Curzio Malaparte

Oui pour la première fois depuis l'effondrement, la reddition, l'invasion étrangère, ce soldat qui s'est battu jusqu'à la fin, qui n'a pas renié son devoir, qui n'a pas trahi, cet homme qui ne s'est pas abandonné au désespoir, n'a pas plié devant l'adversité, les infortunes de son peuple, pour la première fois, ce militaire simple, honnête, bon loyal, courageux et fidèle se sent vaincu, humilié.

( les femmes)
Elles fuyaient pour la plupart la misère, l'esclavage, la faim, l'angoisse: elles partaient à la recherche d'un pays plus riche, plus ordonné, plus juste que le pauvre village qu'elles abandonnaient.

Je suis un pauvre diable , comme vous, j'ai accompli loyalement mon devoir de soldat, ce n'est pas ma faute si nous avons perdu la guerre. Mais la guerre contre les voleurs, je ne veux pas la perdre, parce que ce sont eux les pires ennemis de l'Italie.

"Pourquoi n'avez-vous pas défendu votre pain contre les voleurs? Quand un peuple perd la guerre, les voleurs le dévorent vivant. Ils vous volent votre pain et vous restez là à regarder!

Les hommes parlent de leur lieutenant avec respect, avec orgueil même; leur humble condition de soldats, d'origine paysanne pour la plupart (un tel est du Mezzogiorno,un tel d'Italie du Nord), est comme rachetée, honorée par la noblesse de leur officier.

Comme toujours la plèbe attribuait à cet effroyable fléau une signification de punition céleste, et elle voyait dans la colère du Vésuve la colère de la Vierge, des Saints, des Dieux de l'Olympe courroucés contre les pêchés, la corruption, les vices des hommes.

J'aime les américains, quelle que soit la couleur de leur peau et je l'ai prouvé cent fois durant la guerre. Blancs ou noirs, ils ont l'âme claire, beaucoup plus claire que la nôtre. J'aime les américains parce qu'ils sont de bons chrétiens, sincèrement chrétiens. Parce qu'ils croient que Christ est toujours du côté de ceux qui ont raison. Parce qu'ils que c'est une faute d'avoir tort, que c'est une chose immorale d'avoir tort. Parce qu'ils croient qu'eux seuls sont des honnêtes gens et que tous les peuples d'Europe sont, plus ou moins, malhonnêtes. Parce qu'ils croient qu'un peuple vaincu est un peuple de coupables, que la défaite est une condamnation morale, est un acte de justice divine.

Invoquant la Madonne et tous les Saints, avec cette forme de piété collective qui à Naples est le signe le plus noble, le plus spontané , de la solidarité chrétienne et sociale des pauvres.

Ce sont des hommes simples, honnêtes, et bien qu'ils pressentent que tout est perdu, inutile, qu'il n'y a plus rien à faire , ils ne renoncent pas à leur devoir .

Il se cache derrière son frère, pas seulement par timidité mais aussi, inconsciemment, pour se protéger.

Ce n'est pas assez d'avoir pitié pour les vivants, en ce moment, il faut avoir pitié des morts.

Partout des traces de l'invasion et du désordre ; mais sur les visages des gens, hommes, femmes, enfants, on lit un courage paisible, une dignité naturelle, une espérance sans faille.

Tout lui paraît neuf, beau, chaleureux : même la guerre, les bombardements, le débarquement ennemi, les combats ne sont pour elle qu'une occasion de s'émerveiller, de commencer à vivre.

Je préfère mourir qu'être enfermée là-dedans. [...], je ne veux plus retourner à l'orphelinat. Je veux être libre.

Ce sont des hommes simples, honnêtes, et bien qu'ils pressentent que tout est perdu, inutile, qu'il n'y a plus rien à faire, ils ne renoncent pas à leur devoir.

"La légitimité d'une dictature consiste en sa violence révolutionnaire: c'est le coup d'état qui lui donne la force de s'établir soilidement".

"- C'est pas vrai! crie Calusia, les voleurs sont forts parce que vous êtes des moutons."

Les villes sont des centres de rassemblement et de production de moyens techniques, de matériel, de machines, etc. Elles sont, elles-mêmes, une machine de guerre. Les armées modernes visent la destruction de l'organisme technique ennemi. C'est la machine, au sens exact du mot, qui détruit la machine ennemie.

Les contours des rochers, des arbres, des cimes dentelées se découpaient avec dureté dans ce ciel mou et dégoulinant de sueur.

La troupe d'assaut de Trotsky se compose d' un millier d'ouvrier, de soldats et de matelots (...) Pendant dix jours, sous le commandement d'Antonoff Ovsienko, ces hommes, les gardes rouges, se livrèrent à toute une série de "manœuvres invisibles" dans le centre même de la ville. Parmi la foule de déserteurs qui encombrent les rues, au milieu du désordre qui règne dans les palais du gouvernement, dans les ministères, dans les bureaux de l'état major, général, dans les postes, dans les centraux téléphoniques et télégraphiques, dans les gares, dans les casernes, ils s'entrainent, en plein jour, sans armes, à la tactique insurrectionnelle, et leurs groupes peu nombreux (trois ou quatre hommes) passent inaperçus.