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Critiques de Christophe Tison (135)
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Journal de L. (1947-1952)

Dans le "Journal de L." Christophe Tison nous propose de replonger dans un classique connu de tous et pourtant toujours très controversé : "Lolita" de Nabokov.



En s'inspirant de son propre vécu, l'auteur s'est donné le challenge de réécrire la fameuse histoire de Dolorès et d'Humbert Humbert, duo emblématique de la littérature classique. Ici, place à Dolorès, LA Lolita, qui prendra la parole et retracera l'histoire du triste livre de Nabokov, sous son propre point de vue.



L'idée de départ était très intéressante : réécrire un classique sur un sujet aussi difficile que celui de la pédophilie du point de vue de Lolita, personnage au cœur de l'intrigue, mais qui a toujours été présentée à travers la vision de Humbert Humbert. Dans ce livre, elle vit, s'exprime et l'on découvre une interprétation toute à fait fascinante de ce personnage à la fois perplexe et pourtant si simple.



On plonge dans le quotidien de Lolita avec son fameux beau-père, ses réflexions, sa compréhension du monde et sa situation du haut de sa jeune adolescence. D'enfant naïve, on assiste à sa triste évolution : d'enfant abusée à l'adolescente perdue qu'elle deviendra, petit à petit anéantie par une lueur d'espoir qu'elle ne voit plus.



En réécrivant ce classique, Christophe Tison s'est lancé dans un projet à risque, mais à aucun moment je ne l'ai senti dévier de sa trajectoire. J'ai beaucoup aimé lire ce roman, même si cela est difficile à dire, car il expose tout une part de l'histoire de Lolita qui aurait été cachée par Hum. À travers ce roman, l'auteur ouvre les portes sur une réflexion plus large, sur la perception de la pédophilie d'une personne à une autre. Dans "Lolita" de Nabokov, Humbert Humbert ne citera jamais la pédophilie, tandis que dans le "Journal de L.", Lolita n'hésitera pas à en donner les détails. Des passages durs, difficiles, qui participent à mieux comprendre le personnage de cette jeune fille dissimulée sous ses sourires aguicheurs et parfois trompeurs.



Un pari réussi pour l'auteur, une écriture loin de celle de Nabokov, mais qui s'identifie parfaitement à une adolescente des années 40. Une lecture difficile, triste, qui nous fait replonger dans un classique de la littérature en ouvrant le champ des réflexions...



Une lecture que je n'oublierai pas de si tôt.



Merci encore aux éditions Goutte D'or et à Babelio pour m'avoir fait découvrir ce livre.
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Journal de L. (1947-1952)

Tres bon livre....

C’est instructif d’avoir le point de vue de Lolita sur ce qui lui est arrivé et son rapport aux hommes qu’elle a cotoyé ...

On s’attache á cette ado rebelle et c’est douloureux de la quitter de façon tragique...

A lire pour ceux qui ont aimé Lolita de Nabokov.

Ce livre clôt le chapitre...
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Journal de L. (1947-1952)

Un profond et courageux travail d’investigation ou Christophe Tison donne suite à une histoire vraie « Lolita » de Nabokov. Suite ,oui , car je ne vois pas un éditeur publier pareil ouvrage aujourd’hui . Livre controversé ,interdit à sa sortie ,prenant , troublant, qui fait mal . Une relation perverse, malsaine condamnable à l’infini montre une immense souffrance Des tristes faits dans une société américaine puritaine, faits noyés dans les tabous qui ressortent au grand jour 70 ans plus tard.
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Journal de L. (1947-1952)

Sous la plume de Vladimir Nabokov, Humbert Humbert nous avait livré ses troublantes confessions, effaçant l'image du bourreau pédophile, du monstre incestueux, pour s'afficher comme la victime de ses incontrôlables pulsions, le jouet d'une petite madone perverse et manipulatrice, Lolita.



Il y a toujours deux versions à ce genre d'histoire, et maintenant c'est à Lolita de parler.



Quand j'ai découvert Lolita en cours de littérature comparée, je suis instantanément tombée sous le charme de la poérotique de Nabokov, le talent avec lequel il dépeignait la complexité psychologique de son personnage, un bourreau tout en nuance dont le discours ne pouvait susciter que pitié et compassion... c'est incontestablement l'un de mes romans préférés. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande vivement le livre écrit par mon prof de l'époque : Lolitas et petites madones perverses Émergence d’un mythe littéraire de Sébastien Hubier



Christophe Tison rétablit une injustice. Après toutes ses années passés dans l'ombre, c'est à Lolita de raconter sa version de l'histoire. Christophe Tison donne littéralement vie à l'héroïne en publiant ses journaux intimes qu'il a réussi à dénicher. C'est la voix d'une toute jeune fille qui se fait entendre, celle d'une victime dont l'enfance a été volé par un beau-père égoïste.

Certains éléments sont semblables au roman de Nabokov, d'autres diffèrent légérement, et l'on vient à remettre en doute l'objectivité des confessions d'Humbert. Où se trouve la vérité ? Surement quelque part entre ces deux histoires.



A l'exact opposé de la poérotique de Nabokov où le sexe devient une métaphore filée incroyablement poétique, les mots de Lolita sont crus. Je m'attendais à un style bien plus maladroits et pourtant ses textes sont aussi pleins de poésie.





Mon seul regret tient sans doute à la brièveté des épisodes qu'elle raconte, surtout la période avec Humbert, j'aurai tellement aimé revivre chaque scènes en détails, mais le format choisi est sans doute plus cohérent avec le jeune âge du personnage.



L'auteur a puisé dans son expérience et ses propres traumatismes pour donner à Lolita, une vraie richesse psychologique et une personnalité qui reste cohérente avec le portrait qu'en dresse Humbert dans le roman. Beaucoup auraient été tentés de faire de Lolita une douce et tendre enfant. Mais Christophe Tison ne tombe pas dans le piège et nous dépeint un personnage tout en nuances. Une jeune orpheline brisée, sous la coupe d'un "gentil et généreux" beau-père, qui ne tarde pas à percer à jour les faiblesses de ce dernier. La grande faiblesse d'Humbert, c'est elle. Lolita le sait, elle prend conscience du pouvoir qu'elle a sur lui et sur les hommes, pour passer maitresse dans l'art de la manipulation. Le journal s'organise en 5 chapitres, 5 hommes qui ont marqués sa vie. Les hommes plus âgés comme Humbert et Quilty qui ont abusés de son innocence et de sa naïveté, mais aussi des amours sincères qui lui ont fait connaitre quelques revers, jusqu'à la fin qu'on connait déjà. Ce n'est pas une victime brisée, mais une jeune femme incroyablement résiliente qui a su se construire en tant que femme malgré les drames qu'elle a vécu et tirer force de son expérience passée pour avancer.



Un grand merci à Babelio et aux éditions Goutte d'Or.


Lien : https://wereallmadaboutbooks..
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Journal de L. (1947-1952)

Le Journal de L m'a été proposé dans le cadre de "Masse critique". J'ai accepté car le sujet a piqué ma curiosité: Lolita de l'autre côté du miroir, Lolita raconté par elle-même. Attaquer ainsi l'oeuvre de Nabokov me semblait particulièrement casse-gueule mais à la fois terriblement intrigant.



Me voici donc avec ce magnifique livre-objet dans les mains. Le livre en lui-même, l'objet, est vraiment très beau. Une couverture enluminée et embossée. Sobre, délicat, épuré, superbe.



J'ai commencé le roman avec appréhension, non sans raison. Les cinquantes premières pages m'ont semblé un supplice... Plongé au coeur de l'horreur, le lecteur reste terrassé... On démarre logiquement l'histoire au moment ou Humbert Humbert va chercher Dolores Haze à son camp de vacances, suite à la mort de sa mère. Le récit vu par Lolita est sombre et glaçant. Elle est la victime d'un pervers pédophile auquel elle n'a d'autre choix que de s'attacher, au risque d'être abandonnée.



Ensuite le récit devient un peu plus respirable. Lolita, dépeinte comme une écervelée capricieuse et revêche dans la vision d'Humbert Humbert dans l'oeuvre de Nabokov apparait ici comme une très jeune fille forte, remplie d'espoirs, qui grandit beaucoup trop vite et qui porte sur le monde un regard acéré et lucide, à la fois cynique et poétique.



L’écriture est poignante mais ne sombre pas dans le pathos. Ce que me laissaient craindre les 50 premières pages s'est vite dissipé. Lolita vit des atrocités et va de désillusion en désespoir, mais elle ne perd jamais sa rage de vivre et l'espoir de s'en sortir un jour.



La société américaine bien pensante de l'après-guerre est dépeinte avec une certaine férocité. Tout le monde sait mais personne ne veut voir. Ce qui, au final, est la double-peine de toute jeune victime.



Un sujet effectivement vraiment casse-gueule, mais un défi relevé avec brio par Christophe Tison.
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Journal de L. (1947-1952)

Ma lecture de Lolita remonte à mes cours de littérature américaine à l’université. Le roman de Nabokov m’avait grandement fascinée à cause de la façon dont l’auteur parvenait à donner du bourreau l’impression qu’il était la victime : le pédophile Humbert Humbert était « la victime » de Lolita, petite fille de 12 ans le poussant encore et encore au vice. Quand Babelio m’a proposé ce livre, qui voit les choses du point de vue de Lolita grâce au format journal intime, j’ai eu envie de découvrir l’autre face de cette histoire controversée, mais aussi découvrir comment l’auteur allait aborder ce sujet au combien difficile. Merci donc aux éditions Goutte d’Or pour ce livre, à la couverture style collection blanche Gallimard, mais avec la première phrase du roman imprimée en relief.



Le récit débute au moment où Humbert Humbert vient chercher Lolita à son camp de vacances, alors que sa mère vient de mourir. Comme il a épousé la mère de Lolita, Humbert devient officiellement son beau-père et a tous les droits sur elle. Commence alors un voyage interminable sur les routes américaines, de ville en ville, de motel en motel, accueillant les malheurs de Lolita et les perversions de Humbert.



Ce livre se divise en cinq parties, portant le nom des hommes ayant marqué cette période de la vie de la jeune fille. Son existence se résume d’ailleurs à ces passages d’homme en homme, de maison en maison, cherchant désespérément un peu de répit et sa place dans le monde. Lolita ne sera presque jamais seule, mais pourtant, elle ne sera jamais vraiment accompagnée. Elle vit une vie « à côté », elle voit la réalité des gens de son âge, mais flotte autour, tentant d’y entrer, sans jamais y parvenir à cause de ce qu’elle a vécu.



Si j’ai apprécié la plume de l’auteur et le récit en général, j’ai cependant trouvé que l’écriture « journal intime », beaucoup trop mature, n’était pas plausible du tout. Lolita a 12 ans quand on commence à lire son journal, pourtant, elle écrit déjà comme une adulte. Je n’ai pas ressenti ce côté jeune fille insouciante et capricieuse, personnage que j’avais connu au début du roman de Nabokov. Ce roman n’a malheureusement pas réussi à me faire croire que je lisais le journal de Lolita, mais plutôt une réinterprétation de son calvaire.



Des épreuves, Lolita va en vivre beaucoup : traînée de motel en motel, devant subir chaque soir les assauts de son agresseur sans que personne n’intervienne, n’osant pas parler de ce qui lui arrive quand elle le peut de peur qu’on ne la croie pas. Elle est enfermée dans une spirale de perversion de laquelle elle ne parvient pas à sortir et qui l’entraîne de plus en plus au fond du gouffre. Toute l’histoire se déroule alors que Lolita est mineure, et l’auteur décrit les scènes de viol au travers de son regard d’enfant, puis de jeune fille trop vite devenue adulte, ce qui pourrait choquer certains lecteurs.



L’histoire phare de Nabokov revisitée du point de vue de la victime : un récit de voyage au bout de l’enfer pour Lolita, porté par une belle plume, mais trop mature pour le projet de journal intime annoncé. Un point de vue difficile, mais nécessaire.
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Journal de L. (1947-1952)

Avant de commencer, je tiens à remercier Masse Critique pour l'envoi de Journal de L. de Christophe Tison.



Je vais tout d'abord vous raconter ma rencontre avec Lolita. C'était durant l'été, j'avais 15 ans et je voulais absolument lire ce livre interdit. Celui qui fut sur toutes les lèvres, dans tous les esprits. " Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins." Je peux les réciter de tête, les écrire à l'envers tellement j'ai été frappée par ces quelques phrases écrites au dos du bouquin, en guise de synopsis. J'avais 15 ans, Lolita en avait 12 et je pouvais facilement me mettre à sa place, car au final elle et moi, aurions peut être pu être copines.

Quelle claque, quel choc. J'ai parlé de ce livre des semaines durant. Il est toujours à la même place dans ma bibliothèque. Au milieu de mon étagère principale.



J'ai reçu Journal de L. mardi matin. J'avais un rendez-vous, j'étais pressée et comme à mon habitude j'étais en retard. Mais, il m'était impossible de partir sans ouvrir le paquet. Livre simple, épuré, comme un journal intime. Une phrase à l'arrière : "La parole est à Lolita". " Lolita et son mètre quarante-six et son unique chaussette."

Ici, c'est elle qui parle. Ou plutôt c'est elle qui écrit. Parce que c'est vrai, dans l’œuvre de Nabokov c'était Humbert Humbert ( " Hummy chéri ), qui racontait l'histoire. Et quelle histoire.



Mais cette fois-ci, c'est au tour de la victime de s'exprimer. Elle est jeune, elle est jolie et la seule chose qu'elle souhaite, c'est d'être aimée. D'être aimée pour ce qu'elle est et non pour ce qu'elle représente.

Les mots sont ceux d'une enfant. Une enfant qui est forcée de grandir bien trop vite. Ils sont parfois crus, parfois enfantins, mais toujours vrais. Et, ils viennent souvent vous crever le cœur.

Lo, elle rêve, elle découvre le monde avec sa beauté mais aussi ses horreurs et ses absurdités.



J'ai été happée par la fragilité et la force de cette petite héroïne. Par ses amours, qu'elle décrit dans les pages de son journal. Elle se confie sur les turpitudes des hommes. Il n'y eut pas seulement H.H, ils traversèrent sa vie, marquèrent de leur empreinte la peau de Lo.



Hier après-midi, j'étais installée dans mon jardin, couchée nonchalamment sur mon vieux transat vert, en train de lire les dernières pages de ce livre magistral. Et j'ai pensé que j'avais de la chance. Car, il y a près d'un demi siècle, la jolie Lolita rencontrait dans son jardin de Ramsdale, dans la même posture que moi, le vil Humbert Humbert.



D'ailleurs, aujourd'hui, je cesse de l'appeler Lolita. Car, avant toutes les appellations que tous ces hommes ont pu lui attribuer, elle était juste Dolorès. Une jeune fille " qui est passée dans notre ciel comme un météore et qui s'est consumée au contact de notre dure atmosphère, laissant derrière elle un feu encore visible aujourd'hui."



Lolita est sans conteste l'une des plus grandes œuvres du XX siècle. Et ce n'est jamais chose simple que d'écrire en intertextualité avec un tel livre. L'auteur se glisse avec brio dans la peau de cette jeune adolescente pour qu'enfin, elle se livre. Je lui tire mon chapeau et le remercie. Si j'avais un conseil à vous donner, replongez vous dans les confessions scandaleuses de H.H et découvrez celle de sa victime. Mettez en parallèle les mots, immiscez vous dans la vie si particulière de ces deux êtres et oubliez tout.



Lolita ou Dolorès, qui que tu fus, j'ai été heureuse de te connaître aux travers de tes mots, je ne suis pas bien plus âgée que toi, et si j'avais pu, j'aurais aimé te donner toute l'affection dont tu avais besoin.





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Journal de L. (1947-1952)

Lolita, un des personnages d'adolescentes le plus connu de la littérature nous confie son journal intime. On y découvre les hommes qui lui ont volé son enfance et celui qui lui rendra sa vie. J'ai adoré lire les secrets, les rêves et les espérances de Lolita.

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Te rendre heureuse

L’histoire :



Un homme torturé. Évidement… Aujourd’hui, il travaille dans une boîte nommée Focus. Son truc, c’est de créer des jeux vidéos, de programmer, de taper des lignes de codes, de créer de nouveaux scénarios, d’étudier le public pour appréhender leurs « besoins » en matière de jeux. C’est un métier qu’il aime pour son côté artistique, philosophique et libérateur. En effet, la plupart de ses créations se nourrissent des ses expériences avec la vie mais surtout avec l’amour. D’ailleurs, il sort avec Laura , sa jeune compagne, depuis de nombreuses années, mais le beau-père est aussi son patron. Son meilleur ami est son chef de projet, Fred, et il est marié à la belle Alexandra… Vous voyez ou je veux en venir ? Vous comprenez la complexité de la situation ?



Elle a posé sa tête sur ma poitrine et dans la faible lumière de la chambre les grains de beauté de son dos ressemblaient à des galaxies, à d’étranges signes du zodiaque parmi les bleus et les minces déchirures. Je contemplais ce ciel vivant qui dessinait mille avenirs possibles, et je ne su quoi dire. Cette fille me bouleversait.



Une quête vers le bonheur, vers la compréhension :



Qu’est ce que le bonheur ? Qu’est ce que l’amour ? Pourquoi tromper ceux qu’on aime ? Ce sont les grandes questions de ce livre. Comment être heureux dans un métier qui rappelle tous les jours un passé houleux. Comment faire avec le beau-père tyrannique ? Comment se reconstruire ? Comment se détacher de ses chaînes ? Pourquoi être attaché au bonheur instantané ? Pourquoi trouver la femme de son meilleur ami si jolie et si désirable ?



Il faut différencier l’amour et le désir, deux éléments importants, que l’on peut allier mais qui sont souvent très mal maîtrisé.



Pour exister, un vieux devrait être fun et en forme comme la grand-mère de La Boum, comme un de ces seniors qu’on voit sourire à la une des magazines et à qui on s’intéresse parce qu’ils sont encore capables de consommer. Ou alors il devait être mort, victime d’une agression. Un ouvrier lui, devait être licencié et menacer de brûler son usine. En temps ordinaire, chacun avait vaguement honte, honte d’être hôtesse, caissier ou magasinier. On disait aux enfants : « Tu finiras caissière. » Tous écrasés par la culture de la réussite, de la jeunesse et du bronzage et par ce qui fait rêver : les grands patrons, les artistes, les puissants, les créatifs ou les lauréats des jeux de télé-réalité…



Est-ce qu’un ouvrier pouvait participer à une émission de télé-réalité, le plus bas niveau de reconnaissance publique ? Non. Pas assez présentable. Il fallait au minimum être employé de bureau, même être au chômage. Dans les pires programmes, ceux qui soit-disant en scène la réalité, les pauvres gens avaient disparu. Ils étaient devenus invisibles. Des fantômes.



Points négatifs :



L’absence de repères spatio-temporels. Je pense que cette absence n’est pas le fruit du hasard, mais elle m’a perturbé. Pourquoi ne pas dire dans quel pays l’histoire ce passe ? L’auteur semble être français, son histoire ce passe sûrement en France. Il n’y a pas de noms de lieux, mis à part les hôtels, les bars etc. Mais si les personnages connaissent Les bronzées font du ski, ils sont sûrement français... Et dans quel pays se retrouve Laura pour son voyage ? Pourquoi semer autant le doute ? J’ai du passer à côté de nombreux détails…



Les faux raccords. Le personnage n’a pas le permis B. Il utilise son scooter ou bien les transport communs pour se déplacer. Le soucis, à moins que je ne me soit pas assez accrochée aux détails, c’est qu’il lui arrive d’aller à un endroit en scooter, puis de rentrer en bus… Aussi, comme il n’y a pas de repères spatiaux, je ne sais pas si c’est dans la logique de l’histoire…



L’omniprésence des marques. Coca, BlackBerry, Nike Kinder Bueno, Channel, Kleenex, et tant d’autres… Le personnage principal, ne cesse de les nommer. Pourtant, il les hait. Il hait la société de consommation, cette manière dont les autres désirent la dernière paire de chaussure à la mode, le monopole des marques, toutes ces choses auquel les gens, qu’il compare à des moutons, s’identifient…



Oui, c’est elle qui avait fait surgir devant moi sa chair et sa beauté oubliée. Étrangement, le mécanisme était le même que celui de n’importe quel marché ou système d’échange commercial. Un financier respecté émet une note disant simplement « Le blé va monter. » Tous les traders se précipitent alors pour acheter du blé tant qu’il est bas, puis à cause de ces achats massifs, son prix grimpe en flèche. Le financier peut alors se vanter d’avoir eu raison, mais en réalité, c’est lui qui à provoqué la hausse.



Points positifs :



La visée du texte. Le premier point positif, qui pour moi est un des plus important, c’est la réflexion sur l’amour, le désir et notre société actuelle. Je ne vais pas m’épancher des heures sur cette question, mais je la trouve essentielle. Personnellement il y a de nombreuses choses que j’aimerai changer dans ma façon d’être et cette approche plus optimiste est la première. Il faut profiter de ce qu’on a et des gens qu’on aime avant qu’il ne soit trop tard.



Ce livre pourrait aussi aborder les thèmes de l'addiction et de la différence d'âge dans un couple... Le narrateur étant addict aux plaisirs immédiat et sa compagne étant bien plus jeune que lui... 



La richesse. En lisant ce livre la plume de l’auteur ne m’a pas frappée, elle est fluide et l’histoire est prenante. Ce qui est marquant, c’est la richesse du texte. Il y a beaucoup de références en tout genres : beaucoup de références littéraires, des musiques, des jeux vidéos (bien sûr), de l’économie ou de la politique…



L’absence de prénom/nom chez le personnage principal/narrateur. C’est vraiment bête mais je m’en suis aperçu qu’au moment d’écrire cette chronique… C’est marrant comment l’histoire est immersif et qu’on peut s’imaginer dans la tête de l’homme X. Tout le monde peu donc s’identifier à lui même si on a pas le même passé et qu’on ne fait pas les mêmes erreurs. Ça doit être la même chose pour les repères spatio-temporels, c’est sûrement pour pouvoir mettre l’histoire entre toutes les mains… Mais ce livre est peut-être une autobiographie... 



L’heure sublime dont je rêvais en lisant Hugo lorsque j’étais enfant, l’heure où l’homme deviendrait naturellement bon parce qu’il serait moins ignorant et qu’on éclairerait sa nuit, ne sonnerait jamais : le savoir, la culture, l’intelligence même, n’ont rien à voir avec la morale ni avec le bien ou le mal, et ne rendent pas meilleurs les misérables.



Mon avis :



J’ai un avis plutôt mitigé quant à cette lecture. D’un côté je trouve le point de vue abordé très intéressant, l’auteur pointe du doigt tout au long de son roman le problème de la culture du plaisir instantané, mais d’un autre côté, j’ai trouvé que la fin ne répondait pas à toutes mes questions. En regardant bien, cet homme n’était pas heureux, ou plutôt ne se rendant pas compte de son bonheur. Il en voulait toujours plus et était frustré par ce qu’il doit à tout son entourage. Tromper sa femme, c’est pour lui un moyen de satisfaire un désir artificiel et de se rebeller… Enfin c’est ce que je crois comprendre… Il n’y a pas vraiment de réponse valable au fait de tromper, c’est une erreur qui ne doit pas se produire et qui est motiver par le « besoin » (ou plutôt l’impression d’avoir besoin) d’en avoir toujours plus, de ne jamais être satisfait de ce qu’on possède. On se rend compte de la valeur des choses qu’une fois qu’on les a perdu…



Les souvenirs sont la mesure de l’amour et chaque couple en entretient le roman. On se rappelle en riant un robe qui n’allait pas, des chaussures neuves qui blessaient ou une soirée où par timidité on avait laisser passer l’occasion de s’aimer plus tôt. En ce faisant on s’aime plus fort.



Petit conseil :



J’ai beaucoup aimé ce livre pour son message plus que pour le scénario (la fin m'a déçue). Il ne faut pas s’arrêter sur l’absence de précisions, il faut profiter du livre et des réflexions quitte à devoir le relire ;)



« La folie, dis-je enfin, c’est refaire les mêmes erreurs en espérant des conséquences différentes. »



Petits plus :



Ce livre m’a fait penser à quelques autres œuvres qui défendent cette lutte contre le plaisir instantané :



La vidéo d’animation de Steve Cutts intitulée Happiness :



[youtube https://www.youtube.com/watch?v=e9dZQelULDk?ecver=1&w=980&h=551]



Le premier épisode de la saison 3 de Black Mirror : Nosedive (c’est aussi valable avec d’autres épisodes de la série!)

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=7s48IP6d37k?ecver=1&w=980&h=551]



La bande dessinée Ce qu’il faut de terre à l’homme de Martin et Charles Veyron qui est une adaptation du livre éponyme de Tolstoï…



Ma chronique sur cette bande dessinée : https://labouquinerieimaginaire.wordpress.com/2017/12/13/ce-quil-faut-de-terre-a-lhomme-par-martin-et-charles-veyron/



La musique du groupe Fauve : Sainte Anne



[youtube https://www.youtube.com/watch?v=WDGMXjUMSKg?ecver=1&w=980&h=551]
Lien : https://labouquinerieimagina..
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Te rendre heureuse

Le propos est alléchant au départ, la curiosité se mèle peu à peu à la déception : d'un livre sur un homme qui n'assume pas son côté Don Juan, on est entraîné dans un genre de thriller pour retomber en eau de boudin... Bof, bof...
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Même pas morte

Roman autobiographique. Sibylle Claudel nous raconte sa vie, sa jeunesse, ses malheur, ses passages dans des presque Enfers, et avec sa force de lutter elle en est sorti. Sa mêre dépressive, un père biologique qui ne s'est jamais soucié de sa fille,ses passages dans des centres d'éducation, son courage pour sortir de son état de "clocharde", de prostitution pour survivre me fait dire une énorme admiration pour une fille pas comme les autres, Sibylle Claudel qui s'est éduquée toute seule
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Te rendre heureuse

J'ai acheté ce livre car j'en avais entendu parler à la télévision. En entendant parler de ce livre je pensais que c'était du genre littéraire de Musso ou Lévy.

Pas du tout!!!

Le ton du livre est monotone, le narrateur est mou, sans entrain de vie et fort douteux. C'est un peu le genre "je t'aime moi non plus"!. Il envoi un message par erreur à sa femme alors qu'il était destiné à sa maîtresse...

Par moment il se démène pour ne pas que sa femme le reçoive et par moment cela lui passe au dessus de la tête.

La mise en page ne m'a pas tellement plu, le texte est serré et la police est petite, cependant, les chapitres sont courts.
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Le choix de Suzanne

C’est l’histoire d’une rencontre, d’une relation secrète entre Neil et Suzanne. Un homme au charme magnétique et une séduisante femme mariée pour qui tout allait pour le mieux dans son couple. Elle qui avait monté avec son mari, Fred, une entreprise prospère consacrée au développement personnel, une appli nommée CalmX créée pour le bien-être, la tranquillité et la relaxation. Tout baignait entre Fred et Suzanne, et puis un jour Neil est arrivé… et ce fût le coup de foudre, celui qui ne prévient pas, qui vous cueille, vous fait perdre peu à peu pied avec la réalité. Heureusement, Fred ne soupçonne rien de rien de cet amour torride, de cette idylle entre cet homme employé dans la société et cette femme de quarante ans aux lignes encore parfaites. On les voit souvent ensemble, ils partent en voyage pour le travail ensemble jusqu’au jour où des collaborateurs commencent à avoir des soupçons qui finissent par remonter aux oreilles du mari trompé. Et finalement ce qui n’était au départ qu’une banale relation adultère va se transformer en une incroyable affaire criminelle.



Car, comme il est suggéré sur le quatrième de couverture, voilà que le mari, la femme et l’amant se retrouvent à escalader une montagne en plein hiver, encordés les uns aux autres, jusqu’à ce que l’impensable se produise. Une mauvaise chute du mari va entraîner l’amant de l’autre côté de l’arrête sur laquelle marchaient nos trois randonneurs. Entre les deux hommes, au point d’équilibre, Suzanne doit faire un choix pour ne pas mourir sur place, sacrifier l’un au profit de l’autre. Un choix cruel pour une femme qui n’a pas envie de choisir, qui aime ces deux hommes intensément mais pas pour les mêmes raisons. Mais pourtant elle va devoir se résoudre à couper la corde, perdre l’un pour sauver l’autre. Une décision qui va finir par la conduire dans la rubrique des faits divers, dans un effroyable tourbillon médiatico-judiciaire.



Après Les amants ne se rencontrent nulle part (2017) Journal de L. (1947-1952), le journaliste et écrivain Christophe Tison revient ici avec un thriller, un drame aux multiples rebondissements dans lequel l’auteur aborde notamment le thème de la “Cancel culture”, phénomène assez récent évoqué de manière plus explicite encore, l’an passé, par Abel Quentin dans Le voyant d’Étampes.



Constitué de courts chapitres, Le choix de Suzanne est un court récit dans lequel la tension monte crescendo et qui se termine de manière assez surprenante avec un final qui fait écho un incroyable fait divers qui s’est déroulée en 2015… Mais n’en Tison pas plus et laissons le lecteur se plonger dans cette histoire d’amour aussi brusque qu’intense pour suivre le destin de Suzanne, dont rien laissait présager qu’il prendrait une tournure aussi dramatique.








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Te rendre heureuse

J'ai découvert la plume de Christophe Tison, l'an dernier, avec "Le journal De L.", puis "il m'aimait" et j'ai été totalement conquise par la plume de l'auteur.

Dans celui ci, dont la 4ème couverture m'a immédiatement séduite, ça n'a pas fonctionné. Un potentiel d'idées que j'aurais aimé voir développées, et qui sont suggérées, intéressantes et abandonnées à regret. L'emploi (le travail) du personnage principal occupe une place importante, trop, à mon goût.

Il est perdu, et on l'est avec lui, pas de réponse, à l'amour, l'infidélité, le désir... Mais il n'y en a sans doute pas...

Pourtant j'aurais apprécié un peu plus de clarté dans ses interrogations, un peu plus de temps consacré à sa vie personnelle.

J'ai relevé tant de phrases qui m'ont interpellées, où j'ai retrouvé la patte de cet auteur dont j'adore la plume et l'analyse...

"L'amour ne sauve pas. Il faut d'abord se respecter soi soi-même, ne plus se maltraiter, se morfondre et être obsédé par soi, et alors seulement on peut aimer, être disponible pour voir l'autre et aimer vraiment "... la mince affaire
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Journal de L. (1947-1952)

⁣Pour apprécier cette lecture comme il se doit, il me semble nécessaire d'avoir le roman de Nabokov en tête. Malgré ce prénom qui lui a donné son titre, rares sont les moments où l'on entend Lolita. Ici, sa voix est rétablie... et cela remue. On prend pleinement conscience de son statut de victime, qui subit les assauts d'hommes malsains. L'auteur réussit à l'incarner brillamment. Il est intéressant de lire également des épisodes inventés, non évoqués dans le roman de Nabokov, mais qui trouvent parfaitement leur place dans ce journal. Une grande réussite, donc !⁣
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Journal de L. (1947-1952)

" Moi je m'appelle Lolita, collégienne aux bas, bleus de méthylène..." Ici aussi c'est Lolita qui prend parole, contrairement au classique de Nabokov, que je n'ai pas lu. Je ne vous ferais donc pas une énième comparaison. Malgré son statut de chef-d'oeuvre, la thématique de l'ouvrage ne m'a jamais tentée. Concernant le livre de Tison, j'ai été attirée par l'exercice littéraire, mais aussi par le fait de donner la voix à la victime, car oui c'en est une. Et oui, coucher avec une mineure c'est un viol. D'autant plus quand on a une emprise si forte (en tant que beau-père), n'en déplaise à certaines stars grisonnantes du cinéma et de la littérature...



Non, Lolita ne voit pas Humbert avec des paillettes dans les yeux. Il la dégoûte, mais c’est sa seule figure d'autorité et familiale dans sa vie. Alors oui, elle va faire ce qu'il veut. Et ce n'est pas joli joli... J'ai aimé les parties où l'auteur démontre l'emprise psychologique des hommes sur Lolita, et lorsqu'il insiste sur le fait que personne ne prend son parti, car personne n'essaie. Tout le monde trouve normal qu'elle aille de motel en motel avec son beau-père. Et si elle ne porte pas plainte, peut-on la blâmer ? Elle n'a que lui sur Terre et c'est une pré-adolescente. Enfin, elle ne le restera pas longtemps, tant son beau-père, et les hommes après lui, lui feront vivre des choses qui l'obligeront à abandonner ses rêves d'enfant.



Malheureusement après un début accrocheur, le récit s'essouffle. Les pages se ressemblent. On perd la dénonciation au profit de simples constatations. Et je m'attendais à un final plus spectaculaire. Donc finalement, j'ai été quelque peu déçue par la promesse de l'ouvrage. Par contre, je félicite les éditions Goutte d'or pour le magnifique livre-objet. La couverture-jaquette est embossée avec une phrase du livre et la couleur crème rehaussée par l’enluminure. C'est beau !
Lien : https://ninaalu.wordpress.co..
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Journal de L. (1947-1952)

« Journal de L. » est un immense coup de cœur, une claque que je me suis prise en pleine figure alors que je ne m’y attendais pas.



Dans son livre, Christophe Tison raconte l’histoire fictive de la Lolita de Nabokov et se place du point de vue de cette dernière. Lolita, c’est cette jeune nymphette aux manières aguicheuses qui fait fantasmer les vieux libidineux, et surtout son beau-père qui, après s’être débarrassé de la mère de Lolita, va l’emmener faire le tour des Etats-Unis et abuser d’elle chaque soir.



Certains passages sont très difficiles, voire très sombres, je vous préviens. Sous la plume de Christophe Tison, Lolita est un personnage fascinant et touchant. Elle est un objet de désir pour les hommes, une adversaire à jalouser pour les femmes. Elle est aussi une jeune fille dont on a volé l’enfance, et qui en gardera des séquelles d’un point de vue émotionnel.

Lolita voudrait qu’on l’aime, mais elle ne sait pas comment faire. Alors elle ne dit jamais non aux hommes, telle une jolie petite poupée docile. Parce qu’elle pense que ça leur fera plaisir et qu’elle recevra leur amour en retour. Mais l’amour, ça n’est pas ça Lolita…



Le pari était osé, mais Christophe Tison l’a relevé avec brio. Son écriture est intelligente, fine et franche. J’ai adoré.



On l’appelait Dolorès, Lo, Dolly ou Lolita. Elle était Lo le matin, Lo tout court, un mètre quarante-huit en chaussettes, debout sur un seul pied. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l’école. Elle était Dolorès sur le pointillé des formulaires. Elle était surtout une jeune fille qui cherchait à être aimée…







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Journal de L. (1947-1952)

Christophe Tison est je crois talentueux. Les descriptions parsemées de poésie, l'horreur dite mécaniquement, les événements s'enchaînant de manière fluide; je me suis sentie embarquée dans la vie de Dolorès du début à la fin du roman. On y croit, on espère pour finalement retomber, on s'étonne de ce que les humains peuvent faire. Le ton biographique semble réaliste, et quand on voit ce que Christophe Tison a lui même vécu, on comprend mieux. Je recommande ce livre à tous. Il fascine et dérange, mais ne laisse pas indifférent. Il nous transporte dans un wagon bringuebaland à travers les États-Unis et l'adolescence v(i)olée de Lolita.
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Te rendre heureuse

Comment se rattraper aux branches lorsque l'on envoie par erreur un message à son épouse alors qu'il était destiné à sa maîtresse... Voilà le narrateur en plein bourbier d'autant plus que cette femme est loin, à l'étranger, sans réseau. Que se passera-t-il lorsqu'elle accédera à ce message ?

🖍️ J'ai refermé ce livre en étant partagée sur ce moment de lecture. J'ai eu un problème de fond plus que de forme : le personnage masculin principal ne m'a pas plu et je n'ai pas été sensible à ses moments de faiblesse, ses tergiversations, ses remords. De plus j'ai été gênée par la part consacrée à son métier. Elle prend bien trop de place dans le roman. Les relations qu'il entretient dans le cadre professionnel ont une importance pour l'histoire mais elles ont pris trop de place dans le roman ainsi que les aspects techniques. J'avais ainsi l'impression qu'il y avait deux sujets principaux : son emploi avec ses ramifications et sauver sa relation avec Lara.

J'ai aimé le style, l'écriture de l'auteur. Il y a eu quelques passages particulièrement beaux. Enfin, les 30 dernières pages sont pour moi les meilleures, les plus belles.

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Journal de L. (1947-1952)

Un grand merci à Babelio et aux éditions de la Goutte d'Or pour cet envoi !

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S'emparer d'une oeuvre aussi majeure que le Lolita de Nabokov pour lui adjoindre un roman jumeau, c'est audacieux.

C'est même une gageure.

C'est pourtant le pari de Christophe Tison, qui livre ici un journal intime tenu avec application par l'adolescente, du début de son périple avec Humbert Humbert jusqu'à la résolution tragique de son histoire.



Mais bien loin d'un simple jeu de miroir, c'est un véritable basculement que l'écrivain opère ici. C'est en effet une nouvelle Lolita que l'on découvre, loin de la manipulatrice arrogante de Nabokov, de ses stratégies naïves et de ses postures provocantes. Lolita devient ici victime, brisée par un homme qui l'utilise et déchire toutes ses loyautés une par une pour en faire son pantin. Inutile de dire que le roman est dur, bouleversant, avec la plume froide et démunie d'une jeune fille agressée de la pire des façons qui soit, et qui sait pertinemment que toutes ses tentatives de rébellion sont vouées à l'échec. Il l'est aussi car Lolita n'est pas seule : se dessine derrière elle l'ombre de Christophe Tison, dont l'enfance fut elle aussi traumatisée par le spectre d'un adulte malveillant. On a donc un objet étrange entre les mains, à la fois confession intime et déchirante - d'autant plus qu'elle ne verse jamais dans la surenchère -, mais aussi expérience littéraire, roman fluide et prenant, quoique un peu maladroit par endroits - avec une Lolita qui paraît curieusement mature à certaines pages et carrément naïve à d'autres, ce qui pourrait cela dit relever du choix conscient de l'auteur - et enfin clair intermédiaire d'une indignation qui ne peut que susciter l'adhésion.



Le Journal de L. offre à ce classique de la littérature un nouveau visage, une nouvelle possibilité, celle de l'enfance volée, d'une justice à rétablir. La valeur de cette proposition dépendra de la volonté du lecteur d'accepter une version de l'intrigue aux antipodes de celle de Nabokov. Refusera-t-il ce retournement complet du personnage de Lolita, n'y voyant qu'un récit conventionnel trop éloigné de l’ambiguïté qui faisait tout l'intérêt du texte original ? Se réjouira-t-il au contraire cette réécriture à la fois personnelle et politique, y voyant une mise à jour bienvenue d'une histoire qui doit s'adapter à la sensibilité sociale actuelle ? Deux postures tout aussi valides l'une que l'autre, deux façons de juger la fiction, mais dans tout les cas, le début d'un débat crucial à nourrir constamment, aussi bien au sein des livres qu'au-delà.
Lien : https://mademoisellebouquine..
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