Citations de Chrys Galia (219)
Je t’interdis de me considérer comme un rendez-vous professionnel Stew, je ne suis pas un dossier poussiéreux à enterrer tu m’entends, je suis de chair et d’os, j’ai un cœur et il bat, il bat à nouveau depuis ton retour ! Je ne veux plus qu’il ralentisse Steve. Tu désires rentrer à Paris, grand bien te fasse, mais tu m’accorderas toute cette semaine ! Je te veux pour moi toute seule, jusqu’à dimanche. Si après ça, tu me détestes toujours, j’abdiquerai, mais pas avant tu m’entends ! PAS AVANT !
J’aimerais tant lire dans ses pensées, pour mieux les orienter vers moi, vers nous. Cet homme m’appartient bon sang, je l’ai connu quand il n’avait personne, je me sens carrément jalouse de toutes celles qu’il a rencontrées depuis. Combien y en a-t-il eu ? Des tas certainement, il est si beau. Est-ce qu’il les a aimées ? Autant qu’il a avoué m’aimer ? Il les a prises dans ses bras, les a embrassées, il m’a oubliée. Je suis injuste, je le sais. Mais c’était tellement fort, nous deux.
Il a un charisme dingue et je me sens chavirer avant même que le manège ne nous fasse goûter à ses loopings. Il sourit, se moque. Je veux qu’il perde le contrôle, comme hier soir, lorsqu’il m’a embrassée. J’ai repensé à ce baiser toute la nuit, je n’ai pas pu fermer l’œil, c’était comme… comme une révélation. Steve, c’est lui ! C’est celui que j’attendais, j’en suis certaine. Il y a une connexion entre nous, il ne la voit plus, il ne l’accepte plus, mais elle est bien présente pourtant. Nous avons des choses à régler, c’est vrai, des malentendus, des erreurs que j’ai pu commettre. J’y parviendrai, je nous libèrerai de ces maux.
Je regarde les jeunes que nous croisons en me rappelant que j’ai eu leur âge. C’était hier bon sang ! J’ai un pincement au cœur, comme s’ils m’avaient pris un peu de moi, de ma vie, ils marchent sur mes traces, ils évoluent dans mon univers. Je les envisage comme des intrus, comme s’ils outrepassaient leur droit en étant là, chez moi. J’ai l’impression qu’il y avait un panneau propriété privée à l’entrée de la ville, signifiant l’appartenance des lieux à mes amis et moi, et que cette nouvelle génération l’a arraché, a planté son drapeau et me nargue en me prouvant qu’aujourd’hui, ma ville est leur fief. Le seul étranger, dorénavant, c’est moi!
J’ai perdu l’habitude de ces moments d’intimité, et lui, lui, est si particulier. Je sens qu’un seul mot peut le faire chavirer, un seul peut le braquer. Je suis au supplice. Si nous pouvions nous contenter de nous toucher, de nous frôler, de nous embrasser, je suis persuadée que toutes nos querelles seraient vite oubliées.
Le café, ce n’est pas bon pour moi, je le sais pourtant. Je me cogne le front plusieurs fois du poing, je recommence à déconner, il ne faut pas, je dois rester concentrée. Je ne veux pas qu’on me retire Helio. Respirer, je dois respirer… Je frotte machinalement mon poignet, oui, il y a cette solution aussi, ça pourrait m’aider, mais impossible de faire ça ici, si Helio se réveille pour boire un verre d’eau comme il a l’habitude de le faire, il pourrait me surprendre, il ne comprendrait pas, il aurait peur, je ne pourrais pas lui expliquer. Non, bien sûr, ici, ce n’est pas envisageable, pourtant, j’en crève d’envie, l’obsession commence à assiéger mes méninges. Je reconnais bien les symptômes, le manque, la pensée omniprésente, les tremblements.
J’ai un peu honte de l’avouer, mais il est mon espoir. Si la vie l’a remis sur mon chemin, ce n’est certainement pas pour rien. Cette promesse d’enfant a de la valeur, je n’en démordrai pas. Je vais regagner son amitié. Je ne veux plus de cette solitude. Il ne me demande pas où je le mène, il se laisse guider, il doit penser qu’il sera plus vite débarrassé.
Je ne veux plus qu’il arrête, je veux qu’on s’embrasse jusqu’à en tomber, je lui rends son baiser, aussi follement. Je m’accroche, de peur que mes jambes ne me trahissent. Ce baiser me semble défier les lois de la gravité, parce que je me sens aussi légère que lourde. J’ai l’impression de flotter sur un nuage, loin, là-haut, où le ciel rencontre les étoiles, et à la fois, je perds tant mes forces que tous mes muscles me lâchent.
Sa cambrure se devine sous le tissu sombre, ses hanches se balancent au gré de ses pas, et la voir onduler ainsi, sans même s’en rendre compte, me rend complètement dingue. Non, je ne suis pas guéri, je ne le serai jamais. Et il semblerait qu’elle ait encore envie de jouer avec moi.
Je suis une branche fragile, plus les jours passent, plus on m’arrache de copeaux, je vais bien finir par me briser. C’est tellement dur de continuer la lutte. Je n’ai plus envie de me réveiller le matin, je n’ai presque plus personne à qui parler. Pourtant, je continue, coûte que coûte, mue par une force mystérieuse. Chaque fois que pointe l’aube, un infime espoir que quelque chose se passe enfin dans ma vie m’incite à me lever. Alors que je crois retrouver un garçon qui a tant compté pour moi, il me renvoie à la figure que j’étais la fille la plus futile qui lui ait été donnée de rencontrer. Bon, ce n’est peut-être pas exactement ce qu’il a dit, mais ça y ressemblait sacrément.
Elle s’adapte vite, elle me considère encore comme son jouet, notre histoire est l’échiquier, elle me prend pour un simple pion, cherche à mettre mon roi en échec, à moi de parer le coup.
Le jour où j’ai quitté cette région, je me wus jamais une femme ne m’occasionnerait tant de souffrance. Jamais je ne dirai je t’aime, jamais je ne me lierai vraiment, aucune femme ne me rendra fou comme Allison l’a fait. Je ne veux plus perdre le contrôle. Je m’y tiendrai.
Elle me regarde, telle une biche effrayée. Elle n’a plus le pouvoir, ne peut plus m’atteindre. Elle est encore plus belle, malgré ses mains abîmées par les travaux manuels, les cernes sous ses yeux, témoignant de nuits sans sommeil, à lire ou à créer. Elle a dû en verser des larmes, seule, dans ce petit coin miteux qu’elle s’est aménagé. Comment peut-elle en être arrivée là ? Pourquoi n’a-t-elle pas réagi plus tôt ? N’a-t-elle aucune espèce d’ambition ? Je ressens une vive déception de constater qu’elle n’a pas pris sa vie en main, à aucun moment. Elle n’a fait que subir, et attendre.
Je ne sais pas ce qui m’a pris, j’ai hurlé, je me suis précipitée et je l’ai secoué, je l’ai presque engueulé, lui ordonnant de se réveiller. J’ai tenté un massage cardiaque, jusqu’à ce que des gouttes de sueur dégoulinent de mes tempes et que mes muscles tétanisent. Vaincue, impuissante, j’ai pleuré, il ne me restait plus que ça. Je n’ai même pas imaginé appeler les secours, j’avais trop peur qu’on l’éloigne de moi. J’étais dans la conscience et le déni en même temps. Papa était mort dans la nuit, c’était intolérable. On ne pouvait pas me l’enlever lui aussi ! Il ne pouvait pas m’abandonner ! Après des efforts surhumains, et vains, pour essayer de lui rendre un souffle, la colère a laissé place à la peine, à la douleur incommensurable.
Steve était mon jardin secret, mon ami et celui de personne d’autre. J’ai peut-être été un peu brusque avec lui, de temps à autre.
Mais aujourd’hui, il n’est plus rien de tout ça ! Il n’est plus à moi, le vilain petit canard s’est transformé en cygne, alors que la petite princesse que j’étais a, elle, perdu tout son éclat. Je regarde de quoi j’ai l’air dans la psyché, mon tee-shirt Hello Kitty a perdu ses couleurs, il est fade et déformé par les années, il a au moins quinze ans ! Mon leggings noir vire au gris foncé, est élimé aux genoux et mes Converses sont usées au possible. Ma queue de cheval retient mes cheveux en laissant échapper de nombreuses mèches indisciplinées et j’ai même une tache de peinture sur la joue. Charmant ! Est-ce que je parle de mes cernes, de mes traits tirés et de mes doigts écorchés ? Non, autant me dépêcher et tenter de cacher la misère.
... Je l’ai mis au défi. Mais le souci, c’est qu’il l’a relevé, je n’ai que quelques minutes pour me préparer, et je n’ai absolument rien de présentable, en tout cas, rien qui s’harmonise avec cet homme si merveilleusement costumé. Car je dois bien l’avouer, Steve n’a plus rien à voir avec celui que j’ai connu. Il est plus grand, plus fort, plus sûr de lui. Il a une prestance qui en impose, et une carrure d’athlète. Je me demande à quel moment la chenille est devenue papillon. Et pendant que le temps faisait des merveilles sur lui, il a opéré à l’inverse sur moi.
Tout ne se passe pas toujours bien. Non, parfois la vie est cruelle, et s’il est allé vers la lumière, je suis restée dans l’ombre. C’est comme ça. Je n’en fais pas un drame. S’il me découvre autrement et que ça le déçoit, tant pis pour lui. S’il ne m’admire plus, je n’en mourrai pas, il y a bien plus à plaindre que moi. Qu’il garde sa concupiscence et se la mette où je pense !
En même temps… je voudrais le faire pâlir, baver, qu’il soit soufflé juste en m’apercevant.
Je déteste qu’on s’apitoie sur mon sort. J’ai cela en sainte horreur !
J’ai le minimum vital, et je m’en contente. Je ne devrais pas avoir honte, pourtant, j’aurais préféré qu’il me redécouvre épanouie, heureuse, avec une belle situation. C’est humain, on a tous envie de montrer le meilleur de nous-mêmes. Qui a besoin de savoir comment je fais mon lit le soir du moment que j’ai le sourire lorsque nous discutons ? Quel utilité aurais-je de partager mes malheurs alors qu’il est si simple de faire comme si de rien n’était, comme si j’étais heureuse, comme si tout allait parfaitement bien. Au moins, si je souris, les gens en face de moi me rendent cette joie, c’est communicatif, et ça fait beaucoup de bien
La vie est faite de faux-semblants, chaque jour vous croisez un tas de personnes, toutes plus différentes les unes que les autres. Vous échangez un regard, un sourire, parfois quelques mots et formules de politesse. Mais la vie n’est simple pour personne, elle ne se limite pas au bonjour, une baguette pas trop cuite s’il vous plaît, ni même au tu viens prendre un café à la maison ? Non, derrière tous ces visages, il y a des histoires, des secrets, des drames. Tout le monde n’est pas heureux comme il prétend l’être.