Citations de Clarissa Pinkola Estés (768)
C'est généralement quand les filles sont très jeunes -avant l ' âge de cinq ans- qu ' elles acceptent l ' idée d ' épouser le monstre. On leur apprend à fermer les yeux et au contraire à se livrer à des minauderies, qu ' elles soient jolies ou non. C'est cette éducation qui pousse la plus jeune des soeurs à dire : "Au fond, sa barbe n ' est pas si bleue que cela", cet apprentissage précoce qui demande aux femmes d '"être gentille" et finit par se substituer à leur intuition. En ce sens, on leur apprend purement et simplement à se soumettre au prédateur. Imaginez une mère louve qui apprendrait à ses petits à "être gentils" en face d ' un furet agressif ou d ' un serpent à sonnettes!
[Quand] nous nous présenterons à la porte du paradis, je t'assure qu'on ne nous demandera pas si nous avons bien manié le balai. On nous interrogera sur la profondeur de l'existence que nous aurons choisi de vivre plutôt que sur le nombre de 'broutilles essentielles' par lesquelles nous nous serons laissé déborder.
On dit, dans le bouddhisme, qu'il existe sept voiles d'illusion. Au fur et à mesure qu'elle les soulève, la personne découvre et comprend un autre aspect de la vraie nature de la vie et de l'être. Par ce geste, elle devient suffisamment forte pour accepter le sens de la vie, voir clair dans les schémas des évènements, des gens, des choses et pour apprendre à ne pas prendre trop au sérieux la première impression, mais à aller chercher ce qui se trouve derrière et au-delà.
Pou moi comme pour d'autres, la bonne compréhension de la plupart des livres commence à la relecture.
Quelles que soient ses influences culturelles, toute femme comprend intuitivement les mots femme et sauvage.
On peut faire plier l'âme, lui infliger des cicatrices, laisser sur elle les marques de la maladie et les stigmates de la peur mais elle ne mourra pas car elle est protégée dans le monde souterrain par la louve, celle qui trouve et fait incuber les os.
C'est le fait de jouer et non de bien se tenir qui est le coeur, l'artère principale de la vie créatrice. Le besoin de jouer est un instinct. Sans jeu, il n'existe pas de vie créatrice. Pas de vie créatrice si l'on est sage, si l'on se tient tranquille. Tous les groupes, sociétés, institutions, organisations qui encouragent les femmes à rejeter l'excentricité, tout ce qui se montre soupçonneux à l'égard de la nouveauté, de l'inhabituel, tout cela appelle une culture de femmes mortes.
L'addiction, c'est tout ce qui vide la vie de son sens tout en la faisant paraître meilleure.
C'est ainsi que doit fonctionner la relation amoureuse,
chaque partenaire transformant l'autre.
Il lui donne un tambour, elle lui offre la connaissance des rythmes et des émotions les plus complexes.
Qui sait ce qu'ils vont chasser ensemble ?
Ce que nous savons en revanche, c'est qu'ils seront nourris jusqu'à la fin de leurs jours.
Pour la femme naïve comme pour celle dont l'instinct est endommagé, le remède est le même : écouter son intuition, sa voix intérieure, poser des questions, être curieuse, voir ce qu'elle voit, entendre ce qu'elle entent et agir en connaissance de cause. Notre âme a reçu ces dons intuitifs à la naissance.
Ce sont les dons et la force de nos prédécesseurs qui nourrissent les histoires que l'on raconte et que l'on écoute. D'après moi ce qui fait la force de la narration, c'est une haute colonne d'être humains, unis dans le temps et dans l'espace, richement ou pauvrement vêtus comme à leur époque ou encore dans leur nudité et pleins de la sève d'une vie qui continue. S'il existe une source unique aux histoires et à leur numen, c'est cette longue chaîne humaine.
Nous mourons d'envie d'avoir une nouvelle vie. Nous brûlons de retrouver la mer. Nous vivons jusqu'au mois suivant, jusqu'à la fin du semestre, nous avons hâte que l'hiver soit fini pour revivre de nouveau, dans l'attente d'une date future où nous serons libres de faire des choses extraordinaires, nous sommes sûres de mourir si nous ne faisons pas telle ou telle chose. Il y a là quelque chose comme du deuil. Il y a une angoisse, une désespérance, une nostalgie, de longs séjours auprès de la fenêtre. Et ce n'est pas un malaise temporaire. Cela dure et cela croit avec le temps.
Et pourtant, au milieu d'un coeur dévasté, il existera toujours un champ d'or fécond qui produira suffisamment d'âme pour nourrir ceux qui l'approchent.
Mais attention, il ne s'agit pas de tailler dans le vif de la terre
pour la faire revivre, ni d'essayer d'atteindre l'Eden à grands coups de pelle.
Qu'importe la taille de jardin.
Un simple petite carré ou des champs, si vous plantez directement, faites-le en cajolant la terre, ne ramenez que de petites quantités, tapotez-la gentiment.
Agissez en douceur et à l'économie ....
Voilà comment il faut traiter le sol, en pensant bien à ce que l'on fait ...
Le remède au deuil existe :
Je serai toujours avec toi mon enfant.
Il te suffira de toucher tout ce que j'ai touché,
le petit bois pour allumer le feu, mon couteau,
tu sentiras ma présence
Il est essentiel, pour que coule le flot de la vie créatrice, que nous soyons
entourées de personnes qui exaltent notre créativité.
sinon, nous gelons sur pied.
Le choeur des voix qui remarquent où nous en sommes,
prennent soin de nous encourager et, si nécessaire,
nous réconfortent, vient nous nourrir.
Il est essentiel qu'au moins un ou deux ami(e)s croient que notre don
est pan de cielo : le pain des anges.
Toutes les femmes ont droit à un alleluia.
Pour converser avec le féminin sauvage, une femme doit temporairement quitter le monde et adopter un état de solitude au sens le plus ancien du terme. Autrefois, le mot alone (seul) s'écrivait en deux mots, all one, ce qui signifie "totalement un". C'est là précisément le but de la solitude. Elle est la cure à l'état d'extrême fatigue auquel nombre de femmes d'aujourd'hui sont réduites et qui les fait, comme on dit, "enfourcher leur monture et galoper de tous les côtés".
La solitude n'est pas, comme certains le croient , une absence d'énergie ou d'action, mais plutôt une corne d'abondance sauvage offerte par l'âme. Dans les temps anciens, si l'on en croit les médecins-guérisseurs, les religieux et les mystiques, la solitude intentionnelle était à la fois palliative et préventive. On l'utilisait pour soigner l'épuisement et prévenir la lassitude. On en faisait aussi un oracle, une façon d'écouter son etre interieur pour solliciter le conseil qu'on n'aurait autrement pu entendre dans le brouhaha de l'existence quotidienne.
Le corps n'est pas de marbre. Son but est de protéger, de contenir, de soutenir, d'enflammer l'esprit et l'âme qu'il renferme, d'être un reposoir pour la mémoire, de nous remplir de sensations - c'est la plus haute forme de nourriture psychique. Il est là pour nous élever, nous propulser, nous prouver que nous existons, que nous avons un poids et le sol sous nos pieds. On se trompe en le considérant comme un lieu qu'il faut abandonner pour s'élever vers l'esprit. Sans le corps, on n'aurait pas l'impression de franchir des seuils, de s'élever, d'être délivré de la pesanteur . C'est lui qui nous le fait ressentir. Le corps est la fusée de lancement et dans le nez de cette fusée l'âme, éblouie, contemple par le hublot la nuit constellée d'étoiles.
Poser des questions, raconter des histoires, travailler de ses mains : tout cela participe de la création de quelque chose et ce quelque chose, c'est l'âme. A chaque fois que nous nourrissons l'âme, il est sûr qu'elle va croître.
Le corps parle plusieurs langues. Il s'exprime par sa couleur, sa temperature, le rouge aux joues de la reconnaissance, le halo de l'amour, la teinte cendreuse de la douleur, la chaleur de l'excitation, la froideur du manque de conviction. Il s'exprime par sa danse légère et permanente, ses balancements, ses tremblememts, les bonds du coeur, les hauts et les bas de l'humeur, et la montée de l'espoir.
Le corps se souvient, les os, les articulations se souviennent et même le petit doigt. La mémoire habite les images et les sentiments au sein des cellules elles-mêmes. Comme une éponge saturée d'eau, partout où l'on presse, essore, ou même effleure simplement la chair, un souvenir peut en jaillir.
Confiner la beauté, la valeur du corps dans autre chose que cette magnificence, l'y reduire, c'est forcée le corps à vivre sans l'esprit, la forme, l'exultation auxquels il a droit. Considérer quelqu'un Comme laid ou innacceptable parce qu'il a une beauté en dehors des critères en vogue, c'est attenter gravement à la joie naturelle qui appartient à la nature sauvage.
Les femmes ont de bonnes raisons de réfuter les critères physiques et psychologiques qui se revelent injurieux envers l'esprit et coupent le lien avec l'âme sauvage. Il est clair que la nature instinctive des femmes préfère juger Le corps et l'esprit selon leur vitalité et leur capacité à repondre plutôt que selon leur apparence. Elles ne cherchent pas en cela à rejeter ce qui Est culturellement considéré Comme beau, Mais plutôt à tracer un cercle plus vaste, qui puisse embrasser toutes les formes de beauté, de forme et de fonctions.