Au milieu du XIXe siècle, le jour de la naissance de sa sœur, Léonard se précipite à l’école, qu’il ne fréquente pas, pour annoncer la grande nouvelle. Il est un grand frère aimant. Trois ans plus tard, alors qu’elle est sous la garde de son frère, Rose-May disparaît. Alors, que malgré leur chagrin immense, ses parents ne lui font pas de reproches, le petit garçon grandit, avec un grand sentiment de culpabilité. Il n’aura de cesse de tenter de retrouver la petite.
Lorsqu’il est jeune adulte, il croise une jeune ouvrière porcelainière et pense reconnaître Rose-May. Le comportement de l’homme qui accompagne Léonard, ce jour-là, fait s’enfuir la jeune fille. Une quête commence…
Dans la première partie, l’auteure décrit la vie de la famille Ribéroux, sans la petite Rose-May. Ils vivent de leurs terres, dans le Limousin. Les mots sont utilisés avec parcimonie, à cette époque, on n’exprime pas beaucoup ses sentiments. Cependant, on ressent beaucoup d’amour entre les trois membres restants. Malgré leur peine, les parents n’ont jamais délaissé leur fils et ont essayé de lui faire perdre son sentiment de culpabilité. Malheureusement, l’espoir de retrouver l’enfant disparue se tarit, d’autant plus que l’enquête n’en a pas vraiment été une. Une petite fille, Bertille, la fille du rebouteux, apporte de l’espièglerie, de la joie et une ouverture d’esprit à la famille.
Dans la deuxième partie, la scène se transporte à la ville. Le fils de Léonard n’est pas attaché à la terre et il commence un apprentissage dans une usine de porcelaine. Corinne Javelaud décrit les différentes étapes de la fabrication et rend hommage à ceux qui en font un art. Elle montre également les différences de classe sociale et les premières revendications des ouvriers. Léonard, quant à lui, n’a pas perdu espoir de découvrir la vérité sur sa sœur, ainsi que sur un secret concernant son village. Sa persévérance et sa quête en font un homme touchant. Ses investigations font jaillir l’histoire d’un prisonnier, dans un bagne, créant un suspense supplémentaire.
L’Ombre de Rose-May dépeint une quête de vérité, l’amour inconditionnel d’un frère pour sa sœur, le sentiment de culpabilité à la suite de la disparition de cette dernière et la difficile construction dans l’ombre de l’absente, ainsi que la dignité d’une famille dans le malheur. Il est également une photographie de la justice et du climat social, au milieu du XIXe siècle.
Corinne Javelaud transmet, avec délicatesse, les sentiments, ceux que les protagonistes n’arrivent pas à exprimer, elle est leur voix. L’écriture est belle et soignée, elle intériorise les émotions comme le font les personnages, et de ce fait, on les reçoit avec respect. C’est un roman empli de dignité.
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