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Critiques de Christian Chavassieux (182)
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Je suis le rêve des autres

Quelle fable magnifique, d’une poésie puissante, touchante, intimiste ! Un récit de voyage unissant un enfant de huit ans et un vieillard où dominent tendresse et émotion, un périple initiatique ponctué de découvertes, d’apprentissages, de bienveillance. Rien que la couverture, illustrée par Kévin Deneufchatel, nous offre la promesse d’un cheminement solaire, d’une quête où la destination importe moins que le chemin. Et tout part d’un seul rêve…



Malou, ce garçonnet de presque huit ans, se réveille un matin dans son petit village, Paleval, après avoir fait un rêve extraordinaire dont il parle aussitôt à ses parents. Interloqués, les parents décident d’en parler aux sages du village qui immédiatement font le parallèle entre ce rêve et une prophétie bien connue. D’après eux Malou est un réliant, un être d’exception choisi pour recevoir les doléances humaines et les relayer auprès des esprits des éléments et, réciproquement, capable d’invoquer les esprits via les rêves pour demander conseil. Pour en être certain, ils décident d’envoyer Malou à Beniata, contrée extrêmement lointaine, pour rencontrer le Conseil des Conseils qui seul pourra confirmer, ou pas, qu’il s’agit bien d’un réliant. Et dans ce cas, quelle chance incroyable pour le village qui attend cela depuis très longtemps, avoir un réliant en son sein permet d’attirer du monde, d’être moins isolés et d’être protégés. Les sages décident que ce long voyage se fera avec le vieux Foladj, le seul à avoir voyagé aussi loin.



Et voilà que commence ce long périple durant lequel nous tournons les pages, émus, intrigués, pour savoir si oui ou non Malou est bel et bien un réliant. Les toutes dernières pages nous donnent la réponse. Mais, avant même cette réponse, nous percevons au fur et à mesure de la progression que le voyage est plus important que la destination…multiplicité des paysages traversés, multiplicités des moyens de locomotion utilisés, faune et flore qui nous émerveillent de leur exotisme, diversité des personnages rencontrés, alternance de moment fabuleux et d’instants très difficiles, avec, pour clore chaque journée, la question de Foladj à son jeune maître, question devenue rituelle : « qu’as-tu appris aujourd’hui ? ». Question que nous pourrions prendre l’habitude de nous poser régulièrement me suis-je dit à maintes reprises…



« Le pays de Benter laissa place aux marche du fleuve. Les pas des lanquedins s’enfoncèrent dans un limon épais et souple, ils foulaient de vastes champs d’herbe grasse qui répondaient à leur marche par un enchantement de parfums amples, sombres et suaves ».



Christian Chavassieux magnifie ses personnages, leur donne chair, de façon approfondie et subtile. Le petit Malou est à l’aube de sa vie, innocent et pur, il s’émerveille de tout, observe et apprend de chaque situation, dispose d’une maturité étonnante pour son âge ce qui en fait un personnage particulièrement attachant. Le vieux Foladj est au crépuscule de la sienne, ce voyage est l’occasion pour lui de faire un bilan, à la fois sur les événements sombres de son passé de guerrier mais aussi sur les éléments plus lumineux de défenseur acharné d’une race d’hommes à présent éteinte, la race ancienne. Faible, fatigué, tiraillé par ce passé aux multiples facettes, Foladj voit en Malou une forme de rédemption, une façon de racheter ses péchés passés. Quant à la complicité entre les deux personnages, Christian Chavassieux nous éblouit de cette amitié grandissante, basée sur le respect, l’admiration, leurs liens se faisant de plus en plus forts au fur et à mesure du voyage, chacun apprenant de l’autre…Ce duo attendrissant est la clé de voute de la fable. L’auteur apporte à ses personnages une âme « qu’on ne trouve dans la plupart qu’en miettes et en souillures ».



« - Je n’ai jamais rencontré de personne plus précieuse, plus gentille, plus patiente et attentive. Il me serait facile de mourir pour toi. Que tu sois un élu des esprits ou pas, quoi qu’il advienne, je t’aurai connu et servi, et cela vaut toutes les prophéties - La conviction du vieux entrait dans son regard en générant une sensation de chaleur. L’enfant sentit sa gorge se contracter, réaction qui, songeait-il, précédait généralement un gros chagrin, et dont il ne comprenait pas ce qu’elle venait faire là, à cet instant, car il n’était pas triste, c’était une douleur tendre qui le saisissait, une sensation complexe, rarement éprouvée. Sur une impulsion, il se pencha pour entourer de ses petits bras le cou du vieux. Ils se serrèrent l’un contre l’autre. La poitrine de Foladj émettait de secs petits hoquets, un bizarre rire étranglé. Malou chuchota : - avec toi je n’ai pas peur – ».



Alors qu’ai-je appris de cette jolie fable ? « Que l’on peut vouloir être plus que soi-même. Et c’est cela qui oriente et prescrit. C’est ce désir qui fait d’un enfant qui rêve, une promesse pour demain, et d’une brute repentie, un être de conscience ».

Merci Christian Chavassieux pour ce récit intimiste, ce moment de beauté, de pudeur, de tendresse, je suis ressortie à la toute dernière page, « dévastée et reconstruite dans la même respiration ». Comme Malou. Comme Foladj. Une telle intensité d’émotion est rare ! De plus ce roman de voyage nous offre avec subtilité de multiples messages sur les relations intergénérationnelles, sur les bienfaits de la mixité des cultures, sur le respect de la faune et de la flore. Messages à la portée amplifiée par le côté fable du livre. Un récit solaire qui fait du bien. Et qui apporte une belle respiration humaniste…salvatrice !



« Les heures pulvérisaient les braises du jour qu’avait répandues la prodigalité du soleil ; d’autres heures bâtissaient des voutes adamantines venues avec la nuit. Les mots de l’enfant et les pensées du vieux élevaient sous ces deux clartés les sortilèges de l’amitié ».



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L'affaire des vivants

L'affaire des vivants est un roman qui m'a emporté assez loin de mes sentiers de lectures habituels, il s'agit d'une histoire originale, tant par le thème abordé qu'en raison de son mode narratif.

Je découvre Christian Chavassieux à cette occasion, et je vais commencer par louer son style et son érudition. L'auteur sera le narrateur et l'observateur tout au long de cette saga familiale avec un parti pris narratif peu courant, ici peu de dialogues, un récit à la troisième personne, une multitude de biographies plus ou moins détaillées.

Si j'ai aimé ce roman c'est qu'il m'a intéressé et fasciné, j'y ai vu la chronique d'une période et d'un monde aujourd'hui oublié, j'y ai reconnu le temps de mes arrières grands-parents que je n'ai pas connus, je me suis remémoré les souvenirs de mes grands mères en retrouvant la rigidité d'une certaine morale aujourd'hui estompée.

Ce qui m'a également impressionné c'est la description de deux mondes dénués de sentiments et d'empathie, qu'ils soient riches ou pauvres. La peinture qui nous est proposée ici est grise et froide, pas triste ou mélancolique non, mais très certainement dramatique et dénuée d'espoir, quelle que soit la condition des personnages, c'est la représentation d'une société où le mot bonheur semble être tabou.

Au fil des chapitres, j'avais la sensation de voir des daguerréotypes ou des images couleur sépia, pas de doute pour ce qui me concerne, Christian Chavassieux a remarquablement travaillé le contexte de son roman qui se situe dans la période 1850-1918.

Cette histoire, c'est aussi une radiographie de la condition ouvrière d'alors, écrasée par la bourgeoisie des industriels avides de profit, très instructif.

Le destin de Charlemagne, le personnage principal du roman, est une saga à lui tout seul, c'est l'histoire d'un homme rustre qui va s'élever au-dessus de sa condition, d'un homme qui va aussi renier son passé. Charlemagne va à merveille nous démontrer qu'il existe véritablement deux formes d'intelligence, il possède la première et est complétement dépourvu de la deuxième que j'appellerai, faute de mieux, celle du cœur. Ce roman est également celui de sa famille, qui tentera tant bien que mal de vivre dans son ombre gigantesque.

Voilà, je vais m'arrêter là, j'ai aimé cette lecture riche de beaucoup de choses, merci également à l'auteur pour ces notes explicatives qui éclairent de belle façon ce qu'a été la construction de ce livre.
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Noir canicule

Alors que la canicule écrase la France de 2003, provoquant les décès que l’on sait, Lily emmène dans son taxi un couple de vieux agriculteurs, pour une longue course dans le Sud de la France. Sont ainsi amenées à se croiser plusieurs histoires toutes aussi noires les unes que les autres : entre vieillesse, maladie et deuils, entre déceptions amoureuses et solitude, mais aussi entre accidents et homicide, tout semble en effet aller de travers pour ces trois personnages et leurs proches.





Un sentiment d’étrangeté m’a accompagnée tout au long de ma lecture, perdurant longtemps après la dernière page. Il a fortement contribué à mon intérêt pour ce récit, piquant ma curiosité jusqu’à me faire dévorer ce livre en une soirée, et me laissant ensuite déconcertée et pleine d’interrogations.





Tous les personnages sont crédibles, campés avec réalisme, et extraordinairement... ordinaires : en quelques phrases, l’auteur réussit à donner vie à des protagonistes qu’il vous semble connaître, comme s’ils étaient un échantillon de gens que vous pourriez croiser tous les jours, aux prises avec les mille tracas de la vie contemporaine. Leurs vies se croisent, se font et se défont, sans que d’habitude vous n’en sachiez jamais rien. Et pourtant… que de drames cachés derrière ces apparences bénignes.





Toute l’originalité du roman est dans son atmosphère délétère, comme si la canicule n’était qu’un des signes d’un délitement général, les personnages perdant d’abord imperceptiblement, puis de plus en plus désespérément, le contrôle de leur vie. Un insidieux malaise s’installe peu à peu, celui d’êtres humains mal dans leur existence, confrontés aux chagrins et aux désillusions, tentant péniblement de faire face, au prix de leur bonheur, de leur santé ou de leur innocence dans tous les sens du terme.





Cette canicule a au final des accents vaguement apocalyptiques, ressentis dans leur chair et dans leur âme par des personnages atteints dans leur intégrité et leurs fondamentaux. Elle est la représentation au sens propre de leur surchauffe personnelle, dans un monde qui doute et se sent à la dérive, vers un inconnu inquiétant et dangereux.





Etrange et dérangeant, voici un livre dont on sort pas indemne et qui laisse des questions plein la tête, tant cette histoire reflète le mal-être d'une société de plus en plus sujette à la peur, rationnelle ou non, de ne pas maîtriser son avenir. Un auteur à découvrir !





Merci à Babelio et aux Editions Phébus pour le privilège de cette lecture en avant-première.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Je suis le rêve des autres

Comme c'était beau ! J'ai même versé une petite larme à la fin. Magnifique, émouvant, une belle quête, un beau voyage dans la réflexion. J'ai adoré ses échanges entre ce petit garçon de sept ans et ce vieil homme qui souhaite se repentir de son passé. Une transmission pacifique et pure au-delà de l'aboutissement du Pardon. Cette quête différente, n'est que le bon chemin à prendre pour les deux. Merveilleux. (Et j'adore le titre).

Pour plus de consistance, je vous invite à lire la critique de HordeDuContrevent.
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Mon très cher cueilleur de roses

Une auteur parisienne reçoit en héritage une vaste propriété entretenue par Antoine, un septuagénaire qui prend soin du potager, des ruches et des rosiers. Entre eux va s'établir un marché, Antoine va lui proposer de lui raconter le drame de sa vie qui constituera la matière de son prochain roman. Elle ignore alors que certains événements vont comme une onde de choc faire écho à ce que fut sa jeunesse.



Christian Chavassieux nous emmène sur les chemins de la création littéraire. Peut-on prendre de la distance par rapport à ce que l'on entend, comment l'intégrer et le retranscrire, comment écrire un roman qui soit à la fois le reflet de la vérité mais surtout une histoire qui dépasse l'histoire personnelle, cet écrit autorise-t-il le jugement. En filigrane se superpose la voix de la société qui a jugé un coupable et exige réparation mais n'accepte ni pardon ni rédemption.



Un roman de l'intime qui ne laisse pas indifférent.





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Je suis le rêve des autres

Voici une sublime novella à coté de laquelle on ne peut pas passer. Depuis quelques temps nous avons un certain nombre de courts récits qui se situent tous dans un imaginaire incroyable et hors de tout chemin balisé comme : Collisions par temps calme de Beauverger, Oiseau de Skaden, Les oiseaux du temps de El-Mohtar...

Je suis le rêve des autres est un roman plein de poésie qui nous va droit au coeur tant le parcours initiatique de cet enfant de 7 ans et de son vieux compagnon et ancien baroudeur nous touche et nous emporte.

On est dans un autre monde, inconnu, que l'on découvre avec cet enfant ;

on est touché par ses émotions, par ses rêves, par son voyage...

" Qu'as-tu appris aujourd'hui? "

Et bien, qu'il est possible d'écrire un texte plein d'imagination et de poésie comme cette magnifique fable de Christian Chavassieux.

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Je suis le rêve des autres

« Tous nos rêves ne se manifestent pas avec la même force. Les plus marquants se révèlent souvent aux portes du jour, et bouleversent l'âme au point qu'il semble vital de les partager. Celui que fit l'enfant était de cette nature. Agréable, solaire, il le déposa aux marges du réveil en lui laissant une impression durable d'intense bonheur. »



Voici comment débute ce très beau roman de Christian Chavassieux à la frontière du rêve et du spiritisme, de l'intime et de l'introspection.

Ce récit se situe dans un monde différent mais également très proche du notre, un monde dans lequel je n'ai eu aucun mal à me projeter. Classé dans la Fantasy, je lui trouve une dimension plus proche du conte, de la quête identitaire ou du voyage initiatique.



*

Lorsque Malou, un petit garçon âgé de sept ans, se confie innocemment à ses parents sur un rêve à la fois étrange et merveilleux qu'il vient de vivre, il est loin d'imaginer l'importance que cela revêt pour les adultes. Les parents, saisis par les mots de l'enfant, par la magie du songe, pressentent qu'il pourrait être l'élu, le messager des esprits, l'intercesseur que tous les villageois de Paleval attendent depuis toujours.

Présenté aux élus du village, il est décidé qu'un des anciens, le vieux Foladj, accompagnera le jeune garçon jusqu'aux portes de Beniata où siège le Conseil des Conseils, seul habilité à confirmer, ou pas, sa qualité de reliant.



« Foladj avait été choisi pour protéger et guider le petit, car il était le seul, au cours de sa vie aventureuse, à s'être rendu au Berceau, le seul à avoir parcouru le continent, à parler plusieurs langues. Il avait même, disait-on, navigué sur l'océan. »



C'est un périple de plusieurs mois qui attend le vieil homme affaibli par l'âge et l'enfant si jeune, le début d'un voyage, au sens propre comme au sens figuré.

Au cours de cette longue et difficile traversée, j'ai eu l'impression d'être au coeur de l'histoire, m'émerveillant devant ces paysages inconnus et enchanteurs que je découvrais en même temps que l'enfant. Avec eux, j'ai parcouru de grandes distances, approché une flore et une faune surprenante, navigué sur le fleuve des fleuves, fait des rencontres marquantes.



Et ce voyage éprouvant alternant joies, émerveillements, peurs, souffrances et chagrins devient un dépassement de soi, un cheminement dans l'intimité de la pensée, une ouverture de soi en même temps qu'un cheminement de l'esprit vers les autres.



« Malou se nourrissait de la constante bonne humeur de son guide, de son attention et de sa gentillesse jamais démenties. »



J'ai aimé les moments d'échanges et d'apprentissage, de confiance et de respect mutuel, où chaque soir, le camp monté, Foladj relatait leur journée dans un petit carnet, inscrivant les paroles de l'enfant, ce qu'il avait retenu de cette journée interminable et fatigante, mais riche d'enseignements.

Des moments doux et profonds.



« Les mots de l'enfant et les pensées du vieux élevaient sous ces deux clartés les sortilèges de l'amitié. »



Des moments où l'enfant apprend de l'adulte.



« Qu'as-tu appris aujourd'hui ? …

« J'ai appris qu'on pouvait être fier de la sagesse d'un autre que soi.

— Qu'en déduis-tu ?

— Que… la sagesse de l'un rejaillit sur la confiance de l'autre. »



Des moments où inconsciemment, la pertinence, la clairvoyance et la bienveillance de l'enfant pénètrent les pensées du vieillard, apaisent de manière inattendue sa souffrance intérieure.



« Lui, le guide, le protecteur, était passé sous la protection de son petit maître. »



*

Malou et Foladj sont des personnages extrêmement attachants. Les liens qui se tissent entre eux sont particulièrement émouvants et tendres. On sent que Christian Chavassieux a pris plaisir à leur donner vie, s'attachant à développer leur psychologie et nous les rendre proches.



Le petit garçon, par son empathie, sa candeur, ses questionnements permanents pour essayer de comprendre le monde qui l'entoure, fait preuve d'une clarté étonnante pour son âge. Tandis qu'il émane de lui une pureté et une franchise toute enfantine, il ouvre de nouveaux horizons à Foladj qui cherche à racheter ses fautes passées par ce voyage qui n'est plus de son âge.



Ainsi, le vieillard se révèle plus complexe qu'il n'y paraît au départ, l'auteur ayant pris soin de travailler sa personnalité avec une palette de couleurs tantôt lumineuses, tantôt dans des nuances plus sombres et tristes, ces teintes se fondant souvent les unes dans les autres.

A la lumière de ses secrets et de ses blessures non refermées, prédomine malgré tout un sentiment d'affection pour le vieux sage.



*

L'écriture poétique travaillée avec finesse et perspicacité, la fluidité du style s'apparient parfaitement pour envelopper le lecteur d'une ambiance paisible, subtilement mélancolique. le rythme est en parfaite harmonie avec la lenteur et la longueur du voyage.

Il flotte ainsi un parfum de douceur et d'onirisme malgré la violence passée qui s'esquisse peu à peu à travers les paroles pétries d'une douce sagesse, de savoir et d'expérience de Foladj. Petit à petit, le présent part à la rencontre des temps anciens lorsque vivait encore un autre peuple, celui des Ghioms.



*

« Je suis le rêve des autres » se veut une réflexion sur la tolérance, le respect et l'acceptation de la différence de l'Autre, sur les liens intergénérationnels et l'importance de la transmission, sur les rêves et le destin.



« Qu'as-tu appris aujourd'hui ? Que l'on n'est maître que de ses propres sentiments, qu'ils se limitent à notre personne et qu'il faut compter avec l'opinion des autres. »



En explorant la prise de conscience des actes et le sentiment de culpabilité, le repentir et la possibilité de rédemption, ce roman ouvre également une thématique autour des relations entre les personnages et comment leurs choix passés et présents affectent le restant de leur vie.



*

Pour conclure, ce récit hors du temps, est un voyage à la rencontre de l'autre et de soi. Il m'a conquise par son écriture onirique, ses beaux personnages, son atmosphère mystérieuse, des décors grandioses, mais aussi par cette aventure qui s'achève de manière inattendue et touchante.

J'en ai aimé chaque page, chaque phrase.

C'est beau et lumineux.



« Qu'as-tu appris aujourd'hui ?

Que l'on peut vouloir être plus que soi-même. Et c'est cela qui oriente et prescrit. C'est ce désir qui fait d'un enfant qui rêve, une promesse pour demain… »



*

Je finis mon billet en remerciant Bernard (@Berni_29) qui m'a invitée à découvrir ce roman subtil et plus profond qu'il n'y paraît au premier abord, et Chrystèle (@HordeDuContrevent) notre dénicheuse de pépites.
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Les nefs de Pangée

Énorme coup de coeur pour ce prix Planète SF des Blogueurs 2016 (ou prix Planète SF).



Vendredi je suis allée à la bibliothèque rapporter des livres et juste à côté du comptoir de prêt il y avait toute une sélection de livres de fantasy. Celui-ci m'a fait de l'oeil et je l'ai ramené à la maison.



Hier j'étais en congé et j'ai lu toute la journée : impossible de m'en défaire.



L'histoire est celle du peuple de Pangée dont la vie est rythmée par les Chasses à l'Odalim, le Maître des Eaux (un monstre de mer qui pourrait faire pâlir le fameux Kraken). Nous suivons le destin de quatre personnages principaux (à mon avis) : Logal dit le Bâclé, son frère Plairil (très vite catalogué comme un sale type), Bhaca le commandant en chef de la Dixième chasse et surtout Hammassi la conteuse de ladite chasse.



C'est tout un univers qui se met en place et c'est très bien raconté. Quand l'auteur introduit un mot inventé (faune, flore ou autre) avec la phrase qui l'enrobe, sans se poser de question on sait de quoi il s'agit.



Ils ont des moeurs un peu singulières : les enfants ont une mère et 9 pères, des élections style Hunger Games (le peuple choisi les candidats et ensuite ils doivent s'entretuer pour qu'il n'en reste qu'un), etc.



Les scènes d'affrontement en mer sont époustouflantes - tout comme les scènes de mort violente - et puis soudain… WHAT ???



!!! ATTENTION SPOILERS !!!





Un très bon moment de lecture que je vous recommande vivement.



Challenge pavés 2016-2017





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Noir canicule

Ce roman de Christian Chavassieux nous raconte A Day in the Life, une journée de personnes banales qui peupleraient les rubriques faits divers. Des gens comme vous et moi. Grâce à la plume de Christian Chavassieux, il va vous sembler les avoir déjà croisés. Qui sont-ils ? Une femme, chauffeur de taxi, son ex-mari, ses deux filles, sa belle-famille, un couple de paysans, leur fils, sa maîtresse, l'époux de celle-ci, un jeune apprenti cinéaste. Nous découvrons certains aspects de ces gens apparemment biens sous tous rapports : leurs travers, leurs mensonges, leurs secrets, leurs pensées noires, leur désespoir, leur solitude. Et cet instant où votre vie peut basculer et changer à tout jamais. Comme Bernard qui observe les solives de son grenier.



J'ai aimé la construction de l'histoire et le style de Christian Chavassieux, sa façon de suggérer plus que montrer, de ne rien expliquer, de ne pas chercher une quelconque justification aux comportements.





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La vie volée de Martin Sourire

Merci à Babélio et aux éditions Phébus qui m'ont permis de découvrir Christian Chavassieux dans le cadre de cette Masse Critique.



1777-1794



Marie-Antoinette, mariée depuis sept ans au roi Louis XVI se languit d'enfant. Elle en adopte plusieurs qu'elle mignote avec amour. Elle leur donne un nouveau prénom, des vêtements princiers, une éducation de choix et des manières de cour. C'est ce qui arrive à un petit garçon de cinq ans, orphelin, qui devient la coqueluche des proches de la reine tant son visage aux commissures relevées semble constamment sourire. La reine l'appelle Martin Sourire. Adoration de part et d'autre. de courte durée pour Martin car en 1778, la reine devient mère et elle confie Martin à une domestique sans plus trop se soucier de lui. de main en main, le garçonnet finit vacher dans le ravissant hameau rousseauiste que Marie-Antoinette fait construire à deux pas du petit Trianon.



Lorsque la famille royale est emmenée à Paris en 1789, Martin la suit mais dans une autre direction. Il trouve un emploi dans le plus grand restaurant de l'époque, le Beauvilliers, et fait connaissance avec le peuple, brutal, miséreux et grondant, que la prise de la Bastille a conforté dans ses revendications. Plus tard, Martin devient l'homme de confiance de l'architecte Etienne-Louis Boullée. En 1790, empli de l'idéologie révolutionnaire, il entre dans la Garde nationale, puis devient volontaire et participe à la guerre de Vendée. Dans les rangs des colonnes infernales, le sang appelle le sang et l'idéalisme se transforme en assassinats répétés. Son retour au foyer sera compliqué.



Pas d'intrigues, pas de héros, pas d'identification. le personnage principal a été glissé dans cette partie de l'histoire de France pour permettre à l'auteur de s'épancher sur certains épisodes et personnages moins connus de cette époque troublée. L'idée est sympathique et plaide en faveur d'une recherche documentaire approfondie au détriment du roman.



La construction du hameau de la reine et l'ambiance active qui règne dans ce village miniature n'ont plus de secret pour le lecteur. La vie dans les cuisines du Beauvilliers fait immanquablement penser au Ratatouille de Pixar, tandis que l'oeuvre visionnaire et fascinante de l'architecte Boullée se lit passionnément à travers ses projets et dessins soigneusement conservés aujourd'hui à la Bibliothèque nationale. Le chapitre consacré à l'action sanglante des colonnes infernales du général Huché à La Gaubretière, les paragraphes relatifs aux protagonistes de la Terreur ainsi que les pages commentant les supplices librement consentis des convulsionnaires, mettent du piment dans cette lecture agréable qui, faute de consistance dans les caractères des personnages, ne laissera cependant pas de souvenir durable.



Puisque Martin est un enfant volé, il semblerait logique qu'il cherche à retrouver ses origines, ses frères et soeurs mais il se contente d'une consultation chez un tarologue véreux. Dommage.



L'écriture est extrêmement soignée et renforcée par l'utilisation de vocabulaire de l'époque. Mention spéciale pour les annexes fort intéressantes qui témoignent de cet esprit de recherche et d'analyse de l'auteur : une chronologie simple mais efficace, un glossaire des mots anciens, une biographie significative de tous les personnages mis en scène et, surtout, une bibliographie annotée et commentée que, pour ma part, je ne me souviens pas avoir vue chez un autre auteur.



Nul doute que je me donnerai une autre chance de mieux connaître Christian Chavassieux.



2,5/5

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Noir canicule

Pendant l’été caniculaire de 2003, Lily, chauffeure de taxi, emmène un couple de paysans de la région de Roanne vers la méditerranée. Elle est séparée de son mari Nicolas qui vit à présent avec sa jeune maîtresse Mélanie, et a deux filles, une adolescente, Jessica, et Rose qui est plus jeune. Un climat mortifère pèse sur tous ces personnages dont nous allons suivre la vie une journée durant. ● Ni le titre ni la couverture ne rendent justice à ce livre magnifique. Le titre nous envoie sur la fausse piste d’un polar, même si « noir » est plus large que cela. Certes, ce roman est noir au sens de « pessimiste » mais le crime y occupe une place mineure ; il est plus le symbole du mal-être de tous les personnages que l’élément clé d’un récit policier. D’ailleurs il n’y a rien de policier dans ce roman. Et il est beaucoup mieux écrit que la quasi-totalité des polars. Quant à la couverture, on se demande ce qu’ils ont fichu aux éditions Phébus pour balancer une jaquette aussi bâclée, laide et indigente. ● J’ai admiré tout à la fois la construction de l’intrigue, l’art qu’a l’auteur de suggérer plutôt que de dire, et son style superbe, riche, gouleyant. Les personnages, des gens « ordinaires », sont tout en profondeur et en ambiguïté. Lily est le centre ardent de ce récit, le point qui relie tous les personnages. Un bien beau livre que je conseille sans réserve.
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Je suis le rêve des autres

En 6 pages, la situation initiale est brossée. L’enfant, que nous connaîtrons bientôt sous le nom de Malou, raconte l’épiphanie qu’il a vécue pendant un de ses rêves. Devant la qualité du récit et la teneur du songe, les anciens pensent que cet enfant peut être un réliant, « un oracle des origines », trait d’union entre les hommes et les esprits, le premier de Paleval, ce village qui n’en a jamais eu. Pour en obtenir confirmation, le vieux Foladj l’accompagnera auprès des autorités compétentes, à Beniatia. « Ainsi commença le voyage du petit Malou et du vieux Foladj. Aventure qui ne bouleversa d’autres destins que les leurs, n’entraîna aucune guerre ou révolution, ne fut même pas exemple de sagesse ou de piété, pas plus que source d’embarras ou d’indignation. Aventure qui ne concerna que ces deux-là, fut pour eux d’un prix élevé, leur apporta une grâce qu’on ne trouve dans la plupart des âmes qu’en miettes et en souillures » nous annonce Christian Chavassieux en page 10 de son magnifique roman Je suis le rêve des autres, nous proposant ainsi une sorte de résumé-guide pour la lecture.

***

Malou et Foladj savent qu’ils entreprennent un très long voyage qui, au mieux, devrait durer 9 ou 10 mois. Ils devront traverser des contrées où seul Foladj s’est déjà aventuré, ce qui justifie qu’il devienne l’accompagnateur de cet enfant possiblement promis à un extraordinaire destin. Le vrai dépaysement, pour l’enfant et le lecteur (qui, comme moi, n’a pas encore lu La Nef de Pangée), commence peu après, à l’arrivée des voyageurs dans la première ville : des maisons incroyablement hautes, des machines inconnues, des gens entravés qui travaillent, des frères de terre tués, destinés à être mangés, et d’autres, des lanquedins, assez gigantesques pour que l’on voyage dans les huttes spacieuses construites sur leur dos. Un autre monde que je me refuse à détailler plus ! Très vite, on comprend que l’enfant et le vieil homme développent une relation faite de curiosité, d’admiration, de respect et de tendresse. Ils vont devenir complices, apprendre à se connaître et à s’apprécier, à s’aimer. L’enfant fait preuve d’un belle maturité pour ses 8 ans, et on pressent un être exceptionnel. Quant à Foladj, il a eu plusieurs vies. Une partie de son passé mouvementé a laissé dans son cœur regrets et remords, mais il a l’impression de s’être partiellement racheté plus tard, par son activisme et ses bonnes actions.

***

J’ai retrouvé avec un grand plaisir dans ce beau récit ce qui me plaît tant chez Christian Chavassieux : le ton, le style, la poésie, le rythme, et aussi les trouvailles sémantiques… Ainsi, le vieil homme et l’enfant voyageront en lanquedin et en ezquide, leur destination est Beniatia, et il a existé une civilisation nommé Christosa. Je pourrais multiplier les exemples. Chacun des personnages est très fouillé et réserve des surprises, l’un et l’autre toujours magnifiés par l’écriture. Les réponses à la question vespérale rituelle de Foladj à Malou « Qu’as-tu appris aujourd’hui ? » ou les brèves conversations qui la suivent donnent souvent lieu à des aphorismes d’une grande profondeur parfois pleins d’un humour subtil et discret. En fait, on progresse dans le récit avec la lenteur propre à l’enfant et au vieil homme, et les découvertes, les splendeurs, les difficultés du voyage s’effacent devant la place laissée à l’introspection des deux héros. Comme l’annonce l’auteur au tout début, c’est l’apprentissage, la connaissance qu’ils développeront d’eux-mêmes qui fait la richesse de leur voyage, bien plus encore que les découvertes et les savoirs glanés au fil de leur périple. J’ai précommandé à la Fnac le prochain roman de Christian Chavassieux, Mon très cher cueilleur de roses, qui sort le 5 mai. C’est la première fois que je fais ça. Fan, je suis…

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Je suis le rêve des autres



"Tous nos rêves ne se manifestent pas avec la même force. Les plus marquants se révèlent souvent aux portes du jour, et bouleversent l'âme au point qu'il semble vital de les partager. Celui que fit l'enfant était de cette nature."



Malou, sept ans, semble promis à un destin exceptionnel. Les anciens du village ont reconnu en son rêve une ancienne prophétie. Il serait l'élu, "le messager des esprits", celui que tous attendaient depuis très longtemps. Afin d'en avoir confirmation, il doit se rendre à Benatia, là où siège le conseil des conseils. Compte tenu de son jeune âge, le vieux Foladj est désigné pour l'accompagner.



"Foladj avait été choisi pour protéger et guider le petit, car il était le seul, au cours de sa vie aventureuse, à s'être rendu au Berceau, le seul à avoir parcouru le continent, à parler plusieurs langues. Il avait même, disait-on, navigué sur l'océan."



*



À la fois récit de voyage, roman de formation et conte philosophique, 《Je suis le rêve des autres》 est un bijou de délicatesse et de poésie - la promesse d'un moment suspendu, hors du temps. Les mots transportent, bercent, envoûtent, caressent l'émotion.



Le lecteur (exclusivement) friand d'action, de suspense ou encore de spectaculaire risquerait de ne pas s'y retrouver. L'histoire est simple mais profonde, l'ambiance intimiste, le rythme lui, plutôt lent et introspectif. Les messages subtilement distillés possèdent un caractère universel.

Savoir si le jeune Malou est bel et bien un "réliant" ne constitue pas l'essentiel. Ce dernier réside ailleurs, dans ce que le voyage a à offrir, en termes de découvertes et d'enseignements, mais aussi dans le lien unissant les deux protagonistes.



*



Comment ne pas s'attacher à eux?

Malou, avec sa candeur, sa soif de savoir, son regard émerveillé sur le monde et ses trésors. Foladj, avec son dévouement sans faille, son désir de transmission, ses fêlures et zones d'ombre. Chacun m'a touchée en plein cœur. Ils partagent tous deux une relation magnifique, tendre et complice, basée sur la confiance, la bienveillance, le respect mutuel. L'un porte sur ses épaules le poids de l'avenir, l'autre le poids du passé. Du pire comme du meilleur, de l'innocence et de l'expérience, chacun apprendra. Avec l'amitié pour refuge, le voyage se fait école de la vie.



"Je n'ai jamais rencontré de personne plus gentille, plus patiente et attentive. Il me serait facile de mourir pour toi. Que tu sois un élu des esprits ou pas, quoiqu'il advienne, je t'aurai connu et servi, et cela vaut toutes les prophéties. "



"Avec toi, je n'ai pas peur."



Qu'ai-je aimé cheminer à leurs côtés, les suivre dans leur quête s'enrichissant d'un sens différent pour chacun. Paysages traversés, rencontres, échanges, chroniques de l'ancien monde, instants heureux ou malheureux, j'emporte ces précieux souvenirs avec moi.

Dès l'incipit, le charme à opéré et ne s'est jamais démenti. J'ai tourné les pages, tant curieuse qu'attendrie.

Une lecture comme une parenthèse bienfaisante, comme un cadeau à s'offrir et à offrir!



***



"Qu'as-tu appris aujourd'hui? Que l'on peut vouloir être plus que soit-même. Et c'est cela qui oriente et prescrit. C'est ce désir qui fait d'un enfant qui rêve, une promesse pour demain, et d'une brute repentie, un être de conscience.



La feuille emportée par les eaux ne connaît pas l'espoir de la rive. Mais tu n'es pas feuille, ô frère humain, et tes rêves disputent sa force au fleuve."



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La vie volée de Martin Sourire

Un petit orphelin de 5 ans au visage d’ange agrémenté d’un sourire permanent se trouve au bord d’une route, dans les bras de sa grand-mère. Ils sont venus pour voir passer la reine Marie-Antoinette. La reine, qui n’a pas encore d’enfant, recueille parfois de petits pauvres pour les élever auprès d’elle. C’est ce qui va arriver à Martin : contre un peu d’argent donné à la grand-mère, la reine emmène Martin à Versailles. Mais elle se lasse vite de cet enfant quasi mutique au sourire figé. Il passe de mains en mains. On lui impose diverses activités dans lesquelles il se montre maladroit. On lui découvre un don avec les animaux. Il travaille à la construction du « hameau » de la reine et il se retrouve vacher à la ferme-jouet de Marie-Antoinette, Trianon.

***

À la fin du roman, Christian Chavassieux nous propose des « Repères chronologiques » bien utiles pour s’y retrouver dans cette époque troublée. Non que le parcours de Martin soit difficile à suivre, mais parce que le jeune homme subit, la plupart du temps, les conséquences des événements historiques sans avoir eu connaissance de leur déroulement. On vit la Révolution par les yeux de l’homme de la rue, de celui qui n’a pas une vision d’ensemble de la situation. Dans la première partie, « En ce pays-ci (1777-1789) », on suit Martin à Versailles et à Trianon, dans la vie quotidienne d'un petit monde exploité, mais aussi favorisé par rapport à beaucoup d’autres individus de leur « condition ». Dans la deuxième partie, « Un air de bonheur (1789-1790) », Martin arrive à Paris, dans un univers nouveau pour lui. Il travaillera dans les cuisines d’un grand restaurant puis chez un architecte plein de compréhension et de générosité. On le verra aussi tomber amoureux de Marianne. Dans la troisième partie, « La Grande Sauvage (1791-1794) », on retrouve un Martin transformé, une homme que le lecteur ne reconnaît pas et qui ne se reconnaît pas lui-même. On apprendra pourquoi dans le bouleversant et puissant monologue intérieur du chapitre 8, le plus long de tous. On ne peut qu’être rempli de compassion pour Martin et partager son désarroi.

***

Christian Chavassieux nous propose aussi des « Notes » passionnantes et pleines d’humour sur les recherches qu’il a effectuées pour écrire La Vie volée de Martin Sourire, des explications sur le « Vocabulaire » ainsi qu’un glossaire, et des renseignements sur les « Personnalités » qui traversent le roman, tant ceux qui jouent un rôle important que ceux qui ne font que passer. Et puis il y a comme toujours l’écriture inimitable de Christian Chavassieux : la richesse du vocabulaire, le mot que vous ne connaissiez pas et que vous comprenez quand même (si ce n’est pas le cas, référez-vous au glossaire), les descriptions magnifiques, le talent de susciter l’empathie… Un style qui vous donne à voir la vie quotidienne de cette époque grâce à quantité de détails qui pour la plupart m’étaient inconnus. J’ai adoré ce roman d’apprentissage aussi dépaysant que passionnant et instructif !

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Mon très cher cueilleur de roses

« J'oublie des choses, j'en recrée. Je ne sais plus exactement comment se sont déroulées ces premières heures, à Malvoisie. Malvoisie, ma maison. » Dès les premières phrases, la narratrice, une écrivaine, la petite cinquantaine, nous apprend qu'elle a hérité cette belle et grande bâtisse d'un amant et amour de jeunesse qui lui a aussi légué suffisamment d'argent pour entretenir la propriété. Elle quitte donc son loft parisien avec plaisir et s'installe en Bourgogne. Antoine, 70 ans, s'occupe de l'entretien courant de Malvoisie, du verger, du potager, des rosiers, comme il le faisait déjà pour l'ancien propriétaire. Va-t-elle le garder ? Elle hésite : il pourrait se montrer envahissant, la déranger… Ils trouvent facilement un arrangement qui leur convient à tous les deux et, au fil du temps et des confidences, ils vont apprendre à se connaître.

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D'emblée, un regret : le bandeau qui annonce « La délicatesse d'un assassin » alors que le lecteur n'apprendra le crime d'Antoine qu'à la page 123. J'aurais aimé qu'on me laisse découvrir par moi-même l'enchaînement des faits… Cette pratique éditoriale devient la norme et je le regrette. Comme le laisse présager l'incipit, la mémoire, ses manques, la modification et la transformation du souvenir occupent une place importante dans les récits des traumatismes des personnages principaux. J'ai du mal à parler de la structure du roman sans en dire trop sur l'intrigue et l'évolution des personnages tant ces aspects sont imbriqués. Saskia prévient Antoine : ce qu'il lui confiera pourra faire l'objet d'un roman, loin ou près de la réalité des faits, et Antoine donne son accord à la romancière. Christian Chavassieux nous propose donc d'accompagner une écrivaine et de partager les fruits de son travail, ses interrogations, son introspection, sa progression, ses réticences, bref une réflexion métalittéraire soignée, mais qui n'affaiblit pas la force du récit. La démarche prend tout son sens quand on lit les remerciements. J'ai été sensible aux progressives confidences d'Antoine à la narratrice, récit parfois hésitant, parfois naturel, qui dévoile un homme sensible et tourmenté, à mille lieues de la figure du paysan bâtie par les préjugés de la Parisienne : « Qu'est-ce qu'une histoire comme ça a à voir avec le malheur ? » J'ai suivi avec compassion la sincère et douloureuse introspection de la narratrice dont on apprendra le prénom dans un moment bouleversant. Je me suis interrogée sur le rôle d'exutoire qu'elle attribue à l'écriture et j'ai apprécié le souci qu'elle avait de son interlocuteur, sa crainte de se comporter égoïstement et de privilégier son travail au détriment des sentiments d'Antoine. J'ai aimé côtoyer ces deux personnalités complexes et attachantes. Et puis comme toujours, il y a l'écriture de Christian Chavassieux, le mot inattendu mais juste, l'écho poétique, le rythme… Bref, j'ai beaucoup aimé ce Très cher cueilleur de roses.

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La vie volée de Martin Sourire

J’ai reçu ce livre dans la cadre de la mass critique et je remercie Babelio et les éditions j’ai Lu pour cet envoi.

Christian Chavassieux nous raconte la vie de Martin, une vie « volée » parce qu’en 1778, alors qu’il n’a que quatre ou cinq ans, il est « acheté » par la reine Marie-Antoinette à sa grand-mère. La reine est alors en mal d’enfant et adopte des jeunes garçons et des jeunes filles pour jouer à la maman. Martin découvre la cour de Versailles et son fonctionnement. De fil en aiguille, il deviendra vacher au hameau de la reine dans le parc du château. Car la reine veut jouer aussi à la Bergère

A partir de 1789, il quitte ce cocon pour découvrir la capitale, son peuple, ses misères, ses espoirs, travaille dans un restaurant, rencontre des personnages historiques secondaires, devient spectateur de la Révolution qui se déroule sous ses yeux avant de prendre les armes et de s’engager dans les armées de la république pour finir dans les colonnes infernales en Vendée en 1794.

J’ai lu ce roman partagé entre frustration et plaisir.

La frustration vient du fait que je trouve que la vie de Martin Sourire nous est racontée comme si il s’agissait d’un personnage ayant réellement existé, ce qui est plutôt réussi, mais Martin n’est jamais maître de quelque situation que ce soit. Il n’y a pas d’arc narratif. Le personnage est plutôt bien travaillé dans sa complexité et son évolution, mais il n’est jamais acteur de l’histoire. Aucune de ses décisions, de ses actes n’est réellement important et si on suit sa vie, ses amours, ses traumatismes, c’est plus en passionné d’histoire qu’en amateur de roman que je l’ai fait.

Parce que là pour le coup, c’est une petite claque.

A travers les yeux de Martin, de son sourire qui ne s’efface jamais vraiment de sa figure, c’est une quinzaine d’années de l’histoire de France à laquelle on assiste comme si on y était, de l’intérieur. De la vie des domestiques de la reine au hameau, du simple vacher à l’architecte, de la vie quotidienne dans le Paris de 1789 et 1790, avec prostituées, restaurants, vendeurs de rue, échoppes, relations sociales, domesticité, etc., de l’introduction de personnages historiques oubliés du grand public comme l’architecte Boullée, par exemple, tout est passionnant.

Quand je me suis rendu compte que ce livre n’est pas réellement un roman mais une immersion historique avec le personnage de Martin Sourire comme prétexte, je me suis vraiment fait plaisir. Et les pépites sont alors nombreuses, je pense au vol des glaces des lacs gelés de Versailles, à la mode des devins ou à la secte des convulsionnaires.

Le style de l’auteur est à l’avenant de son propos, un style très XVIIIe siècle, mais quand même très modernisé pour que nous puissions nous sentir à l’aise dans notre lecture. Les chapitres sont cours et les trois parties, Versailles et l’enfance, Paris et la jeunesse, la guerre et les traumatismes sont équilibrés.

Le climax du livre, celui qui vous scotche à votre lecture, c’est la troisième partie. Le seul chapitre vraiment long (plus de cinquante pages, quand même) est aussi celui qui vous laissera un goût particulier dans la bouche, quand Martin témoigne de ce qu’il a fait et vue en Vendée.

En conclusion, un roman historique ou le côté historique prend le pas sur le côté roman, mais pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment l’Histoire !
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La vie volée de Martin Sourire

Il est le garçon au sourire figé, à l'indéfectible rictus de bonheur aux joues...

Adopté sur un coup de coeur de Marie Antoinette, qui se lasse bien vite de son caprice, le petit Martin grandit à Versailles, quittant rapidement les salons dorés pour travailler comme garçon-vacher au Hameau de la Reine.



Une première partie pour l'enfance dans les décors somptueux du domaine royal,

Une seconde pour l'émancipation dans Paris, l'apprentissage du métier, de l'amour, des idées dans la frénésie des premiers temps joyeux de la Révolution,

Une troisième partie pour la perte des illusions et la fragilité d'un homme dans le chaos des guerres et les débordements sanguinaires de la Terreur.



Par une écriture travaillée et dans un style touffu, par des descriptions d'anthologie*, l'auteur nous fait vivre l'histoire politique et sociale de la France, à hauteur du petit peuple et par l'oeil de son garçon à la face étrange.



Il ne faut pas s'attendre à des rebondissements et une intrigue narrative. Tout le roman se justifie par la reconstitution d'une époque. On change de siècle, on s'immerge dans le Paris grouillant et populaire. L'annexe de vocabulaire en fin d'ouvrage contribue au dépaysement temporel, comme les personnages réels qui traversent le roman.



Une documentation haut de gamme fait de ce roman historique un modèle du genre.

Ce fut une lecture épatante! J'en remercie Masse Critique et les éditions Phébus.



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*telle celle du Paris de 1789, ou du gargantuesque dîner à la française. Quant aux guerres de Vendée, c'est oppressant de réalisme.

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Je suis le rêve des autres

Cela faisait nombre d’années que nous n’avions pas de nouvelle en terres imaginaires du français Christian Chavassieux.

L’auteur des Nefs de Pangée nous revient enfin avec un nouveau court roman dans le même univers (et qui peut se lire de façon totalement indépendante) au label Mu des éditions Mnémos. Superbement illustré par Kévin Deneufchatel, Je suis le rêve des autres nous transporte dans un petit village du nom de Paleval…



Sur le chemin

C’est par un rêve que commence l’histoire de Malou, jeune garçon de huit ans qui n’a pas encore idée de ce que ce rêve va changer pour lui.

De ce songe, les anciens de son village vont déduire un extraordinaire destin pour Malou : la capacité de communiquer les doléances humaines aux esprits.

Malou pourrait bien être un reliant ! Quelle chance extraordinaire pour ce petit village qui attend cela depuis si longtemps !

Mais avant d’en être certain, Malou devra voyager loin, très loin pour se rendre à Beniata afin que son don soit confirmé par le conseil des conseils, les plus sages d’entre les sages.

Pour atteindre cette lointaine destination, Malou sera accompagné de Foladj, un des plus vieux habitants du village et le seul à avoir voyagé aussi loin de par le monde. Ainsi commence le voyage du jeune et du vieux, ainsi commence un éveil au monde et aux autres.

Je suis le rêve des autres est un récit de voyage qui trompe le lecteur en faisant croire que l’important est de savoir si Malou est bel et bien un reliant. Durant 140 pages (sur 168), Foladj et l’enfant vont parcourir les terres de ce monde inconnu, de cette Pangée. Le but, lui, ne sera révélé qu’en toute fin de parcours, comme il se doit.

Christian Chavassieux illustre parfaitement la citation « L’important, ce n’est pas la destination, mais le voyage en lui-même. » de Robert Louis Stevenson puisque ce qui compte vraiment dans Je suis le rêve des autres, c’est le voyage entrepris par les deux compagnons et comment celui-ci va les changer. L’essentiel du récit, c’est le voyage intérieur ET extérieur de ses deux personnages principaux émouvants et éminemment humains.



Illuminer le monde

Dès les premiers mots, on retrouve la plume enchanteresse de l’auteur, faite de poésie et de douceur, une plume qui apaise et qui rassure.

Dans le monde imaginé par Christian Chavassieux, les hommes ont anéanti une vieille race aujourd’hui devenue légende : les Ghioms. Dans les étendues sauvages et dans les villes et villages traversés par Foladj et Malou, on trouvera des traces et des reliques de cette ancienne civilisation sacrifiée sur l’autel de l’avidité et de la brutalité.

Lentement, avec douceur et subtilité, l’auteur français nous mène sur les chemins de la (re)découverte d’un monde tout entier par les yeux de Malou. Chaque journée passée en dehors de son village est l’objet d’un apprentissage, d’une découverte humble mais magnifique. Chaque pensée importante est alors dûment notée par Foladj et, tandis que Malou s’émerveille du monde qu’il découvre dehors, le vieux lui s’émerveille de la façon dont Malou voit le monde.

Je suis le rêve des autres n’est pas simplement l’histoire d’un garçon qui porte le poids d’un espoir démesuré, c’est aussi, et surtout, la capacité à réenchanter à la fois le monde qui l’entoure et la vie d’un homme qui n’a pas été parfaite, loin de là. Au cœur de ce récit, on trouve une manière de repentance, une façon d’expier ses péchés et ses crimes, de trouver le pardon.

Au cœur du récit, Christian Chavassieux offre la rédemption et la renaissance.



Selah

Ce qui surprend pourtant dans Je suis le rêve des autres, c’est la façon de conter une aventure presque dénuée de violence et qui s’appuie sur la douceur de ses personnages et la bonté de leurs actions. Le récit de Christian Chavassieux va à rebours des histoires pleines de bruits et de fureur qui pullulent aujourd’hui en imaginaire pour nous offrir une réflexion magnifique de douceur sur le destin, sur le devoir de mémoire et de conteur. En moins de deux cents pages, le français parvient à la fois à incarner un monde, à le peupler de créatures étranges et fascinantes, à raconter la douleur d’un peuple et d’un homme, à penser le futur et le dépassement de soi, tout ça sans jamais tomber dans l’escalade violente ou dans le coup de théâtre facile. Tout coule lentement et harmonieusement, tout trouve une place logique et apaisante dans le récit et l’on en ressort avec une foi renouvelée en l’homme et en sa bonté. C’est un récit optimiste et plein de poésie que nous offre Christian Chavassieux, où même la déception n’est qu’un nuage passager, où même les noms du passé peuvent s’effacer devant l’homme que l’on est aujourd’hui.



Véritable miracle de poésie et de beauté, le roman de Christian Chavassieux vous invite à un voyage où l’on apprend à chaque page et où l’émerveillement devient un but en soi. Je suis le rêve des autres n’est pas simplement l’histoire d’un gamin qui ne savait pas encore qui il est mais aussi celle d’un vieux qui pensait ne plus pouvoir être un autre. C’est beau, sensible, subtil et, pour tout dire, bouleversant.
Lien : https://justaword.fr/je-suis..
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Noir canicule

Comme on dit dans le milieu des tacos, Lily est partie en longue. Une journée entière à rouler pour un seul client, ça laisse le temps au chauffeur et aux clients de s'entrobserver, mais ça leur laisse surtout le temps de penser à leurs préoccupations personnelles. Ce qui nous permettra de connaître leurs proches. Des personnages qui vont s'entrecroiser tout au long de cette journée de canicule, en l'an de grâce 2003.



Une trame qui reste le sujet principal de bout en bout puisque qu'on ne la perd jamais de vue. Ce n'est pas un roman franchement tourné vers la psychologie ou le social : ici, l'appellation "roman noir" n'est pas un sous-genre. C'est sordide et l'auteur fait preuve d'un réalisme réussi.



C'était mon premier Chavassieux.

Comme tout le monde, je commence à compter seulement quand une suite est envisageable.
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Noir canicule

Merci à l’opération Masse critique de Bablio et aux éditions Phébus pour la découverte de ce roman enthousiasmant et de cet auteur que je suivrai dorénavant dans ses nouvelles parutions et sur son blog (Kronix Haut et fort). Je suis maintenant moi aussi un « infortuné lecteur », ou plus exactement une infortunée lectrice, à jamais marquée par le post du 02/02/2020…

***

Dans Noir Canicule, tout commence avec Henri (l’Henri) qu’on devine très malade. Sa femme Marie (la Marie) n’est pas encore réveillée. Henri a demandé un taxi climatisé pour faire les mille kilomètres qui les attendent en cette journée de canicule. Nous sommes en 2003. Ce couple de vieux paysans habite dans les monts de la Madeleine, pas très loin de Roanne, et va se rendre dans le Sud, à Cannes. C’est Lily, qu’on rencontre au deuxième chapitre, qui conduit le taxi et qui a mis un point d’honneur à arriver à l’heure. Dans ce même chapitre, on fait connaissance avec un autre couple, Pierre et Danielle. Lui subit un malaise à cause de la canicule ; elle ne sait trop quelle décision prendre et hésite, comme d’habitude, semble-t-il. Ces deux-là sont les parents de Nicolas et de Livia, que l’on rencontrera plus tard. Au fait, Nicolas, c’est l’ex de Lily, celui qui apprécie les jeux érotiques assez poussés. On fera encore la connaissance de Bernard, agriculteur, qui prendra la suite de ses parents à la mort de son père, Henri. L’autre fils est viticulteur. Il a réussi, lui… Qui d’autre ? Carine, qui couche avec Bernard quand ils peuvent se rencontrer. Et Mélanie. Mais Mélanie, c’est la boulette…

***

Christian Chavassieux nous propose ainsi tout une galerie de personnages dont les destins se frôlent ou… se télescopent, et dont Lily est l’épicentre. Nous aurons accès à leurs pensées, à leurs états d’âme, à leurs sentiments nobles et médiocres. J’ai eu l’impression de les avoir connus, tous, de la petite chipie à l’ado avide de découvertes, subjuguée par un jeune connard riche et prétentieux en mal de reconnaissance et d’amour, aux femmes qui se débattent dans un quotidien décevant, espérant qui le retour d’un mari s’en étant allé voir si l’herbe était plus jeune ailleurs, qui une autre vie, avec un autre amant, plus attentionné ou plus original, on ne sait trop. Christian Chavassieux excelle à faire ressortir les petites faiblesses, les compromissions, mais aussi l’empathie et la générosité des figures qu’il nous présente. Amateurs de thrillers plein de clifhangers, vous serez déçus ! On comprend vite le but du voyage, on comprend aussi que Lily a un problème, et on devine relativement rapidement ce dont il s’agit. Ce qu’on ne sait pas encore, c’est qui et comment…

***

Bien sûr, l’intrigue est bien ficelée, les personnages solidement campés, leur psychologie crédible et les liens qui les unissent comme les divergences qui les font souffrir parfaitement observés. Mais ce qui m’a bluffée, ce que j’ai vraiment aimé, c’est le style : les rythmes binaires ou ternaires, souvent, les longues gradations d’adjectifs, la précision d’un vocabulaire simple, mais dont l’emploi est parfois original dans telle ou telle situation, le mot rare, aussi, mais qu’aucun autre n’aurait pu remplacer dans ce cas (voir les citations). J’ai adoré ce roman et je le recommande… chaudement !
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