AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Clovis Goux (46)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Chère Jodie

Grand plongeon dans l'Amérique des années 70, Chère Jodie relate l'histoire de John Hinckley, jeune homme de la classe moyenne américaine qui développe une obsession malsaine à l'encontre de Jodie Foster et de son rôle de jeune prostituée dans Taxi Driver. Déçu de sa propre existence et adorant la vie des stars de cette époque, John essayera par tous les moyens de rentrer dans l'histoire américaine et enfin cesser de n'être personne aux yeux du monde. Pour cela, rien de mieux que d'abattre une de ses personnalités phares, et pourquoi pas directement le président américain ?

À travers divers moments de sa vie nous allons le suivre, découvrir son obsession pour cette actrice encore très jeune et voir par quels moyens il essayera de la rencontrer.

J'ai adoré ce roman où s'entremêle l'histoire de l'Amérique et de ses tueurs déviants, depuis Charles Manson jusqu'à John Hinckley, qui jalonne le roman et l'histoire assez spéciale de ce jeune homme totalement paumé. Entre horreur et fascination, j'ai eu beaucoup de mal à lâcher ce roman qui est rempli de petites allusions aux tueurs les plus présents dans le décors américain de cette période. Il faut tout de même avoir un certain attrait pour l'histoire de l'Amérique des années 70, ce roman nous transporte entièrement à travers ces quelques années avant que l'Amérique ne bascule.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          00
Chère Jodie

À travers le destin de John Hinckley, Clovis Goux raconte une époque et un pays. L' hypersexualisation des fillettes, la quête éperdue de la célébrité, la banalisation de la violence, les fantasmes hollywoodiens.
Lien : https://www.lepoint.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          00
Chère Jodie

Plongée dans les années 70 avec John Hinckley, jeune homme, perturbé mentalement, attiré par l’actrice Jodie Foster. Cet amour non partagé s’avère néfaste et dangereux au fil des semaines avant l’irréparable, un attentat contre le président Reagan en mars 1981. Ce roman condense un travail très documenté sur ce jeune homme, sa famille, ses envies, ses pulsions, avec en parallèle la carrière montante de la jeune Jodie Foster. Clovis Goux nous renvoie dans les années 70 où les Etats-Unis voient le vernis craquer : montée en puissance des armes à feu, désillusion économique & sociale, les valeurs familiales de plus en plus distendues suite à des incompréhensions inter-générationnelles. Divisé en trois parties, ce récit fait froid dans le dos. Il s’avère aussi désagréablement long et inutile dans une seconde partie trop penchée sur le fou avec de nombreuses rêveries. Elles alourdissent le récit, n’apportent rien. Ces passages (conjugués avec de nombreuses ellipses) rendent le récit bancal avant d’apporter un nouvel élan dans une dernière partie. Quand l’attentat a lieu, et les réactions. Chère Jodie dévoile que la violence aux Etats-Unis n’est pas apparue avec Columbine en 1999. Elle existe depuis bien longtemps. Glacial.
Commenter  J’apprécie          40
Chère Jodie

John Hinckley, le personnage central du livre, est un paumé issu d'une famille typique américaine (la dinde de Thanksgiving est l'occasion de quelques lignes délicieuses). Insatisfait de sa vie, fasciné par la vie rêvée des stars et de la jet set, il fait une fixation amoureuse sur l'encore toute jeune actrice Jodie Foster. Il tentera de l'approcher, sans succès, et lui écrira des lettres amoureuses, sans doute vite jetées au panier.

Pour tenter d'exister, il fera le projet d'assassiner le président des Etats-Unis. Il renoncera devant Jimmy Carter mais passera à l'acte face à Reagan, qui échappera de peu à la mort. Ce livre est aussi un portrait de l'Amérique des années 70, un pays gangrené par une violence décrite dans de courts chapitres intermédiaires relatant quelques assassinats célèbres.

Voilà un livre parfaitement documenté, vivant, alerte, qui passionnera tous ceux que l'Amérique fascine ou simplement intéresse.
Commenter  J’apprécie          116
Chère Jodie

Une plongée dans les années 70 de l Amérique.

Sous forme de roman bien documenté et agréable à lire on suit le parcours de John Hinckley.

Nom que j avais oublié mais qui fut celui qui tira sur Reagan .

Fascination maladive pour Jodie Foster et les tueurs en général .

Si vous aimez le film taxi driver et le cinéma de cette époque et son environnement de fait divers sordides et connus vous ne serez pas déçus

Plaisir de lecture 8/10
Commenter  J’apprécie          80
Chère Jodie

Qu'est-ce qui peut pousser un jeune homme à tirer sur un président des Etats-Unis ?



Clovis Goux se charge de nous éclairer à travers cette fiction, bien documentée, dont le héros n'est autre que John Hinckley, auteur de l'attentat perpétré sur Ronald Reagan en mars 1981.

L'auteur nous introduit dans le quotidien d'un jeune homme de bonne famille, délaissé par son père, sans succès aucun, amoureux fou d'une toute jeune star de cinéma, Jodie Foster. Sans attache, motivé par aucune perspective sociale, le protagoniste, comme d'autres criminels, erre d'un bout à l'autre du pays, tentant régulièrement de s'approcher au plus près de l'actrice adulée.

Si John s'identifie à Travis Bikle, c'est que le personnage central de « Taxi Driver », film culte américain de Scorsese, sorti en 1976, trouve du sens à sa vie en s'inventant justicier. Il sauve l'enfant-pute, Iris, joué par Jodie Foster. C'est un héros, il sort de l'ombre et de la solitude. Il devient célèbre.

John vise la célébrité qui lui permettra d'attirer l'attention de Jodie Foster pour vivre avec elle l'amour fou qui lui permettra ainsi d'échapper à un quotidien sans intérêt.



Lire « Chère Jodie », c'est plonger dans l'Amérique des années 70, où la puissance militaire et économique des USA restent acquises mais où le modèle de société ne séduit plus. Après la guerre terrible du Vietnam, la population se divise, le fossé se creuse entre la jeunesse et ses ainés. Les désillusions et le manque de sens engendrent une société en perte de repères où la violence apparaît comme un exutoire, rendue accessible par la vente libre des armes à feu.

L'auteur nous offre également une balade culturelle dans le cinéma et la musique des seventies, ce qui donne à cette fiction des allures de documentaire. On a du coup envie de revoir ou de relire ses références pour approcher de plus près une réalité américaine à laquelle John Hinckley, comme d'autres, ne s'accrocheront plus.

Si on assiste (et on pressent) la descente aux enfers du protagoniste, c'est aussi parce qu'entre les pages où l'on suit John, l'auteur a introduit, comme des coups de serpe, des chapitres, ultra-courts, relatant avec une précision chirurgicale, les faits divers meurtriers ultra-violents qui ont défrayé la chronique à cette époque-là. L'auteur a également imaginé une correspondance entre John et Ted Bundy. Glaçant. On replonge plus tristement encore dans l'univers perdu de John Hinckley par la suite.



Si je devais rapprocher ce roman d'une oeuvre cinématographique, je choisirais le film fabuleux de Lars von Trier, « The House That Jack Built », sorti en 2018. L'action se déroule aux USA dans les années 70 et nous plonge dans la tête de Jack, un tueur en série qu'on aurait bien imaginé entretenir une correspondance terrifiante avec John Hinckley, dans l'une de ces unités psychiatriques.

Commenter  J’apprécie          11
Chère Jodie

Ce roman est avant tout le portrait de l'Amérique détraquée, vampirisée par la violence.
Commenter  J’apprécie          30
Chère Jodie

Roman contemporain



On est aux USA. On retrouve le président Reagan et on suit plus particulièrement l’histoire du personnage principal, John Hinckley avec son obsession malsaine pour la jeune actrice de l’époque, Jodie Foster, qu’il découvre dans un rôle de prostituée dans Taxi Driver.

John Hinckley, le 30 Mars 1981 à Washington, va tirer six balles sur Ronald Reagan pour prouver son amour à Jodie Foster et afin qu’elle le remarque.

Le roman repart donc de la jeunesse de John, et nous amène vers sa vertigineuse descente dans la psychose, son errance mentale et son instabilité psychologique.



L’écriture de ce roman est vraiment particulière, il est difficile à suivre. Je vais avoir du mal à le chroniquer car je pense que j’ai eu du mal à suivre...

Si je devais comparer, ce livre me fait penser à un film dont l’histoire n’est faite que de flash-backs... alors certes, je pense que certains peuvent aimer mais moi j’ai été totalement perdue. Je ne savais pas où l’auteur voulait en venir.

Soit il a tenté de nous faire pénétrer dans la tête d’un psychotique et là c’est trop réussi, soit il a choisi ce style décousu pour dénoncer la crise identitaire américaine, l’hyperviolence meurtrière de ce pays... je ne sais pas...

Sont insérées des scènes de meurtres en plein milieu de la lecture, la chronologie est déstabilisante, on rencontre Ted Bundy, Polanski etc...



Quelqu’un l’a lu? Est-ce que c’est moi qui suis passée à côté??
Commenter  J’apprécie          05
Chère Jodie

Depuis "la disparition de Karen Carpenter", j'avais repéré cet auteur, par ailleurs journaliste. Ici, il nous raconte l'histoire de John Hinckley, Jr, jeune homme rondouillard et perdu, issu d'une famille aisé, qui fasciné par Jodie Foster et son rôle dans Taxi Driver, d'Iris, jeune prostituée, va lentement tout mettre en oeuvre pour obtenir son attention.

De la visite clandestine de la maison, au lycée français de Los Angeles à ses appels téléphoniques lorsqu'elle était à l'université, Hinckley est seul, incapable de nouer des relations sociales. Il échoue à l'université, échoue comme musicien, échoue comme écrivain, mange comme on se noie et saupoudre le tout avec des médicaments pour lutter contre l'anxiété. Il trouvera le moyen d'avoir son quart d'heure de célébrité en tentant d'abattre Ronald Reagan, président des USA à l'époque pour attirer l'attention de l'actrice, peu de temps après l'assassinat de John Lennon, son Beatles préféré.

L'auteur intercale entre les actes quotidiens d'Hinckley, les actes de violence qui ont émaillé l'époque dans une Amérique qui combine vente libre des armes à feu, valium et vicodin.
Commenter  J’apprécie          00
Chère Jodie

" Pour parvenir jusqu'à Jodie, il faudrait qu'il écrive. Qu'il se lance dans une fiction. Que son roman soit un best-seller. Qu'il devienne célèbre. Mais il n'a aucune imagination, ni aucune volonté. Il aurait pu raconter des souvenirs d'enfance, la violence du père, la mère qui le protège trop, la douceur des animaux, la cruauté des autres enfants, les sévices infligés par son frère, l'indifférence de sa sœur... mais tout cela aurait été de nouveaux mensonges, des contes pour amadouer un jury et faire pleurer dans les chaumières. Il n'y avait jamais eu de scène primitive. Il n'avait jamais été frappé par le gros ceinturon de son père, il n'avait jamais essayé le soutien-gorge de sa mère et il n'avait jamais ramassé des animaux écrasés sur le bord des routes."



L'Amérique avec sa fascination pour les crimes et les armes ; l'amour fou et maladif d'un homme pour Jodie Foster ; le meurtre (au mieux du Président) comme voie d'accession à la célébrité (et du coup pourquoi pas à l'amour de Jodie)... soit le "Big Bang" d'un psychopathe !



Un bon roman dont on apprécie d'autant plus l'ampleur une fois sa lecture terminée !
Commenter  J’apprécie          10
Chère Jodie

Je tiens à remercier les éditions Stock et le site Netgalley de m'avoir permis de lire ce livre qui nous relate les faits sur l'assassinat du président des États-Unis Ronald Reagan le 3à mars 1981 à 14h27 à Washington.



Cet homme qui à tiré sur le président se prénomme John Hinckley Junior et il se trouve être amoureux de Jodie Foster. C'est pour prouver son amour pour elle qu'il aurait tiré trois balles sur le président et ce depuis qu'il à vu l'actrice dans le rôle d'une prostituée de douze ans dans le film "Taxi Driver".



Dans ce livre l'auteur nous entraine dans une Amérique en pleine crise d'identité et avec des accès de violence.



Un livre lu d'une traite tellement j'ai accroché à l'histoire si émouvante à certains passages, prenante, captivante, addictive, remplie de suspens et de rebondissements avec des personnages attachants. J'adore la plume de l'auteur.
Lien : https://myreadbooks.over-blo..
Commenter  J’apprécie          10
Chère Jodie

Longue enquête sur ce qui peut pousser un homme à commettre des actes fous . d'un abord facile ce récit nous met dans la tête de John Hinckley , garçon perturbé qui va développé une obsession pour le film "Taxi driver" et Jodie Foster . Ce qui aurait pu n'être qu'une douce folie va devenir au fil des ans une fureur meurtrière .On voit littéralement le processus s'enclencher dans la tête de Hinckley et ronger le peu de lucidité qu'il avait . C'est également une chronique de l'Amérique violente avec entre chaque chapitre une ou deux pages consacrées à un des nombreux tueurs en série qui ont surgi aux states ces 50 dernières années .

C'est écrit sobrement sans complaisance envers la violence pourtant omniprésente .





Commenter  J’apprécie          30
Chère Jodie

Bonsoir à toi qui passe par là. Aujourd'hui, j'ai lu " Chère Jodie " de Clovis Goux publié aux éditions Stock. Dans ce livre, l'auteur nous plonge au sein d'un esprit malade, celui de John Hinckley, connu pour sa tentative d'assassinat du président Reagan et complètement obsédé par l'actrice Jodie Foster et le film Taxi Driver. Ce roman noir est une descente aux enfers nous dressant le portrait d'un jeune paumé solitaire en pleine crise identitaire au sein d'une Amérique en perte de sens. C'est insoutenable, l'atmosphère est viciée, la chute de John étant ponctuée de la liste de crimes extrêmement détaillés ayant eu lieu à la même époque. Un roman constitué de faits réels, de lettres et de divagations au sein de la folie de cet homme qui pense pouvoir prouver son amour par l'acte de tuer et qui m'a mis extrêmement mal à l'aise. C'est glaçant. Je pense que ce livre est intéressant pour comprendre le mental d'un déséquilibré. Il pousse à la réflexion sur plusieurs sujets, celui de la célébrité, ses risques, la différence entre amour et obsession, la détresse des parents face à un enfant criminel, la façon dont l'argent gouverne le monde et permet ici à l'auteur du crime d'éviter la prison au profit de l'hôpital psychiatrique. Le final du livre s'orchestre sur une correspondance entre Ted Bundy, le sérial Killer et notre protagoniste. Un roman qui m'a angoissé la nuit, un roman qui retourne, une plume acide et alarmante sur les dérives de l'esprit humain. ( Si tu as aimé cette critique, tu peux suivre mes chroniques sur mon blog ou sur Instagram @monprecieuxlivre, merci)
Commenter  J’apprécie          10
Chère Jodie

Une plongée dans l’Amerique ultra violente des années 70-80 qui ne laisse pas indifférent .

Le livre s’ouvre par un chapitre plutôt drôle sur Ronald Reagan, héros malgré lui de l’histoire puisque c’est la longue errance de celui qui a tiré sur le président le 30 Mars 1981 qui nous est racontée ici.

Un opposant politique ? Un extrémiste quelconque qui veut faire passer un message ? Rien de tout cela. En tirant sur Reagan (mais ça aurait été Carter quelques mois plus tôt ), John Hinckley ne cherche qu’une chose : impressionner celle qu’il idolâtre depuis qu’il l’a découverte dans Taxi driver, la toute jeune actrice Jodie Foster dont il suit la carrière et les déplacements de façon obsessionnelle.

On suit donc la longue dérive d’un jeune homme de bonne famille qui n’a jamais réussi à trouver sa place , ni dans sa famille ni dans la société, un paumé plutôt flemmard qui se fantasme en héros de Taxi driver et n’a comme seule boussole que son amour obsessionnel pour sa Jodie. Le récit est entrecoupé de courtes énumérations de faits divers sordides commis au cours des années 70, à Atlanta notamment , mettant en lumière le climat ultra violent et l’usage immodéré des armes à feu dans l’Amerique profonde en crise .

C’est aussi une incursion dans le cinema de Martin Scorsese et Paul Schrader et leur « utilisation » de femmes enfants , a l’image de Jodie Foster.

Intéressant donc, mais j’ai trouvé cette descente aux enfers un peu trop longue quand même...
Commenter  J’apprécie          10
Extrême paradis

Le contexte (création d'une nation de vieux n'est pas crédible une seconde, mais l'idée est bonne quand même).

L'écriture est vraiment très originale. Dans chaque phrase il est fait une référence, à un film, un acteur/actrice, un homme politique, une célébrité du show-biz, ... des années 80-90.

La description d'une société de "vieux" est très ironique, ... et finalement assez drôle. On découvre que derrière leur apparence de bon papys inoffencifs , ils ont tous des secrets inavouables ... et sont tous des monstres ...

L'histoire est gore à souhait !

Seulement voilà, ça ne marche pas ... ce style d'écriture est totalement incompatible avec l'histoire. L'univers est glauque et inquiétant, on n'attend pas de l'humour second degré ni des références à toutes les phrases.

On n'est pas du tout dans l'ambiance et on se demande régulièrement ou l'auteur veut aller et finalement quel est l'intérêt de l'histoire ...

Dommage !
Commenter  J’apprécie          00
Extrême paradis

Le paradis des vieux est un enfer



Clovis Goux imagine la sécession de la Floride pour y établir les VUF, les Villages-Unis de Floride. Dans cet État réservé au plus de 55 ans, le narrateur vient enterrer son père qui avait choisi ce petit paradis. Une dystopie habilement construite, avec humour et suspense.



Quand il apprend la mort de son père, le narrateur, qui est pigiste à Paris, décide de prendre l’avion pour la Floride. Didier, son géniteur, avait choisi de s’installer dans ce nouvel État, baptisé VUF (Villages-Unis de Floride). Réservé au plus de 55 ans possédant un patrimoine conséquent, il promet aux retraités de couler des jours heureux sous le soleil. Ici, pas d’insécurité – pour ne pas qu’elle s’endorme, la police est appelée quand deux voiturettes de golf s’entrechoquent – pas de cimetière, mais des circuits de golf et des barbecues pour entretenir la convivialité. «Les hommes portaient des casquettes ou des panamas, des polos ou des chemisettes colorées, des bermudas kaki et des Birkenstock, les femmes des visières, des marcels ou des T-shirts pastel sur des joggings ou des leggings, des sandalettes ou des Crocs. Tous avaient des cheveux blancs parfaitement coiffés et des lunettes de soleil. Des couples de vieux sortaient du mall en poussant des caddies remplis de fournitures, ils saluaient leurs connaissances au passage et formaient bientôt de nouveaux groupes au hasard de leurs rencontres pour commenter les bonnes affaires qu’ils venaient de réaliser, les prévisions météo ou les derniers potins des Villages. On prenait rendez-vous pour un barbecue, un concert virtuel des Beach Boys ou une partie de padel. On s’informait de la bonne santé de chacun, les sourires étincelaient, les rires fusaient et l’on s’étreignait de généreux hugs à tout bout de champ. De ce joyeux ensemble émanait le sentiment d’une communauté soudée, d’une utopie accomplie, d’un monde nouveau.»

Arrivé sur place, il apprend que la mort de son paternel serait due à un accident après une mauvaise chute dans son salon, sur un coin de table. Mais comme la législation impose la crémation et la dispersion des cendres, il n’y a pas de cadavre. Ce qui va perturber le journaliste qui décide d’enquêter. Il interroge le chauffeur, un taiseux, et la femme de chambre, un peu plus bavarde. Il va réclamer le certificat de décès et tenter d’en apprendre davantage auprès de l’inspecteur Anderson, chargé des formalités.

Au fil des jours, il va découvrir comment fonctionne la communauté, mais aussi que son père était obsédé par les affaires criminelles au point de rassembler une solide documentation sur tous les faits divers et cold cases de la région. «Les documents photographiques réunis par mon père étaient accompagnés de centaines de notes manuscrites, de plans à main levée et d’articles de presse classés méthodiquement dans des chemises selon les lieux où les faits s’étaient déroulés. L'ensemble redessinait la carte de Floride aux couleurs du mal, esquissait une géographie souterraine qui obéissait aux seules lois de l'ultra-violence.» Michelle, l’amante du père, puis bientôt du fils, va pouvoir éclairer un peu sa lanterne.

Les codes du thriller vont permettre à Clovis Goux d’explorer les travers de ce communautarisme bâti sur la peur des jeunes, sur le dangereux repli sur soi. Je me souviens avoir vu, lorsque je voyageais en Floride, des publicités pour un village érigé par la Walt Disney Company et qui promettait un tel petit paradis avec sécurité renforcée, caméras de surveillance empêchant toute intrusion, pelouses au cordeau et personnel de maison à disposition. Cette dystopie élargit le champ et accentue le trait. Ici, on en supporte pas les jeunes pour s’arroger l’illusion d’une éternelle jeunesse. On ne supporte pas la mort pour entretenir l’illusion de l’immortalité.

Les enfants gâtés du XXe siècle, nourris de pop culture (les virées au cinéma proposées par le père à son fils les ont construits tous les deux), ont voulu un monde aseptisé et vont se retrouver dans l’univers de J.G. Ballard et notamment Super-Cannes. La preuve, une nouvelle fois, que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Un enfer que se construit à partir d’une oisiveté voulue – sans penser aux conséquences – et qui va déboucher sur la haine, la violence, le lynchage. D’une extrême à l’autre, en quelque sorte.

NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.


Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          360
Extrême paradis

Dans un avenir proche, l'état de Floride a fait sécession du reste des USA pour créer un état ultra-sécurisé pour les baby boomers : les Villages. Ces communautés privilégiées sont exclusivement réservées aux plus de 55 ans. Ces derniers évoluent dans des quartiers en carton pâte, offrant un sourire ultra bright sur le terrain de golf, des traits liftés et une peau cramée aux UV. Jeunesse, crime et mort ont été éradiqués.

Cet équilibre se fissure lorsqu'un des résidents (français) est retrouvé mort dans son salon. Son fils saute dans un avion pour découvrir que son père a déjà été incinéré et ses cendres dispersées. Très vite, il se rend compte que derrière le décor se cache une terrible réalité.



Ce roman dystopique n'est pas sans rappeler Panorama de Lilian Hassaine, paru l'an passé. On y retrouve des interrogations communes sur le futur de l'humanité et ses évolutions (travers) possibles.



La société que dresse l'auteur est glaçante dès les premières pages et empire jusqu'au dégoût. Il ne nous épargne aucune image dans l'escalade de la violence, qu'il brandit en étendard pour mieux contrebalancer les palmiers et l'éternel soleil de Floride. À tel point que le tout perd en crédibilité (pour ceux qui liront : perceuse/enfant, oui l'association des deux donne déjà une idée …).



Dommage car le parti-pris est intéressant et pose la vraie question de la mixité des populations et des recherches de solutions face à la menace d'autrui, car c'est bien connu, l'enfer c'est les autres.



Ici, la jeunesse en l’occurrence, massacrée (charniers), torturée (pendaisons qui ne sont pas sans rappeler la ségrégation) et remise derrière un mur à la frontière (cqfd).



Mes parenthèses vous agacent à la lecture ? Moi aussi ! Si l'écriture du texte le rend agréable, abordable, le recours incessant aux parenthèses casse le rythme de la lecture. Néanmoins, le roman est efficace, court et rythmé, et propose une originalité de ton et de fond bienvenue.



Bilan :

Un roman qui ouvre à un questionnement intéressant en y apportant une réponse beaucoup trop violente à mon goût. J'ai apprécié néanmoins le ton grinçant de l'auteur qui me donne envie de découvrir ses autres romans.
Commenter  J’apprécie          10
Extrême paradis

Un roman très agréable bourré de références cinématographiques peut être juste un peu trop jusqu'au-boutiste.

Un fils dont le père vient de mourir dans un luxueux Village Unien : les seniors ont fait sécession et ont crée une communauté en Floride, les Villages, où les moins de 55 ans sont interdits d'accès. Son père s'est il suicidé? ou a-t-il été assassiné ou est ce juste un banal accident de la vie courante? Le fiston va mener l'enquête...et découvrir les sombres dérives de ce nouveau modèle américain.

C'est drôle et glaçant à la fois. A découvrir!
Commenter  J’apprécie          00
Extrême paradis

Depuis Beigbeder et « 99 francs », personne n’avait remis les pieds en Floride avec l’intention d’y foutre le bordel. Clovis Goux s’y emploie avec humour et férocité. Il nous propose une dystopie distillée dans les angoisses et les dysfonctionnements du moment (refus de la mort, affrontements générationnels, populisme, résurgence de la violence et consumérisme débile).

Nous sommes près d’Orlando. Débarrassés de ces petits cons de millenials, les vieux bronzent en paix au bord de la piscine, dans des villages vacances conçus pour leur égoïsme. Hélas, le soleil n’a pas remède à tout. William Boyd, dans « Un anglais sous les tropiques », avait montré combien le spleen s’épanouissait sous des ciels cléments, à la faveur d’une trompeuse accalmie. Les cheveux d’argent s’ennuient dans leur cage dorée. Leurs parcours dix-huit trous ne suffisent plus à les distraire et bientôt, les voilà qui s’adonnent à des activités répréhensibles pour soigner leur dépression chronique.

Didier est ce français parti dans un de ces villages de rêve. Suite à son décès, pour le moins suspect, son fils fait le voyage et mène l’enquête. Il n’est pas au bout de ses surprises.

Le récit est alerte et plein de rebondissements. L’auteur fait un usage judicieux des passages oniriques et s’autorisent de beaux délires (ex. p250). On le sent influencé par sa culture cinématographique. En lisant son roman, on ne peut s’empêcher de penser à des films comme « Brazil » (très clairement !), « The Truman show », « Le fils de l’homme », « Orange mécanique » ou « Get out ».

Le calme est mortifère et la béatitude, l’antichambre de tous les excès. Un beau sujet de réflexion.

Bilan : 🌹🌹

Commenter  J’apprécie          180
Extrême paradis

A l’instar de Douglas Kennedy avec Et c’est ainsi que nous vivrons, Clovis Gloux ne donne pas cher de l’union historique des États outre-Atlantique. Mais plutôt que deux blocs radicaux qui font sécession, Clovis Gloux imagine la prise de pouvoir et la séparation d’un groupe de population particulier : les seniors ! Ceux-ci se sont isolés sur le territoire de la Floride et mènent une vie sereine, lorsqu’ils ne sont pas partis casser du jeune !



Le père du narrateur, un français, avait décider de vivre sa retraite dans ce paradis superficiel. Sur place, le fils endeuillé découvre une réalité qui incite à se poser de multiples questions.



Si la situation précaire de la démocratie américaine ne fait aucun doute, le point de vue adopté à de quoi étonner. On ne s’arrête pas sur l’invraisemblance totale du scénario, qui ne se réclame pas d’une utopie. Malgré tout, le roman est une occasion rêvée pour mettre sur le tapis un certain nombre de dysfonctionnements de notre société, et d’analyser notre rapport à la vieillesse et à la mort, et de fustiger nos comportements de consommateurs.



Un autre bémol : les très nombreuses références cinématographiques qui ponctuent le récit : à moins d’être un cinéphile érudit, bien des titres ne m’évoquent rien et ils sont trop nombreux pour faire l’effort d’en savoir plus en cours de lecture.



L’originalité du sujet et la prose efficace de l’auteur m’ont malgré tout fait passer un bon moment de lecture, mais m’ont laissée sur ma faim.



Merci à Netgalley et aux éditions Stock



280 pages Stock 17 janvier 2024

#Extrêmeparadis #NetGalleyFrance


Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          410




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Clovis Goux (106)Voir plus

Quiz Voir plus

Citation de Philosophie

Complétez cette citation: Le coeur a ses raison que

la volonté abhorre
la raison ne connaît point
la peur fait fuire
la timidité anéantie

12 questions
98 lecteurs ont répondu
Thèmes : philosophieCréer un quiz sur cet auteur

{* *}