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Critiques de Claire North (513)
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La soudaine apparition de Hope Arden

Hope Arden a disparu: alors qu'elle n'était qu'une jeune adolescente, elle constate que les gens ne la voient plus, que ses parents ne pensent plus à elle, que ses ami.es l'ignorent, estompée en quelque sorte. Après en avoir souffert, Hope décide de s'en servir et devient une criminelle de haut vol dont personne ne se souvient jamais. Personne sauf…

L'idée de départ est excellente mais je ne sais pas pourquoi, cela ne fonctionne pas. Je pense que c'est un manque de rythme, pas assez de rebondissements ou trop de longueurs, je ne saurais pas dire quoi mais dès la fin du premier tiers je me suis un peu ennuyée et j'ai eu grand mal à finir, alors que je trouvais le sujet original.

À vous de voir.
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Les quinze premières vies d'Harry August

En Résumé : J’ai passé un bon moment de lecture à la découverte de ce roman qui propose, je trouve, un récit vif, entraînant et efficace. La grande force du récit vient clairement du personnage d’Harry August et surtout de la façon dont l’autrice le construit, ne se consacrant pas que sur son enquête, mais proposant un héros dense, complexe et d’une certaine façon attachant dans sa quête, ses questionnements, ses envies et ses faiblesses. Les personnages secondaires ne manquent pas non plus d’attraits, certains se détachant clairement, même si c’est vrai d’autres manquent quand même de profondeur là où ils auraient pu offrir plus. Concernant l’univers que construit le roman, je trouve que cette idée de ne jamais mourir en revivant à chaque fois sa vie, est intéressante et s’avère traité, je trouve, de façon solide et intéressante. Il y a, pour moi, un petit côté Docteur Who dans la construction de l’univers, se révélant vivante et percutante. Alors après, tout n’est pas non plus parfaite pour autant, je regretterai par moment un récit quand même trop bavard ainsi qu’une ou deux facilités ici ou là. Il y a aussi un Deus Ex Machina qui pourrait en déranger certains, mais qui pour ma part m’a paru bien amené. La plume de Claire North est simple, entraînante et efficace et je lirai avec plaisir d’autre de ses écrits.



Retrouvez la chronique complète sur le blog.
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La Maison des jeux, tome 3 : Le Maître

Alors Catherine Webb n'est peut-être pas une Joueuse, mais elle est joueuse !

Comment expliquer autrement ce goût du risque, cette promptitude à remettre en jeu sa réussite ?

Voyons : roman d'enquête au cœur du pouvoir politique, puis roman d'aventure dans une longue chasse à l'homme, et maintenant le roman d'espionnage !



Oui, le risque était réel, car tout le monde n'est pas réceptif à tous les genres.

Sans compter que composer un tel patchwork paraît tout sauf évident. N'est pas Simmons (les Cantos d'Hypérion) qui veut et, pour ne citer qu'un exemple, la juxtaposition de genres que propose Sue Burke dans son Semiosis ne m'a pas convaincu. Mais à ce jeu (encore un !), Catherine Webb s'en sort plus qu'honorablement. L'unité, la cohérence est bien là. Avec ce style affirmé et constant. Avec cette Maison des jeux qui traverse les tomes et les âges, ses règles immuables, quoique sans cesse raffinées, sublimées.





Pour résumer la teneur de ce troisième opus, je dirais qu'il s'agit d'un Jason Bourne. Un condensé de Jason Bourne en fait. Imaginez 150 pages qui contiendraient deux ou trois fois plus de péripéties que l'ensemble des films de la célèbre franchise. Oui, c'est possible, notamment grâce à un style parfois hyper minimaliste qui parvient à synthétiser en une phrase plusieurs scènes d'action ou des bouleversements géopolitiques majeurs. Dit comme ça, on hésite, mais l'autrice maitrise parfaitement l'exercice. Elle en use et abuse, mais comme c'est fait avec constance, ça tombe dans le « style recherché ». Du reste, le premier tome de la série (le Serpent) proposait déjà ce concentré d'action avec une économie de mots tout à fait remarquable.



Mais le récit n'est pas qu'une plate succession de péripéties sans fin : s'y intercalent de nombreuses scènes au rythme lent, des portraits – souvent ceux de personnages secondaires – qui, par contraste avec le rythme effréné de la trame principale, évoquent des tranches de vie. Cette hétérogénéité dans le récit, l'originalité des rencontres et la spontanéité de leur incidence sont une force de l'autrice qu'on retrouve à travers l'ensemble de la trilogie.





Comme les deux premiers, j'ai beaucoup aimé ce dernier tome. Sa conclusion n'est peut-être pas époustouflante, mais il a le grand mérite de reprendre les deux premiers de manière satisfaisante, en donnant à leurs héros respectifs un rôle ici secondaire.



Le thème classique de l'opposition entre l'ordre et le chaos (représenté par le mystérieux Oiseau) est davantage développé ici.

Cette trilogie balaie bien d'autres thèmes comme le pouvoir, la corruption et l'addiction. Rien de très original, hormis quelques dilemmes moraux.



Plutôt que la réflexion, je trouve que c'est le divertissement qui est à la fête ici, servi par une écriture impeccable et originale.







Si vous avez aimé ce concept d'initiés tirant les ficelles du pouvoir à travers les époques, ce jeu d'échecs à taille humaine où s'affrontent des esprits brillants, je ne peux que vous conseiller la lecture de L'origine des victoires, d'Ugo Bellagamba. L'auteur est aussi un féru d'histoire et cela se voit. Dans un style beaucoup plus classique, il prend le temps de saisir l'essence d'une époque dans chaque chapitre, en se focalisant sur une scène ou deux, ce qui permet de rentrer dans la peau des personnages. Une trame volontairement manichéenne, contrairement à La Maison des jeux qui propose une dualité différente.
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Sweet Harmony

Sweet Harmony, c’est un subtil mélange bien équilibré de drôlerie et de frayeur glaçante. C’est vrai, le résumé prête à sourire. Un bouton ! On imagine déjà la fille obnubilée par son image, à la fois produit et victime de son époque, des regards, des jugements sur l’apparence. On a un peu de peine pour elle, oui, mais dans le fond, on se fiche un peu d’elle, aussi. Parce que cela prend chez elle des proportions abracadabrantesques.



Et l’autrice se délecte de cela. On sent son amusement féroce derrière. Offrir à ce bouton l’incipit du roman met d’emblée celui-ci dans une position centrale. Peu à peu, il va grossir, gonfler. Passé la première page, on n’a que lui en tête, comme Harmony. Harmony, c’est moi, vous, tout le monde. Très vite, on rit un peu moins, là.



D'ailleurs, après le rire (coupable), l’autrice nous fait moins rire. Parce qu’elle n’épargne rien, à Harmony. On lit la descente aux enfers d’Harmony Meads. Et la narration est implacable. Parfois d’une ironie glaçante, ce qui rend le personnage encore plus malheureusement pathétique. Et toujours directe, sans fard. La plume est factuelle, froide et impitoyable, sans émotion. On a l’impression qu’Harmony est un rat de laboratoire que l’on observe cliniquement derrière une vitre, sans pouvoir intervenir. Une victime, de tout un système.



J’ai trouvé très maligne aussi la construction du texte. Celui-ci n’est pas linéaire. En effet, l’autrice utilise deux temps de narration. Le passé pour raconter des événements de la vie d’Harmony. Et puis des tableaux au présent, comme des arrêts sur image d’un film dont on connait la fin. Dans ces passages au présent, l’autrice raconte d’année en année l’évolution d’Harmony. Ce qui rend ces passages encore plus difficiles, c’est qu’on sait qu’ils nous amènent inéluctablement à une chute, ce qui rend le ton, là encore factuel et presque détaché, cruel. J’ai adoré aussi l’effet boucle, un chapitre à la fin reprenant le premier. Pour moi, cette novella se lit d’ailleurs ainsi, comme une boucle, un éternel recommencement.



Cette histoire est le miroir très sombre, très noir, de notre propre société contemporaine.

Au-delà de ce que vit Harmony, ce sont toutes les dérives de notre société actuelle qui sont dépeintes ici.

Et Claire North en profite pour taper, sans retenue, sur tout un paquet de trucs pourris de notre époque. Ce faisant, elle pointe les risques que l’on connait bien : la perte de bon sens, de ce qui nous rend humains, l’effacement de frontières à ne pas dépasser (notamment en termes d’éthique). Et puis cette relation mère-fille si dure… !

Le positionnement de l’autrice est d’ailleurs très malin. Le roman est court, donc pas le temps de faire un blabla moralisateur à chaque fois. L’autrice « se contente » d’envoyer une punchline en pleine tronche à chaque fois, et nous laisse nous rendre compte nous-mêmes de l’absurdité et de la férocité du monde dans lequel on vit. De ce fait, nulle morale, nul discours catastrophiste, et même si on saisit bien ce que l’autrice pense de tout ceci, elle le fait de manière si intelligente, retranchée derrière cette narration factuelle, qu’on n’a pas l’impression de lire une leçon sur les dangers de ceci ou de cela.



Ce qui est dérangeant dans ce texte, c'est qu’Harmony peut être nous, demain. Quels choix ferions-nous ? Jusqu’où serions-nous prêts à aller pour sauver notre peau ? Pour exister ? On pourrait penser qu’une fois qu’on a vécu l’enfer qu’on s’est infligé, on a compris et retenu la leçon. Mais je pense qu’une fois qu’on a mis la main dans le cercle vicieux, qu’on a accepté de perdre son humanité pour survivre, on est prêt à recommencer. C’est comme une addiction… C’est ainsi que j’ai compris cette novella, dont la fin m’a désespérée par son cynisme. Mais pour en avoir discuté avec d’autres lecteurices, certaines personnes y ont lu quelque chose de plus optimiste. Peut-être le texte est-il lui-même le miroir de notre état de pensée… A vous de vous faire votre propre idée, donc !
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Le chant des déesses, tome 1 : Pénélope, Reine ..

🩵Chronique🩵



J’imagine que si la Grèce m’était contée, il y aurait des batailles, des merveilles et mille trésors enfouis. De tout temps, la Grèce a été racontée par les hommes. On ne fait plus état de leurs victoires, de leurs défaites, de leurs plus grandes histoires d’amours et de guerres auxquels ils ont tous participer de près ou de loin. Mais où sont les femmes? Je veux dire les actives, les meneuses, les guerrières? Pourquoi dans l’inconscient collectif, ce sont toujours les hommes qui mènent le jeu? Je dirai que juste pour cela, j’ai été voir ce que proposait Claire North avec cette réécriture féminine de la légende d’Ulysse, mais plus particulièrement, de celle de Pénélope Reine d’Ithaque, parce que finalement, il n’a pas l’air de vouloir pointer le bout de son nez, mais il faut bien maintenir le règne, avec ou sans lui, et la concurrence se bouscule aux portes…



Et voilà, que je me retrouve embarquée, dans une histoire trépidante sur une île paradisiaque, à observer de près, les agissements officieux et officiels d’une reine, sur la sellette…Et même soutenue par les déesses, même entourée de loyales Sœurs, elle sait qu’elle va devoir tisser une impressionnante toile de protection pour ne pas tomber sous la vengeance des uns, l’opportunisme des autres. On découvre une Reine discrète mais déterminée, une femme puissante sous l’apparence calme, une mère et épouse fidèle mais qui a perdu depuis longtemps la naïveté…De fil en aiguille, et de secrets en plans d’attaques, elle se révèle redoutable et aimante, au possible.



J’ai aimé cette revisite pour l’enchantement. Les poètes et les déesses qui tournent au-dessus de leurs têtes. L’ambiance terrible rythmée par les lunes, et le danger continu. La mer comme fond de décor et le chant qui s’élève comme un hymne à la liberté. J’ai plus qu’adoré la sororité qui se crée, comme par magie, entre les unes et les autres. Pour un premier tome, il y avait des longueurs, mais l’intention est tellement belle, que j’attends avec impatience le tome 2, pour être encore au cœur des vagues et des intrigues royales…La Grèce m’a été contée par Héra, et j’ai adoré sa voix, reste plus qu’à réveiller les poètes et le monde saura enfin, de quel bois, elles se chauffent, les femmes d’Ithaque…
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La Maison des Jeux, tome 2 : Le voleur

Bangkok, 1938. Rémy Burke se réveille dans sa chambre d'hôtel après une nuit bien arrosée et sans bien se souvenir de ce à quoi il s'est engagé après sa soirée à la Maison des Jeux, cet établissement pas comme les autres où le jeu se déroule grandeur nature et où l'enjeu se compte en années de vie, souvenirs ou grand amour. Il découvre qu'il lui reste à peine 30 minutes avant le début d'une partie de cache cache contre le mystérieux Abhik Lee, à peine le temps d'attraper un sac et de fuir dans ce qui va s'avérer une course éperdue et inégale...



Après Venise au XVIIe siècle et l'excellent premier tome Le Serpent, c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé la mystérieuse Maison des Jeux et ses parties sans pitié où les pièces du jeu sont des humains, le plateau un pays ou un continent et l'enjeu souvent colossal. Ici changement de décor, nous voici dans le Bangkok de 1938 où les puissances coloniales, France et Angleterre en tête, se disputent les richesses de la Thaïlande tandis que le Japon veille, prêt à fondre sur le pays sous le prétexte de le libérer de l'oppresseur. Quant au jeu, loin des intrigues alambiquées du premier tome et de son jeu de plateau, voici un grand classique de notre enfance : le cache cache. La règle est toute simple : une manche par adversaire, chacun étant chasseur puis chassé, celui des 2 qui est resté caché le plus longtemps gagnera la partie. Mais quand on s'appelle Rémy Burke, un occidental facilement reconnaissable au milieu de tous les thaïs et qu'on doit affronter le redoutable Abhik Lee qui semble disposer de multiples "pièces" prêtes à lui servir d'informateur et à traquer sans répit son adversaire, la partie va s'avérer dangereusement déséquilibrée.



Le roman commence donc sur les chapeaux de roue, une fuite éperdue dans Bangkok puis dans la campagne thaïlandaise et j'ai adoré son ambiance dès les premières pages. L'auteure réussit le parfait dosage entre suspens et tension, la moindre halte, la moindre rencontre pouvant être fatale à Rémy tant son adversaire a acheté des informateurs partout, et entre descriptions passionnantes de la Thaïlande des années 30, son petit peuple des campagnes, sa politique complexe et ses intrigues de palais, sa jungle et ses forêts inhospitalières (surtout pour un Occidental mal préparé). Bref j'ai vraiment plongé dans ce récit et ne l'ai plus lâché, me régalant à chaque page, d'autant que le récit et le style ajoutent au plaisir, l'auteure continuant à manier à la perfection son procédé consistant à faire parler un narrateur omniscient qui souvent observe et commente la scène de loin. En parallèle on commence à en apprendre un peu plus sur la mystérieuse Maison des Jeux et surtout à s'interroger sur ses réelles motivations.



Ce Voleur a donc été un gros coup de coeur pour moi, un petit livre vite lu mais plein de bonnes idées et de détails passionnants avec une conclusion qui clôt habilement l'intrigue tout en laissant ouvert le mystère pour la suite. J'ai hâte de me procurer le tome 3 pour voir dans quel nouvel univers Claire North va nous emmener et pour peut-être percer le secret de la Maison des Jeux !
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La Maison des jeux, tome 3 : Le Maître

C’est avec crainte et impatience que j’attendais le dernier opus de La Maison des Jeux, dont les deux premiers tomes m’avaient fait découvrir un monde où tous les événements qui s’y produisent sont liés aux jeux, dans cette fameuse "Gameshouse" où l’on pouvait gagner des années de vie en plus (ou en moins) comme y perdre son âme, sa famille.



Le Grand Jeu allait avoir lieu, un jeu grandeur nature (comme bien d’autres), à une grosse différence près : le joueur Argent allait affronter la Maîtresse de Jeu.



Ma crainte était que le dernier tome ne soit pas à la hauteur des deux premiers et en effet, bien que le scénario soit toujours original, que les personnages soient complexes, que le rythme soit élevé, il m’a semblé que c’était plus un jeu de grosse baston qu’un jeu d’échec, même si ce jeu a lieu sur la planète entière, que cette partie est réelle (comme toutes les autres) et que des hommes vont mourir, des fortunes disparaître, des pays et des empires s’effondrer,…



Un jeu d’échec, c’est raffiné, stratégique, et là, on nous offre plus des jeux de guerre, à coup de missiles, de mitraillages en règle, d’assassinats de pions divers et variés, mais nous sommes loin des raffinements de jeux aperçus dans les deux premiers tomes (même si des pions y mourraient aussi).



Certes, je n’y connais pas grand-chose dans les échecs, mais j’aurais aimé d’autres opérations que "pions contre pions" afin de m’immerger dans la complexité et la subtilité des échecs, sans pour autant entrer dans des détails uniquement connus des joueurs d’échecs. L’équilibre n’est sans doute pas évident à trouver, mais vu le niveau des précédents opus, je m’attendais à mieux qu’à cette artificialité qui apparaissait de temps en temps.



Certes, dans ce jeu d’échecs grandeur nature, des rois sont tombés, des pays sont entrés en guerre, des cyberattaques ont eu lieux, il a fallu sélectionner les bons pions, activer les bonnes personnes, celles que l’on possédait, qui nous devaient un ascenseur, contrer l’adversaire, ne pas lui laisser voir ses pièces maîtresses, ruser, s’enfuir, se planquer et roquer (interversion de la tour et du roi, permettant à ce dernier de se cacher)…



Là, pour le coup, c’était très intéressant de faire le parallèle entre les coups des deux joueurs et ce qui se passait dans le monde : terrorismes, guerres, chutes de gouvernement…



Mais à la fin, cela devenait lassant et je n’ai pas ressenti le même plaisir que pour les deux novellas précédentes dont les scénarios étaient plus fins, plus travaillés, plus stratégiques.



Pourtant, malgré mes bémols, ce dernier tome n’est pas mauvais et l’action finale est stratégiquement très bien faite, notamment avec la présence de deux anciens personnages que l’on a suivis dans les autres opus.



Les deux joueurs qui s’affrontent sont complexes, surtout Argent, qui veut gagner pour faire tomber la Maison des Jeux, responsable de trop de morts. Mais pour y arriver, Argent doit lui-même envoyer des tas de personnes au tapis (au cimetière, devrais-je dire) puisque dans le Grand Jeu, on doit utiliser ses propres pions.



Ambivalence. Hélas, j’ai moins accroché avec lui qu’avec Thene ou Remy Burke (tome 1 et 2) et il reste encore des zones d’ombre sur ce personnage qui était mystérieux.



Malgré tout, j’ai apprécié ce tome pour les réflexions qu’il pousse à faire : nous ne sommes que des pions sur l’échiquier mondial.



Nous sommes manipulés par les grands de ce monde : on nous fait croire ce que l’on veut que nous croyons, certaines choses sont mises en scène pour nous faire aller dans le sens que l’on veut que l’on aille (Hitler l’avait fait en déguisant des soldats allemands en polonais pour les accuser ensuite d’une attaque), certains récupèrent des événements tragiques pour leur compte (buzz, faire des affaires, du chiffre, du business) et tout ce qui se passe autour de nous est orchestré (ou récupérés) par les puissants, les grandes puissances, les gouvernements et nous n’avons rien à dire, juste subir leurs jeux de pouvoir, leur guerre des trônes.



Attention, je suis loin de sombrer dans le négationnisme, ce n’est pas l’objet de mon message. Mais les politiciens, lobbyistes (et autres) sont des acteurs patentés, capables de dire blanc et de faire noir, de manipuler les gens, comme les joueurs de la Maison des Jeux…



Un dernier tome qui n’arrive pas à la cheville des deux autres, néanmoins, il y a des bonnes idées dedans et si elles avaient été plus travaillées en finesse, on aurait eu un excellent opus.


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La Maison des jeux, tome 1 : Le serpent

J’ai adoré ce premier volet de la Maison des jeux, intitulé « Le serpent », que nous propose Claire North (ou plutôt Catherine Webb de son vrai nom).



L’intrigue est d’une originalité folle, le rythme est endiablé, le propos est captivant.



Claire North nous emmène à Venise au 17ème siècle.



Thène est une jeune femme mariée avec Jacamo de Orcelo, un homme beaucoup plus vieux qu'elle, adepte des jeux et de l’alcool dans lesquels il dilapide la dot de sa jeune épouse. C’est une vie de brimades, dénuée d’amour que vit la pauvre Thène qui malgré tout garde la tête haute.



Le vieux Jacamo, accompagné de Thène, va s’inviter dans la Maison des jeux, établissement mystérieux dans lequel nous trouvons une basse loge où des jeux traditionnels (tarot, échecs, majhong, etc.) sont proposés, où les joueurs parient de l’argent, et où sont repérés les joueurs les plus talentueux.



Ceux-là sont conviés dans la haute loge par la maîtresse des jeux. Là le plateau prend d’autres dimensions : il est grandeur nature, à l’échelle d’une ville, d’un pays, d’un continent ou du monde entier. Les cartes proposées sont des hommes et des femmes à utiliser par les joueurs. On mise non pas de l’argent mais de la vie, des souvenirs, ou bien plus encore…



Thène va être repérée, la voici conviée à une partie de tarot grandeur réelle, son plateau de jeu est la ville de Venise et son objectif est d’amener son « roi » vers une place prestigieuse au sein du tribunal suprême. Elle gagne : elle intègre la haute loge, elle perd : elle perd tout.



L’auteure emploi étonnamment un « nous » imprévu. Elle prend ainsi à témoin le lecteur comme quasi membre de la haute loge et spectateur privilégié du jeu qui se déroule devant ses yeux.



L’ambiance est étrange et captivante. C’est bien écrit, le rythme est haletant. Le mystère est constamment présent. Ce court roman est un page-turner diablement efficace.



J’ai été totalement conquise et c’est sans retenu que j’ai ouvert le tome 2.

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La Maison des Jeux, tome 2 : Le voleur

Après un premier tome très attrayant, la collection Une Heure-Lumière des éditions du Bélial’ nous offre Le Voleur, novella de Claire North traduite en France pour la rentrée 2022, qui poursuit la saga de La Maison des Jeux !



Cache-cache thaïlandais

1938, Remy Burke se réveille à Bangkok. Mal au crâne, gueule de bois et, cerise sur le gâteau, le dénommé Argent le toise de son regard inquisiteur. Remy s’est fait avoir, et dans les grandes largeurs en plus. Un autre joueur aguerri de la Maison des Jeux, Abhik Lee, l’a attiré dans un triple piège : celui de la boisson pour l’inciter à jouer et à miser rien de moins que toute sa mémoire, ensuite celui de la Thaïlande où il a ses habitudes alors que Remy n’y a aucun allié, enfin celui du cache-cache car il s’agit bien d’une partie de cache-cache grandeur nature qu’il a accepté de jouer dans ce pays où il apparaît vite comme très reconnaissable, et donc une cible, à cause de son look d’Occidental. Dans ce décor exotique, tout devient possible puisqu’Abhik Lee semble bénéficier d’une main exceptionnelle, avec des cartes toutes très puissantes qu’il joue de façon méthodique.



Des enjeux qui nous dépassent

Tant dans la mise en scène de ce cache-cache géant que dans le fonctionnement de cette Maison des Jeux, les enjeux semblent dépasser les protagonistes. Constamment, la tension est présente parce que Remy débute comme celui qui doit se cacher de son adversaire, Abhik Lee. C’est ce dernier qui a des atouts en main pour le trouver, à commencer par des « cartes », des personnes qu’il peut jouer, par exemple des soldats, des directeurs de la police locale, des marchands et autres. Toute personne rencontrée par Remy sur la route devient automatiquement suspecte à ses yeux, alors qu’il ne tente que de fuir et de survivre, en dissimulant au mieux sa condition d’Occidental en pleine Thaïlande. Mais, au-delà de ça, une double question le taraude tout au long de sa course : pourquoi Abhil Lee l’a-t-il ciblé, lui, et comment a-t-il fait pour avoir un jeu aussi minutieusement concocté à son avantage ? Le fonctionnement même de la Maison des Jeux, de sa Maîtresse, de ses Arbitres, semble alors tenir à bien peu de choses…



Serpent, Voleur et Maître

À travers trois novellas, ou romans courts (tout dépend comment on voit les choses), Claire North met en place un univers d’histoire secrète tout à fait passionnant. Elle ne réécrit pas l’histoire, mais lui donne une dimension complotiste et mégalomane tout à fait passionnante. En effet, la Maison des Jeux semble être une entité pluriséculaire, qui se permet de faire apparaître ses succursales un peu n’importe où et à toutes les époques, du moment qu’elle peut user de personnes soumises à son bon vouloir et de joueurs prêts à tout pour récupérer richesses, dons, capacités et même années de vie supplémentaires. Autant dans le Serpent, nous découvrions le principe du jeu, par l’intermédiaire d’une nouvelle entrante dans cette danse macabre, qui apprenait de façon forcée les règles du jeu. Dans Le Voleur, c’est différent : nous connaissons bien le principe, pour découvrir maintenant qu’il peut se fausser très facilement, et ce d’autant plus quand les enjeux sont énormes. Enfin, dans le Maître, dernier volet qui devrait sortir au début de l’année 2023 en France, il nous est annoncé un règlement mondial du conflit pluriséculaire qui oppose certains des joueurs les plus aguerris, serait-ce un revisite de la Deuxième Guerre mondiale ou bien un tournant plus science-fictif ? Hâte d’y être…



C’est toujours un plaisir de retrouver La Maison des Jeux, ici avec un antihéros pris à son propre piège qui se démène tant bien que mal pour survivre.
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La Maison des jeux, tome 1 : Le serpent

Bien souvent, entre moi et une novella de chez Le Bélial, ça passe ou ça casse. Ici, ça passe tout en cassant la baraque !



Cette novella fantastique a tout d’un Game Of Thrones (en version non sanguine), tant la politique et les manipulations en tout genre sont légion.



Le plus haut poste est à pourvoir, au Tribunal Suprême et les prétendants au trône sont des pions que quatre joueurs vont déplacer au fil du jeu, utilisant d’autres personnes comme des cartes à jouer.



Thene, notre joueuse, est une jeune fille juive, mariée de force à un crétin qui avait des vues sur son argent. Si son mari perd des sommes indécentes au jeu, Thene, elle gagne et c’est pourquoi elle sera choisie pour participer à ce jeu grandeur nature, mis au point par la mystérieuse Maîtresse des Jeux, la maîtresse de la Haute Loge.



Ce jeu, c’est comme un jeu d’échec grandeur nature, une sorte de partie de cartes, un jeu de tarot, sauf que c’est tout ça, sans être ça… C’est le jeu des rois. Le principe est de faire gagner son pion, oups, pardon, sa pièce. Interdiction de tuer l’adversaire.



Thene est une jeune fille intelligente, attachante, même si on saura peu d’elle (comme quoi, il est possible de créer des personnages attachants sans en dire trop).



La novella se suffit aussi à elle-même, avec peu de pages (154), tout est dit : le suspense est maîtrisé, le jeu est abouti, d’une grande stratégie, les personnages clairement identifiables, l’univers est riche, travaillé, ce qui donne un jeu politique des plus subtils où rien n’est jamais vraiment sûr et où les illusions pourraient être présentes. Politique et illusion sont des synonymes.



On est tellement pris dans le récit que l’on arrive à oublier que les pions sont des êtres vivants et que c’est avec leur vie que l’on joue, puisque ceux-ci sont redevables à la Maison des Jeux et qu’ils sont "prisonniers" des tentacules de la maîtresse. Et on peut tenir les gens de mille et une façons.



Et puis tout à coup, paf, l’autrice nous rappelle que ce ne sont pas des numéros ou des cartes à jouer, mais des êtres humains ! Merci pour cette piqûre de rappel au travers des pensées de Thene.



Bravo aussi d’avoir mis une femme en premier plan, alors qu’à cette époque, la femme n’avait aucun droit et on nous le rappellera quelques fois, notamment au travers du comportement des hommes. Une femme est sous-estimée, ce qui est une grave erreur (mais pas grave, continuez de le penser).



Une novella magistrale, faite de complots, d’alliances, de crochets du pied, de poignard dans le dos, de pardon ou non, de stratégie implacable, de calculs savants, de lâcher prise pour mieux sauter, de retournements de situation, de réflexions poussées…



C’est implacable, c’est retors, c’est magistral et on le lit d’une traite afin de savoir ce qui va se passer.



Le petit plus est ce narrateur, qui semble tout observer, être omniscient et qui s’adresse à l’héroïne Thene comme s’il était une sorte de Jiminy Cricket virevoltant autour de sa personne.



Une lecture captivante, une lecture où le fantastique est présent, mais c’est ténu, tout en étant une pièce maîtresse de l’échiquier. Pas de magie à la HP, mais un univers qui est clairement différent et où certaines choses sont possibles, comme de vivre très longtemps.



Une fois de plus, j’ai bien fait de persévérer avec les novellas de cette collection. Ce n’est pas toujours des rencontres marquantes ou appréciées, j’ai eu mon lot de déception littéraire, mais quand ça paie, ça paie bien !


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Le chant des déesses, tome 1 : Pénélope, Reine ..

Si je n’ai rien contre un peu de mythologie grecque, bien au contraire, je dois avouer que c’est avant tout le nom de Claire North (autrice de l’excellente trilogie « La maison des jeux ») qui m’a incitée à me plonger dans la lecture de ce roman. Premier tome de la trilogie « Le chant des déesses », l’ouvrage met en scène le personnage de Pénélope, l’épouse d’Ulysse traditionnellement présentée comme attendant désespérément le retour de son époux et tentant à tout prix de décourager les nombreux prétendants qui se bousculent à la cour d’Ithaque afin de prendre et sa main et le trône. Vous vous en doutez, la version proposée ici par l’autrice n’est pas tout à fait la même. L’histoire nous est narrée à la première personne par Héra, déesse du mariage réputée pour sa jalousie et la cruauté de ses malédictions mais aussi protectrice des femmes, et notamment des reines. A ce titre, la souveraine d’Ithaque bénéficie de son discret soutien, et ce d’autant plus que Pénélope ne correspond pas tout à fait au profil type de la reine soumise et effacée qui prédomine dans la Grèce de l’époque, ce qui n’est pas sans plaire à la déesse sans cesse bafouée par son propre époux et à laquelle on ne laisse que des miettes de pouvoir. En effet, dans l’objectif de protéger son île et ses habitants, la souveraine s’intéresse de près à la situation géopolitique en Méditerranée, mais aussi au maintien de la prospérité et surtout de la paix de l’île, menacée de sombrer dans la guerre civile tant les conflits latents entre les prétendants et leur mécontentement croissant devant le refus de Pénélope de se choisir un époux parmi eux créent les conditions d’une véritable poudrière. Si la supposée veuve prend toujours bien garde à ne jamais laisser le moindre signe de son intelligence ou de sa détermination être décelé en public, c’est bel et bien elle qui, dans le secret de ses quartiers et avec pour seule aide celle des femmes d’Ithaque, est à la manœuvre pour éviter à l’île d’Ulysse de sombrer dans le chaos et pour résister aux velléités d’expansion de l’ambitieux Ménélas.



Bien que l’histoire narrée par Claire North soit archi connue et ait déjà fait l’objet de nombreuses réappropriations, cette nouvelle interprétation ne s’en avère pas moins rafraîchissante, et ce à plus d’un titre. On prend d’abord un plaisir certain à se replonger dans quelques uns des plus célèbres des mythes grecs, avec leur lot de métamorphoses, de trahisons, de ruses ou d’histoires d’amour tragiques. La narration étant assurée par une déesse, cette dernière n’hésite pas à faire références à de vieilles histoires, la plupart du temps afin de démontrer le côté partial des poètes et souligner l’invisibilisation permanente des femmes. Héra n’est de plus pas la seule divinité à entrer en scène, puisque l’autrice met également en scène d’autres déesses, protectrices d’autres personnages évoluant dans l’entourage plus ou moins direct de Pénélope, à commencer par Athéna ou encore Artémis. On entend également beaucoup parler de la guerre de Troie qui, on le comprend, a constitué un véritable traumatisme qui a profondément marqué l’ensemble des territoires grecs qui se sont vus dépeuplés de la quasi totalité de leurs hommes en âge de se battre. Les seuls restants sont ainsi soit de rares vétérans du conflit, soit ceux qui étaient trop jeunes ou trop vieux lorsque Ménélas et Agamemnon ont battu le rappel des troupes. Si les mythes de l’évoquent jamais, il va donc de soi que, en l’absence des hommes, les femmes soient parvenues à se ménager davantage d’espaces de liberté et jouissent d’une indépendance nouvelle, bien que toujours très relative. A ces sujets déjà passionnants s’ajoute celui qui va constituer le fil rouge de l’histoire, à savoir l’arrivée sur Ithaque de pirates étrangers semant la terreur dans les villages côtiers et menaçant à la fois la prospérité et l’autonomie de l’île, mais aussi l’intégrité de la reine elle-même. Bien ficelée, l’histoire se déroule sans accroc et nous invite à étudier les nombreuses implications de chaque événement et à tenter d’en cerner les enjeux : un jeu de réflexion et d’analyse auquel on se prête de bon cœur.



L’enthousiasme soulevé par le roman vient aussi du regard féministe que Claire North pose sur des personnages qui, traditionnellement, se voient constamment relégués au second plan. Les femmes occupent ainsi une place prépondérante dans le roman qui met en lumière des profils ou des personnalités sur lesquels on ne s’attarde guère d’habitude. C’est le cas par exemple d’Héra, déesse occupant une position clé sur l’Olympe mais dont on fait pourtant rarement grand cas dans les mythes qui ont tendance à la cantonner au rôle de l’épouse jalouse et aigrie. Bien consciente de cette représentation, la divinité revient ici avec beaucoup d’acuité sur la façon dont les femmes sont considérées par les héros et les dieux grecs et sur le peu d’options qui leur sont offertes, tout en laissant entrevoir une personnalité forte et audacieuse ne demandant qu’à être débridée. Elle ne cherche jamais non plus à cacher les violences, notamment sexuelles, dont elles sont victimes, et ce quelque soit leur statut social. Cela concerne ainsi aussi bien les simples servantes que les reines grecques, protégées d’Héra, qui occupent aussi une place de choix et sont campées par des personnages ambivalents. C’est le cas notamment de Clytemnestre, la femme d’Agamemnon, célèbre pour avoir régné seule pendant que son mari était à Troie et pour l’avoir ensuite assassiné à son retour, ou encore de leur fille, Electre, jeune femme à la fois inquiétante et fascinante. Les esclaves aux services de la reine d’Ithaque sont elles aussi constamment visibilisées, de même que leurs sentiments auxquels personne, à l’exception de la déesse, ne prête (à tort) attention. Claire North convoque ainsi une belle galerie de personnages, et elle le fait par le biais d’une plume élégante et toute en subtilité, capable de nous transporter autant par la justesse de ses mots que par la qualité de ses non-dits.



Premier tome de la trilogie « Le chant des déesses », « Pénélope d’Ithaque » est un roman remarquable dans lequel Claire North propose une réinterprétation moderne et féministe de l’une des figures les plus consensuelles de l’Odyssée. Porté par une très belle plume, le récit met en scène une galerie de personnages féminins aux profils variés et qui permettent, chacune à leur manière, d’interroger la place des femmes dans la mythologie, ce qui permet ensuite à l’autrice d’en dynamiter en partie les codes. A lire !
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La Maison des jeux, tome 3 : Le Maître

Le denier tourne... le denier tourne... et cette fois c'est la fin. Argent, le joueur chevronné rencontré dans le tome 2 a décidé de défier la Maîtresse des jeux elle-même. La Maison ferme temporairement, la partie se joue à l'échelle mondiale, chaque joueur prépare et organise ses pièces et tant pis si quelques régimes doivent chuter, quelques guerres être déclenchées et quelques crises mondiales être provoquées par les mouvements des joueurs. Mais pourquoi donc Argent est-il si déterminé à détruire cette Maison des jeux qui lui a tant donné ?



Le Maître vient brillamment conclure cette si originale trilogie de la Maison des Jeux. Je l'attendais avec impatience et étais déjà triste à l'idée d'en terminer ainsi avec cette série de romans qui m'a tant plu et il faut reconnaître que je n'ai pas été déçue ! On retrouve dans ce tome tout ce que j'avais adoré précédemment et notamment la plume si originale de Claire North qui vous happe dès les premières lignes, son talent pour décrire lieux et personnages, pour impliquer son lecteur dans l'histoire par de petits apartés et lui donner l'impression que les scènes se déroulent sous ses yeux. Et puis bien sûr la richesse et l'extrême originalité de l'intrigue, prenant comme postulat le fait que jeux et réalité se confondent, les joueurs de la Haute Loge utilisant les autres humains comme pièces et les pays et continents comme plateau de jeu. Ce troisième volet est encore plus vertigineux que les précédents car la partie se déroule cette fois à l'échelle mondiale et vu le niveau des joueurs leurs actions ne font pas dans la dentelle : services secrets britanniques ou chinois, mercenaires de tous poils, armées régulières ou non, Bourses et présidents, toute carte est bonne à jouer et les coups des deux adversaires vont façonner le destin de plusieurs pays et l'actualité mondiale le temps de la partie. Cela permet à l'auteure de mener son intrigue sur un tempo endiablé, actions et rebondissements s'enchaînant sans que jamais le rythme ne retombe.



Mais, encore mieux, derrière ce côté film d'action à grande échelle qui vous happe et ne vous lâche plus, Claire North confond une fois de plus brillamment jeu et réalité : mêlant de ci de là coups du jeu d'échec et vie réelle, elle pose en postulat l'idée d'une Maison des Jeux qui par ses actions et son influence sur les joueurs déterminerait en fait le destin des peuples du monde. Comme dans les précédents tomes jeu et réalité se confondent mais ici à une plus grande échelle rendant certains passages franchement jubilatoires quand événements improbables et coups du sort se succèdent et qu'on a l'impression de lire un mélange des unes de nos journaux revues à l'aune des actions d'Argent et de son adversaire. Sans jamais basculer dans l'explication de texte ou la morale simplificatrice, l'auteure pose en filigrane la question de ce qui gouverne les actions humaines, du rôle du destin et du hasard et de la manière dont l'humanité a évolué depuis ses débuts. La fin particulièrement réussie (dont je ne dirai rien ici !) s'insère parfaitement dans cette réflexion et donne tout son sens à la trilogie.



Chapeau bas pour cette œuvre en 3 volets à la fois différents et complémentaires, d'une originalité folle et surtout avec un immense plaisir de lecture. Quand l'écriture et l'intrigue se répondent aussi bien pour donner au lecteur un livre certes court mais impossible à lâcher avec une trilogie parfaitement construite et clôturée, moi je dis bravo. Une autrice que je garderais précieusement dans ma liste et dont j'ai très envie de découvrir les autres opus !
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La Maison des jeux, tome 1 : Le serpent

Dans une Venise du XVIIe siècle, une femme, Thene se voit proposer de jouer à un jeu à l'échelle de la ville, le jeu des Rois. Elle est opposée à d'autres joueurs, chacun d'entre eux ayant accès à des Atouts leur permettant d'avancer dans le jeu.

Cette série avait attiré mon attention par sa couverture, son résumé mais même si l'intrigue est assez prenante, l'ensemble reste froid, beaucoup de points sont sous-entendus, peu d'émotions. J'ai pourtant aimé le concept : comme une partie d'échecs, il faut prévoir ses coups d'avance à la différence qu'on ne peut que spéculer sur les coups des adversaires.

Peut-être lirai-je la suite dans quelques temps...
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Le chant des déesses, tome 1 : Pénélope, Reine ..

Quand on associe dans le même livre une écrivaine avec la réputation de Claire North et ma mythologie chérie avec le prisme féminin des femmes d'Ithaque, patrie d'Ulysse, cela ne pouvait que m'obliger à courir acheter Pénélope, reine d'Ithaque. Peut-on dire que l'expérience fut à la hauteur de mes attentes ? Non, oui, plutôt, pas vraiment... C'est compliqué et je crois qu'il en fut de même pour mes camarades de lectures qui ont eu la bonté de m'accompagner, à savoir Steven, Audrey et Océane.





Nous partions pourtant conquis, du moins par l'objet et l'intention dûment énoncée de l'autrice : redonner sa place aux femmes qui ont encore une fois été effacée de l'histoire ou bien trop réduite à leur statut d'épouse et mère. Hauteville avait en plus mis les petits plats dans les grands avec une édition reliée en sus de la brochée, donnant en plus accès à de jolis cadeaux si on l'achetait en avance et qu'on le faisait valoir à l'éditeur. Avec sa couverture rappelant les céramiques grecques, ses dorures et son jaspage, la fan de beaux objets que je suis n'a pu que craquer, même si au final je trouve le cartonnage un peu léger et le jaspage moins abouti que d'autres que j'ai pu voir.



J'aurais dû me méfier de ma première rencontre avec l'autrice : La maison des jeux, qui avait aussi été mitigé même si pas pour les mêmes raisons. Mais je pensais que ça venait de moi vu son succès auprès des autres lecteurs, d'où sa seconde chance ici... Mais ça ne l'a pas fait non plus. Pourquoi ? La première et presque unique raison tient malheureusement à la plume de l'autrice beaucoup trop froide, beaucoup trop maladroite et familière également. Elle n'a pas eu la poésie et le sens du drame que j'attends dans ce type de récit, hormis dans les ultimes chapitres et pour un premier tome de plus de 500 pages, c'est un peu tard quand même. Heureusement tout ce même que c'est un premier tome et non un volume unique sinon la déception aurait été plus rude.



J'ai pourtant aimé le choix de l'autrice dans un premier temps, et je crois avoir été l'une des seules dans notre groupe. Je trouvais original de suivre justement avec ce regard froid donné par Héra, la narratrice, qui regarde tout ça du haut de sa divinité. Cela me rappelait ces narrateurs en mode oiseau qu'on trouve parfois au début des films / séries et qui survolent l'ensemble des lieux. Malheureusement, l'autrice en est un peu restée coincée là et c'est tout le problème.



Cependant, je dois aussi reconnaître que j'ai beaucoup aimé apprendre à découvrir le quotidien des femmes d'Ithaque à travers ses yeux. Ce fut un réel plaisir de suivre tous ces portraits de femmes : reine comme déesse, servante comme esclave, épouse comme fille, libre comme pourchassée. Claire North n'oublie personne et donne corps à chacune. Elle nous les présente comme des femmes fortes, malignes, décriées et malmenées par les hommes, mais ayant de la ressource pour préparer une sorte de résistance souterraine surprenante afin qu'Ithaque reste libre en attendant le retour de son roi, libre contre les pirates qui l'attaquent, libre contre les prétendants de Pénélope, sa reine, qui l'assaillent. Et à défaut d'être passionnant, car c'est délayé dans de bien trop nombreux banquets virils avinés, ce fut très puissant avec un dénouement percutant.



J'ai trouvé une belle force dans les portraits de Pénélope, son esclave Leanira, son "amie" Clytemnestre l'épouse d'Agamemnon, et Electre la fille de celui-ci. Il leur arrive souvent ce qu'il y a de pire pour des femmes, mais elles ont un courage, une force et une intelligence qui force le respect. Le portrait de Clytemnestre est celui qui m'a frappée en premier et elle sera tel un fil rouge guidant les autres à travers ce tome. Puis on sera frappé par le destin et le réalisme d'Electre, héroïne discrète, avant de réaliser toute la ruse de Pénélope et Leanira. J'ai adoré ! En particulier dans les tout derniers chapitres.



Cependant, il faut avouer que ces belles intentions, de récits de femmes fortes qui résistent à leur façon à la domination masculine et aux exactions de leurs représentants : père, époux, fils, amis, sujets... sont noyées justement sous les trop nombreuses descriptions du quotidien de ceux-ci. Certes j'aime les récits historiques détaillées retranscrivant richement les décors mais ici, entre le ton trop familier de l'autrice qui casse l'ambiance, sa vision anachronique de l'époque qu'on sent percer un peu partout et surtout ses longueurs et répétitions, j'avais l'impression de tourner en rond et de vivre un jour sans fin... ce qui m'a un peu gâché mon plaisir, sans parler des noms et noms de personnages que je n'arrivais plus à situer parfois car ils ont 2 lignes avant de revenir 100 pages plus tard... Et sentir en plus monter ma colère contre ses hommes et voir ceci se répéter en prime, n'a pas aidé. J'aurais bien mis un bonne fessée à Télémaque par exemple et castré plus d'un mâle de l'histoire, pour ne pas dire plus... Rester à Ithaque fut donc intéressant pour découvrir progressivement, grâce à notre persévérance, la résistance intelligente, brillante même des femmes. Mais rester à Ithaque fut aussi un chemin de croix, tant la narration était molle, sans enjeu clair pendant longtemps et sans réelle tension. On m'a habitué à mieux en récits mythologiques.



Je saluerai donc l'intention de Claire North sur ce premier tome du Chant des déesses qui porte si bien son nom et nous fait entendre (un peu trop) la voix froid et lointaine de celle-ci, alors qu'on attendait tous dans notre lecture commune, celle plus chaleureuse des habitantes d'Ithaque si bien représentées, qu'elles soient anonymes ou célèbres, reines, déesses, suivantes ou esclaves. Ces femmes, filles, épouses et/ou mères m'ont séduite, fascinée, marquée dans ce monde qui ne leur est pas prédestinée. J'aurais aimé que l'écriture soit à la hauteur de leur force, de leur courage et ce ne fut le cas que dans les ultimes pages de ce tome. Alors ce n'est pas la chronique d'un coup de coeur que je vous livre, pas plus que celle d'un échec, mais celle d'une lecture qui m'a interpelée et que j'aurais aimé plus humaine.
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La Maison des jeux, tome 1 : Le serpent

C'est un micro mini phénomène d'insinifiance émue mais voilà, ce livre est ma millième critique céans. Certes 999 c'était déjà pas mal non plus, mais voilà le bouquin 1000 ème, ça en jette, et c'est quand même plus sympa pour arrondir les chiffres.



Oui donc ce petit livre est un bel objet, deuxième livre que je possède de cette collection soignée, il s'ouvre et s'effeuille avec plaisir. On y suit pas à pas les manœuvres de l'héroïne pour non pas simplement jouer mais briller, gagner dans une partie de jeu grandeur nature. On navigue en fin de lecture encore dans le brouillard sur toute cette organisation qui permet ce genre d'événements, mais comme c'est le premier livre d'une trilogie je me dis que peut être le lecteur en apprendra plus dans le futur. Et donc, on dévore ces pages avec plaisir. C'est assez plaisant d'y voir un personnage observer, apprendre et s'émanciper dans un jeu où elle n'avait pas forcément le rôle principal au départ.



Néanmoins je n'ai pas non plus kiffé mon œuf surprise à la salmonelle ni ma pizza à l'escherichia. Déjà parce que petit livre oblige, c'était ma lecture de tram, et que par courtes sessions de quarts d'heure il m'a fallu revenir souvent en arrière pour remettre une carte sur le nom des personnages-non-joueurs (un petit marque page résumé style horde du contrevent, n'aurait pas été du luxe pour ma mémoire en fuite).

Ensuite j'ai dû plusieurs fois relire des phrases car je ne comprenais tout simplement pas ce que j'avais sous les yeux (peut-être l'effet épisodique du tram me direz-vous ou juste ma blondeur intellectuelle).

Enfin j'espère que les deux livres suivront rapidement car de fait, l'histoire est succincte et sans réelle incursion dans l'univers, elle tient plus d'une introduction, d'un plateau de jeu que d'un roman, et je pense que je risque rapidement d'oublier ce que j'ai lu et entre lu au sujet de cette intrigante et inquiétante maison des jeux.



[1000 ème critique]
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Les quinze premières vies d'Harry August

Comment ne pas être intrigué par le résumé de « Les quinze premières vies d’Harry August » ? J’aime beaucoup les histoires de boucle temporelle et ce roman ne m’a pas l’air de faire beaucoup parler de lui. Voilà qui suffit largement à attirer mon attention. Alors, qu’en ai-je pensé ?



Dans ce roman, certaines personnes naissent à nouveau dans le même corps après leur mort. Ils naissent au même endroit, au même moment, et répètent la boucle. L’idée est donc que lorsqu’ils modifient quelque chose, il y a comme un reset de la réalité, ce qui pourrait impliquer une irresponsabilité de leur part et les pousser à faire tout ce qu’ils ont envie. Mais non : il existe une société secrète qui opère afin d’empêcher les ouroboriens un peu trop ambitieux de réaliser leurs fantasmes d’un monde meilleur. Car les conséquences de nos actes sont tellement complexes que ce qui peut sembler comme une bonne idée peut finalement à de menus soucis comme la fin du monde, et aboutir à la mort de nombreuses personnes dans la réalité concernée.



L’idée de vivre plusieurs vies permet également de tester plein de possibilités et d’emmagasiner un nombre incroyable d’informations. Les ouroboriens testent souvent plusieurs types d’études, apprennent de multiples langues, s’amusent à s’approcher des grands événements historiques… Ce qui nous pousse à nous demander ce que nous ferions si nous pouvions vivre plusieurs fois. Mais bien sûr, tout n’est pas rose. La folie guette souvent les jeunes ouroboriens pendant leur deuxième et leur troisième vie. Il leur est souvent impossible de se lier à des personnes normales, qu’ils appellent les linéaires. Claire North creuse donc bien son sujet et explore de multiples dimensions de ce à quoi un semblant de vie éternelle pourrait ressembler.



Nous suivons donc les multiples vies d’Harry August, anglais rouquin, quasiment orphelin, qui possède une mémoire infaillible et expérimente ses existences. J’ai trouvé le personnage plutôt attachant, même si le fait qu’il soit le narrateur a tendance à parfois créer de la distance avec son lecteur. Mais cela nous aide à comprendre son point de vue, le fait que ses multiples vies le transformaient en un observateur, un analyste des actions politiques et sociales qu’il vit à répétition. On voit par ailleurs bien son évolution de jeune homme qui découvre sa particularité vers un être à la fois prudent mais aussi qui n’hésite pas à agir pour sauver ce qui peut l’être.



Harry finit en effet par se lier d’amitié avec un homme brillant mais qui cherche à modifier le monde. A l’améliorer, comme on l’a vu dans la précédente partie. On suit donc avec intérêt cette relation évoluer au fil des vies. Mais aussi les évolutions du plan d’Harry au fil de ses vies. Car c’est pour lui l’occasion de construire un plan sur quasiment dix vies afin de trouver comment arrêté la fin du monde prophétisé sur son lit de mort par une enfants des vies précédentes. On voit aussi ses regrets, la difficulté de créer du lien.



Les chapitres de Claire North sont courts, ce qui permet de garder un bon rythme la plupart de la durée du roman. La narration saute souvent d'un sujet à un autre au fil des chapitres. Harry August alterne entre des moments de réminiscence, des souvenirs marquants, et des passages plus rythmés liés à la trame générale du livre. L'écriture est agréable et souvent ironique, notamment grâce au détachement du personnage principal. Voilà qui permet d'échapper au total désespoir pessimiste qu'on aurait pu attendre de sa part.



Cependant, la volonté d'écrire des chapitres rapides n'est pas toujours suffisante. En effet, j'ai trouvé certains éléments un peu longuets à la lecture. C'est notamment le cas dans le deuxième quart du roman, où Harry nous raconte ses deuxièmes et troisièmes vies. Mais cela arrive aussi avec certaines anecdotes qui ralentissent l'intrigue à des moments où l'on a vraiment envie de savoir la suite. Je pense que ce choix est là pour nous expliciter la manière de pensée du personnage, qui se rappelle des événements au gré du temps sans que le rapport soit évident, par association d'idées.



Les quinze premières vies d'Harry August est un roman prenant qui ne manque pas d'accrocher son lecteur. Le concept est très intéressant, notamment l'idée que certains humains revivent leur vie à l'infini. Claire North en profite pour développer un univers riche et cohérent, entre sociétés secrètes, modifications du temps et multiples expériences. Le narrateur est attachant, bien qu'un peu détaché, mais on apprécie son ironie par rapport à sa situation. Dommage cependant que le rythme pâtisse d'un choix narratif qui opte pour des digressions qui coupent l'action. Mais globalement, c'est un roman de SF parfait si vous aimez les intrications temporelles, l'histoire et les ambiances british.
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Du bout des doigts

Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions DELPIERRE pour cette découverte. En lisant le résumé , je ne savais pas du tout à quoi m'attendre , mais pourquoi pas!



Dans "Du bout des doigts " (également connu sous le titre de "Touch") , Claire North (alias Catherine Webb ) , nous entraîne à le rencontre de Kepler. Et dès la scène de départ pour le moins rapide et rythmée , le lecteur prend conscience que le héros n'est pas tout à fait ordinaire.



Kepler est un fantôme qui se déplace de corps en corps au gré de ses envies , traversant l'histoire et par la même nous la racontant . Mais traqué par des tueurs bien décidés à l'éliminer, il doit fuir et tenter de découvrir qui souhaite sa disparition avec un tel acharnement. Il se lance alors dans un voyage, visant à remonter les étages d'une conspiration internationale.



Je n'en dévoilerais pas plus de l'histoire, pour ne pas vous gâcher la découverte , mais ne vous y trompez pas, si vous commencez ce livre , vous aurez du mal à le lâcher. L'auteure a construit une histoire effrénée , sans temps mort, qui laisse peu de temps à la respiration. Même si par moment , lorsque Kepler nous raconte une de ces vies passées , on a l'impression que l'histoire va s’essouffler , il n'en est rien . Dès le chapitre suivant, la cavalcade reprend!



Et c'est toute la force de ce roman , car même si l'histoire n'a rien d'ultra-révolutionnaire, j'ai été happée par cette plume fluide et diablement efficace .



L'histoire racontée à la première personne, est découpé en petits chapitres nerveux, qui vous donnent l'impression de regarder un épisode de série télé.



Alors si vous n'avez rien contre les histoires de fantômes, l'action et l'aventure, foncez, ce livre est fait pour vous . En tout cas , il m'a fait passer une excellent moment
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Les quinze premières vies d'Harry August

Découverte intéressante, le Pavé Les quinze premières vies d’Harry August mérite notre entière attention. Il s’agit là d’un ouvrage à la croisée des chemins entre science fiction contemporaine (peut-on même dire passée, vu que l’intrigue se déroule majoritairement au cours du XXème siècle ?) et fantasy.



Vous l’avez déjà compris : il ne s’agit pas vraiment de science-fiction, sinon dans le dernier tiers du roman et encore il s’agit-là d’une présentation bien spécifique qui devrait plaire aux rétifs du genre. Si l’orientation fantasy prédomine (le personnage revit toujours sa vie de manière différente) elle ne devient jamais trop envahissante (pas de créatures, de magie ou de procédés tirés du chapeau de manière à infléchir l’intrigue dans le sens voulu par l’auteure). Il est toutefois question de kalchacras ou ouroboriens, ce qui devrait parler aux adeptes de mysticisme.



L’ouvrage ratisse donc un public très large et apporte beaucoup de nouveauté aux voyages temporels. Mais étrangement il manque un petit quelque chose : cette petite étincelle qui rendra le roman épique. Le scénario, bien qu’assez complexe ne délivre pas vraiment de surprise dans sa finalité. Le plus souvent, de nombreuses révélations sont trop prévisibles et mettent trop de temps à aboutir. La manière de le conclure apporte des pistes intéressantes mais placées à l’extrême fin de l’ouvrage. Si le récit se termine, une suite n’est pas inenvisageable…



Claire North parvient toutefois à susciter notre attention d’un bout à l’autre du récit de part son style : misant sur l’humour (sans en faire trop), le discours indirect, des chapitres courts dans l’ensemble mais coupés par d’autres plus longs. Sa plume demeure agréable, facile d’accès, agréable, idéale pour se remplir (ou se vider) l’esprit. Pour éviter un côté redondant l’auteur ne détaille pas toutes les vies du protagoniste mais les présente sous la forme de souvenirs. Elle ne perd jamais son fil, compose une trame qui se suit avec plaisir même si elle exige un peu d’attention. Manier un récit de cette manière là est rare : ne voir aucune répétition, ni incohérence aussi. Bravo !



En définitive, si ce livre ne changera pas vraiment votre vie, contrairement à ce que la quatrième de couverture annonce, vous trouverez ici une lecture récréative, mais complexe, agréable et non ennuyeuse. Il est très difficile de s’arrêter en cours de lecture : le style de l’auteure ainsi que son approche compensent une intrigue qui peut parfois apparaître prévisible.
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La Maison des jeux, tome 1 : Le serpent

J’aime beaucoup les concepts de Claire North. C’est avec Les quinze premières vies d’Harry August que je l’ai découverte. Devant le succès de la maison des jeux, je n’avais que d’autre choix que de me plonger dans Le serpent, le premier tome. Qu’ai-je pensé de cette plongée dans la Venise des jeux ?

Dans la Venise du XVIIe siècle, les guerres de pouvoir font rage. Alors quelle meilleur endroit pour les paris les plus fous ? Thene, jeune femme brillante promise à un avenir sombre au bras d’un ivrogne joueur, découvre la Maison des Jeux, un lieu qui peut lui offrir la liberté dont elle rêve. A condition de faire un pari grandeur nature qui influera fortement sur la politique de la ville. Concept très original et ludique dans tous les sens du terme, ce premier tome de La maison des jeux nous entraîne dans une histoire de manipulation, de stratégie et de quête de pouvoir.



Thene possède un certain nombre de cartes en mains, qui sont littéralement des personnes qui doivent lui obéir. Fille d’une juive, jeune femme à la merci d’un homme plus âgé, c’est son talent au jeu qui lui permet de s’élever. Grâce à sa connaissance fine de la psychologie humaine, elle se tire de situations impossibles face à des adversaires qui semblent à première vue avoir plus d’atouts. Thene est un personnage comme je les aime : une femme débrouillarde capable de tirer le meilleur de ce que le sort lui glisse entre les mains.



Bien que court, le récit permet aussi bien de mener l’intrigue principale que de disposer les premières pièces de la suite. En effet, on sent que ce court livre reste une introduction à un univers que l’on sent plus vaste. L’aspect fantastique est bien dosé, à travers quelques conversations entre Thene et d’autres membres de la maison des jeux. Le serpent permet de bien comprendre le fonctionnement de ce lieu, mais sans pour autant aborder le pourquoi, hormis la passion, la fièvre du pari et du jeu. Une affliction très bien décrite, tant tous les sacrifices sont admis.



Le mystère reste d’autant plus entier qu’il est sous-entendu qu’un plus important se joue à une échelle bien supérieure. L’écriture subtile et bien rythmée de Claire North, malgré la narration déstabilisante par le « vous », permet de bien nous immerger dans cet univers empli de duplicité. Même le narrateur, qui nous invite dans ce monde opaque de gens qui ne cessent de parier plus, jusqu’à leur perdre leur propre existence, ne révélera pas son identité. Il n’y a que les joueurs et le jeu, ce qui donne encore plus envie de lire la suite.



Une fois de plus, Claire North propose un concept intrigant bien mené. Avec une écriture précise à la narration surprenante, elle nous plonge dans une guerre de pouvoir dans la Venise du XVIIe siècle. Thene recherche la liberté, et le parcours de cette joueuse habile qui sait tirer tout le potentiel des cartes qu’elle a en main est proprement fascinant. Il reste beaucoup de mystères à explorer à la fin de cette novella. Car les enjeux des paris semblent illimités, et d’autres parties se jouent en coulisse.


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Sweet Harmony

Voici Sweet Harmony de Claire North, première parution de 2024 dans la célèbre collection Une Heure Lumière des éditions Le Bélial’. Si vous suivez un peu les parutions de cette collection, Claire North n’est pas un nom inconnu pour vous puisqu’elle est l’autrice de la trilogie de La Maison des Jeux publiée entre 2022 et 2023. Elle change complétement de registre avec ce roman de science-fiction dystopique proche d’un épisode de la série Black Mirror.



Voici Harmony Meads, une jeune femme d’une vingtaine d’années, à l’avenir radieux habitant en Angleterre. Le monde dans lequel elle vit est un peu différent du notre. Il s’agit de l’Angleterre dans un avenir proche, dans lequel les progrès de la médecine ont créé des soins à base de nanotechnologies. Des nanomachines programmables sont injectées dans les organismes humains, rendant les maladies obsolètes. En effet, on peut à la fois les soigner et les prévenir. Adieu rhumes, grippes et autres maladies courantes. Pour les autres désirs moins essentiels, il existe toute une gamme de possibilités permettant tout ce que l’on désire améliorer allant de son sourire à son poids, ses poils, sa peau… Ces possibilités sont optionnelles mais très coûteuses, un abonnement mensuel permet d’y souscrire grâce à son téléphone portable.



Voici Harmony Meads, promise à un avenir radieux grâce aux diverses nanos qui parsèment son corps, lui fournissant une apparence parfaite, une santé de fer et de quoi faire face à toute situation. Mais un beau jour, un bouton apparaît sur son menton. Fait anodin pour la plupart des gens actuellement, mais pas pour Harmony : c’est normalement impossible pour elle, les nanos lui garantissant une peau sans imperfection. Ce bouton est le début de la descente aux enfers pour la jeune femme.



Voici un roman court admirablement construit par Claire North. L’autrice utilise une narration non linéaire et des aller-retours chronologiques pour raconter l’histoire d’Harmony et sa manie de consommer à l’extrême. Le roman est une critique acerbe de la tyrannie de l’apparence, conduisant à un monde où tout le monde se ressemble, où tout le monde est parfait. Pour obtenir cette perfection, Harmony est prête à tout, mais ce n’est pas la seule, tous les gens qu’elle fréquente sont dans le même cas. Cette recherche de la perfection fait qu’on a un peu de mal à ressentir de l’empathie pour elle. Mais elle permet à Claire North de dénoncer de nombreuses dérives de la société contemporaine.



Voici Sweet Harmony de Claire North, un roman brillant et très bien écrit, sous forme de critique acerbe de notre société contemporaine, des services de santé et du culte de l’apparence. Claire North est vraiment une autrice à lire, alors autant commencer avec cette novella coup de poing.
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