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Critiques de Christophe Bourseiller (47)
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Nouvelle histoire de l'ultra-gauche

Je remercie Babelio et les éditions du Cerf pour l'envoi de cet ouvrage, qui retrace l'Histoire de l'ultragauche, principalement en Europe de l'Ouest, pendant le XXe et le début du XXIe siècle.



J'ai été surprise par le foisonnement de courants qui se séparent en ruisseaux tumultueux. Des intellectuels, aux noms généralement inconnus du public, qui débattent, publient des revues, s'unissent ou se divisent, adhèrent ou rejettent le marxisme, le léninisme ou le trotskisme. Certains restent fidèles aux grands penseurs d'extrême gauche, tandis que d'autres souhaitent les dépasser ou encore les renient. Les événements historiques marquent leur évolution — comme les autres familles politiques — et il est frappant de voir les hésitations de certains face à la montée du fascisme ou du nazisme dans les années 30.



Ces groupuscules (parce que si quelques courants arrivent quelquefois à attirer des milliers de militants, d'autres ne sont que le regroupement d'une poignée d'individus) ont profondément muté au cours du XXe siècle. Leurs modifications, scissions, déchirements et rapprochements donnent parfois le tournis, alors même qu'ils ont peu de présence auprès du public. S'ils ont une influence sur le déclenchement de mai 68, il faudra attendre ces dernières années pour qu'ils réapparaissent dans l'actualité (ZAD, manifestations des gilets jaunes en centre-ville).



À ce titre, il est très utile de découvrir ce livre pour connaître leur histoire. Il m'a enfin permis de comprendre pourquoi l'ultragauche refusait la démocratie, attitude qui ne peut que me choquer. D'après ces militants, le fascisme et la démocratie ne seraient que les deux faces du capitalisme, car dans les deux cas le système maintient l'oppression par le capital. Par exemple, fallait-il se rapprocher de l'URSS, ou les Républiques Soviétiques n'étaient qu'un capitalisme d'État ? Ce genre de débat justifie des conflits entre des intellectuels qui possèdent pourtant comme point commun le rejet la société moderne.



Un ouvrage érudit et documenté sur des courants idéologiques dont on parle sans y connaître grand-chose. Maintenant, je situe mieux les influences et les objectifs.


Lien : https://feygirl.home.blog/20..
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Ils l'appelaient Monsieur Hitler

L’histoire complétement méconnue, celle des fascistes français attirés par le nazisme, Christophe Bourseiller s’en empare et propose avec son essai Ils l’appelaient Monsieur Hitler une étude complète et documentée sur cet aspect particulier de la politique française d’avant, pendant et juste après la seconde guerre mondiale.



En trois parties, Ils l’appelaient Monsieur Hitler donne une identité précise du fascisme hitlérien français de 1920 jusqu’en 1944.



La première partie intitulée Le séduisant Hitler jusqu’en 1932 reprend l’ascension du futur dictateur. Christophe Bourseiller montre l’aveuglement des médias et partis politiques français sous estimant la menace réelle que Hitler faisait planer en répétant pourtant que ses deux ennemis étaient les juifs et les français.



Entre autres, Christophe Bourseiller montre la manipulation que les nazis ont mis en place pour attirer les pacifiques français, eux déjà séduits par la croyance en un renouveau de la jeunesse orientée vers la modernité oublieux des atrocités de la première guerre mondiale.



La seconde partie jusqu’en 1939 dont le titre est La stratégie de l’anesthésie retrace l’extrême naïveté, peut-être, mais surtout le grand aveuglement de la presse française et des politiques devant les premières persécutions contre les juifs. Du coup, l’extrême droite a l’espace pour se développer et s’organiser.



Par exemple, Christophe Bourseiller retrace, parmi d’autres, l’épopée du magnat François Coty, parfumeur milliardaire, qui, à travers ses différents journaux, a fait sortir la bête fasciste française du bois. Et même, s’il meurt paranoïaque au dernier degré, le mal est fait.



La troisième partie présente Le temps des Kollabos. Après les courants pacifistes et pro-européens prônant le rapprochement avec l’Allemagne, cette période est celle de l’adhésion ouverte, sans restriction, aux idées, aux actions, à la brutalité nazie.



Ils sont nombreux ceux que Christophe Bourseiller présente : Pierre Laval, bien sûr, mais aussi Alphonse de Chateaubriant, Eugène Deloncle, Jacques Doriot, Marcel Déate et tant d’autres.



Christophe Bourseiller éclaire cette période sombre où les responsabilités françaises sont encore à chercher pour comprendre la facilité avec laquelle les nazis ont pu mettre en application leur plan mortifère.



Cet essai se lit facilement. Le choix a été fait de remettre à la fin du livre toutes les notes diverses justifiant le travail d’historien ce qui rend la lecture aisée. Christophe Bourseiller sait raconter donnant suffisamment de détails, insérant les citations, confrontant les points de vue, sans submerger son lecteur.



Étant intéressée par cette période sans en être une vraie connaisseuse, j’ai été impressionnée par les précisions apportées. En manipulant les envies pacifiques et humanistes, les nazis ont accompagné le virage pris par certains Français les transformant petits à petits en fascistes .



Christophe Bourseiller, journaliste et historien, s’est spécialisé dans l’étude des marges, de l’ultra-gauche à l’extrême droite à son dernier essai sur le complotisme.



En donnant sa lecture de la période comprise entre 1920 et 1945, Christophe Bourseiller apporte un éclairage documenté sur la montée de ce qu’on doit appeler le fascisme français, admiratif de Hitler et de ses méthodes.



Cet essai est un indispensable accessible pour décrypter la période trouble où la France a laissé faire et participé activement au régime autoritaire prônant violences, pensée unique et meurtres de masse d’outre-Rhin.



A l’heure où même les principaux opposants banalisent l’extrême droite, lire cet essai nous prouve qu’il ne faut jamais baisser sa vigilance.
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Nouvelle histoire de l'ultra-gauche

Je vais le dire sans ambages, avec beaucoup de respect pour l'énorme travail de recherche que Christophe Bourseiller a déployé pour sa rédaction : la lecture de ce livre a, pour moi, été une souffrance, et si je n'avais pas eu "des comptes à rendre" dans le cadre d'une masse critique Babelio, je l'aurais sans aucun doute abandonné bien avant la fin.

Pourtant, le sujet m'intéressait, sans quoi je n'aurais pas pris le risque de "m'infliger ça". Alors, que s'est-il passé ?

D'abord, grosse douche froide, le décalage entre le contenu et la première/quatrième de couverture. En première, une photo de black bloc et le sous-titre "Zadistes, Blacks blocs, situationnistes, néo-anarchistes, communistes libertaires", soit une image et pas mal de mots qui évoquent l'histoire récente (et même contemporaine). En quatrième, ce texte : "Ils ont pour nom les black blocs, les antifas, les autonomes, les zadistes. (...) Ce sont eux les "infiltrés", les "provocateurs", les "casseurs" qui, au sein des manifestations, affrontent les policiers, vandalisent les commerces, dégradent les monuments..." etc. 80% de la 4ème de couverture est consacrée à ces phénomènes ultra-récents et même actuels. Dans le livre, Bourseiller y consacre très exactement 15 pages... sur 370.

Selon moi, cette présentation pour le moins trompeuse risque de décontenancer (voire d'énerver) plus d'un lecteur.

Bon, finalement, nous sommes partis pour reprendre les origines idéologiques de l'ultra-gauche par le menu, en insistant bien sur les années 20, l'après-guerre et les années 60-70. Allons-y, après tout, ça peut aussi être intéressant...

Et là, deuxième douche froide, me voilà confronté à un véritable pensum de mouvements qui se créent, qui se défont, qui se refont, de revues qui sont publiées, abandonnées, de personnages qui apparaissent, disparaissent, réapparaissent, sans aucune notice biographique nous permettant de les situer ou de nous les rendre un minimum sympathiques (ou antipathiques, mais quelque chose, quoi !)

Là, malgré toute ma bonne volonté, j'ai dû lire en diagonale certaines de ces très nombreuses et interminables énumérations de noms et de titres de revues (d'une demi-page parfois) dont je n'avais pour la plupart jamais entendu parler.

On cherchera en vain, dans ces lignes, la moindre pédagogie. Jamais l'auteur n'explique ce qu'est le conseillisme, le situationnisme, le trotskisme, le marxisme-léninisme, le maoïsme... Pour le savoir, j'ai dû avoir recours à Wikipédia. Il ne s'agit donc pas d'un livre de vulgarisation pour profanes ou même semi-profanes (ma culture sur le sujet n'était pas très étendue, certes, mais je ne partais pas non plus de rien), mais plutôt d'une litanie factuelle et indigeste de dates, noms, titres, faits, à l'usage des universitaires.

Quant à la "valeur historique réelle" de ces faits, si je puis m'exprimer ainsi, je reprends les termes de l'auteur dans sa conclusion, ils me paraissent assez éclairants : "que doit-on penser de ces agrégats minuscules qui se défont dans l'indifférence, de ces maigres ténors qui s'égosillent sans haut-parleur ? N'est-il pas quelque chose de dérisoire dans ces bataillons dépenaillés, ces régiments sans généraux, ces phalanges d'intellos au verbe haut mais souvent obscur (...) ?"

Dérisoire en effet, c'est bien le minimum. Pathétique serait même plus juste. Autant de pages consacrées aux faits et gestes de quelques pitres sans envergure, sous une forme aussi âpre et aride, c'était beaucoup me demander.

Merci à Babelio et aux éditions du Cerf pour cette masse critique non-fiction.
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Mémoires d'un inclassable

Christophe Bourseiller, je l'ai découvert évidemment comme beaucoup je pense, dans le rôle du petit étudiant à chevelure bouclée à lunettes vaguement enervant faisant du gringue à Danielle Delorme dans "Un elephant ca trompe énormément", ce film culte d'Yves Robert que j'ai bien du revoir une bonne dizaine de fois.



Pour toute une génération, sa phrase « J’aime vos seins. Enfin, surtout le gauche" restera presque aussi mythique que le j'étais à deux doigts de conclure " de Jean Claude Dusse, enfin presque...



Après cette mémorable prestation cinématographique, je l'ai encore suivi durant ma jeunesse, j'avais notamment beaucoup apprécié ses écrits mordants et drôles qu'il rédigeait dans feu le magazne "7 à paris" ,une revue pleine d'audace et dirrévérence dont j'ai beaucoup regretté l'arret dans les années 90.



Plus tard j'ai su que Bourseiller avait écrit des livres notamment sur Guy Debord, un auteur qu'il affectionne particulièrement puis qu'il avait animé longtemps une émission de musique sur France Culture



Mais Bourseiller , c'est encore bien plus que ces quelques faits d'armes , ce touche à tout a en fait construit une l’«œuvre expérimentale» qu'il tente de décrypter dans les Mémoires d’un inclassable ( qui sont récemment sortis aux éditions Albin Michel).



ON y découvre un parcours éclectique qui ainsi assemblés forment le puzzle de sa personnalité complexe., et dans ces mémoires souvent interessantes de cet enfant de la balle, comme on dit un peu sommairement, on pourra y croiser Danielle Delorme, Coluche, Godard, Yves Robert et des militants anarchistes moins connus car l'homme, passionné de politique a toujours mis en avant un militantisme et un engagement particulièrement poussé.

Un livre qui parle cinéma, politique, militantisme, littérature, en brassant les époques et les milieux des années 70 aux si mémorables et folles années 80



On voit dans ces mémoires que Bourseiller n'a rien perdu de sa verve et même si l'ensemble peut parfois paraitre un peu décousu ou anodin, on ne peut que ressentir de l'affection pour ce touche à tout dilletante, slalomant d'un monde à l'autre.



Il faut dire que cet homme complexe, qui même en multipliant les supports et les expériences, a toujours cherché à réconcilier l'oral et l'écrit et faire entendre une voix et une plume jamais ennuyeuse et toujours différente, ce qui n'est pas la moindre de ses qualités.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 13 : Les..

Il s'agit d'une bande dessinée de 54 pages, en couleurs. Elle est initialement parue en 2017, écrite par Christophe Bourseiller, dessinée et mise en couleurs par Jake Raynal. Elle fait partie de la collection intitulée La petite bédéthèque des savoirs, éditée par Le Lombard. Cette collection s'est fixé comme but d'explorer le champ des sciences humaines et de la non-fiction. Elle regroupe des bandes dessinées didactiques, associant un spécialiste à un dessinateur, en proscrivant la forme du récit de fiction. Il s'agit donc d'une entreprise de vulgarisation sous une forme qui se veut ludique.



Cette bande dessinée se présente sous une forme assez petite, 13,9cm*19,6cm. Elle s'ouvre avec un avant-propos de David Vandermeulen de 7 pages. Il commence par indiquer que l'héritage de l'Internationale Situationniste est énorme encore de nos jours. Il évoque un petit groupe de personnes s'étant appliquées à ne jamais alimenter la société du spectacle qu'ils dénonçaient, en particulier en n'accordant aucune interview. Puis il passe en revue la propagation des idées situationnistes en 5 étapes : mai 1968, la déferlante punk (avec James Reid et Malcolm McLaren), les années Debord, la mort de Debord et la reconnaissance de l'état.



La bande dessinée s'ouvre avec une citation de Guy Debord, alors âgé de 18 ans : le communisme, c'est le voyage au bout de la nuit, pendant la grève générale. Sont ensuite évoqués la naissance de Guy en 1931, puis ses déménagements successifs, et son intégration dans le groupe des Lettristes dont fait partie Isidore Isou, réalisateur du film manifeste Traité de bave et d'éternité. En 1952, il se sépare de ce mouvement et fonde l'Internationale Lettriste, avec Serge Berna, Jean-Louis Brau et Gil Wolman. À l'été 1957, à Cosio d'Arroscia (un village italien), les 8 participants (dont Guy Debord) à cette conférence décident de fonder l'Internationale Situationniste.



L'avant-propos de David Vandermeulen remplit parfaitement son office. En 7 pages, il établit l'importance de ce mouvement par le truchement des gens qui s'en réclament, puis la raison pour laquelle la BD va parler de Guy Debord. Ensuite il explique comment les idées des situationnistes ont pu se propager par étape alors même qu'il s'agissait d'un groupe hostile à la transformation de leurs réflexions, en spectacle. le lecteur est alléché, intrigué et convaincu du retentissement de la pensée des situationnistes, sans pour autant avoir tout appris sur le sujet. Il est prêt à savourer la bande dessinée en elle-même.



Comme pour les autres tomes de cette collection, les responsables éditoriaux ont su convaincre un spécialiste du sujet de tenter l'expérience d'une vulgarisation du sujet en bandes dessinées. En effet, Christophe Bourseiller est l'auteur de Vie et mort de Guy Debord (1999), Histoire générale de l'ultra-gauche (2003) et de nombreux autres ouvrages en particulier sur la théorie du complot comme C'est un complot ! (2016). Il n'y a donc aucun doute sur sa légitimité d'expert. Il a choisi d'écrire un exposé réparti à raison de 5 à 7 cellules de texte par page, chacune comprenant une ou deux phrases. Par comparaison avec d'autres ouvrages de la même collection, il ne recourt pas au dispositif consistant à se mettre en scène pour expliquer ou développer un point particulier, ou pour répondre à une question posée par un avatar du dessinateur. C'est un mode d'exposition un peu austère, cependant avec un bon rythme du fait des phrases concises.



Jake Raynal est un auteur de bande dessinée accompli, régulièrement publié dans le magazine Fluide Glacial, ayant à son actif des ouvrages comme Les nouveaux Mystères, ou les séries comme Cambrioleurs, Francis sauve le monde. Il se retrouve à accomplir une tâche ardue : illustrer un exposé. Il choisit également une approche un peu austère par le choix des couleurs limitant sa palette à des teintes brunes, rouge brique, gris acier, et des aplats de noir. Afin de coller au texte, il doit reproduire l'apparence des individus cités, à commencer par Guy Debord, mais aussi Michèle Bernstein, Giuseppe Pinot-Gallizio, Jacqueline de Jong, Raoul Vaneigem, Daniel Cohn-Bendit, et plusieurs autres. Il réalise des dessins de ces personnes en s'attachant essentiellement à leur forme, sans volonté de détail photographique, mais en rendant l'impression première, globale des photographies qu'il utilise comme références visuelles. En particulier les visages sont juste détourés, ainsi que les coupes de cheveux, avec des traits simples, et des aplats de noir pour remplir les surfaces, sans velléité de rendre compte des textures Ce parti pris graphique permet d'assurer une unité visuelle tout au long de la narration, malgré l'hétérogénéité de la provenance des photographies.



Jake Raynal compose ses pages sur la base d'une moyenne de 3 cases, donnant l'impression d'être des images juxtaposées, plus qu'une narration séquentielle. Lorsque le texte fait référence à une oeuvre cinématographique ou à un ouvrage écrit, il insère une photographie ou des images extraites du film, plutôt que de reproduire de manière plus ou moins convaincante la référence. Ce choix s'avère très opportun et efficace, venant consolider l'approche documentaire et biographique de Christophe Bourseiller. Au départ, le lecteur éprouve l'impression que le dessinateur s'est vu livrer un texte tout prêt, et qu'il a dû accomplir un travail de réflexion pour imaginer des images, pour donner à voir ce qu'évoque le texte : à quoi ressemblait Guy Debord à 18 ans, plus âgé, les autres situationnistes, le cheval de Jorgen Nash, le village de Cosio d'Arroscia, etc. Mais rapidement il se rend compte que les images ne servent pas qu'à montrer ce qui est dit, et que les textes et les images sont complémentaires, en particulier que ces dernières apportent des informations qui se sont pas dans le texte. L'exemple le plus manifeste se produit quand le texte évoque ce que montre l'image (par exemple le slogan Ne travaillez jamais, en page 56). Quand les images montrent un DS renversée pendant mai 68, elles apportent aussi des informations concrètes sur les événements de cette époque, sans que le texte ne doive les expliciter. de la même manière, les images d'archive (journaux ou films) permettent au lecteur de voir directement ce qui est évoqué par le texte.



Derrière une première impression de texte illustré, le lecteur se rend compte que les 2 auteurs (rédacteur et dessinateur) ont travaillé de concert pour que textes et images soient complémentaires, dans une progression chronologique qui constitue bien une bande dessinée, plutôt qu'un objet bâtard. le lecteur bénéficie donc bien de l'immédiateté propre à la bande dessinée qui permet de découvrir un sujet visuellement, avant même de commencer à assimiler les mots. Christophe Bourseiller a choisi une exposition chronologique, basée sur la vie de Guy Debord, indiquant dès la première page : À bien des égards, l'histoire de l'Internationale Situationniste se confond avec celle de son principal animateur, Guy Debord (1931-1994). En fait, le lecteur se rend compte que ces 54 pages de bande dessinée se lisent avec une facilité déconcertante. Pour autant, il n'éprouve jamais l'impression d'un exposé simpliste ou creux.



L'objectif de cette collection est de faire oeuvre de vulgarisation, de proposer un point d'accès ou une entrée facilité dans un sujet complexe, rendue plus attrayante par la forme de la bande dessinée. Christophe Bourseiller atteint avec élégance l'objectif de faire découvrir les situationnistes au lecteur. Il utilise Guy Debord comme un point d'ancrage et sa vie comme un fil conducteur permettant au lecteur de personnaliser le mouvement de manière simple. Il resitue le contexte historique du mouvement, ainsi les différents lieux où il a pris naissance, s'est développé et s'est exprimé. Il montre l'exigence intellectuelle de Guy Debord, et il sait faire apparaître comment un mouvement dont les membres refusaient toute forme de médiatisation, à commencer par les interviews, a pu toucher un public et devenir le support idéologique d'un mouvement social exceptionnel. L'auteur ne joue pas sur une forme de mystique associé à un concept difficile à saisir, mais il s'appuie sur des faits concrets.



À la fin de l'ouvrage, le lecteur peut articuler plusieurs phrases pour expliquer ou évoquer les situationnistes, attestant de la réussite de l'entreprise qui a présidé à la réalisation de cet ouvrage. Il s'aperçoit aussi que Christophe Bourseiller a tenu ses promesses bien au-delà de simplement retracer le mouvement, car il en expose également les idées principales. le lecteur est satisfait de retrouver le slogan Ne travaillez jamais, remis dans son contexte avec une phrase d'explication quant à son sens, mais aussi l'expression de la société du spectacle. En 2 pages remarquables (pages 44 & 45), le lecteur rencontre cette expression, puis la voit explicitée de manière claire et concise : "À la notion de société des loisirs qu'avancent ordinairement les sociologues de la modernité, Debord oppose le spectacle, perçu comme un dispositif de brouillage, occultant la réalité des rapports de classe. Grâce à ce nouveau mode de domination, propre aux sociétés modernes, le capitalisme n'a plus besoin de recourir à la tyrannie." Bourseiller établit même la distinction entre spectaculaire diffus et spectaculaire tyrannique, en fonction du type de gouvernement. Tout au long de ces pages, le lecteur se rend compte que cette bande dessinée vient développer et étayer les assertions de l'avant-propos sur l'importance et la spécificité de la pensée des situationnistes. Bien sûr, David Vandermeulen a écrit son texte en fonction de la bande dessinée réalisée, mais pour le lecteur il apparaît comme une introduction complétée par les éléments idéologiques développés dans la BD.



La collection de la petite bédéthèque des savoirs a pour objectif de vulgariser des domaines très différents, pour fournir une porte d'entrée au lecteur curieux. Certains de ses ouvrages traitent de sujets éminemment complexes, comme celui-ci sur un mouvement de pensée politique et philosophie dont les membres se sont ingéniés à ne pas être récupérés. Christophe Bourseiller & Jake Raynal dépassent la simple forme d'exposé illustré, pour une véritable bande dessinée qui ne prend pas la forme d'une fiction pour autant. le lecteur ressent bien le fil narratif (la biographie sélective de Guy Debord), ainsi que la complémentarité entre textes et dessins. Il bénéficie d'une introduction d'une clarté exceptionnelle au situationnisme, de sa mise en contexte historique de manière intelligible, et d'une acculturation à ses principaux concepts, grâce à un savoir pédagogique extraordinaire au point de ne pas être apparent, de ne pas prendre la forme d'une leçon ou d'un passage de savoir formalisé. 5 étoiles pour une réussite en tout point remarquable.
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Qui êtes-vous, Antoinette Fouque ?

Dans la longue liste de la masse critique du 7 février, la curiosité m’a fait cocher ce livre, car Antoinette Fouque m’était presque inconnue, et pour avoir entendu Françoise Héritier la citer souvent, je me doutais confusément qu’une pépite pouvait se révéler à mon ignorance. J’avoue ne pas avoir été déçue. Ce petit livre d’une centaine de pages, met en lumière une réflexion théorique originale, aux antipodes de tous les conformismes et la forme « entretiens avec » permet d’installer autant de respirations dans le développement brillant de cette pensée, qui « n’entre pas dans les cases » comme le précise Christophe Bourseiller qui recueille ses propos, dans la préface.

La question « Qui êtes-vous » posée à Antoinette Fouque ne peut ouvrir qu’une infinité de routes : celle de ses origines méditerranéennes, née à Marseille, prédestinée pour elle parce que ville matricielle, elle qui se confronte dès ses années d’études à la question fondatrice de sa pensée « Comment être une femme ». Deux dates scellent l’écho de ce point d’interrogation dans sa vie : 1964, naissance et plus encore gestation de sa fille Vincente, véritable bouleversement psychique la mesurant à son inconscient et lui révélant un lien unique, homosexué, tissé de mère en fille. Sa naissance politique s’inscrit en trois temps dans le contexte de 1968 : sa rencontre avec Monique Wittig, l’explosion de mai et la création du MLF en octobre. Intellectuelle, passionnée de littérature, d’une curiosité insatiable, qui lui donne la passion d’apprendre dans une boulimie récupératrice de ce à quoi des générations de femmes n’ont pas eu accès, elle est philosophe dans son interrogation sur la vérité mais elle est plus encore analyste dans sa réflexion sur la vie. Elle commence sa formation analytique en 1968, avec Lacan, elle s’en éloigne en 1975 avec Serge Leclaire, pour affirmer contrairement à Lacan, qu’il y a deux sexes et non un sexe unique celui qui se voit, reléguant dans la non existence celui qui ne se voit pas. Lorsqu’elle crée le MLF en octobre 1968, c’est aussi contre ce que mai 68 portait de viriliste et de machiste, elle raconte les débuts du mouvement, les lectures, les tracts, le travail de terrain pour faire advenir la parole des femmes. Très vite en son sein, le mouvement. « psychanalyse et politique » prend forme, un laboratoire d’idées, un mouvement de pensée pour débusquer la folie en politique et introduire en psychanalyse une autre libido que phallique.

A partir de ces années fondatrices, tout son itinéraire est évoqué jusqu’à ses prises de position contre les violences faites aux femmes, elle crée en 1980 l’Observatoire de la misogynie, elle prend position en faveur de la GPA qui permet pour elle de donner à la gestation toutes ses lettres de noblesse. Elle inscrit la défense des femmes dans leurs luttes, lorsqu’elle meurt en 2014, la route est encore longue. Quel regard aurait-elle porté sur la déferlante « me too » et la reconquête lente de leur dignité par les femmes ?

Ce livre a été une découverte dans laquelle je me suis plongée avec un intérêt soutenu, merci à Babelio, merci aux éditions « des femmes » qu’Antoinette Fouque a créé.

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Qui êtes-vous, Antoinette Fouque ?

Qui êtes-vous Antoinette FOUQUE ?

Christophe BOURSEILLER



Avant toute chose, un grand merci à Babelio et à sa Masse Critique, ainsi qu’aux Éditions des femmes qui m’ont permis de découvrir Antoinette Fouque.



Pour vous résumer mon aventure livresque, avant d’ouvrir ce livre, Antoinette FOUQUE était un nom (que je connaissais déjà), quand je l’ai refermé, Antoinette FOUQUE était une Femme, et quelle Femme ! Une Femme pour laquelle de l’admiration.



Je vous laisserai le plaisir de découvrir ce magnifique livre d’entretiens, et j’espère que vous l’apprécierez autant que moi.



A travers cet échange, vous découvrirez Antoinette Fouque, ses origines, son chemin de Vie et tout ce qu’elle pense du féminisme, où se situe selon elle la place de la femme ....
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Qui êtes-vous, Antoinette Fouque ?

Dans la longue liste de la masse critique du 7 février, la curiosité m’a fait cocher ce livre, car Antoinette Fouque m’était presque inconnue, et pour avoir entendu Françoise Héritier la citer souvent, je me doutais confusément qu’une pépite pouvait se révéler à mon ignorance. J’avoue ne pas avoir été déçue. Ce petit livre d’une centaine de pages, met en lumière une réflexion théorique originale, aux antipodes de tous les conformismes et la forme « entretiens avec » permet d’installer autant de respirations dans le développement brillant de cette pensée, qui « n’entre pas dans les cases » comme le précise Christophe Bourseiller qui recueille ses propos, dans la préface.

La question « Qui êtes-vous » posée à Antoinette Fouque ne peut ouvrir qu’une infinité de routes : celle de ses origines méditerranéennes, née à Marseille, prédestinée pour elle parce que ville matricielle, elle qui se confronte dès ses années d’études à la question fondatrice de sa pensée « Comment être une femme ». Deux dates scellent l’écho de ce point d’interrogation dans sa vie : 1964, naissance et plus encore gestation de sa fille Vincente, véritable bouleversement psychique la mesurant à son inconscient et lui révélant un lien unique, homosexué, tissé de mère en fille. Sa naissance politique s’inscrit en trois temps dans le contexte de 1968 : sa rencontre avec Monique Wittig, l’explosion de mai et la création du MLF en octobre. Intellectuelle, passionnée de littérature, d’une curiosité insatiable, qui lui donne la passion d’apprendre dans une boulimie récupératrice de ce à quoi des générations de femmes n’ont pas eu accès, elle est philosophe dans son interrogation sur la vérité mais elle est plus encore analyste dans sa réflexion sur la vie. Elle commence sa formation analytique en 1968, avec Lacan, elle s’en éloigne en 1975 avec Serge Leclaire, pour affirmer contrairement à Lacan, qu’il y a deux sexes et non un sexe unique celui qui se voit, reléguant dans la non existence celui qui ne se voit pas. Lorsqu’elle crée le MLF en octobre 1968, c’est aussi contre ce que mai 68 portait de viriliste et de machiste, elle raconte les débuts du mouvement, les lectures, les tracts, le travail de terrain pour faire advenir la parole des femmes. Très vite en son sein, le mouvement « psychanalyse et politique » prend forme, un laboratoire d’idées, un mouvement de pensée pour débusquer la folie en politique et introduire en psychanalyse une autre libido que phallique.

A partir de ces années fondatrices, tout son itinéraire est évoqué jusqu’à ses prises de position contre les violences faites aux femmes, elle crée en 1980 l’Observatoire de la misogynie, elle prend position en faveur de la GPA qui permet pour elle de donner à la gestation toutes ses lettres de noblesse. Elle inscrit la défense des femmes dans leurs luttes, lorsqu’elle meurt en 2014, la route est encore longue. Quel regard aurait-elle porté sur la déferlante « me too » et la reconquête lente de leur dignité par les femmes ?

Ce livre a été une découverte dans laquelle je me suis plongée avec un intérêt soutenu, merci à Babelio, merci aux éditions « des femmes » qu’Antoinette Fouque a créé.

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Le complotisme

Une belle synthèse sur un sujet qui a déjà une bibliographie abondante. Elle vaut par sa présentation originale et très didactique.

Dans une première partie, l'auteur résume la vie et expose la pensée des grands maîtres du complotisme, passés et présents.

Dans une seconde partie, il analyse les thèmes principaux agités par cette ou ces mouvances.

Ce qui apparaît est une véritable nébuleuse de courants qui divergent et se recoupent pour donner naissance à une théorie du meta-complot, qui recoupe et recouvre en tout ou partie un grand nombre de théories complotistes, sans qu'il soit évidemment possible de discerner un corpus cohérent et unifié. Ces théories se recoupent et se rejoignent aussi au niveau des adeptes, qui sont naturellement conduits à adhérer à un nombre croissant de théories complotistes au cours de leurs navigations sur les sites où ils trouvent leur provende intellectuelle.

On remarquera que Poutine et Biden sont tous les deux des Illuminati, mais également selon une autre théorie des reptiliens. On ajoutera que selon David Icke les Juifs ashkénazes descendent d'un groupe de reptiliens qui ont adhéré au judaïsme. Dès lors Monsieur Zelinski, juif ashkénaze, est également un reptilien. Tout cela conduit à une (ou à plusieurs) relectures) de la guerre d'Ukraine...
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C'est un complot !

J’adore les contes et légendes, je le répète souvent, car pour moi elles ont su perdurer de nos jours sous la forme de légendes urbaines ou… de complots ! L’auteur nous partage de façon très instructive les fils qui se cachent derrière ces derniers, avec beaucoup de pédagogie et un peu d’humour, il nous fait voir au-delà de « faites vos propres recherches », termes souvent utiliser pour montrer qu’on n’a pas d’argument et qu’on croit dur comme fer à du vent.

Ce petit vent vrai m’a fait du bien, j’ai beaucoup appris sur le montage d’un complot façon ikéa, Christophe Bourseiller reprend les plus courant ou les plus farfelus pour nous montrer à quel point cela peut vite devenir facile de tomber dans les pièges des conspirationnistes. Des petits hommes verts (ou gris) qui nous ont envahis à Marilyn Monroe encore en vie en passant par les fameux francs-maçons et Illuminati, tout y passe pour mon plus grand plaisir.

C’est un livre que je conseil plutôt aux jeunes qui ont tendance à être un peu plus naïfs que les adultes… quoique … j’en ai lu des âneries sur facebook et twitter par des personnes majeures durant ces dernières années. « A méditer ».

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Les furies de l'histoire

Je suis désolé d'avoir mis une si mauvaise note à cet ouvrage mais il y a pour moi tromperie sur la marchandise.

Quand un livre intitulé "Les furies de l'Histoire" paraît dans une collection qui a pour nom "Historissimo" sous la direction de Bruno Fuligni, je m'attends à ce qu'il me parle de l'Histoire et plus précisément ici de femmes tueuses historiques. Or, ce n'est pas le cas. Il est constitué de quinze portraits de femmes tueuses, écrits pour moitié par des historiens, mais dont quatre seulement peuvent être considérées comme des personnages historiques : Agrippine, Frédégonde, Irène l'Athénienne et Tseu-Hi. Toutes les autres font partie des faits divers.

En fait, cet ouvrage est un recueil de faits divers comme Pierre Bellemare en a fait paraître des dizaines dans les années 80.

Il atteint malgré tout son but, à savoir que les femmes peuvent être aussi violentes que les hommes, peuvent être aussi sadiques, sociopathes, psychopathes qu'eux. Seules les ultra-féministes les plus obtues en doutent, celles qui pensent, à tort, que toutes les petites filles sont naturellement la gentillesse même et les petits garçons la méchanceté incarnée. La femme n'est qu'un être humain comme l'homme en somme.



Merci à Babelio de m'avoir sélectionné pour sa Masse Critique et aux Éditions First de m'avoir fait parvenir "Les furies de l'Histoire".
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Dossier Trocchi : L'Homme qui voulait faire..

Le nom Trocchi n'est pas d'une notoriété immense. Comme beaucoup, j'ignorais cet artiste, Alexander Trocchi, avant de lire le Dossier Trocchi que Christophe Bourseiller a concocté. Il fait partie de ces écrivains maudits qui ont mené une vie quelque peu agitée. La biographie rédigée par Christophe Bourseiller est construite sur un ordre chronologique. Elle rend un compte très détaillé de la vie de Trocchi. L'auteur a rassemblé une quantité d'informations impressionnante sur le personnage.



Christophe Bourseiller ouvre son ouvrage, sans fausse modestie, sur un premier chapitre consacré à sa propre personne. Ses premiers mots forment une question qui nous éclaire sur les motivations du choix de son sujet. Christophe Bourseiller, tout le monde le connaît, en fait. C'est le personnage empoté en duffle coat du film de Yves Robert, Un éléphant, ça trompe énormément. "Je traversais une crise d'ado qui s'était traduite par une année de silence complet. Une attitude ridicule et un peu hautaine qui amusait beaucoup Yves Robert ! Il m'a demandé de rester moi-même. " a-t-il confié à Olivier Petit en 2020 pour Téléstar. En effet, l'autoportrait qu'il dessine est marqué par une attitude de retrait, un manque de confiance, qui l'amène à prendre une posture d'observateur. Il ressent une certaine amertume alors qu'il se retourne sur cette époque de sa vie, et le sentiment d'être passé à côté de bien des choses.



La conclusion du dossier Trocchi reprend cette confession touchante par sa sincérité et son constat d'échec.



Entre les deux, la biographie qu'il recompose signifie bien, par sa richesse d'éléments, et la profusion d'informations, l'intérêt et la passion qu'il a voués à Alexandre Trocchi. Elle rend compte d'une vie trépidante qui l'a amené à fréquenter les plus grands artistes de son temps et à susciter leur admiration. Léonard Cohen, Marianne Faithfull, John Lennon, William Burroughs, Jack Kerouac, et bien d'autres figurent sur la liste de ses rencontres.



Le parcours de celui qui s'est joint aux situationnistes et voulait faire de sa vie une oeuvre d'art s'avère mortifère. Sa deuxième femme, Lynn, meurt à 35 ans et deux de leurs enfants à 18 ans. Il parvient à écrire un roman, Young Adam, qui obtient un relatif succès posthume et de nombreux poèmes.



Une amitié constitue l'une des quelques constantes de sa vie. Il s'agit de celle de Guy Debord, initiateur du mouvement situationniste. C'est une influence majeure qui comble un moment ses aspirations. Mais Debord est un être autoritaire, dominateur et manipulateur. Christophe Bourseiller en fait le constat amer, lui qui a cru voir en lui un modèle inspirateur dans sa jeunesse.



La philosophie de vie prônée par Trocchi et les situationnistes se base sur une totale intempérance, un rejet de toute morale, et une liberté de moeurs qui autorisent un irrespect et une maltraitance de soi-même et des autres. Il y a une grande violence dans la biographie de l'artiste. Elle est liée évidemment à son addiction pour les drogues les plus dévastatrices. Christophe Bourseiller, dont la personnalité est tout l'opposé, a été fasciné comme on peut l'être par son contraire. Il se dégage un vague sentiment de honte et de tristesse lorsqu'il se retourne sur sa passion d'adolescent.



Ce qui rend le dossier Trocchi si profond, c'est qu'en plus de l'excentricité du personnage, il est constitué du regard d'un auteur qui s'est laissé séduire un temps, qui dans sa maturité reconsidère les choses avec distance et

pondérance, et dont cependant l'admiration pour l'artiste reste entière.

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Et si c'était la vérité ?

J'ai lu cet ouvrage (offert par une amie qui m'a donné son stock de livres avant de déménager) et j'en sors avec un avis beaucoup moins négatif que prévu.

Bien sûr les titres de chapitre sont des "putes-à-clic", mais j'avais 3h à "perdre" pour le lire.

L'auteur ne prend jamais parti (et pourtant certains item mériteraient une ironie voire du sarcasme affiché).

Au final, même si certaines "controverses" m'étaient inconnues, pas de réel scoop (et le recueil est loin d'être exhaustif !).

Ce qui est surprenant, c'est que des "autorités" prennent le risque de contester un "fait historique". Ils sont reconnus et pourtant contestent un fait "incontestable".

Il en ressort que l'Histoire n'est pas une science exacte, que les conclusions sont soumises à des idéaux et égo, et qu'elles peuvent être remises en cause.

En marge évidemment (enfin je l'espère).

Livresquement votre
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La Petite Bédéthèque des Savoirs, tome 13 : Les..

Une courte introduction au mouvement situationniste, prenant comme fil conducteur le parcours de Guy Debord, figure clé du mouvement. Le livre est une bande dessinée; dans ce cas-ci, j'ai trouvé que ce choix n'apportait rien, mais tous ne pensent pas comme moi.



J'ai déjà rapporté ici mon intérêt pour les événements de mai 68 à Paris. Je ne pouvais pas manquer de m'informer sur les situationnistes, qui comptaient parmi les acteurs clés de ces événements. En particulier, on leur doit de nombreux slogans qui sont restés dans les mémoires.



Longtemps je me suis levé de bonne heure pour étudier et maintenant, j'assume une paresse qui me pousse à chercher, pour certains sujets, des lectures faciles, c'est-à-dire des ouvrages que je puisse lire dans le train sans devoir prendre de notes et en en retenant quelque chose. Et pour le sujet des situationnistes, ce n'est pas simple. J'ai déjà lus quelques ouvrages, j'ai lu « La société du spectacle » de Guy Debord, mais les informations peinent à se graver dans mon cerveau et, à mon grand regret, je reste incapable de disserter sur le sujet plus de quelques minutes.



Ainsi donc, le format d'une bande dessinée a piqué ma curiosité de savoir si ce livre-ci s'avérerait une piqûre de rappel qui raviverait les bribes de mes souvenirs de lectures précédentes. Car ce format peut en effet être très efficace. Dans un tout autre domaine, j'avais par exemple chanté les louanges de l'excellent « Les statistiques en BD », dont les illustrations avaient une réelle plus value. Mais pour le livre qui nous occupe ici, j'ai trouvé que les illustrations n'apportaient rien. Peut-être est-ce dû aux petites dimensions du livre, qui est à peine plus grand qu'un livre de poche, ou aux couleurs sombres, ou à la mise en page qui m'a fait plus d'une fois hésiter sur l'ordre dans lequel les pavés de textes devaient être lus. Bref, je n'ai pas ressenti le côté agréable d'une lecture fluide. de plus, la structure de la présentation apparaît difficilement: pas de table des matières, pas de grands titres, qui m'auraient permis, en fin de lecture, de graver facilement dans ma mémoire les idées principales. Donc, mes attentes d'une lecture pédagogique facile et efficaces n'ont pas été atteintes.



Néanmoins, ce prélude négatif ne doit pas occulter les qualités du livre. Premièrement, je serais malhonnête en ne mettant pas en évidence les sept pages d'introduction, purement textuelle, dans lesquelles David Vandermeulen résume l'histoire des situationnistes d'une manière remarquable. de plus, j'ai été intéressé par le portrait de Guy Debord dressé par ce petit livre, en particulier par le côté presque dictatorial qu'il a eu sur le groupe de situationnistes. J'ai aussi compris, et cela m'a rassuré, que sa manière particulière de communiquer, rendait ses idées difficiles d'accès; de ce point de vue-là, le succès des situationnistes est paradoxal.



Mais j'ai encore des difficultés à percevoir une unité de pensée, un fil qui conduirait du côté purement artistique des activités des premiers situationnistes, qui voulaient faire de chaque moment de leur vie une oeuvre d'art (avec de joyeux débordements libératoires), aux considérations politiques de l'Internationale situationniste.



Si vous cherchez une introduction aux situationnistes, je vous conseillerais plutôt, parmi les livres que j'ai lus, « Les situationnistes. L'utopie incarnée » de Laurent Chollet. Je m'en vais d'ailleurs moi-même le relire !



Mais comme je l'écrivais en commençant ce billet, tous ne sont pas de mon avis. En particulier, je vous incite à lire la critique postée par Presence le 28/02/2017 (https://www.babelio.com/livres/Bourseiller-La-Petite-Bedetheque-des-Savoirs-tome-13--Les-sit/900469/critiques/1268851). Je m'incline très respectueusement devant son analyse minutieuse. Paradoxalement, je ne trouve rien à lui redire mais je maintiens que je n'ai pas accroché à ce livre. À vous de juger!
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Et si c'était la vérité ?

Pari Réussi !!!!



" Et si c'était la vérité" est un recueil de petits chapitres traitant de questions comme " Jésus est il gaulois? Kennedy a t-il été tué par des aliens? ou encore " Le 11 septembre a t-il vraiment eu lieu?



J'ai beaucoup aimé ce livre, certains chapitres sont vraiment intéressants notamment en ce qui concerne Hitler, le Rock, Jeanne d'Arc et Napoléon. Ce que j'ai apprécié c'est le côté ludique du livre, on en apprend énormément même si, dans la plupart des cas, on est dans de la " Pseudo-Histoire".

Le livre est construit de manière chronologique et en petits chapitres ( 3-4 pages pour les plus longs), ce qui permet d'aller à l'essentiel et de ne pas se lasser. L'écriture est fluide et la lecture très abordable on est pas dans de la compilation historique.



Mais ce que j'ai le plus apprécié c'est le travail de recherche de l'auteur. En effet, pour égayer ces chapitres, il cite de nombreux auteurs et théoriciens, tout en ajoutant avec parcimonie son opinion personnelle, toujours tranchante, ironique et intelligente. L'exemple est frappant avec le chapitre " Kennedy est-il la réincarnation de Lincoln?" quand j'ai commencé a lire ce chapitre je me suis dit " c'est quoi ce truc rocambolesque irréaliste digne d'un reportage des 30 histoires les plus mystérieuses ?" et puis finalement, Christophe Bourseiller apporte sa touche sur la fin du chapitre, et j'ai adoré qu'il remette les choses au clair.



Ce livre a eu l'effet que j'attendais, j'ai adhéré à certaines théories ! Et c'est ce que je demandais à l'auteur : Fais moi douter !! Pari réussi donc pour l'écrivain dont je salue l'intelligence et l'humour.



Je recommande chaudement, ne serais-ce que pour aborder l'Histoire sous un autre angle.





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Ils l'appelaient Monsieur Hitler

Christophe Bourseiller retrace dans cet essai l'histoire de ce qui ressembla le plus au fascisme et l'extrême droite en France dans les années d'entre-deux-guerres. Il retrace la fascination des uns et l'aveuglement semi-volontaire des autres devant Hitler et Mussolini.

C'est passionnant à lire et le parallèle avec notre époque est parfois édifiant. L'histoire ne se répète jamais dit-on mais ici elle semble bégayer..



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Ombre invaincue

Excellent livre traitant de l'histoire des groupuscules d'extrême droite en France, renforcés lors de la collaboration et à l'origine de mouvements populistes contemporains tels que le FN, créé en 1972 avec certains membres du mouvement nazi "l'Ordre Nouveau". Le parcours initial de F. Mitterrand au sein de l'extrême droite y est détaillé, ainsi que l'implication de l'Oréal (famille Schueller-Bettencourt) dans le financement de la milice collabo, du mouvement fasciste terroriste la "Cagoule" (OSAR), ainsi que de la reconversion d'anciens nazi (notamment en Argentine).

On y découvre également que l'Union Européenne s'est construite tout d'abord sur l'axe France-Allemagne entre Pétain et Hitler, puis sur des unions contre nature entre anciens miliciens et résistants, entre les USA et certains partis d'extrême droite, pour s'unir contre la menace communiste d'après-guerre.

Le livre illustre l'extrême complexité des alliances qui se font et se défont au gré de vues politiques mouvantes, de personnalités diverses, pour finalement aboutir au terrain de jeu politique d'aujourd'hui.

La grande force de ce livre réside dans le fait qu'il est issu d'une thèse et qu'il cite la totalité de ses sources avec toutes les références, ne laissant planer aucun doute sur l'authenticité des informations qu'il renferme.
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C'est un complot !

Ce livre complète bien "Dans la tête des complotistes" de William Audureau, qui, comme je l'ai dit dans la chronique que je lui ai consacrée, donne la parole aux complotiste, sans leur leur apporter la contradiction, mais en rapportant leurs propos, sans complaisance mais avec le maximum d'objectivité

La démarche de Bourseiller est plus classique: il dresse un catalogue raisonnée des diverses théories du complot disponibles sur le marché, avec une brève analyse de leurs origines, et, à chaque fois, ce que j'appellerai volontiers un rappel à la raison. Les analyses sont parfois un peu rapides, mais l'auteur a voulu faire simple et court et finalement c'est une qualité. Pour qui veut aller plus loin dans l'analyse théorique, on peut lire l'ouvrage de Taguieff, "La foire aux illuminés" , malheureusement ancienne.

Avec Bourseiller, on a aussi le catalogue des "nouveautés" qui sont sorties depuis 2016 on souhaiterait maintenant un complément concernés aux anti-vacs et autres covido-négationnistes.

L'introduction comporte un paragraphe très intéressant,

où l'auteur récapitule avec beaucoup de finesse les invariants de la pensée complotiste, et que je reproduis ci-dessous:

"Il existe un très large éventail de théories du complot, qui nous entraîneront jusque dans les univers les plus fantasmagoriques. Le phénomène semble pourtant obéir à quelques règles immuables :



1. Rien n’arrive jamais par hasard. Une catastrophe météorologique, un accident d’avion, une épidémie ne peuvent être fortuits. Qui en est l’auteur véritable ?



2. Tout ce qui arrive est le résultat d’intentions ou de volontés cachées. Les médias, les gouvernements nous mentent. On ne nous donne jamais les vraies raisons des guerres ou des événements.



3. Les choses ne sont pas telles qu’elles semblent être. Nous vivons comme des zombies abrutis par la propagande. Nous ne comprenons plus rien au fonctionnement du monde.

4. Tout ce qui est présenté comme vrai est faux. On nous ment, sur tout. Tous les événements historiques sont réécrits, modifiés. L’actualité n’est pas non plus celle dont on nous parle.

5. Tout est lié, tout se tient. Les événements récents et anciens ne forment qu’un seul et unique récit, un scénario à rebondissements."

Jun autre mérite du livre: on s'amuse beaucoup à la lecture de certaines théories.

Je donne en citation quelques passages particulièrement savoureux.

Pour toutes les raisons ci-dessus, le livre de Bourseiller est pour moi une lecture indispensable
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C'est un complot !

En tant qu’enseignante, je suis confrontée à des élèves qui sont des proies faciles, des lecteurs non avertis et facilement influençables par les théories du complot proliférant sur la toile.

Ils sont facilement pris au piège des fils gluants des théories conspirationnistes. Parmi les thèmes récurrents la remise en cause de l’homme sur la lune, plus récemment, le complot du 11 septembre, et éternellement les Illuminatis, à toutes les sauces. Et il y en a bien d’autres, dont certaines que j’ai découvertes dans ce livre qui dresse l’inventaire des plus célèbres théories du complot. Le travail sur les mots du complot est intéressant, les explications pseudo-rationnelles pour se donner une façade crédible ne sont pas sans me faire passer au vocabulaire de certains discours politique.

Ces théories fleurissent quand certains manquent de connaissances et d’explications rationnelles. Comme si l’homme avait besoin de se raccrocher à des croyances pour trouver un sens à sa vie.

Et une prise de conscience : on a du pain sur la planche, pour donner une culture générale et apprendre à décrypter les informations circulant librement sur le net.

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Les furies de l'histoire

Voici un recueil collectif regroupant quinze portraits de femmes. De la manipulatrice avide de pouvoir à la plus sanguinaire des meurtrières, ce livre met en exergue ce qu'il peut y avoir de plus sombre dans l'âme humaine. En cela la femme est bien l'égal de l'homme.



Il y a certains portraits qui m'ont mis mal à l'aise voire carrément dérrangée.

Je comprends l'importance de détails assez crus pour faire ressortir la cruauté et la barbarie de certaines femmes, mais j'ai réellement ressentie de la peine pour leurs victimes.



J'ai véritablement aimé que les auteurs séparent bien les faits avérés de ceux qui nourrissent les fantasmes. Normal puisqu'un recueil "historique" se doit d'être objectif me direz-vous.



J'affectionne particulièrement les portraits dépeints par Matthieu Frachon et Philippe Di Folco avec une mention spéciale pour Hélios Azoulay, dont la plume franche et incisive m'a interpellée.



Ce recueil aux récits glaçants n'est pas à mettre entre toutes les mains.

Un moment de lecture assez intense que je recommande.
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