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Critiques de Christian Chavassieux (187)
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Les nefs de Pangée

Ce roman ne raconte pas seulement une épopée grandiose et mystique.

Cela va bien plus loin que cela. Et c'est ce qui rend ce roman particulier.

On pourrait presque parler de deux histoires qui se suivent sur la ligne du temps, tellement la première partie et la seconde traitent de sujets différents.

Et pourtant, tout se passe sur cette planète que nous découvrons au fil des pages.

La richesse de ce roman vient sans aucun doute de sa densité. Les personnages sont complexes, en tous cas la plupart. Mais il est un autre facteur important dans ce livre dont il faut tenir compte. D'emblée, l'auteur nous positionne parmi une population de cette planète. Avec ses coutumes, ses règles, sa hiérarchie. Nous découvrons aussi les ennemis séculaires, leurs dieux et leurs démons. Et inconsciemment, le lecteur fait sien cette façon de vivre. Inconsciemment les ennemis des protagonistes deviennent les "méchants". Et pendant toute la première partie, ce sentiment se renforce. Mais finalement, qui sont les "méchants", et surtout le sont ils vraiment? La notion de "gentils" et de "méchants" est largement malmenée dans ce roman qui traite également de sujets aussi importants que le devoir de mémoire ou le génocide.

En bref, un roman qui nécessite un peu d'investissement mais qui ne laisse pas indifférent. Je me suis plongé dans l'Unique et j'en suis ressorti ému.
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Mausolées

Mon premier science-fiction de Christian Chavassieux ! L’Apocalypse a eu lieu. Les Conflits entre États sont officiellement terminés. Les grandes Cités, apparemment régies par un État fédéral, vivent dans une entente forcée, un attentisme prudent qui n’empêche pas les rivalités. C’est le cas de Sargonne avec Mireveil, sa voisine. Léo Kargo, 20 ans, vient de trouver à Sargonne un travail susceptible de lui plaire infiniment : bibliothécaire pour un particulier, Pavel Adenito Khan, un milliardaire original à la réputation sulfureuse et au passé trouble. Kargo devra explorer, classer, mettre à jour et enrichir la merveilleuse bibliothèque du milliardaire mécène, rare survivante d’un monde disparu. Pour un jeune poète et écrivain passionné par les livres, la lecture et la littérature, c’est une chance extraordinaire. Mais comment Pavel Khan a-t-il entendu parler de lui ?

***

Dans ce roman en 3 parties et 35 chapitres, Christian Chavassieux nous promène dans un univers singulier et inquiétant. Il décrit Sargonne comme un dragon méchant et étrange. La partie ancienne de la ville est peuplée de vieillards agressifs qui insultent et menacent touristes et nouveaux venus. Dès les premiers chapitres, on comprend que, dans ce nouveau monde, les enfants sont rarissimes : les humains sont presque tous devenus stériles et la lèpre qui les frappe de nouveau se révèle peu contagieuse, mais mortelle. Une autre maladie les fait vieillir prématurément. On peut, je crois faire un parallèle entre l’évolution des humains et celle des livres : eux aussi sont malades, vieillissent et tombent en poussière, et bien peu de nouveaux viendront rejoindre leurs rangs. Les personnages se révèlent complexes. C’est difficile de parler de leur psychologie, de leur évolution ou de leur symbolisme (Lilith !) sans en révéler trop sur l’intrigue. Disons pour contourner la difficulté que tous surprendront le lecteur… C’est la raison pour laquelle la troisième partie m’a un peu déçue, ou plus exactement, j’ai eu l’impression que Léo Kargo m’avait laissée en plan !

***

Comme dans les deux autres romans que j’ai lus de Christian Chavassieux, ce qui me séduit autant sinon plus encore que l’intrigue et la profondeur, c’est le style (voir les citations) et les trouvailles. Kargo arrive à Sargonne en ferail, ou encore l’arme la pire que les hommes aient inventée s’appelle le giril, capable d’enflammer l’eau. Outre ce type de néologismes qui provoquent nombre d’associations d’idées, l’auteur excelle dans des descriptions extrêmement précises, celle du mausolée par exemple, sans que jamais on ne perçoive le recours à un glossaire, comme c’est parfois le cas : on y est, il nous tient par la main et nous fait visiter… En bonus, souvent, discrète, une pointe d’humour. Et puis il arrive à l’auteur d’intervenir directement. Ainsi, pages 156 et 157, Kargo s’imagine en personnage de roman et présume de ce qu’aurait fait l’auteur dudit roman :

« Car toute sa vie pouvait naître de cet instant, tout pouvait être dit, accompli, mais aussi recommencé.

Pourtant l’auteur en a décidé autrement.

Mais poursuivons. »

Décidément, j’aime beaucoup les romans de Christian Chavassieux !

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Noir canicule

Août 2003, la France compte ses morts sous une canicule qui n'en finit pas. Aux aurores, un couple de vieux paysans, Marie et Henri, quitte pour la première fois leur ferme du Roannais pour Cannes dans le taxi de Lily, la quarantaine bien conservée. Un road-trip d'une journée, presque un huis-clos, où la climatisation de la voiture qui protège des degrés extérieurs va permettre aux esprits de s'évader et à quelques confidences de s'échapper au fil des kilomètres qui défilent.



J'avais découvert avec bonheur la plume flamboyante de Christian Chavassieux à travers "La vie volée de Martin Sourire". Le voici dans un autre registre, le roman noir, très noir... Une fois de plus, l'écriture sait s'adapter à la situation, (elle est aussi à l'aise dans la poésie que dans le sordide), mais aussi au langage, que ce soit celui de l'adolescente moderne ou du vieil agriculteur.

Si je ne me suis pas vraiment attachée à Lily la conductrice du taxi et à son histoire d'amour fantôme, j'ai tout de suite éprouvé de l'empathie pour le vieux couple. Leur façon de se houspiller sans cesse alors qu'ils ne peuvent se passer l'un de l'autre est finement saisie. Entreprendre ce voyage de la dernière chance, ensemble face à la maladie d'Henri, est courageux et beau dans sa finalité. La visite chez le "médecin" est quand même un moment d'anthologie.

Parallèlement au récit du voyage entrepris, la vie de ceux que côtoient habituellement les trois personnages, notamment celles des enfants, grands ou petits, va s'entremêler à l'histoire. Et là, l'auteur m'a perdue, à cause du spectre de la mort omniprésent qui plane sur chacun d'eux. Comme le pays sous les températures caniculaires, leurs vies se délitent, leurs problèmes personnels se greffant à une situation de crise nationale (qui n'est pas sans rappeler celle que l'on vit actuellement), en faisant des êtres totalement désabusés.



Alors que je suis une grande fan de polars glauques et de thrillers sanglants, le roman trop réaliste et noir me rebute. Un monde rural déliquescent, une société moderne aguicheuse mais trompeuse, une planète qui part à vau l'au, pas de quoi me changer les idées pendant cette période noire que le monde traverse. Cela me peine d'accorder un 11/20 à ce titre car l'auteur est presque un voisin, mais j'ai eu du mal à affronter cette atmosphère malsaine où les relents de la sueur côtoyaient les exhalaisons de la pourriture.

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Noir canicule

Comme on dit dans le milieu des tacos, Lily est partie en longue. Une journée entière à rouler pour un seul client, ça laisse le temps au chauffeur et aux clients de s'entrobserver, mais ça leur laisse surtout le temps de penser à leurs préoccupations personnelles. Ce qui nous permettra de connaître leurs proches. Des personnages qui vont s'entrecroiser tout au long de cette journée de canicule, en l'an de grâce 2003.



Une trame qui reste le sujet principal de bout en bout puisque qu'on ne la perd jamais de vue. Ce n'est pas un roman franchement tourné vers la psychologie ou le social : ici, l'appellation "roman noir" n'est pas un sous-genre. C'est sordide et l'auteur fait preuve d'un réalisme réussi.



C'était mon premier Chavassieux.

Comme tout le monde, je commence à compter seulement quand une suite est envisageable.
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Noir canicule

Ce roman de Christian Chavassieux nous raconte A Day in the Life, une journée de personnes banales qui peupleraient les rubriques faits divers. Des gens comme vous et moi. Grâce à la plume de Christian Chavassieux, il va vous sembler les avoir déjà croisés. Qui sont-ils ? Une femme, chauffeur de taxi, son ex-mari, ses deux filles, sa belle-famille, un couple de paysans, leur fils, sa maîtresse, l'époux de celle-ci, un jeune apprenti cinéaste. Nous découvrons certains aspects de ces gens apparemment biens sous tous rapports : leurs travers, leurs mensonges, leurs secrets, leurs pensées noires, leur désespoir, leur solitude. Et cet instant où votre vie peut basculer et changer à tout jamais. Comme Bernard qui observe les solives de son grenier.



J'ai aimé la construction de l'histoire et le style de Christian Chavassieux, sa façon de suggérer plus que montrer, de ne rien expliquer, de ne pas chercher une quelconque justification aux comportements.





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Demain les origines, tome 1

Ce roman a une histoire un peu particulière, l'auteur l'ayant vu retoqué par son éditeur. Lors du confinement, il a décidé de partager ce premier volume, composé de 6 "livres" retraçant une période de 2042 à 2094.



"Pour ceux qui connaissent un peu mes livres, les deux volumes de "Demain les Origines", à terme, font un lien entre "Le Baiser de la Nourrice", "Mausolées" et "Les Nefs de Pangée", voire "L'Affaire des Vivants" (et oui). "



J'aime beaucoup ce titre, Demain, les origines, qui synthétise parfaitement le propos de l'auteur : Qu'est ce qui nous a amené à cette catastrophe décrit dans ce futur proche et dont nous apercevons les conséquences dans Mausolées.



C'est une sorte de gros fix-up, dont les deux premiers livres peuvent se lire de manière indépendante, ainsi que Le livre de Syrrha. Ces deux livres posent l'ambiance de suite, demain ne sera pas rose, mais brun ! Le livre de Malik qui ouvre le bal pourrait être sous titré Chronique du fascisme ordinaire. Dans une campagne tranquille, un jeune transporte un vieux philosophe, ils s'apprécient sans le dire, le jeune indifférent et le vieux militant. Puis au détour d'une route, un barrage policier...

On suit les aventures de ce Malik aux prises avec l'absurdité, la bêtise et la violence d'un état fasciste au pouvoir. L'auteur nous montre qu'un simple grain de sable peut enrayer la machine de la tranquillité. Le droit n'est décidément pas au service des victimes, quand à la justice... Un monde qui pourrait très bien être le nôtre dans quelques années lorsque l'on voit la montée des Marines un peu partout en Europe et ailleurs.

Malik, le jeune insouciant, en colère mais impuissant, qui préfère oublier par la sexualité, se rend compte que c'est son indifférence au politique qui a rendu cette situation possible. Il est responsable.

Un texte qui prend aux tripes, l'auteur réussissant à rendre cette atmosphère ambiante étouffante. Glaçant de réalisme.



Le livre de Grace nous fait suivre les pas d'une des personnages du livre précédent où culpabilité et responsabilité vont aller jusqu'à leur fin inexorable. Si vous pensez que l'humanité avait touché le fond, vous vous trompez lourdement. Très violent, âme sensible s'abstenir. On apprend un peu plus de notre futur proche : Dérèglement climatique, avec ses tempêtes de plastiques, les bidonvilles...



Le livre de Syrrha nous emmène dans les pas d'une journaliste, une watcheuse, rencontrée dans le précédent livre. Alors qu'elle doit faire un reportage sur un gigantesque incendie d'un nuage de plastiques, avec sa cohorte de réfugiés, elle s'enferme dans un manoir qui devait lui servir de point d'attache. On retrouve un peu de l'ambiance de Mausolées avec ce manoir croulant sous les livres, son propriétaire étrange et hors du temps qui m'a aussi rappelé le film orgiaque La grande bouffe.

Un livre plus introspectif, psychanalytique s'attardant sur les apparences trompeuses de ce château à l'architecture impossible...



Les autres livres poursuivent dans les conséquences de ce fichu bordel. Le monde d'après ? Un monde pur. Non, pas l'air, mais la race. Blanche de préférence et chrétienne. On retrouve quelques personnages rencontrés dans les premiers livres. Et aussi un petit dictateur, digne héritier du petit Adolf. Le climat poursuit son dérèglement de bien belle manière, vivre est désormais synonyme de survie, mis à part pour la classe des dirigeants et de ses courtisans.

Religion , pouvoir, science. Lorsque ces trois là se tiennent la main, le pire n'est jamais loin. Et c'est ce qui arrive. Une icône nait, le besoin d'un bouc émissaire et un scientifique à l'éthique inexistante : l'Histoire se répète.



Qu'est ce qui fait de nous des monstres, des bourreaux, des dictateurs des prophètes ? Sommes nous noir ou blanc ou existe t'il des nuances ? Leur reste t-il une part d'humanité ? Sommes nous responsable de cette situation ?

Une fresque impressionnante, souvent âpre et douloureuse, mais l'auteur nous fait quelques clins d'oeil et plante ici ou là quelques touches d'espérances, à l'univers fort riche de thématique : état, pouvoir, religion, environnement, génétique...

Sur un pavé comme celui ci, il y a bien quelques longueurs, ou manque de crédibilité avec cette sorte de tumeur organique gigantesque rappelant les monstres gigantesques du cinéma, mais rien de rédhibitoire.



Les différents livres sont libres de droit, disponible en format pdf (il existe des convertisseurs en ligne pdf vers epub). Alors on télécharge, on lit, et on dit merci à l'auteur sur son blog. En attendant la suite de l'Histoire avec le second volume à venir dans quelques années, même si le fait de ne pas trouver d'éditeur lui aura peut-être scier un peu les jambes. Quoiqu'il en soit, je poursuivrai ma découverte des écrits de l'auteur.



A télécharger sur son site : http://kronix.hautetfort.com/demain-les-origines/



Seul impératif, "Je rappelle que le téléchargement est gratuit, libre de droits, etc. je vous demande juste de laisser un message ici, ou de m'adresser un mail, si vous avez téléchargé et, si vous évoquez ou citez ce texte, d'en signaler la source."
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L'affaire des vivants

Une vraie découverte, en ce qui me concerne. Cette saga familiale se lit goulûment, sans ennui, tellement la construction du récit est ciselée et savamment orchestrée. Et il y a (peut-être surtout), en ce qui me concerne, la découverte d'un vrai écrivain, au style alerte, chatoyant, coloré. Barrès disait du jeune Montherlant: "Il a du jus, ce petit !". J'en dirais autant de Chavassieux, auteur à suivre, assurément !
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Noir canicule

Eté 2003 : ça chauffe en France (et pas qu’ici d’ailleurs), la canicule commence à faire des ravages. Lily est une femme taxi au passé que l’on découvrira par petites touches tout au long de cette escapade moite et plombante. Lily doit conduire un couple de paysans âgés, vivant en pleine Loire rurale, Henri et Marie, à Cannes pour un bref aller-retour dont elle ignore tout. Henri est atteint d’un cancer, Marie est cette femme infatigable qui veille sur lui, sorte d’ange gardien. Tous deux ont un fils un peu désinvolte, Bernard, affublé d’une maîtresse, Carine.







Le parcours de Lily ne semble pas avoir été de toute repos. Elle a fait sa première fugue dès 1977, c’est dire. Père violent, attiré par les jeunes filles, dont l'une suicidée. Pas de chagrin ni larmes à sa mort (on pense à « L’étranger » d’Albert CAMUS). Lily a bien sûr connu l’amour. Son plus récent, Nicolas, est parti, sombre affaire qui est en filigrane de ce roman très noir à l’orée du polar. Polar car oui, autant vous le dévoiler de suite, il y a eu un mort dans cette affaire, une morte plus exactement. Concernant le présent, le père de Nicolas est au plus mal, hospitalisé… Avec Nicolas, le plaisir sexuel de Lily était situé du côté des jeux SM, de l’érotisation du rapport de force, pour rigoler, démultiplier le plaisir. C’était avant la naissance de Rose, leur deuxième fille.







Avant Rose, il y eut Jessica. Elle a grandi la Jessica, elle est attirée par Sèb, artiste mégalo un brin mythomane et pour tout dire insupportable, à 21 ans il croit tout savoir et écrase le monde de son mépris et de sa supériorité. Au milieu de cette galerie de personnages peu sympathiques, il semblerait bien que Lily ne soit pas étrangère à la morte évoquée plus haut…







Un roman du contraste : noir et glacial en pleine canicule, à la fois road-book et livre décrivant l’attachement à une terre, il est polar sans l’être puisque le meurtre ne tient qu’une place minime et l’enquête est inexistante. Le principal est ailleurs : car il est le roman d’un passé révolu, le monde paysan archaïque représenté par Henri et Marie, et celui d’une nouvelle ère en passe de s’imposer : celle du réchauffement climatique, cette ère personnifiée par les figures les plus jeunes de cette histoire. Quant à Lily, c’est l’entre-deux, c’est-à-dire celle qui se situe à la frontière des deux mondes, épaulant Henri et Marie (mais pourquoi diable vont-ils à Cannes, c’est l’un des mystères – révélés – du roman) tout en suivant l’évolution de ses filles en devenir et de ce monde en train de changer irrémédiablement, notamment par son climat auquel il va falloir s’habituer rapidement.







« Noir canicule » est aussi le roman de l’héritage et de la transmission : « Est-ce qu’ils avaient partagé la même conviction, ses ancêtres ? S’étaient-ils vus, eux aussi, comme les derniers ? La question ne lui était jamais apparue. De se tourner ainsi vers jadis avec cette idée, offrait un peu de réconfort. Est-ce que chacun se croit le terme, avant que le prochain endosse ce doute à son tour ? Et qu’ainsi se relaient les épouvantes, jusqu’au véritable dernier, qui ne se méfie plus ».







Roman fort, maîtrisé à la virgule près dans une écriture sobre, élégante, délicate, qui fait contrepoids avec la tragédie en cours. Belle histoire sombre, personnages plus que crédibles, paysages savamment décrits genre caméra filant au-dessus du sol, ambiance très bien restituée, jusqu’à la couverture qui semble parodier avec talent le cinéma noir français d’une période récente mais révolue. Si vous n’aviez pas encore compris mon appel du pied, le voici sans nuances : n’attendez pas l’hiver pour lire ce roman brillant et impossible à reposer avant la dernière page ! Je reviendrai vers Christian CHAVASSIEUX qui m’a à coup sûr tapé dans l’œil. Grand merci ! Bouquin sorti chez Phébus en 2020.



https://deslivresrances.blogspot.fr/


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L'affaire des vivants

Grandeur et décadence d'un ambitieux paysan de la Troisième République.



Charlemagne Persant aurait pu être un personnage des Rougon-Macquart ou de la Comédie Humaine. Modelé par les mots de Christian Chavassieux, il est un fauve incarné, aux appétits voraces, un personnage haut en couleur, froid et calculateur, à l'intelligence visionnaire pour une réussite sociale exemplaire. Et cette tragédie familiale dont il est la pierre angulaire pourrait être un roman de Zola (pour le naturalisme et le romanesque) ou De Balzac (pour la peinture sociale).



Cette saga historique façon XIXe offre une lecture passionnante de la société de l'époque, entre paysannerie et triomphe de la bourgeoisie de la révolution industrielle. Une évolution sociétale qui permet à tout un chacun de sortir d'une condition modeste, et qui demeure marquée par les idées anarchistes de la Commune.



Alice Ferney parle de chef-d'oeuvre. le mot est fort mais je suis également conquise par cette capacité narrative en écriture, très riche, dense et fouillée, extrêmement visuelle, allégée par des chapitres courts qui donnent un rythme énergique au récit. Des descriptions soignées de la bourgeoisie provinciale et du terreau rural, des passages d'une grande beauté lyrique.

L'auteur a décidément une personnalité de plume que j'ai déjà appréciée dans La vie volée de Martin Sourire (Phébus 2017).



Ce beau roman dont le titre s'éclaire en dernière ligne.

Je conseille absolument! ;-)



#objectif disparition PAL



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Les nefs de Pangée

Les Nefs de Pangée, ouvrage sorti en Août 2015 chez Mnémos, Prix planète SF des blogueurs 2016, signé d’un auteur français: Christian Chavassieux.



Un ouvrage qui bien sûr a quelques imperfections, mais qui personnellement représente le genre de fantasy que je cherche à lire, à savoir une fantasy mature, adulte, et munie d’une solide écriture.



C’est justement tout ce que propose Christian Chavassieux: une écriture dense, poétique, sachant manier le verbe; un world-building passionnant pour un « One-shot »: dépaysant, imaginatif, mythique, fouillé; une dimension impressionnante que ce soit dans le temps, le cadre, ou la géographie; des réflexions sur l’humanité.



L’auteur propose un contre-pied inattendu aux deux tiers du roman, qu’il convient de ne pas révéler ici, donnant une autre dimension à l'intrigue.



Ce genre d’ouvrage donne ses lettres de noblesse à la Fantasy française, et saura probablement aussi convaincre les amateurs de littérature blanche.



Un 5 étoiles pour moi bien mérité.
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Noir canicule

Pendant l’été caniculaire de 2003, Lily, chauffeure de taxi, emmène un couple de paysans de la région de Roanne vers la méditerranée. Elle est séparée de son mari Nicolas qui vit à présent avec sa jeune maîtresse Mélanie, et a deux filles, une adolescente, Jessica, et Rose qui est plus jeune. Un climat mortifère pèse sur tous ces personnages dont nous allons suivre la vie une journée durant. ● Ni le titre ni la couverture ne rendent justice à ce livre magnifique. Le titre nous envoie sur la fausse piste d’un polar, même si « noir » est plus large que cela. Certes, ce roman est noir au sens de « pessimiste » mais le crime y occupe une place mineure ; il est plus le symbole du mal-être de tous les personnages que l’élément clé d’un récit policier. D’ailleurs il n’y a rien de policier dans ce roman. Et il est beaucoup mieux écrit que la quasi-totalité des polars. Quant à la couverture, on se demande ce qu’ils ont fichu aux éditions Phébus pour balancer une jaquette aussi bâclée, laide et indigente. ● J’ai admiré tout à la fois la construction de l’intrigue, l’art qu’a l’auteur de suggérer plutôt que de dire, et son style superbe, riche, gouleyant. Les personnages, des gens « ordinaires », sont tout en profondeur et en ambiguïté. Lily est le centre ardent de ce récit, le point qui relie tous les personnages. Un bien beau livre que je conseille sans réserve.
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Noir canicule

Pas grand chose à dire au sujet de ce polar bien construit et bien écrit qui laisse planer un peu de suspense même si l'histoire est assez classique et prévisible . Un bon moment de lecture sans plus .
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L'affaire des vivants

Charlemagne... Non mais, quelle idée, un prénom pareil ! le « héros » de L'Affaire des vivants le doit à son grand-père qui court déclarer lui-même l'enfant à la mairie, persuadé qu'il est de l'influence bénéfique d'un tel prénom sur son avenir. Et Charlemagne, s'il subit les moqueries des autres enfants, devient un élève brillant qui ne pourra pas continuer ses études malgré l'insistance de l'instituteur et du curé : on a besoin de lui à la ferme. Charlemagne Persant aura pu bénéficier de l'amour et des conseils de son grand-père pendant douze ans seulement. Cela suffira pour qu'il réussisse à devenir un homme d'affaires prospère, craint mais souvent haï. Il consolide la ferme familiale, achète un magasin de tissus qu'il agrandit, en « acquiert » un autre grâce à son mariage, et crée une usine qui fournira ses magasins et bien au-delà de cette région lyonnaise où il est né. Christian Chavassieux situe cette histoire familiale au tournant de deux siècles. Charlemagne fera la guerre de 70, son fils celle de 14.

***

J'ai trouvé ce roman enthousiasmant. On ne peut pas, je crois, aimer Charlemagne ni s'identifier à lui. Il est trop dur, trop ambitieux, trop orgueilleux, trop intransigeant envers lui-même et les autres, même si, parfois, ses carences et le manque d'éducation dont il est douloureusement conscient le rendent fugitivement touchant. Les autres personnages sont aussi infiniment bien campés. Charlemagne se hausse dans l'échelle sociale en épousant une sorte d'Emma Bovary, à la fois naïve et résignée, dont les parents sont des archétypes des bourgeois de l'époque. Christian Chavassieux nous présente différents milieux sociaux : bourgeois, paysans, militaires, ouvriers, révolutionnaires même, tous en relation de près ou de loin avec Charlemagne. On découvrira, entre beaucoup d'autres choses, la difficile condition des ouvriers de l'époque, la dureté des grèves, les balbutiements des revendications des femmes, l'ostracisation des homosexuels ; on visitera des fermes, des magasins, des usines, un bordel, l'Exposition universelle ; on assistera à une nuit de noces, au quasi lynchage d'un des seuls personnages solaires, à des scènes de guerre et au tournage d'un film d'Abel Gance dans des conditions assez étonnantes...

***

L'écriture de Christian Chavassieux me ravit ! J'ai parlé ailleurs de la qualité de son style, mais je voudrais dire un mot du vocabulaire. Ici l'auteur puise dans le jargon des métiers, ramène au jour des mots oubliés, emprunte aux dialectes locaux sans que jamais cela ne devienne pesant. Il y a un bref lexique à la fin du livre On pourrait se dispenser de le consulter – le mot employé est presque toujours compréhensible dans son contexte –, mais ce serait dommage pour les précisions qu'il apporte. Ne vous privez pas non plus des « Quelques points et références » en fin d'ouvrage : ils se révèlent passionnants et donnent une petite idée de la quantité de recherches et de documentation nécessaires à la rédaction de ce beau roman. J'ai beaucoup aimé aussi un des artifices choisi par Christian Chavassieux. Ici, le narrateur, c'est l'auteur : « Joseph-Antoine Pajaud était un fieffé coquin, c'est moi qui vous le dis et vous pouvez me croire : je l'ai fabriqué dans ce seul but », écrit-il au début du chapitre 5. le procédé est repris mais s'intègre toujours parfaitement à la narration. Ça y est, je suis fan ! J'ai acheté La Vie volée de Martin Sourire en même temps que celui-ci, avant le confinement. J'attendrai que les librairies soient rouvertes pour acheter les autres…
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Noir canicule

Lily vient chercher Marie et Henri dans son taxi tout neuf. Elle doit les emmener à Cannes où ils ont un rendez-vous. Aller-retour dans la journée. Elle a laissé Jessica et Rose ses deux filles seules à la maison. Lily aussi a une tâche à accomplir dans les environs de Cannes. A priori rien ne relie les personnages de ce roman et pourtant... C'est tout l'intérêt de cette histoire, les relations qui se nouent entre ces personnages qu'on découvre petit à petit.
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Noir canicule

Ce que nous propose Christian Chavassieux dans ce roman, c’est un tête à tête avec la mort ou plutôt, des têtes à têtes avec la mort. D’autant plus intenses que le contexte (la canicule de 2003) renforce l’impression d’étouffement qui traverse l’ensemble du roman. Tout est fait d’ailleurs pour donner cette sensation constante de huis-clos qui enferme les personnages dans leurs propres pensées. Lily, Henri et Marie se retrouvent « cloîtrés » tout le roman dans un taxi et quand ils en sortent, c’est pour se retrouver dans une station-service bondée ou sous un soleil de plomb avec la quasi-impossibilité de trouver un peu d’ombre. L’ex de Lily, Nicolas, semble lui scotché à son téléphone dans l’attente d’un appel qui n’arrive pas ; quant à leurs filles, l’une ne quitte pas la maison et l’autre la quitte pour se retrouver sous l’emprise oppressante d’un garçon obnubilé par sa fin de vie qu’il a déjà commencé à scénariser. Enfin, Bernard, le plus jeune des fils d’Henri et Marie, vit, dans la ferme familiale, une existence devenue au fil des années un véritable chemin de croix de plus en plus lourd à supporter. Tout est alors fin prêt pour amener tous ces personnages à une prise de conscience personnelle. Mais pour cela, comme dit plus haut, il va falloir se confronter avec la mort.



En effet, chacun d’entre eux arrive à un moment de sa vie où cette confrontation semble inévitable. Même si les causes de cette situation sont différentes pour chacun (maladie ; déception, solitude, jeux dangereux et idéalisme amoureux), tous semblent en sursis. Vont-ils parvenir à survivre à cette journée ? C’est là la grande question car, au fil des heures, tous réalisent combien leurs vies ne dépendent finalement plus d’eux et qu’ils vont devoir faire avec leurs illusions, leurs espoirs, leurs déceptions, leurs souvenirs douloureux voire leur culpabilité. S’ils veulent s’en sortir, ils n’ont que deux choix possibles : accepter de vivre finalement avec un mal-être constant ou y succomber définitivement. Ce roman est une question de vie ou de mort, une question de renonciation ou d’acceptation fatale. Mais n’est-ce pas là un peu l’image de notre société actuelle où le malaise règne de plus en plus, où la quête du bonheur doit à un moment ou l’autre faire avec les obstacles inhérents à toute existence ? Ou le pressentiment d’une fin de monde qui, si l’humanité n’accepte pas de faire avec, vous détruit inexorablement ? Je ne cache pas que la lecture de ce roman en pleine pandémie de Coronavirus conduit le lecteur à s’interroger sur les priorités de son existence, sur les renoncements qu’il est préférable de faire pour espérer vivre un peu sereinement dans un monde qui devient complètement fou, à l’image de cette canicule contre laquelle on ne semble plus pouvoir faire grand-chose. Une chose est certaine ! On a tous un peu de Lily, Henri, Marie, Bernard en nous, à nous donc de décider maintenant de prendre en main notre destin et de faire avec ce que la vie nous offre… si cela est encore possible ou de renoncer tout simplement !



Au final, un roman noir qui bouscule un peu le lecteur dans ses certitudes et qui l’amène sans doute à repenser sa vie face à un monde qui lui échappe de plus en plus.
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Noir canicule

Il fait chaud.

Une chaleur brûlante, cuisante, écrasante s'abat sur un paysage crevassé, sec, gercé.

L'air est figé, solidifié par un soleil de plomb qui écrase les êtres de toute sa densité. Paralyse les âmes dans leur passé.

L'asphalte sombre fond, engluant les personnages dans la noirceur de leurs souvenirs.

Psychologiquement, physiquement, tous connaissent la souffrance, attisée par l'atmosphère étouffante; bruit d'enfance seul à même de perpétuer leur statut d'humain.

Ils sont exsangues , vidés de toute substance, proche de leur mot ou responsable d'une autre.

Les odeurs de mort et de putréfaction sont intensifiées par la chaleur, effluves de corruption exacerbées par les actions des personnages, d'une violence vénéneuse.

Dans cette ambiance létale, le mal brûle. La canicule mortifère , conséquence des actions des personnages révélées au soleil éclatant, est le premier cercle des Enfers.

Le mal prend forme et sens, s'insinue autour et dans les êtres, pris au piège des flammes maudites, ordalie divine.

Un châtiment suprême, dont seules les larmes expiatoires et salvatrices éteindront le brasier et inonderont la vérité sèche.



Noir Canicule englue le lecteur dans une atmosphère sombre, pesante et envoûtante. Ce dernier découvre les protagonistes, leur passé, leurs secrets et leurs liens à mesure qu'il progresse dans un récit brillamment construit, à la langue riche et poétique.

Les motivations des uns et des autres se dessinent , modifiant en permanence le sens de l'intrigue.

Les personnages sont profonds, complexes et attachants. Leurs expériences, leurs erreurs, leurs fautes ont en commun une même ambition, vivre sans peur.

La température monte au fil des révélations , incandescentes confessions jusqu'à l'incendie prenant le lecteur au piège de ses flammes purificatrices.


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Noir canicule

Lily, au volant de son taxi, arrive à l'aube dans la campagne roannaise pour charger un couple de vieux fermiers, dans un aller-retour vers le Sud. Au cours de ce long trajet, ses pensées voguent, de son ex-mari, Nicolas, qui l'a quittée pour une femme plus jeune, à ses filles, Jessica, adolescente en opposition et Rose, petite fille précoce. Le vieux couple, qui n'a jamais bougé de la ferme, est soumis aux étonnements d'un dépaysement dans leurs habitudes. La route est d'autant plus éprouvante que la canicule de 2003 sévit.

Au long des haltes, Lily s'inquiète également du mystérieux chargement caché dans son coffre.

Nicolas, lui, est confronté à l'hospitalisation de son père, affaibli par la chaleur, et découvre la dure réalité du monde médical dépassé par la crise.

Jessica profite de l'absence de sa mère pour s'éclipser et retrouver un garçon...

Dans la chaleur torride de cet été 2003, une ambiance poisseuse et désespérée baigne les faits et gestes de ces différents personnages, qui verront tous se dessiner un lien entre eux au fil du récit. Christian Chavassieux a en même temps une écriture du terroir pour dresser un portrait de la vie agricole, ou nous immerger dans des paysages écrasés par la chaleur, et un talent de portraitiste pour nous ébaucher des personnages simples en proie aux aléas de la vie. Une histoire qui déroule son fil sur 24 heures, bien travaillée mais auquel il manque un petit quelque chose pour le transformer en roman vraiment noir.
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Noir canicule

Le lecteur passe une journée en compagnie de Lily. Lily est chauffeuse de taxi, chargée de conduire Marie & Henri (un couple de paysans), à Nice. Pendant ce trajet, le lecteur participe aux aventures des différents personnages qui occupent la vie de Lily : son ex-mari, ses deux filles, ainsi que Bastien, le fils de ses clients.

La voiture est le huis-clos du récit. Le trajet se déroule sous la canicule. Et dans cette chaleur épaisse, lourde et pesante, les révélations se font. Sous des apparences ordinaires, les personnages sont presque “machiavéliques”.



La lecture est fluide, les changements de situation sont très bien réalisés et apporte du rythme au récit. La plume est belle, les descriptions sont à couper le souffle pour certaines nous obligeant parfois à relire le paragraphe pour souligner à quel point elles sont remarquables. L’auteur ayant déjà écrit des poésies, sa facilité à accorder les mots entre eux s’en ressent d’autant plus.



Comment l’adultère peut-il provoquer un tel mal-être, une telle souffrance ? Comment peut-il donner des idées de meurtre ? Sans violence, ni bain de sang, l’irréparable se dessine pourtant. La quatrième de couverture dévoile juste le nécessaire.



Merci à Babelio pour cette opération Masse Critique ainsi qu’aux éditions Phébus pour leur confiance.
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Noir canicule

Cher M. Chavassieux Christian,

Il y a quelque temps, les équipes de Babelio et des éditions Phébus m’ont proposé de découvrir l’un de vos romans, « Noir Canicule » (je leur en remercie vivement, d’ailleurs). J’ai lu attentivement le résumé que votre éditeur en a fait et je me suis immédiatement attendu à aller de surprises en surprises, à nager dans un océan de pourriture. J’ai tout de suite voulu ressentir cette panique et cette oppression que génère les romans noirs. J’ai voulu être horriblement captivée … presque, à en rêver (ou à en cauchemarder) les nuits. C’est avec ces attentes que j’ai commencé à découvrir votre plume. 
On peut le dire, vous avez une plume agréable et douce. Même en relatant l’horreur, elle ne fourche pas. Elle reste respectueuse de notre belle langue française. C’est un choix que je salue vivement. Toutefois, cette écriture si douce et ce ton si constant ne m’ont pas semblé adaptés au genre que vous auriez voulu donné à votre roman. S’il était un roman de littérature contemporaine, cette écriture serait parfaite. Mais pour un roman noir, il lui manquait, à mon sens, un peu de piquant, de force, de rage, de vivacité. Cette douceur a masqué les émotions qu’un roman noir devrait nous faire ressentir. Il n’y avait pas de place au suspens, pas de place à la peur panique, pas de place à l’étonnement. En refermant votre roman, je garde un souvenir de douceur … Pourtant, vous avez travaillé à maculer ce roman de maladies, de morts et de souffrances dans le but de le rendre sombre. 
Cette plume, qui vous a subtilement trahi, apporte d’étonnantes déconvenues. Quand à la centième page, nous découvrons ce qui doit être l’horreur, nous n’y croyons pas. Nous n’y croyons pas parce qu’on a l’impression que cette péripétie à été jetée ici comme on jette un sac poubelle. Rien ne le laisse envisager. Rien ne le laisse imaginer. Oui, nous avons l’impression que ce fait est là, comme-ça, parce qu’il fallait bien qu’il se passe quelque chose à un moment. Et puis, il y a les incohérences qui vont de paires. Je ne souhaite pas spoiler mes amis lecteurs, donc je vous dirais simplement qu’être vieux ne veut pas dire perdre l’odorat … surtout en pleine canicule. 
Parlons de ces « vieux », justement. Je les ai adoré et j’aurais voulu en savoir davantage sur eux. J’aurais voulu avoir leurs ressentis, j’aurais voulu capter leurs émotions. Je trouve, malheureusement, que vous vous êtes satisfait d’une surface plutôt que de les creuser en profondeur. Ces deux personnages auraient pu être une mine d’or si vous les aviez davantage développés. Bernard, quant à lui, m’a beaucoup intéressé. Un enfant qui a grandi en étant continuellement comparé à son auguste aîné. Un enfant qui est devenu un adulte en manque de confiance en soi. Un adulte déprimé, fatigué. Un personnage qui avait tout pour devenir le personnage sombre par excellence. Mais là encore, nous n’avons découvert qu’une surface plane. Je ne vous mentirais pas, j’ai eu beaucoup de difficultés à apprécier Lily, Nicolas et Jessica. Ils me semblaient manquer « d’humanité ». Un peu comme des ébauches de dessins qu’on ne finira jamais et qui ne prendront jamais réellement vie … juste un amoncellements de traits. 
La fin ? Il n’y a véritablement eu de fin que pour deux personnages. Une fin fatale. Mais pour les autres, que leur est-il arrivé ? Nous refermons le livre sans le savoir. Nous ne pourrons qu’imaginer avec le peu d’indices que vous nous avez laissés.

Vous l’aurez compris, M. Chavassieux, je m’attendais à être emportée dans les limbes et ce ne fût pas le cas. On ne peut susciter l’horreur dans l’imaginaire en se contentant de caresser des pages avec une douce plume. Vos pages auraient dû souffrir et saigner à force de se faire griffer par votre plume. Malgré tout, j’espère vous découvrir dans un nouveau roman. Un roman où votre si belle plume sera sublimée par une histoire qui lui ressemble.

P.S. : Je trouve ça dommage que votre éditeur se soit accommodé d’une image provenant d’une banque d’image pour illustrer votre roman … Vous y avez passé de longues heures de travail, il aurait été de justice que le graphiste de votre éditeur y passe également quelques heures de réflexion. Il a préféré acheter une image et la coller sur le gabarit de votre roman avant de l’envoyer en édition. Ce serait être malhonnête que de dire que les illustrations n’invitent pas à la découverte, n’est-ce pas ?
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Noir canicule

Avec cet épisode aujourd’hui devenu inaugural et prémonitoire, Noir canicule dépeint un monde qui change mais n’a encore rien à voir avec le nôtre. À la violence de vies ordinaires se mêlent la beauté de la terre et l’inlassable exigence qu’elle impose. C’est le roman des prémisses de nos problèmes.
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