d'accès, avec succès.

Chloé (vous permettez que je l'appelle Chloé, prénom donné à ma fille pour la même raison qu'elle s'est baptisée ainsi) c'est la copine qu'on aimerait avoir. Une fille un peu paumée, cabossée, lettrée et pleine de contradictions qu'elle tente de faire coexister même s'il semble bien compliqué pour une féministe d'être pour autant une romantique.



Pauvre Folle revient une nouvelle fois sur le passé fondateur de Chloé, personnage de fiction, autrice, et surtout, sur son amour des mots.

(Là, nous pourrions avoir un point de friction, la poésie me laisse de glace, peut-être suis-je insensible aux virgules ?)



"C'est plus que le grand amour, c'est de la poésie."

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Pauvre folle

Voici le premier roman que je lis de Chloé Delaume et je ne suis pas déçue, en d'autres termes j'ai vraiment adoré ! Son style est unique, une écriture à la fois très poétique, et parfois crue, elle ne passe pas par 15 chemins pour dire les choses.



Le temps d'un trajet en train, Clotilde Mélisse (le double fictif de Chloé Delaume) décide de réfléchir à son histoire d'amour impossible avec un homme, de quoi remettre en question sa vie et de se remémorer ses souvenirs du passé. Ainsi elle cherche "à reconstituer un puzzle fait de fossiles et de désir conflit en éternel retour [...] qui mêle la poésie à l'amour absolu". Elle fait une autopsie de son cœur et se met à nue. On est bien loin de la figure audacieuse et confiante qu'elle donne d'elle hors de ses livres, ici Clotilde se montrera vulnérable !



A commencer par le féminicide dont elle est témoin, son père tuant sa mère puis menaçant de la tuer avant qu'il ne se suicide. Elle parle alors de sa difficulté face à la résilience de cette société, face aux suicides, aux féminicides, certaines failles ne peuvent jamais se fermer et les victimes ne sont pas des héroïnes. Ces réflexions diverses sont profondes et sociétales... et cela fait du bien ! Elle met des mots sur ce que l'on pense sans retenue avec des mots simples. Pour preuve le chapitre sur la petite typologie du mâle hétérosexuel post #Metoo où j'ai admiré son absence de censure mentale pour écrire une telle chose. C'est vraiment un livre réconfortant en ce sens, qu'elle ne laisse pas le patriarcat lui créer une barrière mentale et la réfréner.



Elle met en avant aussi ses failles en amour, car on a beau prôner le féminisme, l'indépendance, le célibat cela n’empêche pas de tomber follement amoureuse dans une relation qui ne mène nulle part. Elle explore ainsi sa relation impossible avec Guillaume dit le "Monstre", ses rêves de clairières et de falaises où s’épanouirait leur désir. Ces passages sont justes sublimes, si poétiques et oniriques ! A deux, Clotilde et le Monstre ont l'air de quitter leur enveloppe terrestre. L'écriture semble être à la mesure de l'intensité des sentiments de Clotilde.



J'ai adoré me plonger dans ce livre qui est une ode au pouvoir de l’écriture pour cicatriser les plaies et soigner son cœur. Je vais m'empresser de lire ces autres livres !
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Le Coeur synthétique



Adélaïde est âgée de 46 ans. Elle vient de quitter son compagnon et se sent prête pour vivre. Elle devient vite obsédée par le fait de rencontrer un autre homme et de se marier avec…



« L’amour c’est quand deux solitudes se reconnaissent au point de s’embrasser. »



« L’amour c’est quand deux solitudes se complètent sans se dévorer. »



« L’amour c’est quand deux solitudes se surprennent à s’en faire trembler. »



Un roman à la fois drôle, amusant, avec de belles réflexions. Une lecture parfaite avec ces journées printanières qui arrivent enfin ! Un moment de lecture qui fait un bien fou ! Si bien, que je n’avais pas envie de quitter Adélaïde, ses amies et ses amants !

À lire sans aucun doute, pour vraiment passer un bon moment de détente !
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Phallers

Avec Phallers, l’autrice de « Pauvre folle« revient avec un roman aussi puissant que drôle, où les femmes ont le pouvoir de faire exploser des phallus.
Lien : https://www.madmoizelle.com/..
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Lettres aux jeunes poétesses

Recueil de 21 textes de poétesses francophones qui avaient pour thème d'écrire une Lettre à une jeune poétesse, à la façon de Rilke et de ses Lettres à un jeune poète.



Certaines font partie du collectif RER Q (Wendy Delorme, Elodie Petit, Etaïnn Zwer, Rébecca Chaillon, Camille Cornu, Claire Finch), et les autres sont Chloé Delaume, Sonia Chiambretto, Adel Tincelin, Rim Battal, Liliane Giraudon, Ryoko Sekiguchi, Nathalie Quintane, Milady Renoir, Sophie G. Lucas, Marina Skalova, Lisette Lombé, Edith Azam, Ouanessa Younsi, Sandra Moussempès et Michèle Métail.



Chacune évoque son parcours de poète souvent semé d'embûches, de préjugés, de discrimination, mais aussi encourage les jeunes femmes voulant faire de la poésie à ne pas abandonner leur rêve, ne rien lâcher, peu importe les avis de l'entourage, se faire confiance, s'entraider, faire preuve de sororité, rester optimiste, écrire sur tous les sujets qui nous touchent, sur son vécu.



Belle collaboration entre celles que je connaissais (Chloé Delaume, Rim Battal, Lisette Lombé, Sandra Moussempès) et toutes les autres que je découvre ici.

Elles ont chacune leur propre style, leur personnalité, ce qui donne des textes drôles, engagés, féministes, touchants, des performances intéressantes.
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Phallers

Voilà un petit bouquin qui vaudrait bien 5 étoiles rien que pour son trigger warning hilarant ! Merci Chloé de penser à nous, petites choses fragiles !



Et si certaines femmes, par la grâce du fantastique, devenaient des super-héroïnes ?



Une bonne blague, (zut, c'est juste une blague ?) sans beaucoup plus de prétentions, mais qui m'a bien fait rigoler !



… Et derrière la blague… toutes les sept minutes !
Lien : https://www.noid.ch/phallers/
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Phallers

Phallers, une courte fable jubilatoire publiée aux éditions Points féminismes.
Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
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Phallers

C’était absolument et incroyablement trop bien ???



L’histoire d’une communauté de femmes capables de faire imploser les phallus des mâles alphas.

C’est misandre as fuck et plein d’hémoglobine et d’humour.

Ça explose de sororité.



C’est juste génial et jubilatoire : FONCEZ !!!
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Phallers

Avec une courte fiction spéculative à l'humour anti-masculiniste, la romancière offre un spin-off à son superbe Pauvre Folle.




Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
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Sororité

Un recueil sur le concept de sororité en France qui a le mérite d’exister et qui donne la parole à des femmes connues et moins connue dans le domaine artistique et intellectuel. Une certaine diversité dans le choix de ces femmes qui ont toutes droit à un chapitre sous forme de récit autobiographique, de chanson, d’opinions etc, sur la notion de sororitè. Cela manque, à mon avis, de diversité géographique et les points de vue ne vont pas tous résonner de la même manière en chacune d’entre nous. Grave à ce recueil, j’ai découvert Maboula Soumahoro que je prendrai plaisir à lire plus en profondeur.
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Mes bien chères soeurs

Des centaines de formules, souvent brillantissimes,, presque toujours haineuses, enfilées sans pause les unes derrière les autres. Un déluge, un délire verbal à l’encontre du «papatriarcat ».



Bon, ce doit être un nouveau genre littéraire. Quelque chose entre l’imprécation et la vaticination prophétique. Moi, en tout cas, ça m’échappe.



Mais qui peut vraiment lire ce brûlot jusqu’au bout sans risquer l’asphyxie?

On a envie de dire à Chloé Dalaume: Eh! Oh! Tout doux! On se calme.
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Le Coeur synthétique

Ce roman raconte le nouveau départ de la protagoniste principale, Adélaïde, 46 ans. Suite à une rupture, elle se retrouve dans un nouvel appartement, plus petit, sans repères, avec un défi de taille : chercher l'amour.

Elle essaie donc de mener de front sa vie professionnelle (elle est attachée de presse dans une maison d'édition), ses amours et les liens très forts qu'elle a avec ses amies, une sororité indispensable qui l'aide à tenir dans l'adversité.

Le style de l'autrice m'a touchée car elle combine empathie et dérision pour nous conter les peurs de cette femme : une vie de solitude, la vieillesse, l'échec.

Ce roman peut sembler un peu superficiel ou léger mais je crois qu'il aborde des sujets de fonds sur le regard de la société sur les femmes et leur vieillesse, sur une certaine vision de ce qui est beau ou désirable, ou encore sur la délicate question de l'engagement dans le couple.

Un très joli roman donc, à la fois poétique, sensible, et incisif mais sans jamais tomber dans l'excès d'aigreur ou de pathos.

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Pauvre folle

J'ai adoré cette lecture, j'ai dévoré le livre et eu l'impression de lire dans un cocon.



Il y a une écriture particulière, c'est vrai, mais au final, je l'ai trouvée très poétique, douce à l'oreille.



Ce roman est sorti à la rentrée 2023, durant la fameuse "rentrée littéraire". J'avais vu la couverture passer, elle m'avait interpellée. Pourquoi la couronne? Pourquoi cette mise en scène dans l'escalier? Pourquoi tout ce bleu?



Après ma lecture, j'ai été écouter Chloé Delaume, dans l'émission Grand Canal, sur France Inter, du 6 Septembre 2023. Elle est très agréable à écouter, et son discours accessible.



J'aime finalement beaucoup son univers.



Le titre de l'émission radio indique "récit autofictif empreint de réalisme magique", et c'est tout à fait ça.



La Clotilde du livre, c'est Chloé.



Les premiers chapitres sont fondateurs et nécessaires pour comprendre la psyché de Chloé / Clotilde, fondée sur le traumatisme vécu dans son enfance.

L'autrice explique clairement avoir voulu, dans ce roman, faire un écho entre les histoires d'amours adultes et les blessures d'enfance. Selon elle, nous rejouons dans nos histoires d'amours nos traumatismes enfantins, et je suis assez d'accord. Ici, le traumatisme de Chloé va favoriser le déni, lorsque va s'installer son histoire d'amour toxique avec Guillaume. La résilience ne sera d'aucune aide, il faudra à Chloé le temps d'un voyage en train pour analyser cette histoire d'amour afin de la regarder dans son ensemble, au regard de son traumatisme fondateur, pour pouvoir en guérir.



Le roman essaie de rendre compte de ce déni, de cette emprise, qui va permettre à Chloé d'enchanter la relation d'emprise, et de supporter la toxicité de Guillaume. Il est important pour l'autrice d'analyser ce déni, car il va à l'encontre de ses principes: Elle est exclusive, elle rejette les hommes (misandrie, liée à son histoire familiale), et pourtant, son déni va l'amener à accepter d'être la femme de l'ombre.



Un petit mot sur la misandrie exprimée par Chloé Delaume: Elle insiste bien, ce n'est pas une haine essentialiste envers tous les hommes. Elle n'a rien contre les hommes en tant que "personnes". Mais c'est une "lassitude" de comportements masculins récurrents dans notre société, un rejet du patriarcat.



Dans son livre, Chloé raconte que suite à son traumatisme d'enfance, elle a rejeté le réel, s'est réfugiée dans la poésie, et la magie. Elle a cru que la poésie, qui lui permet de faire revivre sa mère, aurait le pouvoir de faire plier le réel. C'est un énorme désenchantement pour elle de réaliser que, non, la poésie ne peut modifier le réel, elle peut uniquement le réenchanter.



Dans l'émission de radio, elle dit cette phrase rigolote: "le réel essaie de me joindre, mais il n'y a personne".



Je ressens souvent ce décalage entre réel et ma "fiction intérieure", et tout ceci me parle énormément.



Elle raconte également que son premier jet de la scène du coup de foudre avec Guillaume était raté, mièvre, et qu'elle a été relire l'écume des jours de Boris Vian pour pouvoir réécrire sa scène de manière plus féerique et magique.



J'ai beaucoup aimé ses portraits, vers la fin du livre, des types d'hommes post metoo. C'es très bien vu.



J'ai beaucoup accroché avec l'idée que nos souvenirs ont chacun une forme et une couleur différente. Certains vont être doux et sucrés, d'autres vont être noirs et aiguisés, les convoquer fait mal. C'est une jolie idée.



Chloé Delaume parle également dans l'émission radio de cette scène très amusante dans laquelle elle va convoquer tous ses "moi" intérieurs pour réfléchir à sa situation avec Guillaume. C'est finalement Relouta, son moi de 15 ans, qui trouvera la solution.

Je pense que c'est très bien vu. J'ai également plusieurs "moi", à mes âges différents, que je convoque régulièrement, pour voir une situation sous leurs angles = > Je pensais cela normal, rassurez moi, le faites vous aussi?



Je recommande cette lecture, il y a un univers très fort chez Chloé Delaume, qui me parle beaucoup. Elle propose quelque chose ici, qui me plait énormément.
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Sororité

14 textes de différentes autrices, en ayant comme point commun la sororité. Les textes sont plus ou moins longs. Certains ne font qu’une pages ou deux et d’autres plus de 20 pages.

Chaque texte est fort et résonne de façon différente selon l’expérience de chacun. Il y a qu’un ou deux texte que j’ai un peu moins apprécié, mais dans l’ensemble ça fait réfléchir.

Maintenant, j’aimerais bien découvrir d’autres écrits des autrices qui font parti ce recueil.
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Sororité

Sororité, ce mot veut-il dire quelque chose pour vous ?

Voici comment le défini Chloé Delaume lauréate du prix Médicis 2020, :

« Le mot sororité vient du latin soror, soeur. C’est un lien spécifique, solidaire, horizontal, indéfectible, entre femmes. Il abolit la rivalité et peut s’avérer être un puissant outil pour lutter contre le système patriarcal. »

Mais elle rajoute :

« La sororité a toujours été présente, mais elle n’était pas nommée, le mot a disparu de l’usage entre la fin du XVIe siècle et les années 1970. Or ce qui n’est pas nommé n’existe pas. »

Pour moi, la solidarité entre les femmes se révèle être l’un des principes fondateurs du combat féministe.

Et dans ce bouquin chorale, le collectif inédit de 15 femmes appelle à une solidarité qui ne nie pas les différences mais embrasse la diversité.

Car c’est grâce à la sororité, véritable parole en acte, que la révolution féministe adviendra.

Toutes ces femmes ont accepté d’écrire autour de la notion de la sororité. Qu’elles soient actrice, chanteuse, musicienne, réalisatrice, comédienne ou journaliste, sous la forme de récits, de fictions, de poèmes ou de chansons, elle nous offre une réflexion collective sur la sororité.

Avec ce collectif, c’est là une véritable occasion de rassembler les femmes et de jeter les bases d’une révolution féministe.



Tous les textes n’ont pas résonné de la même façon en moi. Mais tous m’ont fait réfléchir. Réfléchir sur ma condition de femme, sur la société que je voudrais voir arriver, sur le féminisme aujourd’hui. Comme le vivre et la pratiquer…

Entre essais critiques, politique et philosophes, entre textes poétiques et autobiographiques, entre fictions et documents, c’est ma sororité que j’ai convoquée et interrogée.

Un livre qui n’a fait que raffermir en moi cette notion de sororité mais aussi de bienveillance et de diversité. Bref c’est simplement un ode à bien vivre ensemble loin de l’entre soi !

Dire que j’ai aimé ce collectif c’est un doux euphémisme. J’en redemande !!!
Lien : https://collectifpolar.wordp..
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Le Coeur synthétique

Chloé Delaume nous raconte l’histoire d’Adélaïde, femme de 46 ans, sans enfant, qui divorce mais ne conçoit pas de vivre seule. Elle est atteinte du syndrome de l’épousite, comme le disent ses amies. Mais à l’approche de la cinquantaine, Adélaïde est « périmée », sur le marché de l’amour elle ne vaut plus rien. Elle devient transparente. Professionnellement, c’est difficile aussi, attachée de presse dans une grande maison d’édition, elle doit se battre pour des auteurs pas toujours à la hauteur. Heureusement pour elle, elle a ses quatre copines et son chat qu’elle vient d’adopter et qu’elle nomme Perdition (tout un symbole).

L’écriture de Chloé Delaume est incisive, des phrases courtes, percutantes. Pas de tabou dans le vocabulaire, une b... est une b... mais aussi dans les sentiments, les pensées, les comportements.

C’est un livre sur le féminisme, la féminité, les relations homme/femme à la cinquantaine, la sororité (thème de prédilection de cette auteur), ne pas vouloir d’enfant, tout cela lié sans aucun doute à sa propre histoire (son père a assassiné sa mère et s’est ensuite suicidé quand elle était enfant, elle même n’a pas d’enfant).

Une description aussi du milieu de l’édition plutôt violente et très critique.

Un très bon roman mais il faut s’accommoder au style de l’auteure. Moi, j’ai beaucoup aimé.
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Sororité

Sororité, le substantif féminin du latin "soror" - sœur- , va être au cœur de cet essai collectif coordonné par Chloé Delaume. Autrices, journalistes, politiciennes, cinéastes et militantes prennent la parole pour exprimer leur expérience de la sororité et en tracer les contours.



Entre ces pages, le mot "sororité" reprend de la valeur et sort de son long, trop long, sommeil. Il prend vie sous les plumes de diverses femmes, sœurs de lutte, qui l'abordent de diverses manières selon leurs expériences et histoires personnelles. Les mots, ici, permettent de révéler l'existence de la sororité dans nos sociétés et de montrer sa nécessité. La sororité n'est pas qu'une pensée, elle est palpable et s'installe, petit à petit, dans nos rapports entre femmes.



Pédagogique, ce texte me semble un bon atout pour les militantes mais aussi pour les alliés. Il explique clairement ce qu'est la sororité sans la rendre plate car différents ressentis sont abordés. De plus, il n'est pas culpabilisant et se présente plutôt comme un guide, un premier pas vers la sororité.



Si j'ai apprécié découvrir différentes façons d'aborder la sororité, certains textes m'ont plus convaincue que d'autres. En effet, et je pense que cela est normal, certains m'ont davantage touchée par leur contenu ou leur style. Quoi qu'il en soit, la façon dont les autrices questionnent la sororité et leur relation avec celle-ci est très pertinente. Beaucoup n'ont pas ou n'ont pas eu une relation exemplaire avec elle et n'en ont pas toujours eu conscience, en cela, je trouve l'écrit très pertinent : si la société a fait disparaitre la sororité, c'est à nous, femmes, de la réapprendre !



Je vous recommande donc cette lecture si vous souhaitez en apprendre plus sur la sororité ou vous réapproprier ce terme. Efficace, pédagogique et universel, cet essai est intéressant pour commencer ou poursuivre son voyage dans l'amour sororal.
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