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Critiques de Christopher Isherwood (62)
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Journal de guerre en Chine



C’est à l’initiative de 2 puissants éditeurs anglo‐américains, Faber and Faber de Londres et Random House de New York, que Wyston Hugh Auden, 30 ans, poète, essayiste et dramaturge de talent, l’époux de 1935 à 1969 d'Erika Mann ; ainsi que Christopher Isherwood, 33 ans, que nous connaissons tous de ses nouvelles de Berlin, dont Bob Fosse a tiré un film merveilleux en 1972, "Cabaret" avec une inoubliable Liza Minnelli, furent invités à aller faire un tour en Chine en guerre et d’en faire un beau reportage.



Une demande étrange, car ni Auden, ni Isherwood étaient tout sauf des journalistes de guerre professionnels, mais acceptèrent cette mission saugrenue avec des sentiments mitigés. Isherwood employait le terme "onirique irréel" pour leur expédition.



Afin de mieux apprécier les aléas du duo amateur, j’ai cru bon de faire un mot sur le contexte historique. Au moment de leur départ de Hong Kong, le 28 février 1938, la seconde guerre sino-japonaise, débutée le 7 juillet 1937 avec l’invasion japonaise de la partie orientale de la Chine, faisait rage. Cette guerre allait durer 8 ans, jusqu'au 9 septembre 1945 et la fin de la deuxième guerre mondiale. La première guerre sino-japonaise remontait à 6 ans, avec l’invasion par le Japon de la Mandchourie.



L’ouvrage est divisé en 2 parties : le journal de voyage de Christopher Isherwood en 10 chapitres, allant donc du 28 février au 12 juin 1938 et une seconde partie par Auden "Suite de sonnets avec un commentaire en vers" d’une bonne quarantaine de pages de très grande qualité littéraire, dans une traduction en langue française de haut niveau.



Ce qui m’a intrigué, ce sont les descriptions de la misère du peuple chinois dans les villages reculés et les quartiers populaires des villes : les problèmes de nourriture et l’insalubrité inimaginables.



Vu leur réputation Auden et Isherwood, devenus Au Dung et Y Hsiao Wou, ont partout été reçus comme de nobles visiteurs par les consuls, chefs militaires, maires, etc.



Un moment passionnant a sans doute été leur rencontre avec Soong May-ling, mieux connue comme Madame Chiang Kaï-shek, la première dame d’abord de Chine et ensuite de Taiwan. Une dame au charme particulier et une forte nature, qui a vécu 105 ans (1898-2003).



Une carte géographique en fin de volume, permet au lecteur de suivre les pérégrinations de nos 2 héros de Macao et Hong Kong des milliers de kilomètres au nord vers Hankow et Chengchow, de temps en temps sous attaque aérienne nippone.



Pour terminer de façon pacifique et en beauté, je passe, la parole à W.H. Auden :



"Mieux vaut être sain d’esprit que fou, être aimé que craint ;

Mieux vaut s’assoir devant de bons repas que de mauvais ;

Mieux vaut dormir à deux que tout seul ; mieux vaut être heureux." (page 310).

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Un homme au singulier

La vie semble avoir procuré à George tout ce qu’un homme peut désirer. Et pourtant il se considère désormais comme un homme au singulier. Il assume pleinement tout ce qui peut caractériser sa singularité, être un homosexuel britannique enseignant dans une université californienne dans les années 1970. Mais cependant la solitude lui pèse depuis que son amant est récemment décédé dans un accident. Nous allons le suivre durant une journée.



George est à bien des égards l’alter ego de Christopher Isherwood. Il adresse même un clin d’œil appuyé à son ami Huxley durant son cours de littérature. Isherwood décrit la solitude quotidienne dans les lieux les plus familiers, et inscrit en filigrane le désarroi d’un homme qui se sent isolé où qu’il se trouve. Cet homme, qui n’est plus anglais et pas vraiment américain, devient même étranger pour lui-même.

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Adieu à Berlin

L’auteur privilégie l’introspection à l’action dans ce roman nourri de ses propres souvenirs. Il se positionne en « cameraman » et se contente d’observer les personnages et de dérouler gracieusement leurs histoires tout en partageant leur quotidien.

Dans une période historique de l’avant-guerre marquée par la crise financière et des changements drastiques propres du calme avant la tempête, Christopher Isherwood tisse un récit subtil, coloré et poétique.

Anecdotes cocasses, coups du sort, désillusions, peurs, Berlin vit ses derniers moments d’insouciance avant l’arrivée des nazis au pouvoir.



Construit sur un art de la nuance, Christopher Isherwood s’appuie sur l’empathie, la lucidité des regards et la faculté de saisir l’histoire collective dans les destins singuliers nous offrant un livre rare et précieux.



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Rencontre au bord du fleuve





Deux frères d’origine anglaise mènent des vies très différentes et ne se fréquentent plus. Patrick, éditeur, vit à Londres avec son épouse et ses deux filles, et profite de ses déplacements professionnels en Californie pour entretenir une liaison homosexuelle. Suite à sa rencontre avec un swami, Oliver a décidé de quitter son emploi et envisage de prononcer des vœux pour devenir moine. C’est à cette occasion qu’il reprend contact avec son frère et le voit le rejoindre pour quelques jours en Inde. Ce sera cette Rencontre au bord d’un fleuve.



Grâce à des lettres envoyées à sa famille et à son ami pour l’un, à un journal intime pour l’autre, nous comprenons peu à peu les relations entre les deux frères, mélange tout à la fois d’amour et de détestation, de mensonges et de jeux de dupes, de manipulation, de déformation et interprétation des paroles et gestes selon l’interlocuteur.

Patrick est obsédé par la réussite professionnelle et la recherche d’épanouissement sexuel, et cherche à ramener dans un monde matérialiste son petit frère qui souhaite mener une vie de pauvreté consacrée à la spiritualité.



J’ai bien aimé la rédaction de ce roman sous forme épistolaire, cela donne plus de profondeur aux événements. Nous comprenons la manière dont chacun des personnages réagit selon le contexte et les informations qu’il choisit de transmettre ou non en les modifiant éventuellement. Christopher Isherwood intervient tel un témoin et laisse le lecteur réfléchir au sens à donner aux différentes interrogations des deux protagonistes.







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Octobre

Quand Christopher Isherwood rédige Octobre en 1979, il se laisse encore une espérance de vie de huit ans et demi... Malheureusement cette perspective sera revue à la baisse, il lui reste en fait à peine plus de sept ans puisqu'un cancer de la prostate allait se déclarer en 1981. Peut-être sentait-il malgré tout comme une urgence quand lui vint l'envie d'écrire quelques pages d'un journal intime.

Christopher Isherwood qui n'a de toute sa vie littéraire jamais trop rien fait comme tout le monde décide, à contrario de ceux qui publient des journaux intimes s'étalant sur de longues périodes, de le composer sur un mois tout juste, celui d'octobre 79.



Un mois seulement donc, mais attention, de manière rigoureuse : Une entrée par jour. Alors, pendant ces 31 jours, l'auteur du sublime Un Homme au Singulier se raconte au présent : la vie à Los Angeles, les promenades en bord de plage et les courses à l'épicerie du coin où son oeil acéré saisit le comportement humain dans ce qu'il a tantôt de moche, tantôt de bon et généreux, les sorties au théâtre, les expositions... Il nous raconte Don Bachardy, peintre de talent et compagnon de ses vieux jours. Esthète, il évoque également la grande place que tient l'art dans sa vie, la littérature, les artistes contemporains... Mais il revient aussi sur son passé, l'enfance à Londres aux côtés de sa mère, sa jeunesse berlinoise, les amis disparus, ceux, beaucoup plus rares qui sont toujours là, les bons souvenirs et les moments difficiles car malgré le regard bienveillant qu'il porte dans le rétroviseur, quand à quelques mois de ses 76 ans Christopher Isherwood nous laisse jeter un oeil sur son univers intime, il ne cache pas ses peurs et les angoisses liées à l'âge.



Un journal qui se dévore et dont finalement on regrette de ne pas s'être astreint à ne lire qu'une entrée par jour... Un mois entier avec Christopher Isherwood, ça aurait eu de la gueule.

Il transforme ce qui aurait pu vite devenir le quotidien barbifiant et soporifique d'un homme âgé en une chronique passionnante, douce et sensible qui nous prouve une fois de plus, si besoin en était, la classe et la grandeur de cet écrivain génial dont on ne peut que continuer à déplorer le manque de reconnaissance que pourtant, ô combien, il mérite.

Bien que l'approche stylistique soit tout à fait différente, je placerais cet admirable mois d'Octobre sur le même échelon que Rencontre au bord du Fleuve, c'est à dire très haut.

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Mr Norris change de train

Publié en 1935 ce roman de Christopher Isherwood est directement inspiré par le séjour qu'il fait à Berlin entre 1929 et 1933 avant de s'installer aux U.S.A avec Auden en 1939.

Ce roman fait partie des livres préférés de David Bowie et, challenge aidant, c'est pour cette raison que je l'ai ouvert.

Isherwood prête sa voix à William Bradshaw. Un personnage curieux croise sa route, Mr Norris. Plus âgé, maniéré, vivant sur un grand pied quand il le peut, prêt à tous les expédients pour y arriver, Mr Norris entre dans l'intimité de Bradshaw. Qui est il vraiment? Un communiste de coeur, un escroc, un proche des nazis? ... le voile sera levé finalement en 1934 après les élections de mars qui portent les nazis au pouvoir.

Ce roman ne serait pas ce qu'il est sans le décor. Berlin, les années 29 à 34, les péripéties politiques, le chômage, la pauvreté à chaque coin de rue, les prises de position des national socialistes face à celles de l' Intenationale communiste. Vivre de l'intérieur cette période trouble, violente et angoissante donne un relief inédit à ce récit et confère à ce roman ses lettres de noblesse.

Une lecture enrichissante à défaut d'être un coup de coeur.

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Mr Norris change de train

« Mr. Norris change de train » est considéré comme un chef d’œuvre du 20e siècle et il figure même parmi les 1001 livres qu’il faut avoir lus dans sa vie. Vraiment ? Le roman est bien, il m’a réellement plu, mais de là à en faire un chef d’œuvre, il y a un pas. Et je n’en suis pas convaincu. En gros, l’auteur Christopher Isherwood raconte l’histoire de William Bradshaw, un Anglais qui passera une partie des années 30 à Berlin, pendant une époque particulièrement intéressante. Sans doute que je l’aurais mieux apprécié si je n’avais lu quelque temps avant « Adieu à Berlin », du même auteur, dont l’histoire est assez semblable. Bref, une impression de déjà vu pas très agréable.



Dans le train, en se rendant en Allemagne, Bradshaw rencontre Mr. Norris. Les deux socialisent et découvrent qu’ils s’entendent plutôt bien. Ils promettent de se revoir. Et c’est le début d’une quelconque amitié. Ceci dit, Mr. Norris est un personnage énigmatique, impliqué dans des affaires douteuses, souvent acculé à la ruine, la plupart du temps réussissant à s’en sortir in extremis. Il est assez chanceux. Surtout, Mr. Norris fait vivre à son nouvel ami Bradshaw des expériences nouvelles. En autres, il l’introduit à des cercles communistes et socialistes.



Mais les choses se corsent à Berlin. Dans toute l’Allemagne. C’est la montée du fascisme et du nazisme. Elle sert de fond de toile à ce roman. C’est probablement une des raisons pour lesquelles ce roman est si prisé. L’auteur Christopher Isherwood a vécu lui-même à Berlin dans les années 30, à cette époque où la capitale allemande était une grande métropole d’art, de culture, de tolérance (les homosexuels y étaient bien traités). Ça a dû être terribles pour beaucoup de voir Hitler et ses accolytes tranquillement prendre la place et détruisant toute opposition. Et pour Isherwood lui-même, qui s’y plaisait. Ce roman est un peu autobriographique.
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Rencontre au bord du fleuve

Il y a quelques années, j’ai lu quelques bouquins de Christopher Isherwood, des trucs sur l’Entre-guerre, la culture décadente, sur Berlin. J’avais bien aimé, sans plus. Eh bien, avec ce roman différent, Rencontre au bord du fleuve, j’ai été franchement et agréablement surpris. D’abord, il s’agit d’un roman épistolaire qui s’éloigne des récits autobiographiques familiers. On retrouve Oliver, un Anglais qui s’apprête à prononcer ses vœux pour devenir moine hindou. Il écrit à son frère Patrick pour l’en informer (et pour demander à celui-ci d’informer leur mère.). Ce dernier, qui devait se rendre à Singapour pour affaires, fait un détour en Inde pour parler avec son frère. S’ensuit une chaine de lettres entre ceux-là, puis entre Patrick, leur mère, son épouse Pénélope et son amant secret Thomas. (On n’est qu’au milieu du XXe siècle, après tout!)



Ensuite, le génie de ce roman, c’est que cette correspondance ne reflète pas la réalité. Les lettres ne montrent que ce que chacun comprend et, surtout, ce que chacun veut communiquer (ou cacher). Parfois, inconsciemment, d’autres fois, volontairement. Dans tous les cas, elles révèlent davantage que ce que chacun veut bien l’admettre. En effet, dans ses lettres à son frère, Patrick vante les vertus d’Oliver, son idéalisme, disant (après la surprise initiale) qu’il l’envie de pouvoir se montrer si courageux de tout abandonner. Lui-même ne serait pas capable de renoncer à tout désir humain. Toutefois, dans les lettres à sa mère et à son épouse, il critique les choix d’Oliver.



Par exemple, Patrick écrit à son épouse que son frère, lorsqu’il l’a enfin trouvé, a demandé des nouvelles de Pénélope. On se dit qu’il est prévenant. Puis, en lisant le journal intime d’Oliver, on découvre que ce dernier n’a rien fait de tel. Cette anecdote peut sembler anodine (je l’ai choisie pour ne pas dévoiler d’autres sujets plus importants) mais elle est révélatrice de beaucoup. On devine qu’Oliver est indifférent à Pénélope, que cette dernière se moque de son beau-frère et que Patrick cherche à démontrer à l’un comme à l’autre qu’ils apprécient plus qu’ils ne le pensent.



Avec Rencontre au bord du fleuve, on découvre des dynamiques familiales très différentes de celles qu’on croyait (mais qui sont sans doute plus près de la réalité). Je pensais avoir affaires à une famille normale mais qui est gangrenée de l’intérieur par un manque de communication, des secrets inavoués qui ne demandent qu’à sortir à la lumière. Les lettres (ou entrées de journal intime) démentent les autres, ou, du moins, apportent un éclairage nouveau sur des événements, des impressions. En ce sens, elles constituent une analyse fine des relations humaines.



Ceci étant dit, ce roman dépasse les relations familiales, ou le concept de bienseillance, mais touche à des sujets beaucoup plus larges. Patrick, le grand frère, veut agir en grand frère. Il se dit que c’est sa responsabilité de ramener son petit frère dans le droit chemin. Tout cela alors que lui-même semble perdu dans sa vie personnelle. Cherchant le plaisir par-dessus le devoir. L’homosexualité non assumée de Patrick est importante. Sa relation avec Thomas me paraissait être l’engouement d’un homme qui se laisse aller à des penchants pour la première fois, comme s’il découvrait sa sexualité. Mais on découvre qu’il a eu d’autres amants avant et que Pénélope se doute de quelque chose. Enfin, Oliver cherche à donner un sens à sa vie. Loin du matérialisme occidental représenté par son frère. Mais, si c’était seulement en réaction à quelque chose, à un vide, et qu’il ne ressent pas vraiment l’appel de l’hindouisme. Difficile à dire.



Bref, Rencontre au bord du fleuve n’apporte pas les réponses à toutes les questions qu’il soulève mais n’en est-il pas ainsi de la vie? Avec ce bref roman, Christopher Isherwood a réussi à créer une œuvre beaucoup plus profonde que je ne l’aurais cru mais, en même temps, très accessible. Je le recommande vivement.
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La violette du Prater

Christopher Isherwood a écrit plusieurs récits autobiographiques. Dans La violette du Prater, même si ce roman est fictif, l’auteur puise tout de même dans ses souvenirs pour reconstituer une époque, un univers. Donc, une autofiction? Dans tous les cas, il se met de l’avant, se pose en narrateur de cette histoire. Il joue son propre rôle, quoi. Au milieu des années 1930, le Isherwood de ce roman est invité à s’occuper d’un metteur en scène juif autrichien, Friedrich Bergmann, pendant le long séjour de celui-ci à Londres. Lui faire visiter la ville, l’amener manger, le divertir. Sa connaissance de l’allemand et de la culture germanique ainsi que du travail d’écrivain sont un atout. Surtout que Bergmann est un personnage assez excentrique, et que cela crée plusieurs moments cocasses, humoristiques. Le scénario sur lequel il planche (La violette du Prater, qui donne son titre au roman) avance peu et, par moment, je doutais que son travail avance beaucoup. On ne voit pas le résultat final, seulement les commentaires des personnages. Dans tous les cas, le roman décrit l’univers des débuts du cinéma, des studios, des gens qui y travaillaient, surtout du point de vue des scénaristes. Chercher l’inspiration, gérer la pression, voir sa vision déformée par un réalisateur, des producteurs, etc. Bref, c’était un petit voyage dans le temps. Sympathique, mais sans plus.
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Le Condor : Journal de voyage

Nous sommes juste après la seconde guerre mondiale. L'auteur, en compagnie d'un ami photographe, va parcourir une bonne partie du continent. Du Venezuela à l'Argentine, employant différents moyens de locomotion, rencontrant toutes sortes de personnages, ils nous font découvrir ces régions parfois encore archaïques pour notre plus grand plaisir. C'est tout autant un voyage dans le temps. Juste un petit bémol pourtant. Comme tous ces récits de voyages, on finit par s'ennuyer un peu, les situations finissant toutes par se ressembler. Mais ce fut un très bon moment d'évasion.
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Adieu à Berlin

Dans Adieu à Berlin, Christopher Isherwood évoque les souvenirs de sa vie de bohème à Berlin dans les années trente. Vivotant en donnant des cours d'anglais dans les familles bourgeoises, il est le témoin idéal pour décrire la vie des familles à la fois aisées ou plus modestes, logeant dans la pension de famille tenue par Mme Schroeder où il côtoie les artistes et toutes les connaissances du monde interlope qu'il fréquente la nuit.

Et surtout Sally Bowles, une vingtaine d'années, libre, frivole et fantasque, une héritière anglaise de bonne famille qui a suivi un amant à Berlin, bien vite oublié et qui depuis s'encanaille entre soirées débridées et cachets dans les cabarets comme chanteuse, attirant la gente masculine plus par sa plastique que par ses talents de chanteuse, il y a Bobby, barman, qui à la suite de la perte de son travail avec la crise, est relégué dans la chambre du haut sans chauffage, ses revenus ne lui permettant pas mieux. Le narrateur évoque également les amours de Peter Wilkinson, jeune anglais malingre, mal dans sa peau qui se fait mener par le bout du nez par Otto, un gamin du milieu ouvrier de seize ans qui joue avec ses sentiments. Dans une mauvaise passe, Christopher loge quelque temps dans la famille d'Otto, dans des conditions précaires représentatives des difficultés des travailleurs pauvres dans ce Berlin sapé par la crise économique et la montée du nazisme...

Avec Adieu à Berlin Christopher Isherwood dépeint avec beaucoup d'esprit et de recul, la société berlinoise de l'entre deux guerres et plus particulièrement en brossant des portraits attachants et intelligents, se faisant le témoin brillant de cette société fragmentée et cosmopolite pour laquelle il éprouve bienveillance et empathie. Un roman qui a inspiré une pièce de théâtre puis le film "Cabaret" avec Liza Minelli.

A découvrir.
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Tous les conspirateurs

« Tous les conspirateurs » est le premier roman de Christopher Isherwood, auteur anglais naturalisé américain en 1946, grand voyageur, dont la production littéraire fut plébiscitée par Virginia Woolf.



Premier roman que je lis de cet auteur et probablement le dernier, tant j’ai peiné à essayer d’entrer dans son univers, à tel point que, à chaud, je n’ai même plus envie de m’essayer à son fameux « Adieu à Berlin », à l’origine du spectacle – film Cabaret.



Certes, on sent sous sa plume la grande sensibilité d’un jeune homme à la vive intelligence, l’acidité du dandy homosexuel à la Gide dans le regard qu’il porte sur la société corsetée et étouffante de convenances de l’Angleterre des années 30, et la toxicité de la relation mère –fils est assez machiavélique ; mais le dilettantisme dans la rébellion, la pédanterie de dialogues incompréhensibles entre jeunes gens bien nés dont le roman est parsemé, ou encore l’absence d’humour qui font le sel d’autres auteurs anglais de la même période m’auront tenu complètement à distance de cette intrigue tout au long de laquelle j’ai beaucoup baillé.

Un rendez-vous raté pour ma part.

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Mr Norris change de train

Ce qui demeure en refermant « Mr. Norris change de train », le sentiment d’avoir lu un roman divertissant avec des personnages énigmatiques, extravagants dont les raffinements désuets et les affectations alimentent l’intrigue. Car il s’agit d’abord d’un jeu de rôles avec un Mr Norris qui a la roublardise comme moteur, le type qui serait prêt à vendre un frigo à un esquimau tout en cultivant une esthétique de dandy.

Il n’en faut pas plus pour séduire William Bradshaw, jeune homme élégant et lucide, amusé par un personnage aussi fantasque que ce beau parleur sans cesse animé par une agitation tantôt joyeuse tantôt anxieuse.



Cette attraction mystérieuse est véritablement la mamelle nourricière de ce roman dans lequel on s’interroge sans cesse sur l’opiniâtreté de Bradshaw à entretenir cette amitié improbable avec un homme harcelé par ses créanciers qui se révèle au fil des pages vulgaire, pataud, excessif en s’affichant ostensiblement avec des préciosités absurdes.

On peut considérer que c’est peut être par goût des rencontres inattendues dans un Berlin en proie à l’agitation de toute nature et dans lequel Norris lui fait découvrir aussi bien la ferveur du milieu communiste que la luxure de la haute aristocratie qu’il suit presque aveuglément cet homme d’affaires douteux.

Avec des personnages aussi troubles, et c’est là une des forces de cette fiction, l’auteur joue habilement avec les apparences, entretient savamment l’ambiguïté quant à l’identité et la moralité de ces mêmes personnages. Le lecteur se surprend à chercher des indices. Cela permet aussi à l’auteur de poser de manière lointaine un regard oblique sur l’Allemagne du début des années trente. Avec un regard neuf, nullement trahi par la survenue des évènements postérieurs (ce roman ayant été publié en 1934), il laisse résonner au fil des pages la montée de toutes les colères et frustrations, ainsi que de tous les cynismes, et avec elle, celle de la menace nazie.



Avec une intrigue reposant sur des personnages excentriques et une écriture distanciée, « Mr. Norris change de train » ressemble à une comédie de mœurs qui emprunte au flegme britannique un ton léger à rebours des évènements. Au point de nuire malheureusement au rythme de la narration et rendre l’intrigue un peu trop superficielle.



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Adieu à Berlin

Adieu à Berlin : Le Livre qui a inspiré Cabaret , le spectacle et surtout pour moi LE FILM de Bob Fosse avec Liza Minelli et Michael York vous savez le film que j'ai regardé en boucle pendant des semaines , oui celui-là ... Alors hop me voilà sortie de la bibliothèque avec Adieu à Berlin de Christopher Isherwood et ....déception non pas , surprise plutôt je dirais même admiration pour le regard "caméra" qu'il porte sur cette ville qu'il a aimé désespérément en cette période allant de la fin de la République de Weimar à la prise de pouvoir par Hitler et le parti nazi, 1930- 1933.

Mêlant tour à tour fiction, souvenirs personnels, le journal de Herr Issyvoo en fait foi, Christopher Isherwood nous présente tour à tour les différentes facettes de Berlin. La vie de nuit avec ses boîtes de spectacles , de paillettes, la ville du monde homosexuel, la ville de toutes les possibles, et à côté la vie de tous ces berlinois aux abois ; la faillite financière de Wall Street a entraîné la ruine de nombreux Etats , l'Allemagne est entrée dans une spirale inflationniste, pour survivre Frl.Schroeder s'est vue obligée de louer les chambres inoccupées de son appartement ; c'est ainsi qu'apparaissent Sally Bowles et ses amants, Frl. Kost, Bobbie et Frl. Mayr. Et puis il y a les délaissés, les pauvres qui vivent dans des conditions insalubres comme la famille Nowak et les familles aisées, très aisées , juives la plupart d'entre d'elles , telle la famille des Landuer ..

Adieu à Berlin a été publié en 1939 ! C'est donc un état des lieux contemporain des évènements berlinois , Isherwood se garde bien de tout commentaire, même si ..., à chacun de tirer des faits les conclusions qui s'imposent et quand 80 ans se sont écoulés depuis le regard se fait plus critique .

Belle et instructive lecture sans aucun doute.

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Adieu à Berlin

Berlin 1930, la classe moyenne est ‘’en déconfiture’’, le libertinage bien présent : les prostituées déambulent dans les rues caverneuses de cette ville. C’est là que le personnage Herr Issywoo, écrivain anglais, loge dans une petite chambre lugubre du grand appartement de Frl. Lina Schroeder, la logeuse. Dès le début, il se pose en témoin de la vie à Berlin ; vie quotidienne, difficile ou insouciante, nocturne et décadente de ses divers habitants. Comme il le précise dans le prologue, il reste à la lisière des choses, comme « une caméra braquée, absolument passive, qui enregistre et ne pense pas. » Ainsi, à travers son personnage, il peut dénoncer les dérives de la société berlinoise pré-nazie tout en prenant du recul et bénéficier de l’objectivité désirée.



En un récit en apparence désordonné, il saisit des instantanés de vie dans l'intimité berlinoise. Il croque son entourage sans jamais juger ou imposer sa vision. Il est juste témoin. Il nous présente ses relations, ses amis, ses rencontres d’un soir, les décrivant tour à tour avec humour, perspicacité ou fascination. Son regard se fait tendre et désabusé suivant les circonstances. S’impliquant peu, il ne confie jamais ses aspirations homosexuelles mais les laisse sous entendre. Il préfère mettre en lumière ses personnages qui se débattent dans un univers qu’ils ne maitrisent pas toujours, instable, provoquant voire décadent. Sentant venir des heures sombres, il fuira finalement cette ville après en avoir décrit par touches impressionnistes la décomposition.



Ces tranches de vie relatent et illustrent une situation politique et historique très proche de la réalité. Tombée sous le charme de cette ville et passionnée par cette époque, j’ai beaucoup aimé cette autofiction, sa justesse de ton, sa finesse de description et le regard qu’Isherwood porte sur ses semblables. Jusqu’à ce que le racisme ordinaire dont il est témoin l’angoisse jusqu’à la nausée.


Lien : http://argali.eklablog.fr/ad..
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Adieu à Berlin



Ouf ! Autant dire que je l’ai trouvé long et peu passionnant. Il faut dire que c’est le livre que j’avais dan mon sac pour les moment d’attente. Mais tout de même il m’a ennuyée. J’espérais avec ce titre avoir un aperçu de Berlin dans les années 30 mais avant de trouver la moindre allusion à Hitler il faut arriver à la moitié du livre. C’est surtout un portrait de ses fréquentations qui m’ont paru sans grand intérêt.



Je ne saurais le recommander mais je ne vous décourage pas non plus d'essayer.

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Adieu à Berlin

Très éloquente peinture aux accents impressionistes du Berlin insouciant des années 30, mais déjà annonciateur des sombres heures du nazisme qui arrive avec la crise économique et sociale et la radicalisation des extrémismes.

Notre anglais sous lequel se cache à peine l'auteur, est venu apprendre l'allemand, voir du pays, donner des cours particuliers et passer sa jeunesse désargentée dans une liberté appréciée des artistes et des intellectuels. Ses rencontres sont l'occasion de fameux portraits d'où émerge celui de Sally Bowles, chanteuse de cabaret et cocotte qui s'incarnera avec Lizza Minelli dans Cabaret.

L'art de Christopher Isherwood consiste à restituer sans jugement, avec une grande lucidité et une observation de cameraman toutes les composantes sociales de la faune diversifiée qu'il rencontre : la logeuse aussi bien que le grand patron, les couples homosexuels, les familles juives fortunées, les ouvriers communistes...

Il reste d'une grande pudeur quant à lui bien que l'on comprenne son histoire personnelle et ses engagements. Ce serait lui le premier à faire de sa biographie une sorte de fiction. Passionnant !



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Un homme au singulier

"Un Homme au Singulier" est un roman d'une étonnante beauté . L'autoportrait pudique, sensible d'un homme vieillissant, soudainement confronté à la solitude suite à la disparition de son ami dans un accident de voiture.

C'est le récit d'une journée, des dernières heures d'un homme blessé, sans plus d'illusions, qui se remémore les moments passés avec son ami disparu. Cette disparition qui créait une béance qu'il sait d'ores et déjà insurmontable.

C'est un roman bouleversant, sans artifices, sans effets de langage, une belle et simple réflexion sur la solitude, l'absence, l'homosexualité, la mort, sur la vie. Un roman d'une lucidité rare et apaisante.
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Adieu à Berlin

Publié en 1939, cet ouvrage relate les rencontres d'un jeune britannique qui a choisi de vivre à Berlin jusqu'n 1933 (arrivée d'Hitler au pouvoir). Il y fréquente des gens de tous milieux et présente une face d'un intellectuel plutôt bourgeois tandis qu'il mène une vie parallèle dont il ne fait pas état. L'étude des caractères et des tranches de vie, sous fond de montée du nazisme et de marasme économique est bien menée et la lecture du document est agréable.
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Adieu à Berlin

Nouvelles très clairvoyantes sur la montée du nazisme à Berlin en six récits. Très clairvoyantes car le "copyright" date de 1939.



Livre agréable à lire et pourtant, il vous emmène inéluctablement vers l'indicible. C'est ce qui peut apparaître dérangeant.



Livre que j'ai beaucoup aimé alors que je ne suis pas fanatique du genre nouvelles d'habitude.

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