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Citations de Clara Arnaud (263)


Les gypaètes offrirent ce jour-là à Alma un ballet amoureux. Le mâle et la femelle, enchâssant les trajectoires concentriques de leur vol dans le ciel -on pouvait s'imaginer la large calligraphie qui aurait habillé l'azur s'il y avait laissé la trace de leur passage. Leurs vastes ailes couvraient éphémèrement le soleil-feu des prémices d'octobre.
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Tout ici n'était qu'engendrement  et dévoration, putréfaction et floraison, joie et douleur. Parfois, il se sentait si intégré à ce magma organique qu'il lui semblait participer de ces transformations en cascade, par lesquelles les plantes, les corps, les minéraux, étaient également décomposés , rendus à la terre, dans un même mouvement dont seules les échelles de temps variaient.
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On était ici aux marges d’un monde et au début d’un autre, que ne gouvernaient pas seulement les lois humaines. Ceux qui le peuplaient étaient des êtres de lisière. 
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Tout ici n’était qu’engendrement et dévoration, putréfaction et floraison, joie et douleur.
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Flavio n'avait pas tort, elle n'était pas d'ici, cela ne se résumait pas à une question de généalogie. Le fossé était plus grand encore. Cet échange avait ravivé une question qui la traversait souvent, celle de sa place. Elle ne s'était jamais sentie appartenir à un lieu, elle s'adaptait. Une enfance ballotée, une jeunesse mobile pour les besoins de ses terrains, elle avait eu des ports d'attache aux quatre coins du globe, desquels elle s'était toujours arrachée, créant une toile de lieux familiers en des endroits antagonistes. Elle avait été chez elle dans le 20e arrondissement de Paris, autant qu'à la base scientifique de la réserve McNeil, Alaska, ou dans certains villages de la cordillère Cantabrique. Et au fils des ans, des mondes qui se superposaient dans ses souvenirs, des gens aimés, perdus de vue, il lui semblait que sa colonne vertébrale, son ancrage, reposait ailleurs qu'en un lieu, dans une manière de se mouvoir dans le monde, l'observer, s'y fondre.
(P.37)
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Voyager ne sert à rien. Des générations l’ont fait, des milliers d’hommes et de femmes ont écumé les mers, envahi ce qu’ils pouvaient de territoires étrangers, sont revenus tout aussi ignorants qu’avant, tantôt gonflés d’arrogance, tantôt tête basse ayant au moins glané en chemin une dose d’humilité. On a beau se pénétrer de cette thèse, elle ne nous convainc pas tout à fait. Et s’il y avait tout de même quelque chose à cueillir dans l’errance ? Alors ça y est, c’est parti, c’est le grand cabotage. Le départ, l’étourdissement du saut dans le vide, le vertige d’être à flanc. Le sac à dos est gorgé, à ras bord, boursouflé de ce que l’on n’ose appe- ler le nécessaire – car on ne sait ce qu’est la nécessité. Est-ce un caprice d’enfant gâté ; est-ce une lubie, un acte de folie, ou bien de rébellion ? Est-ce un geste poétique, un défi à son corps sédentaire ; est-ce un coup de tête ou un engage- ment ? Que va-t-on chercher en se traînant à pied par tous les temps en compagnie d’un cheval ? Il y aura des escales, des rencontres, de la pluie drue, des jours de froid et du soleil ravageur. On tanguera parfois, on piétinera, on filera au vent les jours allègres. Les semaines dureront une éter- nité, comme les étés de l’enfance, puis tout sera déjà fini. Au fond, on se moque de collectionner les rencontres et les paysages, les kilomètres et les courbatures. Partir n’est qu’un prétexte, et l’on pourrait tout aussi bien le faire au pied de chez soi si l’on était plus sage. L’important c’est le rythme, les pas qui claquent, ceux du cheval qui leur répondent, ces fragiles instants où l’on coïncide avec l’exacte pulsation du monde. On se dit que l’on tient là un alibi.
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Et pourquoi est-il blanc ce fils de Dieu dont les enfants sont multicolores? (p.35)
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Et même après avoir affronté les pires tempêtes, manqué la mort de peu, songé mille fois à abandonner, tous ceux qui avaient connu le grand large, océanique ou montagnard, fréquenté les déserts ou les abysses, n'avaient de cesse d' y retourner, de s'y enfoncer, et les autres ne les comprendraient jamais tout à fait, et ils diraient encore, mais pourquoi tu t'infliges ça? A quoi bon? Et les marins, les errants, les bergers répondraient toujours à côté, parce qu'on n'explique pas avec les mots à quel point la montagne peut suffire à un homme, remplir toute son existence, la déborder, même, envahissant ses rêves.
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La montagne ne pardonnait pas. Il fallait de nouveau s'y frotter pour se forger un corps qui ne craignait ni les variations thermiques, ni l'humidité, ni les efforts lents des ascensions, ni les courses folles en descente.
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Les plantigrades ne méritaient pas plus d’être défendus que n’importe quelle autre espèce en sursis, mais, les protégeant, c’était tout un écosystème qu’il s’agissait de conserver. L’ours prenait place dans une chaîne d’interdépendances, impliquant quantité de plantes, d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens, mais aussi les hommes et leur bétail.
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Cette montagne était le tombeau d'êtres précieux; mais il n'y avait rien de macabre dans ce constat, les disparus étaient bien présents, les brebis dévorées, celles basculées dans le vide, les agneaux mort-nés, les petits mammifères dont les restes laissés par les renards jonchaient la montagne, et ce chevreuil qu'une conjonctivite avait poussé à la chute, et Ilia, tombée de la falaise, l'ourse, la jument, la liste des morts était infinie, et ils appartenaient à la montagne autant que les vivants, la constituaient, il ne s'agissait que de ça, de matière organique en décomposition, et les prairies d'été se mourant, l'herbe qui sécherait, et bientôt les feuilles tombées des arbres qui pourriraient et abonderaient l'humus.
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Elle se gara enfin sur la place, l'église lui parut encore plus massive qu'à l'accoutumée. Romane, puissante, elle portait la mémoire d'une époque où les hommes priaient Dieu et craignaient les montagnes.
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Les courbes de niveau des cartes géographiques échouaient à représenter la déclivité, il fallait éprouver la pente, sentir la gravité dans sa chair.
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Autour, des hêtres bicentenaires, nombreux, quelques frênes, ormes, bouleaux, au pied desquels proliféraient jacinthes, jonquilles, orchidées un déferlement de printemps.
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Puis il fallut encore traverser des forêts anciennes, de denses hêtraies, la lumière pénétrait les sous-bois par des trouées dans la futaie, éclairant soudain d'or le sol tapissé de feuilles mortes, le vert hypnotique d’une pelouse jeune.
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Tout le monde était coupable, à sa manière. Les Congolais, qui s'en remettaient à Dieu sans jamais désigner de responsables, les expatriés qui fustigeaient corruption tout en l'entretenant, la classe politique, dont le principal souci était d'assurer son enrichissement personnel, ces hommes d'affaire sans scrupule; tous avaient abdiqué.
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« La montagne éprouvait, elle faisait le tri entre ceux qui ne faisaient qu’y passer et ceux qu’elle accueillait, dont tout l’être, le corps se pliaient à ses caprices.
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Peu importe la destination, il y en a une qui saura provoquer ce sentiment imprévisible au creux du ventre, comme quand vous tombez amoureuse
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Je sentais la crasse sur mon corps comme si mille douches n’avaient pas suffit à me laver de cette histoire. Et tard, au coeur des nuits d’angoisse, je sentais mes jambes fourmiller des kilomètres non parcourus. (…) Une fois que les mots ont bu toute la sève du vécu, que l’on se retrouve exangue au port d’attache, il ne reste plus qu’à repartir
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Avant de vous révéler ses secrets, la route vous encrasse, vous ôte du corps cette pellicule de propreté, dilue dans la saleté la contenance des quotidiens ordinaires.
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