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Critiques de Claire North (513)
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La Maison des Jeux, tome 2 : Le voleur

La maison des jeux, une institution ésotérique, secrète qui lie à jamais à elle ses joueurs.

Elle assouvit les ambitions, participe à créer des empires et à façonner L Histoire.

Elle élève les plus forts, construisant leur fortune.

Elle fait chuter les plus faibles, décidant de leur destin, brisant leurs rêves, ruinant leur vie.

Les enjeux sont immenses. Les gains sont aussi impressionnants que les pertes sont abyssales.



« Tous les jeux ont un sens. Tous jusqu'au dernier. »



Après un premier tome qui m'avait plu par son originalité et son écriture, je n'ai pas tardé à lire ce deuxième tome : une nouvelle partie débute avec de nouveaux joueurs expérimentés appartenant à la Haute Loge, une nouvelle plateforme, une époque différente et des enjeux très élevés.



*

L'histoire se déroule à Bangkok dans les années 1930. Un joueur de ligue supérieure, Rémy Burke, après avoir été enivré, est défié à une partie de cache-cache.



« Tu ne devrais pas miser ce qui ne t'appartient pas, Remy.

Tu ne devrais pas miser ce que tu ne peux pas te permettre de perdre. »



Les frontières du plateau de jeu sont immenses, puisqu'il s'agit de la Thaïlande. Chaque joueur, à tour de rôle, doit se cacher pendant que l'autre joueur le cherche. Après quoi, les rôles sont inversés, le vainqueur étant celui qui reste caché le plus longtemps possible.

Comme pour le jeu des Rois du premier tome, le chercheur a à sa disposition des cartes humaines, qui ont été préalablement distribuées entre les deux joueurs, pour les aider à traquer leur proie.



Avec peu de ressources à sa disposition, Rémy Burke devra vite dessouler et rester à distance de son adversaire autant que possible.



Mais quelles options se présentent à lui ? Se cacher dans Bangkok ne risque-t-il pas de se transformer en piège ?



« J'ai fait un pari que je n'aurais pas dû faire. Il est possible que cela me coûte cher. Je crois qu'on m'y a poussé déloyalement, que l'alcool n'est pas seul responsable de mon erreur — c'est du moins ce que disent mes amis. Mais c'était tout de même moi, c'est ma bouche qui a accepté, et il m'appartient donc de jouer la partie. »



*

Contrairement au premier tome, l'histoire est plus centrée sur le personnage principal que sur la stratégie de jeu. Lorsque le lecteur fait sa connaissance, il n'est pas au meilleur de sa forme, mais petit à petit, on découvre un joueur né. Normal me direz-vous, puisqu'il a été invité à jouer dans la Haute Loge.



« J'aime la victoire. Le… défi. Mes journées ne sont pas banales. »



Tout au long de cette partie, le lecteur ne détient pas toutes les clés pour comprendre les enjeux de cette partie, ni les intérêts à voir Rémy perdre. Alors qu'il est accablé par la fatigue, la chaleur, la soif et la faim, son adversaire déplace tranquillement ses pièces, sûr de sa victoire. Alors forcément, on s'attache à ce personnage dérouté plutôt sympathique qui n'a pas les cartes en main.



Mais à ce propos, pourquoi le jeu semble-t-il défavorisé Rémy Burke ? Que cherche la Maison des Jeux en n'intervenant pas pour rétablir l'équilibre entre les deux joueurs ?



« Dans la maison des Jeux, rien n'est laissé au hasard. »



*

Dans sa fuite éperdue, le lecteur est emporté dans Thaïlande des années d'avant-guerre. Les descriptions des paysages thaïlandais sont magnifiques. On a la sensation de courir avec lui au milieu des rizières du Siam, de patauger dans la boue, de s'épuiser dans les forêts montagneuses, de découvrir les multiples visages de Bangkok.



« À l'aube, les nuages bas caressent les montagnes puis s'évaporent à mesure que le soleil se lève. Au crépuscule, les ombres ont tourné, un grand entrelacs gris balaie la terre, et le vent chuchote à travers les forêts, au-dessus des rivières, apportant l'odeur des feuilles pourries et la fragrance des fleurs qui s'ouvrent quand les pluies cessent. »



*

Catherine Webb a une imagination débordante et surtout elle a su se renouveler pour ne pas proposer une deuxième novella identique à la première, tant au niveau du scénario que de l'écriture, moins distante dans ce tome-ci.



Si ce second tome est indépendant du premier, il s'inscrit tout de même dans une suite qui se révèle au cours de la lecture. Sans en dire davantage, les deux récits sont imbriqués et se rattachent à un troisième tome dont les enjeux se devinent insensiblement.

L'autrice semble jouer un double jeu, déplaçant des pièces à notre insu, de sorte que se devine un jeu dans le jeu. C'est comme si le lecteur était lui aussi une pièce de cette trilogie et jouait alors qu'il ne connaît pas encore tous les enjeux.



« Jouer des gens est un talent bien plus élégant qu'un simple calcul. »



Du coup, il me tarde de débuter le troisième tome pour comprendre comment toutes les pièces vont se déplacer, s'agencer jusqu'au moment où un des joueurs mettra les autres rois adverses échec et mat.



« Une grande partie va s'entamer, Remy. Voilà des siècles qu'elle se prépare, mais l'heure est presque venue. Quand elle commencera, regardez bien où tomberont les pièces. »
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La Maison des jeux, tome 1 : Le serpent

« le monde entier est une scène, hommes et femmes, tous, n'y sont que des acteurs, chacun fait ses entrées, chacun fait ses sorties, et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles. »

William Shakespeare



*

Avez-vous l'esprit joueur ? Que seriez-vous prêt à miser pour pimenter votre vie, vous divertir, obtenir une récompense ou bien rembourser une dette ? Mettriez-vous en jeu des années de votre vie, vos souvenirs, votre santé, la vie d'un de vos proches, … ?



« Miseriez-vous votre bonheur ? Joueriez-vous votre amour-propre ? Au nom du ciel, ne jouez pas pour le plaisir, pas encore ; pas alors qu'il existe tant d'enjeux moins importants en lesquels investir ! »



*

Après « 24 vues de Mont Fuji, par Hokusai » de Roger Zelazny, j'ai eu envie de piocher à nouveau dans la très jolie collection de novellas, « Une heure-lumière », aux éditions le Belial.

Mon choix s'est fixé sur le premier volume d'une trilogie intitulée « La maison des jeux » de l'autrice Catherine Webb, plus connue sous le nom de Claire North.

Cette jeune autrice amène beaucoup de fraîcheur à la littérature de l'imaginaire. Elle a un talent certain pour nous entraîner dans des histoires aussi inattendues que fascinantes.



Ce premier court récit, « le Serpent », nous convie à entrer à l'intérieur la Maison des Jeux, un endroit mystérieux, réservé aux seuls initiés. Au cours des siècles, cette organisation secrète a joué sur de nombreux territoires, manipulant les hommes comme s'ils étaient de vulgaires pièces d'un jeu, favorisant leur ascension, ou au contraire, les renversant sans aucune pitié.



« La Maison des Jeux est… ancienne. Elle n'est pas limitée à un seul lieu mais possède des portes dans le monde entier. Cette partie livrée à Venise est l'une des centaines, peut-être des milliers, qui se jouent en des lieux dont vous ne rêvez même pas… »



En ouvrant ce roman, le lecteur réalise qu'il fait partie intégrante de l'intrigue en tant qu'observateur. Cela lui donne l'impression d'être témoin, figurant, arbitre ou même parfois conspirateur.



« Venez.

Observons ensemble, vous et moi.

Nous écartons les brumes.

Nous prenons pied sur le plateau et effectuons une entrée théâtrale : nous voici ; nous sommes arrivés ; que fassent silence les musiciens, que se détournent à notre approche les yeux de ceux qui savent. Nous sommes les arbitres de ce petit tournoi, notre tâche est de juger, restant en dehors d'un jeu dont nous faisons pourtant partie, pris au piège par le flux du plateau, le bruit sec de la carte qu'on abat, la chute des pions. »



Cette histoire nous emmène au XVIIème siècle dans la très romantique ville de Venise. Elle va devenir le plateau d'une immense partie de jeu à ciel ouvert, dont l'enjeu est la place d'inquisiteur au Tribunal Suprême, suite au décès d'un de ses membres.



*

Thene est une jeune femme intelligente, récemment marié sans amour à un homme de plusieurs années son aîné, joueur compulsif qui dépense sa dote en ivrognerie et en dettes de jeu.



« Pardonnez-moi, dit-il, je m'exprime mal. Voulez-vous jouer ? »

Thene considère le dos de son mari, les verres vides à son côté, les pièces de monnaie sur la table ; elle se rend compte qu'elle a de la colère sur les lèvres, une tempête au creux du ventre, et les mains douloureuses — se retenir de les crisper les rend brûlantes. Aussi, avec dans la voix la douceur d'une brume hivernale, elle répond simplement : « Oui. »



Tous les joueurs ne se montrent pas dignes de concourir dans la ligue supérieure.

Remarquée alors qu'elle accompagne son mari dans la partie basse de la Maison du Jeu, Thene est invitée à accéder à la Haute Loge pour des enjeux beaucoup plus importants. La Maîtresse des Jeux lui propose de participer au jeu de rois avec trois autres candidats.

Si elle gagne, elle obtiendra ce qu'elle désire le plus au monde. On peut aisément comprendre ce qui va pousser la jeune vénitienne à accepter. Bien sûr, la récompense est proportionnelle à la mise en jeu.

La vie semble être un divertissement !

Le jeu semble être une métaphore de la vie !



Chacun des quatre compétiteurs reçoit une boîte en argent contenant les règles du jeu, des informations concernant le roi qu'on leur a attribué et des cartes de tarot qui ont été préalablement distribuées entre les joueurs de manière aléatoire.

Pour gagner, le candidat au poste d'inquisiteur doit remporter le vote du Sénat.



Les cartes partagées sont comme les pièces des échecs : au joueur de les utiliser avec discernement et de les placer au bon endroit au bon moment pour protéger son Roi ou placer le Roi adverse en situation d'échec et mat. Mais à la différence d'un jeu traditionnel, ces cartes sont de véritables personnes.



« … les pièces de ce jeu ne sont pas aussi simples que des pions sur un plateau : elles ont des secrets, des fiertés, et, quoique les règles du jeu stipulent qu'elles lui appartiennent, elles aussi doivent être façonnées pour devenir quelque chose de plus. »



Les leviers sont nombreux pour jouer et accroître l'influence de son Roi : l'argent, l'amour, la honte, l'amour, la menace, la jalousie, la vanité, la manipulation, le meurtre, …



« … ce qui compte, c'est la victoire — gagner. le reste n'est qu'une cage. »



*

Ce qui est particulièrement prenant, c'est le fait que la stratégie de ses adversaires nous soit totalement dissimulée, le lecteur étudiant uniquement le jeu de Thene.

De cette manière, en tant qu'observateur, on la voit évoluer, mûrir et prendre de l'assurance à travers son habileté à choisir et déplacer ses pièces.

Cependant, comme nous restons à distance, nous ne pénétrons que superficiellement ses pensées. Cachée derrière son masque, la jeune femme garde ainsi une part de mystère, entretenant notre envie de suivre l'évolution du jeu, nous s'attachant à elle.



« L'assassinat est un coup grossier. Tuez une pièce trop tôt et les autres joueurs se voient renforcés par son absence. Avec quatre joueurs, il y a un équilibre, des forces qui s'exercent dans toutes les directions, des ressources qui s'épuisent. Ma pièce paraît… plus faible que je ne l'aimerais, mais il peut s'agir d'un avantage. Que les autres joueurs dépensent des cartes à se combattre, les forts se déchirant les uns les autres jusqu'à devenir assez faibles pour que je puisse m'en prendre à eux. Un assassinat immédiat détruirait cet équilibre — qui devra bien s'effondrer un jour, mais il est encore trop tôt. »



J'aime lorsque la psychologie des personnages est bien développée. Ici, elle n'est pas fouillée, sans que cela m'ait gênée.

Au contraire, j'ai trouvé que cela renforçait le mystère autour de la maison des Jeux, du jeu des rois et de ses participants. L'autrice s'est en effet surtout concentrée sur un scénario que j'ai trouvé de qualité, sans pour autant négliger des réflexions philosophiques ou politiques.



*

Chaque avancée dans le jeu, chaque utilisation d'une pièce du tarot par la jeune femme donne lieu à un chapitre. Il en résulte que le lecteur n'est jamais perdu dans les nombreux personnages qui ont chacun leur personnalité et un rôle bien défini à jouer en fonction de leur attribut. En outre, le choix de chapitres courts donne un rythme très plaisant à la lecture, les rebondissements s'enchaînant sans aucun temps mort.



Si Catherine Webb mène de main de maître la mise en scène, les interdépendances entre les personnages et la construction du récit, elle a une corde de plus à son arc, celle de l'écriture, irréprochable.

Je l'ai trouvé très visuelle, fluide, simple tout en étant très agréable à lire. A cela, j'ajouterais une petite pointe d'originalité supplémentaire par la narration à la première personne du pluriel, comme si l'histoire était racontée par des observateurs invisibles dont nous ferions partis.



*

Il faut d'autre part souligner l'esthétique du livre, comme celui du plateau de jeu sur lequel les candidats évoluent.

L'autrice donne un design actuel et immersif à son récit en mélangeant astucieusement l'atmosphère romantique et surannée de Venise et l'univers très actuel du jeu de rôle, comme si nous étions conviés à une sorte d'Escape Game grandeur nature.



J'ai adoré me balader dans cette ville pleine d'un charme baroque, désuet et pittoresque à la fois. Je me suis laissée emportée par la magie et le mystère de la lagune vénitienne, la magnificence des palais bâtis à fleur d'eau, malgré la crainte des ruelles sordides et sombres des quartiers mal famés.



« Elle court, elle court, elle court ! Il est heureux qu'elle connaisse bien cette cité car, à Venise, il est parfois difficile de trouver le soleil, les rues se tordent et s'enchevêtrent, les canaux sinuent de-ci de-là et leurs lents méandres trompent le voyageur innocent. »



*

Pour conclure, ce premier tome est une belle entrée dans la trilogie de la « Maison des Jeux ». Il s'achève en ouvrant une porte sur le second volume. Il ne m'en faut pas plus pour vouloir m'engager sur un nouveau plateau de jeu encore plus vaste, avec de nouveaux compétiteurs.



Si vous aimez les thrillers fantastiques originaux, les beaux décors, les intrigues complexes et prenantes, ne passez pas à côté de cette petite novella.



« Tout est hasard. La nature est hasard. La vie est hasard. La folie des hommes est de chercher des règles là où il n'y en a pas, d'inventer des contraintes là où aucune n'existe. Tout ce qui compte, c'est le choix. Alors choisis. Choisis. »



***

Merci à mes deux compagnons de route, NicolaK et Patlancien, observateurs à mes côtés.
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La Maison des jeux, tome 3 : Le Maître

Ce dernier tome de la trilogie souffre d'être terriblement prévisible.



Le premier tome est une chasse dans une ville (Venise), le second une chasse dans un pays (la Thaïlande), le troisième une chasse sur la Terre entière.



Dans le premier tome, l'enjeu est le statut social. Dans le second, la vie du personnage. Dans le troisième... Hm, de détruire la maison des jeux.



Le fait de répéter les deux premiers livres à plus grande échelle ne change pas grand-chose à l'histoire. Chaque fois que le joueur est près de mourir, une bonne personne ou un de ses pions le sauve in extremis. Comme dans les deux autres livres, l'adversaire a un jeu infiniment meilleur que notre joueur, sans que l'on ne soit jamais inquiété pour lui.



On termine sur un retournement qui ne surprendra que les gens qui n'auraient pas lu le deuxième livre. Et la toute toute fin...





J'ai terminé avec l'impression que l'autrice avait eu une bonne idée pour écrire une trilogie, sans prendre la peine de trouver une bonne idée pour chaque livre la composant.
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La Maison des jeux, tome 1 : Le serpent

La collection Une Heure-Lumière n'en finit pas de nous surprendre.

Après un Lucius Shepard halluciné (Le Livre écorné de ma vie) et un Adrian Tchaikovsky labyrinthique (Sur la route d'Aldébaran), voici que débarque Catherine Webb (alias Claire North) avec une trilogie de novella intitulée La Maison des Jeux. le premier volume, le Serpent, nous transporte à Venise en 1610 alors qu'une impitoyable succession se prépare après la mort de Stephano Barbaro, inquisiteur au Tribunal Suprême…



Le Jeu des Rois

Mais revenons d'abord au tout début.

Le Serpent, c'est avant tout l'histoire de Thene, une jeune fille juive mariée par convenance à Jacamo de Orcelo, un Vénitien endetté et médiocre qui transforme sa vie en un calvaire silencieux et brutal.

Un jour, le mari et l'épouse franchissent le seuil de la mystérieuse Maison des Jeux, un établissement réputé de la Sérénissime où tout se joue.

Tandis que Jacamo se ridiculise une fois de plus et dilapide la fortune qu'il lui reste, Thene se découvre un don pour le jeu. Rapidement, elle comprend qu'on l'obverse et que les arbitres de l'établissement trient le bon grain de l'ivraie sans mot dire.

Elle parvient ainsi de l'autre côté de la Porte d'Argent qui mène à la Haute Loge, là où le jeu prend une autre ampleur et où les joueurs parient bien davantage que des pièces ou des titres. Thene et trois autres talents se voient proposer de rejoindre la Haute Loge par la mystérieuse Maîtresse des Jeux.

Pour se faire, il leur faudra jouer, bien sûr, mais avec des pièces différentes et pour un but bien plus grand. le jeu des Rois peut commencer.

Le lecteur pénètre ainsi dans la Venise du XVIIème siècle en compagnie d'un narrateur mystérieux qui semble observer notre héroïne. Une narration atypique, en « nous », qui offre immédiatement un cachet unique à l'entreprise de Claire North. Un premier pari osé mais gagnant qui entretient le mystère et ajoute une certaine élégance délicieusement désuète à l'écriture déjà magnifique de l'autrice (et impeccablement rendue par la traduction de Michel Pagel).

De ce « nous », le lecteur s'imprègne petit à petit jusqu'à ce confondre avec ce narrateur-voyeur qui semble tout connaître et tout (re)découvrir avec un plaisir non dissimulé, décortiquant les peines et les ambitions avec un bonheur égal.

Le Serpent prend alors l'allure d'une version fantasy de The Game de David Fincher, troquant l'environnement réaliste pour un terrain de jeu historique mais conservant jusqu'au bout l'aura paranoïaque du jeu en lui-même.



Du tarot dans mes échecs !

Ce jeu proposé n'a pourtant rien d'aussi simple qu'une partie de poker ou de dés. Thene se voit proposer de « jouer » avec des vies humaines pour pousser son avantage et permettre à son concurrent, sa « pièce », d'accéder au poste si convoité de Tribun. Claire North imagine que le jeu des puissants, celui de l'Église, des riches marchands et des nobles fourbes, n'est pas qu'une métaphore, il est réel, tangible et de machiavéliques individus masqués s'affrontent en coulisses pour le privilège d'intégrer la Haute Loge.

Le Serpent devient alors un jeu politique impitoyable au coeur d'une Venise où les coups bas et les trahisons se succèdent. Non seulement la novella utilise son contexte historique et sa ville emblématique pour sublimer son récit mais elle prend le parti d'aller au bout des choses en transformant le lecteur lui-même en un simili-arbitre qui s'amuse à prévoir les coups des uns et des autres tout en suivant la stratégie de l'héroïne, la formidable Thene.

C'est elle qui constitue le point d'ancrage du lecteur dans ce double jeu, celui des Rois et celui des puissances derrière La Maison des Jeux. C'est elle qui donne son humanité et sa puissance au texte pour nous permettre de ne pas rester en dehors du récit comme on suit une retransmission ou un match aux contours flous. Avec Thene, le lecteur comprend l'envie de gagner à tout prix, les enjeux derrière la valse politique, la sensibilité derrière le masque figé, le féminisme avant l'heure.

Le jeu devient un moyen de sortir de sa condition de femme-objet, une façon de tout risquer pour trouver une place qui lui revient de droit mais comme tout a un prix, le jeu inventé par Claire North est aussi celui de l'existence elle-même, un jeu qui coûte des vies humaines et cause des drames.

Car, comme on l'a dit, Thene joue une « pièce humaine », déshumanisant par la-même les autres atouts dans sa manche, les cartes qui sont autant de personnages redevables à la Maison des Jeux. Thene a l'occasion de se servir d'autres personnes, ce qui pourrait l'amener à les considérer comme des ressources sacrifiables sur l'autel d'un but qui les dépasse. Mais ce n'est pas le cas. Claire North refuse et montre les histoires cachées derrière ces « esclaves » qui s'ignorent. L'intensité dramatique vient non seulement de Thene et de son acharnement pour réussir à se libérer du joug de son existence, mais également des sacrifices qui seront fait, des sentiments qui seront trompés ou manipulés. Des vies qui seront perdues à jamais.



Même les Dieux saignent

Et puis au-delà de cette course truculente au poste de Tribun où le suspense reste à son comble jusqu'à la dernière page, il y a l'envie de Claire North d'ébaucher un monde plus vaste où deux puissances s'affrontent en silence : la stratégie et les plans machiavéliques de la Maison des Jeux et le chaos du hasard d'un mystérieux individu surnommé l'Oiseau. En imaginant que le monde est régit par des puissances qui nous dépassent (et en remaniant en un sens le principe même de Dieux), Claire North s'interroge sur la balance de l'univers et oppose deux visions de l'existence, deux façons de concevoir la course du temps : le hasard et le destin.

Les mystères qui entourent La Maison des Jeux et sa mythologie renforce encore le monde imaginé par l'anglaise et laisse largement de quoi faire pour les prochains volumes. Si pour l'instant le lecteur ne dispose que de bribes d'informations à propos de la Maitresse des Jeux et de ses objectifs, si l'on ne fait qu'entrevoir des joueurs de la Haute Loge vieux de plusieurs centaine d'années et que l'on devine des enjeux d'une importance invraisemblable, on est surtout captivé par l'utilisation impeccable de la théorie du complot par l'autrice, cette façon de fondre en un seul moule captivant un jeu des trônes, une manipulation dans l'ombre et une histoire à hauteur d'hommes. Une histoire capable de toucher et d'affirmer que même ceux qui jouent éprouvent haine, amour ou déception, que même les puissants ont des failles et des fêlures, que derrière l'Histoire se cachent aussi des êtres de chair capables de pleurer et d'aimer.



Ce premier tome de la Maison des Jeux vous promet la quintessence de l'imaginaire, cette capacité à tordre les contours du réel pour mieux se jouer de son lecteur et l'entraîner dans une réflexion si vaste qu'il lui faut un récit à la mesure de l'humanité profonde de ses personnages et des enjeux qui les dévorent.

Claire North mise gros, Claire North ose, Claire North triomphe et impressionne.
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Du bout des doigts

Glisser dangereusement dans la peau d'un autre

*

Une bonne amie (ma chère Céline) qui a toujours bon goût littéraire m'a conseillé cet OVNI de la famille des thrillers. Le pitch est assez original et troublant, non?

Un fantôme qui passe d'un corps à l'autre depuis des siècles va devoir se venger de la mort d'une de ses Peaux (qu'elle avait endossé) et enquêter sur les personnes qui s'acharnent à le tuer lui, coûte que coûte.

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Un brin fantastique, ce livre ne m'a pas lâché jusqu'à la fin. On rentre directement dans le vif du sujet avec le meurtre de Kepler (le narrateur qui est ce fameux fantôme). La traque est lancée à travers toute l'Europe et même jusqu'aux Etats-Unis. Ce Kepler, c'est un pro de l'adaptation. Forcément, il (ou elle) a eu des années pour se former. J'ai trouvé ce personnage parfaitement réussi. Et sympathique.

*

Le récit est à la 1ère personne.Mais laquelle? Oui, tout l'art de la narration est de comprendre (à tout moment) qui vous parle. Cela est déconcertant au début mais on s'y fait. Et c'est délicieusement subtil et addictif !

C'est peut-être un sujet de "déjà vu" (notamment dans les séries TV) mais la psychologie de ce héros est si bien travaillée que la lecture est devenue très plaisante et surtout mystérieuse et angoissante (dans le bon sens hein!).

*

En conclusion, un roman avec un vrai souffle et un univers riche et captivant.

N'hésitez pas, amateurs de thriller psychologique un poil original !

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La soudaine apparition de Hope Arden

Cela fait longtemps que j’ai envie de découvrir Claire North, aussi n’ai-je pas hésité à emprunter ce livre audio lorsque l’occasion s’est présentée – à ce qu’il semblerait, ce n’est pas son meilleur, mais ça ne m’a pas empêchée d’apprécier ma lecture.



À seize ans, Hope Arden développe une curieuse caractéristique : les gens oublient l’avoir rencontrée dès qu’ils n’ont plus les yeux posés sur elle (un peu comme les Silence de Doctor Who, à ceci près que la mémoire des gens ne se rafraîchit pas à la deuxième rencontre ici). Fâcheux pour trouver un travail, un logement ou des ami·es… mais avantageux pour mener une carrière de voleuse internationale. Quand une femme qu’elle considérait comme une amie meurt à cause d’une étrange application mobile, Hope trouve un nouveau but à sa vie en partant affronter l’entreprise qui a lancé l'appli en question.



Passées les premières pages un peu déroutantes, j’ai beaucoup aimé la narration très éclatée où passé et présent s’entremêlent sans cesse et où Hope se laisse aller à de fréquentes digressions. On comprend qu’elle comble sa solitude par une masse de connaissances et que ses mécanismes de défense passent par le fait de compter, à rebours ou non, de se réciter des mantras ou des définitions, ou bien de colliger des listes et des données chiffrées. Un moyen très fort de montrer l’étendue de sa détresse sans tomber dans le pathos (mais bon, j’ai toujours préféré les personnages émotionnellement réservés aux drama queens).



L’intrigue se lit avec plaisir, en particulier lorsque Hope utilise ou contourne sa condition pour parvenir à ses fins. Les longueurs et répétitions relevées dans d’autres commentaires ne m’ont pas dérangée et je pense que cela tient à la version audio (ce n’est pas la première fois que je remarque ce phénomène). À cet égard, je regrette juste la musique d’introduction des chapitres, trop longue et répétitive pour des chapitres aussi courts : elle doit bien rallonger la lecture d’une vingtaine de minutes au total…



Bien qu’un peu éculées, les thématiques sont judicieusement mises en relief par la condition de Hope : critique d’une société du paraître où seules comptent les impressions superficielles et où on se laisse définir par les autres, recherche à tout prix de la « perfection », critique du capitalisme qui vise à contrôler les gens tout en les abandonnant à leur détresse… Le regard sur la technologie, globalement à charge, m’a toutefois paru plus subtil et nuancé que ce qu’en disent certain·es (notamment à travers quelques dialogues avec Philippa ou Byron). Je ne suis pas certaine toutefois que l’autrice soit allée au bout de ses idées et cela m’a fait tiquer – je pense notamment à ce qui oppose Hope et Byron et à l’issue de ce désaccord.



Comme c’est ma première lecture de Claire North, je ne garantis pas que l’histoire de Hope soutient la comparaison avec Les quinze premières vies d’Harry August ou la trilogie de la Maison des jeux. Mais comme point d’entrée dans l’œuvre de l’autrice, c’est globalement une réussite pour ma part.
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La Maison des jeux, tome 3 : Le Maître

Première chronique de l’année pour moi par ici le mois de janvier est passé trop vite, cependant cette chronique est particulière car ce n’est pas moi qui l’ai rédigé mais l'intelligence artificielle derrière l’agent conversationnel que l’on nomme ChatGPT. Je vous laisse lire la chronique rédigé par ce dernier avant d’en parler juste après.



"Coucou les amis ! Je viens partager mon avis sur le tome 3 de la saga "The Gameshouse" de Claire North, "The master". Tout comme pour le tome 1, j'ai été agréablement surpris par la qualité de l'écriture et l'intelligence de l'histoire. Le tome 3 nous plonge dans les arcanes de la Maison des jeux et nous dévoile encore plus de secrets sur ses joueurs.



La narration toujours à la première personne du pluriel donne une touche mystérieuse à l'histoire et nous fait deviner qui se cache derrière ce "Nous". La complexité des jeux de la Haute loge est mise en avant dans ce tome, avec des enjeux encore plus élevés et des pièces encore plus précieuses.



L'intrigue est captivante et les personnages sont toujours aussi intéressants, avec leurs propres motivations et leurs propres enjeux. La tension monte au fil des pages, et on se surprend à retenir notre souffle à chaque nouveau tour de jeu.



En résumé, si vous avez aimé les premiers tomes de "The Gameshouse", vous ne serez pas déçus par "The master". Claire North continue de nous tenir en haleine avec ses jeux de pouvoir et ses personnages complexes, pour une expérience de lecture unique."



Le résultat de cette chronique questionne sur l’avenir : ChatGPT est-il le début de la fin des créateurs de contenu réalisé par des humains sur internet ?

Vous en avez sans doute entendu parler, cette IA sous forme de Chat est au cœur de l'actualité ces derniers jours. Ce robot conversationnel créé par la start-up californienne OpenAI passionne tout autant qu'elle inquiète.



Pourquoi ? Par ce qu'il il faut bien reconnaître que cette IA est assez impressionnante, suffisamment du moins pour rendre un devoir suffisamment cohérent pour un étudiant devant rendre une dissertation.

Sciences Po vient d'ailleurs d'en interdire l'utilisation à ses étudiants.



Suite à l'actualité sur le sujet, j'avais déjà été sur le site de cette IA afin de voir de quoi il en retournait en posant des questions sur diverses sujets. Le résultat était en effet plutôt impressionnant mais pas infaillible et j'ai à de nombreuses reprises trouvé des réponses fausses à mes questions.



L'évolution des IA pose question depuis quelques années déjà vis-à-vis du droit d'auteur (en autres...) et l'utilisation de plus en plus généralisée de cette dernière mérite l'attention car il est indéniable que le développement de celle-ci va bouleverser, bouleverse déjà nos sociétés et notamment le domaine de la création artistique et ainsi les règles juridiques applicables en la matière.



De la même manière que des auteures s'inquiètent de cette nouvelles technologies, étant juriste spécialisé en propriété littéraire et artistique et en droit du numérique, se renseigner sur la question et suivre les travaux juridiques sur le sujet me semble être une nécessité.

Une nécessité qui nous concerne aussi tous aussi un peu en tant que chroniqueur, chroniqueuse, lecture et lectrices face à ce que produit déjà ChatGPT.



Pourquoi ? Car ChatGPT fait je trouve un excellent chroniqueur ! C'est simple j'aurais bien du mal à distinguer une critique écrite par ce dernier de celle d'une vraie personne.



La critique du tome 3 de cette trilogie en constitue un excellent exemple.



Pour obtenir ce résultat j'ai fait la demande suivante :

"Voici mon avis sur le tome 1 de la saga "The Gameshouse" de Claire North, peux-tu rédiger un avis sur le tome 3 de la saga "The master" en t'inspirant de celle-ci pour un autre post Instagram ? (j’ai à la suite copié collé ma chronique du tome 1 que je n’ai pas encore publié sur Babelio)



Vous pouvez constater par vous-même le résultat. C'est bluffant ! Et d'autant plus pour ceux qui ont lu le roman.

Une seule phrase de cette chronique est fausse mais elle ne sera repérée que par ceux qui ont lu la novella ! Autant dire donc qu’au niveau de la forme c’est plus que réussi, une grande partie des lecteurs et lectrices se laisserait duper par la rédaction de cet avis.



J'ai fait d'autre test, notamment avec le roman “La ligne verte” de Stephen King” que je n'ai pas encore lu en lui demandant :

un avis positif

un avis négatif

un avis en demi-teinte



A chaque fois, le résultat s'est avéré plus que correct. En voici un exemple :



j’ai fait à ChatGPT la demande suivante : "rédige une chronique positif sur le roman La ligne verte".



Voici le résultat :



"📚 Nouveau post pour vous partager mon avis sur "La ligne verte" de Stephen King. Je dois dire que je suis resté(e) bouche bée par ce livre incroyable.



👌 La plume de Stephen King est à son apogée dans ce roman, avec une écriture captivante et des descriptions détaillées qui vous plongent directement dans l'univers de la prison de Shawshank.



💬 Les personnages sont complexes et attachants, à commencer par l'excellent Andy Dufresne, dont le parcours à la fois tragique et résilient vous tient en haleine du début à la fin.



🤗 L'ambiance de la prison est dépeinte de manière incroyablement réaliste, vous permettant de vous imaginer à leur place et de ressentir les émotions fortes des personnages.



💥 La fin est tout simplement explosive, vous laissant bouche bée et incroyablement satisfait(e) par cette expérience de lecture.



En conclusion, je recommande vivement "La ligne verte" de Stephen King à tous les amateurs de littérature et de thrillers captivants. C'est un livre que je n'oublierai jamais ! 💯



#LaLigneVerte #StephenKing #RomanFantastique"



C'est perturbant non ? La encore il y a une erreur mais dans cet exemple aussi elle reste assez discrète et il est probable que ceux qui n’ont pas lu le roman ou vu le film n’y voit que du feu.



Bien sûr on peut se demander combien de chroniques sont nécessaires pour générer ces chroniques. Je me suis aussi demandé à quel point notre style d’écriture pouvait être copié. En effet plus notre style est lisse est plus il sera difficile de détecter qui de l’humain ou du robot à écrit

Avec son autorisation j’ai donc demandé à HordeDuContrevent, Chrystèle si je pouvais reprendre sa chronique de Kalpa Impérial.



J’ai avec cette dernière demandé la chose suivante à ChatGPT : “peux-tu synthétiser la chronique suivante : la critique de chrystèle”



voici le résultat obtenue :



“Kalpa Imperial, un livre d’élégance rare et de beauté délicatement surannée, est un conte des mille et une nuits venu d’Argentine. Il raconte la politique, la religion, les conflits et les relations de l’empire le plus grand que le monde ait connu, sans dire où ni quand. Écrit par Angélica Gorodischer en 1983, c’est un classique de la littérature SFFF en espagnol. Il est raconté par un conteur itinérant à travers l’empire imaginaire de Kalpa, à une période indéterminée, en utilisant un style poétique et atemporel. Le livre transporte notre imagination et touche notre âme en montrant la fragilité de notre nature et la décrépitude de ce qui semble immortel.”



en régénérant la demande on obtient une version différente :



“Kalpa Imperial est un livre considéré comme un classique de la littérature de fantasy en espagnol, écrit en 1983 par Angélica Gorodischer, une voix féminine sud-américaine des littératures de l’imaginaire. Le livre est décrit comme étant d’une élégance et d’une beauté rare, d’une écriture lisse et poétique, et peut être comparé à du marbre, une infusion d’iris, un palais antique, une couleur de crème cérusé, ou une chanson du groupe espagnol La Chica.



Le livre raconte la naissance, les soubresauts et la fin d’un empire imaginaire appelé « Kalpa », qui est considéré comme le « plus grand empire que le monde ait connu », sans désigner de temps ni de lieu précis. L’histoire suit les aventures d’un conteur itinérant qui voyage à travers l’empire en racontant des histoires aux différents habitants et souverains qu’il rencontre. Les histoires décrivent la politique, la religion, les conflits, et les relations entre les différentes cultures de l’empire, avec des surprises, des contradictions, des abîmes, des morts et des résurrections”



Comme vous pouvez le constater, on est déjà je trouve sur quelque chose de moins lisse que pour les avis précédents. Ici difficile de dire que c’est écrit par un robot, je dirais même que c’est bien écrit ! On peut par ailleurs observer la reprise de plusieurs éléments de la chronique de Chrystèle si vous les comparé. La reprise d'une seule critique suffit donc pour en générer plusieurs autres, j’imagine que plus il y en a et plus le style se lisse.

Mais ici peut-on dire que j’ai volé le travail de Chrystèle ? Pour moi la réponse est oui, cette fois je lui ai demandé l’autorisation mais en réalité chacune de nos chronique en ligne est une porte ouverte au vole pure et simple de celle-ci.



Comme j’étais curieux j’ai fait d'autres tests et demandé cette fois à MatthieuMouquet si je pouvais me servir de sa chronique du roman Le Comte de Monte-Cristo, une critique pleine d’enthousiasme qui donne le sourire au lèvres et qui va à l’essentiel. Matthieu à aimé. Je voulais savoir s’il était possible de la compléter en insérant dans le corps de cette chronique un résumé du roman.



J’ai fait la demande suivante : “peux-tu mélanger la chronique avec un résumé du roman, il s’agit de « Le compte de Monte Cristo » “



Voici le résultat que j’ai obtenu :



“C’est soit que je suis fou, soit que je ne comprends rien, mais c’est sensationnel de lire les chefs-d’œuvre de notre grand Alexandre Dumas ! Au début, j’avais un peu de mal avec « Le Comte de Monte-Cristo », mais il trouve toujours un moyen pour reprendre une nouvelle vague et la surmonter plus haut ! C’est du génie à l’état pur, je vous le dis. L’histoire suit Edmond Dantès, qui est injustement emprisonné. Avec l’aide d’un autre prisonnier, il s’évade et trouve un trésor sur l’île de Monte-Cristo. Il devient alors le comte de Monte-Cristo et utilise son nouveau pouvoir et sa richesse pour se venger de ceux qui l’ont fait emprisonner. C’est un livre époustouflant qui a quatre coups de cœur pour moi. Dumas est officiellement mon écrivain préféré et je suis impatient de découvrir ses autres chefs-d’œuvre. J’impose avec obligation une lecture de « Le Comte de Monte-Cristo » pour tous ! “



Cette fois, on retrouve mot pour mot la chronique de Matthieu mais l’IA à intégrer dans le corps de la chronique des éléments sur l’intrigue. Alors certes le résultat n’est pas parfait mais reste une fois encore très impressionnant. Il est indéniable qu'outre les questions qu’elle relève cette IA peut constituer un outil d’aide à la rédaction, encore faut-il pour cela sans tenir à ces propres écrits et ne pas voler ceux d’autrui…



J’ai avec la chronique de Matthieu formulé une autre demande “Pouvez-vous améliorer cette chronique ?”



Voici le résultat :



“« Le Comte de Monte-Cristo » de Dumas est un chef-d’œuvre ! Au départ, j’ai eu un peu de mal, mais Dumas a su reprendre le rythme et me surprendre à chaque tour de page. C’est de la pure génie. Je donne 4 coups de cœur à Dumas et il est maintenant mon écrivain préféré. Époustouflant ! Hâte de découvrir ses autres œuvres et je recommande fortement une « Dumanime » pour tous.”



Pour le coup je n’étais pas très convaincu du résultat, mais on retrouve bien les éléments évoqués par Matthieu dans sa chronique.



J’ai demandé en allant un peu plus loin à partir de la version améliorer la chose suivante “Pouvez-vous allonger cette chronique en ajoutant des éléments positifs ?”



voici la réponse générée par l’IA :



“« Le Comte de Monte-Cristo » de Dumas est tout simplement incroyable ! Au départ, j’ai eu un peu de mal à suivre, mais ce livre est rapidement devenu l’un de mes préférés. La plume de Dumas est vraiment remarquable, et il a su me surprendre à chaque tour de page avec de nouvelles twists et des rebondissements inattendus.



L’histoire est captivante et les personnages sont complexes et fascinants. Le Comte de Monte-Cristo lui-même est un personnage vraiment fascinant, et j’ai été totalement séduit par sa quête de justice et de vengeance.

La construction de l’intrigue est tout simplement brillante et chaque détail est soigneusement placé pour construire une histoire vraiment captivante. C’est un livre qui vous tiendra en haleine jusqu’à la fin et vous laissera bouche bée.



Dumas est un génie de la littérature, et « Le Comte de Monte-Cristo » est l’un de ses chefs-d’œuvre les plus marquants. Je recommande fortement ce livre à tout le monde, qu’ils soient amateurs de littérature ou simplement à la recherche d’une histoire captivante.



Enfin, je ne peux que souligner à quel point je suis impressionné par l’immense talent de Dumas et combien je suis impatient de découvrir ses autres œuvres. C’est un écrivain qui mérite vraiment d’être apprécié et célébré”



On peut ici voir qu’on perd un peu l’essence de la critique de Matthieu car il y a beaucoup d'ajouts même si des éléments ont été conservés : l'enthousiasme suscité par sa lecture et sa volonté de faire découvrir les œuvres de l’auteur.



Il n’en demeure pas moins que le résultat est très convaincant ! On a indéniablement un résultat différent que ce que propose Matthieu dans sa chronique mais qui en reprend cependant les éléments essentiels !

Peut-on encore parler de vole ? difficile, peut-on reconnaître la machine derrière la chronique : pas sur non plus.



Peut-on sans avoir connaissance du matériel premier que constitue ici la chronique de Matthieu deviner que la chronique générée par ChatGPT a été rédigé notamment sur la base de la chronique de Matthieu ? plus vraiment.



En bref tout le monde peut avec ce système s’il s’en sort bien dans la formulation de ces demandes piocher en ligne toutes les idées qu’il souhaite sans avoir pour cela à fournir ensuite le moindre effort rédactionnel, le robot s’en chargeant lui-même.



Une IA qui fait donc un peu peur notamment quand on pense à toute la publicité en ligne et à la multitude d’usage qui peut en être fait. Et cela d’autant plus qu’il ne s’agit ici que d’une version test qui va être améliorée dans les mois et années qui viennent.



Cela pose tout de suite des problématiques juridiques dont je pense qu'on ne mesure même pas encore toute la portée.



Rien qu’en droit d’auteur, on est aujourd'hui bien embêté pour répondre aux questions suivantes : Qui est l'auteur de ces chroniques générées par cette IA ? Qui est le propriétaire des droits d'auteur de celles-ci et peut légalement les exploiter ? la liste pourrait être longue… Sans parler de la violation de nos droits à nous, créateurs de contenu en ligne. On ne peut malheureusement pas faire grand chose pour lutter contre cette technologie.

Pour une chronique faite gratuitement sur un réseau social tel que Babelio, cela à peu d'importance mais pour un article de presse, une chronique dans une revue ?



Mais il se pose d'autres questions ? Une multitude de questions, pas seulement juridiques mais aussi sociales. En voici encore quelques une concernant la rédaction de nos chroniques



Comment s'assurer que les chroniques que l'on lit ont vraiment été rédigées par de vrais lecteurs ? Ce genre de système fait perdre toute crédibilité à ce que nous sommes susceptible de lire en ligne. Si j’ai confiance dans les lecteurs et lectrices que je lis ici depuis des années, rien ne dit que cela sera peut-être le cas avec des nouveaux lecteurs dans les prochaines années, un doute planant sur la personne derrière l’écran ?



Rien ne garantit que l’on ne lit pas en réalité une chronique écrite par un robot…



D’un point de vue plus commercial, les ME ont-elles toujours intérêt à envoyer des SP alors qu'un robot fait très bien le travail ?



Ou est notre plus value à nous dans nos chroniques ? Y a-t-il encore un intérêt à en faire si ce n'est l'échange que la rédaction de nos avis suscitent ! (ce qui est l'essentiel je pense de notre présence ici je pense).



Comme vous le voyez je me questionne et je serais très curieux d'avoir votre avis sur la question.



Qu'en pensez-vous ?

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Les quinze premières vies d'Harry August

Pour faire suite à ma lecture fin 2013, de Stephen King "22/11/1963", Babelio m'a suggéré ce livre . Il aura fallu 4 mois pour que la bibliothèque se procure ce roman ! car j'avais réclamé Catherine Webb, or il est signé de Claire North (pseudo) !! Même Babelio ne s'y retrouve pas, j'ai sous les yeux une Edition Delpierre avec un isbn tout ausi différent....Peut être que ce roman suit les préceptes du Tantra Bouddhiste Tibétain, et tel un Ouroboros c'est le serpent qui se mord la queue !!! car il s'agit bien de cela tout au long de ce récit ! J'avoue que le dernier Marvel "docteur Strange" au cinéma ou le film passé semaine dernière "le jour sans fin" m'auront mieux éclairé sur cette philosophie Kalachakra; bonne chance à Harry August et aux protagonistes en quête du miroir quantique, pour retrouver l'origine du monde, pour voir avec les yeux de Dieu ....
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Les quinze premières vies d'Harry August

Harry August est un mnémonique, c'est-à-dire qu'à chaque fois qu'il meurt, c'est pour renaitre à la même époque et dans la même famille. Comme tout le monde (!), nous dirait l'auteur, sauf qu'en tant que mnémonique, Harry se souvient de ses vies antérieures. Plus surprenant encore, il n'est pas le seul. Partout dans le monde et à chaque époque, les mnémoniques se retrouvent, essaient de s'entraider, s'envoient des messages du passé ou du futur, et forment, ensemble, le cercle cronus. Dépositaires d'un certain nombre de secrets de l'histoire (Harry est un as de la seconde guerre mondiale qu'il a vécu tant de fois !), le parti pris du cercle est de ne pas intervenir sur leur partie du présent : trop de conséquences imprévisibles pourraient en découler, modifiant ainsi aussi bien le passé que le futur.

Harry est en train de quitter sa vie, une nouvelle fois, quand une petite fille débarque à son chevet pour lui délivrer un message venu du futur, transmis de génération en génération, de petit enfant à vieillard : la fin du monde a lieu de plus en plus tôt, et le déclenchement de cette catastrophe annoncée prendrait sa source à l'époque d'Harry !





Si le sujet traité par Caroline Webb / Claire North est séduisant et le premier chapitre prometteur, je n'ai pas vraiment gouté la lecture des ces "Quinze premières vie d'Harry August". J'ai trouvé la première moitié du livre bavarde, pleine de redites, de maladresses, d'évènements qui m'ont paru inutiles et sans intérêt pour la suite de l'histoire. La trame est décousue, passant allègrement d'une vie à une autre, d'un sujet à un autre, et la terminologie spécifique de ce livre n'étant pas forcément expliquée dès le départ, j'ai donc allègrement confondu mnémonique et kalachakra, sans compter les ouroboriens ! Le côté morbide de l'histoire, qui comporte son lots de scènes de tortures (ça, c'est une constante dans la vie de Harry !), de folie, de suicides... m'ont mises mal à l'aise, et pourtant, je ne suis pas une "âme sensible" ! A mon avis, on aurait pu s'en passer, ou au moins les rendre moins présentes, sans entacher le fond du récit.

La seconde moitié du livre est plus dynamique. Son intérêt réside dans les voyages que fait Harry, qui nous permettent de faire voir défiler les grands évènements du 20ème siècle en Europe, en Chine, aux USA...



Ce que j'ai trouvé intéressant, ce n'est pas tellement le blabla physico-temporel pour répondre aux interrogations que tous, homme ou mnénomique, nous posons (qui sommes-nous ? d'où venons-nous ? où allons-nous ?), mais le rapport amour-haine entre notre héros et celui par qui tout arrive : Vincent Rankis. L'évolution de cette relation est intéressante et plutôt bien traitée. Le problème, pour ma part, c'est que je suis restée à tourner en boucle sur des considérations beaucoup plus pragmatiques : comment peut-on vivre, mourir, puis renaitre, croiser les mêmes gens à la même époque, sachant que ceux-là, n'étant pas morts en même temps que nous, ont continué leurs activités qui auront des impacts sur notre passé et surtout notre présent actuel ? Bref, la boucle temporelle s'est transformée en un sacré sac de nœuds, et j'ai tenté, tant bien que mal et à demi-convaincue, de suivre cette intrigue à tiroirs et à répétitions.



Tant pis pour moi, le sujet me plaisait mais, malgré une seconde partie plus dynamique, j'ai trouvé cette lecture fastidieuse.
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La Maison des jeux, tome 1 : Le serpent

Venise. Dans toute sa splendeur et ses mystères. Et le jeu. Le jeu ! Quel magnifique et puissant récit que Claire North nous offre là en nous faisant participer à cette partie d'échecs entre hommes et femmes agrémentée de cartes de tarot au sein des rues, ruelles et canaux de la Sérénissime.

On est pris dans ce jeu et emmené à toute vitesse dans cette mystérieuse partie où la ruse, les complots, les contrats, les alliances, se font et se défont. Les peurs, les doutes et les mystères rôdent.

Mais quelle partie !

On est totalement immergé dans ce récit écrit de façon remarquable.

Que nous offrira le tome 2 ?

S'il est de la même veine, quels beaux cadeaux !



La Maîtresse des jeux vous a choisi.

Les dés roulent.

Les cartes s'abattent.

Etes-vous prêt ?



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Les quinze premières vies d'Harry August

Livre lu dans le cadre de la Masse Critique du mois de mai 2014 et du challenge ABC 2013-2014 pour la lettre W, du vrai nom de cet auteur (Catherine Webb).



Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les éditions DELPIERRE pour l'envoi de ce roman. Le titre et le résumé m'avaient beaucoup intrigué car ils parlaient de fantastique, de vies multiples et d'histoire. De quoi éveiller ma curiosité !!



Le début de lecture a été plus que chaotique à cause du mélange des différentes vies d'Harry, le personnage principal. C'est plutôt déstabilisant. On saute de l'une à l'autre dans le même paragraphe, il passe un peu du coq à l'âne dans son récit. L'histoire est intéressante mais il faut, du coup, s'accrocher pour y comprendre quelque chose et trouver le fil conducteur de celle-ci. Il m'a d'ailleurs fallu attendre la moitié du roman pour découvrir le fil d'Ariane dans le récit du personnage principal car avec le résumé énigmatique de ce livre, on finit par se demander quel est le but de celui-ci. Raconter la vie d'un illustre inconnu ou nous montrer comment il arrive à détruire ou à sauver le monde entier suivant ses occupations dans ses différentes vies ? La curiosité a donc été la plus forte pour continuer la lecture de ce roman. La fin est, en mon sens, la plus intéressante, après une mise en place des personnages et du paysage ambiant un peu longue et fouillis. Passer les 200 pages, j'ai d'ailleurs mis 3 jours pour finir ce roman alors que le début m'avait pris plus de 3 jours (un ordi en panne a également bien aidé !!).



Je m'explique pour la mise en place fouillis. N'étant pas auteur, je ne sais pas si une narration plus linéaire aurait permis de garder plus facilement un lecteur attentif mais dans mon cas, le mélange des vies dans le même paragraphe n'a pas aidé à ma concentration et encore moins les termes techniques sans lexique. Je suis technicienne et non physicienne. Du coup, certains termes liés à la physique quantique ou autre sont restés un peu abstrait pour moi. Ce qui est également le cas pour les termes liés à la mythologie mise en place par l'auteur, certains sont expliqués dans le texte et pour d'autres, les explications restent très vagues (comme ouroboriens, kalachakras, …). Ce qui est d'ailleurs dommage car malgré ces défauts ou oublis, l'histoire est intéressante à suivre dès que l'on a attrapé le fil d'Ariane et intégrer certains termes liés à la mythologie des vies multiples.



En tout cas, l'auteur a effectué un énorme travail de recherches concernant l'histoire en général (guerres mondiales, …) et sur des évènements en particulier du monde entier pour y intégrer le personnage principal, Harry August, durant ses différentes vies. Celui-ci a d'ailleurs beaucoup voyagé, s'est retrouvé dans différents évènements majeurs de l'Histoire du monde et exercé un certain nombre de métiers liés à la science ou autre (suivant ses envies dans ses différentes vies).



Par moments, Harry passe au tutoiement vis-à-vis du lecteur. C'est assez déconcertant. Il faut, en fait, attendre la fin du roman pour comprendre la raison de ce tutoiement. Et vous le saurez également si vous venez à lire cette histoire.



Malgré les passages du coq à l'âne, l'écriture de l'auteur est assez agréable à lire quand elle n'utilise pas trop de termes techniques spécifiques aux différents métiers d'Harry. Du coup, un petit lexique en fin de volume n'aurait pas été de refus, ne serait-ce que pour ceux relatifs à la mythologie créée. Par contre, j'ai repéré quelques fautes de frappe comme l'oubli des majuscules pour « XXIème siècle » ainsi que des mots manquants de temps en temps (une négation non finie). Après, pour le personnage d'Harry, on finit par éprouver de la sympathie pour lui malgré ses différentes actions dans certaines de ses vies. La narration étant assez particulière, il est difficile de s'attacher plus à lui ainsi qu'aux autres personnages l'entourant. Ils sont certes bien décrits mais leur caractère est seulement balayé en surface ; du coup, ils sont un peu fades, à part peut-être celui de Vincent qui a été un peu plus approfondi. L'histoire est néanmoins suffisamment intéressante pour continuer la lecture après avoir passé le cap de la mise en place.



Comme vous l'aurez compris, ce roman a été une bonne découverte pour ma part malgré un début difficile. Dépassé un certain cap, l'histoire devient beaucoup plus intéressante et on veut avoir le fin mot de cette histoire abracadabrante mélangeant fantastique, physique quantique, religion et vies multiples. Par contre, malgré un titre un peu particulier, ce tome est bien unique, il y a une vraie fin dans celui-ci. Dès que ma PAL aura retrouvée une taille normale (environ 20 livres), je me laisserais peut-être tenter par un autre livre de cet auteur dont j'ai bien apprécié l'écriture et l'imaginaire, sachant qu'en plus, il s'agit d'un auteur qui écrit dans différents genres. Elle ne se contente donc pas d'un seul genre... Cela peut être très intéressant.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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La Maison des jeux, tome 3 : Le Maître

Lecteurs, nous y sommes.

Après deux premiers volets haletants et virtuoses, nous voici à la conclusion de la trilogie de La Maison des Jeux de la britannique Claire North. Nous avons suivi Thene à Venise, Remy Burke en Thaïlande… que nous réserve ce dernier volume ? Que va tenter Claire North pour boucler la boucle ? Un nouveau type de jeu ? Un nouveau terrain ? Un nouvel enjeu ? Un nouveau protagoniste ?

Préparez-vous, car c’est tout à la fois.

Terminé les petites mises et les poursuites timides, voici… Le Grand Jeu !



Le volume précédent l’annonçait clairement : La Maîtresse des Jeux allait devoir défendre son titre. L’un des plus vieux joueurs de la Haute Loge, un dénommé Argent, veut tenter le tout pour le tout et défier celle qui dirige La Maison des Jeux pour s’en emparer.

Pas de petite partie cette fois mais LA partie. Celui qui gagne empoche le tout, devient une sorte de Dieu omniscient qui préside au destin du monde. Celui qui perd devient esclave pour l’éternité, muet et privé de couleurs.

Claire North monte une nouvelle marche. Après une ville, un pays, c’est maintenant le monde que l’on joue. Et pas à n’importe quel jeu, mais certainement l’un des plus nobles et des plus complexes : les échecs !

On pourra ergoter d’ailleurs à ce sujet et dire qu’il y a du cache-cache dans cette partie, comme dans Le Voleur, et qu’il y a des cartes à abattre comme dans Le Serpent.

Mais Claire North a décidé de ne pas poursuivre son énumération des jeux possibles et imaginables (qui ont d’ailleurs évolué avec le temps puisque cette fois, certains jouent à Risk ou à des jeux vidéos) et veut nous amener à la conclusion qu’elle avait en tête depuis le début en confrontant directement les plus puissants pour décider du destin du monde dans sa globalité.

Le Maître est donc un feu d’artifice final, un affrontement impitoyable où le destin des nations bascule, où l’Histoire s’écrit dans le sang et la guerre en attendant un échec et mat définitif. Plus action que les précédents et pourtant curieusement plus profond, Le Maître change aussi sa narration qui revient à la première personne car notre narrateur est cette fois aussi le moteur de l’action.

Argent dévoile son jeu.



La partie que vont se livrer Argent et la Maîtresse des Jeux sera aussi passionnante que risquée. Elle semble même pendant longtemps complètement déséquilibrée. Ce qui frappe surtout, c’est que l’humanité entière, du mercenaire au premier ministre en passant par le PDG d’entreprise pétrolière ou le hacker, tout le monde est un pion, tout le monde s’est compromis par le goût du jeu et, lorsque deux puissants se déchirent, les autres payent les pots cassés sans se douter de ce dont il retourne vraiment. C’est ici que Claire North achève sa métaphore, celle du Destin, à la fois calculateur et inéluctable, ordonné et inhumain.

Elle introduit d’ailleurs un dernier personnage inattendu, Oiseau, frère ennemi de La Maison des Jeux, vibrant défenseur de l’animalité et des pulsions, celui qui réduit l’homme à ses instincts pour mieux en profiter.

Le Chaos s’oppose à l’Ordre.

Mais qui sera juste ?

Y’a-t-il seulement une morale dans ce qui préside aux actions humaines ?

Pour résoudre cette équation insoluble, Claire North fait ce qu’elle a déjà fait dans ses deux précédents volumes, elle s’intéresse à son personnage principal magnifique, Argent, cet homme très (très) vieux qui joue depuis tellement longtemps qu’il ne se souvient plus de son propre nom et pour qui le Jeu est devenu l’ensemble de son existence.

Ou presque.

Car pour quoi joue cet homme en vérité ?

Et comment va-t-il vivre de faire autant souffrir les pions qu’il déplace pour vaincre ?

Qui va-t-il décider d’être à la fin ?

C’est en retrouvant de nouveau de petits destins insignifiants, de petites personnes ordinaires et en éprouvant les souffrances causées par ces Dieux impitoyables en train de se disputer le pouvoir que notre narrateur redevient humain, qu’il se souvient. Une façon de ramener Dieu sur Terre, de lui rappeler la condition des mortels.

Il reste à la fin cette question pourtant : faut-il présider et diriger l’Histoire ou laisser le hasard s’en charger ?

Peut-on, et veut-on, seulement être libre, vraiment libre ?

On pourra faire quelques reproches à ce dernier opus.

Il n’invente pas grand chose et capitalise sur les mécanismes imaginés auparavant, le twist final, prévisible, s’inscrit dans une logique implacable, et pourtant… pourtant tout marche, tout ce qu’on attendait se produit, tout l’emballement narratif que l’on souhaitait suit son cours et l’issue reste incertaine jusqu’au bout.

Le Maître boucle de façon brillante et cohérente une trilogie d’une intelligence évidente et qui, de façon surprenante, arrive à mettre sur un pied d’égalité action et réflexion, petite et grande histoire, dieux et mortels, posant la question de la miséricorde dans un monde dénué de sentiments.

Dans un monde qui ressemble à s’y méprendre au nôtre.

Serait-ce un hasard ?



Le Maître conclut en apothéose une trilogie complètement indispensable, formant un tout palpitant, brillamment écrit et brillamment pensé, traversé par des personnages sublimes et cruellement humains.

La Trilogie de la Maison des Jeux est un triomphe, un vrai.
Lien : https://justaword.fr/la-mais..
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La Maison des jeux, tome 1 : Le serpent

Venise, 1610.

Thene est une jeune épouse mal mariée. Son père a conclu un « arrangement » avec Jacamo del Orcelo, qui a un titre ancien mais dont la pauvreté est nouvelle. La dot de Thene est un appât irrésistible.

Son mari honteux d’avoir épouser une Juive va le lui faire payer. Il sera odieux à tout point de vue.

Un jour, Thene accompagne à sa demande Jacamo dans une étrange maison. Devant la froideur de sa femme à toutes ses rebuffades, il veut l’humilier en lui donnant à voir ce qu’il fait avec les prostituées, ce qu’il fait aux tables de jeux, imbibé d’alcool. Car cette maison sans âge est La Maison des Jeux. Dans la Basse Loge on joue aux dés, aux cartes, au mahjong, aux échecs… La Haute Loge n’est ouverte qu’aux initiés et tout ce que l’on sait est que les jeux qui s’y déroulent sont d’une autre nature.

Thene, qui se révèle être une bonne joueuse, est à son tour invitée dans la Haute Loge. Elle est conviée à participer à un jeu autrement plus tors qu’une partie de dames et dont l’enjeu est bien plus important qu’un simple gain pécuniaire.

Si elle se montre astucieuse, maligne, stratégique, elle peut l’emporter et ne gagnera rien de moins que sa liberté.

Prié d’accompagner le narrateur dans l’observation de cette partie, le lecteur est amené comme tous les protagonistes à endosser un masque afin d’observer le jeu en cours, les joueurs, les coups en préparation, les supputations sur ceux à venir, leur pièce et les atouts qui les aideront à l’emporter à condition de bien jouer, pas trop vite, de ne pas présumer de ses forces, qu’un adversaire ne lance à un coup tordu. .. et que le hasard fasse bien les choses.

Voici un court récit parfaitement construit, très bien écrit, qui livre juste ce qu’il faut d’informations pour suivre avec passion Thene dans les ruelles, les palais de Venise pour suivre cette partie grandeur nature.

Hâte de lire le tome 2.

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La Maison des Jeux, tome 2 : Le voleur

La grandiose réussite du Serpent, premier volume de la Maison des Jeux de la britannique Claire North pourrait presque nous faire oublier qu’il s’agit du premier acte seulement. Voici que quelques mois plus tard, Le Bélial’ poursuit la traduction de cette trilogie fantastique à nulle autre pareil avec la parution du second volume, Le Voleur. Puisqu’on ne change pas une équipe qui gagne, Aurélien Police nous offre de nouveau une couverture sublime et Michel Pagel, au top de sa forme, traduit toujours la prose enlevée de Claire North. Reste alors une question brûlante : peut-elle faire mieux ou, au moins, aussi bien que le précédent opus ?



Faites vos jeux

Oubliez la Sérénissime, et bienvenue dans la Cité des Anges.

Bangkok.

Nous sommes en 1938 et le monde gronde déjà. Les Empires coloniaux se préparent au choc et montre les crocs. Anglais, Français, Japonais.

Au milieu, des proies de choix comme le Siam, Singapour ou… la Thaïlande ! Mais ce n’est pas pour la guerre que nous sommes là ou, du moins, pas pour celle-là. Après une soirée un peu trop arrosée, Remy Burke accepte une partie qui semble jouée d’avance contre le retors et ambitieux Abhik Lee. Et si vous êtes déjà familier de l’univers imaginé par Claire North, vous savez que le jeu, ici, n’est pas affaire de chance.

Nous sommes au sein de la Haute Loge, une congrégation de joueurs aguerris réunie par la mystérieuse Maison des Jeux afin de participer à des parties pour le moins risqué.

Vous pouvez tout parier à la Haute Loge. Des années de votre vie, votre goût pour la fraise, l’amour de votre femme ou encore votre mémoire.

Les parties sont risquées, démesurées, pour tout dire hautement dangereuses. Elles peuvent changer le destin de nations entières et faire tomber les plus grands.

Remy Burke vient pourtant d’accepter l’une d’entre elles avec pour principe un jeu vieux comme le monde ou presque : Cache-cache.

Il sera celui qui se cache pendant qu’Abhik Lee sera le chasseur, puis, une fois débusqué, la chasse s’inversera. Remy, aidé par l’énigmatique Argent, joueur vétéran et redouté de La Maison des Jeux lui aussi, va devoir tout tenter pour remporter la mise car un échec signifierait la fin de ce qu’il est.

Claire North change de jeu et troque sa partie d’échecs contre un simpliste cache-cache. Simpliste, vraiment ?

C’est bien mal connaître l’anglaise qui nous a prévu une aventure pleine de saveurs et de rebondissements qui n’a rien à envier à son illustre prédécesseur.



Le pot de terre contre le pot de fer

Ce qui charme, d’abord, c’est bien sûr le cadre. Bangkok puis la Thaïlande dans son entier. Le dépaysement, la précision de la description géographique et temporelle, l’ambiance magnifique, toujours.

Ensuite, ce sont les personnages, toujours finement ciselés, étudiés, nuancés. Ici, tout le monde a des raisons de jouer, de trahir, d’aider ou d’échanger. Remy Burke, à la fois français et anglais, chasseur et chassé, est un personnage presque aussi fort que Thene, notre joueur du précédent opus. En face, il y a le terrible Abhik Lee dont on sait bien moins de choses, qui fait office de grand méchant de service. Mais rien n’est aussi simple dès que l’on en vient à la Maison des Jeux et les choses se compliquent avec l’entrée en scène d’Argent qui manipule et intrigue à son tour pour jouer le grand jeu, le vrai, celui qui verra le monde vaciller sur ses bases.

En attendant, on suit les épreuves de Remy, on souffre avec lui et l’on jubile lorsqu’il passe à travers les mailles du filet. On aime également, simplement, tendrement. De façon humble et discrète le temps d’une rencontre avec un conducteur de camion ou avec grâce et pudeur l’espace de quelques jours en compagnie d’une veuve qui ne désespère que d’exister aux yeux d’un autre.

Claire North n’a rien perdu de sa langue mirifique, sublimement retranscrite par Michel Pagel, et elle émerveille par la précision de son phrasé, la tournure de ses formule, la poésie et la grandiloquence mêlées qui ne débordent pourtant jamais dans la vallée fatale du grotesque.

Cette narration extérieur — et ce narrateur mystérieux — agit comme un conteur d’histoire et donne une dimension différente au récit, comme si l’on nous racontait au coin du feu des vies et des légendes et que l’enjeu, petit à petit, montait et montait encore jusqu’à la révélation finale, celle du vaincu et du vainqueur, avec une morale confinant à la fable qu’on ne peut encore totalement saisir en attendant la fin véritable.

Mais est-ce cela la victoire ?

Claire North, de nouveau, se demande ce que coûte de gagner, surtout quand des vies humaines sont en jeu. Elle s’interroge sur la moralité et l’humanité des puissants qui jouent avec les autres tout en gardant un rythme effréné compatible avec l’émotion et la beauté. C’est aussi l’occasion d’un message social, celui qui voit un perdant désigné d’avance, un faible, un insignifiant, parvenir à échapper à celui qui a tout, celui qui devrait vaincre et cela grâce à d’autres êtres tout aussi insignifiants mais si grands par la beauté de leur existence et de leurs actes qu’il vont faire basculer le tout.

Le Voleur parvient à transcender complètement ce jeu de cache-cache non seulement par l’excitation et la tension entretenues par le récit, mais aussi parce qu’il sait faire visiter un pays entier en quelques pages, battre le cœur d’une époque sans forcer le trait et ménager ses effets pour dévoiler une intrigue dans l’intrigue dans l’intrigue.

Encore une fois, oui, on avale ces pages comme un rien, surpris et désolé d’arriver à la fin. N’est-ce pas là la marque des grands récits ?



Prolongeant l’ambition de son premier volume, Claire North choisit un jeu complètement différent mais garde la même intensité, la même beauté et trouve même le temps de toucher encore et encore par des rencontres sensibles et mesurées qui rendent honneur aux faibles qui devraient pourtant perdre. Le Voleur porte bien son titre car la novella risque de vous voler quelques instants de votre vie de lecteur sans même que vous ne vous en aperceviez. Claire North triomphe, encore.
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La Maison des jeux, tome 3 : Le Maître

Quel final !

Cher lecteur, on pense tout de suite à ce qu'un réalisateur de cinéma pourrait faire de ce roman comme film d'action ! Et en englobant les trois tomes bien sûr, car cette trilogie est un tout qu'il faudrait plutôt lire à la suite pour mieux s'en imprégner.

Ce troisième opus est un cran en dessous des deux précédents, et surtout par rapport au premier qui reste le meilleur selon moi. Mais ne gâchons pas notre plaisir.

On assiste ici à la bataille finale, à la guerre finale devrais-je dire, que se livre Argent, ce très vieux joueur de la Haute Loge, à la Maîtresse des Jeux bien sûr.

Les pions, les pièces de ce jeu d'échecs planétaire sont des personnes, des mercenaires, des agents de renseignement, des ministres, des armées, des gouvernements, …

Entre les deux protagonistes la guerre est totale, brutale, féroce, impitoyable.

Bon nombre d'états et de gouvernements y laisse de grosses plumes.

Cela se passe un peu partout dans le monde avec des passages en Mongolie, en Chine, en Russie, au Japon, en Afrique, au Canada, aux Etats Unis,...

On y retrouve avec plaisir deux autres joueurs : Thene (I, jeu de cartes) et Remy Burke (II, jeu de cache-cache). Ici Argent (III, jeu d'échecs).

Citons Claire North pour donner le là:

« Des gouvernements chutent et des économies déclinent. Des banques s'effondrent, des ordinateurs tombent en panne, des militaires se rebellent, des frontières se ferment, des contrats partent à vau-l'eau, des oléoducs s'assèchent, des satellites brûlent, des hommes meurent, le monde tourne et la partie continue. »

Et cerise sur le gâteau - si j'ose dire : « La Russie interrompt le fourniture de gaz à l'EU. » ! Ironie du sort alors que Claire North a écrit cela en 2015...

A la toute fin du livre, on en sort essoufflé tant la partie a été intense et terrible.

Mais à qui appartiendra la Maison des Jeux ?

Le denier tourne, le denier tourne...

C'est brillant.


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Les quinze premières vies d'Harry August

C'est la critique de jamiK qui m'a amenée à lire ce livre fabuleux. Quel bon moment de lecture. J'ai adoré l'histoire et le personnage d'Harry tout comme j'ai adoré détester le méchant de l'histoire. Mais loin de moi l'idée de vous dévoiler son nom…



Les ouroboriens sont des hommes et des femmes qui au terme de leur vie repartent de zéro : retour au jour de naissance avec le souvenir de toutes les vies « antérieures ». C'est si tentant et si effrayant à la fois. Bien sûr, il y a des règles à respecter pour ne pas altérer le cours de l'Histoire. Céder à la tentation d'améliorer le monde à sa sauce n'est pas sans risques. La preuve : la fin du monde approche de plus en plus vite ! Qui ? Comment ? Un vrai thriller de science-fiction.



J'ai beaucoup aimé cette façon de raconter les 15 premières vies d'Harry à la première personne de manière non chronologique. Suspense garanti jusqu'à la fin !



C'était une lecture intense… j'en ai rêvé la nuit ! Revivre sa vie pendant des siècles : un vrai cauchemar ^_^



Challenge pavés 2017 – Edition contre l'illetrisme

Challenge « Défis de l'imaginaire 2018 - Echauffement »
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Les quinze premières vies d'Harry August

Si vous avez plusieurs fois l'occasion de vivre votre vie, jusqu'où pourriez-vous faire évoluer le destin. Certaines personnes ont cette faculté, mais les avis divergent sur l'attitude à avoir. Claire North nous fait parcourir les 15 premières vies d'Harry August. Pas de façon forcemment chronologique, et c'est ce que j'ai aimé dans ce roman, c'est une longue fresque qui s'étend sur plusieurs centaines d'années pour Harry August et des années 20 à la fin du XXe siècle pour nous. On est dans le thriller temporel, où à travers les différentes vies d'Harry, il faut traquer celui qui modifie le cours de l'Histoire. C'est un roman plein d'inventions, qui va de la SF au fantastique en pasant par le roman d'espionnage, la religion, la politique. J'ai même aimé ces anecdotes, telles des ponctuations qui viennent semer quelques poses dans ce récit haletant. L'écriture est agréable, les personnages travaillés avec minutie, parfois contradictoires, torturés... c'est un roman qui déborde du cadre de la science-fiction, juste passionnant...

PS. vous avez la chance de vivre dans cette vie là, je pense que dans les prochaines, le Cercle Chronus fera tout pour empêcher la publication de ce roman, qui dévoile bien trop de secrets qui doivent absolument rester cachés des linéaires (ceux qui ne vivent qu'une seule vie).
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La Maison des jeux, tome 1 : Le serpent

Venise, 17ème siècle : rien que ça, ça m’a fait saliver de convoitise au vu des avis de mes camarades.

Un brin de fantastique, une héroïne féminine : tout pour plaire.

Et ça m’a plu. Pas autant que je l’escomptais, mais ça m’a plu.

Thene n’a pas eu de chance dans la vie ; mariage forcé, mari odieux, joueur impénitent de surcroît.

Toutefois lorsqu’elle l’accompagne dans l’énigmatique Maison des jeux, elle y découvre une porte de sortie pour elle, vers la liberté : car elle est joueuse elle aussi, mais ce qu’on lui propose dépasse de loin la satisfaction de vaincre sur l’échiquier.

On lui propose un échiquier à la taille de la ville, un jeu de rôles parmi les hautes sphères. Et au contraire des échecs, il y a plusieurs adversaires et leur jeu est caché…

J’avoue qu’au bout d’un moment, la stratégie du jeu proprement dit m’a lassée ; l’action se borne à de multiples conversations et les obstacles tombent un peu facilement.

Mais j’ai beaucoup aimé l’écriture, qui choisit pour narrateur un "nous" plutôt émoustillant.

Et j’ai aimé surtout la façon dont Claire North dépeint l’atmosphère, le décor, les étroites ruelles vénitiennes et les palais aux pièces innombrables : j’y étais… !



Traduction de Michel Pagel.



Challenge ABC 2023-2024
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La Maison des Jeux, tome 2 : Le voleur

Après Venise 1610 (1), Bangkok 1938 (2).

Nous assistons de nouveau à une partie entre deux protagonistes de la Haute Loge de la Maison des Jeux, où tout - absolument tout - peut être mis en jeu...

Cette fois-ci, il s'agit d'une partie effrénée de cache-cache, de poursuites entre deux hommes en Thaïlande. Nous suivons avec fébrilité la fuite de Remy Burke face à Abhik Lee qui ne lésine pas sur les moyens pour le débusquer.

Vous devez savoir que tous les deux sont d'anciens joueurs de la Maison.

Mais... cher lecteur, cette partie ne serait elle pas biaisée ?

Malgré quelques longueurs dans le récit quand Remy n'arrête pas de fuir dans les méandres étouffantes de la Thaïlande - mais nous excuserons l'auteur bien volontiers - l'histoire s'accélère très nettement lorsqu'il rencontre d'anciens joueurs - mais chut! nous n'en dirons pas plus...

En revanche, nous en apprenons un tout petit peu plus sur la Maison des Jeux, et nous bavons à l'idée qu'une future partie va se jouer (certainement dans un 3ème opus à venir).

Nous vivons parfaitement avec les personnages tant ce récit est plein d'actions et de psychologie, et Claire North alias Catherine Webb sait nous immerger remarquablement dans son monde.

Voilà. Encore une fois c'est captivant, et sur un ton tellement attachant.



Bravo à Aurélien Police qui illustre toujours sublimement toutes les couvertures de la collection Une Heure-Lumière.



Venez jouer vous aussi si vous l'osez, entrez à la Maison des Jeux.



Lien: https://www.laniakea-sf.fr

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Sweet Harmony

Imaginez un monde dans lequel la nanotechnologie peut nous aider à prévenir un AVC, à détruire le caillot de sang, à sculpter nos fesses, à nous donner un sourire éclatant, à gommer les pertes de mémoire, à augmenter notre plaisir sexuel, à éviter les rhumes…



Bref, imaginez un monde où, à l’aide d’une appli sur votre smartphone, vous pouviez changer votre corps, le sculpter, dire merde aux maladies qui nous affaiblissent. Waw, ça a l’air génial, non ?



Mais comme toute médaille à son revers, les technologies vont dépendre, elles aussi, de l’usage que l’on en fait. Pour soigner, pour aider, c’est une invention intéressante, que l’on a envie d’avoir, mais lorsque l’on voit le côté obscur, comment certains vont utiliser ces nanotechnologies, alors, on a un gros doute…



Cette dystopie est une satire sociale, une critique acide et sans concession des sociétés de consommation, celles qui vous poussent à demander des crédits (à la consommation) qui explosent au fur et à mesure et que l’on n'arrive plus à payer. C’est ce qui vient d’arriver à Harmony, qui s’était sculptée un corps de déesse et qui n’arrive plus à payer.



C’est aussi une critique des réseaux sociaux, des photos que l’on poste sur Insta (ou ailleurs, je ne suis pas moderne), du regard des autres, celui qui peut blesser et de cette société qui veut que l’on soit mince, maigre, musclée, magnifique au réveil, à midi, au soir, après une journée de boulot…



Le regard des autres, le regard de la personne que l’on aime… Ces regards sont importants pour Harmony et comme son mec est à fond sur l’image qu’elle renvoie, qu’il veut se pavaner avec une bombe, il va la pousser à toujours prendre plus de nano dans son corps, afin qu’elle soit parfaite et qu’elle se conforme à ce que lui désire, au rôle qu’il veut lui assigner… Et elle s’endettera toujours plus, croyant lui faire plaisir, croyant se faire plaisir.



Cette novelle de 150 pages est un récit que l’on lit en apnée, tant on a envie de savoir comment Harmony va remonter la pente, si elle arrivera à se désintoxiquer de toutes ces technologies qui, tout comme les médicaments, ont des effets non désirés. Tout comme les médicaments peuvent entraîner des addictions, les nano ne dérogent pas à la règle du revers de la médaille et du danger pour la santé.



Une écriture acerbe, malgré les premières lignes qui commençaient sur un ton un peu léger, amusant, une dystopie qui ne se prive pas de critiquer les sociétés de consommation, une satire qui ne prend pas de gants pour nous démontrer tous les dangers de ce genre de technologies, notamment lorsqu’elles sont utilisées pour sculpter son corps et un drame, lorsqu’il faut payer les factures et que l’argent que l’on gagne n’y suffit plus.



Une dystopie à lire.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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