L’histoire complétement méconnue, celle des fascistes français attirés par le nazisme, Christophe Bourseiller s’en empare et propose avec son essai Ils l’appelaient Monsieur Hitler une étude complète et documentée sur cet aspect particulier de la politique française d’avant, pendant et juste après la seconde guerre mondiale.
En trois parties, Ils l’appelaient Monsieur Hitler donne une identité précise du fascisme hitlérien français de 1920 jusqu’en 1944.
La première partie intitulée Le séduisant Hitler jusqu’en 1932 reprend l’ascension du futur dictateur. Christophe Bourseiller montre l’aveuglement des médias et partis politiques français sous estimant la menace réelle que Hitler faisait planer en répétant pourtant que ses deux ennemis étaient les juifs et les français.
Entre autres, Christophe Bourseiller montre la manipulation que les nazis ont mis en place pour attirer les pacifiques français, eux déjà séduits par la croyance en un renouveau de la jeunesse orientée vers la modernité oublieux des atrocités de la première guerre mondiale.
La seconde partie jusqu’en 1939 dont le titre est La stratégie de l’anesthésie retrace l’extrême naïveté, peut-être, mais surtout le grand aveuglement de la presse française et des politiques devant les premières persécutions contre les juifs. Du coup, l’extrême droite a l’espace pour se développer et s’organiser.
Par exemple, Christophe Bourseiller retrace, parmi d’autres, l’épopée du magnat François Coty, parfumeur milliardaire, qui, à travers ses différents journaux, a fait sortir la bête fasciste française du bois. Et même, s’il meurt paranoïaque au dernier degré, le mal est fait.
La troisième partie présente Le temps des Kollabos. Après les courants pacifistes et pro-européens prônant le rapprochement avec l’Allemagne, cette période est celle de l’adhésion ouverte, sans restriction, aux idées, aux actions, à la brutalité nazie.
Ils sont nombreux ceux que Christophe Bourseiller présente : Pierre Laval, bien sûr, mais aussi Alphonse de Chateaubriant, Eugène Deloncle, Jacques Doriot, Marcel Déate et tant d’autres.
Christophe Bourseiller éclaire cette période sombre où les responsabilités françaises sont encore à chercher pour comprendre la facilité avec laquelle les nazis ont pu mettre en application leur plan mortifère.
Cet essai se lit facilement. Le choix a été fait de remettre à la fin du livre toutes les notes diverses justifiant le travail d’historien ce qui rend la lecture aisée. Christophe Bourseiller sait raconter donnant suffisamment de détails, insérant les citations, confrontant les points de vue, sans submerger son lecteur.
Étant intéressée par cette période sans en être une vraie connaisseuse, j’ai été impressionnée par les précisions apportées. En manipulant les envies pacifiques et humanistes, les nazis ont accompagné le virage pris par certains Français les transformant petits à petits en fascistes .
Christophe Bourseiller, journaliste et historien, s’est spécialisé dans l’étude des marges, de l’ultra-gauche à l’extrême droite à son dernier essai sur le complotisme.
En donnant sa lecture de la période comprise entre 1920 et 1945, Christophe Bourseiller apporte un éclairage documenté sur la montée de ce qu’on doit appeler le fascisme français, admiratif de Hitler et de ses méthodes.
Cet essai est un indispensable accessible pour décrypter la période trouble où la France a laissé faire et participé activement au régime autoritaire prônant violences, pensée unique et meurtres de masse d’outre-Rhin.
A l’heure où même les principaux opposants banalisent l’extrême droite, lire cet essai nous prouve qu’il ne faut jamais baisser sa vigilance.
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