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Citations de Curzio Malaparte (230)


« Ce qui frappe surtout dans une société marxiste, pas simplement organisée suivant un mode marxiste, telle l'Allemagne d'Hitler (définie par l'auteur comme un "communisme féodal"), mais proprement inspirée par une morale marxiste, c'est le fatalisme. Que le matérialisme historique finisse par aboutir au fatalisme, voilà qui est bien singulier. Mais le fait est que le marxisme porte pour de bon l'individu non pas au sentiment collectif mais au fatalisme le plus absolu, à la sujétion la plus complète à la fatalité. Et c'est là le signe, soulignons-le, d'une société en décadence. » (pp. 12-13)
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la beauté et l'intelligence sont des qualités contre-révolutionnaires dans une société marxiste.
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Je ne crois pas que les saints soient en mesure de nous aider. Personne ne peut aider un autre. Prier pour les autres, souffrir pour les autres, mourir pour son prochain, tout cela est inutile, ne sert à rien.
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Moscou prenait peu à peu la jolie couleur verte du cuivre ancien, du bois moisi, qui est la couleur des icônes dans les cryptes des vieux monastères aussi bien que celle du printemps russe, et la couleur des samovars d'argent dans les chambres plongées dans la pénombre...
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L'art ne surprend pas la nature : il la transfigure, l'aide à cacher son visage, c'est un masque qui occulte les traits de la nature. Mais la photographie cueille la nature dans ce qu'elle a de plus nu, de plus manifeste, de plus visible, et de fantomatique, disons même de plus mort. p. 70
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La solitude de Karakhan et l'impression de solitude qu'il donnait au paysage m'avaient étrangement frappé : en Russie, je m'attendais à trouver l'homme communiste, encore tout brûlant de son union avec les masses prolétariennes, un type nouveau d'intellectuel, nullement détaché, comme en Europe, de la vie profonde, animale, des masses, mais au contraire imprégné de cette vie ;
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J'étais jeune, n'ayant passé que de quelques mois la trentaine, et l'enthousiasme juvénile qui m'avait amené à Moscou pour voir de près les héros de la révolution d'Octobre, pour me mêler aux foules ouvrières, au peuple russe, au prolétariat communiste de l'Union soviétique, me poussait naturellement et "tout entier", comme dirait Phèdre, vers les hommes qui, à mes yeux , incarnaient le génie et la volonté de la révolution.
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Ce qui, dans une aristocratie du sang, est donné par la tradition, par l'éducation, par le style de la noblesse __à savoir la réserve, la simplicité, un décorum naturel__, par une certaine condescendance dans l es manières, dans les paroles, jusque dans le sourire : une froideur qui n'est que de l'orgueil atténué par les bonnes manières, un respect à l'égard de soi-même qui se reflète dans les rapports avec autrui ; ce qui, dans la vraie noblesse, est en somme inné, devient, on le sait bien, voulu dans une classe parvenue récemment au pouvoir, aux honneurs, aux privilèges.
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La lumière glaciale de la nuit de juin, cette lumière spectrale des"nuits blanches" de Moscou, s'effaçait petit à petit devant le feu délicat et rosé du jour. (p. 152)
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[Maïakovski] s'arrêta en me regardant fixement, d'un œil brûlant: "Te figures-tu que moi-même, je ne suis pas fatigué de souffrir pour les autres? [...] Tu crois que j'aimerais mourir pour l'humanité? Toi-même, tu aimerais mourir pour l'humanité?" cria-t-il, en s'agrippant à mon bras.
"Non, je n'aimerais pas mourir pour les autres, lui répondis-je.
- Tu aimerais mourir pour toi, pour toi-même?
- Non [...] J'accepterais de mourir pour rien, oui, pour rien [...]" (p. 133-134)
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La faim est le manteau des pauvres. On ne sent jamais nu quand on a faim.
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Je m'approchais tout doucement, méfiant et boudeur, je me laissais enlacer, embrasser, caresser, et pendant ce temps, je tournais mes yeux vers les beaux chevaux noirs, qui soufflaient du feu par leurs naseaux brillants.
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Je regardais l'horrible chose étendue sur le lit, et je riais en moi-même, en pensant que tous, ce soir-là, nous nous prenions pour des Brutus, des Cassius, des Aristogitons, et nous étions tous, vainqueurs et vaincus, comme cette horrible chose étendue sur le lit : une peau coupée en forme d'homme, une pauvre peau d'homme. Je me tournais vers la fenêtre ouverte, et en voyant s'élever au-dessus des toits la tour du Capitole, je riais en moi-même, en pensant que ce drapeau de peau humaine était notre drapeau, notre drapeau à tous, vainqueurs et vaincus, le seul drapeau digne de flotter, ce soir-là, sur la tour du Capitole. Je riais en moi-même en pensant à ce drapeau de peau humaine flottant sur le Capitole.
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- J'entends acheter la faim, répondis-je, les soldats américains croient acheter une femme, et ils achètent sa faim. Ils croient acheter l'amour, et ils achètent un morceau de faim. Si j'étais un soldat américain, j'achèterais un morceau de faim, et je l'apporterais en Amérique pour en faire cadeau à ma femme, pour lui montrer ce qu'on peut acheter en Europe avec un paquet de cigarettes. C'est un beau cadeau, un morceau de faim.
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A mes yeux, Jean-Louis était l'image même de ce que sont, hélas ! certaines élites des jeunes générations dans cette Europe non point purifiée, mais corrompue par les souffrances, non point exaltée, mais humiliée par la liberté reconquise : rien qu'une jeunesse à vendre. Pourquoi ne serait-elle pas, elle aussi, une "jeunesse à vendre" ? Nous aussi, dans notre jeunesse, nous avions été vendus. C'est la destinée des jeunes, en Europe, d'être vendus dans la rue par faim ou par peur. Il faut bien que la jeunesse se prépare, et s'habitue, à jouer son rôle dans la vie et dans l'Etat. Un jour ou l'autre, si tout va bien, la jeunesse d'Europe sera vendue dans la rue pour quelque chose de bien pire que la faim ou la peur.
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Naples, lui disais-je, est la ville la plus mystérieuse d'Europe, le seule du monde antique qui n'ait pas péri comme Ilion, comme Ninive, comme Babylone. C'est la seule ville au monde qui n'a pas sombré dans l'immense naufrage de la civilisation antique. Naples est un Pompéi qui n'a jamais été enseveli. Ce n'est pas une ville : c'est un monde. Le monde antique, préchrétien, demeuré intact à la surface du monde moderne. Vous ne pouviez pas choisir, pour débarquer en Europe, d'endroit plus dangereux que Naples. Vos chars courent le risque de s'enliser dans la vase noire de l'Antiquité, comme dans des sables mouvants. Si vous aviez débarqué en Belgique, en Hollande, au Danemark, ou même en France, votre esprit scientifique, votre technique, votre immense richesse de moyens matériels vous auraient peut-être donné la victoire non seulement sur l'armée allemande, mais sur l'esprit européen lui-même, sur cette autre Europe secrète dont Naples est la mystérieuse image, le spectre ,nu. Mais ici, à Naples, vos chars, vos canons, vos machines font sourire. Rien que de la ferraille.
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La beauté de Jean-Louis était cette beauté vide et romantique qui plaisait à Stendhal. Il avait la tête d'Antinoüs, sculptée dans un marbre couleur d'ivoire, et le long corps d'éphèbe des statues de la décadence grecque, les mains courtes et blanches, l'oeil fier et doux, au regard noir et luisant, les lèvres rouges, et le sourire vil, ce sourire que Winckelmann pose comme une limite extrême de rancune et de regret à son pur idéal de la beauté grecque. Je me demandais avec stupeur comment, de ma génération, forte, courageuse, virile, dans l'opposition individuelle à la tyrannie des dictateurs et des masses, comment d'une génération mâle, non résignée à mourir, et non point vaincue, malgré les humiliations et les souffrances de la défaite, avait pu naître une génération aussi corrompue, cynique, efféminée, aussi tranquillement et doucement désespérée, dont les jeunes gens comme Jean-Louis représentaient la fleur, éclose à la limite extrême de la conscience de notre temps.
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L'Italie est le seul pays au monde où les règles morales à quoi obéit la femme n'aient pas leur origine dans un système philosophique, un code social, une tradition civique, mais bien dans la nécessité et l'accord qui régissent les rapports physiques entre les faits historiques et la maternité, entre la vie des peuples et l'amour maternel.
En effet, la femme italienne est avant tout et toujours mère plutôt qu'épouse ou soeur ou amante. Et véritablement les coupoles, les colonnes, les tours, les palais, les navires, les armées, les villes, les règnent naissent dans son sein ; l'esprit de l'homme ne fait que les recevoir en don.
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Vouloir tirer de l'histoire de l'Italie, à commencer par celle de Rome, des principes d'éthique, une règle morale comme le firent, par exemple, Montaigne et Montesquieu, c'est commettre une erreur. Autant vouloir tirer une règle morale de l'histoire de la nature. Quel principe moral peut-on déduire, mettons, de l'apparition des mammifères sur la terre ?L'histoire de Rome n'est qu'un chapitre de l'histoire naturelle : le chapitre qui rapporte l'origine d'une espèce d'hommes et leur façon de l'emporter sur d'autres espèces d'hommes et non la supériorité d'un pricipe moral sur d'autres principes moraux. Et cela est si vrai que, avec le triomphe du christianisme, qui est un fait moral et non un fait de la nature, l'histoire de Rome en tant que chapitre de l'histoire naturelle s'achève.
Voilà la raison pour laquelle les Italiens sont vis-à-vis de l'histoire comme vis-à-vis de la nature et en face des faits historiques comme en face des faits naturels. Ils considèrent l'histoire des hommes comme celles des arbres, des fleuves, des bêtes, des saisons. Ils regardent les peuples naître, croître en âge, en force, en richesse ; combattre, fonder des villes, envoyer des hommes à la mort ; les villes s'effondrer dans les flammes, les royaumes s'écrouler, d'autres nations surgir, d'autres cités, d'autres empires ; la terre se repeupler d'autres hommes, de murs, de palais, de temples et, tout à coup, n'être plus que désert.
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Aujourd'hui, on souffre et on fait souffrir, on tue et on meurt, on fait des choses merveilleuses et des choses terribles, non pour sauver son âme mais pour sauver sa peau.
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