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Citations de Christian Signol (1119)


... Je suis allé marcher dans la cour et j'ai fermé les yeux en entendant des cris de joie qui pourtant s'étaient tus, transporté dans un rêve éveillé d'une étrange douceur. Je les ai tous revus, ces enfants à qui j'ai consacré mon énergie : Gabriel le prince libre, Léa, Maélis, Clara l'artiste, Clément, Enzo, Célia, Lola la fugueuse, Marcel l'enfant martyr, Emma, Tiphanie, Lou, Estéban, Samia, Hugo, Louis, Gaspard, Lily l'enfant miraculée, tous les autres - tous ceux qui continuaient de hanter mes souvenirs pour quelques instants de bonheur impérissable
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Mais nous, aujourd'hui, nous savons jusqu'où peut aller la folie des hommes.
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Il n’avait revu ni l’avocat ni personne, alors que les cellules se vidaient des prisonniers condamnés à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Et, pendant tout ce temps, il s’était efforcé de ne pas penser à Prudence afin de préserver ses forces pour l’ultime combat : celui de son jugement. Elle était en effet le seul lien qui l’attachait encore à la vie et le seul qui, parfois, dans les moments de découragement, lui donnait des regrets. Il savait qu’elle l’approuvait, mais il ne doutait pas qu’elle souffrît autant que lui de leur séparation. Car Prudence, sa femme, c’était, c’était… Comment parler d’un tel amour, quand on n’a jamais communiqué que par des regards ou des gestes silencieux ? Les mains, les yeux de Prudence étaient au fil des jours devenus ses propres mains, ses propres yeux. Elle devait l’attendre à la Combelle, ce matin, il en était sûr, et les quatre heures de route lui paraissaient interminables, tandis que, passé Saint-Marcel, il voyait se rapprocher enfin les collines dont il avait rêvé chaque nuit.
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Christian Signol
Il se souvenait même précisément de la sueur glacée qui avait coulé de ses épaules vers ses reins à l’instant où il s’était penché sur les boursouflures écarlates découvertes par Cyprien dans les vignes de la Croix. Cela faisait tellement longtemps qu’il les redoutait, tellement longtemps qu’il les attendait !
[…] Mais la décision était une chose et le spectacle de l’arrachage en était une autre. Jamais Léonce n’avait ressenti à ce point combien ces ceps semblaient ancrés dans son corps et combien le vin, le sang de la terre, était semblable à son propre sang. Il venait de découvrir qu’il pouvait souffrir de ses vignes comme de son corps. Elles étaient mortellement blessées, lui aussi.

(Du roman "Les vignes de Sainte-Colombe", page 140-141)
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Christian Signol
Il faisait nuit quand elle arriva à la Combelle, qui dormait, entre ses deux cyprès sentinelles, au pied des collines. Elle mangea des « porriols », ces poireaux sauvages quelle ramassait le long des talus, puis deux pêches de vigne, et elle s’en alla dans la nuit épaisse comme un sirop de fruits. Elle s’en voulait déjà, préparait des mots qu’elle dirait à Léonce, mais en même temps, comme chaque fois qu’elle partait le retrouver, une sorte de fièvre l’habitait, à marcher ainsi au milieu des vignes, sous les étoiles, à la rencontre de cette brûlure qui allait l’embraser dès que les mains de Léonce se poseraient sur sa peau.

(Du roman "Les vignes de Sainte-Colombe", page 68)
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D’où lui venait cette passion pour les vignes et ceux qui se penchaient sur elles ? Pourquoi se contentait-elle de les surveiller au lieu de se mêler à eux comme lorsqu’elle était enfant ? Elle sentit des larmes douces-amères éclore dans ses yeux à l’instant où se fit entendre la première complainte de la montagne. […] Elle s’aperçut alors qu’elle connaissait tout de ces gens, de leurs coutumes, de leurs rites et de leurs petits bonheurs. Elle se sentit riche, infiniment, non point de sa position, mais de son appartenance à ce monde qu’elle aimait plus que tout, elle le découvrait aujourd’hui en étant rejetée sur sa rive comme une branche morte par une rivière. […]
Pour une grappe oubliée par une coupeuse – à condition qu’elle eût plus de sept grains, les autres étant réservées au grappillage des pauvres de la commune –, un porteur avait le droit de « mascarer » la fautive, c’est-à-dire de barbouiller son visage du raisin le plus noir. Encore fallait-il l’attraper ! Les autres porteurs se mêlaient à la poursuite et ils n’étaient pas trop de trois ou quatre pour maîtriser la belle qui se débattait, avant de disparaître entre les ceps pour de mystérieux échanges au cours desquels naissaient parfois des idylles. Certains porteurs préféraient « chaponner » les fautives, autrement dit les mordre très légèrement au front ou sur la joue. Cela dépendant de l’âge ou de l’humeur. Mais tous les vendangeurs assistaient aux poursuites en criant et en riant, malgré la présence du régisseur qui ne pouvait s’opposer à ces rites antiques.
Quand la fille eut disparu entre les ceps, Charlotte ne put s’empêcher de penser à ce jour où, à treize ans, parmi les enfants qui jouaient à imiter les adultes, elle avait été mascarée pour la première fois par un fils de montagnard qui ne savait pas qui elle était. Ce qu’elle avait appris ce jour-là, elle ne l’avait jamais oublié, et elle se disait parfois que le meilleur de sa vie se trouvait sans doute entre deux ceps de son domaine, du jus de raisin plein la bouche, maintenue par des bras vigoureux, les yeux grands ouverts sur le feu du soleil et le regard de l’homme. Elle se demandait si ce moment, ce souvenir, ne serait pas le seul qu’elle emporterait, à l’heure de quitter cette terre, et, chaque fois qu’elle y pensait, quelque chose de doux et de sacré remuait dans son cœur.
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Christian Signol
Elle l’avait connu dans les vignes, un jour de novembre où il lui avait pris les mains pour les réchauffer, alors qu’elle confectionnait les bouffanelles, ces fagots de sarments qui déchiraient si bien la peau meurtrie par le froid. Lui, il n’avait jamais oublié les yeux noirs découverts sous la câline, une coiffe régionale en tissu blanc ou bleu posée au-dessus de la longue chemise blanche qui descendait jusqu’aux chevilles. Ils ne s’étaient pas parlé mais ils s’étaient compris : un seul regard leur avait suffi pour se promettre l’un à l’autre.

(Du roman "Les vignes de Sainte-Colombe", page 40)
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Je savais que quelque chose de très grave mais aussi de très beau venait de surgir dans ma vie, et je n'avais plus peur. Il me semblait que les sirènes s'étaient tues pour toujours.
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Dès qu’ils entrèrent dans les vignes, cependant, la houle verte des feuilles l’emporta dans un sentiment de bonheur qui était chaque fois aussi profond, aussi intense. Comme les hommes du domaine, il entretenait avec les ceps et les raisins des rapports quasi charnels qui le poussaient à palper, à caresser, à laisser glisser entre les doigts la terre brune nourricière. L’odeur douceâtre de la vigne, accentuée par celle de la garrigue qui descendait des collines, assaillit Léonce, qui regardait jouer une lumière blonde entre les feuilles. Au contraire de son père qui ne descendait jamais du cabriolet, il avait besoin d’un contact direct avec la vigne et n’hésitait pas à aider à la taille ou au soufrage, malgré la réprobation de Charles Barthélémie qui veillait à garder ses distances avec les hommes en toutes circonstances.
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Je ne connaissais pas encore très bien la patience et le courage des gens de la terre. Je les ai appris depuis, et je m'efforce de les pratiquer.
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Privé d'espace, de prés, de champs, d'arbres, d'horizon, j'ai senti que mon corps se fermait comme ces fleurs qu'on oublie d'arroser, l'été, et qui se fanent en quelques heures avant de mourir.
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Elle revenait au piano, se remettait à jouer, il s'attachait au profil tourmenté, que la musique embellissait, ne parlait pas, trop content de sentir se tisser autour de lui le cocon protecteur qu'il espérait. De temps en temps, elle marchait vers la fenêtre dont elle soulevait le rideau, murmurait :
-Dieu éternel, quelle folie !
Alors, il la rejoignait, serrait dans ses doigts sa robe de velours, se retenait de respirer. C'étaient des nuits sans lumière, pleine de peur.
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Pendant les jours pleins de lumière qui ont suivi, plutôt que de lui poser des questions qui pouvaient la blesser, j'ai recommencé à lui parler avec ces mots qui se frayaient parfois un chemin jusqu'à elle.
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Et c'est ainsi que l'année de ses sept ans, au moment des moissons, eut lieu l'incident qui frappa tellement la mémoire de Julien et le poursuivit longtemps....Cet après-midi-là, elle était occupée à rassembler les javelles pour les lier en gerbes et l'avait envoyer chercher de la ficelle lieuse sur la charrette en bordure du champ...C'est alors que, près d'elle, la tête levée, il prononça les mots qui allaient le hanter toute sa vie : - Pourquoi le ciel est bleu ? Il ne vit pas arriver la gifle qui l'accabla d'une culpabilité dont il ne mesura pas tout à fait les raisons, mais qui le laissa abasourdi, désemparé. Sa mère travaillait en plein soleil, il faisait très chaud, elle était épuisée et, au lieu de l'aider, il regardait le ciel, posant une question dont l'incongruité lui apparut coupable tandis qu'il portait la main vers sa joue. Elle ne l'avait jamais frappé. C'était la première fois. Il comprit qu'il n'avait pas le droit de poser ce genre de question si éloignée de leurs préoccupations quotidiennes. Lui, comme elle, devait vivre courbé vers le sol qui les faisait vivre, y consacrer toutes ses forces, ne penser à rien d'autre
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Sans me retourner, à la manière qu'elle avait d'avancer sans à-coups, je savais qu'elle souriait, la tête levée vers les étoiles qui s'allumaient une à une, projetant sur les champs et les prés cette pure lumière qui, parfois, s'allumait aussi dans ses yeux.
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Un enfant est libre et avec sa venue au monde naît aussitôt la souffrance de le savoir détaché de son corps. Et par cette blessure, cette séparation, toute vie est souffrance, quoi que l'on fasse, quoi que l'on décide. Malgré les efforts déployés pour le retenir, il s'en va, l'enfant, il vit loin, et on s'inquiète de ne pouvoir l'aider. Il est seul pour lutter, peut-être perdu. Il n'y a plus rien à faire que lui accorder sa confiance dans son espoir d'un vie plus belle.
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- Et Virgile, quand va-t-il revenir ?
- Demain.
Elle aurait bien voulu en être sûre, mais une ombre noire demeurait vivante dans son esprit, bien qu'elle s'efforçât de l'oublier. Elle songea également au Dr Dujaric en se demandant s'il avait pu échapper à la rafle. Tout lui parut hostile, soudain, lourd de menaces, même dans sa maison qui n'était plus à l'abri, désormais, contrairement à ce qu'elle avait toujours cru. Elle revécut l'instant où les soldats avaient surgi dans la cuisine, cette violence soudaine, ces cris, l'impression que tout s'écroulait autour d'elle, qu'il n'existait plus le moindre refuge sûr nulle part, pas même pour les enfants qu'elle était chargée de protéger. Et c'était comme si elle avait failli à son devoir, comme si elle se sentait coupable vis-à-vis d'eux.

page 240
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Les photos de classe sur lesquelles je reconnais sans effort les enfants dont les noms figurent au verso.
Enfin je tâcherai d'emporter le parfum du bonheur : cette odeur de bois, d'encre et de craie qui régnait dans les classes, une odeur qui, je l'espère, imprégnera ma dernière pensée et que j'emporterai bien au-delà du temps, l'odeur de mon école, l'école de ma vie...
Une si belle école.
(fin de la page 321)
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Il avait fait son devoir et s'émerveillait encore, dans les derniers jours de sa vie, d'avoir été secouru par un enfant à qui il apprenait à lire.
(page 284 fin de l'avant dernier paragraphe)
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Quel bonheur que ces heures partagées dans le silence, la lecture, l'odeur du bois, l'immense paix de ce causse où plus rien ne bougeait, sinon l'aiguille de l'horloge accrochée au mur, face à ma table de travail.
(dernier paragraphe de la page 187)
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