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Citations de Christian Carayon (188)


Il ne pria pas. Il ne priait plus depuis qu'on ne l'obligeait plus à le faire. La chose religieuse lui était désormais étrangère. Elle lui rappelait trop sa famille, sa mère, son beau-père, les cours de catéchisme interminables du jeudi, la messe du dimanche matin, le ventre vide, parce qu'un quignon de pain ou un morceau de sucre pouvait vous expédier en enfer, aux vêpres du dimanche après-midi si sombres, les coups de fouet du père supérieur de l'école Notre-Dame parce qu'il avait osé rire pendant qu'on se prosternait devant une statue de la Vierge....
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Christian Carayon
Elle a su. Su comme on ne sait pas souvent, avec ce sentiment si agréable que les choix que vous faîtes sont forcément les bons parce que, face à vous, il n'y a plus que des évidences.
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Savoir se taire a beaucoup de vertu. Mais savoir parler, c’est indispensable.
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ll connaissait bien cet endroit. Pendant des années, il avait été obligé d’assister, tous les dimanches, à des offices interminables. Pour passer le temps, il levait la tête vers les coursives où il imaginait des combats à l’épée quand, en héros, il défiait un assassin, sous les yeux de sa mère, émue aux larmes par tant de courage. Il s’en était passé des péripéties, dimanche après dimanche, dans cette église. ...
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— Il s’est noyé, gémit le vieux curé. Un accident de bateau en Bretagne. Lui qui aimait tant la mer !
— Un accident ? Quand ?
— Jeudi dernier, je crois. Il ramenait sa belle-mère sur l’île où elle réside. Le voilier a percuté des récifs et Alain s’est retrouvé prisonnier de l’épave. Quand les sauveteurs sont arrivés, il était déjà mort. Le corps de la femme n’a toujours pas été retrouvé.
— Il s’est noyé…
— Tu as le droit d’être en colère, mon garçon. Nous le sommes tous, ici. Mais Alain avait choisi sa vie et les risques qu’elle comportait. Il savait à quel point la mer peut être ingrate et agir en ogresse.
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— Alors pourquoi la mer ? Ce n’est pas vraiment ton domaine.
— La noyade est une mort qui terrorise beaucoup de monde.
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Il n’était pas allé au bout de ses études en criminologie malgré l’insistance de son mentor, le docteur Reiss, qui tenait à le compter parmi ses étudiants à Lausanne. Sous ses ordres, il avait participé aux commissions d’enquête dans les Balkans, théâtre des débordements les plus sauvages de la guerre. Il en était revenu traumatisé, renonçant à sa carrière. Cependant, le Cercle Cardan, qui savait écouter ce qui se disait, avait eu vent de ses talents d’enquêteur. Martial avait été coopté et avait pris goût à ces enquêtes d’un autre genre, loin des lignes officielles.
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L’engouement pour les sciences occultes ne se démentait pas, tandis que l’inexplicable trouvait dans ces temps assombris un terreau des plus fertiles : la peur naît presque toujours dans le noir. Le rôle du Cercle Cardan était là : s’attaquer aux peurs et aux superstitions, se confronter à l’inexplicable, enquêter sur ces affaires que la police ne faisait qu’effleurer quand elle daignait s’y pencher, démasquer les charlatans de tout poil qui usaient et abusaient de la situation…
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Quand il avait entendu parler de cette prédiction de fin du monde, il avait pensé que si certaines choses devaient être balayées, on pouvait commencer par les monuments aux morts et par les médailles accrochées aux revers des vestons. Cela aurait suffi pour éclaircir l’horizon.
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Martial ne regardait ce monde que de loin. Il ne le trouvait guère lumineux, mais n’en attendait pas davantage. Il avait tourné le dos à la religion dès qu’il avait eu la liberté de le faire. Il continuait de penser qu’il y avait du bon dans le progrès et il restait attaché à la République, même imparfaite.
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Il n’y avait pas que le pays qui était détraqué. La météo s’y mettait à son tour. Les températures de janvier avaient battu des records de douceur, si bien qu’on se demandait où avait disparu l’hiver. Avant qu’il ne ressurgisse, violent, avec les tempêtes de neige de février qui furent d’une intensité inouïe. Et on n’était qu’au début du mois de mars !
Alors, à défaut de vraiment croire à cette prophétie, il y en avait pour espérer qu’elle dise vrai.
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Chacun avait sa propre nuit. Pour les milieux catholiques les plus conservateurs, c’était la nouvelle rupture diplomatique avec le Vatican qui avait réveillé les vieilles rancunes. Pour le monde ouvrier, c’était la certitude d’être les grands oubliés de cette société, idée partagée par les paysans, confrontés à des temps qui galopaient quand eux allaient à pied et se sentaient déjà à bout de souffle.
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l faut dire que le monde tel qu’il était ne semblait guère convenir à quiconque. Beaucoup se sentaient pris au piège d’une obscurité qui se faisait toujours plus épaisse. La guerre, qui s’était achevée plus de six ans auparavant, avait échoué à apporter durablement la lumière. L’armistice aurait dû être une aurore. Il avait été à peine un après-midi.
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Il y en avait pour croire que l’année 1925 serait la dernière du monde tel qu’on le connaissait. La fin était annoncée pour le solstice d’hiver, selon une prédiction que l’on disait fort ancienne. Mais on rappelait aussitôt qu’une fin est presque toujours un commencement. Car il n’était pas question d’une apocalypse, mais plutôt d’un grand chambardement, d’une grande tempête qui devait balayer ce monde-là pour laisser la place à des jours bien meilleurs. Il ne fallait pas en être effrayé, au contraire. C’était là une grande chance.
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Un craquement, un seul, mais bien distinct. Il avait connu une telle frayeur dans le grenier que la peur ne trouva aucun terrain fertile pour prendre racine.
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Il franchit l’épais pont de pierre, dépassa la croix qui marquait la frontière entre les deux mondes, laissant les dernières grappes de maisons dans son dos. En suivant la direction de la pointe du Paon, cherchant sa route parmi les multiples sentiers, il espérait tomber sur Saint-Riom. « Si vous cherchez la marque des sorciers, commencez par là », lui avait conseillé Joseph Le Cleuziat, la veille au soir,
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Ma vie ressemble à quelque chose d’immobile. Je n’avance que lorsque je n’ai pas le choix. Le reste du temps, je freine autant que possible ou, à défaut, je louvoie. J’entrevois tellement d’écueils sur mon chemin, tellement de pièges et de dangers… Se sentir vulnérable en permanence est éreintant. Le poids de la lâcheté est bien lourd à porter.
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Il m’a valu une gloire éphémère et, au bout du compte, assez embarrassante ce jeudi de décembre 1980, quelques jours après qu’on avait fêté mes 11 ans. Malgré tout, je restais persuadé qu’il ne m’était rien arrivé à Basse-Misère. J’avais tort.
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Ce qui venait de se passer à Basse-Misère allait au-delà de la tragédie, c’était un cataclysme, une petite Apocalypse. Nous en étions les survivants. Cela nous conférait le devoir d’en devenir la mémoire, afin que personne ne soit tenté un jour d’oublier.
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Voilà à quel moment les choses ont changé. Voilà ce qu’a été l’affaire de Basse-Misère : trois morts et une moins-que-vivante ; un lac maudit qui a dû être rebaptisé ; une enquête catastrophique qui n’a eu de cesse de s’égarer ; un monstre tapi quelque part, à l’abri, peut-être prêt à recommencer ; et la peur, la peur qui, depuis ce dimanche matin-là, a dévalé sur la ville, pour la vider lentement de ses forces. Pour rendre mon monde plus obscur.
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